1.2. DEBATS THEORIQUES SUR LA RELATION ENTRE LA
FISCALITE ET LA CROISSANCE
Jean Bodin (1576) est l'un des premiers économistes
à s'intéresser depuis le 16ème siècle
à la question de la fiscalité. S'en suivront à partir du
17ème siècle d'autres auteurs, mais ceux-ci
s'intéressaient au rôle financier de la fiscalité. Ce fut
ainsi, jusqu'à la naissance de l'école classique au
18ème siècle. C'est à partir du
18ème siècle que la fiscalité a
été perçue comme pouvant influencer l'activité
économique. Cependant, le rôle de la fiscalité a
été différemment traité selon les écoles de
pensée. Dans les lignes qui suivent, nous présenterons la
théorie classique de la fiscalité et la pensée
keynésienne.
1.2.1. La position des classiques
Pour les classiques, l'intervention de l'Etat est neutre. Cela
tient du fait que pour eux, la somme des intérêts individuels
conduit à l'intérêt général. En termes
d'illustration, citons le père de l'économie classique, Adam
Smith, qui dit ceci : « Puisque tout individu s'efforce autant qu'il est
capable d'employer son capital dans l'intérêt de l'industrie
nationale, et de diriger ainsi cette industrie de telle sorte que son produit
soit de la plus grande possible, tout individu travaille nécessairement,
à rendre le revenu annuel de la société aussi grand qu'il
peut...., en agissant ainsi, il n'a d'autre but que son propre gain et, est, en
ceci comme dans beaucoup d'autres cas, conduit par une main invisible, à
réaliser une fin qui n'était nullement dans ses intentions.
»3
Selon les classiques, il ne peut donc avoir d'intervention
positive dans l'économie. « La fiscalité, sous toutes ses
formes, n'offre qu'un choix de maux », écrivit Ricardo. Une
intervention de l'Etat ne ferait qu'entraver la bonne marche de
l'économie. Ils préconisaient de minimiser les
prélèvements fiscaux ainsi que les dépenses publiques.
Pour Ricardo, les prélèvements fiscaux entravent la croissance
économique. En effet, il dénonça le rôle
néfaste des prélèvements fiscaux sur la croissance en
Angleterre entre 1793 et 1815 en ces termes : « ... il faut
reconnaître que sans les prélèvements de l'impôt, cet
accroissement de la richesse eût été bien plus rapide...
»4.
3 A. SMITH, Recherche sur l'origine et la cause de la
richesse des nations (1776), livre IV, chapitre 2, Cité par GBAKA
(1978).
4 Cité par GBAKA (1978)
Ainsi, les classiques étaient catégoriquement
opposés à toute intervention de l'Etat dans l'économie. Il
a fallu donc attendre le 20ème pour assister à une
remise en cause de cette conception par l'économiste anglais, John
Maynard Keynes, dit père de la macroéconomie contemporaine.
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