Chapitre IV : Résultats et discussions
4.1. Flux de sédiments en 2005 et 2006 sur le
coté au vent de la palissade
L'analyse des flux collectés à
l'extérieur de la palissade (coté au vent) montre une importante
variation spatio-temporelle de la mobilisation des sédiments. Les flux
cumulés atteignent 184,5 kg/m entre le 15/02 /2005 et le 02/05/2005 et
153,75 kg/m entre le 15/02/2006 et 02/05/2006 (Fig. 6 et 7). Malgré une
certaine variabilité, les flux de sédiments annuellement
collectés à l'amont de la palissade restent relativement
importants. Une telle masse de sédiments constitue donc une menace
potentielle très forte d'ensevelissement des cuvettes et vallées
de la zone.
L'essentiel des flux de sédiments sont produits entre
mi-février et mi-mars à raison de plus de 70 % (Tableau 13). En
2005, aucun flux n'a été mesuré au-delà du 15
avril, alors qu'en 2006, 9,8 % de flux ont été produits durant
cette période. La même figure montre qu'à partir du 15
avril que les flux diminuent pour s'annuler en mai. Cette tendance s'observe
quel que soit l'emplacement des capteurs. La réduction progressive de la
force du vent d'Harmattan et le changement de direction du vent lié au
passage d'un régime d'Harmattan à un régime de mousson
semblent être les principaux moteurs de cette diminution des flux de
sédiments transportés par le vent.
flux de sediment (kg/m)
350
300
250
200
150
100
50
0
15fev - 30 mars 31 mars - 15 avril 15 avril -2 mai Total (15 fev
- 2 mai)
Période de collecte 2005
Figure 6 : Variation temporelle des flux de
sédiments à une distance de 3 m au vent
de la palissade sur la dune vive de Tchago entre le 15/02/2005 au
02/05/2005.
250
Flux de sediment (kg/m)
200
150
100
50
15 Fev - 15 mars 15 Mars - 15 avril 15 Avril - 2 mai Total: 15fev
- 2 mai
Période de collecte 2006
0
Figure 7: Variation temporelle des flux de
sédiments à une distance de 3 m au vent
de la palissade sur la dune vive de Tchago entre le 15/02/2006 et
02/05/2006. Tableau 13 : Pourcentage relatif des flux de
sédiments en fonction de la période de collecte en 2005 et
2006
Période de collecte
|
15 fev-30 mars
|
30 mars-15 avril
|
15 avril-2 mai
|
15 fev-2 mai
|
% de flux total 2005
|
75,8
|
25,2
|
0,00
|
100,0
|
Période de collecte
|
15 fev-15 mars
|
15 Mars-15 avril
|
15 Avril-2 mai
|
15 fev-2 mai
|
% de flux total 2006
|
70,6
|
19,6
|
9,8
|
100,0
|
4.2. Efficacité antiérosive de la
palissade
Le rôle de la palissade est de casser la force du vent,
réduisant ainsi le flux de particules qu'il transporte. Durant les deux
périodes de collecte (2005 et 2006), le brise vent a été
très performant, et ceci davantage en 2006 qu'en 2005.
La porosité originelle moyenne estimée à
partir de 30 mesures est de 9.0%. Deux ans après leurs installations,
une mesure de renforcement des palissades par des branchages de Balanites
ægyptiaca et d'Acacia raddiana a ramené la
porosité à 5,8%. A la date du 23 septembre 2006, la hauteur de la
palissade périmétrale est réduite. Cette réduction
de la hauteur est due à la dégradation physique et à la
décomposition des branchages de Leptadenia pyrotechnica d'une
part et d'autre part à l'accumulation de sédiments
transportés par le vent.
En 2005, les résultats montrent que seulement 5 %, 1,2
%, 1,3 % et 1,3 % des flux mesurés à 3 m avant la palissade
coté au vent poursuivent leur mouvement respectivement à 2 m, 5
m, 8 m et 16 m à l'intérieur de la parcelle après le brise
vent. En 2006, aucun flux n'a été enregistré à
l'intérieur des parcelles du dispositif antiérosif. Le
développement plus important des herbacées au sein du dispositif
permet d'expliquer pour une grande part la différence de
flux observée. En effet, les herbacées en fixant
le sol et en accroissant la rugosité aérodynamique renforceraient
l'obstacle au vent constitué par la palissade provoquant ainsi le
dépôt de la totalité des sédiments éoliens.
Des résultats similaires ont été obtenus par Bielders
et al. (2002) qui ont observé dans l'Ouest du Niger sur sol
sableux en climat sahélien une baisse importante des flux de
sédiments éoliens en passant d'un champ cultivé à
une jachère. Selon cette étude, une bande de
végétation herbacée de 5 m de large permet de
réduire les flux de 43%. Dans le cas présent, la réduction
est substantiellement plus grande, particulièrement en 2006, du fait
probablement de l'effet combiné de la végétation, des
palissades de branches de Leptadenia pyrotechnica et du renforcement
des palissades par des branchages de Balanites ægyptiaca et
d'Acacia raddiana. L'accroissement considérable de la richesse
floristique en seulement trois ans de mise en défens de ce site
équipé de brise vent montre l'efficacité de cette
technique de restauration du potentiel écologique des dunes
dégradées en milieu semi aride sahélien.
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