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Depenses publiques et équilibre sur le marche des biens et services au Burundi: une analyse empirique (1987-2006)

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par Donatien BANYANKIRUBUSA
Université du Burundi - Licence 2009
  

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I.3.3. La pensée Keynésienne

La théorie keynésienne rejette tous les postulats classiques (les "classiques " sont pour lui tous ses prédécesseurs acceptant la loi des débouchés). Elle en prend même l'exact contre-pied. On parle donc de "révolution keynésienne".

L'équilibre de l'économie n'est pas le produit de mécanismes automatiques, mais la résultante de l'addition de plusieurs fonctions de comportement. L'équilibre obtenu n'a que peu de chances d'être de plein emploi. Sa théorie est axée sur la notion de demande globale. Ce sont les flux des dépenses qui déterminent le niveau de l'activité économique et celui de l'emploi. 

I.3.4. L'équilibre selon Marx

Max met en cause plusieurs résultats des classiques, dont l'impossibilité des crises économiques. D'après la loi de Say, la demande est déterminée par l'offre et donc suffisante à son écoulement. Marx explique que la libre concurrence ne conduit pas à cette régulation des déséquilibres, mais à des crises de surproduction du fait d'une demande structurellement insuffisante de la part de la grande masse des travailleurs qui ne reçoivent que le strict minimum pour survivre, crises qui, ainsi, condamnent à terme le capitalisme à son autodestruction.

Les conceptions très différentes de la notion d'équilibre dans l'histoire de l'analyse économique laissent autour de cette notion une grande incertitude. Pourtant, dès 1937, John Hicks tente de concilier l'analyse de Keynes et celle des «classiques» en construisant ce qui deviendra le célèbre graphique IS-LM. Pour un certain taux d'intérêt et de revenu, il existe un équilibre simultané sur le marché des biens et services où l'investissement est égal à l'épargne et sur le marché de la monnaie où l'offre est égale à la demande.

I.3.5. L'équilibre sur le marché des biens et services

Dans le modèle keynésien, il n'y a donc pas d'équilibre automatique sur les marchés : les décisions des agents sont prises en fonction des prévisions qu'ils établissent. Par exemple, les ménages règlent leur niveau de consommation en fonction de la demande de travail des entreprises qu'ils prévoient. C'est donc la demande effective à laquelle les agents s'attendent à être confrontés qui détermine l'offre. Ainsi, le fonctionnement des différents marchés découle de la demande de biens et services. La demande globale, c'est-à-dire la valeur de tous les biens et de tous les services joue un rôle extrêmement important dans le modèle keynésien simplifié.

La Théorie générale parle d'une identité entre l'épargne et l'investissement. Keynes le signale en ces termes : « L'expansion se caractérise par un excès de l'investissement sur l'épargne et la récession se caractérise par un excès de l'épargne sur l'investissement »5(*).

Dans une série de conférences données en 1931 à l'université de Chicago, J.M. Keynes donne son analyse de la crise économique et les remèdes possibles pour en sortir. Une abondance d'épargne peut avoir des effets néfastes sur l'économie et sur l'emploi en particulier. Avant de s'intéresser aux différences et aux fluctuations entre l'épargne et l'investissement, Keynes analyse les deux notions et trouve une identité entre les deux.

L'épargne est la part du revenu non consommé immédiatement. L'investissement permet de créer ou d'acheter des biens de production.

Deux grands courants de la théorie économique ont analysé les relations entre l'épargne et l'investissement. Dans les années trente, l'école autrichienne et F. Hayek en particulier, estiment que l'épargne doit être préalable à l'investissement, sinon l'entrepreneur doit avoir recours au crédit, ce qui augmente son endettement. Keynes a une vision complètement différente. Pour lui, trop d'épargne peut être nuisible à l'économie et c'est l'investissement qui détermine l'épargne notamment avec le processus du multiplicateur.

Nous analyserons d'abord l'ensemble des points de vue sur la question en essayant de voir leur évolution dans le temps. Les classiques (A. Smith, D. Ricardo, T.R. Malthus) et aussi K. Marx, analysent l'épargne et l'investissement comme la même action. L'épargne de l'un permet à l'autre d'investir, il y a identité entre l'épargne et l'investissement. L'épargne précède l'investissement.

Les néo-classiques s'opposent à la pensée keynésienne et reprennent la loi des débouchés de J.B. Say «l'offre crée sa propre demande». Pour lui, une augmentation de la production permet de distribuer un supplément de revenu. L'individu plus riche achètera plus de biens ou services et facilite ainsi l'écoulement des nouveaux « débouchés ». C'est une économie basée sur l'offre qui servira de base aux néo-classiques. Pour eux, il y a égalité a priori entre l'épargne et l'investissement. L'épargne est faite pour être investie. Le revenu est égal à la somme de la consommation et de l'épargne et la demande est égale à la somme de la consommation et de l'investissement. Les néo-classiques en déduisent que le revenu est égal à la demande. C'est le taux d'intérêt qui permet de réaliser l'équilibre. L'augmentation du revenu permet de transmettre l'accroissement de l'offre à la demande.

Keynes réfute ces analyses où l'épargne égale l'investissement a priori et surtout où c'est l'épargne qui détermine l'investissement. Keynes s'oppose à la logique de l'équilibre de marché, il préfère une approche par le circuit selon laquelle : « la demande permet de créer les revenus et les revenus permettent les dépenses ».

Pour lui, l'épargne est la différence entre le revenu et la consommation, et l'investissement est la différence entre le produit global et la consommation. Si, comme le note M. HERLAND, on identifie le revenu et le produit, ce qui n'est certes pas incontestable, on trouve l'identité entre l'épargne et l'investissement.

S : épargne ;

I : investissement ;

Y : le revenu ;

D : le produit global ;

C : consommation

Nous continuons l'analyse pour vérifier la condition d'équilibre I = S. L'analyse faite par le Suédois G. MYRDAL sur la distinction des valeurs ex-ante et ex-post permet de séparer les variables entre celles qui sont possibles ou souhaitables (ex-ante) et celles qui seront effectivement réalisées (ex-post). Si nous nous situons ex-ante, nous avons donc I ex-ante = S ex-ante (notés I* = S*) uniquement à l'équilibre. Dans les autres cas, l'épargne des ménages n'est pas forcément égale à l'investissement des entrepreneurs. Cette notion doit être comprise en terme d'équilibre stable.

Comme l'écrit, M. HERLAND, l'équilibre stable est " une situation où les agents n'ont pas de raison de modifier leur comportement pour faire changer le système économique". Dans ce cas, l'épargne et l'investissement s'égalisent et comme l'équilibre est stable, on doit avoir égalisation des valeurs réalisées. Ce sont les variations du revenu qui permettent l'équilibre.

Dans Traité de la monnaie, KEYNES définit autrement le revenu et l'épargne. Pour le revenu, Keynes n'inclut pas dans sa valeur le montant de profits ou de pertes « anormaux ». L'épargne est égale à la différence entre le revenu normal et la consommation ; l'investissement est défini comme dans la Théorie générale.

Comme le note M. HERLAND, » l'égalité ex-post de l'épargne et de l'investissement n'est pas automatiquement réaliste». C'est une égalité « fortuite ». S = I si le montant des profits (ou des pertes) est nul. L'approche développée dans le Traité est une analyse, comme le note M. LAVOIE dans l'ouvrage de F. POULON Les Ecrits de Keynes, en termes de « flux financiers sectoriels » et en citant Keynes : « l'épargne des ménages a été compensée par les pertes des entrepreneurs ». Pour KEYNES, la variable d'ajustement est le revenu et non le taux d'intérêt comme le prétend HAYEK.

Les Classiques analysent l'épargne et l'investissement comme la même dose. L'épargne thésaurisée par un individu doit être utilisée par un entrepreneur. A chaque moment, il y a identité entre l'épargne et l'investissement. Les néo-classiques ne reprennent pas l'identité entre les deux notions mais font une analyse en termes d'égalité entre l'épargne et l'investissement. La variable clé des néo-classiques est le taux d'intérêt qui permet d'ajuster les deux niveaux. Comme dans le cas de l'équilibre général walrasien, une situation de concurrence pure et parfaite, l'équilibre se fait spontanément sur tous les marchés. L'épargne égale l'investissement à l'équilibre et la relation causale qui s'établit entre eux, va de l'épargne vers l'investissement. C'est l'épargne qui détermine le montant de l'investissement.

KEYNES s'oppose à cette égalité et reprend l'identité des classiques. Pour lui, la relation causale est inverse, c'est l'investissement qui détermine le revenu, et celui-ci permet, en fonction du partage que font les ménages entre la consommation et l'épargne, de déterminer le niveau de l'épargne.

G. MYRDAL reprend le schéma keynésien en l'enrichissant avec la distinction ex-ante et ex-post. Nous pouvons avoir une égalité entre les deux notions ex-ante. Ce qui, ex-post, n'est pas forcément réalisable. Pour lui, lorsque la valeur de l'investissement est supérieure à l'épargne des ménages, les recettes des entrepreneurs sont plus importantes que leurs coûts, et ils font donc un profit. Au contraire, lorsque la valeur de l'investissement courant est moindre que l'épargne des ménages, les recettes des entrepreneurs seront moindres que leurs coûts, et ils feront une perte.

Keynes, dans la deuxième conférence des «Harris Lectures», propose son analyse de la crise économique. Pour lui, les coûts de production des entrepreneurs qu'il définit comme étant les « salaires, traitements, rentes et intérêts » sont la contrepartie des revenus des agents. A un coût de production correspond un revenu, KEYNES établit une identité entre ces deux montants. KEYNES répartie ensuite les deux parties du revenu entre la consommation des ménages et l'épargne. Cette même épargne sera utilisée par les établissements financiers qui peuvent la distribuer à d'autres ménages sous forme de crédit. On reconnaît le processus causal keynésien, le revenu permet l'épargne qui entraîne un autre revenu qui est lui-même divisé entre consommation et épargne.

KEYNES introduit ensuite dans cette conférence la notion de déséquilibre après avoir réfuté l'égalité entre l'investissement et l'épargne. KEYNES expose deux cas : si le taux d'épargne est trop important, de « fortes pressions » peuvent diminuer le montant de l'épargne. Il prend l'exemple des chômeurs qui veulent continuer à consommer. L'Etat peut aussi désépargner et la production peut ainsi s'accroître.

En conclusion, KEYNES affirme que ce qu'il appelle « l'équilibre de prospérité » ne peut avoir lieu que si l'investissement est à un niveau égal à celui de l'épargne nationale pendant la prospérité.

Pour les classiques, l'épargne devient investissement au cours du temps. Pour les néo-classiques, c'est l'épargne qui détermine l'investissement et la variable d'ajustement qui permet d'avoir une égalité entre les deux est le taux d'intérêt. Pour KEYNES, c'est l'inverse. C'est l'investissement qui détermine l'épargne et la variable d'ajustement est le revenu. La distinction faite par G. MYRDAL sur les valeurs ex-ante et ex-post, permet de clarifier l'identité ou l'égalité entre les deux notions.

Dans la Théorie générale, et en fonction des définitions données par Keynes, il y a forcément identité entre l'épargne et l'investissement ex-post. Avec le processus du multiplicateur, l'investissement supplémentaire augmente le revenu qui lui-même permet un accroissement de l'épargne équivalent à l'investissement initial. Pour les valeurs ex-ante, la relation d'égalité entre épargne et investissement n'est vraie qu'à l'équilibre. Dans les autres cas, l'investissement des entreprises n'est pas automatiquement égal à l'épargne des ménages. La Théorie générale établit une identité entre l'épargne et l'investissement, c'est un point crucial dans la théorie keynésienne surtout si on prend en compte la distinction faite par G. MYRDAL sur les valeurs ex-ante et ex-post.

* 5 KEYNES J. M., Op. Cit., P. 158.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand