Deuxième partie :
Les formes et les facteurs d'expansion des firmes
multinationales chinoises
Même si l'étude de l'expansion des firmes
multinationales chinoises est intéressante d'un point de vue historique
ou d'analyse des IDE, elle n'en demeure pas moins insuffisante, ou tout du
moins, peu précise. En effet, savoir la quantité d'IDE que les
entreprises chinoises ont émis durant telle année, en visant tel
ou tel secteur et marché permet de dresser une partie de l'analyse, mais
pas l'analyse toute entière. Il faut pour cela tout d'abord se
concentrer sur les formes, voir les types, d'expansion des firmes chinoises.
Les IDE de ces dernières prennent-elles la forme de
fusions&acquisitions ? D'établissements de ventes ? D'une
création d'infrastructures ? De joint ventures68 ?
Connaître la forme d'une expansion permet d'obtenir des renseignements
précieux pour compléter les hypothèses émises sur
une firme. Il est vrai qu'un faible montant d'investissements peut supposer une
firme ayant peur de prendre un risque ou qui se trouve dans un état
l'empêchant de dégager un montant plus élevé (jeune
entreprise, entreprise soumise à des difficultés
financières, réglementation de l'Etat...), regarder la forme de
l'expansion permet alors d'infirmer ou de confirmer l'hypothèse (les
joint-ventures étant souvent privilégiées par les
entreprises ayant peu d'expériences et qui pensent être incapables
par elles-mêmes de s'implanter sur un marché). Cependant,
l'étude des formes d'expansion ne nous dit rien sur les facteurs
poussant à ces dernières, c'est-à-dire les raisons de
vouloir investir.
On ne peut ainsi se permettre de faire l'économie, de
s'intéresser à la base de toute stratégie, qui est : les
facteurs de motivation. S'intéresser à l'expansion des firmes
multinationales chinoises, c'est s'intéresser aux facteurs poussant
à l'expansion sur les marchés étrangers. Ces facteurs sont
de deux natures pour les chinoises : des facteurs économiques et des
facteurs politiques. Même si l'on a pu voir précédemment
l'augmentation de firmes chinoises privées, celles-ci restent largement
moins nombreuses
68 Les joint ventures (en français les
coentreprises ou entreprises communes) sont des entreprises détenues
à part plus ou moins égales, par deux entités. Weitz.L,
Retailing Management, 2004, p.166.
que les entreprises d'Etat. De plus, la procédure
d'évaluation des IDE est aujourd'hui encore largement soumise au regard
du PCC qui peut invalider tout projet qui ne rentre pas de manière plus
ou moins directe dans ses objectifs. Les facteurs politiques jouissent d'un
poids fort sur les facteurs de l'expansion des entreprises chinoises, cependant
il ne faut pas sous-estimer l'influence des facteurs économiques. Ces
derniers sont pris en compte par toutes les entreprises chinoises autant
privées que publiques. Même si, l'Etat peut parfois pousser
à certaines prises de décisions qui vont à l'encontre des
objectifs économiques (qu'on peut simplifier par la production de
bénéfices), les règles de l'économie
libérale mondiale s'appliquent, et tout projet non rentable amène
tôt ou tard à la faillite de l'entreprise qui le soutient.
Pékin prend donc forcement en compte les facteurs économiques si
ce dernier désire influencer la prise de décision des dirigeants
d'entreprises. Une stratégie d'expansion internationale, d'un point de
vue chinois, se situe donc là : entres les intérêts
politiques et économiques. La création d'entreprises
semi-privées (cf. page.20) en est le parfait
syncrétisme, c'est-à-dire, des entreprises d'Etat
répondant à des intérêts purement
économiques, et dont le seul but final n'est pas de remplir une mission
d'intérêt public, mais de faire des profits comme n'importe
qu'elle entreprise privée.
Ainsi, pour compléter et finaliser cette analyse des
stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises, il faut se
pencher sur les formes et les facteurs de ces expansions. Comprendre ces deux
aspects permet alors de confirmer ou d'infirmer les hypothèses qui ont
pu être établies précédemment. L'analyse sera alors
complète, et pourra permettre au lecteur de pouvoir se faire une
meilleure opinion de cette expansion récente des firmes multinationales
chinoises.
Chapitre I : Les formes d'expansion :
L'étude des formes d'expansion des firmes
multinationales chinoises permet de compléter les analyses faites
précédemment. En effet, quand une entreprise décide de
s'agrandir (autant sur son marché domestique qu'à une
échelle régionale ou internationale), celle-ci
bénéficie de différents outils pour lui permettre de
réaliser son projet selon ses demandes et ses capacités. Celle-ci
peut choisir de « partir de zéro » (greenfield
investment) et de construire une infrastructure (usine, centre de
vente...) à partir de rien, de faire une fusion&acquisition
(c'est-à-dire, d'acheter la majorité des parts d'une autre
entreprise afin de la contrôler), d'opter pour une
coentreprise/entreprise commune (joint ventures), de réutiliser
un investissement fait par une autre entreprise précédente
(brownfield investment)...
L'étude de ces différentes formes, et surtout
le choix stratégique fait par les entreprises en optant pour telle ou
telle forme, permet de mieux cerner la stratégie de cette
dernière et de comprendre au final les facteurs motivant à la
base son investissement.
A) Un regard global sur les formes d'expansion :
Avant d'analyser de façon très précise,
les formes choisies par les firmes multinationales chinoises pour s'implanter
à l'étranger selon les secteurs et les marchés
visés, il faut regarder le phénomène de façon
globale. Regarder de façon globale, c'est se baser sur des moyennes et
des phénomènes communs au choix de ces formes, quelque soit le
secteur ou le marché visé. Il permet de définir les
grandes tendances que l'on rencontre partout, et qui sont liées
directement aux firmes chinoises. On peut du même coup, trouver les
difficultés majeures auxquelles elles doivent faire face partout dans le
monde. Un regard global permet de savoir si un phénomène ou une
difficulté est endémique aux entreprises chinoises, aux
marchés, et/ou aux secteurs. On peut dès lors, mieux
évaluer la source de ces derniers et éviter de l'imputer au
mauvais facteur. Après cela, l'étude des perspectives
d'évolution permet d'apporter une image positive ou négative, sur
le phénomène à observer quand à son avenir.
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