UNIVERSITÉ D'ÉTAT
D'HAÏTI
(UEH)
FACULTE D'AGRONOMIE ET DE MEDECINE
VETERINAIRE
(FAMV)
DEPARTEMENT D'ECONOMIE ET DE DEVELOPPEMENT
RURAL
(DEDR)
Analyse de la Rentabilité Financière des
Centres de Traitement du Café dans la Région de
Baptiste-Belladère.
Mémoire de fin d'études
Préparé par Pierre
ANTOINE
Pour l'obtention du titre d'Ingénieur-
Agronome
Février 2011
Analyse de la Rentabilité Financière des
Centres de Traitement du Café dans la Région de
Baptiste-Belladère
DÉDICACE
Ce travail est chaleureusement dédié:
Ø À mes parents monsieur et madame Ramus
ANTOINE, qui ont consenti d'énormes sacrifices pour ma
formation d'Ingénieur- Agronome
Ø À ma filleule Simone Elena
ANTOINE
Ø Aux responsables des coopératives
caféières de Baptiste qui m'ont confié les informations
relatives aux centres de traitement du café.
REMERCIEMENTS
Ce travail est le résultat de nombreuses
consultations et de collaborations. Avant de le présenter, je voudrais
exprimer mon entière gratitude à l'égard de toutes celles
ou tous ceux qui ont contribué à son aboutissement. Ainsi, mes
remerciements vont à :
Ø Le Grand Dieu de l'Univers, mon
rocher et ma forteresse.
Ø Mon père Ramus ANTOINE et ma
mère Elourdes JEAN-BAPTISTE, qui n'ont cessé de
me soutenir tout au long de mes études.
Mes remerciements vont également à :
Ø Lucko GASPARD, Ingénieur-Agronome, M.
Sc. directeur scientifique de ce mémoire, pour son encadrement
et ses orientations permettant la réussite de ce travail.
Ø Dr. Alix DAMÉUS, le directeur
du département d'Economie et de Développement Rural de la FAMV
pour sa grande disponibilité.
Ø Tout le corps enseignant et administratif de la
FAMV.
Ø Cécile BERUT, coordonnatrice
d'Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) pour
m'avoir donné l'opportunité d'intégrer son équipe
dans le cadre d'un stage de mémoire de fin d'études.
Ø Mon maître de stage, Nicolas
CADOREL, pour ses nombreuses suggestions et orientations de
travail.
Ø David NICOLAS, coordonnateur
d'Institut de Consultation, d'Évaluation et de Formation
(ICEF-l'organisme d'accueil sur le terrain), pour ses nombreux conseils.
Ø Tous mes collègues de la promotion
REVOLUTION, en particulier James BOYER,
Roeder DESLIENS, Jean Romane SYLVERNE,
Luckner ST JEAN pour ne citer que ceux-là.
Ø Enfin, toutes celles ou ceux dont les noms ne sont
pas mentionnés mais qui ont contribué d'une manière ou
d'une autre à la réalisation de ce travail.
RÉSUMÉ
Notre objectif, dans le cadre de ce travail, visait à
faire une analyse de la rentabilité financière des centres de
traitement du café situés dans la région de
Baptiste-Belladère.
L'approche méthodologique adoptée, en ce sens,
consistait à réaliser d'une part, une enquête exploratoire
ou préliminaire et d'autre part, une enquête formelle. La
première a été conduite dans le but de recueillir les
informations relatives aux coopératives caféières
disposant des centres de traitement et de prendre connaissance du milieu,
tandis que la seconde menée à l'aide d'un support écrit
(questionnaire d'enquête) visait à collecter des informations
quantitatives et qualitatives importantes nous aidant à calculer les
indicateurs de rentabilité financière priorisés
comme : l'indice de rentabilité (IR),
le ratio avantages/ coûts (av/ct) et le taux de
profit. En effet, l'analyse du fonctionnement des centres sur
l'exercice 2008-2009 nous permet de constater que les meilleurs
résultats financiers sont enregistrés par ceux qui ont vendu
majoritairement sur le marché gourmet. En ce sens, COTRAS a obtenu le
meilleur résultat avec un indice de rentabilité de l'ordre de
0.081, un ratio av/ct de 1.38 et un taux de profit de 38.01%. Vient ensuite
COOFUDERB avec un indice de rentabilité de 0.049, un ratio av/ct de 1.30
et un taux de profit de 29.63%. Celui-ci est suivi par COAL qui a
accusé pour sa part un indice de rentabilité de 0.062, un ratio
av/ct de 1.24 et un taux de profit de 23.53%. D'autre part, les centres qui ont
vendu majoritairement sur le marché équitable ont des
résultats moins intéressants. Il s'agit de CAB1 qui a eu un
indice de rentabilité de 0.086, un ratio av/ct de 1.17 et un taux de
profit de l'ordre de 16.94% ; de CAB2 qui a enregistré un indice de
rentabilité de 0.036, un ratio av/ct de 1.15 et un taux de profit de
14.78% ; de CODAT qui a eu pour sa part un indice de rentabilité
de 0.030, un ratio av/ct de 1.10 et un taux de profit de 10.22% ; et
enfin de NCOCABA qui a enregistré un indice de -0.002,
un ratio av/ct de 0.99 et un taux de profit de -0.80%.
Par ailleurs, notre test d'hypothèse portant sur la
comparaison de deux moyennes réalisé sur le taux de profit montre
qu'il n'y a pas de différences significatives entre les centres qui
vendent une partie de leur café sur marché gourmet et ceux qui
ne vendent pas sur ce marché.
TABLE DES
MATIÈRES
DÉDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
RÉSUMÉ
iii
TABLE DES MATIÈRES
iv
LISTE DES TABLEAUX
vi
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
vii
LISTE DES ANNEXES
viii
CHAPITRE I : INTRODUCTION
1
1.1.- Problématique
2
I.2.- Objectifs du travail
4
I.2.1.- Objectif
général
4
I.2.2. -Objectifs spécifiques
4
I.3.- Hypothèse
4
CHAPITRE II : REVUE DE
LITTERATURE
5
2.1.- Le café et l'économie
haïtienne
5
2.2.- Production caféière, une
activité génératrice d'emplois
5
2.3.- L'Agro-industrie caféière, sa
complexité organisationnelle
6
2.3.1.- Les coopératives
caféières
6
2.3.2.- Les différentes étapes de
préparation du café
7
2.3.3.- La commercialisation
8
2.4.- Les contraintes liées à
l'évolution de l'industrie caféière en Haïti
8
2.5.- Différentes interventions relatives au
café
9
2.6.- Zones de production du café
d'Haïti
11
CHAPITRE III: PRESENTATION DE LA ZONE
D'ETUDE
12
3.1.- Environnement biophysique
12
3.1.1.- Histoire et localisation
12
3.1.2.- Climat
12
3.1.3.- Topographie
12
3.1.4.- Pédologie
13
3.1.5.- Hydrographie
13
3.1.6.- Couvertures
végétales
13
3.2.- Environnement socio-économique
13
3.2.1.- Statut juridique et
administratif
13
3.2.2.- Population
14
3.2.3.- Moyens de communication
14
3.2.4.- Electricité
14
3.2.5.- Éducation
15
3.2.6.- Santé
15
3.2.7.- Infrastructures financières et
économiques
15
3.2.8.- Principales activités de la
zone
16
CHAPITRE IV : METHODOLOGIE
17
4.1.- Recherche bibliographique
17
4.2.- Enquête exploratoire
17
4.3.- Enquête formelle
17
4.3.1.- Données quantitatives
18
4.3.2.-Données qualitatives
18
4.4.- Dépouillement des données
18
4.5.-Méthodes d'analyse des
données
18
4.5.1.- Procédés de
calcul
18
4.5.2.-Tests statistiques
19
CHAPITRE V : RÉSULTATS DE
L'ÉTUDE ET DISCUSSIONS
21
5.1.- Evaluation de l'approvisionnement des
centres de traitement
21
5.2.-La production de café vert des centres,
les marchés visés et le café triage
22
5.3.- Evaluation des recettes enregistrées
sur les différents marchés
25
5.4.- Évaluation des coûts de
production et de commercialisation
28
5.5.- Evaluation de la rentabilité
financière des centres de traitement de café.
32
5.5.1.- Indice de rentabilité des
centres de traitement
32
5.5.2.- Le ratio des avantages /coûts non
actualisés des centres
33
5.5.3.- Le profit annuel et le taux de
profit des centres de traitement
34
5.6- Vérification d'hypothèse
35
CHAPITRE VI- CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
36
6.1.- Conclusions
36
6.2- Recommandations
37
BIBLIOGRAPHIE
38
ANNEXES
40
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Les Coopératives,
Réseaux de coopératives, Association et Fédération
d'Association et leur zone d'action.
Tableau 2 : Quantité de
café cerise en marmites reçue par les centres (campagne
2008-2009)
Tableau 3 : Quantité en livres
de café vendu par marché
Tableau 4: Répartition des recettes
par centre de traitement et par marché
Tableau 5 : Coûts de production de
café vert et de commercialisation des centres
Tableau 6 : Indice de
rentabilité (IR) des centres de traitement
Tableau 7 : Ratio des avantages- Coûts
non actualisés des centres de traitement
Tableau 8 : Le taux de profit des
centres de traitement
Tableau 9 : Vérification du test
d'hypothèse
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS
APCAB Association des
Planteurs de café de l'Arrondissement de Belle Anse
AVSF Agronomes et
Vétérinaires Sans Frontières
CAB Coopérative
Agro-alimentaire de Baptiste
CACVA Coopérative
Caféière de Vachon
COAL Coopérative
Agricole de Liane- Riché
CODAT Coopérative pour le
Développement Agricole de Tassahaie
COOFUDERB Coopérative des
Frères Unis de Roche- Plate Baptiste
COOPACVOD Coopérative Agricole
de Vincent Ogé de Dondon
COOPCAB Coopérative des
planteurs de café de l'Arrondissement de Belle-Anse
COPECLAS Coopérative
d'Epargne et de Crédit de Lascahobas
COTRAS Coopérative
des Travailleurs Agricoles de Savanette
C.V Coefficient de
variation
FACN
Fédération des Associations Caféières Natives
FAMV Faculté
d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire
ICEF Institut de
Consultation, d'Evaluation et de Formation
IDAI Institut de
Développement Agricole et Industriel
IHPCADE Institut Haïtien
de Promotion du Café et des Denrées d'Exportation
IHSI Institut
Haïtien de Statistiques et d'Informatique
INCAH Institut National du
Café d'Haïti
MARNDR Ministère de
l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement
Rural
NCOCABA Nouvelle
Coopérative Caféière de Baptiste
ONG Organisation Non
Gouvernementale
RECOCARNO Réseau des
Coopératives Caféières de la Région du Nord
UCOCAB Union des
Coopératives Caféières de Baptiste
LISTE DES ANNEXES
Annexe A :
Questionnaire d'enquête.
Annexe B :
Quantité de café-cerise (par mois) en marmite enregistrée
par les centres de traitement (campagne 2008-2009)
CHAPITRE I :
INTRODUCTION
Le café figure parmi les principales cultures
d'exportation du pays et constitue, par ailleurs, une source de devises
importante. Il fournit à environ 2.4 millions de gens des emplois
directs ou indirects (IRAM, AGRICOP, 2004 cité par CHANLATTE, 2009).
Cette denrée, après une longue période de déclin
avec la crise du marché conventionnel, est aujourd'hui prise en
charge par les coopératives qui comblent, en effet, le vide
créé par la faillite des maisons traditionnelles d'exportation
occasionnée par ladite crise. Appuyées par des ONG ou des agences
de coopération, ces coopératives sont dotées de centres de
traitement qui sont le fruit de lourds investissements. Ces infrastructures
(les centres) nouvellement mises en place dans le but d'améliorer la
préparation du café aux fins d'exportation, redonnent une
nouvelle allure à la production caféière qui reprend
timidement sa place de culture de rente sur l'exploitation agricole.
Cette nouvelle forme d'organisation socio- économique
du milieu rural haïtien dans les zones de production de café du
pays, spécialement à Baptiste, attire les regards de nombreux
observateurs sur les résultats réels, en termes de
création de richesses, des investissements consentis. C'est dans le
souci de porter des éléments de réponse aux
différentes interrogations qui se posent autour des centres de
traitement de Baptiste qu'il nous vient l'idée de faire la
présente étude qui porte essentiellement sur leur
rentabilité financière en tant qu'entreprises de production.
1.1.- Problématique
Le café constituait pendant longtemps la pierre
angulaire de l'économie du pays et sa principale source de devises.
Selon Paul MORAL (1961) cité par HARMEL (1995), il occupait, autrefois,
plus de 90% de nos recettes d'exportation. Aujourd'hui, sa contribution aux
recettes d'exportation est estimée à 4 684 801 dollars
américains, ce qui ne représente que 3% de l'exportation totale
du pays (ANDAH, 2007). Ce déclin marqué de l'industrie
caféière, aggravé par le désengagement de la
structure bancaire qui, d'habitude, finançait les maisons
traditionnelles d'exportation va être à l'origine des changements
profonds qui vont s'opérer au niveau de la filière café en
Haïti. En vue de relever les nouveaux défis de ladite
filière, la construction d'un certain nombre de centres de traitement du
café est financée au profit des associations de producteurs de
café, coopératives caféières et des réseaux
d'associations sur l'ensemble du territoire national, notamment dans les
zones1(*) de production de
café. Aujourd'hui, le pays dispose de près de quarante (40)
centres de traitement dont les tâches principales sont la
préparation du café aux fins d'exportation (SAINT-DIC note de
cours, 2009). Ne disposant pas d'assez de cadres pouvant faire des
études diagnostic, des problèmes d'efficience quant à la
productivité réelle de ces centres se posent à tous les
niveaux.
Baptiste, localité de la commune de Belladère,
située au département du Centre et zone de production
caféière de grande envergure2(*), n'est pas exempte de ce problème. En effet,
via un vaste programme d'amélioration de la production
caféière et de renforcement organisationnel mené par ICEF
de concert avec AVSF, cette localité a pu bénéficier
durant ces 10 dernières années de sept (7) centres de traitement
de café. En dépit d'importants investissements consentis par ces
deux institutions pour la mise en place de ces centres, les résultats
technico-économiques et financiers obtenus sont relativement
insatisfaisants et ne se traduisent notamment pas par une amélioration
des revenus perçus par les producteurs en amont de la filière
(RAMOS et SAINT-DIC, 2009). La cessation de ristourne aux producteurs et la
tendance de ces derniers à vendre leur café aux voltigeurs
dominicains plutôt qu'aux centres puis le recours aux crédits avec
de forts taux d'intérêts (30% par an actuellement contre un taux
de 60% par an avant 2008), sont, entre autres, autant d'éléments
négatifs qui attirent notre attention de chercheur à faire cette
étude en vue de mettre à jour le niveau de rentabilité
financière des centres.
L'agro-industrie caféière de Baptiste
évolue dans un contexte de plus en plus dépendant du
marché international, car la demande locale est faiblement
rémunératrice par rapport aux prix de vente d'une marmite de
café (surtout café triage) sur le marché local et ne peut
donc rentabiliser les investissements consentis et les dépenses de
production des centres. En ce sens, toute baisse de prix du café sur le
marché international aura des conséquences néfastes sur
le fonctionnement de l'industrie caféière qui verra son chiffre
d'affaires diminuer, ce qui pourra entraîner, à très court
terme, des bouleversements dans le flux de production des centres de
traitement et peser lourdement sur le niveau de l'offre. Dans cette optique, la
connaissance des différents segments de ce marché sur lesquels le
café lavé est écoulé et du niveau de production des
centres permettra de mieux cerner la problématique de la
productivité de ces derniers. Dans cet ordre d'idées, il
convient, pour nous, d'identifier l'ensemble des problèmes
rencontrés tant au niveau du marché international et du
marché local et de proposer des éléments de solution ou
d'identifier les meilleures options pouvant nous aider à
améliorer la productivité de ces centres de traitement. En ce
sens, une analyse de la rentabilité financière de ces centres
s'avère indispensable. Par ailleurs, le fonctionnement des centres
vis-à-vis des marchés d'écoulement et le niveau de besoin
en financement de ces derniers nous poussent à poser les questions
suivantes :
1- Est-ce que les centres de traitement sont tous
rentables financièrement ?
2- Est-ce que le café vendu sur le marché
gourmet est mieux valorisé que celui vendu sur les autres segments de
marché ?
La réponse à ces questions nous permettra de
mieux cerner le problème des centres de traitement et de faire une
évaluation de leur rentabilité financière. Entre autres,
cette étude se révélera d'une importance capitale
pour :
- les responsables des coopératives
caféières, principaux acteurs de la filière-café
qui sauront leurs faiblesses techniques et pourront agir ultérieurement
en conséquence et, par ailleurs, elle constituera une véritable
banque de données pour ces dernières.
- l'Etat haïtien qui comprendra mieux la
problématique du marché du café et pourra prendre les
mesures légales nécessaires pour faciliter la commercialisation
de ce dit produit et améliorer le fonctionnement de l'ensemble de la
filière.
- les ONG qui sauront comment orienter les fonds
destinés à la filière
- d'une manière générale, toutes
celles ou tous ceux qui interviennent d'une façon ou d'une autre dans
la filière -café.
I.2.- Objectifs du travail
I.2.1.- Objectif
général
Faire une analyse de la rentabilité
financière des centres de traitement dans une perspective
d'amélioration de leur productivité.
I.2.2. -Objectifs
spécifiques
Les objectifs spécifiques du présent
travail sont :
1- Faire une évaluation de l'approvisionnement en
matières premières des centres et de leur niveau de
production.
2- Déterminer les indicateurs de rentabilité
financière tels que : Ratio-avantages/coûts, taux de profit
et indice de rentabilité des centres.
3- Faire une comparaison de la rentabilité
financière de chacun des centres en fonction des marchés
d'écoulement.
I.3.- Hypothèse
H1 : Les centres de traitement qui vendent une partie
de leur café sur le marché gourmet sont plus rentables
financièrement que ceux qui ne vendent pas sur ce marché.
CHAPITRE II : REVUE DE
LITTERATURE
2.1.- Le café et
l'économie haïtienne
De l'introduction du café à Saint-Domingue vers
la fin du premier quart du dix-huitième (1725) siècle sur
l'habitation des jésuites à Terrier rouge, jusqu'à
l'avènement de l'industrie de sous-traitance vers les années 60,
l'économie du pays reposait fondamentalement sur les recettes provenant
de son exportation (CAZEAU, 1995). Au lendemain de l'indépendance du
pays, par exemple, il contribuait à plus de 90% de nos recettes
d'exportation (MORAL, 1961). En fait, vers la seconde moitié du
vingtième siècle, plus précisément vers la fin des
années 80, la filière a entamé un long déclin qui
se traduit par une baisse continue du niveau de sa production. Actuellement, la
production caféière globale est estimée à moins de
500000sacs de 60 kilos contre 633000 sacs en 1950, 740000 en 1955(record) et
660000 en 1973. Les volumes de café exportés vont dans le
même sens. Ils sont passés de 580000sacs en 1956 à moins de
100000 sacs à partir de l'an 2000 (ANGRAND, 2008). Les recettes
d'exportation du café suivent une courbe décroissante
également, ce qui est normal vu la chute continue des volumes de
production et d'exportation. Elles sont évaluées actuellement
à 4 684 801 USD contre 15000000 USD en 1990 (ANDAH, 2007). Son poids
dans la cote d'exportation du pays qui était de 34% en 1983 n'est que
aujourd'hui de 3%. Malgré les déboires de la production
caféière durant ces vingt dernières années, et la
tendance très marquée des producteurs à remplacer le
café par d'autres cultures vivrières plus rentables, les enjeux
de la caféiculture dans l'économie haïtienne, nous dit Yves
CHANLATTE (2008), restent encore un atout considérable.
2.2.- Production
caféière, une activité génératrice
d'emplois
De la pépinière au port d'embarquement en
passant par les différentes opérations de traitement dans les
ateliers, le café constitue une source d'emplois de grande envergure
dans les pays caféiers (CAZEAU, 1995). En Haïti, des dizaines de
milliers d'emplois directs et indirects sont créés le long de la
filière. En effet, un hectare de café nécessite à
lui seul plus d'une centaine d'hommes-jours de travail (SAINT-DIC, 2009).
D'après une étude menée par Frisner PIERRE en 2005, plus
de 200000 familles seraient impliquées directement dans la production
caféière dans le pays.
Le circuit caféier rémunère de nombreux
agents tels que : Les exportateurs, les spéculateurs, l'Etat
percevant des taxes à l'exportation dudit produit, les
intermédiaires commerciaux, les agents caféiers, les travailleurs
urbains, les producteurs, les travailleurs agricoles de divers types. (CAZEAU,
1995).
2.3.- L'Agro-industrie
caféière, sa complexité organisationnelle
2.3.1.- Les coopératives
caféières
Le mouvement coopératif est très jeune et date
d'une cinquantaine d'années. En effet, les premières
coopératives agricoles auraient apparu dans le pays à la fin des
années 70. A partir de cette date, il fallait attendre jusqu'aux
années 90 pour voir l'arrivée des premières
coopératives caféières. La montée des initiatives
appuyées par des ONG, est favorisée particulièrement, par
la crise du marché conventionnel du café et la montée du
commerce équitable dans le monde (ANDAH, 2007). Selon la même
source, Haïti disposerait en ce moment à travers tout le pays,
trois regroupements de coopératives, une fédération
d'associations, une association et trois coopératives qui sont toutes
certifiées3(*)
équitable pour le café (voir le tableau suivant).
Tableau 1- : Les Coopératives,
Réseaux de coopératives, Association et
Fédération d'Associations et leurs Zones d'action.
SIGLE
|
Statut de l'association
|
Définition des sigles
|
Zones d'Action (communes et/ou
départements)
|
APCAB
|
Association de planteurs de café
|
Association des Planteurs de Café de l'Arrondissement
de Belle Anse
|
Thiotte, Sud-est
|
CACVA
|
Coopérative
|
Coopérative Caféière de Vachon
|
Camp- Perrin
|
COOPCAB
|
Regroupement de Coopérative
|
Coopérative des Planteurs de Café de
l'Arrondissement de Belle Anse
|
Thiotte, Sud' Est
|
COOPACVOD
|
Coopérative
|
Coopérative agricole Caféière de Vincent
Ogé de Dondon
|
Dondon
|
FACN
|
Fédération d'Association
|
Fédération des Association
Caféière Natives
|
Sud-est, Artibonite, Grand' Anse, Sud, Ouest.
|
RECOCARNO
|
Regroupement de Coopérative
|
Réseau Coopérative Caféière de la
Région Nord
|
Nord, Nord- Est
|
UCOCAB
|
Regroupement de coopérative
|
Union Coopérative Caféière de Baptiste
|
Baptiste, Savanette
|
Source : ANDAH, 2007
2.3.2.- Les différentes
étapes de préparation du café
Le café, avant d'être admis sur le
marché international, subit un certain nombre de traitements relatifs
aux normes du marché. Ainsi nous sommes parvenus à
dénombrer plusieurs étapes dans le processus de traitement
industriel du café telles : le dépulpage, la
fermentation, le lavage et le séchage. On peut avoir également,
le décorticage, la classification, le triage, et la mise en sacs
(ANGRANC, 2008).
2.3.3.- La
commercialisation
La commercialisation représente le dernier maillon de
la chaîne de production au sein de l'industrie
caféière. Elle est assurée par un certain nombre
d'acteurs qui interviennent activement tout le long de la filière dans
le processus de production. On cite, entre autres, les coopératives
caféières, les spéculateurs, les voltigeurs, les
torréfacteurs, les exportateurs et les consommateurs locaux (SAINT-DIC,
2009). En effet, le café n'a pas toujours été
commercialisé dans un cadre légal. Suivant ANDAH (2007), sur
35,74% de café exporté par Haïti, 28,39% seraient vendus
via le marché informel en République Dominicaine et les autres
7,33% seraient écoulés suivant le circuit formel. Ces chiffres
rejoignent de près les résultats d'une enquête menée
par LARHEDO (2004) qui fait état de plus de 100000 sacs à
traverser informellement la frontière Haitiano- Dominicaine.
En 1980, l'exportation du café en provenance
d'Haïti était estimée à 0,30% du volume d'exportation
mondiale (JOCELYN (1987) cité par CAZEAU, 1995). Aujourd'hui ce chiffre
tourne autour de 0,03% (ANGRAND, 2008), indice qui témoigne de la baisse
de la production caféière. Néanmoins, Haïti figure
parmi les 50 principaux pays producteurs de café selon la même
source.
Entre outre, la commercialisation du café haïtien
s'effectue sur trois (3) marchés fondamentaux dont les uns sont plus
favorables que les autres. Il s'agit du : marché traditionnel
caractérisé par un prix à la baisse qui oscille autour de
$0,90 à $1,13(prix de la livre dans la bourse de New York) depuis ces
vingt dernières années ; du marché gourmet
(Japon) (le plus rémunérateur) qui achète la livre
à $ 2.50 USD et le marché équitable (France) qui
achète la livre à $ 1.80 USD.
2.4.- Les contraintes
liées à l'évolution de l'industrie caféière
en Haïti
Nous avons vu tantôt que la production
caféière ne cesse de chuter en dépit de lourds
investissements qui sont consentis à ce niveau, ces dix (10)
dernières années. Dans cet ordre d'idées, il nous est
indispensable de présenter les principales contraintes capables
d'influencer directement le niveau de production des centres de traitement.
Ainsi, nous tenons à attirer l'attention des lecteurs sur les maladies
et les pestes qui, en amont de la filière, ont des effets
néfastes sur le flux de production des centres.
Les maladies sont nombreuses et fréquentes chez les
caféiers. Parmi les plus connues, on a les pourridiés des
caféiers dont les agents causaux sont des champignons appartenant aux
groupes des ascomycètes et des basidiomycètes. Les premiers
comprennent les Roselinia bunodes Berk, Roselinia pepo Pat.,
Roselinia arcuta responsables de la pourriture noire des racines et
Roselinia necatrix responsable de la pourriture laineuse tant disque
les seconds comprennent : Leptosperus lignotus (pourriture
blanche), phelimus lamaensus (pourriture brune), Gadema
pseudoterrum (pourriture rouge). Ces maladies causent des
dégâts les plus importants sur le plan économique (ANGRAND,
2008).
Quant aux pestes, notre choix a été porté
les scolytes du caféier, notamment les scolytes des cerises
(Hypotenemus hampei), considéré comme le principal
fléau des caféières aujourd'hui. En effet, suite à
l'attaque du scolyte, on peut perdre du quart à plus de la moitié
de la récolte. En cas d'attaques sévères, les
dégâts arrivent jusqu'à 80%. Le café avec un
pourcentage aussi élevé de grains attaqués par les
scolytes imposera aux centres un taux de triage donc de rejets importants et
sera vendu à un vil prix au niveau des marchés local et
Dominicain (ANGRAND, 2008).
De plus, la position géographique des centres,
l'insuffisance des infrastructures existantes, auxquels s'ajoute le manque
d'esprit d'entreprises des entrepreneurs, la faiblesse des fonds de roulement
et autres, sont autant de problèmes qui ne plaident pas en faveur de
l'évolution des centres (APKAB, 2007).
2.5.- Différentes
interventions relatives au café
Le début du déclin de le caféiculture
a commencé au cours de la décade de 1960. Elle connut une reprise
dans les années 1970. Au milieu des années 1980, des
événements à caractère national et international
entraînèrent la crise actuelle. Les conséquences furent
catastrophiques sur la filière. Les grandes maisons d'exportation
tentèrent d'assumer la crise internationale en répercutant la
baisse des cours sur le prix d'achat tout en maintenant leur marge, ce qui
entraîna pour le producteur une vente à perte. En dépit de
ces contraintes majeures, le café conserve encore une place dans
l'économie nationale. Rappelons rapidement quelques-unes des
interventions.
Tout d'abord, la création du Code du Café
par un décret- loi du 6 novembre 1942 en vue de réglementer
l'industrie caféière en Haïti. Mais, ce Code n'étant
pas tout à fait conforme aux réalités du pays (puisqu'il
n'est plus respecté) est considéré inadéquat dans
le contexte de la production caféière actuelle.
En 1958, le Code du Café est devenu lois sous le
régime de François DUVALIER. Il a été
conçu comme pour réglementer tous les aspects de la
filière, depuis la conduite des caféiers et de la récolte
jusqu'aux procédés utilisés dans les usines de
transformation, les obligations des intermédiaires et le transport du
café vers les marchés. Il prescrit des pénalités
sévères (y compris des peines de prison) pour toute personne
dans la filière qui violerait ses dispositions (APPOLON, 1994,
cité par : PASQUETTI, 2007). Le 7 mars 1958, la loi organique du
DARNDR (Département de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et de
Développement Rural) initie au sein de la division de l'agriculture une
section de café et de cacao.
Le 19 août 1958, la restructuration de l'Office
National du Café a donné naissance à l'Institut
Haïtien du Café et des Denrées d'Exportation (IHPCADE). Cet
organisme avait pour mission de promouvoir la production, la
commercialisation, la standardisation, l'industrialisation du café et
le contrôle des autres denrées d'exportation. Il était
chargé également d'élaborer des plans de rénovation
de la caféiculture et des autres denrées, d'analyser les
marchés et d'étudier l'évolution du commerce. Dans la
réalité, cette institution ne concernait que la production et le
commerce du café.
Le programme Petits Planteurs Café (PPC) fut mis en
place entre 1975 et 1981.Il était appliqué dans 7 grandes zones
caféières haïtiennes. Il s'agissait d'améliorer la
quantité et la productivité du café, grâce à
la vulgarisation de paquets techniques (utilisation d'engrais,
régénération des plantations, implantation de
variétés nouvelles, etc.) et à l'accès
facilité au crédit. Le programme entraîna l'expansion des
jardins caféiers. Cependant, il buta sur le volet de promotion de la
taille des arbres. Celle-ci était en concurrence avec les
activités dans le jardin vivrier. Les traces du programme PPC peuvent
être observées à Baptiste. On note quelques vestiges
d'usines, et la demande d'engrais était réclamée avec
insistance.
Le 2 Avril 1981, l'Office de Promotion des Denrées
Exportables (OPRODEX) remplace l'IHPCADE. Il est rattaché au
Ministère du Commerce et de l'Industrie (MCI) avec pour mission la
promotion et le contrôle des denrées en vue d'accroître les
rentrées de devises.
Après 1986, le contrôle de qualité
effectué par le Ministère du Commerce et l'OPRODEX (Office de
Promotion des Denrées Exportables) a été interrompu,
ce qui a conduit à une évaluation insuffisante de la
qualité des produits exportés. Les acheteurs se
découragèrent et perdirent confiance en ce produit. Et,
après avoir subi des pertes en finançant des entreprises
déficitaires, les banques ne voulurent plus prendre le risque dans le
secteur et limitèrent le crédit, noeud du circuit de
commercialisation.
Le 11 novembre 1994, la Fédération des
Associations Caféières Natives (FACN) a été
créée. Son objectif principal est de promouvoir la production
caféière. Ce projet fut géré par l'Institut
International de Coopération pour l'Agriculture (IICA). Cette
fédération est la propriété du café de label
« Haitian Blue » et exporte principalement sur les
marchés Nord-américain et européen. Actuellement, elle
devient une organisation autonome bénéficiant du financement des
gouvernements haïtien et taïwanais.
En fin, par le décret présidentiel du 7
février 2003, l'Institut National du Café d'Haïti (INCAH)
fut créé dans le but de promouvoir et de dynamiser le secteur
caféier pour atteindre la durabilité et la
compétitivité (LEBELON, 2004)
2.6.- Zones de production
du café d'Haïti
La superficie totale du café d'Haïti est
estimée à 100000 hectares, ce qui représente environ 4% du
territoire national et près de 10% des superficies cultivées
(CIRAD, 1999 cité par IRAM et AGRICOP, 2004). Actuellement, les aires
en café sont localisées dans les régions de Beaumont
(Grande Anse), de Thiotte, de Belle- Anse, d'Anse à Pitre (Sud-est) et
de Baptiste (Centre) tandis qu'elles sont beaucoup lus faibles dans les
régions de Plaisance/Dondon (Nord), d'Anse à
Foleur/St-Louis-du-Nord (Nord-Ouest) et des Chaos (Artibonite). Il y aurait
plus de 200,000 familles qui seraient impliquées dans la production du
café dans le pays. La superficie moyenne par exploitation familiale
serait globalement au niveau de 0.50 ha. La conduite du café est plus
intensive dans le département du Sud- Est que dans les autres
départements du pays, du fait probablement des conditions de sol et de
pluviométrie favorables qui permettent une bonne valorisation des
investissements dans la fertilisation et les soins culturaux.
CHAPITRE III: PRESENTATION
DE LA ZONE D'ETUDE
3.1.- Environnement
biophysique
3.1.1.- Histoire et
localisation
À la suite des vêpres dominicaines en 1933, le
Gouvernement de Dumarsais ESTIME a installé à Baptiste, une zone
presque inhabitable sur la frontière, un groupe d'haïtiens qui
fuyait la République Dominicaine. Le gouvernement haïtien a
créé une zone agricole pour encadrer et faciliter leur insertion
sociale et économique. C'est dans ce contexte que fut
créée la région de Baptiste qui est aujourd'hui une
localité rattachée à la commune de Belladère et de
Savanette et où se développent des échanges importants
avec la République Dominicaine (IHSI, 2004) et (ICEF-AVSF, 2006).
La région de Baptiste est localisée dans le
Plateau Central d'Haïti, sur la commune de Belladère. C'est une
zone d'altitude, limitrophe avec la République Dominicaine et
située dans un triangle constitué par Belladère au Nord,
Savanette au Sud et Lascahobas à l'Ouest. Entre 900 et plus de 1400 m
d'altitude, ce plateau vallonné a une superficie d'environ 230 000
hectares (ICEF, 2005).
3.1.2.- Climat
La zone de Baptiste présente les
caractéristiques d'un climat tropical à saison sèche
(montagne humide). La zone n'est pas exposée aux forts vents,
contrairement autres régions caféières. Les perturbations
qui soufflent sur la zone viennent en général de la
République Dominicaine, suivant une direction Est/Nord/Est-
Ouest/Sud/Ouest. La pluviométrie annuelle est comprise entre 2 500 mm et
3 000 mm. La saison pluvieuse va du mois d'avril à octobre et celle dite
sèche de novembre à mars. On peut remarquer cependant une
légère récession des pluies, au milieu de la saison
pluvieuse, en juillet. Les températures sont comprises entre 18 et 22°C.
Les mois les plus chauds sont juin et juillet alors qu'une baisse de la
température est observée en décembre-janvier.
3.1.3.- Topographie
Le relief de la zone est très accidenté à
une altitude allant de 800 à 1400 mètres. Il présente une
succession des mornes abruptes et de plateaux aux pentes plutôt faibles.
Son point culminant atteint jusqu'à 1500 mètres. Entre 700
à 900 mètres d'altitude, on distingue des affleurements de roches
calcaires. Le processus d'érosion y est très avancé.
3.1.4.- Pédologie
Les sols sont de type ferralitique ou fersialitique. Ils
proviennent du processus d'évolution des oxydes de fer qui, liés
aux argiles, leur confèrent cette couleur rouge caractéristique.
Ces sols riches en sesquioxydes sont assez aptes à l'agriculture mais
présentent tout aussi bien des avantages et des inconvénients.
3.1.5.- Hydrographie
La zone est caractérisée par de multiples
accidents topographiques, attribuant ainsi un réseau de drainage
abondant alimentant les rivières de Roche-Plate et de Las Aguas qui sont
des affluents de la rivière Onde Verte. La roche mère
étant du calcaire, perméable et fissurée, on observe dans
les zones de plateaux des émergences de nappes sous forme de sources. Le
ruissellement est réduit et l'infiltration est très
importante.
3.1.6.- Couvertures
végétales
Baptiste bénéficie encore d'une assez bonne
couverture végétale en dépit de la dégradation de
l'environnement caractérisée par : une augmentation de la
température, l'érosion des sols et une diminution de la
pluviométrie. La strate arborée est relativement dense surtout en
zone de plateaux et est constituée généralement de citrus,
d'avocatiers, de sucrins, d'immortels, de trompettes... qui s'associent aux
bananiers et servent d'abris aux caféiers. Par contre, dans les zones de
pente, la strate herbacée est plus présente et est
constituée surtout d'herbes de guinée, d'afio, de balai, de
madame Michel...Il faut signaler que dans ces zones, la
végétation arborée est claire ou quasiment inexistante.
Les cultures pratiquées sont le maïs, le chou, le haricot, le taro,
l'igname, etc.
3.2.- Environnement
socio-économique
3.2.1.- Statut juridique et
administratif
Baptiste est une localité de la commune de
Belladère, département du Centre. Jusqu'en 1990, Baptiste
dépendait de Belladère d'un point de vue administratif et
politique. Les habitants aimeraient que Baptiste ait un statut de commune afin
de bénéficier plus directement les services publics
financés par les taxes communales. En signe de protestation, ils ne
payent de taxes ces taxes depuis 1991. A ce problème s'ajoutent des
complications administratives. Depuis 2004, Baptiste relève à
nouveau entièrement de Belladère tant du point de vue
administratif et politique. Toutefois, l'information n'a pas encore bien
circulé, ce qui prête à confusion.
3.2.2.- Population
La population de la région de
Baptiste-Belladère est estimée à près de 55 000
habitants en 2004, soit une densité de 166 habitants par km2
(IHSI, 2004) et (ICEF-AVSF, 2006).
3.2.3.- Moyens de
communication
Communication routière : la
zone de Baptiste est enclavée au sein d'Haïti ; les
infrastructures routières le reliant à Belladère (19 km)
sont actuellement en construction. Baptiste communique avec la capitale par la
seule route passant par Balladère, Lascahobas et Mirebalais construite
sous le gouvernement de Dumarsais ESTIMÉ. Ces conditions devraient
s'améliorer avec la rénovation de la route reliant
Port-au-Prince à Mirebalais. Dans les localités avoisinant le
bourg de Baptiste, les voies de communication sont rares. La plupart des
tracés existant ne peuvent être accessibles que par les
piétons et les animaux suivant que la saison soit sèche ou
pluvieuse.
Télécommunications : dans
les années antérieures, il était difficile de communiquer
avec le reste du pays quand on se situait dans la zone de Baptiste. Le seul
centre de télécommunication installé en 1990 par la
TELECO, ne fonctionne pas depuis plusieurs années. Ce vide est
comblé depuis mai 2007 avec l'arrivée de la compagnie mobile de
téléphone : la digicel. L'Internet devient accessible non
seulement à la ferme agricole mais au presbytère de la zone et au
bureau de l'UCOCAB. La presse, sous toutes ses formes, est inexistante.
Toutefois, des ondes venant de la commune de Hinche, de Port-au-Prince et de la
République Dominicaines peuvent être captées.
3.2.4.- Electricité
La région de Baptiste est pourvue
d'électricité. Actuellement, le bourg est
électrifié 24/24 à partir d'une petite centrale
hydro-électrique installée sur la rivière Onde Verte.
L'une est dotée d'une capacité de 750 watts et peut alimenter
toute la commune selon l'avis des habitants. Donc, une gestion efficace de
cette ressource s'avère indispensable au développement durable de
la zone.
3.2.5.- Éducation
Au niveau du bourg de Baptiste, on
trouve plusieurs écoles appartenant à des communautés
privées et religieuses et une école nationale construite sous le
gouvernement de Dumarsais ESTIMÉ en août 1948 et
réhabilitée en 2008. Au moment de cette étude,
l'enseignement secondaire y atteint le niveau du bac I. On mentionne
également la présence d'un lycée au sein de l'école
nationale. Comme l'éducation est un levier essentiel de l'ascension
sociale, la scolarisation est une priorité pour le développement
de la zone. Cependant, le prix d'inscription est parfois rédhibitoire.
Il augmente avec le niveau de scolarisation. Les résultats scolaires
sont faibles, ce qui s'explique par l'insuffisante formation des maîtres,
le manque d'encadrement familial, la concurrence d'autres activités, les
interruptions ponctuelles voire définitives de scolarité.
3.2.6.- Santé
L'accès aux soins de santé est cher et
très réduit. Baptiste dispose un centre de santé
nouvellement réhabilité par ZANMI LA SANTE en janvier 2008 et
dépend du MSPP.
Ce centre est doté d'une salle de chirurgie, de
maternité, d'accouchement, de consultation générale et
d'un pavillon pour les résidents.
3.2.7.- Infrastructures
financières et économiques
Vu l'enclavement de la zone et sa distance par rapport
à Port-au-Prince, Baptiste n'attire pas beaucoup d'investisseurs mais
quelques ONG notamment Oxfam Québec, Zanmi Lasante, etc. Aucune
présence de banques commerciales n'est remarquée. Cependant, en
partenariat avec AVSF, l'ICEF arrive à structurer de nombreuses
organisations de producteurs de la zone. Le projet mené par ICEF et
AVSF appuie techniquement et financièrement six coopératives qui
travaillent dans le développement agricole, et plus
spécifiquement dans le café.
D'autre part, l'Institut National du Café
d'Haïti (INCAH), un organisme public, lance épisodiquement dans la
zone. Il envisage actuellement de soutenir une des coopératives de la
zone, la CAB.
Il faut citer aussi la présence de certaines ONG
notamment la Croix-Rouge, l'Oxfam Québec, ZANMI LA SANTE, Save the
children....etc.
3.2.8.- Principales
activités de la zone
Dans la région de Baptiste,
l'agriculture constitue l'activité principale des habitants, ce qui
fait de Baptiste une zone agricole. Les principales denrées produites
sont le café, le chou, le haricot, le maïs, le bananier, l'igname,
le mirliton, les fruitiers (citrus, avocatiers...) mais les activités
économiques sont dominées par les cultures de rente,
principalement les cultures de café (Coffea arabica), le
bananier (Musa sp.) et l'igname (Dioscorea bulbifera) car les
conditions environnementales du milieu favorisent bien le développement
de ces denrées qui gagnent une place de choix dans les activités
agricoles. Mises à part ces activités, les familles s'adonnent
également aux activités commerciales. Le petit commerce est
considéré comme la 2ème activité des
habitants de la zone.
Au niveau de la zone, le travail agricole se fait avec des
instruments aratoires tels que : pioche, houe, machette, serpette, etc.
Les agriculteurs doivent avoir un encadrement technique devant leur p permettre
d'augmenter la production agricole dans la zone. Ils font face à de
nombreuses difficultés sur le plan phytosanitaire. La culture du
bananier est attaquée par le maroca, la variété figue-
banane n'est pas résistante à cette peste mais
variété banane musquée noire l'est. De même, les
caféiers sont attaqués par les scolytes. Entre autre, les
agriculteurs ne disposent pas de moyens phytosanitaires et techniques pour
faire le traitement des sols.
CHAPITRE IV :
METHODOLOGIE
Pour effectuer ce travail,
nous avons réalisé:
1- Une recherche bibliographique
2- Une enquête exploratoire
3- Une enquête formelle ;
4- Un dépouillement ;
5- Analyse des données ;
4.1.- Recherche
bibliographique
Dans cette partie, nous avons consulté tous les
documents ayant rapport avec notre sujet d'étude afin d'éviter
de reprendre ce qui était dit et cette étape nous a permis
d'écrire le chapitre relatif à la revue de littérature.
4.2.- Enquête
exploratoire
L'enquête exploratoire nous a fourni une vue globale de
la zone d'étude. Pour y parvenir, nous avons utilisé des moyens
divers tels que: entretien avec les notables de la zone, les observations
personnelles et les focus-groupes (par ex : rencontre avec le
président du réseau UCOCAB (Mr IVANOR) et les gérants des
coopératives). Aussi avons-nous organisé des entrevues avec
certains grands fournisseurs de café cerise de la localité qui
approvisionnent les centres de traitement.
D'autre part, notre passage dans la zone d'étude nous
a permis d'observer le paysage, la végétation, les cultures
dominantes et le positionnement des centres les uns par rapport aux autres.
Ainsi, nous avons pu voir les priorités de la zone d'étude.
Nous avons mis l'accent également sur les
coopératives caféières et le réseau (UCOCAB) qui
coordonne les actions de ces dernières et qui leur cherche de nouveaux
débouchés (Crédit, Marchés...)
4.3.- Enquête formelle
L'enquête formelle a été
réalisée à partir d'un questionnaire. Celui-ci a
été élaboré en vue de nous faciliter la collecte
des informations approfondies sur notre population statistique
préalablement définie. Il comprenait, en effet, tous les
détails concernant l'étude tels que : la technique
utilisée dans les centres, le goulot d'étranglement, la
main-d'oeuvre, les marchés visés, les institutions de
crédit qui font des prêts aux centres. En ce sens, nous avons pu
recueillir deux types de données : des données d'ordres
quantitatif et qualitatif.
4.3.1.- Données
quantitatives
Dans ce cas précis, nous nous sommes renseignés
sur : la quantité de matières premières (cerise de
café) achetées en moyenne par mois, le nombre de marmites de
café traité par jour en fonction de la capacité
installée du centre de traitement en question, la main-d'oeuvre
utilisée par jour de travail, le prix d'achat d'une marmite de
café, salaire payé par unité de main-d'oeuvre
utilisée par mois de travail, la quantité de matériels et
d'équipements dont dispose le centre de traitement, les coûts
d'acquisition des matériels et équipements du centre de
traitement, coût de transport, coûts de communication et
d'entretien des matériels, prix de la livre de café sur le
marché international.
4.3.2.-Données qualitatives
Ces données ont surtout porté sur : la
qualité du café cerise collecté, la qualité du
café vert produit dans chaque centre, l'état des matériels
et équipements, la qualité de main-d'oeuvre utilisée dans
le processus de traitement et les marchés d'écoulement du
café en provenance des centres.
4.4.- Dépouillement des
données
Au cours de ce travail, nous avons regroupé les
données similaires pour l'ensemble des sept (7) centres de traitement.
Ainsi, pour chaque groupe de données similaires, nous avons
élaboré un tableau de synthèse qui nous a facilité
la tâche de traitement de données. Nous avons, donc,
utilisé une grille de dépouillement sur tableur Excel en fonction
des objectifs du travail et des résultats espérés.
4.5.-Méthodes d'analyse des
données
4.5.1.- Procédés de
calcul
Dans le but d'atteindre nos résultats, il s'est
avéré nécessaire d'utiliser un certain nombre de formules.
En ce sens, voici, dans les lignes qui suivent, les principales formules qui
ont été choisies :
Recette brute (Rb) = Quantité de livres
produites * Prix unitaire de la livre ;
Amortissement = Prix d'acquisition du matériel -valeur
résiduelle / durée de vie ;
Profit (Ï) = Recettes totales - Coûts
totaux ;
Taux de profit = Profit/Coûts ;
Coût totaux = Coûts variables + Coûts
fixes ;
Indice de rentabilité (IR)
=Revenu/Investissement
Ratio av/ct non actualisé =
Avantages(Recettes)/coûts totaux
Ces dernières formules nous permettront de voir si les
centres de traitement en tant qu'entreprises agro-industrielles sont rentables
sur le plan financier et les bénéfices
générés au cours de la campagne 2008-2009.
4.5.2.-Tests statistiques
Pour tester l'hypothèse statistique selon laquelle:
H1 : Les centres qui vendent une partie de leur
café sur le marché gourmet sont plus rentables
financièrement que ceux qui ne vendent pas sur ce marché.
Nous avons utilisé le test statistique portant sur la
comparaison de deux moyennes : 1 et ì2
1 : Le taux de profit moyen généré
par les centres qui vendent une partie de leur café sur le marché
gourmet ;
ì2 : Le taux de profit moyen
généré par ceux qui ne vendent pas sur ce
marché ;
Conditions d'application du (test
unilatéral à droite) :
Population statistique de petite taille : n1
< 30 et n2<30 et de variances inconnues mais
supposées égales à une valeur commune.
Hypothèse nulle
H0 : 1=ì2 ne
pas accepter H0 si t > tá; n1
+n2 -2 sinon accepter H0
Seuil de signification : á = 5%
Ecart réduit et sa distribution : En supposant que
H1 vraie dans les conditions mentionnées, l'écart
réduit est :
t =
Distribué suivant la loi de Student
avec õ = n1+n2-2 degrés de
liberté.
Hypothèses alternatives
-Si H1 : 1 > 2 Alors
ne pas accepter H0 si t >tá ;
n1 + n2- 2 sinon accepter H0
Les autres formules qui seront utilisées sont
les suivantes :
Moyenne =
La variabilité (S2) entre les deux
échantillons peut s'exprimer ainsi :
S2 = et écart- type (S) de la différence ainsi :
S = = S
Règle de décision : ne
pas accepter H0 si la valeur calculée est supérieur
à la valeur tabulée sinon accepter.
CHAPITRE V :
RÉSULTATS DE L'ÉTUDE ET DISCUSSIONS
5.1.- Evaluation de
l'approvisionnement des centres de traitement
La quantité totale de cerise de café
captée par les centres, au cours de la dernière campagne
(2008-2009), est estimée à 20% de la production totale de la
zone par les responsables d'ICEF.
En se référant aux résultats inscrits
au tableau 2, on a observé que, de cette faible quantité, CAB1 a
collecté le plus grand nombre de marmites (15239), il représente
23.36% de la production totale qui arrive jusqu'aux centres. Ce centre est
suivi par NCOCABA qui a collecté, pour sa part, 11110 marmites soit
17.03% de celle-ci et par CODAT qui a eu 9890.5 marmites, ce qui
représente 15.16% de cette dite production. CAB2 et COAL, de leur
coté, ont capté respectivement 8788 et 8351 marmites, soient
13.47% et 12.80% de cette dernière, tandis que les quantités les
plus faibles sont obtenues par COTRAS (6612 marmites) et COOFUDERB (5252.5
marmites) soient respectivement 10.13% et 8.05% de la production captée
par ces centres.
Il est à signaler que les performances de CAB1 et de
NCOCABA en matière de collecte de café cerise sont surtout dues
par la quantité de membres dont ces centres disposent chacun et un
travail de sensibilisation auprès de ces membres entrepris par les
responsables de ces centres, tandis que, celles de COTRAS et de COOFUDERB
peuvent êtres expliquées par leur positionnement par rapport aux
jardins caféiers qui sont, parfois, très éloignés
de ces derniers et par la volonté très poussée de leurs
membres à vendre leurs cafés aux voltigeurs dominicains
plutôt qu'aux centres. Dans une moindre mesure, cette situation est la
même pour CODAT, CAB2 et COAL.
Tableau 2 : Quantité de café cerise
en marmite reçue par les centres (campagne 2008-2009)
|
CAB1
|
NCOCABA
|
CODAT
|
CAB2
|
COAL
|
COTRAS
|
COOFUDERB
|
TOTAL
|
Quantité café cerise en marmites
|
15239
|
11110
|
9890.5
|
8788
|
8351
|
6612
|
5252.5
|
65243
|
% de qté4(*) tot.
|
23.36%
|
17.03%
|
15.16%
|
13.47%
|
12.80%
|
10.13%
|
8.05%
|
100%
|
Source : Elaboration propre (Octobre- Novembre
2009)
5.2.-La production de
café vert des centres, les marchés visés et le café
triage
La production des centres de Baptiste se divise en trois
rubriques principales : le café vert exportable sur le
marché gourmet, le café vert exportable sur le marché
équitable, le café triage écoulé sur les
marchés Local et Dominicain. En fait, le premier est beaucoup plus
exigeant en qualité et rémunère mieux la livre de
café vert, tandis que le second accepte un café de qualité
moyenne (avec quelques petits défauts). Les deux derniers
marchés reçoivent plutôt un café triage qui n'est
pas accepté par les deux premiers.
En ce sens, pour la campagne 2008-2009, le tableau 3 nous
montre que, certains centres tels : CAB1, CODAT, CAB2 et NCOCABA n'ont
rien écoulé de leur production sur le marché gourmet.
Parallèlement, sur le marché équitable, CAB1 a vendu le
plus grand nombre de livres (11697) soit 79.23% de sa production, CODAT le
succède avec 7712 lbs, ce qui représente 80.4% de sa production,
CAB2 et NCOCABA y ont vendu respectivement 6748 et 7035 lbs de café
vert soient 79.31% et 78.78% de leur production.
D'autre part, les centres qui ont vendu la majeure partie de
leur café sur le marché gourmet sont au nombre de trois (3), il
s'agit, par ordre d'importance de quantité de café vendue, de
COAL qui y a écoulé 3745 lbs soit 47.37% de sa production puis
de COTRAS et de COOFUDERB qui ont vendu respectivement 3578 lbs et 1872 lbs,
ce qui correspond à 48.38% et 28.66% de leur production. Comme
précisé au paragraphe antérieur, ce café vendu sur
le gourmet est de très grande qualité et provient essentiellement
des parcelles caféières situées surtout en haute altitude,
c'est pourquoi celui-ci est accepté sur ce dit marché. Par
ailleurs, ces centres ont produit également un café de
qualité moindre qui est vendu sur le marché équitable.
Ainsi, ce dernier a reçu 2318 lbs en provenance de COOFUDERB soit
35.49% de sa production, tandis que pour COTRAS, ce chiffre est de l'ordre 2291
lbs, ce qui correspond à 30.98% de sa production. La quantité la
plus faible vendue sur le marché équitable est enregistrée
par COAL, elle est de l'ordre de 2199 lbs, soit 26.05% de sa production.
Le café triage est vendu sur les marchés local
et dominicain. Ainsi, COOFUDERB a vendu près de 29% de son café
triage en République Dominicaine et près de 6% de celui-ci sur le
marché local, tandis que COAL en a vendu près de 28% en
République Dominicaine et 2% sur le marché local. Par ailleurs,
le niveau de triage est moins important pour les autres centres. Dans cet ordre
d'idées, nous pouvons citer les deux CAB qui en ont écoulé
près de 8% sur le marché dominicain et 13% sur le local, vient
ensuite COTRAS avec 17% sur le marché dominicain et 4% sur le local
puis NCOCABA avec, pour sa part, 17% sur le marché dominicain et 4% sur
le local. Ce niveau de triage est très élevé et est
dû, d'une part, à l'état défectueux de certains
moulins qui ont été acquis pour la plupart dans les années
2002 et 2003 et qui occasionne un niveau de brisure élevée,
d'autre part, par un fort taux d'humidité (souvent > 11%)
après séchage qui facilite la fermentation du café et
altère son goût. Par ailleurs, le niveau de formation reçu
par les gérants et les manutentionnaires sur la qualité du
café est jusque là faible, cela est également une des
causes de la détérioration de la qualité du café.
Tableau 3 : Quantité en livres de
café vendu par marchés5(*)
|
Centres de traitement
|
Marché Gourmet
|
Marché Equitable
|
Marché Rep. Dom.
|
Marché Local
|
Total
|
Qté
|
%Qté tot
|
Qté
|
%Qté tot
|
Qté
|
%Qté tot
|
Qté
|
%Qté tot
|
Qté
|
%
|
CAB1
|
0
|
0
|
11697
|
79.23
|
1141
|
7.72
|
1925
|
13.04
|
14763
|
100%
|
CAB2
|
0
|
0
|
6748
|
79.31
|
649
|
7.63
|
1111
|
13.06
|
8508
|
100%
|
COAL
|
3745
|
47.37
|
2199
|
26.05
|
2344
|
27.77
|
151.8
|
1.80
|
8439.6
|
100%
|
CODAT
|
0
|
0
|
7712
|
80.47
|
1579
|
16.47
|
292.6
|
3.05
|
9583.6
|
100%
|
COTRAS
|
3578
|
48.38
|
2291
|
30.98
|
1262
|
17.06
|
264
|
3.70
|
7395
|
100%
|
COOFUDERB
|
1872
|
28.66
|
2318
|
35.49
|
1872
|
28.66
|
429
|
6.5
|
6531
|
100%
|
NCOCABA
|
0
|
0
|
7035
|
78.98
|
1513
|
16.98
|
358.6
|
4.03
|
8906.6
|
100%
|
Total
|
9195
|
------
|
40000
|
------
|
10370
|
-------
|
4532
|
------
|
64126.8
|
-------
|
Source : Elaboration propre
(Octobre- Novembre 2009)
5.3.- Evaluation des
recettes enregistrées sur les différents marchés
Pour bien cerner le niveau de rentabilité des centres
de traitement, il nous est d'une importance capitale de montrer comment la
recette de chaque centre se forme sur les marchés d'écoulement
car le montant de celle-ci est fortement lié aux types de marché
(Gourmet, équitable, Rep. Dom. et Local), au prix de la livre de
café et à la quantité de livres vendues. Le marché
gourmet, meilleur rémunérateur, achète la livre à
$ 2,50 USD et la recette globale pour Baptiste tourne autour de 950300 gdes, ce
qui représente 22,43% de la recette totale6(*) tandis que le marché équitable, moins
rémunérateur que le premier, achète la livre à $
1,80 USD, la recette sur ce marché atteint les 2 830 177 gdes, soit
66,79% de recette totale. Les deux autres marchés (Rep. Dom et Local),
recevant un café triage, permettent d'enregistrer une recette
supplémentaire de 456 859,60 gdes soit 10,55% de la recette globale. Ces
chiffres montrent, donc, que les plus fortes recettes ont été
réalisées sur le marché équitable (Voir le tableau
4).
Dans cette optique, COTRAS a enregistré sur le gourmet
369786,3 gdes soit 64.17% de sa recette et sur le marché
équitable 160255,45 gdes soit 27.80% de celle-ci, il est suivi de COAL
qui a eu sur le gourmet 387045,75 gdes soit 62.75% de sa recette et sur
l'équitable 153820,05 gdes soit 24.94% de cette dernière puis de
COOFUDERB dont la recette s'élève à 193471,2 gdes sur le
marché gourmet soit 47.17% de sa recette totale et à 162144,1
gdes sur le marché équitable soit 39.53% de cette dite recette.
(Voir le tableau 4).
D'autre part, comme mentionné
précédemment, certains centres n'ont pas vendu sur le gourmet,
les recettes de ces derniers se forment fondamentalement sur le marché
équitable. Il s'agit, en effet, de CAB1 qui y a obtenu un chiffre
d'affaires de l'ordre de 838669.09 gdes soit 89.99% de sa recette, de CODAT qui
a enregistré 539454.4 gdes comme recette soit 89.05% de celle-ci, de
CAB2 dont la recette est de l'ordre de 483735.66 gdes et de NCOCABA qui a eu
492098.25 gdes soient 89.99% et 88.03% de leurs recettes respectives (Voir le
tableau 4).
Par ailleurs, les recettes enregistrées sur les
marchés dominicain et local, à partir du café triage,
varient globalement de 9 à 10% des recettes totales des centres, car ce
café se vend à un prix dérisoire sur ces deux
marchés. En effet, sur le premier, la livre de café coûte
35 gdes tandis que sur le second marché, la marmite coûte
à peu près 75 gdes. (Voir le tableau 4)
Tableau 4- Répartition de recettes (en gourdes)
par centre de traitement et par marché7(*)
|
|
Centres
|
Marché Gourmet
|
Marché Equitable
|
Marché Rep.Dom.
|
Marché Local
|
Total
|
Recettes
|
%Rt
|
Recettes
|
%Rt
|
Recettes
|
%Rt
|
Recettes
|
%Rt
|
Recettes
|
%R
|
CAB1
|
0
|
0
|
838669.09
|
89.99
|
40699.65
|
4.36
|
52511.76
|
5.63
|
931880.5
|
100
|
CAB2
|
0
|
0
|
483735.66
|
89.99
|
23475.15
|
4.36
|
30288.24
|
5.63
|
537499.05
|
100
|
COAL
|
387045.75
|
62.75
|
153820.05
|
24.94
|
72369.6
|
11.73
|
3585
|
0.58
|
616820.4
|
100
|
CODAT
|
0
|
0
|
539454.4
|
89.05
|
57001.9
|
9.4
|
9310
|
1.53
|
605766.3
|
100
|
COTRAS
|
369786.3
|
64.17
|
160225.45
|
27.80
|
38988.5
|
6.76
|
7200
|
1.25
|
576230.25
|
100
|
COOFUDERB
|
193471.2
|
47.17
|
162144.1
|
39.53
|
39910.5
|
9.73
|
14625
|
3.56
|
410150.8
|
100
|
NCOCABA
|
0
|
0
|
492098.28
|
88.03
|
54619.3
|
9.77
|
12275
|
2.19
|
558992.55
|
100
|
Total
|
950303.25
|
------
|
2830147.03
|
-------
|
327064.6
|
------
|
129795
|
-----
|
4237339.85
|
------
|
Source : Elaboration propre
(Octobre-Novembre 2009)
5.4.- Évaluation des
coûts de production et de commercialisation
Depuis l'acquisition de la matière première, en
passant par le processus de production, jusqu'à la commercialisation,
les coûts sont variés et élevés. En fait, les
coûts liés à l'approvisionnement sont les plus
élevés, ils atteignent très souvent plus de 50% des
coûts totaux des centres de traitement. Dans cet ordre d'idées, le
tableau 5 nous a permis de constater que NCOCABA et CAB1 ont effectué
des dépenses d'approvisionnement en cerise de café
supérieures aux autres centres. D'après le tableau 5, le premier
a dépensé, en ce sens, 335612 gdes soit 59.56% de ses
dépenses tandis que pour le second, ce montant est de l'ordre 465278.3
gdes soit 58.38% de ses dépenses totales. Viennent ensuite CAB2 et
CODAT dont les dépenses d'approvisionnement s'élèvent
respectivement à 268367.7 gdes et à 300680 gdes, ce qui
correspond à 57.31 et à 54.71% de leurs dépenses. Par
ailleurs, celles-ci tournent autour de 50% pour COAL et COOFUDERB, tandis que
la dépense d'approvisionnement la plus faible est réalisée
par COTRAS. Elle est de l'ordre de 206117.5 gdes soit 49.37% de ses
dépenses.
Il faut préciser que l'approvisionnement est
dépendant du prix de la marmite de café cerise qui varie d'un
centre à l'autre et tout le long de la campagne. Celui-ci est, de plus,
influencé par la présence des voltigeurs dominicains qui ont
tendance à acheter la marmite à des prix plus
élevés que ceux des centres. C'est ainsi que l'on a trouvé
des centres comme c'est le cas de NCOCABA, de CAB1 et de CAB2 qui ont
donné jusqu'à 35 gdes pour la marmite cerise (avec promesse de
ristourne en retour) contre une moyenne de 33 gourdes pour l'ensemble des
centres dans l'unique objectif de mobiliser les membres et la clientèle,
en général, en leur faveur, ce qui se traduit par des
dépenses d'approvisionnement élevées.
Les dépenses liées au paiement des
intérêts sur emprunt sont, après celles consenties pour
l'acquisition des matières premières, les plus
élevées que les centres ont effectuées jusque là.
Elles varient peu d'un centre à l'autre. Elles sont un peu plus
élevées pour COOFUDERB et COAL (respectivement 18.95% et 17.05%
de leurs dépenses), tandis qu'elles tournent autour 16% pour les autres
centres (CAB 1, CAB2, COTRAS, CODAT et NCOCABA). Cette faible variation
des coûts à ce niveau est due au fait que les centres sont soumis
tous aux mêmes conditions de prêt qui sont de l'ordre de 30% l'an.
Ce prêt est obtenu grâce aux efforts des responsables du
réseau UCOCAB auprès de COPECLAS qui est une coopérative
d'épargne et de crédit.
Outre l'approvisionnement et le paiement des
intérêts sur emprunt, les centres effectuent d'autres
dépenses pour : le traitement final, la rémunération
des salariés, le transport, la communication, les frais de dossier,
amortissement etc.
L'opération de traitement final se révèle
plus importante en termes de coût pour les centres qui ont vendu
majoritairement sur le marché gourmet. Elle représente 10.43% des
dépenses de COAL et 10.03% de celles de COTRAS. Les dépenses
effectuées par COOFUDERB suivent la même tendance, elle
correspond, en fait, à 9.42% de ses dépenses. Ceci s'explique par
le fait que le café parche en provenance de ces derniers centres devait
subir deux traitements finals (ils ont payé pour ces deux traitements)
dont l'un à Port-au-Prince dans l'usine de traitement final de REBO et
l'autre à Thiotte dans celle de COOPCAB afin que ce café puisse
être accepté sur le marché gourmet.
Par ailleurs, cette opération est relativement moins
coûteuse pour les centres (CAB1, CAB2, CODAT et NCOCABA) qui ont
écoulé fondamentalement leur café sur le marché
équitable. Elle tourne autour de 6% des dépenses consenties par
ces derniers, car le café en provenance de ceux-ci n'a subi qu'un
traitement final à Port-au-Prince au niveau de l'usine de traitement
final de REBO.
La rémunération des employés est, entre
autres, un poste de dépense important pour les centres. Celle-ci est
fortement liée aux quantités de café cerise
collectées par ces derniers (le salaire du gérant et celui-ci du
manutentionnaire8(*)
étant les mêmes partout ailleurs). C'est ainsi que des centres
comme CAB1, CAB2, CODAT et COTRAS vont dépenser près de 9% du
montant de leurs dépenses à ce niveau. Viennent ensuite COAL et
NCOCABA qui en ont dépensé près de 7%, tandis que le
pourcentage de dépense le plus faible à ce niveau, est
enregistré par COOFUDERB soit 4.6% car celui-ci n'a pu collecter que
5252.5 marmites de café-cerise.
Les dépenses effectuées pour le paiement des
taxes à l'exportation, des frais de dossier au niveau du réseau
et la commercialisation tournent respectivement autour de 2.3%, de 2% et de
1.4% pour les centres (COTRAS, COAL et COOFUDERB) vendant majoritairement sur
le marché gourmet alors que ces dernières tournent respectivement
autour de 1.5%, de 1.4% et de 1% pour les centres (CAB1, CAB2, CODAT et
NCOCABA) vendant la majeure partie de leur café sur le marché
équitable. Les taxes et les dépenses de commercialisation sont
plus élevées sur le gourmet. Ceci est dû au fait qu'il n'y
a équité entre les partenaires commerciaux sur le marché
gourmet contrairement au marché équitable qui favorise les
produits agricoles en provenance des pays ACP9(*) (commerce équitable)
La connaissance de la dépréciation des
immobilisations dans le temps nous a porté à faire des calculs
d'amortissements. Ceux-ci correspondent à près de 4% de la
dépense totale, car ils sont le fruit d'un même projet de
renforcement organisationnel mené par ICEF de concert avec AVSF. Les
cas CAB1 et de NCOCABA qui ont eu des amortissements faibles soit près
de 2% de leur dépense, peuvent être expliqués par un niveau
de dépréciation faible dû au fait que ces centres ont
été mis en place trois (3) ans plutôt avant les autres.
Les autres coûts comprennent les dépenses de
communication, les dépenses de déplacement des responsables de
centres et les dépenses d'entretien des matériels. Ces
coûts ont tendance à être plus élevés pour les
centres qui sont situés un peu plus loin de la ville de Baptiste. C'est
ainsi que ces derniers s'élèvent à près de 3% des
coûts totaux de production de COOFUDERB et CODAT qui se localisent
à respectivement 11/2 heure et 2 heures de marche de la
ville de Baptiste, tandis que, pour ceux qui sont situés un peu plus
près de la ville (à environ 30-60 minutes de marche) comme
NCOCABA, COTRAS et COAL, ils correspondent à près de 2% de leurs
coûts totaux. Ceci est dû au fait que les centres
éloignés ont dépensé beaucoup plus pour communiquer
avec les responsables de réseau, ce que ne sont pas obligés de
faire les centres qui sont plus proches. D'autre part, pour les deux CAB
(CAB1, CAB2) qui sont situés dans la ville, ces coûts sont
relativement plus faibles et représentent 1.41% de leurs coûts
totaux de production, car leurs dépenses de communication sont
inférieures à celles des autres centres.
Tableau 5 : Coûts de production de
café vert et de commercialisation des centres
Centres
Coûts(operations)
|
CAB1
|
CAB2
|
COAL
|
CODAT
|
COTRAS
|
COOFUDERB
|
NCOCABA
|
Total.
|
Matière première
|
Montant (en gourdes)
|
465278.3
|
268367.7
|
257100
|
300680
|
206117.5
|
160605.5
|
335612
|
1993761
|
% coût tot10(*)
|
58.38
|
57.31
|
51.49
|
54.71
|
49.37
|
50.76
|
59.56
|
-----
|
Intérêt sur emprunt.
|
Montant (en gourdes)
|
134123.4
|
77360.99
|
85160.01
|
91757.43
|
69119.6
|
59964.12
|
88586.3
|
606071.8
|
% coût tot.
|
16.83
|
16.52
|
17.05
|
16.7
|
16.55
|
18.95
|
15.72
|
-----
|
Transport
|
Montant(en gourdes)
|
15138
|
8732
|
11460
|
11425
|
11491
|
10060
|
11905
|
80211
|
% coût tot.
|
1.9
|
1.9
|
2.3
|
2.1
|
2.8
|
3.2
|
2.1
|
------
|
Traitement final.
|
Montant(en gourdes)
|
49968
|
28821.01
|
52104.74
|
35745.06
|
41868.52
|
29791.84
|
32912.02
|
271211.2
|
% coût tot.
|
6.27
|
6.15
|
10.43
|
6.5
|
10.03
|
9.42
|
5.84
|
-------
|
Salaire
|
Montant(en gourdes)
|
73456
|
42369
|
35155
|
50350
|
37555
|
14565
|
44635
|
298085
|
% coût tot.
|
9.22
|
9.05
|
7.04
|
9.16
|
8.99
|
4.6
|
7.92
|
-------
|
Taxes
|
Montant(en gourdes)
|
13003.38
|
7500.212
|
11563.57
|
9405.288
|
10565
|
7151.068
|
8686.852
|
67875.37
|
% coût tot.
|
1.6
|
1.6
|
2.3
|
1.7
|
2.5
|
2.3
|
1.5
|
-----
|
Commercialisation
|
Montant(en gourdes)
|
11377.96
|
6562.686
|
10118.13
|
8229.627
|
9244.372
|
6257.185
|
7600.996
|
59390.95
|
% coût tot.
|
1.4
|
1.4
|
2.0
|
1.5
|
2.2
|
2.0
|
1.3
|
------
|
Frais de dossier
|
Montant(en gourdes)
|
8127.113
|
4687.633
|
7227.233
|
5878.305
|
6603.123
|
4469.418
|
5429.283
|
42422.11
|
% coût tot.
|
1.0
|
1.0
|
1.4
|
1.1
|
1.6
|
1.4
|
1.0
|
------
|
Amortissement
|
Montant(en gourdes)
|
15000
|
17272.52
|
19311.5
|
19647.5
|
15897.5
|
15025.74
|
13863.4
|
116018.2
|
% coût tot.
|
1.88
|
3.69
|
3.87
|
3.57
|
3.81
|
4.75
|
2.46
|
------
|
Autres
|
Montant(en gourdes)
|
11447.87
|
6602.13
|
10129.71
|
16490
|
9074
|
8520
|
14254
|
76517.71
|
% coût tot.
|
1.44
|
1.41
|
2.03
|
3
|
2.17
|
2.69
|
2.53
|
-------
|
Total
|
Montant(en gourdes)
|
796920
|
468275.9
|
499329.9
|
549608.2
|
417535.6
|
316409.9
|
563484.9
|
3611564
|
% coût tot.
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
-------
|
Source : Elaboration propre (Octobre-
Novembre 2009)
5.5.- Evaluation de la
rentabilité financière des centres de traitement de
café.
Pour évaluer la rentabilité financière
des unités de traitement, on a privilégié trois (3)
indicateurs de rentabilité clé tels que : Indice de
rentabilité (IR), des ratios avantages- coûts non
actualisés et le taux de profit.
5.5.1.- Indice de
rentabilité des centres de traitement
Cet indicateur de rentabilité financière exprime
le niveau de rentabilité des centres de traitement par rapport aux
investissements consentis.
L'analyse de l'indice de rentabilité des centres sur
l'exercice 2008-2009 nous montre que le meilleur résultat financier est
par CAB1 (0.086), viennent ensuite COTRAS (0.081) et COAL (0.062). La position
de CAB1 est due à un niveau de revenu intéressant de l'ordre de
134960.5 gourdes et un niveau d'investissement relativement faible (1570132
gourdes), tandis que celles des autres (COTRAS et COAL) peuvent êtres
expliquées surtout par leurs revenus (respectivement 158694.6 gourdes
et 117490.5 gourdes) car leurs investissements (respectivement 1955687.2
gourdes et 1891058.8 gourdes) figurent parmi les plus élevés
(voir le tableau ci-après).
À l'inverse, les autres centres (COOFUDERB, CAB2, CODAT
et NCOCABA) ont obtenu des résultats moins intéressants que les
premiers. Ces résultats sont de l'ordre d e 0.049 pour COOFUDERB, de
0.036 pour CAB2, de 0,030 pour CODAT et de -0.002 pour NCOCABA. Ces derniers
résultats sont dus à des investissements élevés et
des revenus peu intéressants enregistrés par ces centres.
Tableau 6 : Indice de rentabilité
(IR) des centres de traitement
Centres
|
Investissements (gdes)
|
Revenu (gdes)
|
IR
|
CAB1
|
1570132
|
134960.5
|
0.086
|
CAB2
|
1905687.2
|
69223.16
|
0.036
|
COAL
|
1891058.8
|
117490.5
|
0.062
|
CODAT
|
1870714.4
|
56158.09
|
0.030
|
COTRAS
|
1955687.2
|
158694.6
|
0.081
|
COOFUDERB
|
1897729.5
|
93740.93
|
0.049
|
NCOCABA
|
1951141
|
-4492.301
|
-0.002
|
Source : Elaboration propre (Octobre-Novembre
2009)
5.5.2.- Le ratio des avantages
/coûts non actualisé des centres
L'analyse du ratio (Avantages/coûts) pendant la
campagne de production de 2008-2009 nous permet de comprendre le niveau de
couverture financière des dépenses effectuées dans le
processus de production des centres. Grâce à ce ratio, nous avons
constaté que tous les centres de traitement ne rémunèrent
pas de la même manière leur dépense de production. Dans
cette optique, le tableau suivant nous montre que COTRAS a eu le meilleur
résultat soit 1.38, viennent ensuite COOFUDERB avec 1.30 et COAL (1.24).
Par ailleurs, celui-ci (le ratio) varie peu pour les centres tels que CAB1
(1,17), CAB2 (1.15) et CODAT (1.10). Le ratio le plus faible a
été enregistré par NCOCABA (0.99)
Compte tenu de ces résultats, nous pouvons dire que les
centres tels COTRAS, COOFUDERB et COAL dont une partie de café a
été écoulée sur le marché gourmet ont eu de
très bonnes recettes et fournissent un rendement de ressource
mobilisée plus intéressant que les autres centres (CAB1, CAB2,
CODAT et NCOCABA) qui ont vendu majoritairement leur café sur le
marché équitable. De plus, ces derniers centres ont
effectué paradoxalement des dépenses d'acquisition de
café-cerise plus élevées que les autres, ce qui influence
négativement cet indicateur.
Tableau 7 : Ratio des avantages/
Coûts11(*) non
actualisés
Centres
|
Recettes
|
Coûts
|
R av/ct
|
CAB1
|
931881
|
796920
|
1.17
|
CAB2
|
537499
|
468276
|
1.15
|
COAL
|
616820
|
499330
|
1.24
|
CODAT
|
605766
|
549608
|
1.10
|
COTRAS
|
576230
|
417536
|
1.38
|
COOFUDERB
|
410151
|
316410
|
1.30
|
NCOCABA
|
558993
|
563485
|
0.99
|
Source : Elaboration propre (Octobre-
Novembre 2009)
5.5.3.- Le profit annuel et le
taux de profit des centres de traitement
L'activité de préparation du café aux
fins d'exportation au cours de la campagne 2008-2009 au niveau des centres
nous montre que ceux-ci sont capables de générer des revenus. En
se référant au tableau suivant, nous avons pu constater que les
meilleurs profits sont enregistrés par COTRAS (158694.64 gdes), vient
ensuite CAB1 avec un profit de l'ordre de 134960.5 gdes. Ces deux centres
(COTRAS et CAB1) sont suivis par COAL (117490.51 gdes) et COOFUDEB (93740.93
gdes). Ceci est dû au fait que ces centres ont eu de recettes. Le cas de
CAB1 peut être expliqué par la quantité de livres (11697
lbs) de café vendue majoritairement sur le marché
équitable tandis que celui des autres centres (COTRAS, COOFUDERB et
COAL) est le résultat d'une bonne affaire réalisée sur le
marché gourmet.
En revanche, les profits générés par les
autres centres sont plus faibles et atteignent, par ordre décroissant,
les 69223.16 gdes pour CAB2, 56158.093 gdes pour CODAT et -4492.301 gdes pour
NCOCABA.
Les taux de profit ne suivent pas la même allure que
les profits. Toutefois, COTRAS a enregistré le plus fort taux de profit
(38.01%) mais celui-ci est suivi par COOFUDERB avec un taux de l'ordre de
29.63%. Vient ensuite COAL avec un taux de
23.53%.
D'autre part, des taux moins intéressants ont
été observés dans les autres centres tels CAB1 (16.94%),
CAB2 (14.78%), CODAT (10.22%) et NCOCABA (-0.80%).
Tableau 8: Le taux de profit des
centres12(*) de
traitement
Centres
|
Rec. tot.
|
Coûts tot.
|
Profit
|
Taux de profit
|
CAB1
|
931880.5
|
796920
|
134960.5
|
16.94%
|
CAB2
|
537499.05
|
468275.89
|
69223.16
|
14.78%
|
COAL
|
616820.4
|
499329.89
|
117490.51
|
23.53%
|
CODAT
|
605766.3
|
549608.207
|
56158.093
|
10.22%
|
COTRAS
|
576230.25
|
417535.61
|
158694.64
|
38.01%
|
COOFUDERB
|
410150.8
|
316409.87
|
93740.93
|
29.63%
|
NCOCABA
|
558992.55
|
563484.851
|
-4492.301
|
-0.80%
|
Source : Elaboration propre
(Octobre-Novembre 2009)
5.6- Vérification
d'hypothèse
Etant donné que notre T calculé (0.864) est
inférieur au T tabulaire (2.015) (voir le tableau 9), au seuil de
signification de 5%, nous n'avons donc pas suffisamment d'évidence
statistique pour maintenir notre hypothèse de départ à
savoir : Les centres de traitement qui ont vendu une partie de leur
café sur le marché gourmet sont plus rentables
financièrement que ceux qui ne vendent pas sur ce marché.
Tableau 9: Vérification du test
d'hypothèse (test unilatéral à droite)
Variables
|
Moyennes
|
n1
|
n2
|
õ
|
S2
|
T calculé
|
T tabulaire
|
Xi
|
1 = 30.39%
|
3
|
4
|
5
|
0.093
|
0.864
|
2.015
|
Yi
|
2 = 10.29%
|
Source : Elaboration propre
(Octobre-Novembre 2009)
N.B. : xi: Taux de profit d'un centre vendant une
partie de son café sur le marché gourmet
yi : Taux de profit d'un centre ne
vendant pas sur le marché gourmet
1 : Taux de profit moyen des
centres vendant une partie de leur café sur le marché
gourmet
2 : Taux de profit moyen des
centres ne vendant pas sur le marché gourmet
S2 : Variabilité
entre ces deux groupes de centres
n1 : Nombre de centres
vendant une partie de leur café sur le marché gourmet
n2 : Nombre de centres ne
vendant pas sur le marché gourmet
õ : Nombre de
degrés de liberté
CHAPITRE VI- CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
6.1.- Conclusions
Compte tenu des résultats de notre travail sur la
rentabilité financière des centres de traitement
de café dans la région de Baptiste-Belladère, nous
pouvons, donc, conclure que ces derniers sont rentables financièrement
(exception faite pour NCOCABA). Toutefois, leur niveau de rentabilité
est très faible. En effet, l'analyse du fonctionnement annuel des
centres à partir de certains indicateurs-clés de
rentabilité financière(ratio des avantages/coûts non
actualisé, le taux de profit et l'indice de rentabilité) nous a
permis de constater qu'ils ont tous des ratio avantages/coûts
inférieurs à 1.40, des taux de profit
inférieurs à 40% et des indices de
rentabilité inférieurs à 0.1.
Par ailleurs, la comparaison de ces différents
indicateurs de rentabilité entre eux a permis d'observer
généralement de meilleurs résultats pour les centres
COTRAS, COOFUDERB et COAL qui ont vendu une bonne partie de leur café
sur le marché gourmet. Les centres tels que: CAB1, CAB2, CODAT et
NCOCABA qui ont écoulé majoritairement leur café sur le
marché équitable ont accusé des résultats moins
intéressants.
En revanche, le résultat du test statistique (test
unilatéral à droite) portant sur la comparaison de deux moyennes
réalisé sur le taux de profit montre qu'il n'y a pas de
différences significatives, en termes de rentabilité, entre
les centres de traitement qui ont vendu une partie de leur café
sur le marché gourmet et ceux qui ne vendent pas sur ce
marché.
6.2- Recommandations
Tenant compte des problèmes rencontrés lors de
la réalisation de cette étude ainsi que des témoignages
des différents gérants de centres et des professionnels qui
travaillent dans la filière, il s'avère nécessaire et
souhaitable de formuler les recommandations suivantes pour une réelle
amélioration de la situation.
Ø Continuer de former les gérants des centres de
traitement sur la qualité du café (sélection des cerises
de café mûres, pas vertes, pas abîmées) afin de
pouvoir mieux se positionner sur des marchés plus
rémunérateurs (Gourmet, Équitable) et de réduire le
taux de triage encore trop élevé.
Ø Améliorer l'approvisionnement des centres de
traitement par :
o Un travail de sensibilisation auprès des producteurs
(membres et non membres du réseau) de la zone par le recrutement d'un
animateur et par la mise en place de campagnes de sensibilisation /
communication (brochures, rencontres avec les producteurs, pancartes...) visant
à attirer l'attention des principaux acteurs sur les
bénéfices espérés (ristourne, encadrement
technique, ...) qu'ils pourront tirer en vendant leurs cafés aux centres
plutôt qu'aux voltigeurs dominicains.
o Une surveillance des prix d'achat du café du
marché dominicain et possibilité dans certains cas de s'aligner
sur ces prix. Ceci peut être aussi l'une des fonctions de l'animateur.
o Appui à la production par la mise en place ou le
maintien de parcelles de démonstration par coopérative.
Ø Changer les moulins défaillants en vue de
diminuer le niveau de triage
Ø Rechercher du crédit plus intéressant
tel que celui octroyé par PROGRESSO aux centres de THIOTTE (8%/an) pour
améliorer le chiffre d'affaires des centres.
BIBLIOGRAPHIE
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de la filière-café en Haïti.
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· BAILLARGEON, G. (1984), Techniques
statistiques. Département de mathématiques et d'informatiques de
l'Université du Québec à Trois rivières.
· BAILLARGEON, G. et RAINVILLE, J.
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multidisciplinaire. Université du Québec à trois
rivières.
· BOLIVARD, G.B. et PIERRE-JEAN, L.
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ASSODLO.
· CAZEAU, H. (1995), Analyse des
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caféière dans la commune de Thiotte. Mémoire de fin
d'études. FAMV.
· CHANLATTE, Y. (2009), Analyse des
performances économiques des systèmes caféiers dans la
région de Baptiste -Belladère. FAMV.
· CICDA et ICEF (2001), projet d'appui
à la commercialisation du café des petits producteurs de Baptiste
et de Savanette, Centre- Haïti.
· FRANCOIS, W. (2008), Audit des
coopératives caféières (groupes pilotes APKAB), projet
d'appui à la compétitivité du café haïtien.
Institut National du café Haïtien.
· ICEF (2005), Diagnostic des
systèmes de culture caféière à Baptiste.
Port-au-Prince.
· ICEF-AVSF (2006), Projet TIKAFE
BAPTISTE Haïti.
· IHSI (2004), Institut Haïtien de
Statistiques et d'Informatique ; démographie de la commune de
Belladère.
· IRAM, AGRICORP (2004),
Elaboration d'un projet d'amélioration de la qualité des
cafés-Haïti.
· JEAN- BAPTISTE, J.G. (2007), Notes de
cours d'élaboration et d'évaluation des projets de
développement rural. FAMV.
· LARHEDO (2004), Enquête sur le
commerce informel du café en provenance d'Haïti vers la
République Dominicaine.
· LEBELON, J.B. (2004), Analyse des
performances économiques des systèmes de cultures à base
caféière et vivrière dans la commune de Marmelade.
· MATHIEU, J. (1996), Etude du
fonctionnement de l'industrie de la canne dans le Nord. Etude de cas à
Limonade et Quartier Morin. Mémoire de fin d'études. FAMV.
· MORAL, P. (1978), Le paysan
haïtien. Etude sur la vie rurale en Haïti. Paris, CNRS, 1961.
Reproduction : Fardin.
· PASQUETTI, C. (2007), Diagnostic agraire
de la zone de Baptiste, Plateau Central, Haïti. Thèse de Master 2,
INAP-G, Agro Paris Tech.
· PIERRE, F. (2005), La filière
café, identification des créneaux potentiels dans les
filières rurales haïtienne ; MARNDR/BID.
· SAINT DIC, R. (2009), Notes de cours
d'Economie du secteur agro-industriel, FAMV.
· SAINT DIC, R. et RAMOS, E. (2009),
Diagnostic technico-économique des usines alternatives de traitement
du café d'Haïti pour l'exportation. INCAH- PACCHA.
ANNEXES
* 1 Voir le tableau 1 pour
les principales zones de production caféières en Haïti P.
8.
* 2 Avec une production moyenne
annuelle de l'ordre de 36,000 sacs de 60 kilos, Baptiste se situe en
troisième position sur le plan national derrière Thiotte (64,000
sacs de 60 kilos) et l'Ouest (45,000 sacs de 60 kilos) (SAINT-DIC et RAMOS,
2009)
* 3 C'est-à-dire elles
disposent, toutes, un certificat leur permettant de commercialiser du
café sur le marché équitable.
* 4 Pourcentage de la
quantité totale
* 5 Qté :
quantité en livres, tot : total, Rep. Dom. : République
dominicaine.
* 6 C'est la recette totale
réalisée par l'ensemble des centres de traitement de
Baptiste.
* 7 %Rt : Pourcentage de la
recette totale, Les recettes enregistrées sont évaluées
en gourdes (gdes).
* 8 Le manutentionnaire ici est
un contractuel qu'on embauche en fonction de l'intensité du travail pour
faire tourner les moulins.
* 9 Les pays de l'Afrique,
Caraïbes et Pacifique qui jouissent le privilège d'exporter
certains produits agricoles sur le marché européen sans
être soumis aux tarifs douaniers en vigueur (Haïti fait partie de
ces pays et jouit donc de ce privilège)
* 10 Représente le
pourcentage du coût total
* 11 R av/ Ct : Ratio Avantages
/ Coûts
* 12 Rec. tot. : Recettes
totales en gourdes, Coûts tot. : Coûts totaux en gourdes
|