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Propositions de solutions à  l'amélioration du rendement du centre spécialisé des impots du Wouri 1

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par Moliere Alain MBUYO
Ecole nationale d'administration et de magistrature du Cameroun - Diplôme d'Inspecteur des régis financières (impôts) 2003
  

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SECTION II. LA BAISSE DES RECETTES DE TVA DU FAIT DES CONTRIBUABLES

La TVA étant entrée dans leurs moeurs, les contribuables développent de plus en plus des techniques pour l'éluder. Aussi assiste-t-on de en plus à une chute des recettes. Ils Manipulent aussi bien la TVA collectée (section A) et que la TVA déductible (section B). Ce qui a pour conséquence immédiate au -delà de la baisse des recettes, la récurrence des crédits de TVA. Dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé comme échantillons 100 entreprises des 5 IFU qui forment le fichier du CSW1. Mais tenues par le secret professionnel et pour des raisons évidentes de sécurité et de moralité, nous avons pris le parti de ne pas décliner l'identité des entreprises concernées. Il n'est pas sans objet de rappeler que les situations relevées proviennent non seulement des contrôles sur places et sur pièces auxquels nous avons participés, mais aussi et surtout de l'exploitation des dossiers fiscaux du CSW1.

A LES MANIPULATIONS DE LA TVA BRUTE

La TVA nette à payer étant égale à la différence entre la TVA collectée auprès des clients et la TVA supportée par le contribuable, ce dernier, dans le but d'éluder l'impôt a l'habitude de minorer la base imposable. Cette insuffisance de la TVA brute peut résulter soit de la minoration de la base taxable (1) soit des exonérations injustifiées et des exportations fictives. (2)

1. DEUXIEME PARTIE : analyse critique des situations observées

Chapitre 2

INSUFFISANCE DE LA TVA BRUTE PAR MINORATION DE LA BASE TAXABLE

Dans la pratique, on distingue de nombreuses techniques de minoration du chiffre d'affaire taxable.

La minorisation du chiffre d'affaire taxable est la technique de fraude la plus utilisée par les contribuables. Elle représente 68 des redressements dans les cinq IFU du CSW1. Elle consiste pour un contribuable à déclarer un chiffre d'affaire taxable nettement inférieur à la réalité. Pour en arriver là, le contribuable dispose de plusieurs tactiques :

- dissimulation de tout ou partie des produits taxables ;

- dissimulation des stocks réellement produits ou écoulés

- non déclaration des frais accessoires ou des autres éléments additionnels devant être compris dans la base d'imposition en contradiction avec l'article 136 du CGI ;

- majoration des rabais, remises ristournes, des débours ou des autres éléments exclus de la base imposable par l'article 135 du CGI.

C'est ainsi que lors d'un contrôle sur pièces, il a été découvert et réintégré dans la base taxable à la TVA les débours fictifs d'un montant de dix millions.

De même, après recoupement des informations reçues à la cellule douane impôts, nous avons reconstitué le chiffre d'affaire dissimulé par un commerçant de l'ordre de quarante cinq millions de francs CFA.

Au-delà de la minoration de la base de la TVA collectée, le contribuable dispose d'autres méthodes.

2. LA MANIPULATION DES EXONERATIONS ET DES EXPORTIONS FICTIVES

Les exonérations injustifiées (a) et des exportations fictives (b) auxquelles recours certains contribuables indélicats à l'imagination de plus en plus fertiles contribue de façon indéniable à la baisse des recettes de TVA.

a. la manipulation des exonérations

La majorité des entreprises réalisant aussi bien les opérations taxables que les opérations exonérées ont tendance à passer sous le couvert des opérations exonérées, une bonne partie des opérations taxables.

Le pourcentage de ceux des assujettis partiels qui y recouvrent est de 80. Nous avons exploré de nombreux cas. C'est ainsi que dans le cadre d'un contrôle sur pièce, à partir du tableau 20 de la DSHF OHADA, nous avons eu à relever que notre contribuable dont l'activité principale est la boulangerie a eu produire et à vendre au-delà des activités exonérées du bois en grume de l'ordre de 140000000 FCFA et de la pâtisserie de 35000000 FCFA. Il s'agit là de deux opérations taxables pourtant non déclarées par le contribuable.

Il ne faut pas s'y tromper : il ne s'agit là que de la partie visible de l'iceberg. De nombreuses opérations comme celles de relevées plus haut, traversent les mailles des filets de l'administration fiscale, contribuant ainsi à réduire de plus en plus les recettes de TVA.

DEUXIEME PARTIE : analyse critique des situations observées

Chapitre 2

Parmi les nombreux cas rencontrés, nous pouvons aussi citer le cas d'un sous-traitant de la COTCO qui dans le cadre de l'exécution de son marché profitait du bénéfice de l'exonération pour dissimuler les opérations imposables. C'est ainsi qu'il ne déposait que des déclarations « néants ».

Un grand transporteur de bois se spécialisait dans la comptabilisation sous forme de transit pour éluder l'impôt, des opérations de transport de bois du Congo pour le cameroun.

Par ailleurs, d'autres contribuables trafiquent les exportations.

b. les exportations fictives

Certains contribuables déclarent avoir exporté tout ou partie de leur production alors même que toutes les opérations taxables se sont réalisées sur le territoire national. Il s'en prévalent dans le but de bénéficier de l'application du taux zéro en applications de l'article 142 du CGI. Cet avantage leur confère d'importants crédits d'impôts par le mécanisme de déduction de la TVA supportée par eux sur ces exportations.

Pour éluder l'impôt, les contribuables ne manipulent pas que la TVA collectée : les déductions font partie des autoroutes de la fuite devant l'impôt.

B LA BAISSE DES RECETTES DE TVA DU FAIT DES MAUVAISES DEDUCTIONS ET DE LA RECURRENCE DES CREDITS DE TVA.

C'est une situation générale : les contribuables manipulent la TVA déductible (1). Ce qui favorise les crédits (2).

1. LA MANIPULATION DES DEDUCTIONS

Il s'agit tant du non respect des conditions de déductibilité (a) que de la majoration de la TVA déductible (b).

a. Le non respect des conditions de déduction

Nous avons constaté que ce sont .aussi bien les conditions générales, particulières, de forme et de temps prévues par les articles 143 et suivants du CGI qui sont transgressées.

C'est ainsi que nous avons relevé que certains comptabilisent des dépenses non affectées à l'exploitation. C'est le cas d'une entreprise de bâtiments et de travaux publics qui a passé en charges déductibles les dépenses qu'elle a effectuées pour la construction de l'hôtel du directeur général dans la ville de Douala, alors même que la TVA relative à la prestation de service que la que constitue cette construction n'a même pas été déclarée.

Certains contribuables comptabilisent les dépenses pourtant exclues du droit de déduction. Les biens et services utilisés par les tiers qui sont soit les dirigeants de l'entreprise, leurs proches ou le personnel sont habituellement comptabilisés au titre des charges déductibles.

DEUXIEME PARTIE : analyse critique des situations observées

Chapitre 2

En ce qui concerne les conditions de forme, rappelons que toute TVA supportée n'est pas déductible automatiquement. En effet, il incombe au redevable qui procède à la déduction de la taxe ayant grevé l'achat de ses biens et services de produire la justification de la dépense. Il s'agit soit de la facture régulièrement établie par un fournisseur immatriculé et soumis au régime du réel ou réel simplifié, mentionnant son NIU ; soit des documents douaniers.

En outre, on assiste à des cas de falsification de facture, de migration de charge d'une entreprise à une autre pour les entreprises de groupes.

En ce qui concerne la règle du décalage d'un mois, s'il est vrai que dans la majorité des cas de livraison des biens elle ne fait pas problème, il en va autrement en matière de prestation de service. L'exigibilité des prestations de services étant liée à l'encaissement (contrairement au fait générateur qui est l'exécution), les prestataires de services ont l'habitude de déduire la TVA sur des opération passées avec leurs fournisseurs sur la base des factures non encore payées, alors même que la TVA y afférente n'est pas exigible chez le fournisseur. Pour les prestataires de services, l'application de l'article 143 du CGI est donc remise en question du fait du décalage entre le fait générateur et l'exigibilité de la TVA en la matière.

A tout ceci, il faut ajouter la majoration de la TVA déductible.

b. la majoration de la TVA déductible

Il s'agit là d'une autre tactique favorite des contribuables. Elle représente plus de 80 des cas de liquidation de la TVA déductible. Pour pouvoir atteindre leur dessein macabre, certains contribuables créent des postes d'achats fictifs qui entraînent des déductions indues ou non justifiées. C'est ainsi que dans le cadre d'un contrôle sur place dans une industrie nous avons détecté le caractère fictif des matières premières achetées et supposées stockées. Cette découverte a été réalisée grâce à la confrontation de documents, comptables aux documents extra comptables internes à l'entreprise. (Fiche entrée magasin, fiche de vente et bordereau de livraison et facturation).

Par contre, d'autres contribuables minorent leurs achats de matières premières. Cette minoration entraîne des productions et ventes dissimulées.

Pour majorer la TVA déductible, les contribuables ont l'habitude de minorer les ventes toutes en grossissant leurs charges. Au-delà des procédés relevés plus haut nous pouvons aussi citer :

- la non déclaration des ventes ou les ventes au comptant sans factures ;

- la non déclaration des recettes provenant des résidus ou récupérations de certains produits ;

- l'enregistrement au débit du compte de production vendue des retours fictifs des produits manufacturés ou des ristournes exagérées ;

- la non comptabilisation par le gérant des prélèvements faits pour son compte ou pour les besoins de ses proches.

- la manipulation du prorata en faveur des contribuables : certains minorent leur prorata pour surévaluer leur montant de déduction, d'autre ne l'utilise même pas malgré leur statut d'assujetti partiel ;

- le trucage des contribuables qui recourent à la règle des secteurs distincts d'activités (article 148 du CGI). Ceux-ci ont l'habitude de faire migrer les charges du secteur d'activité exonéré à celui taxable. Quand la charge est mixte, ils le comptabilisent comme si elle est totalement déductible, sans même recourir au prorata de déduction.

DEUXIEME PARTIE : analyse critique des situations observées

Chapitre 2

Toutes ces manoeuvres entraînent la baisse des recettes de TVA. Cette baisse a été exacerbée par la récurrence des crédits de TVA dans le centre.

2. LA RECURENCE DES CREDITS DE TVA

Le constat est frappant ; la situation de la TVA des contribuables de tous les IFU du CSW1 est créditrice pour une grande partie des contribuables. La proportion est de 20 soit 801 contribuables sur les 404 que contient actuellement le fichier si l'on transpose le pourcentage de notre échantillon au fichier du centre. Il convient de rechercher leurs causes (a) avant d'analyser leurs conséquences sur les recettes de TVA (b).

a. les causes des crédits de TVA

Certaines causes dite normales sont liées au mécanisme normal de la TVA : les crédits sont générés par la différence négative entre TVA déductible et la TVA collecte. C'est que la TVA déductible est supérieur à la TVA collectée. Cette situation peut s'expliquer par l'importance des investissements des entreprises en création ou expansion, aux retenue à la source comme relevé plus haut, à la baisse du niveau des ventes pour celles des entreprises aux charges importantes, au retard à l'encaissement pour les prestataires de service, ou tout simplement par le mécanisme de déduction de la TVA des entreprises exportatrices, des transitaires des transporteurs internationaux ou des entreprises qui traitent avec d'autres entreprise bénéficiant de l'exonération par destination.

D'autres causes dites anormales sont le fait d'incivisme des contribuables, il s'agit pour l'essentiel des manipulations aussi bien de la TVA collectée que de la TVA déductible à travers les autoroutes de la fraude relevés plus haut. Il faut y ajouter le fait pour les contribuables dont le solde de TVA est créditeur de majorer volontairement leurs montant au moment des reports de crédits. C'est ainsi que nous avons relevé en remontant à l'origine des crédits reportés, quatre cas de majoration sur les 20 cas de crédits récurrent recensés dans notre échantillons, soit un pourcentage de majoration frauduleuse de 20 des crédits existants. Cette situation est grosse de conséquences pour le C.S.W 1.

b. les conséquences de la récurrence des crédits au CSW1.

Une entreprise en situation de crédits représente une perte de recettes pour sont centre. Elle réclame plutôt de l'argent à l'Etat. Et dire que cela peut être une créance indue ! Nous avons relevé 20 de cas de crédits. Cela fait 20 de manque à gagner pour le centre pour un mois. Quand on se rappelle qu'il s'agit d'un centre spécialisé, on imagine l'ampleur de la perte. La moyenne des recette par mois étant de nos jours d'environ 230.000.000, en le multipliant par 20, ont trouve 46.000000. Cette situation est d'autant plus préoccupante quand on voit l'importance des recettes de TVA dans le rendement du centre.

Au terme de notre analyse, il ressort que du fait de nombreuses causes d'origines légale, économique ou des contribuables, le rendement de la TVA tend vers la baisse. L'importance de cet impôt dans l'atteinte des objectifs du CSW1 justifie la recherche de solutions idoines.

Troisième partie

TROISIEME PARTIE : les mesures internes au CSW 1

Chapitre 1

ESQUISSE DE SOLUTIONS

Pour améliorer qualitativement et quantitativement les recettes du CSW1 et partant redorer le blason de l'impôt à haut rendement qu'est la TVA, de nombreuses mesures s'imposent. Sans prétention aucune de perfection ni d'exhaustivité, nous reconnaissons que des meures proposées sont très loin de constituer des panacées ou des recettes infaillibles. Il ne s'agit que de jalons posés pour déblayer autant que faire se peut, le chemin sinueux de la recherche des solutions. Il s'agit que d'une modeste contribution à la construction d'une administration fiscale moderne et aux grandes ambitions.

Quelles que soient compte tenu des causes endogènes et exogènes des problèmes relevés les mesures à prendre doivent être d'ordre légal et institutionnel surtout en ce qui concerne la TVA d'une part (chapitre II) et d'ordre interne au CSW 1 (chapitre I) d'autre part, en ce qui concerne tous les autres impôts y compris la TVA.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe