V. 2 EPIDEMIOLOGIE
V.2.1 Ampleur générale de la
malnutrition
L'OMS estime que dans les très prochaines
années, les maladies non transmissibles seront la principale cause de
morbidité et de mortalité, et le rôle de l'alimentation
dans l'étiologie de ces maladies est bien établi
(20). Près de 30 % de la population
mondiale souffre de la malnutrition sous une forme ou une autre; d'un
coté ceux qui ne reçoivent pas suffisamment d'aliments
énergétiques ou de nutriments et de l'autre ceux qui souffrent de
maladies causées par une alimentation trop abondante ou
déséquilibrée (21,22).
La malnutrition est responsable de plus de la moitié de
ces décès d'enfants chaque année, notamment par sa
participation aux taux de diarrhée, d'infection respiratoires, de causes
périnatales, de rougeole, de paludisme, et d'autres maladies
(23,24).
Les trois quarts des enfants qui meurent de cause liées
à la malnutrition sont atteints de formes modérées ou
légères; On sous-estime beaucoup la part de la malnutrition dans
les statistiques sur la maladie et la mortalité
(25,26).
Les plus récentes estimations de la FAO indiquent que
842 millions d'individus dans le monde étaient sous alimentées
entre 1991 et 2001 : 798 millions dans les pays en voie de
développement, 34 millions dans le pays en transition et 10 millions
dans les pays industrialisés. Cela correspond à une moyenne de
17% de la population des pays en voie de développement, soit un minimum
de 10% dans les pays du Proche- Orient / Afrique du nord et ceux
d'Amérique Latine / Caraïbes et un maximum de 33 % en Afrique
subsaharienne (21). Le nombre le plus élevé de personnes sous
alimentées vit encore en Asie, les pays africains accusant le plus haut
pourcentage de celles-ci (27).
Selon les estimations, dans les pays en voie de
développement en 2000, dans la tranche d'âge des enfants de
zéro à cinq ans, 24,8% souffraient d'insuffisance
pondérale, 3% de retard de croissance et 8,2% étaient
émaciés (27). Cette répartition
ubiquitaire de la malnutrition peut être étayée par la
figure 1.
Selon l'OMS, dans le monde, plus d'un tiers des enfants de
moins de 5 ans sont malnutris, c'est-à-dire atteints de retard de
croissance, d'émaciation ou de carence en iode, en vitamine A ou en fer.
Ces formes de malnutrition, souvent irréversibles et potentiellement
mortelles, sont profondément ancrées dans la pauvreté et
le sous-développement au point de compromettre le développement
durable des populations concernées (3).
Dans les pays en voie de développement, la
malnutrition de l'enfant reste un problème de santé publique
majeur et les enfants de 0 à 5 ans constituent le groupe le plus
susceptible; mais la malnutrition s'installe principalement chez l'enfant entre
0 et 2 ans. Trente pour cent de la population et presque un tiers des enfants
est sous alimentée de façon chronique. Onze millions d'enfants de
moins de 5 ans meurent chaque année et la malnutrition est responsable
de plus de la moitié de ces décès. Chaque année 11
millions de bébés de petit poids (moins de 2,5 kilogrammes)
naissent en Asie du sud et 3,6 millions en Afrique subsaharienne. Plus de 2
milliards de personnes souffrent de carences en micronutriments ; 100
à 140 millions d'enfants souffrent d'avitaminose A, 39% sont
anémiés (5,2).
Au Niger, la situation est particulièrement
inquiétante. L'état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans
est critique : 15 % sont émaciés, 40% sont atteints de
retard de croissance (dont près de la moitié dans des conditions
sévères), 40% souffrent d'insuffisance pondérale et 1,1 %
sont en surpoids (28).
Au Congo, la prévalence de l'émaciation reste
modérée sur toute l'étendue du territoire aux alentours de
5 %. En revanche, la manifestation principale des problèmes
nutritionnels chez les jeunes enfants est le retard de croissance, traduisant
un état de malnutrition chronique. Elle atteint près d'un tiers
des enfants en âge scolaire (29).
Les données de l'EDS au Burkina Faso en 1998-99 ont
révélé parmi les enfants de moins de 5 ans, que 37 %
souffraient de malnutrition chronique, et accusaient ainsi un retard de
croissance, 13% présentaient une émaciation et 34%
présentaient une insuffisance pondérale (9).
En Tunisie par contre, les dernières décennies
ont été marquées par une amélioration remarquable
des indicateurs nutritionnels chez les jeunes enfants. En 1975, 20,2% des
enfants d'âge préscolaire présentaient encore une
insuffisance pondérale et 39,5% présentaient un retard de
croissance. Selon l'enquête nationale de nutrition de 1996/97
l'insuffisance pondérale était de 4 ,2% et la maigreur de
1,1%. Par contre, d'après l'enquête "Multiple indicator Cluster
surveys" 2 en 2000, l'insuffisance pondérale était de 4% et la
maigreur de 2,2%. Les prévalences observées restent
significativement plus élevées en milieu rural qu'en milieu
urbain (30).
Au Cameroun, plusieurs études sur la malnutrition de
l'enfant dans la communauté ont déjà été
faites dans différentes régions. Parmi les plus récentes,
Betsem A Betsem en 2001 dans la localité de Niété (Sud du
Cameroun) a retrouvé lors de l'évaluation de 432 enfants 37,1% de
retard de croissance, 14,1% d'insuffisance pondérale et 3,2%
d'émaciation [31]. Motouom Kamga en
2004 a fait une étude sur l'évaluation de l'état
nutritionnel des enfants de moins de 5 ans du bassin versant de la Mingoa
à Yaoundé. Cette étude portant sur 386 enfants a
révélé 15% d'insuffisance pondérale, 15,9%
d'émaciation et 30,3% de retard de croissance (32).
L'EDSC 2004 retrouve parmi 3699 enfants de moins de 5 ans, 32%
de retard de croissance dont 13% de formes sévères, 5%
d'émaciation avec 1% de formes sévères et 18%
d'insuffisance pondérale avec 4% de formes sévères.
L'état nutritionnel des enfants est moins satisfaisant en milieu rural
qu'en milieu urbain. Le niveau de retard de croissance croît rapidement
avec l'âge, étant le plus élevé parmi les enfants de
12 à 23 mois (43%) ; il est le plus élevé dans la
région du Nord (44,4%) et le moins élevé à
Yaoundé (10,4%). Le taux d'émaciation est le plus important pour
les enfants de 12 à 23 mois et pour les enfants de la région de
l'Extrême Nord (9%) ; l'Adamaoua est la région la moins
atteinte (2%). C'est dans l'Extrême Nord qu'on retrouve la
prévalence d'insuffisance pondérale la plus élevée
(35,7%); les moins élevées sont retrouvées dans les
régions du Littoral et du Centre avec chacune 7,9%
(10).
Nous n'avons retrouvé aucune étude faite dans la
communauté après 2004, date de la dernière EDSC.
Figure 1: Prévalence de la
malnutrition dans le monde en 2007 (33)
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