Analyse des stratégies des ménages en matière de sécurité alimentaire dans la province du Zondoma (Burkina Faso)( Télécharger le fichier original )par Paul Sylvestre RAMDE Polytechnique de Bobo Dioulasso - Ingénieur du développement Rural 2004 |
Contexte et justification de l'étude "Nous, chefs d'Etats et de gouvernements ou nos représentants réunis pour le sommet mondial de l'alimentation à l'invitation de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, réaffirmons le droit de chaque être humain d'avoir accès à une nourriture saine et nutritive conformément au droit à une nourriture adéquate et au droit fondamental de chacun d'être à l'abri de la faim" (FAO, 1996 -a). Telle est la première phrase de la déclaration du sommet de Rome sur la sécurité alimentaire tenu en Italie du 13 au 17 novembre 1996. Au regard de cet engagement, une action concertée à tous les niveaux est nécessaire. Chaque nation doit adopter une stratégie adaptée à ses ressources et à ses capacités afin d'atteindre les buts qu'elle s'est elle-même fixée et, en même temps coopérer aux échelons régional et international pour trouver des solutions collectives aux problèmes mondiaux de la sécurité alimentaire. Selon la FAO (1999), la sécurité alimentaire est souvent mise en relation avec la question de l'autosuffisance alimentaire et de la nécessité de produire plus d'aliments. En réalité, elle a aussi des liens très étroits avec des problèmes tels que le chômage, la génération de revenus et la pauvreté. L'insécurité alimentaire liée à la pauvreté prend des proportions importantes au Burkina Faso. Selon le rapport 2003 du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la population burkinabè vivant en deçà du seuil de pauvreté monétaire est de 61,2%. Ce seuil est fixé à environ un (01) dollar US par jour. La valeur de l'Indicateur du Développement Humain (IDH) pour le Burkina Faso est de 0,330, ce qui le place au 173e rang sur les 175 pays et territoires classés. Selon l'INSD (2003), le seuil de pauvreté absolue au Burkina estimé sur la base des besoins calorifiques journaliers et de la structure des dépenses des ménages est de 82 672 FCFA par personne et par an. Au regard de ces besoins, 46,4% de la population burkinabè vit en dessous du seuil de pauvreté. Cela représente environ 37,5% des ménages qui n'arrivent pas à subvenir à leurs besoins alimentaires de base. Cependant, une forte proportion de la population exerce dans le secteur primaire. Selon le Ministère de l'Agriculture (2002), environ 80% de cette population exerce dans le secteur agricole. L'agriculture et l'élevage sont les principales sources de croissance de l'économie nationale et contribuent à peu près à 35% du Produit Intérieur Brut (PIB) et 60% à des exportations. Un environnement hostile, l'enclavement du pays et la faible productivité de l'agriculture couplés avec la dégradation des sols et des ressources en eau sont les entraves majeures à la croissance économique et les causes de la grande pauvreté et de l'insécurité alimentaire des populations rurales surtout dans la partie Nord du pays. La province du Zondoma, située dans le Nord compte environ 143 588 habitants (SSA, 2002). A l'instar du reste du pays, les sécheresses et la dégradation des sols sont les principales causes de la faiblesse des productions agricoles. On note également une régression de la pluviométrie ces dernières années. A cela, s'ajoute l'incapacité d'utiliser efficacement l'eau de pluie, l'incapacité des producteurs à investir dans les équipements adéquats ou à se procurer des intrants de production importés qui sont généralement coûteux. Au Burkina Faso, la pauvreté est un phénomène rural essentiellement avec plus de la moitié de la population rurale (52,3%) qui vit en dessous du seuil de pauvreté contre 19,9% en milieu urbain. Dans la région du Nord (provinces du Yatenga, du Loroum, du Zondoma, et du Passoré), le pourcentage de pauvres (68,6%) est nettement au-dessus du niveau national (46,4%), ce qui confère à la région une profondeur de pauvreté (écart moyen qui sépare les personnes pauvres du seuil de pauvreté) très élevée, c'est- à- dire 27,7% (INSD, 2003). L'accessibilité des produits alimentaires fait appel à des notions telles que la capacité, le pouvoir d'achat, le marché et le système de commercialisation et de distribution où très souvent le pauvre est exclu. Tous ces paramètres influencent négativement le niveau de sécurité alimentaire dans la province du Zondoma. Une évaluation du niveau de sécurité alimentaire durant l'année entière montre que seulement 10% des unités de production sont dans les normes. Les unités de production en sécurité alimentaire temporaire représentent 36% et celles en insécurité alimentaire 54% (PSAZ, 2000). Selon le SSA (2002) et le SSA (2003), la couverture des besoins alimentaires pour les campagnes agricoles 2001-2002, 2002-2003, sont respectivement de 61% et 62% dans la province du Zondoma contre une couverture nationale respective de 117% et 115%. Nous pouvons donc dire que l'insécurité alimentaire constitue une problématique majeure pour la province. Malgré cette insécurité alimentaire généralisée, la province du Zondoma fait partie des provinces surpeuplées du Burkina avec une densité de 72,6 habitants au km2 contre une moyenne nationale de 46,72 (INSD, 1998). En dépit de l'insécurité alimentaire chronique, il existe des mécanismes de survie expliquant la non-désertion de la province par la population. Selon Savadogo et Larivière (1993), la compréhension des stratégies de survie des ménages est utile pour plusieurs raisons. D'abord, elle permettra un renforcement éventuel de telles stratégies par des politiques économiques appropriées et ciblées sur le milieu rural. Ensuite, sur la base de ces stratégies de survie, peuvent se greffer d'autres stratégies en vue de la croissance, garante d'une vie viable en milieu rural. Une nécessité s'impose de développer toutes les initiatives pouvant conduire à la stabilisation des populations et à des gains importants de productivité dans le secteur agricole. Ces initiatives, pour être efficaces, devraient s'appuyer sur une vision claire des contraintes et des potentialités auxquelles fait face le secteur agricole de la province du Zondoma. A cet effet, une analyse des contraintes doit être menée pour identifier les obstacles auxquels les producteurs font face et les moyens appropriés pour les surmonter. Cependant, nous constatons que de telles informations sont fragmentaires voire inexistantes dans la province du Zondoma. La recherche de l'information est d'autant plus nécessaire que les ressources dont on dispose sont rares d'où la nécessité de leur gestion rationnelle. Il devient alors impérieux de disposer d'une base de données socioéconomiques de bonne qualité. C'est dans cette optique que s'inscrit la présente étude, qui se veut être une contribution à la mise en place de données socioéconomiques nécessaires à une prise de décision. Objectifs de l'étude L'objectif global de cette étude est d'analyser les stratégies des ménages face à l'insécurité alimentaire dans la province du Zondoma. Pour atteindre cet objectif global les objectifs spécifiques ci-après ont été fixés : - décrire les caractéristiques des ménages de la zone d'étude ; - analyser les stratégies préventives et/ou correctives des ménages en matière de sécurité alimentaire au cours des cinq dernières années; - analyser les stratégies d'adaptation des ménages face à l'insécurité alimentaire au cours des cinq dernières années ; Hypothèses de travail Pour mener à bien cette étude, des hypothèses de travail sont formulées à partir de la littérature et des caractéristiques propres à la zone retenue : - Les caractéristiques des ménages sont : une forte proportion des chefs de ménage sont des agriculteurs, une faiblesse des productions vivrières par parcelle consécutive à un déficit céréalier permanent; - l'adoption des techniques de conservation des eaux et des sols, l'utilisation de semences améliorées, l'élevage de la volaille, des ovins et caprins pourraient constituer les stratégies préventives et/ou correctives des ménages en matière de sécurité alimentaire. - il existe une multitude de stratégies d'adaptation des ménages en matière de sécurité alimentaire à l'instar de certaines régions. Méthodologie Une démarche appropriée s'impose en vue d'une collecte d'informations fiables. Sinaré et al (2001) proposent la démarche suivante : la définition des unités statistiques et leur nombre, d'une part, et la description de la procédure à mettre en oeuvre pour les atteindre, d'autre part. Définition des unités statistiques Pour cette étude le ménage est l'unité d'observation. Il est défini comme l'ensemble des personnes parents ou non qui vivent dans la même concession, qui prennent en général leur repas à partir d'un stock commun et répondent à l'autorité d'un seul chef de ménage (Savadogo et Larivière, 1993). C'est cette définition que nous exploiterons tout au long de ce travail. Nous optons pour celle-ci car la prise en commun régulière des repas à partir d'un stock est un critère important dans le système de redistribution de la production agricole. C'est ainsi, que ce concept peut déborder celui des relations parentales et matrimoniales. Cette étude ne pouvant pas couvrir tous les éléments de la population, il est alors approprié de faire un échantillonnage. A cet effet, une taille de l'échantillon doit être définie. Détermination de la taille de l'échantillon Un nombre de 150 ménages a été retenu en tenant compte de la modestie de nos moyens, et du temps consacré à l'enquête. Ce choix prend également en compte l'effectif total des ménages (821) de la base de sondage utilisée pour la collecte des données. Procédure de mise en oeuvre de la collecte des données La province du Zondoma compte 104 villages. Notre structure d'accueil intervient dans 40 villages (environ le tiers). Tenant comptes des suggestions de la structure d'accueil nous avions choisis six villages qui ont été identifiés en fonction du poids de chaque strate. Choix des villages Le choix des villages a constitué l'échantillonnage au premier degré et celui des ménages l'échantillonnage au second degré. Le sondage au premier degré a consisté à repartir l'ensemble des villages en deux strates. La première que nous appelons arbitrairement strate A est constituée par l'ensemble des villages où intervient le Projet de Sécurité Alimentaire du Zondoma (PSAZ) et la seconde strate ou strate B est formée par les villages non couverts par le PSAZ. Nous avons effectué un tirage aléatoire dans un chapeau de deux villages dans la strate A et de quatre villages dans la strate B. L'échantillon de l'enquête est issu de ces sousstrates. Tirage de l'échantillon Les bases de sondage utilisées sont celles recueillies lors du recensement de 1998. Pour les besoins de l'étude, une répartition de l'échantillon est faite en fonction de l'importance de chaque strate, c'est-à- dire 50 ménages où intervient le PSAZ et 100 ménages où le PSAZ n'intervient pas. A l'aide des différentes bases de sondage, du classement et de la somme des totaux cumulés croissants effectués dans chaque strate un tirage avec probabilité proportionnelle de 150 ménages est effectuée en utilisant la méthode du tirage systématique. Selon Baillargeon et al (1990), la méthode du tirage systématique consiste à prélever les individus régulièrement espacés suivant un pas choisi. Le premier individu est choisi de façon aléatoire. L'échantillon est ensuite constitué en ajoutant successivement au premier numéro tiré le pas choisi. Le tirage aléatoire dans un chapeau a donné les villages suivants : - strate A: Douré et Pallé - strate B: Kéra Douré, Sompèla, Koundouba et Ronsin. Cette base de sondage est constituée de 821 ménages. L'échantillon en est formé de 150 soit 18,27% de la base de sondage. Le support principal que nous avons utilisé pour la collecte des données est le questionnaire. Nous avons testé le questionnaire auprès de 15 ménages à Zindiguessé. Gestion et analytiquedes données Nous avons utilisé deux logiciels que sont : Excel nous a servi pour la saisie des données, à décrire les caractéristiques des ménages et à effectuer les tests de Khi Deux. Le logiciel « statistical package for social sciences » (SPSS) a été utilisé pour la détermination des taux d'adoption des différentes stratégies des ménages en matière de sécurité alimentaire. Pour mener à bien l'analyse des données, il faut choisir les outils statistiques qui sont les plus appropriés : indicateurs, tableaux, graphiques, modèles d'analyse, etc., et voir comment on peut les enchaîner pour mettre en valeur les résultats fondamentaux de l'étude (Blaizeau et Dubois, 1990). Pour mettre en exergue la composition des ménages, la problématique de l'insécurité alimentaire dans le Zondoma, l'étude commence par la description des caractéristiques socio-économiques des ménages. Description des caractéristiques des ménages Pour chacune des strates concernées par cette étude nous avons déterminé d'abord les caractéristiques des chefs de ménages. Ensuite, le profit / Hectare (Ha), le revenu agricole / Ha, le produit brut / Ha, et le taux de couverture de la production des cultures hivernales ont été mis à profit pour l'analyse économique et par la suite une déduction du défit des vivres. Analyse descriptive Pour l'analyse descriptive des stratégies nous adoptons les représentations graphiques pour les raisons suivantes : - elles permettent de visualiser le résumé statistique que donne la distribution de fréquences absolues ; - elles donnent une vue d'ensemble de la série statistique ; - elles facilitent également la comparaison de séries statistiques différentes. Des tests de Khi-Deux sont menés dans le but de vérifier si les différences de pourcentages observées dans l'adoption de telles ou telles stratégies sont statistiquement significatives. C'est-à-dire que cet ensemble de tests permet d'apprécier la confiance accordée aux différences des taux d'adoption des stratégies des ménages en matière de sécurité alimentaire entre les deux strates. Il existe deux approches généralement utilisées. Le calcul de la valeur de x2 que l'on compare avec celle de la table ou le calcul de la probabilité critique. L'alternative que utilisée ici est la conclusion du test par la comparaison de la probabilité critique (p) au seuil de signification a. Soient f31 et f32 les pourcentages d'adoption des stratégies dont on veut tester l'égalité. Soient H0, l'hypothèse nulle selon laquelle f31 = f32 et H1, l'hypothèse alternative selon laquelle f31 ~ f32. Nous rejetons H0 au seuil de a si p < a /2. Si H0 est rejetée cela montre que la différence des taux d'adoption observée est statistiquement significative au seuil de a. Avant cette analyse, il est évident qu'une collecte de données s'impose. La collecte des données qui ont servi à l'analyse s'est effectuée avec des difficultés dont il serait intéressant de mentionner quelques contours. Difficultés rencontrées L'un des avantages du tirage systématique utilisé dans la base de sondage est l'identification des chefs de ménage dans les différents quartiers de chaque village. Aussi, le nombre de ménages à enquêter dans les quartiers est fonction de la taille des quartiers. Cependant, des difficultés quant à la rencontre avec les chefs de ménage se sont posées. Nous avons dû sillonner des quartiers à plusieurs reprises pour rencontrer telle ou telle personne de l'échantillon et même rejoindre certains chefs de ménage au marché. Une autre difficulté majeure a été la collecte des données sur la répartition de la main-d'oeuvre familiale par parcelle cela ne s'est pas révélé opérationnel au cours du pré-test d'où la suppression de cette partie du questionnaire. Malgré ces difficultés observées, la collecte et l'analyse des données se sont effectuées suivant le plan de travail pré établi. Plan d'ensemble L'étude s'articule autour de cinq chapitres qui se regroupent en deux parties. La première partie traite du cadre géographique et institutionnel qui constitue le premier chapitre. Le second chapitre aborde le cadre théorique de l'étude. La deuxième partie comprend trois chapitres, le premier s'intéresse à la présentation des caractéristiques des ménages. Le second à l'analyse des stratégies préventives et/ou correctives et, enfin le troisième à l'analyse des stratégies d'adaptation.
CHAPITRE 1 : LA PROVINCE DU ZONDOMA FACE A LA PROBLEMATIQUE DE L'INSECURITE ALIMENTAIRE La province du Zondoma est située dans la partie Nord du Burkina Faso et couvre une superficie de 1991 km2 (DREDN, 2001). Elle est limitée au Nord-Est par la province du Yatenga, au Sud par celle du Passoré et à l'Ouest par le Sourou (voir carte). Dans le cadre de cette étude nous présentons la province du Zondoma en suivant les composantes du concept de sécurité alimentaire. 1.1 Les facteurs affectants la disponibiité 1.1.1. Contexte général de la production1.1.1.1. ClimatLe climat de la zone est caractérisé par une alternance de deux saisons (une pluvieuse et une sèche). La province connaît une baisse continuelle de la pluviométrie, réduisant la saison des pluies à une courte période de trois mois (juillet, août et septembre) (PSAZ, 2000-c). Selon le PSAZ (2003-b), la pluviométrie a été le facteur ayant le plus affecté la production agricole de l'année 2002-2003. Ainsi 97% des unités de production ont déclaré avoir été victimes de la sécheresse. Le relevé pluviométrique des cinq dernières années de la station de Gourcy donne le tableau suivant : Tableau 01 : Relevé pluviométrique de la station de Gourcy.
Source : DPAHRH / Z, (2004) Insérer une carte ici 1.1.1.2. Vulnérabilité de la populationNous abordons la vulnérabilité sur le plan financier dans cette rubrique. Les revenus générés par les différentes activités sont principalement affectés à l'achat d'aliments et à la résolution de problèmes sociaux (funérailles, baptême, mariage, etc.). Les autres affectations sont négligeables. Quant à celle de l'épargne, elle est presque inexistante. Selon le PSAZ (2003-b), le revenu net moyen par unité de production pour l'ensemble des activités est de 73 589 FCFA. L'analyse par type d'activité a révélé que la part des activités non agricoles dans le montant du revenu net moyen est de loin la plus importante, soit 40%, suivi des activités diverses avec 20% et des transferts avec 18%. 1.1.2. Productions végétales1.1.2.1. Systèmes de productionL'agriculture reste de subsistance avec une place importante accordée aux cultures vivrières (sorgho, mil, niébé) qui sont également des matières premières pour les activités de transformation (préparation de dolo, de galettes, de beignets). Des cultures de rentes, telles que l'arachide et le sésame, sont directement monnayées. Quelques points d'eau réalisés grâce à l'appui de partenaires extérieurs permettent à certains membres de groupements encadrés de s'adonner à la culture maraîchère. 1.1.2.2. Fertilité et disponibilité des terres agricolesLa province subit les effets néfastes de la désertification. Par endroits, la cuirasse affleure dans la province du Zondoma. Des actions anthropiques (déforestation, pratiques agricoles) exposent les sols à une forte dégradation. Des initiatives comme l'adoption des techniques de conservation des eaux et des sols, de semences améliorées etc. sont appliquées dans l'optique d'une conservation des ressources naturelles et surtout de l'augmentation de la disponibilité des terres agricoles. L'augmentation de la proportion des unités de production affectées par Striga hermontheica de 23% en 2000 à 58% en 2003 (PSAZ, 2003-b), est un indicateur qui confirme cette dégradation. 1.1.2.3. Equipement et intrants agricolesL'équipement agricole des unités de production est un facteur déterminant pour la modernisation de l'agriculture car il favorise l'application des thèmes techniques. Les ânes sont les animaux les plus utilisés en traction animale dans cette zone avec un niveau de 86% (PSAZ, 2003-b). La location ou l'emprunt est le mode d'accès le plus courant aux équipements agricoles. Le tracteur est un équipement de luxe pour la plupart des exploitants car financièrement inaccessible. 1.1.3. Productions animales1.1.3.1. Systèmes de productionTous les systèmes d'élevage sont pratiqués au Zondoma. Le plus dominant est l'élevage extensif. L'encadrement des producteurs par les agents techniques d'élevage favorise l'émergence de deux autres types d'élevage : l'intensif et le semi-intensif. L'importance de la pratique de chaque type d'élevage au Zondoma se présente comme suit : - élevage extensif : 65 à 70% ; - élevage semi-intensif : 20 à 25% ; - élevage intensif : 5% (DREPND, 2001). 1.1.3.2 AlimentationL'élevage occupe la deuxième place avec 23% des revenus nets totaux, après les activités non agricoles (PSAZ, 2003-b). Cependant le manque d'eau et de pâturage pour le bétail sont des freins au développement de l'élevage dans la province. Selon le PSAZ (2003-a), la demande en hydraulique pastorale concerne les zones de forte concentration de bétail, les campements Peulh. 1.1.3.3. Facteurs génétiquesIl est communément admis que l'amélioration de la race locale est indispensable pour des gains élévés de production laitière et de viande. Il convient cependant de souligner que les conditions alimentaires, sanitaires et autres, nécessaires à la bonne réussite d'une telle opération, ne sont pas toujours bien maîtrisées et/ou bien appliquées par les producteurs (PSAZ, 2003-b). 1.1.3.4. Situation sanitaireLe cheptel est confronté à un certain nombre de maladies dont les plus courantes sont : la péri-pneumonie contagieuse bovine, le charbon symptomatique, la pasteurellose bovine, la pasteurellose petit ruminant, la rage et la maladie de Newcastle (PSAZ, 2003-b). 1.1.4. Production forestièreLe couvert végétal jadis abondant, s'est amenuisé au fil des années à telle enseigne que de nos jours on ne compte plus que quelques reliques forestières disséminées çà et là sur le terroir provincial. La végétation est de type savane arborée dans l'ensemble. Dans le paysage, on note la présence de nombreux glacis (terrains dénudés qui subi les effets conjugués de l'érosion hydrique et éolienne ) signes de la dégradation avancée de l'environnement (DREDN, 2001). Au regard de cette dégradation de l'environnement, la Direction Provinciale de l'Environnement et du Cadre de Vie du Zondoma (DPECV/Z) mène des activités dans l'optique d'améliorer cette donne. Au cours de l'année 2003, cette direction a initié une sensibilisation au près 1 264 producteurs autours de divers thèmes. Au niveau du reboisement, 31 477 plants ont été produits toutes espèces confondues et 19 280 plants ont été mis en terre. (DPECVZ, 2004). 1.1.5. Aide alimentaireEn 2002 et 2003, la province a bénéficié d'un appui de 323,2 tonnes de céréales. Une partie de l'appui du gouvernement est vendue à un prix social et l'autre partie distribuée gratuitement. Avec le Programme Alimentaire Mondial, les céréales sont entièrement distribuées (appui à l'opération 200 000 fosses fumières) (Karent et al ; 2003). Le niveau de pauvreté élevé pendant la période de soudure (août, septembre) fait qu'une partie importante des ménages n'est pas à mesure de se procurer les céréales même si celles-ci sont vendues à un prix social. Ces ménages ont recours à une alimentation basée sur les feuilles de plantes sauvages et/ ou cultivées. Une autre forme d'aide alimentaire constatée dans la province est l'approvisionnement des cantines scolaires par le Catholic Relief Services (CRS). 1.2 Facteurs affectants l'accessibilité aux aliments1.2.1. Facteurs physiques1.2.1.1. StockageLes Banques de céréales constituent l'essentiel des infrastructures alimentaires dans la province du Zondoma. Sur 56 Banques de céréales que comptait la province en 2000, 23 seulement sont toujours fonctionnelles comme l'indique le tableau ci dessous. Tableau 02 : Situation des banques de céréales du Zondoma en 2000
Source : PSAZ, 2003 1.2.1.2. Réseau de communicationLa défectuosité des voies de communication, constitue un sérieux frein au développement des échanges surtout à l'intérieur de la province. L'insuffisance de ces infrastructures est une entrave à l'insertion des populations notamment les agriculteurs et les éleveurs dans l'économie de marché et au relèvement de leur niveau de vie. Le gouvernement burkinabè ayant pris conscience de l'importance des infrastructures routières en milieu rural a adopté une stratégie nationale du transport rural en 2003. Au niveau Zondoma, un répertoire général des pistes rurales a été élaboré par le Ministère de l'Infrastructure des Transports et de l'Habitat (PSAZ, 2003-a). La réparation et l'entretien de ces pistes rurales devraient permettre aux exploitants agricoles d'évacuer leurs productions en direction des marchés de consommation (PSAZ, 2003-a). 1.2.2. Fluctuation des prix des animaux et des récoltesAu moment des récoltes, les prix des céréales sont à leur plus bas niveau. Le sac de 100 kg de céréales varie de 6000 à 8000 francs CFA de novembre en avril. A partir de mai, le prix du sac passe à 9000 francs pour atteindre parfois 15 000 francs CFA (année difficile) les mois d'août, septembre et octobre qui sont les périodes pendant lesquelles les greniers sont vides. L'évolution des prix des animaux suit le cours inverse de celles des céréales. En effet, au moment où les prix des céréales sont le plus élevés (période de crise alimentaire dans les ménages), les prix des animaux sont à leur bas niveau. Pour acheter un sac de céréales, il faut vendre 2 à 4 petits ruminants. 1.2.3. Fonctionnement des marchés, des produits alimentairesAu vu de sa position géographique entre le Yatenga et le Passoré, le Zondoma dispose d'importants atouts pour le commerce de bétail et des collecteurs de cuirs et peaux assurent un écoulement de la production animale vers les marchés locaux, d'autres provinces du Burkina et aussi vers la République de Côte d'Ivoire. Pour les productions végétales, le faible dégré d'organisation des producteurs est à l'origine d'une vente des produits agricoles à un prix modique. Ce problème se pose avec acuité dans le circuit de commercialisation des produits de maraîchage. De plus, l'inexpérience dans le travail, le manque de rencontre avec d'autres producteurs dans la région ou ailleurs, le problème d'écoulement portent un énorme préjudice à cette activité. 1.2.4. Facteurs socioculturelsIl existe des croyances traditionnelles en rapport avec la consommation alimentaire dans la province du Zondoma. Certains aliments sont accusés de provoquer des malaises (vomissements ) chez la femme enceinte et de déposer des saletés dans le ventre du foetus. Ils sont, par conséquent, déconseillés. Il s'agit surtout de l'arachide et de la farine de mil délayée dans du jus de tamarins (le zom-kom) qui sont régulièrement consommés par les communautés. La crainte des douleurs à l'accouchement est très souvent à la base de certaines croyances. Ainsi, manger des courges ou manger plus que d'habitude pendant la grossesse donne un gros bébé rendant l'accouchement difficile ou prolongeant le temps de travail. En cas de diarrhée chez l'enfant, il est déconseillé de lui donner des arachides, du haricot, de la farine crue et du sucre. Tous ces aliments aggraveraient l'état de santé du malade. La croyance sur le sucre pourrait être défavorable à la thérapie de réhydratation par voie orale utilisant la solution salée et sucrée préparée par la mère (PSAZ, 2000-a). 1.3 Facteurs affectants la stabilité1.3.1. Instabilité de la production domestiqueLa production agricole est fortement tributaire du régime pluviométrique. A cet effet l'insuffisance ou l'irrégularité de la pluviométrie affecte énormément la production domestique. Il en est de même pour les poches de sécheresse relativement longue à des stades du développement des spéculations. Les infrastructures de stockage et de commercialisation, l'insécurité alimentaire constituent d'autres problématiques majeures dans la province. Le taux de couverture de la production céréalière est régulièrement déficitaire au niveau des ménages. Les infrastructures de stockage devraient alors jouer un rôle régulateur de la production et des importations céréalières. Malheureusement, d'après le tableau 2, nous constatons que 58,93% des Banques de céréales recensées en 2000 ne sont pas fonctionnelles. Selon le (PSAZ, 2003-b), il existe 14 importants marchés locaux dans les départements qui servent de point de ventes et d'échanges commerciaux entre les populations de la province et celles des provinces voisines. A cet effet, un bon circuit de commercialisation devrait permettre aux ménages du Zondoma de bénéficier des productions excédentaires d'autres provinces à des prix abordables. 1.3.2. Fluctuation de prixLes prix des céréales varient en sens inverse de la disponibilité de celles-ci dans les greniers d'où le lien entre l'insécurité alimentaire et la pauvreté. Dans de telles conditions, la pauvreté qui s'exprime en terme de manque de revenus limite l'acquisition de vivres même si ceux-ci sont disponibles sur les marchés locaux. En effet, Selon l'INSD (2003), la région du Nord est très affectée par la pauvreté avec 68,6% de sa population contre une moyenne nationale de 46,4%. Cela témoigne la vulnérabilité de cette population face aux fluctuations des prix. 1.3.3. Fluctuation cyclique de l'offreDans une situation d'insécurité alimentaire la gestion de la période de soudure s'impose au producteur dans l'optique de stabiliser l'approvisionnement alimentaire surtout en hivernage, temps coïncidant très souvent avec l'épuisement des réserves. Des périodes de soudures de un à deux mois sont observées dans les unités de production en sécurité alimentaire temporaire. Celles qui sont en déficit alimentaire chronique connaissent toujours des périodes de soudure plus ou moins longues pouvant aller jusqu'à quatre mois (PSAZ, 2000-b). 1.4 Facteurs affectant la qualité de l'eau et des aliments1.4.1. Usage de l'eauLa province du Zondoma dispose de 605 points d'eau selon l'inventaire réalisé par la D R A R H en mars 2003. Ces points d'eau se repartissent comme suit : - 291 forages exploités ; - 142 puits permanents ; - 165 puits temporaires ; - 6 forages et un puit permanent abandonné. Ce recensement montre en outre que cinq (05) villages n'ont ni forage, ni puits busé. L'état de fonctionnement des pompes n'est pas très satisfaisant : les pannes des pompes vont de 25% à 33% selon les départements. Les pompes ABI et DIAFA sont les plus défectueuses avec 67% et 63% des parcs respectifs (DRAHRHN, 2003). 1.4.2. Pratiques alimentaires et nutritionnelles des ménagesMalgré la pratique courante de l'élevage de petits ruminants, de volaille et de bovins dans certaines Unités de Production, les produits d'origine animale n'entrent pas dans les habitudes alimentaires des ménages. Les communautés méconnaissent la spécificité des besoins des enfants et des femmes en période d'allaitement ou de grossesse qui fait d'eux un groupe vulnérable sur le plan nutritionnel. Aussi, elles ne les reconnaissent pas toujours comme groupe prioritaire. La classification par ordre de priorité des personnes à nourrir en cas de crise alimentaire (PSAZ, 2000-b) démontre qu'ils ne sont pas considérés comme groupes prioritaires. 1.4.3. Pratiques de l'allaitement maternelLe colostrum, liquide jaunâtre et opaque sécrété par la glande mammaire durant les premiers jours qui suivent l'accouchement, n'est pas toujours donné au nouveau né. Il est considéré comme du lait sale eu égard à son aspect jaunâtre et épais. Selon les croyances, le colostrum provoquerait des maux de ventre au bébé. Les pratiques d'allaitement maternel ne sont pas optimales. On constate que la mise au sein se fait au moins 24 heures après l'accouchement et que le nourrisson ne bénéficie pas toujours du colostrum. Bien que le sevrage débute à la bonne période, les bouillies offertes ont une valeur énergétique très nettement inférieure à celle du lait maternel car il ne s'agit pas de bouillies enrichies mais de bouillies commune (PSAZ, 2003-b). 1.5 Efforts an matière sécurité alimentaire1.5.1. Stratégies endogènesLa province subit les effets néfastes de la désertification. Les producteurs ayant pris conscience depuis plus d'une décennie de la dégradation des ressources naturelles oeuvrent à sa restauration. Selon PSAZ (2000-c), les techniques de lutte pratiquées dans la province sont le zaï à sec (faire le zaï pendant la saison sèche en prévision de l'hivernage), le paillage, les cordons pierreux et la fumure organique comme mode d'intensification agricole. En général, les producteurs se rencontrent pour décider des actions de développement à entreprendre dans leur village. Ces rencontres se tiennent en la présence de la majorité des habitants dans 61,5% des villages. D'autres part, dans 73% des villages, femmes, et jeunes participent avec les hommes aux rencontres de prises de décision (PSAZ, 2003-b). 1.5.2. Interventions étatiques et des partenaires au développementLes efforts de vulgarisation entrepris par les acteurs de développement dans le cadre de l'amélioration des systèmes de culture sont traduits par l'adoption des techniques culturales améliorées pour accroître la productivité agricole tant pluviale que de contre saison. Dans cette partie, l'accent sera mis sur la présentation de notre structure d'accueil. A ce niveau aussi nous ne retiendrons que les informations susceptibles d'améliorer la compréhension de la suite du document. Le Projet de Sécurité Alimentaire du Zondoma (PSAZ) est un projet d'une durée de cinq ans dont l'exécution est prévue de l'année fiscale 1999 (Octobre 1999) à la fin de l'année fiscale 2004 (Septembre 2004). Le projet fait partie de l'Initiative de Sécurité Alimentaire d'Africare pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre couvrant en plus du Burkina Faso, la Guinée, le Mali, le Niger et le Tchad. Le but ultime du projet est d'améliorer durablement la sécurité alimentaire tant au niveau communautaire que des ménages du Zondoma. Le PSAZ a été conçu avec trois objectifs stratégiques : - renforcer la capacité des communautés à identifier, analyser et résoudre leur problème de sécurité alimentaire ; - améliorer la productivité agricole ; et - améliorer la nutrition des ménages. Chaque objectif stratégique comporte différents axes d'intervention. Renforcer la capacité des communautés s'entend : - développement d'un programme de recherche et de planification participative ; - mise en place et formation des structures communautaires de développement ; - conduite d'un programme d'alphabétisation fonctionnelle ; - mise en place d'un fonds de sécurité alimentaire pour soutenir les initiatives locales. Améliorer la productivité agricole renferme - un appui aux champs collectifs et parcelles de démonstration individuelle ; - un appui au développement du maraîchage ; - une amélioration de la gestion des productions animales ; - un soutien aux activités post-récoltes. Améliorer la santé et la nutrition des ménages intègre - le développement d'un programme de nutrition à base communautaire ; - le développement et la mise en oeuvre d'un programme d'éducation pour la santé et la nutrition ; - la promotion de la production et de la consommation de légumes riches en éléments nutritifs et la consommation de protéines animales ; - l'accroissement de la disponibilité en eau potable. Nous présentons les efforts du PSAZ à travers quelques indicateurs de suivi et évaluation issus de l'enquête finale. Tableau 03: Catégories d'insécurité alimentaire des unités de production
Source : PSAZ, 2003 La sécurité alimentaire des ménages implique entre autre une disponibilité des aliments. Cette disponibilité a été mesurée en estimant le nombre de mois de provision adéquate de nourriture dans les ménages. Les résultats du tableau 03 mettent en exergue l'impact de l'amélioration du nombre de mois de provision adéquate de nourriture sur le niveau de sécurité alimentaire des Unités de Production (ensemble de personnes qui exploitent le même champ et qui partagent les produits de ce champ). On note que la proportion des UP en sécurité alimentaire a été améliorée, elle passe de 8,5% en 2000 à 24,9% en 2003. De même, une réduction du taux des UP en insécurité alimentaire est constatée (61,7% à 36,5%). CHAPITRE II : LE CADRE THEORIQUE DE L'ETUDECe chapitre a pour objectif de nous faire comprendre encore mieux les contours du concept de sécurité alimentaire, son évolution et d'éviter toute confusion liée à son usage. Pour étayer nos recherches nous jugeons nécessaire de commencer ce chapitre par quelques définitions des concepts clés empruntées de la littérature 2.1. Définition de quelques concepts clés2.1.1. StratégieLe mot « stratégie » qui appartient étymologiquement au vocabulaire militaire, a été peu à peu annexé et mis à la mode dans le domaine des sciences sociales avec le sens de « suite d'opérations » menées par un individu ou un groupe pour parvenir à un objectif choisi (Franqueville, 1987). Une stratégie peut être envisagée comme un ensemble cohérent d'hypothèses définissant, par rapport à des objectifs déterminés, des méthodes, des moyens, des délais et des conditions permettant d'atteindre ces objectifs. Une stratégie peut être ainsi conçue comme l'optimisation des moyens dont dispose un pouvoir pour atteindre ses fins. Aussi, le terme stratégie peut-être entendu à la fois comme un ensemble d'outils et de moyens utilisés pour effectuer des choix mais également comme l'expression des choix eux-mêmes (Azoulay et Dillon, 1993) Pour les besoins de cette étude la stratégie sera perçue au double plan de la combinaison des moyens de production dont dispose les producteurs pour faire face à l'insécurité alimentaire et de l'expression des choix mis en place par la population pour y faire face. Selon Franqueville (1987), la définition du concept stratégie suppose implicitement au moins trois choses : - avant que survienne la nécessité de mettre en oeuvre une stratégie, l'existence d'un état initial, d'un système plus ou moins en équilibre, lui-même fruit de stratégies ; - l'existence d'une perturbation, d'une crise dont on peut chercher les causes et qui appelle une réaction, une action, une nouvelle organisation ; - la mise en place, la mise au point d'une réponse qui peut être individuelle ou collective ou d'abord individuelle puis collective. 2.1.2. Stratégie alimentaireLa stratégie alimentaire est une stratégie dont la finalité est de satisfaire les besoins alimentaires d'une population donnée tout en optimisant les ressources des systèmes agroalimentaires en place (Ghersi, 1989). Selon Franqueville (1987), elle est l'ensemble des actions dont la finalité est l'alimentation ou le pouvoir par l'alimentation, qu'elles soient le fait de gouvernement ou d'individus. 2.1.3. Sécurité alimentaireLa définition donnée au sommet mondial de l'alimentation est la suivante : « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active » (FAO, 1996-a). Selon la Banque Mondiale, la sécurité alimentaire est « l'accès pour chaque individu à tout instant à des ressources alimentaires permettant de mener une vie saine et active » (CE et CTA, 1998) Une définition plus récente est donnée par l'Association pour la Santé Publique de l'Ontario1 : « les gens vivent dans une situation de sécurité alimentaire lorsqu'ils sont en mesure de se procurer une quantité suffisante d'aliments sûrs pour la santé, qu'ils aiment et qui contribuent à assurer leur bonne santé. La manière dont ils se procurent ces aliments doit leur permettre de préserver leur fierté, et celle de leur famille ». (DRHC, 2002). 1 Citée par DRHC Dans le cadre de ce travail, nous retenons la dernière définition. En plus du caractère disponibilité, accessibilité, et la bonne utilisation des ressources alimentaires , elle met en exergue le fait que la manière de se procurer les aliments doit permettre aux individus de préserver leur fierté, et celle de leur famille. La province du Zondoma connaissant un déficit alimentaire chronique cet aspect est alors important. 2.2 Historique du concept de sécurité alimentaireL'idée de la sécurité alimentaire fut exposée pour la première fois lors de la conférence mondiale sur l'alimentation en 1974. Depuis cette conférence mondiale sur l'alimentation, le concept a évolué. A l'époque, on parlait surtout de sécurité alimentaire nationale. Celle-ci s'apparentait davantage à l'autosuffisance alimentaire sur le plan national - que les pays produisent suffisamment d'aliments pour couvrir les besoins alimentaires - (Africare, 1999). Selon CE et CTA (1998), l'une des principales leçons que nous ont enseignée les vingt dernières années est que le problème fondamental de l'insécurité alimentaire n'est pas une question de déficit, ou de pénurie temporaire des approvisionnements au niveau national et international qui serait dû à des incidents naturels, mais un problème chronique d'accès à la nourriture des ménages et groupes vulnérables à un pouvoir d'achat trop faible. En tenant compte de ce nouveau contexte dans lequel se situe la sécurité alimentaire mondiale, le Comité de sécurité alimentaire mondiale, à sa huitième session en 1983, a réexaminé la notion même de sécurité alimentaire et l'a définie en ces termes : « l'objectif ultime de la sécurité mondiale devrait être d'assurer à tous en tout temps l'accès matériel et financier aux aliments de base dont ils ont besoin » (FAO , 1996-b). De plus, la famine africaine de 1984 - 1985 a provoqué un autre changement important de perspective, la prise en compte de la stabilité des moyens d'existence des individus. Cette évolution a amené la Banque Mondiale en 1986 à définir la sécurité alimentaire en ces termes : « accès pour tous et à tout moment aux denrées alimentaires nécessaires pour mener une vie saine et active ». Cette définition a été largement acceptée dans les années 1990 car elle illustrait parfaitement la notion de sécurité alimentaire, mais avec le temps, quelques qualificatifs y ont été ajoutés (CE et CTA, 1998). La Conférence Internationale sur la Nutrition (CIN), qui s'est tenue en 1992, a ajouté une dimension nutritionnelle en déclarant qu'assurer la sécurité alimentaire, c'est « permettre à tous d'accéder à tout moment aux aliments salubres et nutritifs dont ils ont besoins pour mener une vie saine et active » (FAO , 1996-b). Rien ne sert de garantir l'accès à suffisamment de nourriture si les populations ne veulent pas la manger pour des raisons culturelles. A cet effet, des critères tels que la qualité du point de vue nutritionnel, d'accessibilité au sens culturel sont à prendre en compte. C'est dans ce contexte qu'une définition a été donnée au sommet mondial de l'alimentation en 1996. 2.3. Distinction entre la sécurité alimentaire et l'autosuffisance alimentaire .Les concepts d'autosuffisance et de sécurité alimentaire se distinguent en deux points essentiels : - l'autosuffisance alimentaire considère que la production intérieure est la seule source de produits vivriers tandis que la sécurité alimentaire prend en compte les importations commerciales et l'aide alimentaire comme source possible de l'offre alimentaire. - l'autosuffisance alimentaire ne se réfère à la disponibilité en produits vivriers domestiques qu'au niveau national alors que la sécurité alimentaire prend en considération les composantes de stabilité de l'offre et d'accès aux aliments par la population (FAO, 1999). En effet, le concept de sécurité alimentaire suppose le recours au commerce international comme une composante essentielle de l'offre. Contrairement à celui d'autosuffisance, ce concept ne fait pas référence à une stratégie de développement autocentré mais s'inscrit dans une logique de développement fondée sur la spécification internationale et les avantages comparatifs (Azoulay et Dillon, 1993). 2.4. Types d'insécurité alimentaireL'insécurité alimentaire représente
l'inquiétude liée à une capacité limitée ou
incertaine de se les moyens habituels (DRHC, 2002). Selon Azoulay et Dillon (1993), l'insécurité alimentaire est un terme qui regroupe l'ensemble des situations où des populations souffrent ou risquent de souffrir des manifestations de la faim c'est-à-dire des diverses formes de malnutrition ou de la famine. Des conceptions non identiques engendrent également des typologies différentes. Le Ministère de l'Agriculture (2000), la Banque mondiale2 considèrent qu'il existe deux types d'insécurité alimentaire : l'insécurité alimentaire temporaire et l'insécurité alimentaire chronique. Cependant, la FAO (1999) et Africare (1999) en considèrent trois types : L'insécurité alimentaire chronique, l'insécurité alimentaire saisonnière et l'insécurité alimentaire cyclique. Dans le cadre de notre formation nous prendrons en compte la dernière typologie qui permet une compréhension plus approfondie du phénomène. 2.4.1. Insécurité alimentaire chroniqueElle stipule que l'accès aux aliments des individus, des foyers, des régions, des pays qui souffrent d'une insécurité alimentaire chronique s'avère insuffisant en termes journaliers et ce, indépendamment de la saison ou de la période de l'année (FAO, 1999). Dans une telle situation, les ménages courent continuellement le risque de ne pouvoir couvrir les besoins alimentaires de chacun de leurs membres. Ce pourrait être le cas des ménages qui n'ont pas accès à une terre fertile ou qui sont confrontés à des contraintes permanentes qui limitent leur production. 2.4.2. Insécurité alimentaire saisonnière ou cycliqueElle est repérable par la mesure de la consommation alimentaire à différents moments de l'année. La cyclicité de l'insécurité alimentaire est surtout due aux variations d'une année à l'autre du niveau de la production en particulier dans le secteur agricole et souvent en conséquence des variations climatiques. Cette insécurité alimentaire est de courte durée mais elle se vit à répétition. 2.4.3. Insécurité alimentaire passagère2 Cité par Azoulay et Dillon, 1993 Elle est souvent qualifiée de transitoire. Les accidents subits qui provoquent cette insécurité alimentaire peuvent être passagers dans la mesure où la situation retournera à la normale au cours de la période suivante. Cela sous-entend que la crise est temporaire et de courte durée. Selon la FAO (1999), les accidents les plus courants de ce type là sont les sécheresses, les inondations et les épidémies qui causent la perte de récoltes. Les personnes ou groupe de personnes concernées par l'insécurité alimentaire sont qualifiés de « populations à risque » ou « populations vulnérables ». 2.5. Vulnérabilité et insécurité alimentaireLes groupes vulnérables sont des personnes dont la situation économique, sociale, géographique est particulièrement sensible à toute modification de leur environnement. Ils sont en situation de ne pas accéder aux denrées alimentaires, nécessaires à la satisfaction de leurs besoins alimentaires (Azoulay et Dillon, 1993). Un groupe serait dit vulnérable s'il n'est pas capable de mobiliser des ressources (économiques, capital humain et social) pour faire face à des évènements externes défavorables. A cet effet, les groupes vulnérables peuvent être classés suivant des critères tels que : - la géographie ou la région : zone administrative, rurale urbaine, etc.; - l'écologie : conditions climatiques, accessibilité, etc.; - l'économie : activité, niveau de revenu, secteur formel ou informel, superficie de l'exploitation agricole, espèce cultivées, etc.; - la démographie : hommes, femmes, femmes en allaitement, enfants d'âge scolaire, etc.
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES MENAGESCe chapitre a pour objectif d'approfondir les connaissances sur la zone d'étude et surtout les villages échantillonnés. Des variables socioéconomiques seront utilisées pour la caractérisation des ménages. Cette caractérisation se fera en deux étapes. D'abord, les caractéristiques des chefs de ménage seront présentées et ensuite une analyse économique des productions de l'agriculture pluviale, la couverture des besoins alimentaires théoriques de cette agriculture pluviale. 1.1 Caractéristiques des Chefs de Ménages (CM)Le chef de ménage exerce une influence et un pouvoir de décision au sein du ménage. Ainsi, les caractéristiques de celui-ci pourraient vraisemblablement rendre compte de l'image du ménage tout entier. C'est pourquoi, les descriptions sur les caractéristiques socioéconomiques du ménage vont concerner en grande partie les chefs de ménage. 1.1.1. Répartition des chefs de ménage selon le sexeTableau 4 : Répartition des CM selon le sexe
Source : Données de l'enquête Dans toutes les strates, nous avons un faible taux des femmes chef de ménage (2%). Cela s'explique par la difficulté de leur identification par le facilitateur ( Délégué ou membre du Comité de Sécurité Alimentaire ). Les habitations sont groupées par les noms des chefs de famille (Ouédraogo, Savadogo etc.). Très souvent, la femme ne portant pas le même nom que son mari, il est difficile pour le facilitateur de les identifier. L'autre explication que l'on peut donner s'est que les femmes ne sont pas facilement reconnues par leur nom ou prénom, mais celui de leur mari. 1.1.2. Répartition des chefs de ménage selon l'origineIci, il est question de savoir si le CM est originaire du village ou pas. Le tableau suivant présente la répartition des CM selon leur origine. Tableau 5 : Répartition des CM selon l'origine
Source : Données de l'enquête Le tableau 5 montre que dans la strate A, 56% des CM sont originaires de leur village et 44% ne le sont pas. Or, dans la strate B, 95% des chefs de ménage sont originaires du village et 5% ne le sont pas. Ces différences de pourcentage entre la strate A et la Strate B s'explique par le cas de Pallé. Ainsi, à Pallé, 13% de CM enquêtés ont répondu qu'ils sont originaires du village contre 87% des CM qui ne le sont pas. Une forte proportion d'allochtones peut avoir un effet négatif sur la cohabitation et rendre difficile les interventions des partenaires au développement. En effet, une répartition des villages d'intervention du PSAZ selon le dynamisme place Pallé parmi les villages d'un « dynamisme médiocre ». Quelques-uns des critères utilisés sont : la mobilisation de la communauté autour des activités, le degré d'entente au sein de la communauté ainsi qu'entre les membres du Comité de Sécurité Alimentaire (CSA), la tenue des rencontres par les membres du CSA etc.. 1.1.3. Répartition des Chefs de ménage selon l'activité principaleNous définissons comme activité principale celle qui est la première source d'entrée de devises dans les ménages sur déclaration des chefs de ménage. Le tableau suivant donne cette répartition. Tableau 6 : Répartition des chefs de ménage selon l'activité principale
Source : Données de l'enquête Le tableau 6 montre que 90% des CM de la strate A sont des agriculteurs et dans la strate B cela représente 97% des CM soit une moyenne de 93,5% pour l'échantillon. Pour l'élevage, on a 8% des CM de la strate A qui ont pour activité principale l'élevage et 2% de la strate B soit une moyenne de 5% des CM enquêtés. Le maraîchage ou le commerce exercés comme activité principale par les CM est très rare. En moyenne, 0,5% et 1% des CM enquêtés ont respectivement le maraîchage et le commerce comme activité principale. En se basant sur ces résultats, on pourrait affirmer que plus de 98% des Chefs de ménage enquêté sont des producteurs et moins de 2% sont presque des consommateurs (ils ont plus recours au marché pour leur alimentation). IL est alors intéressant de faire une analyse économique des exploitations agricoles et en particulier celle de l'agriculture pluviale qui est la principale source de disponibilité de céréales dans les ménages. 1.2 Analyse économique des exploitations agricoles1.2.1. Estimation des chargesLe système de culture traditionnelle est le mode
d'exploitation des terres rencontrées dans organique (1 250 FCFA la charrette), l'achat des pesticides, les charges liées à la location du matériel agricole, et l'amortissement du matériel. Le taux d'amortissement que nous avons appliqué est celui retenu par la Direction Générale des Impôts qui est de 33,33% (DGI, 1979). Pour le matériel agricole comme la houe, la pioche de semence, l'amortissement est calculé en fonction de la durée de vie estimée par les producteurs. Il ressort de cette estimation que la houe a une durée de vie d'une campagne et la pioche de semence une durée moyenne de deux campagnes. L'évaluation de la main d'oeuvre familiale est faite selon le coût d'opportunité. Ce dernier permet de déterminer les rémunérations des moyens de production que l'agriculteur ne paye pas réellement mais qui ne sont pas gratuites pour autant. A ce sujet, chacun sait que tout travail mérite salaire. Des entretiens en groupe avec l'appui d'un guide d'entretien nous ont permis de collecter des données pour évaluer la main d'oeuvre familiale, faciliter l'étalonnage des unités de mesure locale et aussi le coût d'opportunité de la charrette de fumure organique. Le coût des semences est évalué en faisant le produit de la quantité de semences nécessaires pour chaque spéculation par la valeur mercuriale. Pour la fumure organique l'unité est la charrette. Quant à la fumure minérale l'unité retenue est le sac de 50 Kg. Les frais de location du matériel agricole sont évalués par le nombre de jour de travail en culture attelé que nous avons multiplié par le coût de la journée de travail qui est de 1 500 FCFA. 1.2.2. Estimation des produitsElle est effectuée à partir de l'estimation de la production totale de la campagne agricole 2003-2004. Cette estimation est effectuée par parcelle, par spéculation en unité de mesure locale. Un étalonnage de ces unités est effectué en vue d'homogénéiser celles-ci. Les données mercuriales sur le cour des productions végétales utilisées sont fournies par la Direction Provinciale de l'Agriculture, de l'Hydraulique, et des Ressources Halieutiques du Zondoma. Deux marchés ont été identifiés pour le suivi des données mercuriales. Il s'agit du marché de Gourcy et du marché de Tougo. Nous avons choisi d'utiliser les données mercuriales de février 2004 pour être en conformité avec la période de l'enquête. Ces données sont consignées dans le tableau suivant. Tableau 7: Données mercuriales du mois de février 2004.
Source : Données de DPAHRH / Z (Février, 2004). NB : - = données manquantes. * = L'unité de mesure est le sac de 100 Kg. L'unité de mesure utilisée est le sac de 100 Kg. Après avoir défini la procédure utilisée pour l'estimation des produits et des charges intéressons-nous à présent aux résultats des indicateurs retenus. 1.2.3. Résultats des indicateurs retenusLe profit est l'un des indicateurs que nous avons utilisé. Il est la différence du produit brut et des charges totales d'où la formule profit = PB - CT. Avec PB, le produit Brut et CT la charge totale. Le revenu agricole qui est la différence du produit brut et des charges réelles. Celles-ci représentent les charges qui ont occasionné une sortie effective d'argent. Les autres indicateurs utilisés sont : le produit brut, qui est la valorisation des productions réalisées sur l'exploitation, les charges variables et les charges fixes. Pour uniformiser ces résultats et les rendre comparables, nous ramènerons les différentes valeurs trouvées à l'hectare. Tableau 8 : Résultat des indicateurs retenus
Source : Données de l'enquête Le résultat montre que l'exploitation agricole vue comme une entreprise fonctionne à perte. Que ce soit dans la strate A ou dans la strate B la perte est observée ! Dans la strate A, elle se chiffre à - 16 715 F CFA par hectare (Ha) et dans la strate B, elle est de - 14 035 F CFA soit une moyenne de - 15 375 F CFA pour chaque hectare exploité. Le revenu agricole par hectare est de 23 284 F CFA pour la strate A et 25 964 F CFA pour la strate B, ce qui donne une moyenne de 24 624 F CFA. Cet indicateur est plus pertinent pour une analyse au niveau paysan car les charges calculées ne sont pas perçu comme telles. Le revenu agricole mesure la quantité d'argent et de produit que l'exploitation met à la disposition du chef de ménage pour entretenir sa famille et constituer sa propre fortune. La superficie moyenne exploitée est de 3,34 Ha dans la strate A et 3,905 Ha dans la strate B soit une moyenne d'échantillon de 3,62 Ha. C'est dire que le revenu moyen des cultures pluviales est de 933 989 F CFA par ménage. Les charges variables par hectare sont inférieures au revenu soit 11 298 F CFA pour la strate A et 15 286 F CFA la strate B soit une moyenne de 13 292 F CFA. C'est dire que les producteurs arrivent à couvrir les charges variables. Cela peut s'expliquer par la faiblesse des charges allouées annuellement à l'exploitation. Par contre pour les charges fixes nous constatons qu'elles sont très supérieures au revenu agricole. Elles représentent presque le double du revenu agricole. Nous sommes dans une situation où le revenu agricole ne couvre pas les charges fixes. C'est dire que le capital d'exploitation n'est pas rentabilisé. Pour la strate A la valeur des charges fixes est de 47 599 F CFA par Ha et pour la strate B, 43 820 F CFA par Ha soit une moyenne de 45 710 F CFA. Les revenus, les profits sont relativement faibles. On peut considérer qu'ils sont en partie sous-évalués. En effet, les personnes enquêtées doivent faire appel à un travail de remémoration important surtout qu'à la récolte la mesure des quantités engrangées n'était pas une préoccupation. De plus, selon Gondard-Delcroix et al (2004), l'instabilité des revenus agricoles est due notamment aux fortes variations que peuvent connaître les prix des produits agricoles. En effet, selon DPAHRH / Z pour le même mois de l'année, février 2003 et février 2004, le sac de 100 Kg de sorgho avait une valeur mercuriale moyenne respective de 15 500 et 8 000 F CFA. C'est dire que le prix est passé du simple vers le double. Les résultats des indicateurs ci-dessus permettent une analyse économique des exploitations agricoles. Dans le cadre de la sécurité alimentaire des ménages il est plus intéressant d'approfondir cette analyse. Selon PSAZ (2003-c), la principale destination de la production vivrière est l'autoconsommation et les produits les plus consommés sont les céréales. Alors faisons une analyse de la disponibilité des vivres dans les ménages. 1.2.4. Analyse de la disponibilité des vivresIci, la disponibilité ne concerne que les productions de l'agriculture pluviale d'une campagne (2003-2004). Une évaluation des productions en unités locales suivi d'un étalonnage est faite pour ramener les productions réalisées en kilogrammes. Les résultats figurent dans le tableau suivant. Tableau 9 : Disponibilité des vivres dans les ménages
Source : Données de l'enquête Les résultats montrent que la disponibilité des céréales (campagne 2003-2004) est de 129 Kg par personne dans la strate A contre 127 Kg par personne dans la strate B soit une moyenne de 128 Kg par personne pour l'ensemble des deux strates. Selon le SSA (2002), les besoins d'une personne peuvent être estimés à 190 Kg de vivres par an. Sur cette base le taux de couverture alimentaire de l'échantillon étudié est de 67,67% soit un déficit de 32,33%. Selon Mathieu et al (2003), les agriculteurs ne restent pas inerte face aux pénuries alimentaires. Ils développent un ensemble de stratégies pour anticiper et atténuer les effets des crises. Selon le MEF (2003), en République du Sénégal, l'ampleur de la crise alimentaire est ses incidences est telle que les différents acteurs touchés développent des mécanismes de sortie de crise et des mécanismes de survie. Pour la suite de cette étude, il est intéressant de savoir ce que fait l'agriculteur du Zondoma face à un déficit alimentaire qui est chronique. CHAPITRE II : STRATEGIES PREVENTIVES / Dans cette étude nous avons voulu identifier les stratégies couramment adoptées par les ménages dans la province du Zondoma, en faisant un rappel des évènements des cinq dernières années. L'ensemble des stratégies des ménages est regroupé en deux catégories que sont : les stratégies préventives et/ou correctives et les stratégies d'adaptation. Dans ce chapitre nous nous intéresserons aux stratégies préventives / correctives des ménages en matière de sécurité alimentaire. Le chapitre comprend deux grand axes. Le premier présentera l'analyse qualitative des stratégies préventives retenues, le seconde, l'analyse quantitative et du test de validité des différences de pourcentages observées entre les deux strates. 2.1 Analyse qualitative des stratégies préventives/correctives retenuesCes stratégies regroupent celles visant à prévenir les risques de carence en vivres dans les ménages. Elles visent à garantir une alimentation continue de la famille si les dispositifs mis en place sont efficaces et si le degré de vulnérabilité n'est pas élevé. Pour l'analyse qualitative des stratégies retenues, nous faisons un résumé des commentaires des différents chefs de ménage que nous avons enquêté. 2.1.1. S'approvisionner en grains juste après les récoltesC'est une stratégie couramment observée. Les années où elle n'est pas pratiquée c'est suite à un manque d'argent. Sinon, c'est une pratique qui permet de compenser le perpétuel déficit céréalier. Dans les familles où la proportion des inactifs est très élevée, l'achat des céréales est incontournable. Les chefs de ménage ayant des activités secondaires comme l'artisanat, le commerce, l'orpaillage assure la plupart de l'approvisionnement des céréales grâce à ces activités. Cette stratégie sera représentée par le code « App » pour la suite de l'étude. 2.1.2. Pratiquer du maraîchageLe manque d'eau freine l'expansion de cette activité. Dans la province, c'est une activité génératrice de revenu pour les femmes. C'est un moyen sûr de se procurer de légumes pendant la période post récolte où les feuilles sont une denrée rare. Dans le village de Koundouba c'est une activité pratiquée par les jeunes qui se font embaucher dans le village de Bèrenga au Passoré. Ceux qui ont plus de moyens travaillent à leur propre compte. Cette stratégie sera représentée par le code « Mar ». 2.1.3. Faire des aménagements de cordons pierreuxLes cordons pierreux sont des obstacles filtrants qui ralentissent la vitesse du ruissellement de l'eau. Dans tous les villages concernés par cette étude, les cordons pierreux aménagés dans les « champs de village » sont effectués avec l'appui de partenaires comme les projets, et les Organismes Non Gouvernementaux (ONG). Dans la plupart des cas, les producteurs se concertent pour le ramassage des moellons. Le transport est assuré par le projet ou l'ONG. Cependant, les champs qui sont très éloignés des concessions sont aménagés par leurs propriétaires eux-mêmes. Ces derniers peuvent quelque fois bénéficier d'un appui pour le transport des moellons vers leur champ. Cette stratégie sera représentée par le code « Cp ». 2.1.4. Pratiquer le ZaïLe zaï est une technique de récupération des terrains encroûtés qui consiste à faire dans le sol, des trous ou poquets destinés à recevoir le fumier et les semences. La technique est très ancienne dans la zone. Sa pratique limite très souvent la possibilité d'exploiter de grande superficie puisque le travail est pénible. Dans des familles où la technique n'est pas toujours utilisée, les chefs de ménages ont répondu que cela est lié au manque de main-d'oeuvre car eux, ils sont très âgés. Chez d'autres personnes, le zaï peut ne pas être appliqué, ou avec plus de modération quant à la profondeur des trous pour ceux qui cultivent dans les bas fonds. La texture du sol est un élément déterminant pour la pratique du zaï. Le code utilisé pour représenter cette stratégie est « Zaï ». 2.1.5. Pratiquer des demi-lunesCe sont des bourrelets de terre semi-circulaires disposés en courbes de niveau, en quinconce et recueillent le ruissellement de l'amont qui s'infiltre. La stratégie n'est pas connue de beaucoup de producteurs. Ceux qui ont affirmé avoir suivi une formation sur la technique sont peu nombreux. Dans le village de Kéra Douré, la vacance du poste de l'encadreur a entraîné l'abandon de cette technique par ceux qui l'expérimentaient. Le code utilisé pour réprésenter cette stratégie est « Demi ». 2.1.6. Posséder une fosse fumièreLe zaï, les efforts du gouvernement et des partenaires ont été cités par bon nombre de producteurs comme des causes favorisant la vulgarisation de cette stratégie. On peut citer comme exemple le don de vivres et/ou la baisse du prix des céréales pour ceux qui possèdent une fosse fumière. Cette stratégie sera représentée par le code « Fum ». 2.1.7. Utiliser des semences précocesL'utilisation de semences précoces est observée dans la zone mais celle-ci se limite très souvent aux abords des habitations car les oiseaux ravageurs causent de nombreux dégâts que les chefs de ménage n'ont pas cessé de nous mentionner chaque fois que nous avons abordé le sujet. Dans certains cas, les semences précoces sont utilisées de façon jalonnée parce qu'à des périodes de famine ces mêmes semences ont directement été consommées. Nous avons également rencontré des cas où les semences précoces ont été abandonnées du fait que leur utilisation a souvent coïncidé avec une mauvaise campagne. C'est notamment le cas de ceux qui ont mis cette catégorie de semences dans les bas-fonds que l'eau a par la suite inondée. Une espèce de semence précoce est appelée « da kosem bouga » qui veut dire « ne vends pas ma chèvre ». C'est dire qu'elle permet de limiter la vente des petits ruminants en ce sens qu'elle peut être consommée au moment où la faim atteint son paroxysme. Cette stratégie sera représentée par le code « Sem ». 2.1.8. Elever la volailleIl est un excellent support en matière d'approvisionnement en céréales car facile à écouler du fait de son prix bas par rapport aux ruminants (petits comme gros). Malheureusement il est très souvent laissé aux soins des enfants ce qui témoigne de la difficulté de capitaliser. Le code utilisé pour représenter cette stratégie est « Vol ». 2.1.9. Elever des ovins et caprinsDans une famille, l'absence de caprins ou d'ovins est le signe d'une très grande pauvreté. Une telle famille est exposée à toutes perturbations et sombre vite dans une situation d'insécurité alimentaire profonde. Elle est un critère d'extrême vulnérabilité. Les porcs sont également des animaux qui sont appréciés à cause de leur prolifération et leur engraissement rapides. Cependant, cet élevage n'est observé que dans les milieux où le christianisme a de l'importance. Dans les familles où le taux de couverture céréalière est très faible et où la vente des animaux est régulière, l'apport des parents résidants en République de Côte d'Ivoire épargne quelque fois la vente des animaux. Dans cette activité, des chefs de ménage déclarent une perte importante lorsque la mise bas coïncide avec la période de sécheresse où l'herbe est rare. Cette stratégie sera représenté par le code « Oca ». 2.1.10. Cultiver sur des parcelles de texture différenteC'est une stratégie que nous avons pu identifier au cours de nos entretiens. Par conséquent nous ne disposons pas de données quantitatives sur celle-ci. Les ménages optent pour cette stratégie dans le souci de réduire les pertes liées aux aléas climatiques. S'il est vrai que cette stratégie réduit les risques de perte de la production, il est aussi vrai que sa prolifération est due aux manques de terres arables. 2.2 Analyse quaintitative des strtégies préventives/correctives des ménagesCette analyse est d'abord faite par année où, les taux d'adoption des stratégies préventives / correctives sont présentés et suivis de quelques activités du PSAZ et d'autres partenaires (Etat et autres ONG) ensuite, une analyse sur le comportement moyen des ménages au cours des cinq dernières années est effectuée. 2.2.1. Comportement des ménages en 1999.Tableau 10 : Taux d'adoption des stratégies en 1999
Source: Données de l'enquête Dans la strate A, les trois stratégies préventives les plus courantes sont respectivement : l'élevage de la volaille, 98% des ménages, l'élevage des ovins et caprins 90% et la pratique du Zaï 78%. Dans la strate B , ce sont les mêmes stratégies qui sont fréquentes à savoir, l'élevage de la volaille (91%), la pratique du Zaï 87% et l'élevage des ovins et/ou caprins (86%). Les stratégies préventives les moins utilisées dans la strate A sont respectivement la pratique de demi-lunes (0%) et la pratique du maraîchage (8%). Dans la strate B, ce sont les mêmes stratégies qui sont moins adoptées, la pratique de demi lunes (5%), la pratique du maraîchage (6%). Des différences de taux d'adoption sont observées entre les deux strates. Pour cette année, le PSAZ était en phase d'installation. En effet, selon Karent et al (2003),les activités du projet ont démarré à partir de janvier 2000 suite au recrutement et à la mobilisation des premiers spécialistes du projet. Par conséquent ces différences ne sont inhérentes à la présence du PSAZ. Ces différences sont-elles significatives ou pas ? Si oui quel est le degré de signification ? Le test de Khi Deux est utilisé pour répondre à ces interrogations. Tableau 11 : Résultats du test de Khi Deux année 1999
Source : Données de l'enquête Les résultats du test montrent que l'hypothèse H0 est rejetée au seuil de 5% pour la pratique du zaï, la pratique des cordons pierreux (Cp), l'élevage des ovins et caprins. La Strate B a un taux d'adoption du zaï, des cordons pierreux supérieur à la strate A dans 95% des cas. Pour l'élevage de la volaille, H0 est rejetée à 1%, c'est dire que la différence d'adoption de cette stratégie entre les deux strates est statistiquement significative dans 99% des cas. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. Dans la strate A, le faible taux d'adoption des techniques CES de façon générale est lié au fait que le tirage aléatoire a donné deux villages où les producteurs cultivent dans les bas-fonds la plupart du temps. 2.2.2. Comportement des ménages en 2000Tableau 12 : Taux d'adoption des stratégies en 2000
Source: Données de l'enquête Pour cette année 2000, il n'y a pas de différence sensible par rapport à l'année précédente. Les stratégies demeurent les mêmes. La plupart des taux d'adoption des différentes stratégies n'ont pas connu une grande variation. En cette année, plusieurs activités sont menées. Il s'agit notamment des diagnostics exploratoires, du choix des villages d'intervention et de l'enquête de base. C'est dire que l'année 2000 n'est pas celle où l'appui des producteurs a réellement commencé. Tableau 13 : Résultats du test de Khi Deux année 2000
Source : Données de l'enquête Au seuil de 1%, l'hypothèse H0 est rejetée pour les taux d'adoption des Cp. Nous constatons que les différences de pourcentages d'adoption des Cp de la strate B sont supérieures à celles de la strate A. Statistiquement, cette différence est significative dans 99% des cas. L'appartenance à la strate B influence également la pratique du zaï et la possession d'une fosse fumière dans 95% des cas. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. 2.2.3. Comportement des ménages en 2001Tableau 14 : Taux d'adoption des stratégies en 2001
Source: Données de l'enquête De façon générale, presque toutes les stratégies préventives et/ou correctives ont connu un taux d'adoption élevé dans les deux strates. Pour les stratégies les plus courantes nous constatons que dans la strate A l'élevage de volaille est passé de 98% à 100% et l'élevage des caprins et/ou ovins de 90 à 92%. Quant à la pratique du zaï, elle a régressé de 76 à 74%. Pour le cas des stratégies les moins fréquentes une hausse des taux d'adoption est également observée. La pratique du maraîchage passe de 8% à 12%. Quand à la pratique des demi-lunes, elle est restée constante (2%). Dans la strate B, nous observons une hausse légère des taux d'adoption des stratégies préventives. Ainsi, pour les stratégies les plus courantes nous constatons que l'élevage de la volaille est passé de 94 à 95%, celui des ovins et caprins de 91 à 92% et la pratique du zaï également de 91 à 92%. Selon Karent et al (2003), l'exécution des activités a surtout été intensément menées après le changement de leadership au niveau d'Africare Burkina en Août 2001 et suite à l'évaluation à mi-terme en mars-avril 2002. C'est dire que cette année, les différences qui seront statistiquement significative peuvent être liées aux actions du PSAZ. Tableau 15 : Résultats du test de Khi Deux année 2001
Source : Données de l'enquête Seule l'adoption du zaï et la pratique des Cp enregistrent une différence statistiquement significative entre les deux strates dans 99% des cas. Autrement dit, les taux d'adoption du zaï et des Cp dans la strate B sont supérieurs à ceux de la strate A dans 99% des cas. Toujours dans la strate B, la possession d'une fosse fumière, la pratique des demi-lunes sont des stratégies qui ont des taux d'adoption supérieurs à ceux de la strate A dans 90% des cas. On peut affirmer que l'appartenance à la strate B influence l'adoption des stratégies précédemment citées. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. 2.2.4. Comportement des ménages en 2002Tableau 16 : Taux d'adoption des stratégies en 2002
Source: Données de l'enquête Des taux d'adoption constants et régressifs ont été observés dans chaque strate. Dans la strate A, l'élevage de la volaille, des ovins et caprins est resté constant. Les stratégies comme la présence de cordons pierreux dans les champs, la pratique du maraîchage et l'approvisionnement en grains ont connu une baisse dans leur taux d'adoption. Au niveau de la strate B, les stratégies qui ont enregistré un taux d'adoption constant par rapport à l'année précédente sont : la présence de cordons pierreux dans le champ, la pratique du zaï, la pratique des demi-lunes et l'élevage de la volaille. Y est en régression, la pratique du maraîchage. Pour le cas du maraîchage, nous n'avons considéré que le cas où le chef de ménage adopte cette pratique. Etant au centre des décisions, il a la possibilité d'étendre cette pratique aux autres membres du ménage. Or, avec le PSAZ, les femmes constituent le grand nombre de bénéficiaires. Cela fait que les actions du PSAZ ne sont pas très perceptibles. Tableau 17 : Résultats du test de Khi Deux année 2002
Source Données de l'enquête Au seuil de 1%, l'hypothèse d'égalité des taux de parcelles exploitées où il y a des Cp dans les deux strates est rejetée. Il est donc correct de dire que les différences observées sont statistiquement significatives dans 99% des cas. Pour le zaï, la différence observée est significative dans 95% des cas. La possession d'une fosse fumière enregistre une différence significative dans 90% des cas. Alors, l'appartenance à la strate B a un lien pour l'adoption des stratégies qui enregistre les différences significatives. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. 2.2.5. Comportement des ménages en 2003Tableau 18 : Taux d'adoption des stratégies en 2003
Source: Données de l'enquête Les trois stratégies les plus courantes sont restées pratiquement les mêmes, sauf l'utilisation des semences précoces qui a pris de l'envergure (78% dans la strate A). Au sein de cette strate, les stratégies préventives qui ont connu une hausse de leur taux d'adoption sont : la pratique du maraîchage (12%), la présence d'une fosse fumière (58%), l'utilisation de semences précoces (78%), et l'élevage des ovins et caprins. Au niveau de la strate B, des taux d'adoption en hausse sont observés pour les stratégies suivantes : l'approvisionnement en grains après les récoltes, la pratique des cordons pierreux, la présence des fosses fumières et l'embouche des ovins et caprins. C'est en juin 2003, que l'enquête finale du projet a pris fin. L'évaluation finale du projet a eu lieu en juillet 2003. Cette année constitue également celle d'intense activités sur le terrain ce qui peut à nouveau avoir des incidences sur les taux d'adoption des stratégies. Tableau 19 : Résultats du test de Khi Deux année 2003
Source : Données de l'enquête Au seuil de 10%, H0 est rejetée pour la pratique des demi-lunes sur les parcelles la dite année. Cela signifie que la différence observée dans l'adoption de cette stratégie est statistiquement significative dans 90% des cas. Le taux de possession des fosses fumières de la strate B enregistrent une différence significative dans 95% des cas. L'adoption des CP et du zaï notent des différences statistiquement significatives dans 99% des cas. Ici encore, l'appartenance à la strate B influence l'adoption des stratégies qui enregistrent une différence significative. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. 2.2.6. Comportement des ménages sur les cinq dernières annéesSous ce titre nous faisons d'abord un récapitulatif des stratégies préventives / correctives des ménages en utilisant des représentations graphiques et ensuite nous passons en revue les stratégies préventives / correctives les unes après les autres. Graphique 1 : Stratégies préventives / correctives des ménages de la strate A Pourcentages 100 40 90 80 60 50 30 20 70 10 0 App Mar Cp Zaï Demi Fum Sem Vol Oca Stratégies An 99 An 01 An 02 An 03 Source : Données de l'enquête Graphique 2 : Stratégies préventives / Correctives des ménages de la strate B Pourcentages 100 40 20 90 80 70 60 50 30 10 0 Stratégies An 99 An 00 An 01 An 02 An 03 Source : Données de l'enquête 2.2.6.1. S'approvisionner en grainsAu niveau de la strate A, l'approvisionnement en grains est pratiqué en moyenne par 69,2% des ménages contre 70,2% dans la strate B soit une moyenne de 69,7% pour l'échantillon étudié. L'approvisionnement en grains peut s'effectuer lorsque le stock est épuisé. Cette option n'est pas une stratégie préventive mais une situation que l'on doit gérer. Ici, il n'est considéré que les approvisionnements lorsque les réserves ne sont pas épuisées. La stratégie est l'achat de vivres moins cher en saison sèche et consommé immédiatement afin de conserver pour l'hivernage une partie de la récolte. En contre partie, les producteurs évitent l'achat de céréales à prix élevé pendant la soudure d'hivernage, et le risque de se retrouver sans vivres à l'époque des travaux agricoles. Selon Lombard (1989), l'achat de mil est conjoncturel quand il est dû à un déficit de production mais devient structurel si le déficit vivrier est chronique. Dans ce cas, le taux de couverture alimentaire chroniquement déficitaire du Zondoma exige de la part des paysans des revenus en saison sèche (maraîchage, élevage) pour l'achat de céréales. Les taux d'adoption de cette stratégie étant élevés des actions visant à appuyer celle-ci sont à encourager. 2.2.6.2. Pratiquer le maraîchageEn moyenne, 10% des ménages de la strate A et 8,2% de la strate B ont pratiqué le maraîchage sur les cinq dernières années. La résultante donne une moyenne de 9,1%. Selon PSAZ (2003-b), la proportion des UP pratiquant cette activité est passé de 5% en mai 2000 à 32,6% en mai 2003. Ces différences de pourcentage s'expliquent par le fait que dans les villages de la strate A, un des deux bénéficie d'un appui en maraîchage (Douré). La vulgarisation du maraîchage dans le Zondoma entraîne des charges très élevées. Selon PSAZ, l'aménagement d'un hectare se compose de quatre (04) puits, d'une clôture et un appui en petit matériel avec un coût de réalisation estimé à 8 540 000 FCFA ( chiffre PSAZ ). 2.2.6.3. Pratiquer des cordons pierreuxDans la strate A, les Cp sont pratiqués en moyenne par 43,2% des ménages contre 73,6% des ménages de la strate B. La moyenne d'échantillon est de 58,4%. Ces différences peuvent s'expliquer par le fait que dans les deux villages de la strate A la plupart des producteurs, cultivent dans des bas-fonds. Le PSAZ a contribué à l'aménagement de 232 hectares dans sa zone d'intervention, à la formation technique des producteurs, à la fourniture de matériel de travail et le transport des moellons. 2.2.6.4. Pratiquer le ZaïAu niveau de la strate A, le zaï est pratiqué en moyenne par 75,2% des ménages contre 90,6% des ménages de la strate B soit une moyenne générale de 82,9%. La stratégie d'approche utilisée par le PSAZ est l'application du zaï ( amélioré ) sur des parcelles de démonstration. La démonstration consiste ici à comparer les systèmes de cultures améliorées aux pratiques habituelles du paysan démonstrateur pour le convaincre sur l'intérêt à changer de stratégie de production pour accroître sa productivité. Des visites commentées sont organisées dans le but de renforcer la conviction des producteurs n'ayant pas eu l'opportunité de conduire les démonstrations en vue de favoriser l'adoption des techniques proposées. 2.2.6.5. Pratiquer des demi-lunesElle est une technique culturale peut connue par les producteurs. En effet, la moyenne quinquennale de l'adoption de cette technique dans la strate A est 2% des ménages contre 10% dans la strate B. La résultante des deux moyennes est de 6%. Le nombre de visite commentées sur les parcelles de démonstration est très bas (4 visites commentées contre 32 pour le zaï amélioré). 2.2.6.6. Posséder une fosse fumièrePour la période considérée par cette étude, 51,2% de la strate A contre 69,2% de la strate B ont adopté cette stratégie soit une moyenne de 60,2%. Le PSAZ a utilisé deux axes d'intervention pour la vulgarisation des fosses fumières. D'abord, le fond de sécurité alimentaire a été utilisé pour appuyer la construction de 163 fosses fumières. Aucun des villages échantillonnés n'a bénéficié de cet appui. Ensuite, le volet élevage, dans sa stratégie d'intervention a soutenu la réalisation de 446 fosses fumières. 2.2.6.7. Utiliser des semences précocesSelon PSAZ (2003-b), les paysans ont tendance à minimiser les risques quant au choix des semences. Ils choisissent les variétés en se basant sur le goût, la capacité d'adaptation et la résistance. La moyenne quinquennale de l'utilisation des semences précoces est de 71,2% pour la strate A contre 65% dans la strate B. Le taux d'adoption de l'échantillon étudié est de 68,1%. Les semences précoces contribuent à la gestion de la soudure. Leur cycle végétatif étant réduit cela permet aux familles qui sont dans des situations de pénuries alimentaires de disposer de grains dans un délai assez bref. En effet, selon Ba (2003), pour faire face à la soudure les paysans ont recours à des variétés de semences précoces. Au cours de nos enquêtes nous nous sommes aperçus que les villages non couverts par le PSAZ bénéficient des semences vulgarisées par le projet suite à des échanges ou par achat avec les bénéficiaires. 2.2.6.8. Elever la volailleLa stratégie de vulgarisation utilisée par le PSAZ est basée sur la démonstration et les visites commentées. La moyenne de l'adoption de cette stratégie pour les cinq dernières années est de 99,2% contre 94% dans la strate B ce qui donne une moyenne générale de 96,6% pour l'échantillon Choisi. L'élevage de la volaille constitue un mécanisme d'assurance important en ce sens que ces avoirs se vendent facilement pour fournir un pouvoir d'achat capable d'assurer la consommation céréalière. 2.2.6.9. Elever des Ovins ou des caprinsLa moyenne quinquennale de l'adoption de cette stratégie est de 91,6% dans la strate A contre 91,4% dans la strate B d'où une résultante de 91,5%. Tout comme l'élevage de la volaille, cet élevage constitue également un mécanisme d'assurance pour l'achat des céréales si la crise n'est pas aïgue. En effet, selon Reardon et al, (1992), le manque relatif d'avoirs vendables chez les ménages de la zone soudanienne signifie que ceux-ci dépendent essentiellement des flux de revenus courants pour générer leur pouvoir d'achat. L'élevage de la volaille, des ovins et caprins bien mené dans les ménages est alors un moyen de disposer de ces revenus courants. Selon Ba (2003), les ménages pour faire face à la soudure font de l'épargne sous forme d'animaux car disent-ils : « l'animal peut continuer à produire alors que l'argent reste sur place, et on peut le vendre aux moments difficiles ». Pour les moyennes calculées des différences de taux d'adoption sont observées entre les strates. Ici, les tests de Khi Deux seront à nouveau utilisés pour affirmer si les différences constatées sont significatives et déterminer le seuil de signification. Tableau 20: Résultats du test de Khi Deux (pour cinq ans)
Source : Données de l'enquête Pour les cinq dernières années, la strate B se distingue de la strate A par l'adoption des stratégies suivantes : Cp, zaï, demi-lunes et la possession d'une fosse fumière. Dans 99% des cas on peut dire que la différence d'adoption des Cp dans la strate B est statistiquement significative de celle de la strate A. Pour le zaï et la fumure organique cette différence est significative dans 95% des cas. Pour les demi-lunes la différence d'adoption est statistiquement significative dans 90% des cas. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. Au cours des cinq dernières années, l'appartenance à la strate B a eu une influence sur l'adoption des stratégies préventives / correctives des ménages. Cette incidence a engendré des taux d'adoption élevées de certaines stratégies. Ici, l'action du PSAZ, n'a pas été perceptible. Cela peut s'expliquer par la raison dejà avancée à savoir que la granulométrie du sol influence l'adoption de certaines techniques CES. De plus, dans le cadre du partenariat, le PSAZ finance certaines activités de ses partenaire ce qui cause une action indirecte. De façon générale nous pouvons retenir que dans les deux strates il y a une évolution des taux d'adoption des stratégies préventives / correctives. Nous assistons alors à une volonté de la population des deux strates à surmonter les difficultés liées à l'atteinte à la sécurité alimentaire. Au-délà de ces stratégies préventives, intéressons-nous à présent aux stratégies d'adaptation ou de survie du fait que les taux de couverture des besoins alimentaires ont été bas (61% et 62% en 2001-2003). Il est alors légitime de se poser la question suivante : « Que font les ménages dans une telle situation de crise alimentaire ? ». CHAPITRE III : ANALYSE DES STRATEGIES Ce chapitre, divisé en deux tranches, va nous permettre d'identifier les stratégies mises en place lors des pénuries alimentaires. Selon Africare (1999), pour que les projets puissent améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, leurs activités doivent être choisies, planifiées et développées sur la base d'une connaissance approfondie de la problématique telle qu'elle se présente dans la zone d'intervention. Dans cette volonté de connaître les stratégies des ménages en matière de sécurité alimentaire du Zondoma, intéressons-nous à présent aux stratégies d'adaptation. Nous effectuons d'abord l'analyse qualitative des stratégies retenues, et après nous aborderons celle quantitative. 3.1 Analyse quantitative des starégies d'adaptation retenuesLes stratégies d'adaptation peuvent être définies, comme autant de façons, de débrouilles que les acteurs touvent pour se nourrir, ou encore comme l'ensemble des actions d'un individu ou de son groupe d'appartenance ayant pour objet de garantir sa subsistance (Franqueville, 1987). Les stratégies les moins fréquentes sont logiquement celles que les ménages n'adopteraient qu'en situation du désespoir ou qui seraient non conformes aux règles habituelles de la société. Tout comme dans le chapitre précédent, l'analyse qualitative est basée sur le résumé des commentaires des chefs de ménage enquêtés. 3.1.1. Diminuer la ration alimentaire journalièreCette stratégie se fait en deux périodes en fonction de la logique du chef de ménage. Certains trouvent qu'il est préférable de diminuer la ration alimentaire quand le stock est encore peu entamé pour qu'en hivernage il ait suffisamment de nourriture pour les travailleurs. C'est dire que dès cette période ces familles optent pour un rationnement volontaire de la quantité journalière. D'autres ménages ne diminuent la ration alimentaire que lorsque la situation l'exige. La diminution se fait alors par saccades. Elle concerne d'abord le repas du soir et ensuite celui de midi. Ce choix est justifié par le fait qu'il faut avoir un repas assez consistant afin d'avoir plus de force pour la suite du travail. Si le manque devient criard il peut entraîner la suppression du repas du soir. Le code utilisé pour représenter cette stratégie est « Rat » pour la suite de l'étude. 3.1.2. Diminuer le nombre de repas par jourHabituellement trois repas sont pris pendant la période des récoltes : le matin, à midi, et le soir. Vers le mois de janvier ou février le repas du matin disparaît chez les adultes dans la plupart des familles. Par la suite, on peut assister à des sauts sporadiques d'un des repas dans la journée et c'est en l'occurrence le repas du soir qui est le premier à disparaître. Cette stratégie est représentée par le code « Rep ». 3.1.3. Cuisiner avec beaucoup de feuillesC'est une stratégie qui consiste à préparer des repas composés en grande partie ou essentiellement de feuilles suite à un manque de céréales. La pratique du maraîchage est une activité génératrice de revenu certes mais elle permet aussi un approvisionnement en feuilles comestibles, apport alimentaire important lorsque les céréales se font rares. Les feuilles de Balanites aegyptiaca sont utilisées en mars avril quand les feuilles de la saison hivernale ne sont pas encore disponibles. Cela aide beaucoup les ménages en situation de déficit. Les feuilles de Hibiscus sp ( oseille ), de haricot sont surtout utilisées au moment où le maïs est en phase d'épiaison. Le code utilisé pour représenter cette stratégie est « Feui ». 3.1.4. Bénéficier d'un appui en aide alimentaireL'aide alimentaire est très souvent utilisée pour encourager les personnes qui font les fosses fumières par un don gratuit ou une vente des vivres à un prix modique. En ce moment, les familles insécures qui ne remplissent pas ce critère sont d'office écartées. Dans cette localité, on constate souvent la présence d'une aide alimentaire non ciblée faite avec un apport propre des bénéficiaires. La période de ces aides correspond très souvent au temps de soudure et les personnes les plus vulnérables sont exclues car ne pouvant pas contribuer. Les groupements villageois négocient l'aide alimentaire pour leurs adhérents. C'est l'un des nombreux avantages d'en être membre. Cette stratégie sera représentée par le code « Aid ». 3.1.5. Obliger de vendre des animauxCette pratique est très répandue et c'est le principal but de l'élevage. Très souvent, les sommes engagées dans l'achat de grains pendant ou juste après les récoltes proviennent de la vente d'animaux d'élevage. La vente des animaux devient nécessaire quand le stock céréalier est insignifiant et que les premières récoltes ne sont pas encore prêtes. La décision de vendre son animal est lié non seulement au prix des céréales en cours mais aussi de la taille de l'animal. Des chefs de ménages nous ont fait savoir que très souvent, juste après les récoltes, les prix des céréales sont très intéressants mais en ce moment la plupart des animaux sont jeunes et leurs prix marchands très d'où l'énorme difficulté de s'approvisionner en céréales à cette période. Le code utilisé pour représenter cette stratégie est « VentA ». 3.1.6. Obliger de vendre d'autres biensDans notre échantillon, le bien le plus couramment vendu est la bicyclette. Or, celle-ci est le moyen de transport privilégié en zone rurale. Les ménages qui ont déclaré avoir vendu une bicyclette n'avaient pas d'animaux d'élevage en leur possession en ce moment. Cette stratégie sera représentée par le code « VentB ». 3.1.7. Obliger de travailler dans le champ d'autruiElle est une stratégie que les chefs de ménage n'aiment pas trop aborder car elle manifeste de l'incapacité d'assurer la survie de leurs familles et la dépendance par rapport aux autres. Le travail dans le champ d'autrui peut faire l'objet d'un payement en nature ou en espèces. En nature, le travailleur reçoit après sa journée de travail des vivres, très souvent c'est le sorgho blanc. Cette forme devient de plus en plus rare car il est moins coûteux de donner la liquidité que de payer avec des vivres et cela se justifie par le fait que le prix des céréales est élevé à cette période. Le travail dans le champ d'autrui appelé dans la zone « ko gara » est vu comme une activité dégradante. Les jeunes refusent souvent de s'y adonner même dans des situations de pénurie céréalière. Elle échoît alors à de petits groupes d'enfants désireux d'avoir de quoi préparer les fêtes à venir ou satisfaire les menus besoins. Dans des situations de crises céréalières aiguës un programme est souvent effectué avec le chef de ménage. Certains ont fait cas d'un travail de trois jours sur le champ familial et un jour pour le « ko gara ». Pour d'autres, c'est le travail dans le champ commun jusqu'à midi et l'après midi chacun peut travailler dans son champ ou aller ailleurs Des chefs de ménage ont affirmé qu'il y a eu des années où ils se sont décidés à ne pas travailler dans le champ d'autrui tellement l'activité est humiliante. Cette stratégie est représentée par le code « Gara ». 3.1.8. Emprunter des grainsLa forme couramment rencontrée est l'achat de céréales à crédit ou l'emprunt de grains auprès d'autres personnes. Le remboursement de grains dans une situation alimentaire déjà précaire plonge la famille une fois de plus dans un nouveau cas de dépendance. L'emprunt de grains se fait avec des conséquences très lourdes c'est-à-dire qu'une « tine » de céréales empruntées pendant la période de soudure entraîne le remboursement de deux « tines » de la même céréale à la récolte qui, très souvent, s'avère déficitaire. Ainsi, le producteur qui se retrouve dans une telle situation est plongé dans le cercle vicieux de la dépendance extérieure. Cette stratégie sera représentée par le code « Emg ». 3.1.9. Emprunter de l'argentL'emprunt d'argent tout comme l'emprunt de grains n'est pas très courant car : - le déficit céréalier étant un problème commun, le nombre de prêteurs devient fort réduit ; - la peur de s'humilier, de paraître comme un mendiant aux yeux des autres entraîne également une réticence. Le code utilisé pour représenter cette stratégie est « Emar ». 3.1.10. Migrer provisoirementLa migration temporaire est connue dans les zones où les jeunes sont nombreux. L'émigration temporaire entraîne une diminution de la ration alimentaire journalière suite au départ des membres du ménage. Les sites aurifères les plus fréquentés sont : Koudouma, Nounmou, Tanlili (Yatenga), Zondoma. Le maraîchage est également une activité qui amène les jeunes à se faire embaucher dans le Passoré voisin. Cette stratégie sera représentée par le code « toud ». 3.1.11. Migrer définitivementLa migration définitive la plus courante est effectuée vers la République de Côte d'Ivoire. La contribution des personnes vivant en Côte d'Ivoire dans l'approvisionnement en nourriture est non négligeable. Certains chefs de ménage déclarent que sans un soutien de leurs proches résidant en Côte d'Ivoire, il leur est impossible de survivre une année car il y a plus de bouches à nourrir que de bras valides. Le code utilisé pour représenter cette stratégie est « Migr ». 3.2 Abalyse quantitative des stratégies d'adaptationSous ce titre, une analyse quantitative des stratégies d'adaptation des ménages est effectuée. La démarche empruntée est la description des taux d'adoption de ces stratégies pour les cinq dernières années, qui est suivi d'une analyse des comportements des ménages pour la même période où nous passerons en revue toutes les stratégies. 3.2.1. Comportement des ménages en 1999Tableau 21 : Taux d'adoption des stratégies d'adaptation en 1999
Source: Données de l'enquête Au niveau de la strate A, les trois stratégies les plus courantes sont : la diminution de la ration journalière (46%), l'obligation de vendre des animaux pour couvrir les besoins alimentaires (46%) et la migration temporaire d'une partie du ménage (36%). Dans cette même strate, les trois stratégies les moins courantes sont : la migration définitive d'une partie du ménage (2%), l'obligation de vendre d'autres biens pour couvrir les besoins alimentaires (4%), et l'emprunt de grains (4%). Dans la strate B, les trois stratégies d'adaptation prédominantes sont : l'obligation de vendre des animaux pour couvrir les besoins alimentaires (70%), la préparation de repas composés en grande partie de feuilles (69%) et la diminution de la ration journalière (65%). Quant aux stratégies les moins observées, nous pouvons citer : la vente de biens autres que les animaux d'élevage pour couvrir les besoins alimentaires (2%), l'emprunt d'argent (4%) et le recours à l'aide alimentaire (7%). Ici, le test de Khi Deux est à nouveau utilisé pour savoir si les différences observées sont statistiquement significatives et la détermination du seuil de signification. Tableau 22: Résultats du test de Khi Deux année 1999
Source : Données de l'enquête Selon le tableau 22, au seuil de 1%, l'hypothèse d'égalité des taux d'adoption des stratégies suivantes : les repas composés en grande partie de feuilles, l'obligation de vendre des animaux pour satisfaire les besoins alimentaires du ménage est rejetée. Cela signifie que dans 99% des cas, l'appartenance à la strate A possède une incidence sur la réduction des stratégies comme l'obligation de vendre des animaux pour l'achat des vivres, la confection de repas composés en grande partie de feuilles. Au seuil de 5%, H0 est rejetée pour les stratégies de diminution du nombre de repas par jour et de diminution de la ration journalière. Les différences des taux d'adoption de ces stratégies sont statistiquement significatives dans 95% des cas. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. 3.2.2. Comportement des ménages en 2000Tableau 23 : Taux d'adoption des stratégies d'adaptation en 2000
Source: Données de l'enquête Dans la strate A, nous observons une régression sensible des stratégies comme la diminution de la ration journalière (46 à 34%), la diminution du nombre de repas par jour (32 à 26%), les repas composés en grande partie de feuilles (32 à 24%), le recours à l'aide alimentaire (8 à 4%), l'obligation de vendre des animaux (46 à 40), etc.. Cependant, quelques stratégies comme l'obligation de travailler dans le champ d'autrui, l'emprunt de grains et d'argent, ont connu une légère hausse de leur taux d'adoption. Dans la strate B, c'est l'inverse qui se produit. Seules deux stratégies d'adoption (repas composé en grande partie de feuilles et l'obligation de vendre des animaux) ont connu une légère baisse de leur taux d'adoption. Pour les autres stratégies, il est question d'une hausse de leur pratique. Tableau 24 : Résultats du test de Khi Deux année 2000
Source : Données de l'enquête (Fév 2004). Les résultats du tableau 24 montre que nous rejetons l'hypothèse H0 au seuil de 1%, pour la diminution de la ration alimentaire journalière, la diminution du nombre de repas par jour, les repas composés en grande partie de feuilles et enfin, l'obligation de vendre des animaux pour couvrir les besoins alimentaires du ménage. Statistiquement, il est donc correct de dire que l'appartenance à la strate A est déterminante pour les taux d'adoption de ces stratégies dans 99% des cas. Pour le cas des migrations définitives d'une partie du ménage les différences de pourcentage d'adoption observées sont statistiquement significatives dans 95% des cas. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. 3.1.3. Comportement des ménages en 2001 Tableau 25 : Taux d'adoption des stratégies d'adaptation en 2001
Source: Données de l'enquête Au niveau de la strate A, une hausse généralisée se présente dans les taux d'adoption de toutes les stratégies sauf celle stipulant la migration définitive d'une partie du ménage qui est restée constante. Pour la strate B, seule la stratégie énoncée précédemment a connu une baisse de son taux d'adoption. Trois autres stratégies que sont : l'obligation de vendre d'autres biens pour l'achat de céréales (4%), le recours à l'aide alimentaire (11%), l'emprunt de grains (8%) sont restés constants. Toutes les autres stratégies ont accusé une hausse de leur taux d'adoption. Le tableau suivant présente les résultats du test de Khi Deux et nous permet de nous prononcer sur les différences observées. Tableau 26 : Résultats du test de Khi Deux année 2001
Source : Données de l'enquête Au seuil de 5%, l'hypothèse d'égalité des taux d'adoption des stratégies dans les deux strates est rejetée pour le cas des repas composées en grande partie de feuilles et les ventes des animaux pour couvrir les besoins alimentaires du ménage. C'est dire que les différences de pourcentage observées dans l'adoption de ces stratégies sont statistiquement significatives dans 95% des cas. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. Cette année 2001 peut être perçue comme une année difficile au regard de la croissance des stratégies d'adaptation dans toutes les strates. Cela peut être expliqué par la baisse de la pluviométrie de la campagne écoulée (541.7 mm contre 671.7 mm voir tableau 1). 3.2.4. Comportement des ménages en 2002Tableau 27 : Taux d'adoption des stratégies d'adaptation en 2002
Source: Données de l'enquête Le tableau 27 révèle que, dans la strate A, aucune stratégie d'adaptation n'a connu une hausse du taux d'adoption. Les pratiques comme : l'obligation de vendre des animaux (48%), l'emprunt d'argent pour l'achat de céréales (10%), et la migration définitive d'une partie du ménage (0%) sont restées constantes. Toutes les autres stratégies d'adaptation ont accusé une baisse plus ou moins élevée de leur taux d'adoption. Au niveau de la strate B, les stratégies restées constantes sont : la migration définitive d'une partie du ménage (4%) et l'obligation de travailler dans le champ d'autrui (17%). Celles qui ont connu une baisse de leur taux d'adoption sont : la diminution de la ration alimentaire journalière (76 à 73%), la diminution du nombre de repas par jour (60 à 58%), le recours à l'aide alimentaire (11 à 10%), l'emprunt de grains (12 à 10%) etc. Dans cette strate, il existe des stratégies qui ont malheureusement connu une hausse de leur taux d'adoption. Ce sont : l'obligation de vendre des animaux (70 à 73%), et les repas composés en grande partie de feuilles (69 à 71%). Tableau 28 : Résultats du test de Khi Deux année 2002
Source : Données de l'enquête Au seuil de 1%, H0 est rejetée pour le cas de la diminution de la ration alimentaire journalière, la diminution du nombre de repas par jour, les repas composés en grande partie de feuilles et l'appui en aide alimentaire et, l'obligation de vendre des animaux pour couvrir les besoins alimentaires des ménages. C'est dire que les différences observées entre les taux d'adoption de ces stratégies pour cette année sont statistiquement significatives dans 99% des cas. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. 3.2.5. Comportement des ménages en 2003Tableau 29 : Taux d'adoption des stratégies d'adaptation en 2003
Source: Données de l'enquête Dans la strate A, il est observé une hausse sans précédent des stratégies d'adaptation. Une seule stratégie à savoir l'obligation de vendre d'autres biens pour l'achat de céréales a connu une baisse du taux d'adoption (2 à 0%). Toutes les autres stratégies sont en hausse de leur pratique. Pour le cas de la strate B, nous constatons une élévation généralisée de toutes les stratégies retenues pour cette étude. Tableau 30 : Résultats du test de Khi Deux année 2003
Source : Données de l'enquête Nous rejetons H0 au seuil de 5% pour le cas de la migration définitive d'une partie du ménage. Ainsi, l'appartenance à la strate A est un critère qui influence les valeurs des taux d'adoption de cette stratégie. La différence des taux d'adoption est significative dans 95% des cas. Au seuil de 1%, nous rejetons l'hypothèse d'égalité des pourcentages des repas cuisiner en grande partie avec des feuilles entre les deux strates. Statistiquement, il est donc correct de dire que les taux d'adoption de cette stratégie est significatif dans 99% des cas. Les différences de pourcentage d'adoption des autres stratégies ne sont pas significatives au seuil de 10%. Au vu de ces résultats, pour les cinq dernières années étudiées, nous constatons qu'elles peuvent être rangées en deux groupes. Les années difficiles caractérisées par une hausse généralisée des stratégies d'adaptation dans toutes les strates et une pluviométrie en baisse pour la saison hivernale écoulée (confère tableau 1). 3.2.6. Comportement des ménages les cinq dernières annéesComme pour le chapitre précédent, une synthèse des taux d'adoption est effectuée en utilisant des représentations graphiques. Ensuite, une analyse est faite pour chacune des stratégies prise individuellement. Graphique 3 : Stratégies d'adaptation des ménages de la strate A Pourcentages 100 40 20 90 80 70 60 50 30 10 0 Rat Rep Feui Aid VentA VentB Gara Emg Emar Toud Migr Stratégies An 99 An 01 An 02 An 03 Source : Données de l'enquête Pourcentages 40 20 80 70 60 50 30 10 0 Stratégies An 99 An 01 An 02 An 03 Source : Données de l'enquête 3.2.6.1. Diminuer la ration alimentaire journalièreEn moyenne, 51,2% des ménages de la strate A contre 72,4% des ménages de la strate B ont diminué la ration journalière chaque année. Pour la période considérée, la moyenne générale est de 61,8%. Selon Hallaire (1989), pour tous les cultivateurs de la zone soudano sahélienne se pose la question de la soudure. Pourra-t-on joindre les deux bouts de l'année, sans ne pas être contraint de diminuer les rations alimentaires les mois précédents la récolte suivante, qui sont précisément ceux où l'on a besoin de toutes les forces pour le travail du champ ? La diminution de la ration alimentaire peut prendre un caractère préventif. C'est dire que la stratégie est mise en place dans certains ménages vers les mois de janvier, Février pour faire plus de réserves pour la période hivernale où on a besoin de toutes les forces pour le travail des champs. En effet, des chefs de ménage enquêtés ont jugé qu'il est plus judicieux de réduire la ration alimentaire journalière pendant la saison sèche où il n'y a pratiquement pas d'activités. 3.2.6.2. Diminuer le nombre de repasAu niveau de la strate A, 40,4% des ménages ont utilisé cette stratégie. Il en est de même pour 59,4% des ménages de la strate B ce qui donne une moyenne générale de 49,8%. La diminution du nombre de repas, se fait en séquences. Pendant les récoltes, si un ménage prend trois repas, la restriction se fait selon l'ampleur du déficit. Un repas peut disparaître vers les mois de janvier, février, un autre à l'approche des périodes de semis mai juin. Et, selon le degré de la crise, le seul repas restant peut ne pas être régulier à cette période de l'année. Ici, comme pour la diminution de la ration alimentaire le nombre de repas peut être réduit alors que le déficit n'est pas présent. Pour Hallaire (1989), la période difficile de soudure se situe non pas en saison hivernale mais plutôt en saison sèche chez les habitants des Monts Mandara (République du Caméroun). 3.2.6.3. Cuisiner avec beaucoup de feuillesPour la période considérée par cette étude, 37,6% des ménages de la strate A contre 70,4% de la strate B ont adopté cette stratégie cela donne une moyenne générale de 54%. Les repas composés en grande partie de feuilles peuvent être préparés dans le soucis de varier le régime alimentaire. Cette option n'a pas été prise en compte pour cette étude. Ici, il est question de l'obligation de faire des repas composés en grande partie ou essentiellement de feuilles suite à une carence de céréales où dans le soucis de combler un déficit. La cueillette des feuilles pour la cuisine permet dans certaines familles de réduire de moitié la dotation quotidienne de céréales. 3.2.6.4. Bénéficier d'une aide alimentaireEn moyenne, 8% des ménages de la strate A contre 12,4% de la strate B ont bénéficié d'une aide alimentaire soit une moyenne générale de 10,2%. L'aide alimentaire destinée aux villages est jugée insuffisante par les producteurs en ce sens que la dotation par ménage bénéficiaire ne dépasse pas très souvent 10 Kg de céréales, dans le cas des aides distribuées gratuitement. Pour les subventions, cela est fonction de la disponibilité financière et de la dotation par village. 3.2.6.5. Obliger de vendre des animauxAu niveau de la strate A, 51,2% des ménages ont adopté cette stratégie contre 72,4% des ménages de la strate B. La moyenne générale de l'échantillon est de 61,8% des ménages échantillonnés. Ici, il est question des ventes d'animaux pour l'achat des vivres du ménage celles occasionnées pour les autres besoins ( fêtes, voyages ) ne sont pas concernées. Les animaux d'élevage en particulier ovins et caprins sont les biens disponibles et facilement vendables par les ménages pour résoudre le déficit céréalier. En effet, selon Savadogo et Larivière (1993), les ménages préfèrent avoir recours à des moyens sous leur contrôle et quine changent pas fondamentalement leur position au sein de la société avant de recourir à d'autres voies. Dans ce cas précis, les animaux (ovins, caprins) représentent le bien le plus disponible. 3.2.6.6. Obliger de vendre d'autres biensAu total, 2% des ménages de la strate A contre 2,4% des ménages de la strate B ont appliqué cette stratégie soit une moyenne générale de 2,2%. Le bien couramment vendu est le vélo. Avoir un vélo en milieu rural est en même temps une nécessité pour les déplacements, et ne pas en avoir est souvent vu comme un signe de pauvreté. Des chefs de ménages pour exprimer leur pauvreté extrême ont affirmé « ne même pas avoir un vélo ». 3.2.6.7. Travailler dans le champ d'autruiEn moyenne, 14,8% des ménages de la strate A contre 17% des ménages de la strate B ont pratiqué cette stratégie. Cela donne une moyenne de 15,9% pour l'échantillon étudié. Le caractère dégradant, de perpétuelle dépendance sont les principaux traits caractéristiques du travail dans le champ d'autrui contre une rémunération. A ce titre, le commentaire des chefs de ménages en dit trop (Paragraphe 5.1.7. ). 3.2.6.8. Emprunter des grains ou de l'argentL'emprunt de grains ou d'argent sont des stratégies qui ne sont pas courantes. Au niveau de la strate A, 8% et 9,6% des ménages ont respectivement emprunté des grains et de l'argent. Dans la strate B, on a respectivement 9,8% et 8,6% soit une moyenne générale de 8,9% et 9,1% pour l'échantillon étudié. Ces stratégies ne sont pas courantes car dans une situation d'insécurité alimentaire généralisée, liée à une pauvreté grandissante rares sont les gens qui sont en mesure de porter secours à d'autres personnes. 3.2.6.9. Migrer provisoirementC'est le cas des migrations provisoires d'une partie du ménage. Cette stratégie a concerné en moyenne 38% des ménages de la strate A contre 44,6% des ménages de la strate B soit une résultante de 41,3%. L'émigration vers les sites aurifères, la Côte d'Ivoire et d'autres horizons permettent l'achat de vivres pendant la saison sèche où les prix des céréales sont encore bas. En effet, selon Savadogo et Larivière (1993), les activités non-agricoles génératrices de revenus contribuent de façon importante à la sécurité alimentaire. Selon Lombard (1989), en pays serer (République du Sénégal), les jeunes quittent la famille et la femme « pileuse » saura quelle quantité elle doit piler et si elle doit diminuer ou augmenter la ration. C'est dire que cette stratégie, que l'on soit en pays Serer ou au Zondoma, outre l'approvisionnement possible d'argent permet une réduction probable de la ration alimentaire journalière suite au départ d'autres membres du ménage. 3.2.6.10. Migrer définitivementEn moyenne, 0,4% des ménages de la strate A, contre 9% des ménages de la strate B ont connu une migration d'une partie du ménage ce qui donne une moyenne de 4,7%. Cette stratégie est caractéristique du désespoir. Une partie du ménage opte pour l'émigration définitive quand elle trouve son avenir compromis face à la pléiade de difficultés qui caractérisent le secteur agricole. Cela semble vraie car la majeur partie des CM ont l'agriculture comme activité principale (plus de 93% confère tableau 6). En effet, selon Kermel-Torres (1987), l'incertitude, le risque, les aléas climatiques les pertes élevées caractérisent le secteur agroalimentaire plus que d'autres, tant au niveau de la production, du marché que de l'accès des individus à une ration alimentaire convenable. Les stratégies d'adaptation rencontrées dans les ménages sont multiples. Toutes les stratégies identifiées dans la littérature ont connu des taux d'adoption plus ou moins élevés selon la strate et l'année considérée. Cela est en conformité avec notre hypothèse de départ selon laquelle : il existe une multitude de stratégies d'adaptation des ménages en matière de sécurité alimentaire à l'instar d'autres régions. Cette situation traduit également le faible niveau de sécurité alimentaire d'où la multitude des stratégies d'adaptation. Tableau 31 : Résultats du test de Khi Deux (Pour cinq ans)
Source : Données de l'enquête Au seuil de 1%, l'hypothèse d'égalité des taux d'adoption entre les strates est rejetée pour la confection de repas composés en grande partie de feuilles. C'est dire que dans 99% des cas, l'appartenance à la strate A engendre une réduction du taux d'adoption de cette stratégie. Au seuil de 5%, l'hypothèse d'égalité des taux d'adoption entre les deux strates est rejetée pour les stratégies suivantes : la diminution de la ration alimentaire journalière, l'obligation de vendre des animaux pour l'achat des vivres. Ces résultats montrent que dans 95% des cas les différences des taux d'adoption sont significatives. C'est dire que l'appartenance à la strate A possède une incidence sur l'adoption de cette stratégie. Au seuil de 10%, l'hypothèse H0 est rejetée pour la migration définitive d'une partie du ménage et la diminution du nombre de repas par jour. Statistiquement, il est correct de dire que dans 90% des cas les différences de taux d'adoption observées pour ces stratégies sont significatives. L'année 2003 a été très particulière au regard de la croissance rapide des différents pourcentages. Certains chefs de ménage ont expliqué cette situation par le déficit pluviométrique de la campagne précédente (campagne agricole 2002 - 2003), et aussi par le retour massif des immigrés de la Côte d'Ivoire. A ce propos plus d'un chef de ménage nous a fait savoir que leurs fils qui étaient en République de Côte d'Ivoire et qui leur venaient en aide pendant les années difficiles passées sont devenus une charge pour eux en 2003. De façon générale, pour les cinq dernières années qui ont précédé cette étude, nous constatons que les taux d'adoption des différentes stratégies évoluent en dents de scie pour le cas de la strate A. C'est dire que le PSAZ au cours de ses multiples interventions sur le terrain n'a pas éradiqué le problème d'insécurité alimentaire. Cependant, il faut reconnaître que son action a eu un impact sur la réduction des stratégies d'adaptation ou de survie en ce sens que la vulnérabilité de la strate A est réduite. En effet, l'ampleur des stratégies d'adaptation de la strate A est liée aux variations pluviométriques qui sont également en dents de scie. Or, dans la strate B, nous assistons à une augmentation progressive de la plupart des taux d'adoption des différentes stratégies d'adaptation. Avant que les activités du PSAZ ne commencent, une différence significative dans 95% des cas était observée pour la diminution de la ration alimentaire journalière. Par la suite, une autre stratégie à savoir la diminution du nombre de repas par jour a connu une différence significative dans 90% des cas. Cela est imputable aux actions du PSAZ, des autres partenaires et aussi de la population locale. De plus, le PSAZ a apporté plus d'espoir aux populations de sa zone d'intervention d'où la réduction et la différence significative de la migration définitive d'une partie du ménage. Ainsi, la naissance d'espoir peut retenir les ressources humaines nécessaires pour la réalisation de la seconde phase du PSAZ.
Chaque année, le risque de soudure existe dans la province du Zondoma et pourtant, il ne semble pas que la désertion des campagnes s'y opère, que la famine se répand. En effet, les producteurs font peuvent d'un certain dynamisme face à la crise. Leurs réactions s'avèrent plus ou moins efficaces puisque le résultat les inscrit dans leurs terroirs. Tant bien que mal, l'agriculture au Zondoma se maintient malgré tout et réussit encore à faire vivre de fortes densités de population, du moins une partie de l'année. Les indicateurs technico-économiques utilisés montrent que les exploitations agricoles fonctionnent à perte. Cette perte est estimée à une moyenne de 15 375 F CFA par hectare exploité. Le revenu agricole par hectare, qui mesure la quantité d'argent et de produit q'un champ d'un hectare met à la disposition du chef de ménage pour entretenir sa famille et constituer sa fortune est en moyenne 24 624 F CFA pour les cultures pluviales. Le revenu agricole est estimé à 933 989 F CFA par ménage. Pour la même campagne agricole (2003- 2004), le taux de couverture alimentaire de l'échantillon étudié est de 67,67% soit un déficit de 32,33%. Les résultats de l'analyse montrent qu'au cours des cinq dernières années les stratégies préventives / correctives adoptées de façon conjointe dans les deux strates sont : l'élevage de la volaille et l'élevage des ovins et caprins. Ensuite viennent les techniques de conservation des eaux et des sols (CES) dont les taux d'adoption varie en fonction de la texture du sol des villages échantillonnés. Les stratégies concernées sont : la pratique du Zaï, des cordons pierreux, et des demi-lunes. Les stratégies préventives / correctives les moins observées sont le maraîchage, la pratique des demi-lunes. Dans la strate A, tout comme dans la strate B, nous constatons une augmentation de la plupart des pourcentages d'adoption des différentes stratégies. Pour les cinq dernières années considérées la strate B enregistre une différence significative de la strate A dans le cas de l'adoption des stratégies telles que la pratique des cordons pierreux, le zaï, les demi-lunes, et la possession d'une fosse fumière. L'analyse des stratégies d'adaptation montre que celles-ci varient en dents de scie dans la strate A. Cette évolution suit également les hauteurs pluviométriques de l'année précédente. Plus la pluviosité est basse et plus les stratégies d'adaptation des ménages prennent de l'ampleur. Dans la strate B, l'adoption de ces stratégies évolue d'année en année avec un sommet pour l'année 2003. La strate A n'est pas en reste quant à cette hausse des stratégies d'adaptation de la dite année. La plupart des chefs de ménage expliquent le déficit par la pluviosité insuffisante de l'année précédente (2002) et par le retour massif des proches qui résidaient en République de Côte d'Ivoire. De façon générale, au vue des résultats du test des moyennes pour les cinq dernières années, la strate A se diffère de l'autre dans l'adoption des stratégies d'adaptation. L'appartenance à la strate A engendre un effet dans la régression des stratégies d'adaptation telle la diminution de la ration alimentaire, la diminution du nombre de repas par jour, l'obligation de vendre les animaux pour l'achat des vivres et les migrations définitives. Selon Savadogo et Larivière (1993), la connaissance des stratégies des ménages en matière de sécurité alimentaire permet un renforcement éventuel de celles-ci par des politiques économiques appropriées et ciblées sur le milieu rural. En effet, Selon la FAO (1999), lors des famines il est préférable d'appuyer les stratégies d'adaptation des unités domestiques plutôt que de mettre en oeuvre des mesures verticales telles que les programmes de travaux publics d'urgence ou les programmes d'alimentation. Ainsi, au terme de cette étude des suggestions peuvent être proposées en vue d'appuyer quelques stratégies. - Renforcer la prise en charge partielle de la construction des fosses fumières et la démonstration du bien fondé de ces ouvrages. Dans le village de Koundouba (un village de la strate B) une initiative similaire a été bien approuvée par les producteurs de ce village. - Certaines stratégies préventives en l'occurrence les plus courantes, déjà mise en place par les acteurs locaux méritent d'être soutenues. Il s'agit notamment de l'élevage de la volaille et de l'embouche des petits ruminants qui doit s'accompagner d'une auto évaluation pertinente. - Au niveau des stratégies d'adaptation un appui spécifique aux groupes vulnérables sera propice. Cet appui entraînerait sans doute la réduction des stratégies néfastes comme le travail dans les champs des autres, l'emprunt d'argent ou de grains qui peuvent compromettre les relations sociales. Selon CTA et UE (1998), l'un des principaux instruments permettant d'assurer un service d'aide alimentaire auprès des groupes vulnérables consiste à mettre en place des projets « vivres contre travail » ou travaux publics à forte intensité de main-d'oeuvre où les participants sont soit partiellement soit totalement payés en vivres et non en espèces. Une telle initiative permettra de rompre le cycle perpétuel d'insécurité des ménages vulnérables. L'efficacité d'une telle oeuvre serait de s'appuyer sur le contexte socioéconomique de la province du Zondoma. Ces résultats, basés sur un échantillon de 150 ménages, peuvent servir d'élément de base pour les investigations futures. Malgré, les insuffisances et les lacunes que pourraient comporter ce travail, les résultats pourraient être certainement exploitables pour une bonne compréhension des comportements des ménages dans la recherche d'une sécurité alimentaire, un facteur fondamental pour le développement durable. Pour un meilleur approfondissement de ce travail nous suggérons que la stratégie de cultiver sur des sols de granulométries différentes soit prise en compte et qu'une base de données socioéconomiques fiables soit mise en place. Celle-ci devrait prendre en compte toutes les opérations de production des différentes parcelles. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Service de Statistiques Agricoles, 2003., Résultat de l'enquête Permanente Agricole, Campagne 2002-2003, document en cours d'édition. Sinaré T., Toé/Foro, A., Kaboré, I., Sinaré/Millogo A., Konkobo, A., 2001., Formation en réalisation d'enquêtes quantitatives appliquées à la santé de la reproduction, support de formation, 17p.
Exploitation n°: Section n°1 : caractéristiques socioéconomiques du chef de ménage Nom et prénom (s) du chef de ménage :
Exploitation n°: Section n°2 : composition du ménage
Exploitation n°: Section n°1 : stratégies préventives et/ou correctives
3 Pour chaque année on écrira le chiffre (un) devant les stratégies qui sont adoptées et le chiffre (02) devant celles qui n'ont pas été adoptées. Exploitation n°: Section n°2: stratégies d'adaptation
4 Le principe de remplissage de la page précédente sera utilisé. GESTION DES RESSOURCES DE PRODUCTION AGRICOLE Village : Exploitation n°: Section n°1 : Identification du capital fixe de l'exploitation
GESTION DES RESSOURCES DE PRODUCTION AGRICOLE
Village: Section n°2 : évaluation des charges de
location du matériel
Village : Exploitation n°: Section n°2 : coût de production en culture pure Campagne 2003 - 2004
5 Définir l'unité et préciser si le produit est égrainé ou avec les tiges. 6 Définir l'unité 1 :sac de 100kg 2 : assiette yorouba 3 :ananka moré 4 : sac de 50kg 5 : autres à préciser. 7 Définir l'unité. 1:charrette 2: brouette 3: sac de100kg 4: sac de 50kg 5: autres (àpréciser) Village : Exploitation n°: Section n°3 : coût de production en association de culture Campagne 2003 - 2004
8 8 Définir l'unité et préciser si le produit est égrainé ou avec les tiges 9 Définir l'unité 1 :sac de 100kg 2 : assiette yorouba 3 :ananka moré 4 : sac de 50kg 5 : autres à préciser. 10 Définir l'unité. 1:charrette 2: brouette 3: sac de100kg 4: sac de 50kg 5: autres (àpréciser) VILLAGE : Exploitation n°: Section n°4 : évaluation de la production animale et des charges variables
Conduite de l'élevage
11 Dans chaque colonne, préciser le type d'espèce qui est élevé. QUESTIONNAIRE SUR LES CAPACITES COMMUNAUTAIRES EN MATIÈRE DE SECURITE ALIMENTAIRE Département: Village:
| "I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..." |