Les motivations résidantes aux études du TCR
d'un pays en situation d'équilibre ou dans une situation de distorsion
se justifient pour deux raisons principales à savoir : la
surévaluation persistante de la monnaie considérée comme
un puissant facteur d'alerte à une crise de change [Kaminsky, (1998)] ;
les situations de distorsions du TC récurrentes et prolongées
concourent à affaiblir la croissance économique à moyen et
long terme [Edwards, (1999)].
Quelle que soit la définition du TCR utilisé,
le TCR d'équilibre est celui qui permet de réaliser
l'équilibre interne et externe d'une économie. Les études
d'Edwards (1989) sur les PED montrent que l'évolution du TCR est
étroitement liée aux politiques macroéconomiques mises en
place par les gouvernements et aussi à l'environnement économique
international. L'auteur insiste sur la nécessité de bien cerner
les variables économiques qui sont en interaction avec cet indicateur.
Edwards arrive à la conclusion que les pays qui maintiennent leurs TCR
au plus près de leur niveau d'équilibre sont plus performants que
ceux qui enregistrent des distorsions de leurs TCR.
A la suite de cette étude, les travaux
effectués ont renforcé le consensus général qu'un
TCR stable et correctement aligné améliore les performances
économiques des PED. S'inscrivant dans cet ordre d'idée, beaucoup
d'études ont été réalisées sur les
données chronologiques. Ces études reposent sur la
cointégration dans l'estimation du niveau d'équilibre du TCR. Au
nombre desquelles l'on peut citer quelques unes.
L'étude effectuée par Yamb, (2008)
révèle que les variables que sont : la
balance courante, l'absorption interne des biens non
échangeables, l'ouverture
extérieure, les termes de
l'échange, affectent le TCRE de façon différenciée.
De
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![](Taux-de-change-reel-dequilibre-et-evolution-de-ses-fondamentaux-dans-lUEMOA55.png)
Mémoire de DEA-Master Recherche, réalisé et
soutenu par HOUNGBEDJI Sèwanoudé Honoré
même, les résultats auxquels il aboutit ont
permis d'affirmer qu'à l'exception de la Centrafrique, tous les autres
pays de la zone franc se seraient retrouvés en situation de
surévaluation en 1993. L'innovation de cette étude, est qu'elle a
permis d'infirmer, à partir des paramètres estimés des
différents coefficients d'ajustement ( modèle de court terme),
l'hypothèse selon laquelle les petits pays verraient leurs TCR
s'ajustés plus rapidement que les grands en cas de choc
extérieur.
Dans une étude sur la compétitivité et
le mésalignement des TCR des PAZF ; menée par Djoufelkit, (2005 ;
2007), les variables explicatives affectant significativement le TCRE sont :
les termes de l'échange, le ratio mouvement de capitaux/PIB,
dépense publique courante/PIB, service de la dette/PIB, biais de Balassa
et taux d'ouverture de l'économie. La valeur de TCRE est par ailleurs
obtenue en incorporant un effet fixe qui capte l'impact des variables agissant
structurellement sur le niveau d'équilibre tout en étant
spécifiques à chacune des économies
considérées. Le calcul de la distorsion du TCR a
été évalué par pays et par référence
à une année, supposé refléter un taux de change
d'équilibre. Les résultats montrent que le choix d'une
année de référence, supposée année
d'équilibre, a une forte influence sur le niveau de distorsion. En
retenant 1998, la surévaluation est faible par rapport aux distorsions
obtenues lorsqu'on considère les années 1996 et 1994 comme
référence dans le calcul du TCRE. Globalement, cette étude
a montré que l'inflation, le taux de croissance économique faible
et des prix relatifs en contradiction avec les objectifs de
compétitivité interne et externe sont les sources des distorsions
au sein de la zone Franc CFA.
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![](Taux-de-change-reel-dequilibre-et-evolution-de-ses-fondamentaux-dans-lUEMOA56.png)
Veyrune (2005) a estimé le TCR d'équilibre dans
une étude spécifiant le prix de la fixité dans la Zone
Franc CFA. Outre les variables traditionnelles affectant le TCRE, cette
étude a pris en compte l'estimation du coût d'ajustement. Cette
étude révèle que ; la distorsion du TCRE la plus
significative est retardée de quatre années, reflétant
ainsi l'inertie du mésalignement du TCR. De même, la variation des
réserves de change n'a aucun impact sur le coût conjoncturel. Il
en est de même du ratio d'ouverture de l'économie. Toutefois,
seuls les effets fixes, effets par nature non identifiés, accroissent
significativement l'impact négatif des distorsions. Si cette
étude est novatrice tant dans son approche que dans sa
méthodologie, au regard de l'estimation du coût d'ajustement,
l'omission de la variable compte d'opérations pourrait porter un biais
dans la portée de ces
résultats. Il faut noter qu'en vertu de l'accord
régissant le fonctionnement de la Zone Franc CFA, le compte
d'opérations permet donc de financer sans coût les chocs, quel que
soit le degré de flexibilité des prix relatifs. Ainsi, ces pays
se trouvent prémunis contre le coût conjoncturel des chocs
indépendants. Pour minimiser le prix de la fixité, les Etats de
la zone ont, plus que les autres, intérêt à limiter le plus
possible les chocs suscités qui sont à l'origine de l'inertie des
déviations du TCR [Veyrune, (2005].
B. Sène (2005) a estimé l'effet du fardeau
virtuel de la dette sur le TCR d'équilibre. Cette étude a
été réalisée sur des données en panel avec
vingt pays de l'Afrique subsaharienne (dont la quasi-totalité des pays
de l'UEMOA). Le modèle de NATREX a servi de cadre théorique pour
cette étude. L'étude révèle que, les fondamentaux
qui gouvernent l'évolution du TCR d'équilibre sont : l'effet
Balassa, le crédit à l'économie, les termes de
l'échange (TE)18, les droits de douanes, les dépenses
publiques et la dette extérieure. Une dette soutenable et les
dépenses gouvernementales tendent à déprécier le
TCRE, alors que le surendettement, les chocs des TE, la croissance de la
productivité, le crédit de la banque centrale à l'Etat et
les droits de douane tendent à l'apprécier. Par contre,
l'évolution du PIB et le crédit domestique n'ont pas joué
un rôle dans la distorsion du TC de ces pays. Il en est de même, de
l'effet Balassa-Samuelson.
Au total, selon cette étude, le ratio dette sur PIB au
delà duquel le TCR
d'équilibre risque de dévier de sa trajectoire
d'équilibre se situe aux alentours de
80% et 100%.