4.3 Recommandations
Tout au long de l'analyse des impacts de la politique fiscale
sur les agrégats macroéconomiques et les indicateurs
microéconomiques, nous avons mis en exergue les effets
différenciés des différentes actions sur la redistribution
des revenus et le bien-être des ménages. Les résultats de
notre analyse permettent de formuler des recommandations qui serviront à
améliorer la gestion de la politique fiscale au Burkina Faso.
'°La crise érode l'assiette fiscale et le
désarmement douanier constitue également une baisse de recette
Impacts des politiques fiscales sur l'économie
burkinabè: Simulation à l'aide d'un MEGC 49
Le premier résultat est relatif au secteur agricole. La
taxation des intrants agricoles se solde par une baisse de la production,
laquelle est déjà soumise aux caprices climatiques. Nous
recommandons la poursuite et l'intensification de la politique
d'allégement fiscal sur les intrants agricoles déjà
entamée par les autorités responsables de la politique fiscale.
Cette réduction des taux d'imposition sur les biens de consommation
intermédiaire utilisés par la branche agricole, auraient deux
vertus :
elle accroît la production agricole : ce qui signifie
que les revenus des ménages agricoles s'accroissent. Comme la
majorité des personnes pauvres sont employés dans le secteur
agricole, cette politique favorise la migration d'individus pauvres vers la
classe des non pauvres : c'est une politique favorable aux pauvres.
une annulation de la taxation des intrants agricoles
réduit, ceteris paribus le deficit ex- terne11,
réduit l'inflation de 1% et entraîne une croissance12
économique de 0,2%.
Cette politique est un moyen de lutte contre la famine en milieu
rural : c'est une politique pro-pauvre.
Le second résultat illustre une des
caractéristiques de la politique fiscale qui la réduction des
effets des chocs récessifs qui affectent l'économie du Burkina
Faso. Nous avons montré qu'un allégement fiscal était
à même d'atténuer l'impact des chocs négatifs sur
l'économie du Burkina Faso. Ainsi, nous préconisons l'usage de la
politique économique à des fins de stabilisation des fluctuations
économiques. La pression fiscale devrait être réduite
lorsque la conjoncture économique est mauvaise (périodes de
vaches maigres) et les responsables de la politique fiscale envisageront un
rééquilibrage du déficit public en période de
"vaches grasses" : la politique fiscale constitue un amortisseur de choc.
L'État devrait réduire la durée des processus de prise de
décision par la généralisation de la pratique de
l'intelligence économique au sein des ministères techniques en
charges des politiques économiques.
En ce qui concerne la Taxe de Développement Communal,
les résultats indiquent un effet négatif sur le bien-être
des menages non pauvres et une amelioration de la situation des menages pauvres
(quelque soit leur milieu de résidence). Nous pensons que l'État
devait accroître la communication autour de cette taxe dans l'objectif de
convaincre le groupe des perdants afin qu'elle soit mise en oeuvre. Elle
constituerait une source de financement qui ne degrade pas le bien-être
des pauvres. Mais il faudrait que son montant soit en adéquation avec
les recommandations issues de l'analyse de la courbe de Laffer13.
11les exportations augmentent de 4% tandis que les
importations augmentent de 2% 12Il s'agit de la croissance du PIB
réel
13Il ne faudrait pas rendre les riches pauvres mais
aider les pauvres à devenir riches.
Impacts des politiques fiscales sur l'économie
burkinabè: Simulation à l'aide d'un MEGC 50
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