Exercice du pouvoir traditionnel à l'épreuve de la légitimité : cas de la dynastie Vungala dans la chefferie Zune en territoire de Poko.( Télécharger le fichier original )par Félix-Amand FUFULAFU Université de l'Uélé - Licence en Sciences politiques et Administratives 2010 |
II.1. Constat.La révolution du monde et la recherche de plus en plus de l'homme orienté vers le bien-être social caractérisent le système politique. Aucune vie politique peut se prévaloir être épargné de cette réalité globale. L'exercice de liberté démocratique accorde à la population toute une gamme de droits sociaux, politiques et économiques,... La mise en application de certain de ces droits est souvent source de plusieurs conflits qui opposent ceux qui possèdent le pouvoir traditionnel avec les habitants des chefferies de la RCD. Pour certains anciens qui ont vécu l'âge d'or de règne des grands Chefs avungala, supportent mal la contestation du pouvoir coutumier par certaines populations. Les contradictions, les oppositions, les manifestations contre le pouvoir traditionnel ne seraient pas autorisées par la coutume vungala. Au contraire, l'Etat de droit reconnait à population toute légitimité de manifestation qu'on considère comme l'une de formes de participation13(*) à la gestion de l'Etat. Le plus souvent, il s'établi un bras de fer entre les organisations de la Société Civile des milieux ruraux et ceux qui occupent le centre du pouvoir traditionnel vungala. Il s'agit pour certain, d'une preuve de la perte de l'autorité du chef vis-à-vis de la population. Traditionnellement toute opposition qu'on qualifie de la révolte à la loi coutumière zande n'avait d'autre peine que celle de la mort surtout dans la chefferie du grand Chef ZUNE14(*). En réalité, l'exercice du pouvoir traditionnel du chef vungara de la chefferie ZUNE repose sur des données spirituelles et politiques. II.2. Contenu de l'autorité traditionnelle du Chef vungara.Au regard de droit coutumier zande, le chef vungala possède une double autorité : spirituelle et politique. a) Autorité spirituelle Est conférée suite à l'investiture traditionnelle sécrète. Au cours de celle-ci, le chef acquiert le rôle de l'intermédiaire entre la chefferie et les ancêtres. le chef acquiert le pouvoir de bénir et de maudire (les habitants de sa chefferie, l'année, les activités agricoles,..), d'offrir des sacrifices aux ancêtres au nom de toute la communauté. Le Chef dispose pour cette tache, des voyants qui possèdent le pouvoir de téléguider toutes les actions du chef15(*) de prédire les événements afin de permettre au chef de maitriser plus ou moins l'avenir. L'autorité spirituelle du Chef est conférée lors de la cérémonie de l'investiture traditionnelle secrète. Les anciens, les représentants de la famille régnante et les veuves du défunt Chef y compris les divinateurs de la chefferie sont des acteurs principaux de cette cérémonie. Ces rites d'initiations et de possession de trône du pouvoir se déroulent en grande partie la nuit à l'insu de la masse populaire. Dans l'idéologie traditionnelle vungara, cette cérémonie a une double conséquence sur le concerné : positives et négatives. Elle produit une conséquence positive en ce sens que le nouveau Chef reçoit plusieurs bénédictions et des grâces au près des ancêtres, il possède l'autorité sur l'ensemble de sa population. Elle peut avoir des conséquences négatives sur le chef en cas de la transgression des lois sociales et spirituelles coutumières. Par cette autorité, le chef ne peut être contesté, ni reproché en public. En cas de reproche au Chef, les conseillers doivent chercher le moment indiquer pour rappeler la conscience du chef. C'est vers 4h du matin16(*). Le succès de l'autorité spirituelle est étroitement lié à la personnalité et au charisme du chef. Il peut l'accroitre tout comme la diminuer selon qu'il est attaché ou non à la coutume traditionnelle zande. Elle est la source de toute nature sacrée du Chef. b) Autorité traditionnelle ou Autorité politique Le chef devrait assurer le bien être de sa population en distribuant équitablement la justice et les ressources de la chefferie et en assurant la protection de la population de sa chefferie. Pour cela il possède d'une police de la chefferie. Ce pouvoir lui est reconnu par les Pouvoirs Publics. C'est au terme de l'investiture positive ou administrative que le chef acquiert cette autorité. Elle est fonction de la conformité du Chef aux différentes lois qui organisent l'exercice du pouvoir coutumier en RDC. Le peuple zande a une considération très particulière vis-à-vis de son Chef. Ainsi, l'autorité du Chef repose sur son respect et son attachement à la coutume. * 13 RAUDE P., Sociologie politique, 6è éd. L.G.D.L., paris, 2002, p.384. * 14 A. de CALONNE-BEAUFAICT, Op. Cit., P., 21. * 15 Entretien avec Mr MAMA, âgé de plus de 60 ans, de la famille régnante. Isiro, le 28 décembre 2010. * 16 Entretien avec Mr ATOLA de la famille régnante, âgé 82 ans. Viadana, le 24 janvier 2011. |
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