2) Un territoire naturel riche, immense et
protégé
La Camargue, comme toutes les zones humides de la
planète, fournit aux humains des ressources essentielles (eau,
nourriture, matériaux ...). Elle constitue aussi « la
plus grande coupure verte entre Barcelone et Gênes
»10, une zone naturelle extrêmement riche en
espèces animales et végétales. La particularité de
la Camargue est de présenter une mosaïque de milieux naturels
uniques en France. Cette variété s'explique par trois composantes
fondamentales que sont : l'eau et le sel d'une part, la variabilité
naturelle d'autre part (la diversité apportée par la gestion
artificielle des niveaux d'eau) et enfin la présence de grands ensembles
de végétation où les milieux naturels sont
imbriqués les uns dans les autres.
Les oiseaux sont la caractéristique naturelle
majeure de la Camargue. Le delta est le premier site national pour sa richesse
en avifaune. On y a recensé 398 espèces, c'est à dire la
moitié des espèces présentes en France. 115 espèces
dénombrées en Camargue sont considérées comme
patrimoniales. On explique aussi cette diversité par le positionnement
stratégique de la Camargue sur un axe majeur de migration en Europe. Au
printemps, de nombreux oiseaux menacés en Europe y nichent : 7
espèces de hérons, 6 de mouettes. En hiver 120 000 canards y
séjournent11. De plus, la Camargue possède sept types
de milieux naturels menacés (dunes, lagunes, marais temporaires...) dont
la directive européenne sur la conservation des habitats juge la
conservation prioritaire. C'est donc un site d'une grande importance pour tous
les ornithologues et naturalistes d'Europe.
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LE FLAMANT ROSE, UN SYMBOLE DU PATRIMOINE NATUREL
CAMARGUAIS
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La Camargue est le seul site de nidification de France
et le plus grand de l'ouest Méditerranéen.
Photo personnelle (1er avril
2008)
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10 Natura 2000 en Camargue, une opportunité
à saisir. PNR de Camargue
11 Source chiffres : Parc Naturel Régional de
Camargue, cahier technique n°1, les différents outils de protection
de la Camargue
La biodiversité extrêmement riche de la
Camargue incite les acteurs de l'environnement (pouvoirs publics,
associations, syndicats mixtes) à protéger ce
territoire. La majorité des espaces
protégés se trouvent dans le Parc Naturel Régional mais
plusieurs sont antérieurs à sa création. Ils se
répartissent en quatorze statuts de
protection qui se chevauchent et se complètent au
coeur du delta
En 1927, la Société Nationale de
Protection de la Nature (SNPP) et les Salins du Midi mettent en place le
premier espace naturel protégé : la réserve nationale de
Camargue12. Cette mesure fait suite à plusieurs années
de conflit entre agriculteurs et saliniers concernant la salinité des
eaux de l'étang de Vaccarès. En 1979, le Parc Naturel
régional est crée et sa partie terrestre inscrite en 1986
à l'inventaire des zones humides d'importances internationales (site
RAMSAR). Dans ce périmètre, le conservatoire du littoral et
l'Etat multiplient les acquisitions et créent des structures de gestion
et d'accueil comme « les marais du Vigueirat » ou « le Domaine
de la Palissade ». Ces derniers offrent des garanties durables de gestion
de la nature en ouvrant les espaces naturels au public et en
réglementant les activités dans le respect des équilibres
écologiques. Il y a donc une grande diversité des formes de
protections que l'on peut cependant classer en quatre catégories
:
v' Les protections réglementaires (la
Réserve Nationale de Camargue, la réserve naturelle volontaire de
la Tour du Valat, les réserves de chasse maritime et fluviale, les sites
classés ...).
v' Les protections foncières (le conservatoire du
littoral, le conseil général).
v' Les protections par contrat (le contrat de delta, les
contrats Natura 2000, la charte forestière).
v' Les protections par labellisations (Le site RAMSAR,
la réserve e la biosphère, les Zones Naturelles
d'Intérêts Ecologiques Faunistiques et Floristiques
(ZNIEFF)).
Dans la majorité des cas, les mesures de
protection des espaces naturels sont assorties
de la désignation d'une structure gestionnaire.
Il existe donc un grand nombre de structures en charge de la gestion des
espaces. Leur objectif est de « faire vivre » les
protections notamment en rendant compatible la
protection et l'exploitation des ressources. Elles contribuent ainsi au
renforcement de l'identité régionale et au
développement du tourisme de nature en Camargue.
L'ensemble des gestionnaires tente de répondre aux besoins de tous et
propose différents types de mesures pour
12 Cf. annexe 2
protéger et développer le territoire.
Ainsi le parc Naturel régional gère, en plus de la protection et
du développement économique, l'accueil du public et
l'éducation à la nature. La Tour du Valat mène des
recherches en écologie axées sur le fonctionnement de zones
humides méditerranéennes. Les villes d'Arles et des Saintes
Maries de la Mer interviennent dans la gestion des espaces naturels à
travers l'élaboration du Plan Local d'Urbanisme. Ces initiatives ne
s'arrêtent pas au simple périmètre du Parc Naturel
Régional. En effet, le syndicat mixte pour la protection et la gestion
de la Camargue Gardoise crée en 1993 conduit des actions du même
ordre sur le territoire de la Petite Camargue, à l'ouest du
delta.
Source :
http://www.parc-camargue.fr/
La protection de la nature en Camargue est bien
structurée et ses outils sont de véritables acteurs du
développement et de l'aménagement du territoire. Toutefois, cette
organisation et cette mise en réseaux des professionnels est
incomplète dans le sens où les acteurs touristique y sont
très peu associés. Or le tourisme est un enjeu essentiel du
territoire, il représente une chance économique et
financière mais aussi une menace pour l'environnement. C'est pourquoi il
faudrait réunir les gestionnaires des espaces naturels
protégés de Camargue et les professionnels du tourisme. Dans
cette optique, le tourisme de nature et ornithologique doit être
logiquement au coeur du projet.
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