Problématique du rôle controverse des médias dans la résolution des conflits en RDC: analyse critique de l'opérationnalité concrète des médias pour la paix( Télécharger le fichier original )par Patrick de Favre BINTENE Université de Kinshasa RDC - Licence 2010 |
II.3.4. Critique de l'instrumentalisation du journalisteDans les paragraphes précédents du premier chapitre, nous avions déjà souligné quelques points allant dans le sens des critiques qui sont souvent formulés à l'égard des journalistes. Néanmoins Albert Londre, grand reporter français du siècle passé a souligné de contre-pouvoir du journaliste parfois un pouvoir qui dérange toujours certaines institutions. « Un journaliste n'est pas un enfant de choeur et son rôle ne consiste pas à procéder les processions, la main dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire tout, il est de porter la plume au plaie » (42(*)). Ce rôle joué par les médias est cependant contradictoire, car ils constituent cette fois une institution politique à part entière, sachant que le quatrième pouvoir accuse deux grandes faiblesses. D'une part, il est détenu aux mains des personnes qui n'ont été élues, ni nommées par leur compétence, et en d'autres lieux il est sujet aux exigences commerciales comme le cas avec toute autre entreprise. A en croire, la résolution de ce problème ne résulterait en réalité que dans un mélange de droit et de responsabilité socioprofessionnelle, et c'est la déontologie. Cette dernière ressemble des principes et règles établis par la profession, enfin de permettre aux médias de servir de la meilleure des conditions soit dans l'impartialité, les individus que composent son public. Dans tout cela les principes de base de la déontologie journalistique ne peuvent être possibles dans une certaine mesure. Ainsi donc, parmi les deux principes, l'impartialité et l'indépendance, l'un de deux nous intéresse en particulier, dans cette dialectique : c'est l'indépendance des médias. Le principe ne semble pas être accepté surtout en Afrique, continent qui rencontre un certain nombre de difficultés avec l'émergence de la culture démocratique. Ce principe constitue l'affirmation selon laquelle : le journaliste n'a de compte à rendre à personne, si ce n'est autre que son public, puisque c'est son intérêt qu'il tend à servir. Il doit toujours visé l'intérêt du public ou intérêt public. Tenant compte de tout cela, la résolution 1003 du Conseil de l'Europe sur l'éthique du journalisme dans son article12 nous complète en se demandant si cette indépendance peut se voir réelle dans les conditions suivantes : « un directeur d'une maison de presse peut-il réellement s'offrir les luxes un pied de nez à un actionnaire en publiant une enquête sur la qualité de ses produits alloue des subsides conséquents ? En somme, la location de subsides ne semble pas notre réalité en Afrique car la presse en soi a toujours eu du mal sans revenus publicitaires. D'où on peut dès lors la qualifier de libre ? Commercialement non. Pour cela, l'exigence d'une transparence totale en matière de propriété et gestion des médias » (43(*)). Politiquement, un média est rarement neutre. « Pourtant, une orientation idéologique des éditeurs doit être légitimement respectée pour autant qu'elle soit limitée par les exigences incontournables de la véracité des nouvelles et de rectitude morale des opinions exigées par le droit fondamental des citoyens à l'information » (44(*)). Adopter une orientation politique ou idéologique reste une possibilité à un organe de presse. Le danger ici n'est donc pas de présenter une orientation politique, puisque celle-ci est déontologiquement acceptable, mais d'arriver à rester indépendant de toute pression, intérieure ou extérieure, consciente ou inconsciente, affirmée ou insinuée. La presse ne doit servir aucun intérêt particulier, si ce n'est celui de son public, dans toute sa diversité. Elle doit aspirer à offrir les qualités d'un service public-au sens de responsabilité sociale et non de lien avec l'Etat, offrant une tribune à toutes les orientations politiques et sociales qui assure au mieux les différentes tâches dont elle a la fonction : observer et fournir une image représentative du milieu environnemental, assurer la communication sociale, transmettre la culture ainsi que contribuer au bonheur via le divertissement. Enfin, dès lors qu'un journal, une station de radio ou une chaine de télévision dédie ses pages ou ses ondes à la gloire de l'Etat, d'un modèle politique, d'une région ou d'une race, on doit rejeter ce type de journalisme pour la classer dans la rubrique de propagande. * (42) Albert Londre, Terre d'ébène, Paris, éd Albin Michel, 1927, p60 (écrit au retour d'un séjour de quatre mois en Afrique de l'ouest) * (43) Résolution 1003 du Conseil européen sur l'éthique du journalisme, article 12. * (44) Résolution 1003 du Conseil européen, Op cit., article 13. |
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