CONCLUSION
Il faut être bien conscient que les frais engagés
par les armateurs du fait de la piraterie se répercutent immanquablement
sur les affréteurs et que les difficultés d'acheminement des
cargaisons handicape toute la chaîne des acteurs économiques
impliqués dans les échanges.
Le fait que les attaques soient menées de plus en plus
loin des côtes est un élément inquiétant car il pose
la question de l'utilité du déroutage, en même temps qu'il
rend plus difficile les opérations de surveillance des flottes
internationales.
Dans la mesure où le transport de marchandises mondial
se fait principalement par voie maritime, on comprend aisément que les
différentes parties prenantes cherchent d'abord à connaître
les conséquences économiques pour savoir si les armateurs peuvent
continuer à emprunter les routes habituelles en engageant des
coûts supplémentaires pour assurer la sécurité des
équipages et des cargaisons, ou s'ils doivent envisager de
dérouter leurs navires pour éviter les zones de piratage.
Une des solutions à long terme, en plus de la recherche
d'un système juridique international efficace en matière de lutte
contre la piraterie, reste de tenter de résoudre
multilatéralement l'équation de réduction de la
pauvreté dans les pays dont les pirates sont ressortissants : vaste
travail en perspective !
On peut espérer néanmoins que les
révolutions en cours dans les pays d'Afrique du Nord et du MoyenOrient
voient un nouvel ordre politique apparaître, plus respectueux de la
répartition des richesses. De même, les négociations de
l'OMC, bloquées depuis des années, si elles prenaient mieux en
compte les revendications des pays en développement, pourraient
peut-être également jouer un rôle positif.
Il n'en demeure pas moins que la piraterie, si elle profite
à ceux qui la pratiquent, ne joue pas en faveur des économies des
pays en développement jouxtant les zones à risques. A titre
d'exemple, dans le Golfe de Guinée, les attaques des pirates,
ajoutées au pompage illégal, ont eu pour effet une baisse de
l'activité pétrolière et ont en particulier
entraîné le retrait de Shell de la région.
Bien que pour l'instant le contournement par le Cap de Bonne
Espérance ne soit pas retenu comme une option alternative durable au
passage par le Canal de Suez, si cela devait arriver, les conséquences
économiques pour l'Egypte seraient majeures, tout comme pour l'ensemble
du commerce mondial, et en particulier en ce qui concerne le transport du
pétrole en provenance des pays de l'OPEP.
Bon an, mal an, les échanges commerciaux par voie
maritime se poursuivent, la piraterie venant rappeler douloureusement à
ceux qui en font les frais les conséquences de l'exclusion de certains
pays de la mondialisation.
|