Conclusion générale
Dans la région Centre-du-Québec, l'agriculture
apparait comme un secteur économique important et dynamique, qui pour
continuer à exister doit sans cesse innover et se remettre en cause. Les
stratégies visent à convaincre les Québécois
d'acheter des produits locaux, le but comme l'indique clairement la
stratégie de communication est de « mettre le Québec dans
son assiette », dans cet esprit la valorisation des productions locales de
qualité par des labels reconnus vise à doper les ventes des
productions locales.
Certains producteurs, influencés par les nouvelles
tendances sociales ainsi que par les préconisations du rapport sur
l'agriculture et l'agroalimentaire : assurer et bâtir l'avenir,
émis par la commission sur l'avenir de l'agriculture et de
l'agroalimentaire québécois en 2008, tentent de contourner les
systèmes conventionnels du secteur agricole, notamment les circuits de
distribution longs. Certains producteurs agrotouristiques ont pris cette
initiative dans les années 80 ou les années 90, pourtant, c'est
seulement depuis deux ou trois ans, sur le Centre-du-Québec, que ces
pratiques alternatives connaissent un véritable succès et sont
médiatisées. Leur multiplication peut paraître assez
surprenante, étant donné l'attachement de la région au
modèle modernisateur agricole qui fonctionne selon une logique de
filière, avec de longs circuits de commercialisation.
Peut-on alors penser que l'on est en présence d'une
transformation du secteur agricole qui favoriserait les pratiques de circuits
courts et de vente directe ? Pour le moment au Centre-du-Québec,
l'agriculture reste encore majoritairement industrielle et intensive, bien que
les acteurs du développement à savoir le MAPAQ, les CLD, la
CDAFCQ et les ATR cherchent à influencer un changement dans les
pratiques des producteurs. En effet, l'agrotourisme au Centre-du-Québec
reste encore très marginal même si quelques producteurs cherchent
à changer de voie. Il est à noter que la création de route
agrotouristique reste délicate étant donné
l'éloignement kilométriques entre les fermes, cela rend difficile
la mise en place de ce segment de développement. Toutefois, on constate
que des changements sont a l'oeuvre dans ce segment professionnel. Tout
d'abord, les producteurs, eux-mêmes, tentent de contourner les circuits
longs pour retrouver une certaine qualité de travail, c'est par exemple
ce vers quoi tendent les quinze producteurs qui se sont engagés à
achalander le marché de solidarité régionale de
Victoriaville.
Les consommateurs quant-à eux, suite à de
nombreuses crises sanitaires dans l'agroalimentaire, cherchent a se rassurer
sur la qualité des produits qu'ils consomment. La vente directe semble
pouvoir répondre a ces exigences. D'abord, en raison des bonnes
qualités intrinsèques du produit que peut expérimenter le
consommateur. Egalement, parce que la vente directe permet une identification
des produits à certaines bonnes pratiques culturales parce que l'on est
en relation directe avec le producteur perçu comme bienveillant. Les
consommateurs sont des acteurs importants, pour les producteurs pratiquant la
vente directe, en tant que client et donc comme source de revenu, mais aussi
parce qu'ils valorisent l'activité et la diffusent. Largement
intéressés par ces dispositifs, et attentifs à la
qualité, ils sont donc des partenaires primordiaux. Le succès de
ces pratiques alternatives provient également d'une reconfiguration de
l'environnement « institutionnel ~ des producteurs. Certains organismes
d'accompagnement effectuent une modification de leurs objectifs, en termes de
politique agricole qui bénéficie largement aux producteurs
utilisant des modes de distribution alternatifs.
Le secteur primaire au Centre-du-Québec semble donc
bien être en proie à quelques changements, d'abord en raison de la
tentative de revalorisation de la profession par le MAPAQ qui tente de modifier
les pratiques environnementales des producteurs ainsi que leurs pratiques de
commercialisation et de diversification. Les consommateurs, on l'a vu, sont des
acteurs extrêmement valorisants pour les producteurs. En ce qui concerne
l'environnement « institutionnel » des producteurs, le changement se
traduit par une reterritorialisation de l'accompagnement et de tout le
système d'aides et de conseils. L'agrotourisme apparait comme un secteur
clef qui permet notamment de retenir les touristes sur la région alors
que précisément nous sommes dans une région de transit
où l'on ne fait que passer pour se rendre de Montréal a
Québec. Il se pourrait donc que l'on soit en présence d'une
certaine relocalisation de l'agriculture au Centre-du-Québec avec des
pratiques plus respectueuses de l'environnement. L'agriculture alternative
telles que la polyculture et l'agrotourisme et les pratiques qui se rattachent
aux circuits courts de commercialisation pour valoriser les produits agricoles
locaux de qualité au travers des marchés de solidarité par
exemple, ont donc véritablement un rôle a jouer dans
l'économie, dans la dynamisme et dans la valorisation de la
région mais aussi dans les représentations mentales des habitants
Centricois. En effet, il s'agit aussi a travers ces démarches de
créer une identité à cette région
Centre-du-Québec qui n'a que douze ans et qui cherche à se faire
accepter par sa population. Il y a donc un fort potentiel mobilisable au
Centre-du-Québec tant au niveau des acteurs que des ressources,
toutefois le secteur agroalimentaire doit encore relever des défis de
taille tel que l'uniformisation de la qualité des services et des
produits sur l'ensemble de la région mais aussi des enjeux
environnementaux pour convaincre les entreprises agricoles de se convertir
à des pratiques plus respectables.
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