SECTION I : LA LIBERALISATION DU PLACEMENT
La libéralisation du marché du travail ou du
placement des travailleurs fait suite à la ratification par la
Côte d'Ivoire de la convention N° 96 du Bureau International du
Travail (BIT), sur les bureaux de placement payants à l'abrogation de
l'article L.48 du code du travail de 1964.
Elle a vu naître des bureaux ou offices privés de
placement ainsi que de l'Agence d'Etude et de Promotion de l'Emploi (AGEPE)
à la place de l'OMOCI.
A - LES BUREAUX OU OFFICES PRIVES DE PLACEMENT
Les bureaux de placement ont été
autorisés en Côte d'Ivoire à la suite de l'abrogation de
l'article L.48 du code du travail de 1964, par l'ordonnance N° 91-1032 du
31 décembre 1991, mise en application par décret N°92-89 du
17 février 1992.
1 - Définition de bureaux privés de
placement
Aux termes de l'article premier du décret N°92-89
du 17 février 1992 : « est dénommé bureau
de placement payant à fin lucrative, toute personne physique ou morale
qui effectue en qualité de simple intermédiaire et moyennant
rémunération des opérations de placement des travailleurs
auprès des employeurs ».
L'article 4 dudit Décret dispose en outre que :
« toute personne physique ou morale qui souhaite procéder
à l'ouverture d'un bureau de placement payant à fin lucrative
doit remplir des conditions visées à l'article 1 ci-dessus, et
à déposer auprès du Ministre chargé de l'emploi ou
du travail un dossier d'autorisation ».
Concernant les conditions à remplir, il faut être
majeur et jouir des ses droits civils et civiques, n'avoir pas
été l'objet d'une condamnation définitive à une
peine d'emprisonnement ou d'amende pour crime ou délit contre l'honneur
ou la probité ou pour tentative ou complicité de ces mêmes
infractions, ne pas occuper un emploi rémunéré dans une
administration publique ou un établissement public. S'il s'agit d'une
personne morale, les conditions prévues ci-dessus doivent être
remplies par la ou les personnes ayant qualité pour la
représenter.
2 - Rôle des bureaux privés de
placement
Les bureaux privés de placement sont les acteurs du
cadre de cette libéralisation. Leurs fonctions consistent principalement
en la prospection et le placement.
Ø La prospection
La prospection est considérée comme une fonction
auxiliaire du placement. Elle vise deux objectifs : constater là
où il se manifeste des besoins en main-d'oeuvre et les cas
d'inadaptation de celle-ci, inciter les employeurs à recourir aux
cabinets privés pour y remédier. A cet effet, plusieurs
méthodes sont utilisées afin d'élargir le portefeuille de
l'offre.
Certains cabinets organisent des rondes
régulières auprès des entreprises afin de convaincre les
employeurs réticents de l'utilité de leurs services. Ils
proposent même des collaborations d'essai et promettent pleine
satisfaction. Quelques fois, ils vont même jusqu'à faire appel aux
techniques modernes de communications et de persuasion.
D'autres catégories de cabinets orientent leur
prospection non pas vers les grandes entreprises mais plutôt en direction
des ménages et des petites entreprises et industries. Ce sont les
cabinets de multiservices.
Ø Le placement
Le placement n'est pas constitué par un série
d'opérations standardisées dictées par des techniques
uniques universellement reconnues comme les plus efficaces. Le placement
utilise divers outils, recourt à des multiples techniques et s'adresse
à des usagers parfois très différenciés.
Les opérations portent aussi sur la sélection
des candidats susceptibles d'avoir le profil à l'exercice de l'emploi,
et pour cela, on introduit plusieurs types de tests. Puis vient le
rapprochement de l'offre à la demande.
Les cabinets les mieux organisés continuent
l'opération de placement par un suivi ultérieur. D'autres peuvent
s'organiser de manière à satisfaire des groupes de plusieurs
individus à la fois en se dispensant de l'enregistrement.
Ces bureaux privés de placement doivent tenir à
jour un registre d'offres d'emploi et un autre relatif aux demandes d'emploi.
Toutes ces informations doivent être fournies périodiquement
à l'Agence d'Etude et de Promotion de l'Emploi (AGEPE).
B - L'AGENCE D'ÉTUDE ET DE PROMOTION DE L'EMPLOI
(AGEPE)
Pour faire face aux besoins de la masse des demandeurs
d'emploi, l'Etat a préservé une structure publique dont les
missions ont été redéfinies. Ainsi, le décret
N°93-221 du 3 février 1993 crée l'Agence d'Etude et de
Promotion de l'Emploi (AGEPE).
Ø 1 - Les attributions de l'AGEPE
L'AGEPE reprend en partie les attributions de l'OMOCI (office
de la main-d'oeuvre de Côte d'Ivoire), mais elle a également des
missions nouvelles plus étendues. Son statut est celui d'un
établissement public à caractère industriel et commercial.
Elle est placée sous la double tutelle du Ministère de l'Emploi
et du ministère de l'Economie et des Finances.
L'AGEPE assure deux grandes missions : celle de
l'observatoire de l'emploi d'une part, et celle de la promotion de l'emploi
d'autre part. a cet effet, elle est chargée de :
- constituer une base de donnée relative à
l'emploi, à la formation et au chômage ;
- réaliser et diffuser toute documentation sur
l'emploi, l'observation et les résultats des études et
enquêtes ;
- rechercher avec le Ministère chargé de
l'Economie et des Finances (MEF) le financement pour les programmes
d'emploi;
- mettre en oeuvre les programmes d'emploi et de formation
initiés par le gouvernement ;
- assurer le conseil en recrutement et en gestion des
ressources humaines ;
- assurer la gestion administrative et financière de
l'aide au chômage ;
- recenser, sélectionner, conseiller et orienter les
demandeurs d'emploi ;
- prospecter le marché de l'emploi en vue du placement
des demandeurs d'emploi ;
- la gestion d'agrément.
2 - La prospection et le placement à
l'AGEPE
Ø La prospection
Les prospections à l'AGEPE sont faites par les chefs
d'antenne et comprennent deux grandes phases :
La première phase est dite phase préparatoire.
Elle consiste à répertorier dans la zone de compétence de
l'antenne toutes les entreprises auprès desquelles on pourra avoir des
offres d'emplois. Un registre est préparé et comporte
différentes rubriques comme le nom de l'entreprise, sa localisation, le
numéro de téléphone, etc. cette phase est également
marquée par la confection des prospectus.
La seconde phase est appelée phase active. Elle
consiste à prendre rendez-vous avec les différentes entreprises,
à leur distribuer des fiches d'entreprise et des prospectus, à
discuter avec ces entreprises et à présenter les
différents « produits » de l'AGEPE. Cette phase est
la plus importante car il s'agit de convaincre l'employeur afin qu'il s'attache
les services de l'AGEPE en ce qui concerne les offres d'emploi.
Ø Le placement
Les placements de l'AGEPE sont centralisés. Les
informations sur les offres recueillies par les antennes sont acheminées
vers la Direction Générale. Cette dernière peut
également recevoir directement les offres provenant des entreprises.
Dans ce cas, elle se charge de les communiquer à toutes les antennes qui
se chargeront à leur tour de trouver des demandeurs répondant au
profil exigé.
Après un premier test, les antennes recommandent des
demandeurs présélectionnés à la Direction qui,
après une sélection rigoureuse, procède au placement.
Souvent, lorsque l'offre est libéré et envoyé à la
Direction, au cas où le candidat envoyé ne répondrait pas
totalement au profit demandé par l'entreprise, il revient à la
Direction de procéder à son remplacement ou à une
négociation.
Il faut noter que le recours au cabinet public de placement
n'entraînait aucun frais pour l'entreprise. Maintenant, tous les services
de l'AGEPE sont payants. Les employeurs préfèrent s'orienter vers
les cabinets privés de placement qui offre des services payants en
fonction du profil demandé. Quelque fois, l'employeur procède
directement au recrutement de certaines catégories de travailleurs, de
sorte que l'AGEPE ne réalise que 40% des activités de placement
sur le marché de l'emploi.
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