0. INTRODUCTION GENERALE
0.1. ETAT DE LA QUESTION
Des conflits interminables, tirant leur origine du mode de
gestion et de l'accès aux ressources naturelles depuis plusieurs
siècles, se sont intensifiés au Congo comme dans beaucoup des
pays ailleurs même du continent Africain depuis l'avènement de
l'ère moderne. Subséquemment, des nombreux chercheurs des
domaines diversifiés s'y sont intéressés depuis plusieurs
décennies.
Cependant, lorsque plusieurs auteurs se mettent à mener
une étude autour d'un même thème, ils n'aboutissent pas
toujours aux mêmes résultats car ne visant toujours pas les
mêmes buts scientifiques, n'établissant toujours pas les
mêmes hypothèses et n'aboutissant de ce fait toujours pas aux
mêmes résultats du fait de la disparité de leurs objectifs,
de leurs méthodologies de travail et des cadres spécifiques dans
lesquels ils évoluent.
En orientant notre étude sur la problématique de
la gestion d'aires protégées vis-à-vis des Objectifs du
Millénaire pour le Développement surtout l'atteinte de l'objectif
N°7, nous sommes lucide que des nombreuses études ont
déjà été réalisées dans ce cadre et
nous ne sommes de ce fait pionnier de la recherche scientifique sur cette
problématique.
Ainsi, il nous est avéré indispensable de
consulter dans la mesure du possible la littérature existante sur cette
problématique dont :
La multiplication des conflits ruraux, avec leur corollaire de
violences ouvertes est un thème d'une brûlante actualité en
Afrique sub-saharienne. Les médias et les analystes qui se sont
intéressés à la question n'ont pour la plupart du temps
retenu que les aspects politiques ou ethniques comme causes de ces conflits. Or
les causes profondes de ces conflits sont inhérentes aux modes
d'accès ou d'utilisation des ressources naturelles comme la terre,
l'eau, les pâturages, les forêts, les mines, les sources
énergétiques (Gorel Harouna, 2003). L'auteur indique que la
solution ne viendrait que de la participation communautaire dans la gestion
durable des ressources naturelles de leur terroir.
Un trou d'horizon sur les conflits qui prévalent
actuellement au PNVi et qui constitue du fil à retorde pour sa
conservation sont d'ordre externe et interne (iisd, 2006).
Les conflits externes à l'ICC sont
liés :
a. A l'accès aux ressources naturelles par les
communautés périphériques : bois, poissons, viandes ;
b. Au manque de partage des revenus produits par le parc au
profit des communautés ;
c. A la déprédation des cultures par les animaux
du parc ;
d. A l'occupation illégale des terres du parc sur base
de l'intoxication politicienne (pêcheries illégales, cultures dans
le parc) ; et
e. A la violation intentionnelle des limites du parc et refus
de reconnaître les limites du parc conflits liés à la
gestion des pêcheries ;
Quant aux conflits internes à l'ICCN ils sont
liés aux:
A. causes historiques :
a. La dépossession des populations lors de la
création et l'aliénation des terres en faveur de la conservation
;
b. prévalence de la répression comme moyen pour
assurer la surveillance et la protection des ressources ;
c. manque d'un plan de gestion définissant les
priorités pour le parc ;
d. manque d'un plan intégré d'aménagement
du territoire : problème de gestion des zones réservées
aux terres, aux villages, à la conservation (Kibumba, Rubare,
Kiwanja,...)
B. causes conjoncturelles :
a. Le contexte politique instable et des turbulences ;
b. Le contexte de pauvreté et de faible revenu ;
c. La campagne d'intoxication politicienne ;
d. initiative de conservation communautaire trop ambitieuse
mais moins engagée sur terrain.
C. acteurs des conflits qui sont :
a. Les gestionnaires de la conservation à travers leurs
attitudes et comportements à l'égard des approches de
résolution des problèmes: Comité de gestion ICCN,
b. La Direction provinciale de l'ICCN, Conservateurs et gardes
;
c. Les autorités politico administratives ;
d. Les chefs terriens et Bami (coutumiers) ;
e. Les responsables des groupements associatifs, ILD, ONG
locales et syndicats paysans (exemple frappant de SYDIP) ;
f. Les politiciens en quête de positionnement ;
g. Les militaires et les groupes armés ;
h. Les communautés locales.
Il montre que tous ces acteurs interviennent par leur
attitude, leurs déclarations ou leurs actions sur terrain.
D. Quelques conflits spécifiques sont :
a. l'envahissement des terres du Parc dans les zones de
MAYANGOSE: incitation des gens à occuper le parc (PNVi-Nord) ;
b. l'occupation de KIROLIRWE/PNVi-Sud par les populations
déplacées venues du Rwanda ;
c. l'occupation de KONGO au PNVi-Est avec l'appui des
Maï-maï et certaines autorités coutumières ;
d. la mise en culture des terres du Parc sur l'escarpement
KABASHA, TSHIABIRIMU, KIBIRIZI, RUBARE, DCR, etc.
e. la multiplicité des pêcheries légales
dans les différentes baies et sur la côte Ouest du Lac Edouard.
La pression humaine sur le PNVi s'est aggravée à
la suite de la matérialisation unilatérale des limites
fixées par le décret de la création du Parc du 21/04/1925
et de ses extensions par les décrets du 06/07/1929 et du 06 Janvier 1936
(Ernest Bizimana, 2004). Pour la question de savoir comment gérer la
zone tampon de Rubare sans qu'elle ne soit source de conflits tout en
participant à la conservation du PNVi et au développement des
communautés riveraines, l'approche de la gestion participative est
proposée.
Ressources économiques potentielles à l'heure
où le tourisme international se développe en valorisant
particulièrement les grands sites naturels, mais ressource
géopolitique également : les aires protégées
offrent désormais aux Etats des opportunités de partenariats pour
se positionner dans le nouveau système complexe des acteurs du
développement. En parlant de la participation contre la
décentralisation, ou de nouveaux espaces pour la «coutume», on
évoque que depuis plus deux décennies la question se pose en
termes non plus de compensations et d'aménagements, mais en termes
d'association à la gestion comme garantie de la pérennité
du processus de conservation. Cette nouvelle approche qui se traduit par
l'expression Community-Based Natural Resources Management est
prônée par l'Union internationale de conservation de la
nature à partir de 1980 (World conservation strategy). Les
innovations que représentent ces nouvelles approches peuvent être
à l'avant garde des pratiques de gouvernance territoriale, en ce sens
qu'elles associent organismes internationaux, services d'Etat et
différents segments de la société civile (entrepreneuriat
local et chefferie coutumière). Mais l'approche participationniste
communautaire ne va pas sans poser également de sérieux
problèmes. La source principale de ces problèmes vient d'une
vision simpliste et idéalisée de la «communauté»
considérée comme partenaire légitime d'une politique de
gestion concertée. C'est ce que soulignent fort justement Agrawal et
Gibbson (1999) qui montrent comment elle est souvent considérée
comme une structure sociale homogène partageant des normes communes et
consensuelles et constituant une petite unité spatiale. Sont ainsi
ignorés les contradictions internes, les conflits
d'intérêts et les imbrications socio-spatiales de
différents groupes.
« La participation des communautés
riveraines et la construction d'espaces transfrontaliers sont les
priorités décrétées au niveau mondial pour la
requalification des aires protégées et notamment les parcs
nationaux. L'Afrique n'échappe pas à ces tendances, elle semble
même en être à la pointe. C'est en Afrique australe qu'est
née la Peace Park Fundation à l'origine du concept de
Transfrontier Peace Park chargé de transformer d'ex no man's lands
frontaliers et militarisés en instruments de construction d'une
intégration régionale » (Frédéric GIRAUT
et al., 2003).
L'objectif du parc national (APs) est de préserver cet
environnement ou `'écosystème'' tout en accompagnant des
sociétés qui sont à un tournant de leur histoire. Cet
objectif combien louable est mis en cause par des principes des
écologistes qui se basent sur des problèmes liés aux
besoins des populations autochtones qui sont obligés d'y tirer leur
survie. C'est ainsi que l'évolution des faits feront apparaitre
progressivement quelques principes qui ressortent dans les revendications des
autochtones que dans les textes internationaux (Alexis TIOUKA, 2008). Ces
principes se résument comme suit :
o Toutes les aires protégées existantes ou
futures doivent être gérées par et établies avec le
plein respect des droits des peuples autochtones et des peuples
nomades ;
o Les comités de gestion des aires
protégées doivent contenir des représentants élus
par les peuples autochtones ;
Ces deux principes se fondent sur des expériences
observés en Inde, en Bolivie et en Colombie ; selon lesquels les
systèmes autochtones garantissent les mieux la conservation des
biodiversités ;
o De cette expérience va découler un
troisième principe selon lequel on doit reconnaitre la manière
ancestrale traditionnelle et collective de gérer les terres et
territoires autochtones.
Dans son étude sur l'envahissement du DCR en tant que
cause des différends entre population et parc ; et guidé eu
cela par la question de savoir comment préserver ce qui reste du PNVi en
arrêtant la progression de sa dévastation. Martin BAGURUGUMWE
(2006) dénonce cette crise dans son introduction en montrant que
malgré l'importance du PNVi, sa protection est rendue difficile suite
à la désinformation, à l'ignorance et curieusement
à la mauvaise volonté de certains individus qui exploitent
abusivement ses ressources naturelles.
Il élucide comme facteurs influençant
l'envahissement du domaine de chasse : la croissance démographique
et les demandes en énergie et terres arables, la présence des
réfugiers rwandais et non intégralité de patrouilles des
gardes de parc (cas de Mulamule, Kahunga, ...), la présence des groupes
armés et l'appropriation des terres du DCR par quelques leaders, et
enfin le manque ou l'absence d'un pouvoir public.
Il propose la sensibilisation pouvant impliquer toutes les
parties prenantes via l'approche de conservation communautaire comme solution
durable.
Aristide KASSANGOYE dans sa présentation lors des
1ères Journées des Aires Protégées
d'Afrique Centrale (Kinshasa, mai 2007), autour du thème
« Activité de conservation et vie des communautés
locales », parle d'Accès des communautés locales
à la propriété et fini par une question importante :
« Face aux intérêts de conservation et de
valorisation des aires protégées, les communautés des
villages riverains et de l'intérieur des aires protégées
devraient-elles bénéficier d'un droit de propriété
ou d'un droit d'usage coutumier ? »
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