B- l'occupation anarchique des sols : le problème du
bâti
Dakar en général et Pikine en particulier, est
un espace qui a bien des endroits reste peu organisé avec de nombreux
quartiers non structurés où se posent de graves problèmes
d'insalubrité et d'assainissement. L'habitat irrégulier occupe
près de 30% des superficies habitées et la ville se
caractérise par deux formes d'urbanisation: celle dite
régulière, jouissant d'un "statut légal d'occupation" du
sol et celle dite irrégulière dont la création se fait en
dehors des "cadres légaux". Cette situation est le corollaire d'une
forte demande en logement de populations pas toujours nanties, et dont la
majeure partie vient du monde rural, pour pouvoir couvrir les charges
liées à l'accès au foncier. Devant les difficultés
qu'éprouvent l'Etat et les Collectivités à satisfaire les
demandes ainsi exprimées, les populations s'installent sans droit ni
titre dans des zones impropres à l'habitation le plus souvent
inondables.
Au moment de la création de Pikine, il existait de
vastes terrains agricoles dans cet espace. Mais en l'absence d'une
planification spatiale rigoureuse toutes ces zones ont été
occupées par ce qui est appelé « Pikine irrégulier
». Elles se sont développées au nord et au sud de la voie
ferrée en direction de Rufisque.
Aujourd'hui, l'urbanisation anarchique entre ces anciennes
entités défigure la ville de Pikine qui se confond à un
énorme bidonville.
33
Dans le cadre de la politique de décentralisation, ces
entités de type traditionnel ont été érigées
en collectivités locales par le décret 96.745 du 30 Août
1996 portant création de communes d'arrondissement dans les villes de
Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque.
Ainsi, en matière d'habitat, le caractère
précaire de l'établissement humain à Pikine était
marqué par l'interdiction d'y construire en matériaux durables
décidée dès sa création et maintenue par les
autorités jusqu'en 1955.
Ainsi, en 1955 et 1957, deux cités ont
été édifiées à Pikine avec le concours des
services de l'État. Il s'agit de la cité Pépinière
et de ICOTAF. Jusqu'en 1957, elles constituent les seules opérations
d'habitat de type « OHLM » réalisées à
Pikine.
Les actions menées par la suite dans la même zone
font de Pikine ancien, la partie la mieux équipée où se
trouvent le siège de la Croix-rouge, tous les cinémas, la mairie,
l'agence de la CBAO, les services de la SDE, de la SENELEC, le Trésor
public, la Police d'État, etc.
Par la suite on assiste à la naissance des quartiers
irréguliers, qui se développent dans la périphérie
de Yeumbeul et qui découle de la conjonction de plusieurs facteurs,
entres autres, la faiblesse du rythme d'intervention des services
chargés de la planification urbaine ; le développement des
migrations campagne ville et la mise en application, par les autorités,
d'une vaste opération de déguerpissement des bidonvilles de Dakar
; la création du régime foncier dit du domaine national.
Cette zone se caractérise par une occupation anarchique
des sols qui du moins constitue la première cause des inondations selon
le CRDI dans une étude menée en collaboration avec
l'université de Dakar. Le bâti pose problème dans cette
zone où il a connu une évolution fulgurante depuis
1964.19 D'après ces études, le bâti
contribuerait il à imperméabiliser les sols et du coup
accélère le ruissellement des eaux pluviales qui ne peuvent
atteindre leur lit naturel. Les bas fonds font l'objet d'un maillage en toile
d'araignée au regard de la configuration du bâti.
L'occupation anarchique à Pikine se reflète par
l'inexistence de voies d'accès, les quartiers sont constituaient de
ruelles et d'impasses. La mobilité devient un casse tête qui du
reste est confronté à son enclavement. Pikine ne répond
à aucune norme d'habitat ce qui rend la vie dans ce milieu très
précaire. Pikine brille par sa situation de bouchon à l'extension
de Dakar. Il est un goulot d'étranglement pour la capitale à
l'heure où le Sénégal aspire à atteindre les
OMD,
19 ENDA-RUP/ CRDI/ Département de
Géologie de Dakar, Etude sur la maîtrise des eaux pluviales et les
rejets unitaires 2008
34
l'assainissement, l'habitat et l'accès aux services
sociaux de bases semblent bloquer sa progression. La typologie de l'habitat
dans cette zone témoigne d'une pauvreté latente mais aussi d'un
laxisme sans égal des autorités étatiques dans la
planification et le contrôle pour l'application stricte des lois et
règlements en vigueurs.
|