Problématique du rôle controverse des médias dans la résolution des conflits en RDC: analyse critique de l'opérationnalité concrète des médias pour la paix( Télécharger le fichier original )par Patrick de Favre BINTENE Université de Kinshasa RDC - Licence 2010 |
I.2.5. Les médias : leur usage et leur destinéeAprès la seconde guerre mondiale, ce sont principalement les messages transmis par les médias qui retenaient l'attention. Dans le sillage de l'environnement essentiel semblait résider dans le contenu des messages et dans la façon dont ceux-ci étaient agencés, pour séduire, pour persuader ou pour influencer. Au début des années 1960, Marshall Mc LUHAN appelle l'attention non plus sur les messages mais plutôt sur les médias eux-mêmes. Tandis que la télévision à cette époque progressait irrésistiblement, la réflexion se déplaçait des contenus vers les contenants. L'importance selon lui n'était plus le contenu des messages mais cette fois les médias grâce auxquels celui-ci est transmis. L'effet des médias n'est donc pas celui que l'on croit, mais réside dans le message que ces derniers exercent à la longue, sur nos modes de pensée, d'agir ou de sentir. Loin d'être des moyens ou des techniques parfaitement neutres, les médias agissent sur la culture et sur l'ordre social après avoir exercé leur influence subreptice et irrésistible sur nos façons d'appréhender le monde sensible. Chemin faisant, l'essayiste canadien repartit les médias en deux catégories : 1. Les médias chauds Ce sont des médias qui mobilisent un seul sens comme le pense ou la radio favorisait peu du même coup, la participation de leurs destinataires ; Ils sont des médias qui apportent « des messages définis, achevés, une grande quantité de l'information qui ne demande aucune participation créatrice au niveau de la perception mais qui peut engendrer une réaction compensatrice, une réponse » (23(*)). 2. Les médias froids A l'inverse des médias chauds, ceux-ci apportent des messages incomplets ou diffus, une quantité d'information assez faible qui nécessite une recomposition, une participation créatrice dans la perception. Ces médias n'appellent pas d'autres réactions que lui-même. Ce donc par la réaction qu'ils suscitent de la part du récepteur que se distingue les médias chauds et les médias froids. Le livre invite à la médiation, la radio à la discussion. La télévision invite par contre à la participation et n'implique rien de plus. Cependant les deux notions sont patentées car l'un et l'autre visent à rendre compte des difficultés que rencontre le récepteur dans son décodage, hormis celles qui sont liées à une mauvaise connaissance du code. Plus le décodage est difficile, plus il implique le choix de la part récepteur. C'est ce que l'essayiste canadien désigne « participation » les médias chauds ont un faible degré d'existence et la télévision un média froid par excellence, malgré les faibles risques de distorsion, les messages qu'elle donne est si complexe que par la nature. Il prête l'ambigüité. Partant de la participation, Mc LUHAN fait allusion à la possibilité de réponse au message que nous laisse chaque medium. D'où la notion de « rétroactivité est celle qui déchaine les controverses chez les spécialistes. Ceux-ci établissent en général une distinction entre rétroaction directe et indirecte. La rétroaction est une réponse qui peur provoquer une modification du message or pour lui les médias froids sont ceux qui permettent la rétroaction la plus forte et la plus directe » (24(*)) A ce niveau, la compréhension devient difficile à comprendre pourquoi l'auteur arrangerait-il la télévision dans cette catégorie quand on sait qu'elle favorise la possibilité pour rétroaction par les autres médias froids. Exemple : le téléphone. La télévision pourrait se rapprocher du livre et de la radio qui présentent à cet effet les caractéristiques sensiblement identiques sont définies comme médias chauds. Par contre, il est vrai que de son propre aveu, la radio refroidit tout comme le journal. Outre la représentation que l'on se fait de l'influence des médias n'est pas la même d'après MC LUHAN « elle oscillait entre deux visions opposées, d'un côté les idéalistes considèrent que les médias sont neutres capables seulement de faire circuler mieux les messages, des opinions, des croyances sur les contenus desquels ils n'ont aucune prise. D'un autre côté, on cède à une sorte de déterminisme ou fatalisme selon lequel ces mêmes messages par conséquent, la culture bien entendu, ses activités, ses oeuvres sont sous l'emprise des médias qui en déterminent unilatéralement le contenu et la signification » (25(*)). A l'instar de nos outils et de nos machines, les médias ne sont en réalité ni aussi neutres, ni encore tyranniques, ou salvateurs. La technique n'impose rien, elle propose et l'homme dispose ou compose. A leur naissance, les médias n'ont ni feuille de route ni ordre de missions, leur destinée dépendra de l'usage que les hommes en feront en fonction de leurs besoins ou leurs croyances. * (23) A. BOURDIN, Mc LUHAN in communication, technologie et société, Paris, éd. Universitaire, 1970, p33. * (24) Alain BOURDIN Op. cit, pg 35 * (25) Francis BALLE, Op.cit., p86 |
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