CHAPITRE IX : Analyse des systèmes de
production
Dans l'UP de Bélél Bogal, nous retrouvons quatre
systèmes de production combinant plusieurs systèmes
d'élevage et de culture. Il s'agit :
c Bovins transhumant Ferlo +Bovins forage+ Ovins forage+ovins
Ferlo + Ovins Saloum + Caprins, ce système de production correspond
à la catégorie des grandes exploitations pasteurs « Jarga
»
c Bovins transhumant Ferlo +Bovins forage+ Ovins forage +Ovins
transhumant Ferlo + Ovins Saloum + Caprins + Riz + Tomate, c'est la
catégorie des grandes exploitations agropasteurs « Jarga »
c Bovins transhumants Walo + Ovins forage + Caprins + Riz +
Tomate +M//B//N. Il pratiqué par les moyennes exploitations agropasteurs
;
c Ovins forage + Caprins+ M//B//N correspond aux petites
exploitations agropasteurs.
9-1/ Caractéristiques et fonctionnement des
systèmes de production :
9-1-1/ Le système de production des grands
pasteurs « Jargas »
Exclusivement basé sur l'élevage, ce
système de production est constitué des grandes exploitatio ns
(riches) qui représentent près de 15% des exploitations agricoles
de l'unité pastorale de Bélél Bogal. C'est un
système qui combine tous les types de systèmes d'élevage
qu'on rencontre dans la zone.
Ce système de production fonctionne selon plusieurs
stratégies qui permettent à cette catégorie d'exploitation
de combiner de manière efficiente les différents systèmes
d'élevage dont certains sont basés sur la transhumance.
Les exploitations qui pratiquent ce système mode de
production sont les plus éloignées de l'unité pastorale.
En effet, elles sont situées en moyenne entre 10 et 13 km du forage ce
qui fait que ces dernières disposent de moyens de transport notamment
pour l'abreuvement des petits ruminants. Cette situation géographique
permet à ces exploitations de profiter des meilleurs pâturages de
l'unité pastorale et d'être également dans des zones non
loin des autres forages pour parer à toute panne de l'infrastructure
hydraulique.
Ces exploitations ont une organisation très
spécifique qui leur permet de combiner l'ensemble des systèmes
d'élevage de manière optimale. C'est ainsi que la présence
de
salariés est notée dans ces systèmes de
production surtout pour la conduite du troupeau ovin notamment pour celui qui
transhume vers le Saloum et/ou le Ferlo. Ces salariés s'occupent des
petits ruminants notamment du troupeau d'ovins qu'ils conduisent toujours avec
les membres de l'exploitation agricole. En fait, s'il s'agit des ovins
transhumants au Saloum, une famille de l'exploitation est chargée
d'aller avec le troupeau aidée en cela par les bergers salariés.
Très souvent, ce sont les jeunes mariés sauf l'aîné
qui vont au Saloum avec toute leur famille, ce dernier s'occupe très
souvent du troupeau des bovins. Concernant ce troupeau, il est tout le temps
conduit sans berger et c'est toute la famille de l'aîné de
l'exploitation qui transhume quasiment avec lui chaque année dans le
Ferlo. Le reste des systèmes de l'exploitation est sous la charge de la
famille qui reste au niveau de l'unité pastorale. Grâce à
cette organisation, cette exploitation agricole composée de sept (06)
actifs familiaux et d'un berger salarié parvient à faire
fonctionner son système de production.
9-1-2/ Le système de production des agropasteurs
« Jargas »
Pratiqué par près de 25% des exploitations de l'UP,
ce système de production est basé sur la combinaison de deux
systèmes de cultures et de six systèmes d'élevage.
En ce qui concerne les systèmes d'élevage, cette
catégorie d'exploitation fonctionne de la même manière que
la précédente. En effet sur le mode d'organisation des
activités liées à l'élevage, nous retrouvons les
mêmes pratiques à savoir l'organisation de l'exploitation au
moment de la transhumance au Saloum ou au Ferlo mais aussi l'emploi d'un berger
pour conduire le troupeau d'ovins.
Cette catégorie d'exploitation localisée le plus
souvent vers le nord du forage dispose d'un important matériel pour les
besoins de son fonctionnement. C'est ainsi que nous retrouvons deux à
trois charrettes avec deux chevaux et plusieurs ânes.
S'agissant des systèmes de cultures à savoir le
riz irrigué et la tomate industrielle, elles occupent une place
importante dans ces catégories d'exploitations. Ce qui fait que
dès le mois de juin, une partie de la famille partie en transhumance se
replie dans les campements pour ainsi organiser le départ vers le Walo
où ces agropasteurs vont séjourner jusqu'à la fin des
premières opérations culturales liées au riz
irrigué. Tandis que pour la tomate industrielle, le début des
opérations culturales a lieu au mois de novembre période à
laquelle le travail concernant le troupeau n'est pas important.
Ceci permet à ces exploitations qui ne disposent que de
sept (07) actifs d'être à cheval sur l'ensemble des travaux
qu'exige leur système de production même si parfois elles font
appel à de la main d'oeuvre salariée notamment pour les besoins
de la récolte de la tomate et de la conduite d'une partie du
troupeau.
9-1-3/ Le système des moyens agropasteurs
:
Avec près de 25% de pratiquants, ce système de
production est le seul de l'unité pastorale qui a un système
d'élevage basé sur la transhumance au Walo. En plus de ce
système d'élevage, les ovins fixes au forage et les caprins
divagants constituent les autres systèmes d'élevage figurant dans
le système de productions de ces types d'exploitation agricoles. A
côté de ces systèmes s'activant dans l'élevage, nous
avons trois systèmes de culture dont deux dans les PIV et l'un
étant une culture pluviale.
Ce système de production fonctionnant avec cinq (05)
actifs grâce à des combinaisons très particulières
parvient à travailler sur six (06) systèmes différents. En
effet, pour ce qui est des travaux liés à l'agriculture
principalement le riz irrigué, les opérations culturales
commençant presque avec celle de la culture pluviale ce sont les hommes
qui s'occupaient du troupeau en transhumance au Walo qui s'en occupent. Tandis
que pour l'agriculture hivernale, il n'y a qu'un seul homme membre de la
famille, le plus souvent le chef de famille qui en est responsable aidé
en cela par les femmes de l'exploitation et les enfants.
En ce qui concerne la conduite des ovins et des caprins
résidants au campement, ce sont les enfants qui sont chargés de
conduire au pâturage et de surveiller les ovins tandis que les caprins le
plus souvent sont laissés en divagation.
Ces exploitations agricoles sont équipées au
moins d'une charrette avec trois à quatre ânes et un cheval, ce
qui leur permet d'assurer leur besoin et celui du troupeau en eau depuis le
forage avec le transport des chambres à air quotidiennement mené
par les charrettes à ânes mais aussi de faire très souvent
des déplacements entre le Ferlo et le Jééri pour accomplir
certains travaux dans différents systèmes composant leur
système de production.
9-1-4 Le système des petites exploitations
agropasteurs :
Il est le système le plus représenté dans
l'unité pastorale de Bélél Bogal avec 35% des
exploitations agricoles qui ont ce même mode d'exploitation des
ressources. Ces exploitations qui allient les systèmes ovins fixes au
forage, caprins divagants et agriculture pluviale associée dans le
Jééri sont celles qui disposent de la plus faible force de
travail car vivant seulement avec trois (03) actifs.
Cette catégorie d'exploitation est de nos jours celle
qui tient le plus à l'agriculture pluviale car celle-ci constitue un
véritable levier sur lequel s'appuie ces agropasteurs pour atteindre
l'autosuffisance alimentaire dans leurs différentes exploitations.
Les petites exploitations agropasteurs fonctionnent avec
généralement une charrette pour le transport de l'eau du forage
au campement et le plus souvent un membre de la famille travaille comme
salarié dans d'autres familles de l'unité pastorale ce qui leur
permet d'augmenter leurs revenus.
Par ailleurs ce système de production tend à ne
regrouper que des familles mononucléaires ce qui fait que la force de
travail de ces exploitations n'est pas aussi importante contrairement aux
autres exploitations agricoles regroupées en grandes familles.
9-2/ Les performances économiques des
systèmes de production :
Il s'agit tout d'abord de l'évaluation de la valeur
ajoutée brute des systèmes de production qui est la somme des
valeurs ajoutées brutes des différents systèmes
pratiqués par l'exploitation agricole. Elle est le premier niveau de
création de richesse de toute exploitation.
Dans un souci de synthèse, nous avons choisi de
résumer l'ensemble des valeurs ajoutées brutes des
différents systèmes de production dans le tableau ci-dessous.
Par ailleurs sachant que dans l'analyse des systèmes
d'élevage, nous avions axé notre analyse sur le maximum technique
de chaque système, dans cette partie no us allons considérer les
données réelles de chaque système pour établir les
performances économiques des différents systèmes de
production.
Tableau 9-1 : Les différentes VAB par
système de production
Systèmes
|
Bovins Bovins
Ferlo Forage
|
Bovins Walo
|
Ovins Ferlo
|
Ovins Forage
|
Ovins Saloum
|
Caprins divagants
|
Riz irrigué
|
Tomate industrielle
|
MxBxN
|
VAB/Système de production
|
Pasteurs Jargas
|
2258668,8 1150027,8
|
0
|
239850,83
|
198943,97
|
1606918,9
|
88694,575
|
0
|
0
|
0
|
5543104,984
|
Agropasteurs Jargas
|
2258668,8 1150027,8
|
0
|
239850,83
|
198943,97
|
1606918,9
|
88694,575
|
354239,38
|
179723,49
|
0
|
6077067,852
|
Moyens agropasteurs
|
0 0
|
2105270
|
0
|
198943,97
|
0
|
88694,575
|
354239,38
|
179723,49
|
87225
|
3014096,412
|
Petits agropasteurs
|
0 0
|
0
|
239850,83
|
198943,97
|
0
|
88694,575
|
0
708478,76
|
0
|
87225
|
614714,374
15248983,62
|
Total
|
4517337,6 2300055,6
|
2105270
|
719552,49
|
795775,88
|
3213837,8
|
354778,3
|
359446,98
|
174450
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Graphique 9-1 : Contribution des
différentes activités dans l'élaboration de la VAB des
systèmes de production
4000000
6000000
2000000
7000000
5000000
3000000
1000000
0
Systèmes de production
VAB (en FCFA)
MxBxN
Tomate industrielle Riz irrigué
Caprins divagants Ovins Saloum Ovins Forage Ovins Ferlo Bovins
Walo Bovins Forage Bovins Ferlo
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
L'analyse de ce graphique permet de voir que la contribution
de chaque activité dans la constitution de la VAB globale est
différente selon le système. Dans la majorité des
exploitations, les systèmes d'élevage bovins constituent
l'essentiel de la VAB globale. C'est ainsi que nous constatons que dans le
système de production composé des pasteurs « Jargas »,
la VAB du système des élevages transhumants dans le Ferlo
représente 40% de la VAB globale. Par contre, dans le système de
production des agropasteurs « Jargas », même si les
systèmes d'élevage bovins constituent avec ses 53% la plus grande
partie de la VAB globale, les systèmes d'élevage ovins
représentent aussi une bonne partie de la valeur ajoutée de ce
système de production notamment le système des ovins transhumants
au Saloum qui couvre 26% de la richesse des exploitations.
Par ailleurs en ce qui concerne le système de
production pratiqué par les petits agropasteurs, on constate qu'il est
fortement sous l'influence des systèmes d'élevage qui disposent
de la plus grande part dans l'élaboration de la valeur ajoutée de
ces exploitations. En effet avec plus de 71% dans la VAB globale les
systèmes d'élevage basés sur les ovins constituent les
systèmes les plus rentables pour ces catégories
d'exploitations même si pour autant elles pratiquent
toujours l'agriculture pluviale dans le Jééri.
Pour mieux comparer les systèmes de production des
différentes exploitations, nous allons utiliser les productivités
du travail et les productivité par UBT ce qui nous permettra de voir
toutes les dynamiques des exploitations agricoles de l'unité pastorale.
Tableau 9-2 : les valeurs ajoutées brutes des
différents systèmes de production
|
VAB globale
|
Nombre d'homme jours (HJ)
|
VAB/HJ
|
UBT totale
|
VAB/UBT
|
Pasteurs Jargas
|
5543105
|
1900,3367
|
2916,90674
|
243,677
|
22747,7562
|
Agropasteurs Jargas
|
6077067,9
|
2376,0867
|
2557,59514
|
244,337
|
24871,6643
|
Moyens agropasteurs
|
3014096,4
|
1450,4496
|
2078,04283
|
66,025
|
45650,8355
|
Petits agropasteurs
|
614714,37
|
1011,25
|
607,875772
|
6,75
|
91068,7961
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Graphique 9-2 : Comparaison des
productivités du travail et par UBT des différentes
catégories d'exploitation
Comparaison des productivités du travail et par
UBT des différentes catégories d'exploitation
VAB/UBT (en FCFA
2500
2000
3500
3000
1500
1000
500
0
Pasteurs Jarga
Agropasteurs Jarga
Catégories d'exploitations
Moyens agropasteurs
Petits agropasteurs
40000
20000
90000
80000
70000
60000
50000
30000
0
100000
10000
VAB/HJ (en FCFA
Productivité/UBT Productivité du travail
Source : Enquête mémoire Abou
Bâ, ENEA 2007
L'observation de ce tableau et de ce graphique nous montre que
le système de production des exploitations agropasteurs « Jargas
» est celui qui dispose de la plus grande valeur ajoutée globale
alors qu'il constitue le système de production qui combine le plus des
systèmes d'élevage et de culture. Ce qui montre que les
systèmes pratiqués par cette catégorie d'exploitation
notamment l'agriculture au Walo contribue à la formation de cette valeur
ajoutée brute d'une manière très conséquente ce qui
permettra probablement à ce système de production de
dégager un revenu agricole assez important.
Par ailleurs le graphique révèle que le
système de production constitué des petits agropasteurs a la plus
grande productivité du travail alors qu'elle dégage la valeur
ajoutée la plus faible des quatre systèmes de production.
9-2-1-1 Les revenus agricoles des
exploitations
Avant de calculer les revenus agricoles des différentes
exploitations, il nous faut d'abord calculer les valeurs ajoutées nettes
et les amortissements notés dans les systèmes de production.
Par ailleurs, nous tenons à signaler que c'est suite
à une impossibilité de comparer le
revenu agricole familial à l'hectare que nous avons
opté de travailler avec les unités bétails tropicales
(UBT).
Tableau 9-3 : Les revenus des différents
systèmes de production
|
Pasteurs Jargas
|
Agropasteurs Jargas
|
Moyens agropasteurs
|
Petits agropasteurs
|
VAB globale
|
5.543.104,984
|
6.077.067,412
|
3.014.096,412
|
614.714,374
|
Amortissements
|
170.357
|
203.024
|
88.917
|
29.945
|
VAN
|
5.372.747,984
|
5874043,41
|
2925179,412
|
584769,374
|
Salaires
|
90.000
|
180000
|
-
|
-
|
Revenus agricoles
|
5.282.274,984
|
5694043,41
|
2925179,412
|
584769,374
|
Actifs / Système
|
7
|
7
|
4
|
3
|
Revenus/Actifs
|
754610,711
|
813343,773
|
731294,853
|
194923,125
|
Source : Mémoire Abou
Bâ, ENEA 2007
Avec ce tableau, nous constatons que le système des
agropasteurs « Jargas » est celui qui génère les
revenus les plus importants, ceci grâce à la combinaison de tous
les systèmes d'élevage et des systèmes de culture du Walo.
En effet ces systèmes permettent à cette catégorie
d'exploitation d'avoir un revenu agricole important. Par contre le
système de production des petits agropasteurs qui ne combine que deux
systèmes d'élevage de petits ruminants et un système de
culture pratiqué en hivernage dispose du plus faible revenu agricole.
Ainsi donc, nous pouvons dire que dans l'UP de
Bélél Bogal, le niveau de revenu est fonction du nombre de
système de culture et d'élevage combinés mais aussi du
nombre d'actifs dont dispose l'exploitation agricole.
9-2-1-2 Calcul des seuils de survie et de
sociabilité :
Le seuil de survie est le revenu minimum qu'un actif doit
dégager de son exploitation pour assurer sa survie et celle de ses
dépendants, c'est-à-dire celle des personnes non actives qui sont
à sa charge (enfants en bas âge, infirme ou personne
âgée). C'est ainsi que pour l'évaluer, il nous a paru
nécessaire de mener les enquêtes chez les exploitations
les plus démunies ce qui nous a permis d'estimer ensuite
un seuil de survie dans l'ensemble de l'unité pastorale.
A côté du seuil de survie, il y'a le seuil de
sociabilité qui est le niveau de revenu en dessous duquel il n'est plus
possible, pour un exploitant agricole, d'assurer à la fois le
renouvellement du capital d'exploitation et la subsistance de sa famille. Pour
l'élaboration de ce seuil, les investigations ont concerné des
exploitations à très faible revenu c'est-àdire celles qui
ont aidé à évaluer le seuil de survie mais aussi des
exploitations à revenus intermédiaires. C'est ainsi que ces deux
seuils représentent respectivement 83706 FCFA et
125558 FCFA.
9-2-1-3/ Analyse des revenus des exploitations par
rapport aux seuils de survie et de sociabilité :
Graphique 9-3 : Comparaison des revenus agricoles
potentiels des exploitations agricoles par rapport aux seuils de survie et de
sociabilité
Catégorie d'exploitations
Pasteurs Jargas
Petits agropasteurs
Moyens agropasteurs
Agropasteurs Jargas
Revenue agricoles/Adifs (en FCFA)
400000
900000
800000
600000
500000
300000
200000
700000
100000
0
Seuil de survie Seuil de sociabilité
Source : Enquête mémoire
Abou Bâ, ENEA 2007
Avant de passer au commentaire de ce graphique, il nous faut
préciser que c'est parce que dans notre zone d'étude,
l'élevage est la principale activité économique ce qui
fait que dans l'analyse du diagnostic agraire, il est ressorti plus de
systèmes d'élevage que de systèmes de culture. Avec cela,
on constate qu'il est impossible de faire l'analyse des revenus agricoles par
actifs par rapport à la surface par actif comme le recommande la
méthodologie utilisée jusque là.
L'analyse de ce graphique montre clairement que les
différents systèmes de production existants dans l'unité
pastorale de Bélél Bogal dégagent tous un revenu par actif
supérieur aux seuils de survie et de sociabilité. Ce qui nous
renseigne sur la rentabilité des systèmes de production
pratiqués dans cette partie du Ferlo.
L'importance des revenus agricoles familiaux est due dans
certains cas notamment en ce qui concerne les exploitations agropasteurs
(Jargas et Moyens) à la présence des cultures irriguées
qui jouent un grand rôle direct ou indirect dans le fonctionnement des
exploitations agricoles de cette zone d'ailleurs la plus proche du Walo de tout
le Ferlo.
Cependant il est important de noter que l'importance des
revenus familiaux par actifs dans l'ensemble des exploitations peut conduire
à des confusions. En effet le seuil de survie n'étant basé
que sur les modes de vie des populations locales d'une région sa
faiblesse ou sa grandeur peut donc différer d'une région à
une autre ce qui veut dire que les systèmes de productions que nous
avons dans cette zone peuvent devenir très faibles en quittant
l'unité pastorale.
Avec cette analyse comparée des revenus par actifs et
par catégorie d'exploitations qui a abouti à la conclusion que
les revenus des exploitations de l'unité pastorale sont
supérieures aux seuils de survie et de sociabilité, nous
constatons que les différentes exploitations de cette zone disposent
toutes de capacités contributives assez conséquentes qui
pourraient leur permettre de diversifier leurs activités ou d'investir
dans d'autres secteurs tels que l'éducation et la formation.
Les revenus agricoles des différentes exploitations
sont tous supérieures aux seuils de survie et de sociabilité ce
qui veut dire que les exploitations de cette région peuvent tous
envisager de mettre leurs enfants à l'école ou bien de s'offrir
des formations d'autant plus que l'école primaire est totalement
gratuite dans l'unité pastorale. Dans ce cas, il apparaît
clairement que les revenus ne constituent pas de grands déterminants
dans les choix des agriculteurs à scolariser ou à s'offrir une
formation. Ce qui nous amène à rechercher les choix de ces
exploitations en matière d'éducation et de formation dans les
perceptions que ces derniers ont de ces deux notions mais aussi dans les
préoccupations des agriculteurs.
CHAPITRE X : Analyse des préoccupations et
propositions d'orientation
Avant de passer à l'analyse des préoccupations des
exploitations agricoles, nous allons faire l'état des lieux
c'est-à-dire la situation actuelle de ce secteur dans l'unité
pastorale.
10-1/ La situation actuelle du secteur éducatif
dans l'unitépastorale :
Dans l'unité pastorale de Bélél Bogal,
nous ne trouvons qu'un établissement scolaire localisé dans le
village du même nom. Cette école élémentaire
construit il y'a vingt ans est composée de deux abris provisoires et
fonctionne sous le régime du multigrade avec un enseignant qui assure
les cours dans quatre classes pédagogiques.
Par ailleurs, cet établissement scolaire connaît
en moyenne plus de vingt abandons par an ce qui rend difficile la pratique de
l'éducation scolaire dans les exploitations agricoles de l'unité
pastorale. Pour preuve, pour l'année académique 2006-2007,
l'école a démarré sur un effectif de trente six
élèves pour terminer l'année scolaire avec vingt et
élèves soit un taux d'abandon de 41,7%.
Ce fort taux d'abandon est loin d'être lié au
niveau de revenus des populations car dans cette unité pastorale tous
les frais liés à l'école élémentaire sont
gratuits. En effet, les frais de scolarisation tout comme les fournitures sont
à la charge du conseil rural qui effectue chaque année une
dotation à l'école, mieux l'école dispose d'une cantine
scolaire financée et subventionnée par l'ONG américaine
Counter Part International qui permet aux élèves de prendre leurs
déjeuners au niveau de l'école et cela sans aucune
contrepartie.
L'importance du taux d'abandon et la faiblesse du taux
d'inscription sont dues selon les populations au fait que le calendrier
scolaire n'est pas bien adapté à la zone sylvopastorale. En effet
selon toujours ces populations, au moment où vaquent les classes les
enfants sont sollicités dans les exploitations pour aider à la
surveillance du troupeau qui est pendant cette période dans une
situation critique à savoir l'épuisement du pâturage. Cette
situation critique du troupeau appelant les éleveurs à transhumer
avec leurs familles pause un problème de logement des enfants
scolarisés d'où le fort taux d'abandon constater et qui se
manifeste surtout les mois de mars, avril et mai.
Source : Enquête mémoire
Abou Bâ, ENEA
En outre un autre fait peut expliquer le faible taux de
fréquentation de l'école française. Il est en effet
à chercher dans les pratiques des populations en matière
d'éducation. Il ressort ainsi que les populations
préfèrent le plus souvent mettre leurs enfants à
l'école coranique qui selon elles, constitue la meilleure pour apprendre
à vivre en société. Signalons que lorsque les
éleveurs amènent leurs enfants à l'école coranique
le problème relatif au logement des enfants au moment de la transhumance
est réglé car les enfants sont nourris et logés dans la
maison du marabout.
Ainsi donc comme nous le voyons la non inscription des enfants
de cette unité pastorale à l'école française est
loin d'être un problème de volonté mais plutôt une
question liée à l'inadéquation du calendrier scolaire par
rapport au calendrier pastoral des exploitations agricoles dont les
activités les plus importantes ont lieu pendant cette période.
10-2/ Analyse des préoccupations des agriculteurs
en matière d'éducation
Pour cette partie, nous avons travaillé avec des guides
d'entretiens qui nous ont permis de recueillir les perceptions et les
préoccupations des populations vis-à-vis de l'école. Avec
ces données, nous avons sortis toutes les préoccupations en
prenant le soin à chaque fois de donner les dires des agropasteurs pour
illustrer les perceptions ou préoccupations.
Tableau 10-1 : Les préoccupations des
exploitations en matière d'éducation
c L'école coranique
Préoccupations
|
Cadre d'analyse des parents
|
Coûts directs et indirects
|
La consolidation des valeurs religieuses
|
L'école coranique est un moyen pour connaître les
préceptes de l'islam
L'école coranique participe à la socialisation des
enfants.
« A son retour de l'école coranique mon fils
saura les préceptes de l'islam et évitera ainsi les
péchés sans oublier qu'avec la connaissance acquise là-bas
il saura comment vivre en société en respectant les anciens et
ses voisins ».
|
«Je suis vieux, je n'ai qu'un garçon et si je
l'envoie au daara, j'aurai personne pour s'occuper des animaux »
|
c L'école française
Préoccupations
La gestion de l'élevage
L'éveil et la conscientisation des
enfants
La
diversification des activités
|
Cadre d'analyse des parents
' Même si on a pas un
emploi avec l'éducation, elle nous permet de sortir de
ignorance, de gérer nos activités surtout d'élevage sans
dépendre des autres ».
'un enfant ayant été à l'école
est plus intelligent et peut vivre sans dépendre des autres et sans
être trompé par d'autres personnes ... »
|
Coûts directs et indirects
' Dans cette école, on ne paie rien, tout est
donné par l'enseignant même pour la cantine scolaire, les parents
d'élèves ne participent plus à la cotisation mensuelle
»
' Quand j'envoie mon fils à l'école, je dois
payer 15000 F à un berger pour conduire les animaux »
|
'Si les enfants réussissent à l'école,
les revenus d la
famille seront diversifiés mais s'ils ne
réussissent pas nos revenus ne dépendront que de l'élevage
ce qui n'est pas une bonne chose car l'élevage n'a plus
d'avenir»
|
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
L'analyse de ces deux tableaux récapitulatifs de
l'ensemble des préoccupations des exploitations en matière
d'éducation nous montre que le fait d'amener les enfants à
l'école française obéit à des raisons diverses
selon les catégories d'exploitations. En effet pour les grandes
exploitations pasteurs et agropasteurs qui représentent 40% des
exploitation de l'unité pastorales, le fait d'amener les enfants
à l'école c'est en vue de leur permettre plus tard de mieux
gérer le troupeau. Autrement dit pour ces types d'exploitations,
l'école doit permettre à leurs enfants d'acquérir un
savoir faire afin d'optimiser le troupeau grâce à une bonne
gestion de celuici. Par contre, pour les autres catégories
d'exploitation à savoir les petits et moyens pasteurs, l'école
constitue un
moyen ou le chemin permettant d'aboutir à une
diversification de leurs activités pour ne pas dire parvenir à
quitter l'élevage. Ces exploitations sont les plus nombreuses dans
l'unité pastorale et les moins riches par rapport à celles
citées plus haut cependant ce sont elles qui scolarisent plus leurs
enfants.
Cette différence de niveau dans les
préoccupations des exploitations agricoles en matière
d'éducation s'explique par d'une part les grandes exploitations pasteurs
et agropasteurs ne sont pas confrontées à des problèmes
d'ordre financier et disposent d'autre part d'un important troupeau dont elles
sont soucieuses de sa bonne gestion. Ceci n'est pas le cas des autres
exploitations car ces derniers même en disposant d'un revenu agricole par
actif supérieur au seuil de sociabilité n'en demeurent pas moins
des exploitations confrontées à plusieurs difficultés dont
la non moins importante est la cherté des aliments de
complémentation. Ainsi donc pour ces types d'exploitation,
l'école française constitue une porte qui grâce à
leurs enfants peut les permettre d'élargir les possibilités
d'accroître leurs revenus par une diversification des activités
dans leurs systèmes de production.
En ce qui concerne l'école coranique, les
préoccupations des différentes exploitations sont toutes
identiques car son objectif premier est de participer à inculquer aux
enfants les valeurs de la religion pour lui apprendre le comportement à
adopter en société.
Pour terminer cette partie liée aux
préoccupations des agriculteurs en matière d'éducation,
nous constatons que si pour l'école coranique ces préoccupations
sont partagées ce n'est pas le cas des préoccupations relatives
à l'école française. En effet, nous avons constaté
que les préoccupations sont exprimées en fonction des niveaux
économiques des exploitations agricoles même si dans
l'unité pastorale tous les types d'exploitation disposent de revenus
supérieurs au seuil de sociabilité. Ceci se remarque dans
l'appartenance du plus grand nombre des élèves inscrits à
l'école française aux catégories d'exploitations qui ont
les niveaux de revenus les plus faibles.
10-3/ Les coût liés à
l'éducation :
Comme nous l'avons vu plus haut dans l'unité pastorale
de Bélél Bogal, les coûts directs liés à
l'éducation sont quasiment nuls. Il s'agit entre autres des frais
d'inscriptions qui sont gratuits, des frais liés à la cantine
scolaire qui sont également gratuits car la cantine est financée
gratuitement par une ONG américaine et enfin les fournitures sont
offertes aux élèves par le conseil rural qui donne tout le
matériel didactique nécessaire aux élèves
durant l'année scolaire. Cependant, il y a les frais
liés à l'habillement des élèves durant
l'année scolaire, ils sont estimés à 8000F par
élève.
En ce qui concerne les coûts indirects liés
à l'éducation, il s'agit principalement des frais liés
à l'engagement d'une main d'oeuvre salariée pour remplacer
éventuellement l'enfant envoyé à l'école. Pour ces
frais liés à la main d'oeuvre, il est important de signaler que
seuls les deux grandes catégories d'exploitations en ont alors qu'elles
constituent celles qui envoient le moins leurs enfants à l'école.
Ainsi un salarié est payé à 15.000FCFA par mois, cependant
ces salariés ne travaillent le plus souvent qu'au maximum six mois et
ils sont généralement payés en nature surtout quand il
s'agit de ceux qui vont au Saloum.
Pour terminer, nous pouvons dire que les coûts
liés à l'éducation sont peu élevés pour les
moyennes et petites exploitations agricoles car ne concernant que les frais
d'habillement. En effet ces exploitations n'utilisent pas de main d'oeuvre
salariée même quand il s'agit d'envoyer un enfant à
l'école. Ce qui confirme nos propos cités plus haut que les
différentes exploitations de l'UP de Bélél Bogal ont
toutes les capacités contributives nécessaires pour financer
l'éducation de leurs enfants.
10-4/ Analyse des préoccupation des agriculteurs
dans leurs activités
Interroger les populations rurales sur les
préoccupations qu'ils ont dans leurs pratiques de tous les jours est un
moment très riche en enseignement. En effet dans leurs activités
quotidiennes, les agriculteurs sont confrontés à des
difficultés mais toutes ne constituent pas des préoccupations car
ces populations à chaque fois qu'elles peuvent par leurs propres
stratégies venir à bout d'une difficulté ne manquent pas
de le faire. Ce qui fait que leurs préoccupations constituent des
difficultés qu'elles n'ont pas pu lever à leur niveau.
Ces préoccupations qui se manifestent par l'exposition
de difficultés le plus souvent peuvent être levés par
plusieurs moyens notamment la formation. Ainsi donc, ces préoccupations
constituent dans une moindre mesure des demandes de formation qu'expriment
implicitement les agriculteurs.
Pour comprendre tout cela, la plupart des préoccupations
des agriculteurs de notre zone d'étude est consignée dans les
tableaux ci-dessous :
Tableau 10-2 : Synthèses des
préoccupations des agriculteurs concernant
leurs activités
Préoccupations
|
Cadre d'analyse des agriculteurs
|
Stratégies mises en oeuvre
|
|
L'élevage aujourd'hui dans le
|
Pour faire face au manque de pâturage, la
|
|
Ferlo est menacé par le déficit
|
transhumance est l'une des stratégies
|
|
pluviométrique.
|
adoptées par les éleveurs.
|
|
L'augmentation de la population
|
Le retard fréquent des pluies oblige les
|
|
compromet l'avenir de l'élevage.
|
éleveurs à faire recours à la
complémentation qui est très chère.
|
|
« S'il pleut et qu'il y a beaucoup
|
|
|
d'herbes tout va à merveille.
|
« La pratique de l'élevage est très
difficile de
|
L'élevage est
confronté au
|
Actuellement, il y'a beaucoup de problèmes. L'herbe
s'épuise et la
|
nos jours car elle tourne qu'autour de la transhumance et de
la complémentation, ce
|
manque de
pâturage.
|
pluie ne vient pas encore »
|
qui signifie qu'il faut tout le temps bouger ce qui n'est pas
une bonne stratégie et pas du
|
|
« ..c'est la pluie et l'herbe
qui maintiennent en vie notre élevage
|
tout possible car arrivera un moment où on ne pourra
plus bouger»
|
|
(...) et ces dernières années la pluie
|
« Actuellement tout les animaux sont en
|
|
a fortement diminuée ... »
|
transhumance et chaque année c'est comme ça
dans toute la zone...dés qu'il y a plus
|
|
« De nos jours, la population
|
d'herbes on transhume. Les rares éleveurs
|
|
augmente sans cesse, le troupeau
|
qui restent là sont les petits éleveurs ils
sont
|
|
encore beaucoup plus donc le
|
obligés de complémenter comme ceux qui
|
|
pâturage est surexploité alors que la superficie
de la terre est restée la
|
sont en transhumance ».
|
|
même mieux les pâturages se
|
« ...On est obligé de partir chaque année
en
|
|
rétrécissent à cause de la
pression
|
transhumance à la recherche du pâturage,
il
|
|
démographique donc où est l'avenir
|
faut également complémenter car avec la
|
|
de l'élevage... »
|
durée de saison sèche l'herbe de bonne
qualité a disparu et on est obligé de maintenir en forme les
animaux les plus faibles ».
|
L'élevage
souffre de
l'absence d'une filière de vente du
lait
|
Les déficits
pluviométriques
menacent la
survie de
l'agriculture
|
Pour parer aux déficits pluviométriques,
les agriculteurs adoptent des spéculations à cycle
plus court.
« ...maintenant nous cultivons beaucoup plus du
niébé et du béréf qui sont plus adaptés
à la situation actuelle »
« à cause de la pluie qui diminue et qui tarde
à venir, il y a de moins en moins d'arachide et du mil, les gens ne
cultivent que du niébé, du béréf et de la
pastèque »
« aujourd'hui nous ne pouvons cultiver que des
spéculations à cycle très court car les conditions
pluviométriques ne sont plus ce qu'elles étaient autrefois
»
L'agriculture dans le Jééri est dépendante
de la pluviométrie
« vous savez dans cette partie du Ferlo l'agriculture ne
dépend que de la pluie, s'il pleut tôt on a de bonnes
récoltes et si c'est le contraire on est sûr de vivre une
année difficile »
« ... l'agriculture qu'on pratique ici n'est pas bonne
car elle ne dépend que de la pluie alors que celle-ci est du ressort de
Dieu... »
« ... parce que la pluie n'est pas du ressort des
hommes, notre activité d'agriculteur n'a pas d'avenir à moins que
la situation pluviométrique se renverse »
L'agriculture pluviale dans le Jééri est
confrontée aux agressions des insectes et des oiseaux.
A cause des oiseaux, les agriculteurs sont
obligés de surveiller constamment leurs champs.
Pour faire face aux attaques des insectes,
L'action des
insectes et des oiseaux diminue les
productions
|
« dés le début de floraisons de nos
cultures, les insectes et les oiseaux viennent détruire ce qu'on devait
récolter »
«les oiseaux et les insectes sont les principaux ennemis
à nos champs car ils font beaucoup de dégâts ce qui causent
des pertes tout les agriculteurs »
|
les agriculteurs utilisent des insecticides.
« ...au moment de la floraison, nous construisons une
case dans le champ avec mon fils on se relaie pour surveiller et renvoyer les
oiseaux et parfois avant cette période, on utilise des insecticides
»
« Pour avoir une production dans le Jééri,
il faut constamment surveiller son champ sinon on court vers de grosses
pertes... »»
Source : Enquête mémoire Abou
Bâ, ENEA 2007
Avec l'analyse de ces tableaux, nous constatons que notre zone
d'étude est un véritable bastion des activités agricoles.
En effet l'ensemble des préoccupations soulevées par les
populations tourne autour de ces deux activités qui sont :
l'élevage et l'agriculture. Cependant ceci peut être du aussi au
fait que nos enquêtes ont été menées à un
moment où l'ensemble des agriculteurs étaient occupés par
ces activités notamment pour l'élevage qui était dans une
situation très difficile due à plusieurs facteurs.
C'est ainsi que pour cette activité la principale
préoccupation partagée par toutes les catégories
d'exploitations est celle relative au pâturage. Cette
préoccupation constitue le plus grand souci des éleveurs de
l'unité pastorale car face à celle-ci les pasteurs et
agropasteurs n'ont que comme solutions : la transhumance et la
complémentation.
En ce qui concerne la transhumance les éleveurs sont
tous unanimes sur le fait qu'elle n'est pas une solution durable d'où
donc l'intérêt de réfléchir sur d'autres
stratégies capables de pérenniser l'activité pastorale
dans cette partie du Ferlo.
Par ailleurs la transhumance étant motivée par
le manque de pâturage dans l'unité pastorale, celui-ci va aussi
être déterminant dans l'utilisation de l'aliment de bétail
pour la complémentation. En effet avec ces déplacements les
éleveurs arrivent en milliers dans les forages d'accueil où la
surexploitation des ressources fourragères finit par créer des
déficits de pâturage et avec la pluviométrie qui tarde
très souvent à se pointer la complémentation demeure
à cette période l'unique solution pour maintenir le troupeau en
vie. Cependant à cette période l'aliment de bétail est
très cher et les éleveurs sont tenus de déstocker un
important nombre de boeufs ou de moutons pour faire face à ces frais ce
qui explique l'unanimité autour de ces deux préoccupations.
A côté de ces préoccupations la question
du lait s'avère être d'une importance capitale car ce sous produit
de l'élevage devrait être selon les éleveurs une source de
maximisation des revenus de cette activité. Toutefois le lait demeure
aujourd'hui un produit dont l'exploitation de manière optimale allait
permettre aux éleveurs de mieux préparer les périodes qui
suivent très souvent marquées par un épuisement rapide du
pâturage à cause le plus souvent des feux de brousse. Cette
situation que connaît le lait est du en grande partie à
l'enclavement du Ferlo et surtout de la zone de l'unité pastorale.
Sur le plan de l'agriculture, les préoccupations des
exploitations agricoles tournent autour de la faiblesse pluviométrique
pour les cultures du Jééri et des attaques des insectes et des
oiseaux pour les cultures au Walo.
Pour les cultures d'hivernage dans le Jééri,
contrairement à ce qu'on pourrait imaginer ce n'est pas l'accès
au semence qui est la principale préoccupation mais le déficit
pluviométrique. En effet dans cette zone c'est plutôt le
déficit pluviométrique qui est peut être le frein à
toute activité agricole et non les semences même s'il est vrai
également que l'accès à celui-ci constitue un
casse-tête pour les agriculteurs.
Ce constat est également le même pour la culture
pratiquée dans les périmètres irriguées villageois.
Pour les types d'exploitations s'adonnant à cette activité, on
aurait pensé que le taux élevé des crédits
constitueraient au moins une des préoccupations ce qui n'est pas le cas.
Les préoccupations de ces exploitations sont toutes liées aux
attaques des insectes et des oiseaux sur les récoltes ou sur les plantes
au moment de leur floraison ce qui nous montre que les agriculteurs subissent
beaucoup de pertes dues à ces attaques. Il est sur que c'est parce que
les agriculteurs n'ont pas de solutions à ce problème qu'il
constitue une préoccupation cruciale chez les producteurs agricoles.
En conclusion à l'analyse des préoccupations que
les exploitations agricoles ont dans leurs activités, il apparaît
des préoccupations qui peuvent être solutionné par l'appui
à ces exploitations, c'est cela que nous étudierons dans le point
suivant.
10-5/ Propositions d'orientation
A la suite de l'analyse des préoccupations des
agricultures en matière d'éducation mais aussi des
préoccupations concernant leurs propres activités. Nous nous
proposons de voir dans ces préoccupations ce qui nous semble possibles
de résoudre sous forme de propositions d'orientation à des
structures que nous avons identifiées comme étant les plus
concernées.
C'est ainsi que nous avons distingué les principaux points
suivants :
c Sur le plan scolaire, intégrer dans les politiques de
création d'établissements scolaires ou de renforcement de ceux
qui existent l'internat. En effet s'il y a une volonté de rendre la
pratique scolaire pérenne dans cette zone, il est important de faire
tout pour que lors des transhumances les enfants puissent rester au forage pour
continuer leurs études. Vu que le plus souvent le siège du forage
est un
campement où presque ne réside aucun enfant
scolarisé, la création d'un internat permettrait aux parents qui
comme nous l'avons vu souhaitent laisser leurs enfants à l'école
la possibilité de le faire lors des mouvements de transhumance. Ainsi
donc, il s'agira dans ce domaine pour le conseil rural qui est
compétente en matière d'éducation de construire un
internat dans l'unité pastorale et de mener des séances de
sensibilisation au niveau des éleveurs. L'autre volet dans cette
recommandation s'adresse aux autorités du ministère de
l'éducation sinon aux autorités de l'inspection régionale.
En effet vu que le principal problème de ce domaine est lié au
calendrier scolaire qui n'est pas adéquat au calendrier pastoral, ainsi
ces autorités devraient réfléchir sur un nouveau
calendrier scolaire dans l'ensemble du Ferlo et qui prendra en compte le
calendrier des activités des populations locales.
c Sur le plan de l'élevage, les préoccupations
soulevées par les exploitations sont toutes liées au manque de
pâturage à la fin de l'hivernage alors que le plus souvent ces
zones de pâturage sont bien garnies mais détruites très
rapidement par les feux de brousse. Ce qui nous amène à opter
pour des séances de sensibilisation des populations dans le domaine de
la gestion du pâturage en leur offrant des séances de formation
sur comment gérer le milieu naturel et éviter ainsi les feux de
brousse. Dans ces séances de sensibilisation insister sur les
procédures et méthodes nécessaires pour créer les
pare-feux véritables outils de circonscrire les feux en cas d'incendie
ce qui permettra à coup sûr de réduire chaque année
les superficies ravagées par ces feux de brousse.
c L'autre pan de l'élevage qui nécessite un
appui aux populations est la gestion du lait autrement comment faire pour
rentabiliser le lait dans l'unité pastorale de Bélél
Bogal. Il nous semble important de préparer les populations dans des
domaines qui leur permettront d'optimaliser ce produit notamment par la
création d'unité laitière très modeste. Cependant
ceci nécessitera une certaine formation pour les populations qui du
reste sont très proches de la route nationale mais c'est surtout le
problème de la conservation du lait qui pose problème. Les
unités laitières nous semblent être de bons moyens pour
lutter contre les pertes de lait notées chaque année et cela
globalement dans tout le Ferlo.
c Concernant l'agriculture, il est important pour ce qui est
de la culture pluviale pratiquée dans le Jééri de
réfléchir à des spéculations dont le cycle est
relativement court ce qui permettra aux agriculteurs d'être un peu
à l'abri des déficits pluviométriques. Pour ce qui est de
la culture irriguée pratiquée au Walo, il est nécessaire
qu'en collaboration avec les producteurs que les techniciens de la SAED et de
la SOCAS principal bailleur de la tomate trouvent des stratégies
efficaces de lutte contre les menaces acridiennes et autres. En effet
l'importance de la culture au Walo dans les systèmes de production de
l'unité pastorale devrait pousser tous ces acteurs à
réfléchir sur cette question.
Tableau 10-3 : Synthèse des propositions
d'orientations
Domaines
|
Propositions
|
Intervenants
|
Bénéficiaires
|
Education
|
- Créer un internat -Adapter le
calendrier scolaire au calendrier des activités
pastorales de l'UP.
|
- Conseil rural -Ministère de l'éducation ou
inspection académique de l'éducation
|
Populations locales
|
Elevage
|
- Formation en gestion du pâturage et des ressources ;
- Formation en conservation et transformation des sous produits
de l'élevage
|
- Etat, Projets,
Conseil rural ; - Etat, Projets
|
- Eleveurs
- Eleveurs, femmes
|
Agriculture
|
- Adopter des spéculations à cycle court ;
- Trouver des stratégies de lutte contre les oiseaux
|
- ISRA,
- SAED, Technicien de la SOCAS, DPV
|
- Agriculteurs
- GIE Producteurs
|
Source : Enquête mémoire
Abou Bâ, ENEA 2007 99
|