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Ecotourisme: une amélioration de la contribution de la pratique touristique dans les PED ? Exemple de Madagascar

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par Mathieu Meyer
Sup de Co Reims - Master en Management 2010
  

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3.3.2 L'écotourisme comme système de représentation de l'identité touristique malgache

Au regard de ces connaissances, le choix de l'écotourisme à Madagascar devient d'autant plus intéressant. En effet, si le tourisme malgache est jugé à fort potentiel grâce à la valorisation de son incroyable biodiversité, cette activité reste naissante, peu développée et peu structurée pour l'instant. Ainsi, le gouvernement, et plus encore les acteurs du tourisme, doivent considérer cette opportunité pour créer un imaginaire basé sur une pratique saine et respectueuse du tourisme, où l'écotourisme est au centre des représentations. La Grande Île dispose d'atouts considérables afin d'aboutir à ce dessein. La demande touristique de l'île est aujourd'hui essentiellement basée sur un public averti ses richesses biologiques, l'écotourisme étant la première raison évoquée (voir Annexe 6). Or, à créer un référentiel d'images liées à l'écotourisme malgache, cette destination pourrait se voir fréquenter par un public plus large. De plus, le visiteur, peu désireux de passer pour un touriste, mais plutôt pour un voyageur à la recherche de l'authenticité de la rencontre, se verra séduit par l'intégration de la filière écotouristique au tissu socio-économique local (voir Annexe 12). La jeunesse du tourisme malgache est une chance pour diffuser la réalité d'une destination exotique. Ce terme d'« exotisme » renvoie à un double éloignement, l'un géographique, l'autre temporel. Cette dernière dimension fait souvent référence à la quête du voyageur pour un passé révolu, un Paradis terrestre, d'où le choix fréquent d'un tourisme à destination des pays du Sud [Lestringant, 2007]. Madagascar, avec ses merveilles naturelles et son taux d'endémisme des espèces hors normes, paraît être une candidate idéale à ce rôle. L'écotourisme peut laisser vivre un exotisme moins réducteur et plus dynamique, en laissant aux acteurs locaux la possibilité de choisir les images diffusées.

L'objectif de cette partie a été de mettre en lumière les bénéfices produits non seulement du tourisme, mais surtout d'une intégration plus forte de cette activité dans le tissu socio-économique local. L'écotourisme se caractérisant par sa valorisation des ressources naturelles, son faible impact sur l'environnement et par l'amélioration socio-économique des communautés, l'étude des retombés de cette pratique pour les acteurs engagés dans la filière paraît incontournable. L'analyse la plus poussée dans ce domaine provient de Sven Wunder (2000), qui a modélisé le fonctionnement de l'écotourisme. Son caractère autorégulateur est souligné par l'expression « cercle vertueux de l'écotourisme ». La description de ses mécanismes fait intervenir deux hypothèses cruciales dans le succès de cette pratique touristique : la première insiste sur le caractère incitatif que doivent représenter les revenus issus de cette nouvelle activité. Ces incentives sont nécessaires pour capter une partie de la population active et créer une alternative soutenable et réaliste à des modes de production plus destructeurs. La seconde hypothèse met en avant les changements socio-économiques, comportementaux et institutionnels induits par le développement d'une activité écotouristique. Cette dernière serait favorable à une transformation des modes de production et à une valorisation durable des ressources naturelles.

Confrontée à la réalité, le modèle théorique du cercle vertueux semble connaître quelques dysfonctionnements. En effet, la configuration actuelle de l'offre touristique malgache ne permet pas de créer des moyens incitatifs suffisants pour faire de l'écotourisme une activité alternative réaliste et, de ce fait, à susciter des changements socio-économiques de profondeur. Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour expliquer ce décalage entre le modèle et les faits. Tout d'abord, l'offre touristique malgache se compose essentiellement de petits structures (10 voire 15 chambres), gérées de manière familiale. Bien que représentant un fort potentiel pour le développement de l'écotourisme, ces hébergements ne génèrent guère suffisantes de revenus pour prétendre à être une activité alternative à plein temps. A l'inverse, les établissements hôteliers de plus haut gamme et capacité sont bien plus attrayants : la plus haute qualité de leurs prestations demande plus de main-d'oeuvre et les salaires redistribués sont supérieurs à la moyenne du secteur. Pourtant, cette opportunité présente l'inconvénient de limiter la participation des populations locales dans les enjeux. Ces établissements dépendant majoritairement d'investisseurs étrangers et la faiblesse du niveau de qualification des ressources humaines locales font que le tourisme paternaliste domine. L'appropriation locale des enjeux dépend éminemment de la capacité des communautés à répondre aux opportunités créées par le tourisme, et surtout l'écotourisme. L'ouverture récente de l'Institut National de Tourisme et d'Hôtellerie est une initiative marquante le souhait de professionnaliser ce secteur à fort potentiel, mais dont les retombées échappent souvent aux acteurs locaux.

La jeunesse et la faible organisation de l'écotourisme malgache en réduisent aussi ses effets vertueux. Aussi incitatives soient les revenus, le processus de changements socio-économiques s'observe sur un long terme, car les populations locales se sentent rarement prêtes à abandonner radicalement leurs pratiques traditionnelles et ancestrales pour une activité dont les bénéfices sont encore incertains à plus long terme. Cette aversion explique que les changements dans les modes d'exploitation des ressources naturelles soient pour l'instant relativement faibles. Il n'empêche que dans un contexte de fort chômage, comme dans les zones rurales malgache, l'opportunité que représente ces nouvelles activités touristiques est non négligeable, bien qu'elles ne répondent qu'imparfaitement aux critères d'empowerment des communautés. Le développement du tourisme ne peut être perçu que comme un avantage pour la région d'accueil ; si ses formes peuvent varier, les retombées joueront en faveur du développement local, à des niveaux certes plus ou moins poussés. L'absence de tourisme serait, au contraire, plus dommageable [Boyer, 2002]. Enfin, si le tourisme malgache n'en est qu'à ses débuts, la Grande Île devrait pouvoir tirer partie de cette situation en plaçant l'écotourisme au coeur de son identité touristique. Cette démarche a pour objectif de faire de Madagascar une destination symbole de ce nouveau mode touristique dans l'imaginaire des visiteurs, évitant ainsi les travers d'un exotisme mis en scène et réducteur.

Or, cette dernière recommandation implique deux éléments : les voyageurs internationaux doivent représenter une grande part du tourisme malgache (critère d'éloignement géographique de l'exotisme) et la promotion de l'Île doit réussir à toucher ce public distant.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand