A- les eaux stagnantes une source réelle de maladies
pour les populations
L'assainissement est fortement lié à la
santé publique en raison des nombreuses maladies liées à
un milieu malsain. La proximité avec les eaux usées peut
engendrer des maladies à transmission fécale-orale. Aujourd'hui,
la situation sanitaire est préoccupante dans les zones inondées,
du fait de l'insalubrité et de la stagnation permanente des eaux. Cet
environnement constitue un milieu propice au développement de maladies
bactériennes ou parasitaires (la dysenterie, le choléra, la
fièvre typhoïde, la bilharziose, le paludisme, les maladies de la
peau). D'ailleurs, des études réalisées sur le quartier de
Médina Gounass à Guédiawaye, représentant les
mêmes caractéristiques que Pikine, montrent que les taux
d'hospitalisation sont jusqu'à dix fois supérieurs à la
moyenne constatée à Dakar et que, 30 % des malades
diagnostiqués au district de santé Roi Baudouin proviennent de
Médina Gounass22.
Ces zones du fait de la présence d'eau sont
inaccessibles comme le montre le rapport de APROSEN (agence pour la
propreté du Sénégal) 200923 et deviennent des
dépotoirs pour les populations qui n'ont plus de solutions car les
camions de ramassage ne peuvent plus récupérer les ordures
à l'intérieur de ces quartiers. L'eau stagnante apparait comme la
solution immédiate pour évacuer les ordures, pour les populations
qui se servent même de ces ordures pour remblayer leur maison. Ainsi ce
voisinage quotidien avec les eaux mélangées aux ordures et la
première cause de maladie dans cette zone notamment avec le paludisme
qui fait des ravages surtout sur les enfants. Chaque année des milliers
de moustiquaires sont distribués mais l'effet est
22 Profil environnemental de la ville de
Guédiawaye (2005)
23 Mme Assane Gueye CISSE, Problématique de la
gestion des déchets solides au Sénégal : Enjeux et
perspectives, APROSEN, 2009
toujours relatif car le paludisme est toujours présent
conforté par les eaux verdâtres et des herbes en abondance. Cette
situation va s'empirer si aucune mesure n'est prise car des milliers de
familles vivent jusqu'à présent dans les eaux et le prochain
hivernage risque d'être la goutte de trop.
B- la consommation dangereuse des eaux de la nappe par les
populations
La forte utilisation des systèmes individuels comme les
fosses septiques ont fini de créer une forte pollution de la nappe
phréatique qui est le plus souvent affleurante dans les quartiers
irréguliers installés dans les dépressions. Ainsi, les
fortes concentrations de nitrates des nappes de Thiaorye et Pikine (près
de 500 mg/l contre 50mg/l acceptable et 20 mg/l recommandés par l'OMS)
rendent l'utilisation des eaux de ces nappes impropre à la consommation
humaine. C'est alors que les forages de ces zones utilisés par la SONES
ont été arrêtés pour la consommation humaine. Mais
il faut noter que la pauvreté des populations résidentes dans ces
quartiers irréguliers et l'absence de branchement sur le réseau
de la SDE pousse beaucoup de familles à utiliser cette eau soit par des
puits soit par les nombreuses pompes (Diambars) utilisées dans cette
zone. L'utilisation des eaux nitratées a de nombreux impacts sur la
santé des populations.24
Ainsi, dans le secteur de Pikine la proximité de la
nappe phréatique de Thiaroye est très vulnérable. La
grande quantité d'effluents domestiques rejetés sans dispositif
de traitement adéquat entraîne de fortes contaminations
bactériennes et azotées. Or, de nombreux puits traditionnels
d'alimentation en eau sont encore utilisés par la population locale,
notamment dans Pikine Irrégulier et dans les villages traditionnels
(Keur Massar, Malika, Yeumbeul, Boune, Grand Mbao, Petit Mbao et Keur Mbaye
FALL)
Ainsi, la potabilité de l'eau se pose dans cette zone
avec le phénomène des pompes Diambars comme le montre
l'étude du département de Géologie de Dakar (op.cit.). Les
raisons de cet état de fait sont à mettre dans le compte de la
pauvreté25 mais aussi du niveau dès fois bas de ces
populations issues le plus souvent de l'exode rural. Elles ont du mal à
se départir de leurs habitudes, c'est les mêmes modes de vie qui
sont reproduites à un détail près. La présence du
choléra dans ce secteur n'est donc pas un hasard comme le
démontre le rapport des services
24 Rapport GEO VILLE de la Région de Dakar
25 PLD (plan local de développement), Yeumbeul
Nord, 2004
d'hygiène sur l'alerte pathologique dans le
département de Pikine d'où l'organisation par celui-ci d'un
séminaire de formation sur « hygiène et assainissement dans
le département de Pikine » en collaboration avec la
coopération Italienne au Sénégal et le Ministère de
la famille dans le cadre du PALI (programme d'appui à lutte contre les
inondations), 2009.
DEUXIEME PARTIE
41
LES SOLUTIONS PRECONISEES POUR L'ASSAINISSEMENT DU
DEPARTEMENT DE PIKINE
L'assainissement est le plus grand problème dans le
département de Pikine. Cette situation devient de plus en plus intenable
avec la poussée démographique qui prend une allure vertigineuse.
Des mesures correctives doivent ainsi être prises sur le plan
institutionnel (chapitre I) afin de juguler ce casse
tête notamment pour les autorités mais aussi sur le plan technique
(chapitre II) dans les meilleurs délais et de
manière écologiques pour un développement durable dans la
zone.
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