CHAPITRE II- GESTION DES TRANSACTIONS EN DEVISES
ETRANGERES PAR LES ENTREPRISES CAMEROUNAISES (IMPORT)
A l'importation les entreprises sont confrontées
à un risque d'appréciation de la devise étrangère,
par rapport à la devise locale. Cette appréciation gonfle en fait
les cash flows futurs à décaisser pour régler
une facture à terme. Puisque nous nous limiterons
à cette dernière exposition (transaction) dans le cadre de notre
étude, nous constaterons que l'environnement socio culturel,
économique et géo politique détermine les grands axes des
instruments de couvertures utilisés par les entreprises d'une certaine
région du monde ; D'où l'intérest majeur de notre
étude, le cas au Cameroun en particulier et en Afrique en
général.
A- Contexte économique camerounais...une
réalité africaine
L'Afrique dans sa globalité, ne représente
qu'une infime part des échanges commerciaux à l'échelle
internationale, soit environ 2 à 3 % du volume des échanges selon
la banque mondiale (2008), pour une population estimée à 16,4 %
de la population mondiale en 2010 (CIA World Factbook 2009). A grande
échelle le risque de change parait négligeable
; A contrario, au niveau micro de l'entreprise africaine en
général et camerounaise en particulier, ce risque doit être
pris en compte au même titre que les risques pays ou systémiques
dil à la fragilité politique et économiques des
états. Ce qui n'est pas le cas dans la pratique économique des
entreprises camerounaises, et ce à cause de plusieurs
· Un système bancaire en cours
d'assainissement
V
On a vu précédemment que le marché de
change est essentiellement un marché interbancaire de gros.
Ceci dit, la grande partie des opérations faites sur
le marché de change se font par l'intermédiation des banques. La
bancarisation étant de l'ordre de 16 % au Cameroun en 2010
(Cameroon-info), très peu d'entreprise ont accès ou utilisent des
techniques de couverture proposées par les banques. De plus la
vulgarisation des outils de couvertures sophistiqués (options) n'est pas
à l'ordre du jour dans le système bancaire.
· Secteur informel dynamique
D'après une enqueste terrain, qui s'est
déroulée du 16 au 24 avril 2006 par l'Agence Française de
Développement, le Cameroun est selon toute vraisemblance, le pays
d'Afrique subsaharienne qui a un des taux les plus élevés
d'emplois en secteur informel, sans que les raisons de cette situation soient
clairement élucidées ; L'analyse de la répartition des
emplois par secteur institutionnel met en évidence la place
prépondérante du secteur informel : plus de 90 % des actifs
occupés y sont employés. Cette structuration du marché du
travail s'explique notamment par la part occupée par l'emploi informel
agricole, qui occupe à lui seul 55,2 % de l'emploi global, tandis que
l'emploi informel non agricole en représente 35,2 %. Le manque de
qualification des opérateurs économiques qui exercent pour la
plupart dans l'informel est un véritable frein aux pratiques bancaires.
Leur vison de la rentabilité est limité au résultat
(bénéfice net), et le manque à gagner, suite par exemple
à une pratique de non couverture pour les importateurs, est
négligé par ignorance.
· Politique monétaire coloniale,
appartenance à la zone CFA
Par intégration régionale, le Cameroun fait
partir de la zone CEMAC (Communauté Economique et monétaire
d'Afrique Centrale). Véritable moteur économique de la sous
région, par son PIB (plus de 40% de la zone), le Cameroun abrite le
siège de le BEAC (Banque des Etats de l'Afrique Centrale), dont la
politique monétaire dépend largement de celle de la zone Euro. Le
franc CFA étant arrimé à l'Euro.
Les principes de fonctionnement du FCFA :
a parité fixe entre le franc CFA et l'euro à
travers le franc français
· La garantie de convertibilité illimitée en
euros accordée par la France en contrepartie du dépôt de la
moitié des réserves de change des banques centrales dans des
comptes d'opérations au Trésor français
a liberté totale des transferts au sein de la zone
franc
· La représentation de la France au sein des organes
de surveillance et de décision des banques centrales de la zone franc
FOCUS sur l'impact d'une parité fixe CFA/EURO
dans le commerce international (Import)
Le franc CFA étant arrimé à l'Euro par
une parité fixe, les pays de la zone CFA bénéficient d'une
couverture de risque de change sur toutes leurs transactions avec leur
partenaire privilégié européen En ce qui concerne les
importations camerounaises, 67% proviennent de l'UE. En revanche, nous verrons
par la suite que le mécanisme rigide du FCFA prive les pays de
l'utilisation de la politique de change dans la boîte à outils de
leur politique économique. De même que la parité fixe
établie avec l'euro fait subir au franc CFA les fluctuations de la
monnaie européenne par rapport au dollar américain qui reste la
monnaie de référence du commerce international. Les
filières de l'exportation subissent plus les coûts de
l'appréciation de l'euro, donc du franc CFA, par rapport au Dollar ; les
produits africains perdent de leur compétitivité sur les
marchés internationaux, les exportations marquent le pas, les balances
commerciales souffrent et, au final, les économies patinent. Toutes fois
Le débat sur la parité fixe CFA/EURO ne fait que commencer et les
questions qu'il suscite sont nombreuses et peuvent faire l'objet d'une
thèse doctorale en politique monétaire.
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