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Influence du sédiment sur les flux énergétiques et le métabolisme oxydatif chez l'huà®tre creuse Crassostrea Gigas

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par Antoine Perhirin
UBO Brest - Master Chimie Marine 2009
  

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Matériel et Méthodes

1. Matériel biologique

Les huîtres sélectionnées pour le projet Riscosol proviennent de captage naturel d'Arcachon. Les juvéniles de 18 mois ont été répartis sur 6 stations dans la baie de Quiberon. Trois sites seulement ont été retenus pour les analyses biochimiques (Stations QB02, QB04 et QB05 - Figure 7). La présence d'un gradient d'envasement a justifié ce choix, la station 5 étant la plus envasée, la station 2 la moins envasée, la station 4 étant intermédiaire (Annexe 3). Les stations 2 et 5 sont à une profondeur moyenne de 7-8 mètres tandis que la station 4 est à environ 13 mètres de profondeur. Les eaux du fond pour cette dernière station sont plus froides, plus turbides et sont davantage soumises aux phénomènes de stratification pendant l'été.

Figure 7 : Carte de situation des sites retenus dans la baie de Quiberon pour le projet Riscosol

Un prélèvement de 30 huîtres pour les mesures physiologiques est réalisé à date fixée. Pendant la durée du stage les prélèvements de juillet 2008, septembre 2008 et mars 2009 ont été analysés. Des mesures biométriques sont effectuées le jour du prélèvement (poids total, poids de chair, poids de coquille). Sur les 30 huîtres, 3 pools de 5 huîtres sont réalisés sur l'animal entier et 3 autres pools de 5 huîtres sont constitués par tissus (glande digestive, les branchies et le muscle). Les pools d'animaux entiers et des tissus sont congelés dans l'azote liquide aussitôt après dissection jusqu'à l'analyse.

Le matériel biologique et le protocole de la manipulation en milieu contrôlé hypoxie - normoxie est décrit par Gilles Le Moullac [6]. Nous avons retenu les échantillons d'huîtres issues de la manipulation de juin 2005 (ce qui correspond à une température de 20°C) et pour les huîtres de la souche R seulement. La souche R est une souche d'huître sélectionnée en une génération pour ses qualités de résistance face aux mortalités estivales.

Après une phase d'acclimatation d'une semaine en milieu contrôlé, un lot est placé en condition hypoxique (2.0mg O2/L d'eau de mer) et un deuxième lot témoin est gardé en normoxie (environ 8.5mg O2/L d'eau de mer). Des prélèvements sont effectués à T0, T2, T10 et T20 jours pour les mesures biochimiques.

2. Préparation des échantillons pour les mesures d'activités enzymatiques

Les échantillons d'huîtres congelés sont broyés au Dangoumeau. La poudre fine obtenue est ensuite aliquotée par 100 ou 200mg dans des tubes eppendorfs. Les aliquots sont extraits dans un tampon dont la composition spécifique dépend des conditions du dosage :

Dosages GR-CS-CAT-SOD : Tampon PBS (Phosphate Buffer Saline) + 0.1% Triton X-100 + 1mM EDTA

Dosage CCO : Tampon PBS + 0.1% Tween 20 + 1mM EDTA

Dosages PK-PEPCK : Tampon Imidazole-HCl 0.2M pH7.2 + NaF 100mM + EDTA 5mM + EGTA 5mM + 2-âmercaptoéthanol 15mM + Antiprotéases

Dosage DPPH : Mélange méthanol-eau 50/50

L'homogénéisation est réalisée à l'aide d'un broyeur mécanique (polytron). Pendant toute la durée de l'homogénéisation, les échantillons sont maintenus dans un bain de glace. Seule exception, pour le dosage DPPH, l'homogénéisation est uniquement réalisée par ultrasons. Les broyats sont ensuite centrifugés :

Dosages CS-GR-SOD-CAT-PK-PEPCK : 15000g pendant 10mn à 4°C

Dosage DPPH : 3500g pendant 15mn à 20°C

Dosage CCO : Extraction de mitochondries : première centrifugation à 1400g pendant 5mn à 4°C. Le surnageant est isolé puis centrifugé une deuxième fois à 9000g pendant 9mn à 4°C. Le culot est ensuite redissout dans un tampon phosphate 50mM pH 7.8 pour les analyses.

Les dosages sont réalisés en microplaques de 96 puits et les cinétiques sont lues avec un lecteur spectrophotométrique Biotek UV/visible. Les résultats sont exprimés par rapport à des mg de protéines solubles, dosage réalisé par la méthode de LOWRY (kit BioRad).

Le poids sec moyen de l'huître ainsi que le taux de matière organique moyen par huître est obtenu après séchage d'un aliquot de poudre à 80°C et 450°C.

3. Principe des dosages

a) Métabolisme énergétique :

Principe du dosage de la pyruvate kinase (PK) :

La PK est une enzyme de la glycolyse. La réaction qu'elle catalyse est irréversible, ce qui est très surprenant au vu du nom de l'enzyme qui décrit la réaction inverse. Elle est régulée au niveau allostérique (phosphorylation) ainsi que par l'alanine qui est le principal inhibiteur de cette enzyme.

Le principe de dosage est le suivant :

PEP + ADP PK Pyruvate + ATP

Pyruvate + NADH + H+ LDH L-Lactate + NAD+

La décroissance du NADH est suivie à 340nm et permet de suivre la cinétique de la première réaction.

Principe du dosage de la phosphoénolpyruvate carboxykinase (PEPCK) :

La PEPCK est la première enzyme de la néoglucogénèse. Elle catalyse également la réaction inverse contrairement à la PK. Cette étape permet de dériver la glycolyse vers d'autres voies du métabolisme anaérobie au lieu d'aboutir au cycle de Krebs par la voie classique (via la PK). La PEPCK est régulée au niveau transcriptionnel.

PEP + IDP PEPCK Oxaloacétate + ITP

Oxaloacétate + NADH + H+ MDH L-malate + NAD+

Le principe du dosage est similaire à celui de la PK. On mesure la production d'oxaloacétate avec le suivi de l'absorbance du NADH à 340nm.

Principe du dosage de la citrate synthase (CS) :

CS

La condensation de l'acétyl-CoA et de l'oxaloacétate pour former le citrate est catalysée par cette enzyme. C'est une enzyme mitochondriale, la première enzyme du cycle de Krebs. Chez l'huître creuse, sa régulation est basée sur le fait que son produit, le citrate, l'inhibe à forte concentration [11]. La disponibilité en oxaloacétate serait également un facteur limitant selon Fields [11].

COO--CH2-CO-COO- + CH3-CO-S-CoA COO--CH2-COHCOO--CH2-COO- + CoA-SH

2 CoA-SH + DTNB 2 NTB + CoA-S-S-CoA

La réaction est suivie en dosant les résidus thiols avec le DNTB (dinitrothiobenzoate) dont le produit de la réaction (NTB) absorbe à 412nm.

Principe du dosage de la cytochrome c oxydase (CCO) :

La cytochrome c oxydase (CCO) catalyse l'étape finale de transfert d'électrons vers l'oxygène moléculaire au cours de la phosphorylation oxydative (Figure 5). C'est un gros complexe transmembranaire mitochondrial organisé en dimère. Chaque monomère comporte 13 sous-unités codées à la fois par le génome mitochondrial et le génome nucléaire. La stabilité du complexe est donc très sensible et une extraction de mitochondrie est nécessaire pour avoir des conditions optimales de dosage.

CCO

Cyt.C réduit + 4H+ + O2 Cyt.C oxydé + H2O

Le principe du dosage consiste simplement à ajouter à l'extrait le donneur d'électron normal de l'enzyme : le cytochrome c réduit dont le pic d'absorbance se situe à 550nm. On suit l'oxydation du cytochrome C à 550nm.

Réserves énergétiques :

Les lipides totaux sont dosés selon la méthode de Bligh et Dyer dont le principe consiste à réaliser plusieurs extractions au mélange éthanol/dichlorométhane. Les glucides totaux sont dosés selon la méthode de Dubois. Les glucides se combinent avec le phénol et donnent une coloration rose-saumon absorbant à 490 nm.

b) Métabolisme oxydatif :

Principe du dosage de la glutathion réductase (GR) :

Bien que ne réagissant pas directement avec une espèce réactive de l'oxygène, on considère que cette enzyme fait quand même parti du métabolisme oxydatif car elle recycle le glutathion réduit (GSH). En effet, le GSH sert à la fois de co-substrat pour la glutahion peroxydase mais sert aussi à détoxifier la cellule de xénobiotiques qui sont potentiellement une source de production de ROS.

GR

GSSG + NADPH + H+ 2GSH + NADP+

2 GSH + DTNB 2 NTB + GSSG

Comme pour le dosage de la Citrate Synthase, la deuxième réaction fait intervenir un indicateur coloré (le nitrothiobenzoate) qui permet de suivre la cinétique de la réaction initiale à 412nm.

Principe du dosage de la superoxyde dismutase (SOD) :

La superoxyde dismutase est une métalloprotéine qui catalyse la dismutation de l'anion superoxyde en oxygène et en peroxyde d'hydrogène. Il existe plusieurs formes de SOD utilisant différents noyaux métalliques. On retrouve la Cu/Zn-SOD dans le cytosol et de la Mn-SOD dans les mitochondries principalement. Seule l'activité SOD cytosolique est mesurée dans le protocole utilisé ici.

2 O2ÿ + 2 H+ SOD O2 + H2O2

Des anions superoxydes sont générés par la réaction entre l'hypoxanthine et la xanthine oxydase. Ces anions réduisent le cytochrome C. La SOD présente dans l'échantillon dismute les anions superoxydes et ceux-ci sont en quantité moindre pour réduire le cytochrome C. L'analyse est donc basée sur la « compétition » entre la SOD et le cytochrome C pour les anions superoxydes. On dose la production de cytochrome C réduit à 550nm en présence ou en absence d'échantillon.

Principe du dosage de la catalase :

La catalase permet de catalyser la dismutation de l'eau oxygénée (peroxyde d'hydrogène) en eau et en dioxygène. C'est une des enzymes les plus performantes connues (sa vitesse est seulement limitée par la diffusion du substrat).

H2O2 CAT H2O + 1/2 O2

Le dosage est réalisé avec un kit Invitrogen. L' H2O2 non dégradé par la catalase réagit avec l'Amplex Red, un composé qui réagit en présence de peroxydase pour produire un composé fluorescent : la résorufine qui absorbe à 560 nm.

Principe du dosage DPPH :

La méthode est basée sur la dégradation du radical DPPH (diphenyl-1-picrylhydrazyl) solubilisé dans un mélange Méthanol/eau à 80%. Un antioxydant aura la capacité de donner un électron singulet au radical synthétique DPPH de coloration violette pour le stabiliser en DPPH non radicalaire de coloration jaune-verte. La mesure de la décroissance de coloration violette au bout de 30 minutes d'incubation permet de déterminer le pourcentage d'inhibition par rapport au blanc dont l'absorbance ne varie pas.

4. Traitement Statistique

Une Anova à deux facteurs a été réalisée pour toutes les analyses de Riscosol (facteur temps + facteur station, méthode LSD à 95% de confiance). Si le découplage du facteur temps est possible, une analyse de variance sur un seul point temporel a pu être réalisée pour mettre en évidence des différences entre stations. Un test T est réalisé pour différencier sur le plan statistique les données d'hypoxie et de normoxie (alpha=5%).

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