PREMIERE PARTIE :
CADRE DE REFERENCE
CHAPITRE I : Revue
critique de la littérature
Cette revue critique permet de faire une fouille approfondie
des théories et approches qui ont déjà été
émises par des chercheurs sur le phénomène que nous
cherchons à expliciter.
Dans les travaux du mémoire pour l'obtention du grade
de docteur en sciences économiques de Mr Jean-Marc Callois de
l'université de bourgogne en 2005 intitulé :
« APPROCHES MICROÉCONOMIQUES DU
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE LOCAL : PRISE EN COMPTE DE LA NOTION DE
CAPITAL SOCIAL DANS L'ANALYSE DES ESPACES
PÉRIPHÉRIQUES »,
De par les propos du professeur Jean-Marc
CALLOIS dans son mémoire pour l'obtention du grade de docteur
en sciences économiques « Le
développement des zones périphériques n'en finit pas de
poser problème aux théoriciens comme aux praticiens du
développement. L'augmentation des disparités de niveau de vie
entre pays du monde ou entre régions d'un même pays, malgré
des politiques nombreuses affichant un objectif de réduction des
inégalités, constitue à la fois une énigme et une
menace potentielle pour l'équilibre social, voire parfois politique. Les
tentatives pour trouver des régularités (convergence, loi de
Kuznets...), ou d'édicter des méthodes générales
(planification, plans d'ajustement structurel...) en matière de
développement se sont révélées dans l'ensemble
assez décevantes. Les success stories ont en général
été inattendues, et les tentatives de les reproduire rarement
convaincantes, qu'il s'agisse des districts industriels italiens ou des dragons
asiatiques. »
Le chercheur de par une opinion économiste du
phénomène revient sur les modèles économiques
néoclassiques intégrant la dimension spatiale. Ces travaux
permettent de voir au niveau micro-économique les variables clés
qui interviennent dans les disparités existantes entre deux situations
économiques, plus précisément pour ce qui est relatif
à cette étude : la situation de la ou évolue les
acteurs économiques. . En faisant appel au rapport effectué sur
les organisations paysannes par Alain de Janvry et Elisabeth
Sadoulet (Université de Californie à Berkeley)
intitulé : Organisations Paysannes et Développement
Rural au Sénégal, un rapport soumis par
à la Banque mondiale Norvégien Trust Fund for Environmentally and
Socially Sustainable Development en satisfaction de la seconde phase du projet
de recherche. Les auteurs par ces propos suivants abordent la question relative
au niveau d'agrégation des organisations de producteurs :
« La diversité des niveaux d'agrégation n'est pas moins
grande. Une OP peut se situer uniquement au niveau village. Ou bien elle peut
appartenir à une union régionale ou sous-régionale
d'organisations. Cette même union peut ou non appartenir à une
fédération nationale. Certaines fonctions assumées par les
organisations sont liées à leur niveau d'agrégation : par
exemple, la fonction de représentation se situe souvent uniquement au
niveau national. Une coopérative de cotonniers créée pour
des fonctions économique et technique au niveau local, peut appartenir
à une union des coopératives de cotonniers qui défendra au
niveau national les intérêts des cotonniers. La fonction de
développement se situe elle souvent au niveau local
seulement. »
En revenant sur les arguments du docteur Callois nous pouvant
extraire : « Ce chapitre fait le point sur
l'intérêt et les limites d'une approche intégrée,
combinant la prise en compte de raisonnements économiques et
sociologiques pour étudier le développement des zones
périphériques. Il commence par discuter les relations entre
économie et sociologie, les enjeux scientifiques et pratiques qu'elles
soulèvent, et quelques tentatives de rapprochement entre ces deux
disciplines (2.1). Il discute ensuite les difficultés qu'il y a à
utiliser directement une approche pluridisciplinaire inspirée de la
philosophie du développement local dans le cadre d'une recherche
scientifique (2.2). Enfin, il conclut sur l'intérêt de se fonder
sur les mécanismes économiques, donc d'être enraciné
dans la science économique, pour étudier le rôle des
facteurs sociologiques dans le développement économique (2.3)
Chap. 2.p20 ».
Par ailleurs ces travaux trouvent des limites en dépit
l'intégration des facteurs sociologiques, il était question de
voir leurs influence sur le développement économique local. Car
pour le cas spécifique du Sénégal, la prise en compte de
ces modèles économiques nécessite un dispositif de
recueille et d'actualisation d'informations sur la vie économique
locale. Donc le champ d'application de ces modèles est limité
à des pays avec une configuration économique maitrisée, ce
qui fait défaut dans les PMA dont le Sénégal fait
parti.
En se tournant vers la note de synthèse sur le
développement économique local publiée par Geert
Van Boekel, (Expert de l'OIT en DEL - PDHL Maputo) Carlien Van
Empel, (Secteur de l'Emploi, OIT Genève), nous pouvons y voir
une nouvelle approche du développement économique local.
Nous pouvons noter en ces quelques lignes sur leur
définition du développement économique local:
« Le développement économique local est une
stratégie de promotion de l'emploi à travers le
développement de micro et petites entreprises, le renforcement du
dialogue social et de la planification du développement. Au centre de
cette approche figure la création de partenariats entre secteur public
et privé afin de regrouper les acteurs de l'économie locale, y
compris les représentants gouvernementaux et locaux, les associations
patronales et syndicales, les chambres de commerce, les coopératives,
les groupements de producteurs, les organisations féminines et les
autres ONG. »
Cette approche nouvelle du développement
économique local met en exergue sa dimension sociologique en plus des
aspects économiques, ce qui permet dans le contexte spécifique du
Sénégal qui relativement identique à celui du Mozambique,
pays où ce programme fut élaboré et mise en oeuvre. Ce
programme dénommé PDHL (programme de développement humain
à l'échelle locale) 1, menée par l'UNOPS (Bureau des
Nations Unies pour la fourniture de services aux projets) avec l'appui du BIT
a un champ d'application adaptable au contexte actuel du
Sénégal.
A part le cadre théorique et conceptuel promu par ce
programme PDHL, il y'a aussi la façon de faire, en d'autre terme les
stratégies qui doivent être mise en oeuvre pour une impulsion du
développement économique local : « Se
fondant sur l'utilisation rationnelle des capacités et des ressources
locales, les acteurs doivent définir des priorités communes pour
le développement de leur région, en tenant compte des contextes
sociaux et environnementaux. Le partenariat peut être crée au sein
d'un forum ou être institutionnalisé à travers la
création d'une Agence pour le Développement Economique Local
(ADEL). Ceci contribuera au renforcement des capacités pour une plus
grande sensibilisation des populations aux besoins en matière de
développement de leur région et d'établir des liens au
niveau national et international. L'expérience a montré que dans
les régions marquées par des conflits ou en phase de transition
socio économique, l'approche DEL peut contribuer à la
réconciliation en cours et au succès des processus de
décentralisation et de démocratisation.
Sur le continent africain, pour ne citer qu'un exemple, le
BIT apporte une assistance technique de type DEL au
Mozambique. »
A travers cette approche où une promotion des
ressources locale (humaines, matérielles, physiques, matérielles
...etc.), avec un certain degré de responsabilisation des acteurs
économiques locaux.
Nous pouvons noter une différence à travers les
stratégies d'intervention qui se déroulent selon les axes
suivantes :
Ø Une amélioration des services de
soutien aux activités productives
Ø Renforcement des capacités locales
(potentielles)
Ø La promotion et la création d'agence
provinciales du DEL
Pour ce qui est relatif à cette approche, une
critique relative au contexte spécifique du Sénégal fut
formulée. Car le troisième axe d'intervention à savoir la
promotion et la création d'agences provinciales du DEL ne s'aurait
être une bonne idée dans le cas la configuration institutionnelle
actuelle des collectivités locales au Sénégal. Car au
niveau nationale l'ASPRODEB est chargé de la mise en place, du suivi et
de l'appui des CLCOP dans chaque communauté rurale ; ce travail se
faisant avec l'appui de l'ANCAR qui met à leur disposition un CAR pour
chaque communauté rurale dotée de CLCOP. La mise en place d'un
autre dispositif d'appui au développement local en d'autres termes aux
organisations paysannes installera un climat de conflit qui ne sera pas au
profit des acteurs économiques locaux.
Enfin, les travaux tenus sur le développement
économique local à travers un séminaire organisé
les 07-08 Avril 2005 à l'ENEA et animé par Mr Demba Niang
(coordonnateur du CEPAD/MCLD), ont attirés notre attention à ce
niveau de la recherche. Car ces travaux appréhendent le DEL avec une
approche différente des deux précédentes. Axant son
développement sur une identification des parties prenantes du DEL qui
sont les acteurs économiques locaux, des institutions privée et
publiques de la collectivité locales. Ces propos sont reprise en ces
lignes suivantes :« En parlant de développement
économique local, cela renvoie la question à l'analyse d'une
double problématique :Celle d'une espace géographique, d'une
entité socio-économique au sein desquels différents
acteurs se retrouvent, fonctionnant avec des logiques propres ; dans une
perspective de développement dont la charge incombe d'abord au pouvoir
politique local même si, de plus en plus, des voix
s'élèvent sur la nécessité de partager les
responsabilités avec les autres acteurs. Et celle des institutions avec
des services, des moyens et matériels dont la gestion obéit
à une logique d'entreprise même si elle ne l'est
pas. »
Une approche basée sur les stratégies de
mobilisation des ressources disponibles, une gestion rationnelle et optimale
de ces ressources, une disponibilité des informations relatives à
la vie économique locale et une quantification de la contribution du DEL
au développement de la communauté. Donc en qui concerne les
idées promues animateur de ce séminaire ; nous faisons
constat d'un argumentaire solide que l'auteur affecte à chaque rubrique
d'appréhension du DEL. Mais il se trouve que cette approche trouve ces
limites à travers les données qualitatives et quantitatives
prises en guise d'exemples. Car ces informations relevant d'une étude
ayant été effectuées dans la commune de Saint Louis. Ceci
se confirme par ces propos suivants : « Dans le cadre du
programme de relance des économies locales en Afrique de l'Ouest, la
ville de Saint Louis et son département, le Delta du Fleuve
Sénégal, ont abrité l'étude sur l'économie
locale, à l'instar d'une douzaines de villes de la sous-région de
l'Afrique de l'Ouest.
Au terme des premières études, qui ont
duré en moyenne huit mois, des éléments de constat ont pu
être dégagés : ... »
Ceci étant, cette approche de Mr Demba Niang peut
être critiquée par le niveau local dont il est question dans ces
exemples. Car l'existence de disparités entre les réalités
du milieu rural et milieu urbain fait qu'une étude limitée
à la collectivité locale qui est la commune, ne peut avoir des
conclusions qui relatent la situation au niveau communauté rurale. Le
fait que l'auteur ne prend pas en compte les rôles et
responsabilités des acteurs eux même dans le processus de
développement économique local.
Force est de savoir que de toutes ces théories et
approches celle déclarées et adoptées par l'UNOPS (Bureau
des Nations Unies pour la fourniture de services aux projets) avec l'appui du
BIT dans le cadre du PDHL (programme de développement humain à
l'échelle locale) élaboré et mis en oeuvre en Mozambique
est plus en articulation avec notre sujet d'étude.
Car le réel but de cette phase étant de cadrer
notre problématique par rapport à la littérature
existante, mais surtout de prendre position pour asseoir et éclairer
notre porte d'entrée à l'analyse de cette thématique.
Nous allons cependant passer à la problématique
de cette recherche sur le développement économique local.
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