L'arrivée en force des firmes multinationales
chinoises au début des années 1990 qui était
présentée comme l'équivalent de l'arrivée des
firmes nippones durant les années 1960, c'est-à-dire, un
raz-de-marée sur les marchés internationaux qui devaient faire
grimper la pression concurrentielle, n'eut pas lieu. Au contraire, en 2011 le
bilan est très éloigné des suppositions des années
1990, avec des IDE qui n'égalent pas encore ceux des autres grandes
firmes multinationales. Cependant, on ne peut nier une avancée, certes
lente, mais continue des firmes chinoises en particulier dans les pays en voie
de développement.
Il est vrai que certains noms de firmes chinoises deviennent
petit à petit célèbres, tel que, Lenovo,
Huawei, Suntech Power... Ces dernières sont
l'avant-garde des évolutions possibles que les autres firmes chinoises
vont subir. D'autres, quand à elles sont plus discrètes, mais non
moins puissantes, comme le groupe ICBC (Industrial and Commercial
Bank of China) qui détient le record du monde d'introduction en
bourse avec 21,9 milliards de dollars en 2006. Ces firmes commencent à
peine à se faire connaître, ce qui ne les empêche pas
d'être très solides et d'égaler les plus puissantes firmes
mondiales. La Chine qui est devenu en 2010 la deuxième puissance
économique mondiale, possède bel et bien des firmes à sa
hauteur qui sont capables de résister à la concurrence
mondiale.
Ainsi, même si cette montée en force des firmes
chinoises, fut plus lente et discrète que prévue, elle existe
pourtant bel et bien. Ceci caractérise bien l'état actuel de
cette expansion : limitée et récente, mais en rapide progression
depuis les années 2000 avec les réformes profondes que le
gouvernement chinois a entrepris et devrait continuer à faire dans les
années suivantes pour accompagner la maturation de l'expansion de ses
firmes. Cette montée en puissance des firmes chinoises s'inscrit dans la
montée en puissance de la République Populaire de Chine, qui
cherche de plus en plus à jouer un rôle majeur sur la scène
économique et politique mondiale.
Or, il faut quand même relativiser ce point de vue, en
effet, même si la Chine semble à l'heure actuelle une puissance
montante qui devrait dépasser les Etats-Unis, on disait la même
chose pour le Japon dans les années 1990 et ceci ne s'est au final pas
produit. Le grand test pour les firmes chinoises serait de continuer à
accumuler des profits, malgré une crise économique grave du pays
d'origine, en d'autres mots, de la Chine. En effet, il est possible
qu'actuellement se développe en Chine une bulle spéculative qui
pourrait d'ici cinq ans éclater et amener donc à une crise
globale de l'économie, même si certains facteurs jouent en la
faveur de « l'empire du milieu »86.
Néanmoins, ce qui est intéressant d'observer
au-delà de la montée en force des firmes multinationales
chinoises, c'est la montée en force des firmes venant des pays
émergents et en voie de développement (firmes indiennes,
mexicaines, brésiliennes, russes...). Les années 2000 voient
cette montée en puissance des pays émergents et en particulier
des BRIC (Brésil, Russie, Inde, et Chine), qui ensemble remettent en
cause le partage de la puissance économique des Etats. Les innovations
ne sont plus le fruit des firmes occidentales, coréennes, et japonaises,
mais aussi indiennes, chinoises et autres. Même si la Chine ne comporte
encore aucun Prix Nobel d'économie et de physique, il n'empêche
qu'elle est la première à investir dans les technologies vertes
et à innover dans ce secteur bien précis loin devant les Etats
d'Europe ou les Etats-Unis d'Amérique. Ce n'est pas seulement à
l'arrivée des firmes chinoises auxquelles les autres firmes doivent
faire face, mais bien à l'arrivée de nombreux autres concurrents
venant des nouvelles puissances émergentes, qui ensemble accentuent
réellement la pression concurrentielle sur les marchés mondiaux.
Cette arrivée massive de nouveaux concurrents qui commence à
prendre forme actuellement, risque de bouleverser profondément
l'économie mondiale. La globalisation ne sera plus celle de l'occident,
ou du Japon, ni même celle de la Chine, elle sera celle des pays
émergents dans leur ensemble qui vont bouleverser les rapports de force
actuels.
86
http://www.iris-france.org/Tribunes-2010-04-02.php3
(le 1 mars 2011).