3.4.2 Le compte d'accumulation
Ce compte enregistre, comme signalé dans la
construction de la MCS, en dépense, les sommes dépensées
au titre de la formation brut du capital fixe auxquelles on adjoint les
variations de stocks et en ressource l'épargne totale.
L'équilibre emplois-ressources de ce compte correspond à
l'équilibre macroéconomique (IS) :
|{z}
I
investissement
|
= S
|{z}
epargne
|
Si l'équilibre IS, en lui-même, ne donne pas lieu
à des controverses, la trajectoire suivie pour atteindre ce
résultat fait l'objet de confrontation entre les théories
keynésienne et néoclassique. Selon la théorie
néo-classique, c'est l'épargne qui finance l'investissement
tandis que les keynésiens considèrent que l'égalité
I = S est réalisée ex-post, c'est-à-dire que
l'investissement une fois réalisée, génère un
processus de création de richesse selon la théorie du
multiplicateur8 qui, au bout du compte, engendre une épargne
résiduelle qui soit exactement identique à l'investissement
initial. La modélisation en équilibre général
permet de s'aligner sur l'une de ces théories.
Cinq types de bouclage existent dans la littérature
permettant de décrire les enchaîne- ments
macroéconomiques à la base de l'équilibre entre
l'épargne et l'investissement. Cet
7Il s'agit notamment des conditions de Marshall et
Lerner ou théorèmes des élasticités critiques.
Selon ce théorème, pour qu'une dévaluation
réussisse à rétablir l'équilibre externe, il faut
que la somme des élasticités des exportations et des importations
soit supérieure à l'unité. Voir "Economie internationale",
De Boeck université, p. 528-530 et p.
541-544.(Krugman P. et Obstfeld M., 1995)
8Voir "The General Theory of Employment, Interest, and
Money", John Maynard Keynes (1935)
équilibre est, soit défini suivant les contraintes
d'investissement, soit sur celles d'épargne. Ainsi, distingue-t-on :
· le premier bouclage est déterminé par
les contraintes d'investissements (IS-1). Autrement, le volume de
l'investissement est fixe et l'épargne s'ajuste de façon
endogène pour assurer l'équilibre entre l'épargne et
l'investissement, les variations de l'épargne étant
dictées par une modification endogène des taux d'épargne
selon un pourcentage fixe pour chaque secteur institutionnel domestique.
· le second (IS-2) est aussi guidé par
l'investissement. Mais cette fois-ci, les variations de l'épargne des
différents secteurs sont rendues possibles en multipliant les taux de la
situation de référence par un scalaire fixe.
· le troisième (IS-3) est dicté par
l'épargne, l'investissement s'ajuste au volume de cette dernière.
Ce bouclage suppose que les taux d'épargne des différents agents
sont fixes et la quantité de chaque bien, servant de support
d'investissement, est multipliée par un scalaire fixe autorisant la
réalisation de l'équilibre épargne-investissement.
· les deux derniers sont des variantes du bouclage
dirigé par l'investissement. (IS-4) est semblable (IS-1) et (IS-5)
à (IS-2). La seule différence réside dans le fait que ces
bouclages imposent une contrainte de plus : les proportions de l'investissement
et de la consommation publique dans l'absorption en termes nominale sont
fixées.
Un bouclage du modèle est une combinaison des
bouclages définis au niveau de l'équilibre budgétaire,
l'équilibre externe et l'équilibre Investissement-Épargne.
Dans un modèle statique, un bouclage dans lequel l'épargne
étrangère est fixe, l'investissement réel fixé et
la consommation publique réelle fixée, serait adapté pour
évaluer l'impact des politiques sur le changement de bien-être. Ce
choix correspond à la combinaison RDM-1, IS-1 ou IS-2 et l'un quelconque
des trois bouclages au niveau du gouvernement : il s'agit du «bouclage de
Johansen>>. Par contre, en considérant la combinaison de Johansen
et en substituant le bouclage IS-1 ou IS-2 par IS-3, c'est-à-dire en
considérant un bouclage guidé par l'épargne au lieu de
l'investissement, on retrouve le «bouclage néoclassique>>.
La limite des modèles utilisant un bouclage de type
Johansen ou celui néoclassique, est l'adoption de l'hypothèse de
plein emploi des facteurs de production, c'est à dire, une
déconnexion entre les variables macroéconomiques et le niveau
agrégé de l'emploi. En effet, les chocs n'auront d'effets que sur
la composition de la demande et seront stériles sur le niveau
agrégé du produit. Pour pallier cette insuffisance, un bouclage
de type keynésien peut être défini et
implémenté, bouclage dans lequel, le niveau agrégé
de l'emploi est relié aux variables macroéconomiques. Cette
spécification keynésienne suppose que l'investissement est fixe
en termes réels et le salaire réel est flexible. Une modification
du salaire réel incite les entreprises à ajuster le niveau de
l'emploi dans l'objectif de générer des richesses et une
épargne suffisante pour financer un volume fixé
de l'investissement. C'est cette option qui sera retenue dans ce rapport. Il
s'agira spécifiquement, d'introduire une modification au niveau du
bouclage IS-1, c'est-à-dire, celui défini suivant les contraintes
d'investissements, sauf que, à la différence du bouclage de
Johansen, les taux d'épargne sont fixes. Aussi, le bouclage sur le
marché du travail doit subir une légère modification par
rapport à ceux de Johansen et néoclassique, en considérant
que le salaire n'est plus la seule variable d'ajustement du marché du
travail mais aussi l'offre d'emploi.
Ce chapitre a permis de fournir les différentes
relations et les forces qui interagissent entre les différents secteurs
institutionnels dans un modèle standard d'équilibre
général. Le modèle inclut les relations techniques
(fonction de production), celles de comportement (demande des consommateurs),
d'équilibre (équilibre budgétaire, équilibre
externe, etc.). L'exposé détaillé des hypothèses
formulées, celles relatives aux comportements et aux contraintes
macroéconomiques du système devraient permettre une
compréhension des résultats que fourniraient les simulations. Par
souci de clarté, toutes les équations du système n'ont pas
été présentées, mais l'intuition qui gouverne les
formes fonctionnelles a été débattue. L'ensemble des
équations du système constituant le modèle
d'équilibre général se retrouve en annexe. Le calibrage du
modèle sera réalisé sur la MCS base 2007, construite au
deuxième chapitre de ce mémoire. Les éléments
théoriques et empiriques étant réunis,
"l'implémentation" du modèle et la simulation des effets des
politiques fiscales sont possibles et feront l'objet du dernier chapitre.
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