B- TCR et évolution de ses fondamentaux internes
Les fondamentaux internes du TCR peuvent se subdiviser entre
les fondamentaux de politique économique (restrictions aux importations,
les taxes à l'exportation et les subventions, le contrôle de
change et des capitaux, les préférences pour le présent)
et ceux qui ne sont pas liés à la politique économique (le
progrès technique et l'amélioration de la productivité).
En relation à cette étude, nous retenons les variables :
préférence pour le présent et la croissance de la
productivité à travers l'effet Balassa-Samuelson comme
étant les fondamentaux internes susceptibles d'affecter le TCRE.
Graphique N°4 : Evolution des fondamentaux
internes du TCR
![](Taux-de-change-reel-dequilibre-et-evolution-de-ses-fondamentaux-dans-lUEMOA68.png)
-201
985 1990 1995 2000 2005 2010
100
80
60
40
20
0
CP PP
Source : réalisé par l'auteur
à partir des données de l'estimation (en moyenne
pondérée)
48
![](Taux-de-change-reel-dequilibre-et-evolution-de-ses-fondamentaux-dans-lUEMOA69.png)
Mémoire de DEA-Master Recherche, réalisé et
soutenu par HOUNGBEDJI Sèwanoudé Honoré
L'analyse des fondamentaux internes du TCR,
révèle une relative compatibilité entre le TCR, la
croissance de la productivité et la préférence pour le
présent. En effet, de 1989 à 1994, le taux de croissance
réelle du PIB par tête (effet Balassa) a connu une relative
stagnation, alors qu'au même moment, la préférence pour le
présent ne cesse d'accroitre. Ceci indique que la propension des
ménages et du gouvernement à consommer le revenu national s'est
accentuée dans l'avant dévaluation. En rapport à
l'évolution du TCR dans la même période, il est
évident de constater que le TCR s'est déprécié. Ce
qui pourrait se justifier par le fait que la plupart des dépenses en
consommation finale des ménages et surtout du gouvernement s'adresse
essentiellement à des biens non échangeables.
Par contre, pour les deux fondamentaux internes du TCR, sur la
période de 1995 à 2001, l'on observe en moyenne
pondérée, une hausse de la croissance de la productivité
et une stabilité de la consommation finale de la nation. Les mesures
relatives à l'assainissement des finances publiques et à
l'obligation du respect des clauses contenues dans les critères de
convergences (notamment le respect du ratio solde budgétaire /PIB)
semblent expliquer en partie cette compression de la préférence
pour le présent. Une telle mesure aurait induit une amélioration
en moyenne pondérée de la compétitivité de
l'économie.
S'il est vrai que de 1995 à 2001, le TCR s'est
déprécié, malgré la stabilité de la
propension des ménages et du gouvernement à consommer le revenu
national ; il est possible d'imputer cette amélioration de la
compétitivité à la croissance de la productivité.
Ainsi, sur cette période, l'effet croissance de la productivité
semble l'emporter sur celui de la préférence pour le
présent. Toutefois, notons que dès 1996 à nos jours, les
fondamentaux internes du TCR sont soumis à une extrême
vulnérabilité. Le taux de croissance de la productivité ne
cesse de baisser alors que la propension des ménages et du gouvernement
à consommer le revenu national demeure constante en moyenne
pondérée dans la zone l'UEMOA.
Dans la même période, le TCR s'est
apprécié. A cet égard, il est possible de dire que la
croissance de la productivité a une influence plus forte sur le TCR que
celui de la préférence pour le présent. Bien que ce
résultat, découle d'une observation évolutive des
indicateurs, l'analyse de la corrélation vient étayer ce point de
vue. En effet, le coefficient de corrélation entre le TCR, la CP et la
PP est respectivement de 0,33 ; -0,77. Par ailleurs, afin d'affiner cette
analyse nous avons recouru au test de causalité de Granger. Ce test
révèle que c'est la préférence pour
49
![](Taux-de-change-reel-dequilibre-et-evolution-de-ses-fondamentaux-dans-lUEMOA70.png)
Mémoire de DEA-Master Recherche, réalisé et
soutenu par HOUNGBEDJI Sèwanoudé Honoré
![](Taux-de-change-reel-dequilibre-et-evolution-de-ses-fondamentaux-dans-lUEMOA71.png)
Taux de change réel d
'équilibre et évolution de ses
fondamentaux dans
le présent qui cause le niveau de la
croissance de la productivité
%].
La réciproque n'est pas vérifiée. Ce
résultat de causalité entre la PP et la CP confirme
la théorie keynésienne de la consommation
à travers l'effet de la demande effective sur la croissance
économique.
En somme
à l'issu de cette analyse retenons que,
le niveau du TCR est fortement influencé
aussi bien par les fondamentaux internes
qu'ext
l'effet de chaque variable fondamentale (externe et
interne) sur le TCR est différencié. Ceci
pourrait s'expliquer dans une certaine mesure par le poids des pays
dans l'écon omie de la zone qui sont soumis à
des chocs asymétriques.
Le graphique ci- dessous montre que la
Côte d'Ivoire détient à elle seule 39% de la
richesse de la zone. Elle contribue à 39% à la formation de la
croissance de
de 19%. La part au PIB
productivité de l'UEMOA, suivi du
Sénégal à hauteur
pays sahariens de l
'UEMOA (Burkina Faso, Mali et Niger) sont
respectivement de l'ordre de 11%, 10% et 7%. Alors que celle des autres pays
côtiers notamment (Benin, Guinée Bissau et Togo)
sont respectivement 8%, 1%, 5%.
![](Taux-de-change-reel-dequilibre-et-evolution-de-ses-fondamentaux-dans-lUEMOA72.png)
Niger 7%
Graphique N
Guinné Bisau 1%
Mali
10%
Source : réalisé par l'auteur
à partir des données de l'estimation (en moyenne
Cette analyse nous permet de déduire toute chose
égale par ailleurs, que la nt les deux locomotives de l'UEMOA.
Ceci étant, Côte d'Ivoire et le Sénégal
constitue
la performance de l'économie de la zone en
occurrence le niveau de son TCR en est tributaire de celle de
ces deux pays à hauteur de 58%. Ce qui n'est pas
négligeable.
e au sein de cette zone, la
Au regard de l'instabilité politique
observé
persistance de la crise ivoirienne (19 septembre 2001
à nos jours) a
affecté le niveau de la compétitivité de
l'UEMOA ; dans la mesure où, elle constitue la cheville ouvrière
de l'Union.
Remarquons enfin que, cette analyse suscite l'idée de
l'existence des clubs de convergence au sein de l'UEMOA telle que nous enseigne
le modèle de croissance de Solow repris par Sala-i-Martin. C'est
à ce résultat que l'étude de Ndiaye, (2006) aboutit. Selon
l'auteur, il existe deux clubs de convergence dans l'UEMOA. Les pays "riches"
dont le niveau de convergence est supérieur à la moyenne
(Côte d'Ivoire et Sénégal) et les pays "pauvres" dont le
niveau de convergence est inférieur à la moyenne (Bénin,
Burkina Faso, Mali et Niger).
Dans ce schéma, le processus d'intégration
économique qui engendra l'existence de la 9ème
économie aura du mal à se réaliser dans la mesure
où ; ce processus génère des cavaliers solitaires.
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