2.2.3- La motivation
intrinsèque des filles et leur droit à l'éducation.
Matchinda & Nkonpa Kouomegne (2006) et Matchinda (2008 a)
quant à elles, pensent que l'école développe ainsi
progressivement une culture hostile aux filles. Le harcèlement sexuel et
la violence au sein des institutions scolaires créent un environnement
inconfortable pour l'instruction. L'image négative des femmes
évoquée dans des manuels scolaires et les matériels
pédagogiques renforce encore la représentation défavorable
de la femme dans la société.
En effet, d'après Matchinda (2008 a), les variables
environnementales constituent également des obstacles majeurs à
l'expression et à l'épanouissement de la fille. Cette
dernière, pour réussir son éducation a, avant tout besoin
d'elle-même, besoin d'une prise personnelle de décision. Ceci
dépasse les limites d'une éducation simplement frontale violente
et répressive telle qu'elle se donne actuellement, et nécessite
un cadre spatial neutre, un cadre d'attitudes (écoute, respect,
expertise, d'implication). Certaines filles semblent ne pas être
conscientes des bienfaits de l'éducation, ni de l'importance de la
réussite scolaire. Elles se découragent devant des
difficultés apparemment insurmontables, se laissent dominer par le
pessimisme et sont influencées négativement par des adultes
véreux. Face à la dictature du silence, nous avons voulu explorer
les paramètres qui handicapent profondément les filles et les
poussent à déserter le milieu scolaire
« Droit de la femme à
l'éducation : enjeux psycho-sociaux-politiques »,
tel est l'article du titre commis par Matchinda (2008 b). En effet, l'objectif
de l'auteur est de marquer d'une empreinte en se référant
à la législation la situation générale des droits
de la femme à l'éducation, ainsi permettre aux lecteurs
d'apprécier le statut actuel de la femme éduquée à
l'effet d'esquisser des stratégies de remédiations.
L'article s'inscrit dans le paradigme descriptif visant
essentiellement à décrire la situation de la femme dans le
contexte camerounais au regard de la législation internationale et
nationale. L'amélioration de la scolarisation de la jeune fille
s'inscrit dans cette perspective pour atteindre les objectifs de l'Education
Pour Tous (EPT) comme cela a été déclaré à
la conférence de Jomtien de 1990 et renouvelé au Forum de Dakar
en Avril 2000. Cette scolarisation est un pas vers l'égalité,
vers l'équité et vers la parité entre les sexes.
Matchinda (2008 :84) souligne à cet effet
que :
« L'amélioration et l'expansion des
possibilités éducatives au profit de filles constituent l'un des
meilleurs investissements auxquels un pays puisse procéder sur le plan
sanitaire et social. Chaque Etat-membre et chaque communauté devrait
s'efforcer d'éliminer tous les obstacles (sociaux, culturels et
économiques) à l'éducation des filles pour
`'offrir aux filles les mêmes chances de réussite que celles
proposées aux garçons. Cela implique un environnement
débarrasse de stéréotypes, de valeurs ou d'attitudes
discriminatoires qui prennent en compte les attentes des filles et de leurs
familles et qui soit adapté à leur contexte social et
culturel'' ».
Matchinda (2008 b) passe en revue la législation des
droits de la femme face à l'éducation nationale notamment
l'article 7 de la constitution où il est clairement écrit
que : « l'Etat garantit à tous
l'égalité d'accès à l'éducation sans
discrimination de sexe, d'opinion publique, philosophique et religieuse,
d'origine sociale, culturelle, linguistique ou
géographique ». Au regard de ces instruments juridiques,
Matchinda (2008 : 87) pense qu'on se serait enclin à penser que, la
femme camerounaise n'a plus de problème :
« éduquée, elle devrait disposer
des capacités et des compétences à même de
contribuer à la culture et à la pratique de la démocratie,
au respect des droits de l'homme et des libertés, de la justice et de la
tolérance, au combat contre toutes les formes de discrimination,
à l'amour de la paix et du dialogue, à la responsabilité
civique». Serait-ce le cas ?, s'interroge l'auteur.
Convoquant et rappelant les résultats de se travaux
antérieurs (Matchinda, 2006), l'auteur repère des obstacles aux
droits de l'éducation des filles en milieu scolaire et en milieu
familial. A cet effet, Matchinda (2008 :91) relate :
« Les élèves filles expliquent
comment elles sont obligées d'attendre la pleine nuit pendant que tout
le monde dort pour étudier, ce qui rend irrégulier leur rythme de
sommeil et justifie la somnolence dont elles sont irrégulièrement
victimes en classe. Les papas adoptent des comportements de contrôle
strict et de sanctions disproportionnés au regard de la faute envers les
filles. Celles-ci expliquent comment elles sont étiquetées pour
des peccadilles : les parents n'ont pas confiance en leurs
capacités ».
Toutes ces discriminations sont renforcées par des
pratiques coutumières et traditionnelles, observe Matchinda (2008 b),
qui continue à être observées. En effet, poursuit-elle,
les hommes ont le droit de correction sur les femmes. Le Cercle
International pour la Promotion de la Création, le Service National
Justice et Paix de l'Eglise catholique, le service OEcuménique pour la
paix et le Conseil Supérieur Islamique du Cameroun ont organisé
en 2004 une semaine pascale autour du thème : `' la
violence faite aux femmes''. Les violences domestiques sont
jugées courantes.
Par ailleurs, Matchinda (2008 b) fait remarquer que les femmes
qui représentent 52% de la population sont
sous-représentées dans les institutions sous-étatiques.
Les statistiques sont presque honteuses, (Matchinda, 2008 :93-94) :
« Très peu de femmes sont ambassadeurs,
Recteurs d'Universités ou Directeur de grandes Ecoles. Cette
disparité entre hommes et femmes quant à la participation aux
cercles de décision laisse les femmes à vie, même
éduquées, dans une position défavorable, avec très
peu d'opportunités sociales, économiques, politiques et
d'épanouissement personnel ».
Nous nous intéressons à cet article en ce sens
qu'il nous permet de cerner la place de la femme en général et de
la jeune fille en particulier dans notre contexte. En effet, la
société traditionnelle africaine a connu une organisation
concentrique allant du groupe familial à l'ethnie en passant par des
organisations plus ou moins importantes. De sorte que l'individu appartient
toujours à plusieurs groupes de degré différents. Dans une
telle indication, les rapports entre les individus obéissent de
manière coercitive à des règles organisant les droits et
les devoirs envers les autres.
2.2.4- La famille africaine
et les droits de l'enfant.
La famille africaine se présente comme une structure
spécifique avec ses règles et ses usages. En effet, la
société africaine traditionnelle a connu une organisation
concentrique allant du groupe familial à l'ethnie en passant par des
organisations plus ou moins importantes. De sorte que l'individu appartient
toujours à plusieurs groupes de degrés différents ce qui
se traduit par des rapports asymétriques entre les individus :
l'homme a la préséance sur la femme, l'adulte sur l'enfant, les
anciens sur les jeunes. La famille traditionnelle africaine fonctionne donc sur
le mode de ce type de hiérarchie des statuts et des personnes
Selon Tsala Tsala (2008), la survie du groupe dépend de
la stricte observance de cette linéarité sociale. La famille
africaine traditionnelle fonctionne sur le mode de ce type de
hiérarchie, de statut et de personnes.
Tous les facteurs qui agissent sur la scolarisation des filles
sont intimement liés et agissent directement aussi bien sur le niveau de
maintien des filles au sein du système scolaire que sur la
qualité de la formation qu'elles y reçoivent et sur les
performances qu'elles sont en mesure de produire. Ces multiples obstacles
à l'accès des filles à une éducation de
qualité ont un impact significatif sur leur maintien dans le
système scolaire.
2.2.5- Les structures de
gestion participative de l'école.
Le développement durable et l'éradication de la
pauvreté ne seront possibles qu'en offrant une éducation de
qualité à toutes et à tous, filles comme garçons.
Comme les filles doivent surmonter des obstacles plus importants, il faut
déployer des efforts particuliers en leur faveur pour qu'elles puissent
aller à l'école et veiller à ce qu'elles terminent leur
scolarité. Si on ne les scolarise pas, les filles deviendront
probablement des femmes analphabètes, pauvres et elles auront moins de
chances de créer une famille en bonne santé et instruite.
C'est la raison pour laquelle une synergie d'actions solides,
efficaces et durables doit se construire autour de la scolarisation des enfants
en général, de la fille en particulier pour son plein
épanouissement.
Les associations des mères (AME) étant des
structures d'un apport considérable, leur regroupement en réseau
apportera à coup sûr un plus dans l'accélération de
la scolarisation des filles.
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