3. ETAT DE L'ART
3.1 Organisation et institution
Il s'agit de raisonner par différence et non par
opposition entre les deux (2) termes. Rappelons déjà que
l'idéologie est à l'institution ce que la culture est à
l'organisation.
Selon la définition des institutions de la Banque
Mondiale (1998) qui reprend celle de D. NORTH : les institutions sont
constituées de l'ensemble des règles formelles et informelles
régissant les comportements des individus et des organisations. Les
organisations désignent des entités regroupant des individus qui
poursuivent des buts communs (entreprises, syndicats, ONG...). Dans ce
contexte, les institutions
structurent les incitations qui agissent sur les comportements
et offrent un cadre aux échanges économiques (NORTH, 1990). Cette
définition détermine un champ très vaste.
L'institution se caractérise par la place
accordée à la souveraineté (c'est-à-dire son
évidence indiscutable). L'organisation se caractérise par
l'importance majeure donnée à l'efficience de son fonctionnement.
Il y a donc de l'universel dans l'institution là où il y a du
général dans l'organisation. L'institution peut se
désinstitutionnaliser alors que l'organisation ne se désorganise
pas mais change (ou disparaît), en devenant une « autre »
organisation.
L'institution est caractérisée par le fait
qu'elle se définit comme ce qui participe à la réalisation
du « Bien Commun » (comme dans le cas d'un hôpital) tout en
jouissant d'un statut légal et symbolique alors que l'organisation vise
à réaliser des objectifs spécifiques dans le contexte de
l'efficience (comme dans les entreprises).
La référence à l'organisation conduit
à mettre l'accent sur des éléments tels que la
hiérarchie, la coordination et la cohésion mais dans le cadre
d'un statut juridique conventionnel, celui du droit des sociétés,
venant par exemple, en constituer le cadre institutionnel (c'est-à-dire
tout ce qui entoure).
C'est en se fondant alors sur cette dernière phrase que
notre étude s'attellera à proposer une organisation aux acteurs
informels du commerce des produits pétroliers tout en traçant un
cadre institutionnel. Car aujourd'hui, il ne sert à rien à
vouloir les combattre. Leur contribution au développement
économique du Bénin est indiscutable.
Ainsi, avec l'organisation de cette activité, il
s'agira de parler d'un monde où les sociétés se
dissoudraient dans l'organisation qui les constitue et dont les
catégories justificatives se référant alors à
l'institution, permettraient de « penser » la société
en même temps. C'est en cela qu'il est question de parler d' «
institutionnalisation » de l'organisation dont on rappellera la
définition qu'en donne J. ROJOT.
« L'institutionnalisation est le processus par lequel
les processus sociaux, les obligations ou le présent en viennent
à prendre un statut de règle dans la pensée et l'action
sociale »18.
Mais une configuration institutionnelle ne se
caractérise pas seulement par sa pertinence à un instant
donné, mais aussi par sa capacité à être remise en
cause ou adaptée, au fur et à mesure que s'opère la
transformation de la société et de l'économie, ou que se
présentent des difficultés (ACEMOGLU, AGHION et ZILIBOTTI,
2002).
L'organisation est un agent élémentaire de
l'économie et de la société. Il existe donc une
économie des organisations (avec ses actions qui conditionnent et sont
conditionnées par le marché) et une société des
organisations. L'organisation peut ainsi être considérée
comme institutionnalisation de rapports économiques entre sujets par
référence à une structure hiérarchique comblant le
déficit des « mécanismes » de marché.
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