Introduction
Le point de départ des différents concepts du
taux de change réel d'équilibre (TCRE) réside dans la
théorie de la parité de pouvoir d'achat (PPA)
développé par Cassel (1916). En effet, selon la PPA qui
s'identifie à travers la loi du prix unique (LPU), un panier de biens
aura le même prix dans deux économies à monnaie
différentes après conversion par le taux de change en vigueur
entre celles-ci. Toutefois, à l'épreuve des faits
stylisés, cette théorie a rapidement montré ses
limites3.
Dès cet instant, nait un engouement dans la
littérature relative à l'appréhension du concept du TC
puis celui de son niveau d'équilibre. Il faut reconnaître que le
TCRE n'est pas observable. Néanmoins, plusieurs approches et
méthodes de mesures ont été présentées dans
la littérature4.
Il s'agit dans ce chapitre, de présenter une vue
panoramique sur les différents concepts du TCR puis celui du TCRE depuis
les travaux de Dornbusch (1976) ; en passant par celui de John Williamson
(1985, 1994), jusqu'à ceux réalisés dans la période
récente.
Ainsi donc, il est exposé dans une première
section les modèles monétaires et financiers de
détermination du TCR (dites de 1ère
Génération) puis en seconde section, un accent particulier est
mis sur les modèles de la sphère réelle de
l'économie (modèles de la 2ème
Génération). Dans cette rubrique, nous présentons les
clivages rencontrés dans la littérature à propos des
théories du TCRE.
3La LPU occulte d'une part l'existence des
coûts de transport, des coûts d'obtention de l'information et
d'obstacles aux échanges. Ce qui empêche l'égalisation
stricte des prix exprimés en monnaie commune. L'effet Balassa explique
la non vérification de la PPA ; ceci à travers les
différences d'évolution de la productivité du travail
entre secteur exposé (bien échangeable) et secteur
protégé (bien non échangeable) dans les différents
pays. Par ailleurs, la PPA fait abstraction de toute considération
d'équilibre macroéconomique ; elle ne permet pas de relier le TCR
à la situation économique d'un pays via sa position
extérieure.
4 Une excellente revue de ces approches ont
été présenté par MacDONALD (2000), ISARD(2007),
LASSANA YOUGBARE(2009).
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Mémoire de DEA-Master Recherche, réalisé et
soutenu par HOUNGBEDJI Sèwanoudé Honoré
SECTION I : LES MODELES DE DETERMINATION DU TAUX DE
CHANGE REEL DE LA PREMIERE GENERATION
PARAGRAPHE I : LES MODELES MONETAIRES ET FINANCIERS DU
TAUX DE CHANGE REEL
La crise du système des changes consécutive aux
attaques contre le dollar dans les années 1970, a été
caractérisée par une instabilité des TC. Ce qui a
engendré l'émergence d'un certain nombre de modèles qui
ont tenté d'expliquer les volatilités et les
mésalignements du TCR. Deux générations de modèles
se sont développées au début des années 1970. Il
s'agit de l'approche monétaire (A) et celle d'équilibre de
portefeuille (B) dont le trait caractéristique est de privilégier
une approche en termes de stocks d'actifs : de monnaie pour le premier et de
titres pour le second.
A - Le modèle monétaire de Mundell - Frenkel
(1970)
Dans ce modèle développé par ces auteurs,
le TC est considéré comme étant un phénomène
purement monétaire. Ce modèle est axé sur
l'hypothèse de parfaite substitualité entre les titres
domestiques et étrangers avec parité non couverte des taux
d'intérêt. L'approche monétaire des TCR, comporte deux
sous-approches : il s'agit du modèle à prix flexibles et celui
à prix rigides [Frenkel, (1976) et Mussa, (1979)].
Le modèle monétaire en situation de
flexibilité des prix stipule qu'un excès dans l'accroissement de
la demande locale de monnaie par rapport à la demande
étrangère entraîne une augmentation de la base
monétaire. Ce qui annonce de ce fait, la détérioration de
la valeur de la monnaie locale en termes de son homologue
étrangère. Ce modèle est implicitement un modèle
d'équilibre général sous lequel la PPA est toujours
vérifiée. Ce qui n'est pas validé par les études
empiriques. La volatilité élevée du TCR durant les
années 70 du régime flottant rejette l'hypothèse de
continuité de la PPA et induit l'émergence du modèle
monétaire à prix rigides de Frenkel.
Le modèle monétaire à prix rigides
suppose la possibilité de déviations des TC de leurs niveaux
d'équilibre de long terme, gouvernés par la PPA. La forme
extensive du modèle à prix rigide a été reprise par
Frenkel (1979) et permet de relier le TCR à
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Mémoire de DEA-Master Recherche, réalisé et
soutenu par HOUNGBEDJI Sèwanoudé Honoré
l'écart de taux d'intérêt réel. Du
fait de la rigidité des prix à court terme, l'on observe une
baisse de l'offre réelle de monnaie et qui génère une
hausse des taux d'intérêt. Cette augmentation des taux va stimuler
l'entrée de capitaux conduisant à une appréciation du TCN
qui à son tour, entraînera une appréciation du TCR.
Au total, les différents modèles
monétaires nous renseignent que le TCR est déterminé par
les différentiels des encaisses monétaires et des revenus. Une
augmentation du revenu local entraîne souvent une appréciation de
la monnaie locale. En effet, un excès dans l'accroissement de la demande
locale de monnaie par rapport à la demande étrangère
entraîne une augmentation du TCN signalant ainsi, la
détérioration de la valeur de la monnaie locale en termes de son
homologue étrangère.
De manière synthétique, il est à noter
que, le modèle de Frenkel s'oppose à celui de Mundell sur un
point important. Une baisse du taux d'intérêt domestique, augmente
la demande de monnaie chez Frenkel et par conséquent aboutit à
une appréciation de la monnaie nationale. Alors que dans le
modèle de Mundell une telle baisse réduit les entrées de
capitaux ; ce qui concourt à une dépréciation de la
monnaie. Remarquons que dans ces approches, les déterminants
sous-jacents du TC ne sont pas explicites. Les limites relevées à
ce modèle résident au niveau des hypothèses jugées
trop simplificatrices5. Ces insuffisances relevées ont
engendré une autre alternative dans l'appréhension des
distorsions du TC et ceci, à travers le modèle d'équilibre
financier.
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