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Ecotourisme: une amélioration de la contribution de la pratique touristique dans les PED ? Exemple de Madagascar

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par Mathieu Meyer
Sup de Co Reims - Master en Management 2010
  

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1.3.3 Le cadre institutionnel insuffisant fait des acteurs locaux de véritables moteurs du développement

Nous comprenons ici que le droit institutionnel environnemental malgache est inadapté à ce pays, parce qu'il est issu, pour ne pas dire calqué, sur le droit français. Alors que le patrimoine environnemental de la Grande Île est son avantage comparatif-même, cet héritage historique législatif rendait la gestion et la protection des ressources naturelles assez inefficace. Face aux vides juridiques laissés par cette dissonance entre réalité et droit virtuellement appliqué (et applicable), les pratiques traditionnelles propres aux communautés locales ont pris le relais. Les dina ont donc perduré, restant souvent le représentant légitime de l'autorité au sein des populations locales et appliquant un droit relevant plus de la coutume. Mais plutôt que de s'opposer à ce droit réel, le gouvernement malgache a tenter de le canaliser pour l'orienter vers la réalisation d'objectifs globaux de protection et de conservation du patrimoine naturel. Cette coopération est audacieuse, elle se base essentiellement sur le volontarisme des communautés à contractualiser avec l'Etat un engagement de bonne gestion des ressources naturelles renouvelables, en contrepartie d'un cadre juridique non contraignant pour les pratiques coutumières -allant en fait jusqu'à les intégrer dans son système. La loi GELOSE -dite aussi la Gelose- en est l'exemple le plus parlant. Elle a pour principe de décentraliser la responsabilité de la gestion des ressources forestières et environnementales aux collectivités locales. Bien que des dissonances entre les acteurs locaux puissent exister, les résultats sont tout de même encourageants. Le secteur du tourisme à Madagascar est relativement particulier du fait de sa composition. En effet, il existe un ensemble de petites structures sans forcément de liens entre elles, ce qui ne facilite pas le dialogue entre ces acteurs et les administrations. La forme singulière, et peut-être nécessaire, de décentralisation choisie par le gouvernement malgache responsabilise d'autant plus les acteurs à l'échelle locale que les collectivités locales sont dorénavant légitimement investies d'un droit d'autorégulation. Les ONG sont aussi un rôle crucial à ce niveau. En tant que gestionnaire des aires protégées, la Madagascar National Parks a choisi de valoriser ce patrimoine en attribuant des droits de concession à des investisseurs privés dont les activités rejoignent l'objectif de développement écotouristique de l'île. De manière relativement encadrée, le secteur privé devient responsable d'une exploitation durable du capital biologique qui lui est confié.

L'intérêt de cette première partie a été de montrer dans quel contexte le tourisme malgache évolue, de manière à en comprendre les enjeux, les raisons et les forces qui s'exercent sur cette activité. En posant l'hypothèse de départ, à savoir que « le tourisme doit devenir plus responsable pour rester une ressource indispensable aux PED », plusieurs éléments ont dû être précisés pour appuyer cette affirmation. Le premier concerne le tourisme au sein des PED, et ici, plus particulièrement à Madagascar. En s'appuyant sur un ensemble de données statistiques issues d'institutions comme la Banque Mondiale, l'OMT ou le TIES par exemple, on s'aperçoit rapidement que le secteur touristique représente souvent un pan majeur de l'économie des PED. C'est aussi le cas à Madagascar. Il est intéressant de noter que cette activité se développe malgré un contexte pas toujours favorable, propre aux pays du Sud. De ce fait, en dressant le portrait historico-économique et géopolitique de l'île, on a pu mettre en lumière la situation actuelle dans laquelle se trouve Madagascar. La pauvreté et le marasme économique et politique que connaît aujourd'hui le pays tire en partie ses origines dans une double insularité, interne et externe, que son passé sous influence coloniale et sa période marxiste-léniniste ont d'autant plus renforcée. Le fait est que Madagascar est aujourd'hui l'un des pays les plus pauvres de la planète, mis sous tutelle des bailleurs de fonds internationaux, dont la Banque Mondiale. L'aide apportée par ces institutions financières internationales n'est cependant pas « gratuite », elle est conditionnée par la mise en place de « modèle de développement » comprenant assainissement des finances publiques, politiques structurelles ou libéralisation de l'économie. Mais ce contexte fort peu engageant n'efface en rien le potentiel touristique de la Grande Île, plus de 7% du PIB a été généré par le tourisme en 2007. Pour ce faire, Madagascar peut compter sur un atout singulier : son incroyable biodiversité et son capital biologique de réputation mondial. Les IFI et le gouvernement ont éminemment compris que ce patrimoine écologique est au fondement du développement futur de l'île, basant les plans de développement sur ce capital naturel. Le tourisme n'échappe pas à cette orientation, bien au contraire. Cette activité présente l'avantage de pouvoir d'implanter sur l'ensemble du territoire et de se présenter comme une possible alternative à une agriculture gourmande en ressources naturelles. De ce fait, le tourisme a été placé comme activité prioritaire dans les plans d'actions de développement, comme le MAP, successeur du DSRP. Cette volonté se traduit aussi par la réhabilitation de moyens de communications (voieries, plateformes portuaires et aéroportuaires), une tentative d'amélioration de l'accessibilité de l'île (accord « Open Sky ») ou la création de structures spécialisées facilitant le développement touristique (RFT, Maisons du Tourisme, professionnalisation de la filière touristique). L'accent a évidemment été porté sur la valorisation du capital biologique, d'où l'engagement vers un écotourisme haut de gamme. Ceci étant, le cadre institutionnel et juridique malgache présente de profonds dysfonctionnements qui ne favorisent pas un développement structuré de l'activité. Le droit environnemental de Madagascar est effectivement et proprement calqué sur celui de la France, ce qui le rend clairement inadapté. Pour faire face à ce handicap, le gouvernement a choisi la voie de la coopération avec les structures locales de représentation de la loi, telles que les dina. Cette décentralisation s'effectue en contractualisant un transfert de compétence dans la gestion des ressources naturelles renouvelables aux communautés locales. Le droit coutumier devient le relais des institutions nationales, qui tentent d'orienter ces  pratiques locales vers l'exécution d'objectifs plus globaux, comme la protection du capital écologique. La Gelose est un exemple concret de ce modèle de décentralisation à base volontaire. En ayant donc à rendre compte aux communautés locales (détentrice des ressources naturelles) et à l'Etat, l'activité touristique, et plus encore écotouristique, se place au coeur du développement de l'Île Rouge. Les rapports liant écotourisme et patrimoine naturel paraissent intéressants à étudier pour mieux comprendre comment ce type de tourisme peut être un puissant vecteur de développement.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault