B) LES RESEAUX CULTURELS
Les réseaux culturels sont consultés au nom de
la société civile, il semble donc important de savoir qui ils
sont.
Les réseaux culturels naissent en Europe vers 1980 avec
lÕespoir dÕune prise en compte de la société civile
dans lÕintégration de lÕUnion européenne. Ils
peuvent donc atteindre pleinement leur objectif premier à travers la
plateforme de lÕAg enda de la culture. Mais qui sont-ils
réellement ? Ce terme de ÔréseauÕ est ambigu et
complexe car il englobe une trés large definition. Les réseaux
varient de quinze membres pour certains à quatre cents pour
dÕautres. Certains font un travail de terrain, dÕautres
travaillent au niveau national, ou encore pour le développement de la
culture européenne. Il y a ceux qui théorisent, ceux qui sont
actifs auprés des gens.
11 Jurgen Habermas, L'espace public: archeoloie de
la publicite comme dimension constitutive de la societe bourgeoise, Payot,
Paris, 1997.
Certains sont spécialisés dans une discipline,
dÕautres sont transversaux ou thématiques.
La plupart des réseaux choisis par la Commission sont
des réseaux qui réfléchissent aux questions
européennes, qui pensent au-delà de leur nation et qui
sollicitent les relations avec dÕautres organisations. Ils se
positionnent en tant que médiateurs entre les associations sur le
terrain et les institutions européennes pour influencer ces
derniéres et leur faire prendre conscience des besoins reels du secteur
culturel. Ils sont là pour « faire avancer par le bas et de
l'intérieur des conceptions nouvelles de l'ordre social
È12. Ils permettent egalement à des projets culturels
dÕatteindre dÕavantage de visibilité aux yeux des
institutions en se faisant conna»tre sur le plan national, européen
ou encore international. Et cÕest pour toutes ces raisons quÕils
interpellent les politiques , Culture Action Europe 13
culturelles. Par exemple ,
est un réseau qui defend le rTMle des arts et de la
culture dans le développement du projet européen. Son objectif
est dÕinfluencer les politiques européennes dans le but
dÕaméliorer lÕacces à la culture. Ils informent les
acteurs culturels sur les evolutions des problématiques culturelles
européennes et leur offrent un espace pour echanger. LÕexistence
des réseaux culturels se manifeste à un moment ou les
financements nationaux ne suffisent plus pour soutenir la creation et le
dynamisme culturel. Ces réseaux sont pour la plupart finances par
lÕUnion européenne qui reconna»t le rTMle majeur
quÕils ont dans leur relation avec la société civile :
« Pour le conseil des
12
Anne-Marie Autissier, L'Europe de la culture: histoire(s) et
enjeux, ed. Maison des cultures du monde, Acte Sud, 2005
13
Culture Action Europe, ex-EFAH, représente les
intérêts d'artistes et d'organisations culturelles. Culture Action
Europe, gr%oce à des campagnes d'information, de sensibilisation,
d'engagement politique, est reconnu comme le réseau de
référence en matière de lobbyisme pour la culture. Il
regroupe des organisations culturelles de différents champs artistiques
: thé%otre, danse, musique, arts visuels etc., et même d'autres
réseaux culturels européens.
ministres de la culture: les réseaux culturels sont
importants car `'ils contribuent à la cohésion
européenne'', ils facilitent `'la mobilité des travailleurs
culturels ainsi que la production culturelle tout autant que ``la communication
interculturelle'', ils `renforcent les conditions de développement
culturel qui ne sont pas le résultat de facteurs purement
économiques'' et ils ``favorisent la mise au point de partenariats avec
les pays tiers'' È14. Les réseaux culturels sont
donc des structures qui développent des liens étroits avec
l'ensemble des acteurs culturels. Ces liens se tissent comme une toile et c'est
d'ailleurs sur Internet, par le biais de leur site que ces réseaux se
font conna»tre et rendent compte de leur travail aux autres,
échangent et mutualisent leurs connaissances. Les réseaux sont
des structures de différentes tailles et exercent des fonctions plus ou
moins importantes, mais les relations sont égales entre ces
différents membres. Or, pour la Commission européenne, le
réseau permet de faire passer des idées de manière
`horizontale'. En effet, la Commission européenne a tendance
à trop structurer les genres avec d'un côté le groupe de la
MOC, de l'autre les trois plateformes bien distinctes. L'Union
européenne fait du multilatéralisme avec une gouvernance
multi-niveaux qui a donné des aspects positifs, néanmoins elle
sépare trop l'organisation entre les Etats, les collectivités et
les réseaux. C'est une stratégie ambiguë car elle
crée de la concurrence, alors qu'elle cherche dans le méme temps
à aménager des espaces de dialogue pour la culture en Europe. De
cette manière, elle crée du clientélisme comme on le voit
avec certains réseaux qui participent à l'Agenda à partir
du moment oü ils recoivent des subventions de sa part. Il y a trop de
parti pris de la part de la Commission. Certains réseaux ont
été refusés sans aucune justification de choix. Il n'y a
aucune transparence, ce qui pose des problèmes de démocratie. Les
arts de la scène sont
14 Anne-Marie Autissier, L'Europe de la culture:
histoire(s) et enjeux, ed. Maison des cultures du monde, Acte Sud, 2005 p.
297 p.304.
surreprésentés au sein de l'Agenda, tandis qu'il
y a peu de réseaux d'arts visuels par exemple. Mais ceci est dü
également au fait que les réseaux culturels se sont
constitués inégalement selon les disciplines. L'idéal
serait d'avoir des réseaux bien ciblés et un équilibre
entre les pratiques artistiques.
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