CHAPITRE IV : Cadre de l'étude
1-1/ Présentation de la zone
d'étude
La communauté rurale de Fanaye Jééri qui
englobe l'UP de Bélél Bogal se trouve sur l'axe St Louis Matam
à 15km de Thillé Boubacar, chef lieu d'arrondissement et à
70 km de Podor. Limité à l'Est par la CR de Ndiayéne
Pendao, à l'Ouest par la CR de Gaye (Dagana) au Nord par le fleuve
Sénégal et au Sud par le département de
Linguère.
L'UP de Bélél Bogal se trouve à 13 km du
siége de la CR et couvre une superficie de plus de 225km2
occupée par une dizaine de campements peuls situés à
l'intérieur du Jééri. L'UP pastorale est reliée au
reste de la CR par un vaste réseau de pistes qu'empruntent les
charrettes et les pick-up qui font office de moyens de transport notamment pour
l'acheminement dans les marchés hebdomadaires.
Unité pastorale de Bélél Bogal
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Carte n°1 : Localisation de la zone
sylvo-pastorale et de l'UP de Bélél Bogal
1-2 Milieu physique :
1-2-1 Le relief et les sols :
L'UP de Bélél Bogal est à cheval sur deux
écosystèmes ce qui permet de distinguer un relief
différent selon qu'on soit dans la zone du Walo ou du
Jééri.
- Le Jééri qui est la zone la plus importante de
la CR (plus de 80% de la superficie) est caractérisé par un sol
dior et caillouteux ça et là notamment sur les céno ou
plateaux avec une végétation à steppe graminée
dominée par le Boscia senegalensis et le calotropis
procera. A côté de ces céno, nous notons l'existence
de plusieurs dépressions qui rendent le relief un peu accidenté.
Ces dépressions ou Changool sont des zones sablo-argileuses humides avec
une végétation assez importante. Par ailleurs, ces
dépressions jouent un rôle très important dans la vie des
populations car elles constituent de grands points d'eau temporaire pendant
l'hivernage.
Sol limono-sableux Sol très
drainant Faible nombre de mares Prédominance
graminée Faible densité arbres
Sol argileux Forte retenue d'eau Grande
concentration de mares Prédominance
légumineuses/graminées
Forte densité arbres
Feuillus (type combretum) Epineux (type
acacia et
balanites)
Arbustes (type bocia et calotropis)
Céno:
E
Harmattan (E/NE)
S
N
O
Écoulement des eaux
concentration en argile
Changool: bas fonds
Schéma n°1 : Type de relief dans le
Jééri :
Hadar des pkies (en nen)
250
200
350
300
150
100
50
0
1970
1973
1976
Diagramme ombrothermique
1979
1932
1935
Années
1938
1991
1994
1997
2CCO
2003
2CC6
25
20
5
0
30
15
10
Nombre de jags de pkie
Hauteur de pluie en mm Nombre de jours de pluies
- Dans le Walo, nous avons deux systèmes
écologiques qui composent le milieu. Il s'agit des hollaldé qui
sont des parties basses ou cuvettes naturelles représentées par
des terres facilement inondables en période de crue et les
fondés, bourrelets sablo-argileux légèrement
surélevés donc difficilement inondables même en
période de forte crue. Ce sont ces terres qui reçoivent les
aménagements hydroagricoles pour la culture de riz et de la tomate. Dans
cette partie de la zone d'étude, les sols sont alluvionnaires, argileux
et hydromorphes avec un relief relativement plat.
1-2-2 Le climat :
On note deux (02) principales saisons : une saison pluvieuse
relativement courte de 03 à 04 mois et une saison sèche de 08
à 09 mois.
De type sahélien, il est caractérisé par
une présence permanente de l'harmattan soufflant Nord Est durant toute
la saison sèche. Des vents de sables sont très fréquents
durant cette période. Des températures très
élevées au cours de l'année avec des maxima de 45° et
des minima de 22°en Novembre et Décembre ce qui offre à la
zone un ensoleillement presque annuel.
1-2-3 La pluviométrie :
L'unité pastorale est comprise entre les isohyètes
200 à 300mm et depuis 1970 ce sont ces quantités
pluviométriques qui ont été enregistrés.
Graphique1-1 : Diagramme
ombrothermique
Situé dans la zone septentrionale du Ferlo,
l'unité pastorale de Bélél Bogal est marquée par un
déficit quasi permanent de la pluviométrie. C'est ainsi que nous
constatons dans ce graphique de la pluviométrie de cette zone depuis
1970, une variation des quantités de pluies entre les saisons ce qui
explique le fait que cette zone constitue la partie la plus sèche du
sahel sénégalais.
Toutefois, ces trois dernières années, cette
région du Ferlo connaît un retour de la pluviométrie avec
des isohyètes qui varient entre 200 et 300mm.
1-2-4 Les ressources en eau :
Grâce à une diversité de son relief et de
son écosystème, l'UP de Bélél Bogal dispose de
plusieurs ressources en eau (naturelles et artificielles) qui
disséminées un peu partout dans l'aire du forage ce qui lui
procure beaucoup de potentialités.
Les mares temporaires : elles sont le résultat du
remplissage après chaque hivernage des bas-fonds ou dépressions
situés dans le Jééri. En plus d'être les lieux
d'abreuvement des animaux pendant tout l'hivernage, elles constituent
également les sources de consommation en eau des populations pendant
près de quatre (04) mois dans l'année.
Le fleuve Sénégal, situé à 15km de
l'UP, joue un rôle important dans la vie des agriculteurs et des
éleveurs. Pour les agriculteurs, il permet de pratiquer la culture
irriguée grâce aux aménagements de la SAED tandis que pour
les éleveurs, il constitue une zone de repli après l'hivernage
où le cheptel s'abreuve et profite de la vaine pâture issue des
parcelles de cultures.
Par ailleurs, sur le plan hydrologique Bélél
Bogal dispose d'une importante nappe maestrichienne qui dispose d'une
importante potentialité hydrique. C'est d'ailleurs dans cette nappe que
l'eau du forage est pompée à travers le maestrichtien
situé à près de 80m dans le sol.
1-2-5 La végétation :
Dans l'UP de Bélél Bogal, les espèces
végétales les plus importantes se retrouvent sur le tapis
herbacé, il s'agit le plus souvent de : Cenchrus biflorus, Chloris
prieurii, Schoenfeldia gracilis, Aristida mutabilis, Zornia glochidiata et
le Borreria radiata.
Au niveau des mares d'hivernage plusieurs espèces
ligneuses sont rencontrées. Il s'agit notamment des espèces comme
Acacia senegal, Boscia senegalensis, Balanites aegyptiaca, Combretum
alutinosum, Acacia raddiana et sclerocarya.
Par ailleurs, il est important de savoir que la plupart de ces
espèces végétales surtout les herbacées sont
présentes au maximum huit (08) mois dans l'année tout en sachant
que cela peut être modifié par les feux de brousse.
1-3- Le milieu humain :
En se basant sur le dernier recensement démographique
de 2002, l'UP de Bélél Bogal compte 2000 habitants
majoritairement peuls répartis dans une dizaine de campements. Cette
partie de la CR de Fanaye tout en étant l'une des plus importantes de
part sa superficie demeure néanmoins la moins habitée.
Sur le plan socio-réligieux, l'UP est essentiellement
composée de populations musulmanes essentiellement peuls est le
siège du forage qui abrite le village de Bélél Bogal est
le lieu d'habitatio n d'un grand marabout qui est la personne la plus influente
de toute la zone.
L'habitat est dans son ensemble marqué par la culture
peul. En effet, l'architecture des cases traditionnelles de cette ethnie
constitue le type d'habitat de la zone. Cependant, les constructions en dur
commencent à faire partie du décor mais ceci dans les campements
permanents.
1-4/ La stratégie de gestion et d'occupation de
l'espace dans l'unité pastorale :
Pour faire une étude de la stratégie
d'occupation de l'espace dans l'aire d'influence du forage de
Bélél Bogal, véritable zone pastorale, il est important de
faire une analyse rétrospective pour comprendre l'évolution de
cette stratégie.
1-4-1/ Gestion et occupation ancienne de l'espace
:
Dans le Ferlo, le mode d'occupation de l'espace et le
système d'exploitation des ressources obéissaient à des
règles connues et acceptées par l'ensemble des usagers. En effet,
l'espace était structuré en leydi correspondant à
des terroirs agro-pastoraux sous le contrôle des différents
groupes humains intervenant dans la région.
Ces leydi s'étiraient perpendiculairement au
fleuve et se prolongeaient jusque dans l'arrière-pays, formant ainsi de
véritables couloirs de transhumance bordés au nord par les terres
de culture de décrue et au sud par le réseau des mares qui
constitue la trame
foncière. Chaque communauté de pasteurs jouissait
de droits prioritaires sur les ressources disponibles dans l'espace de son
leydi.
Par contre dans le Jééri, la
structuration traditionnelle de l'espace se fondait sur la distinction entre
les zones dites fey qui correspondait aux meilleures terres de
parcours faisant l'objet d'une appropriation stricte et les zones dites
ladde qui sont vacantes et correspondant à l'espace
interstitiel entre les différents fey36 Les zones
fey se subdivisent en plusieurs secteurs (hurum) qui forment
autant de terroirs rattachés aux campements d'hivernage. Le hurum
désigne à la fois l'espace sur lequel s'exerce
l'autorité du campement et les règles qui régissent
l'exploitation des ressources qui y sont disponibles. Les hurum
appartenant à une même zone fey sont contigus,
réalisant ainsi un maillage dont la densité est telle que la
totalité de l'espace utile se trouve accaparée37.
L'occupation et l'utilisation de l'espace font l'objet d'un contrôle
collectif engageant également la responsabilité de tous les
usagers dans la gestion des problèmes fonciers.
1-4-2/ Gestion et occupation actuelle de l'espace
:
Le système d'aménagement et le mode de
distribution spatiale des activités et des hommes sont largement
déterminés par le forage autour duquel est structuré
l'unité pastorale. C'est sur cette entité que repose toute la
stratégie d'occupation et de gestion de l'espace dans le Ferlo. L'UP
regroupe l'ensemble des villages polarisés par le forage pastoral et qui
acceptent d'unir leurs efforts pour prendre en main la gestion durable de leurs
différents terroirs d'attache dont l'histoire est constitutif de
l'unité pastorale.
Comme partout ailleurs dans le Ferlo, la création du
forage de Bélél Bogal a contribué à modifier les
modes de gestion de l'espace pastoral. Une tendance à la
sédentarisation se dessine dans toute la zone avec des mouvements de
transhumance d'une partie de la famille constituant l'exploitation agricole.
Le forage est devenu de nos jours un véritable
pôle d'attraction autour duquel s'organisent les principales
activités économiques. Il a fait naître une nouvelle forme
d'occupation du sol, centrées dans les aires d'influence du forage dont
le rayon tourne autour de 15km, ce qui fait une superficie de 70.000ha.
36 Grosmaire
1957.
37
Ibidem
L'habitat est dispersé ; il est constitué d'un
semis de campements à l'intérieur de l'unité pastorale. Le
campement est constitué d'un ou plusieurs ménages qui
répondent le plus souvent d'un patriarche. Cet habitat est
composé essentiellement de cases en paille, mais de plus en plus, les
populations commencent à construire en dur, ce qui est un
véritable signe de fixation.
Par ailleurs, les campements sont toujours localisés
à proximité d'un point d'eau c'est-àdire d'une mare
d'hivernage. En effet de nos jours, la véritable problématique
dans le Ferlo et notamment dans l'unité pastorale de Bélél
Bogal reste liée à l'eau. C'est ainsi que tous les campements
situés sous l'aire d'influence du forage sont tous liés à
une mare remplie en saison des pluies. Chaque campement dispose d'un droit
prioritaire sur la mare d'hivernage voisin de son campement, toutefois ceci
n'empêche pas d'autres populations d'utiliser cette mare en cas de
besoin.
1-5/ La dynamique organisationnelle :
Avec la nouvelle structuration de la zone d'influence du
forage, l'UP constitue l'épicentre de toutes les activités des
différents campements gravitant autour de cet équipement
hydraulique. C'est ainsi que la gestion de toutes les ressources de al
localité est sous placée sous la surveillance stricte du
comité de l'unité pastorale. En effet que ce soit les ressources
en eau avec l'ASUFOR, les pâturages et les ressources
végétales avec les comités de lutte contre les feux de
brousse, toutes ces activités sont coordonnées par l'UP. Elle
définit les règles d'usage des espaces et les vocations à
leur conférer (habitations, aire de pâturage, calendrier
d'utilisation des pâturages, règles de conduite des troupeaux
etc.)38.
Par ailleurs, l'association des Usagers du Forage (ASUFOR) est
la structure de gestion du forage. Ces membres sont élus par les
différents campements constitutifs de l'UP. La supervision du processus
de mise en place de l'ASUFOR est assurée par l'UP qui coordonne
également les activités de formation notamment
d'alphabétisation.
En ce qui concerne les activités de culture
irriguée au Walo, tous les producteurs sont regroupés dans des
groupements d'intérêts économiques (GIE). Ce qui permet
à ces producteurs d'exploiter les périmètres
irrigués d'une manière beaucoup plus efficiente. En effet, les
GIE des producteurs sont dirigés par un président élu pour
deux ans
38 Rapport de la mission de
prospection de Mme Véronique et M. Timéra
renouvelables et d'un trésorier. Ce sont les GIE qui au
début de chaque campagne agricole loue les engins et les tracteurs
nécessaires à la préparation du sol mais aussi ce sont les
GIE qui organisent l'utilisation de l'eau avec les agents de la SAED.
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