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La protection de l'écosysteme forestier congolais: cas de la réserve naturelle d'Itombwe

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par Moussa RUBUYE MUSAFIRI
Universite Officielle de Bukavu - Licence en Droit 2008
  

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CHAPITRE TROISIEME:

LA PROTECTION FORESTIERE DANS LA RESERVE NATURELLE

D'ITOMBWE (RNI) 23(*)

Ce chapitre traitera successivement de la présentation générale de la Réserve Naturelle d'Itombwe et de l'analyse de l'arrêté ministériel créant la RNI face à la protection forestière.

Section 1 : Présentation de la Réserve Naturelle d'Itombwe

Paragraphe 1er : Historique

La collectivité secteur d'Itombwe fut créée par l'arrêté n°06 du 06 août 1934. Au début de l'administration coloniale, Itombwe était une collectivité appartenant au territoire de Fizi. Elle ne sera rattachée au territoire de Mwenga qu'en 1947.

Suite aux guerres de 1964, 1996 et 1998 ; le secteur d'Itombwe n'a jamais eu ni visite, ni assistance humanitaire. Ces guerres en répétition ont plongé la population dans la misère indescriptible, la pauvreté, la faim, l'analphabétisme, le délabrement des infrastructures sociales telles que les routes, les écoles, les établissements sanitaires, etc. L'enclavement total d'Itombwe a fait que cette partie de la RDC soit abandonnée et isolée du reste du monde malgré sa grande richesse en ressources naturelles d'importance inestimable et cela depuis l'époque coloniale.

La réouverture de la nationale n°5 (Fizi-Miki-Mwenga) peut constituer dans la mesure du possible une solution au désenclavement de ce milieu et faciliter l'accès à d'autres horizons. Le milieu est décrit par le Dr. A. PRIGOGINE : « le massif d'Itombwe fait partie de la dorsale Ouest du Graben. La région étudiée est limitée vers l'Est par la plaine de la rivière Ruzizi et par le lac Tanganyika ; à l'Ouest, la limite est constituée arbitrairement à peu près par le méridien de 20° Est, la dépression occupée et le massif du mont Kabobo forment la limite naturelle vers le sud et vers le Nord, Itombwe se rétrécit fortement près de la parallèle 2° 50 s et à cet endroit la région du dessus de 2.000 mètres se réduit à une bande d'une largeur de 5 km environ.

De plus, la forêt cesse et la région se transforme en prairie de montagne avec des galeries forestières dans les vallées. La limite de la région étudiée est donnée approximativement par la parallèle passant entre Walungu et Tshibeke.24(*)

Une ONG de protection de la nature WWF/ Sud-Kivu fait une description en ces termes : «  le massif d'Itombwe est situé au Nord-Ouest du lac Tanganyika et s'étend sur une vaste région touchant les territoires administratifs de Mwenga, Fizi, Uvira et Walungu ».

Charles DOUMENGE, quant à lui affirme : « il n'existe pas de délimitation précise du site à l'intérieur d'une région cernée par les territoires de Walungu, Uvira, Fizi et Mwenga. La courbe de niveau (1500 mètres) peut être prise comme limite altitudinale inférieure. Elle marque le début de ce que différents auteurs appellent : les Monts Itombwe25(*) ».

L'article 2 de l'arrêté créant la RNI donne les coordonnées relatives aux Monts Itombwe, « la réserve ainsi créée est située au Nord-Ouest du lac Tanganyika dont les coordonnées géographiques sont : 28° 02?-29° 04?-3° 52s. L'article 1 stipule qu'Itombwe est compris entre les territoires de Mwenga, Fizi, Uvira et Walungu ».

L'arrêté ne donne donc aucune précision quant à la délimitation et/ou zonation précise du site. Les monts Itombwe sont extrêmement riches en biodiversité et en biosphère à l'instar d'autres sites protégés de la RDC : « la richesse biologique exceptionnelle de la RDC, tant du point de vue de la diversité spécifique que de l'endémisme, résulte de l'action conjuguée de trois facteurs :

- L'immensité du pays recouvrant une large variation des conditions physiques ;

- La présence d'une vaste couverture des forêts denses humides environ 1.057.500 km2 de l'écosystème le plus riche de la planète et ;

- La présence des refuges forestiers (véritables chaudrons d'évolution) lors de la dernière grande évolution d'assèchement climatique du pléistocène.

La menace d'extinction d'espèces de la R.D.Congo est actuellement aggravée par la destruction des habitats naturels. Les causes de la fragmentation de ces derniers et par conséquent de la disparition de la diversité biologique sont multiples.

Cyrille de KLEMM et Clare SHINE citent quelques unes :

· Au plan local:

- L'absence de véritable régime foncier ou du moins de toute reconnaissance formelle des droits des indigènes à la propriété foncière, dans des nombreuses zones riches en diversité biologique décourage ou empêche les indigènes ou autres populations locales de pratiquer une gestion durable ou traditionnelle de la terre ;

- Les règles inadaptées concernant l'accès aux ressources communes, telles que les forêts, les poissons et les espèces sauvages ;

- Le sous-développement, sous forme d'une pauvreté largement répandue allant souvent de pair avec une gestion non durable des ressources naturelles.

· Au plan global :

- Une croissance dramatique de la population mondiale qui est passée de un à cinq milliards en moins d'un siècle.

- Le manque d'incitation économique pour la conservation des ressources sauvages et/ou l'absence des sanctions punissant leur destruction ou leur utilisation non durable.26(*)

Outre les activités et processus destructeurs qui sont les facteurs majeurs contribuant directement à la diminution de la Biodiversité, KLEMM et SHINE énumèrent entre autres les surexploitations, la détérioration des habitats, l'introduction d'espèces exogènes (non indigènes), la pollution due aux substances toxiques et les changements atmosphériques et climatiques.27(*)

Itombwe n'héberge pas seulement les populations animales et végétales ; il constitue « l'alma mater » des populations riveraines et locales qui vivent des produits forestiers. On y trouve des tribus (babembe, bavira, bafuliru, banyamulenge, lega, shi,...) installées à différents endroits suivant leur différente époque d'émigration. Chacune d'elles exerce une activité particulière, mais totalement dépendante de la forêt. Quelque soit le type d'aire créée par l'arrêté de 2002 (à Itombwe), les populations riveraines d'Itombwe sont pourvues de certains droits conférés d'une part, par la loi foncière, et d'autre part, par ceux conférés par la loi n° 011 /2002 du 29 août 2002 portant Code forestier.

* 23 Pour plus d'information voir :

· http // www. grandslacs.net

· http // www. deboutcongolais.infos.net

* 24 Dr. PRIGOGINE A., Les oiseaux d'Itombwe et son Hinterland, Vol.1, BUXELLES, Tervuren, 1971, P.133

* 25 Ch. DOUMENGE, La conservation des écosystèmes forestiers du Zaïre, Publication UICN, Cambridge, 1990, pp15-19

* 26 DE KLEMM C. et SHINE C., Droit international de l'environnement : diversité biologique, Genève, UNITAR, 1998, p.283

* 27 C. KLEMM et C. SHINE, Op.cit., pp 15-16

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