Développement d'un cadre institutionnel adapté à l'intégration du secteur informel au Bénin: cas du commerce illicite des produits pétroliers à Cotonou( Télécharger le fichier original )par Nicolas OLIHIDE CNAM Paris (France) - MASTER RECHERCHE en Sciences de Gestion Option "Management : Spécialités Prospective, Stratégie et Organisation" 2010 |
2. CADRE DE RECHERCHE2.1 ConstatsLe secteur informel se caractérise d'une façon générale « comme un ensemble d'unités produisant des biens et des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités, ayant un faible niveau d'organisation, opèrent à petite échelle et de manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les relations de travail, lorsqu'elles existent, sont surtout fondées sur l'emploioccasionnel, les relations de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme » [BIT,1993]. 4FANOU (Ignace), 2009 : Energie Bénin du 16 février 2009 sur www.ipsinternational.org Par secteur informel, comme son nom l'indique, il s'agit d'organisation commerciale (marchande à valeur économique) qui s'opère hors du cadre juridique (étatique) et ne bénéficiant pas de régimes formalisés qu'ont les entreprises enregistrées à la Chambre de Commerce. C'est à partir du secteur informel que les Béninois développent actuellement les stratégies de protection contre toutes les difficultés du développent national. 2.1.1 Les constats socio-économiques et emplois dans le secteur informelLa population du Bénin est estimée à 8,2 millions d'habitants. Selon la dernière étude démographique réalisée par la Banque Mondiale en 2004, la population active est estimée à environ 3,1 millions d'actifs. De cette même étude, l'évaluation de la population active occupée dans le secteur moderne est de 3%5. A partir de ces données, nous remarquons l'importance de la population active non employée dans le secteur formel. Cette population est soit occupée dans le secteur informel soit à la recherche de l'emploi. Un aperçu sur l'économie béninoise montre que le secteur informel existait bien avant le problème d'emplois. Si durant les treize premières années de la Révolution Marxiste Léniniste en 1972, les résultats économiques du Bénin sont plutôt positifs, dès 1985, les premiers signes de malaise sont perceptibles : retards dans les paiements des fonctionnaires, la fermeture de sociétés d'Etat, apparition d'un chômage conséquent pour les jeunes diplômés, etc. Le pays est extrêmement endetté et manque cruellement de ressources financières si bien qu'en 1988 la crise économique est totale. Le système bancaire est en faillite, les déficits budgétaires explosent tandis que les arriérés de paiement intérieurs et extérieurs s'accumulent. Cette situation s'est aggravée avec le ralentissement des activités économiques notamment commerciales vers le Nigeria et le Niger. 5Séminaire national sur « Les PME/PMI et l'emploi », INFOSEC Janvier 1988 cité par MONGBO (Mauricette), 1994, Le dynamisme des diplômés face au gel du recrutement dans la Fonction Publique : cas des diplômés universitaires évoluant dans le secteur informel à Cotonou, FASJEP/UNB, p5 En effet, en 1986, l'Etat béninois a suspendu l'embauche automatique dans la Fonction Publique des diplômés des Facultés, Instituts et Ecoles Professionnalisées. Au cours de cette même année, des suppressions de 1134 employés sont intervenues dans diverses sociétés6. Parallèlement, le secteur privé moderne ne participait que pour 8% à l'emploi salarié du secteur moderne. Ce secteur privé créait moins de 1000 emplois par an et parvenait à peine à maintenir son niveau d'emploi préexistant. La crise de l'emploi a atteint son paroxysme en 1989 lorsque le Gouvernement béninois signa avec le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) un accord d'un 1er Programme d'Ajustement Structurel (PAS), programme qui mit l'accent sur la réduction du personnel de l'Etat, la liquidation ou la restructuration de certaines sociétés. L'ensemble des programmes de départ exécutés dans le cadre de la réduction des effectifs du personnel de l'Administration Publique, a montré qu'il y a eu de septembre 1989 au 31 décembre 1992, environ 4139 partis volontaires. A ceux-là s'ajoutent plus de 9571 agents congédiés des entreprises liquidées ou restructurées de 1982 à 19927. Ces programmes avaient entre autre objectif de transférer la main d'oeuvre vers le secteur privé moderne. Mais nous constatons malheureusement que ces départs volontaires se retrouvent sur le marché soit à la recherche d'un emploi au même titre que les chômeurs, soit s'occupent dans le secteur informel. Enfin, au-delà des considérations économiques, le secteur informel trouve une justification sociale dans la mesure où il assure le maintien d'activités traditionnelles, confère à certains individus une fonction au sein de la société en donnant accès aux informations et il répond aux besoins de minorités restées ignorées du groupe dans lequel elles évoluent. 6op.cit, p6 7DPE/MTEAS, Observatoire de l'emploi, cité par MONGBO (Mauricette) in mémoire, 1994, p7 |
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