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Le rattachement des burkinabé de l'étranger à  leur pays d'origine et leur apport au développement

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par Edouard BOUDA
Ecole nationale d'administration et de magistrature - diplôme de cycle supérieur 2009
  

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CHAPITRE I : Les cas de rattachement

Le statut de l'étranger s'est nécessairement élaboré en même temps que celui du citoyen. Définir « celui qui est » implique, par défaut, de pouvoir le distinguer de « celui qui n'est pas ». Dans la Grèce antique, l'étranger était désigné par le terme de métèque, dont l'étymologie nous apprend qu'il signifie « celui qui habite avec ». Homme libre, il est certes protégé par les lois de la cité mais ne peut participer à la vie politique ni même posséder des biens immobiliers.

Cette réalité antique est loin d'être dépassée (même si elle a quelque peu évolué) de nos jours où l'étranger est désigné par le nom de son ethnie ou de l'ethnie de ses concitoyens (les Burkinabé de Côte d'Ivoire sont appelés Mossi) ou par sa nationalité d'origine (les Noirs sont appelés de façon générale Africains en Occident) ou tout simplement immigré. Dans tous les cas, il s'agit de distinguer les expatriés des nationaux. Cette tendance aurait dû être aussi observée du côté de l'étranger qui, à travers un certain comportement montre son attachement à son pays d'origine. De ce fait, le rattachement peut être exprimé diversement.

Dans ce chapitre, distinction sera faite entre les expressions courantes d'affectivité (section I) qui traduisent la conscience et le fait de revendiquer l'identité nationale et les retours périodiques et autres organisations formant la vie associative (section II) servant de lien avec la nation burkinabé.

Section I : Les expressions courantes d'affectivité

Il est utopique de croire que c'est chose aisée de rester soi-même dans un pays qui n'est pas le sien. Néanmoins, nombre de Burkinabé font cet effort qui, au-delà de leur fierté personnelle, honore l'identité nationale. Ils expriment leur rattachement au Burkina Faso non seulement par l'usage des langues nationales et par le mode vestimentaire (paragraphe I), mais aussi par les plats alimentaires (paragraphe II).

Paragraphe I : L'usage des langues nationales et le mode
vestimentaire

- La langue

L'utilisation de la langue dans la vie courante peut être interprétée comme un signe d'attachement au pays d'origine parce qu'elle rappelle l'ethnie à laquelle on appartient. Elle peut s'effectuer dans le cadre familial, associatif ou des manifestations culturelles ou artistiques.

Dans le cadre familial, il s'agit de parler et d'apprendre à parler aux enfants la langue qui exprime l'identité nationale. Parmi les symboles des grands peuples, figurent la religion, la culture et la langue (écrite et orale). Si de nos jours, à cause du fait colonial il est difficile pour les peuples de conserver leurs religions et souvent même leur culture, au niveau des langues il n'en est pas de même. Les peuples africains en général et le peuple burkinabé en particulier sont connus pour leur tradition orale. C'est donc dire qu'à défaut de l'écriture qu'ils n'ont plus, ces peuples ont la responsabilité morale de perpétuer la langue du moins par le parler. Des entretiens réalisés auprès des Burkinabé de l'étranger, il ressort que la grande majorité sinon la totalité de la communauté parle la langue maternelle à domicile.

Dans le cadre associatif la volonté de parler la langue nationale existe et est entretenue mais elle est inhibée du fait de la multiplicité des langues nationales. Il s'avère difficile voire impossible de faire le choix d'une langue, soit-elle majoritairement parlée, au risque de faire des exclus alors que la tendance est de rassembler autour de la fibre patriotique. Il est plutôt courant de faire usage de la langue française comme langue de conversation commune.

Concernant les manifestations culturelles et artistiques, il faut remarquer que le Burkina Faso est un pays riche en culture. Cette diversité culturelle se retrouve effectivement hors des frontières du pays pour former la culture burkinabé. Chaque peuple ayant sa culture utilise librement la voie d'expression de cette culture. Ainsi la musique faite et/ou écoutée par les Burkinabé de l'étranger est

souvent chantée dans le patois local ou dans d'autres langues universelles comme le français ou l'anglais. Il est par exemple heureux d'entendre sur les ondes ou dans des boites de nuit et autres espaces d'ambiance de la musique chantée en more comme le font certains groupes musicaux assez célèbres comme le groupe ivoirien Magic System et le groupe ghanéen Zuguz & Chaka Beat (Assana et Fouseina). Il en est de même de la musique « made in Burkina » que l'on entend sur des ondes étrangères ou qui est écoutée et dansée dans des pays étrangers. Cela fait la fierté du Burkina. La diaspora montre son rattachement en faisant la promotion de la culture burkinabé.

La culture ne s'exprime pas seulement que par la langue ; elle s'exprime aussi par un mode vestimentaire identifié comme appartenant à un peuple donné.

- Le mode vestimentaire

S'agissant de mode vestimentaire qui distingue le peuple burkinabé, on en compte un certain nombre. A la question «vous sentez-vous Burkinabé et fier de l'être dans votre pays d'accueil ? », un cadre d'un institut de renom à Dakar au Sénégal répond par l'affirmative. A la question suivante « et comment exprimez-vous votre identité nationale ? » il dit « (...) et j'adore le faso danfani que je porte à chaque occasion ».

Par ailleurs, dans un reportage sur les conditions de vie des Burkinabé d'Abidjan, on peut lire dans les colonnes de la presse « l'univers des ressortissants burkinabé vivant à Abidjan dans les zones incertaines est peu enviable (...). Cependant, ce qui nous plaît le plus à Abidjan c'est la vue de ces femmes burkinabé avec leurs foulards aux oiseaux noués sur la tête. Que vous soyez à Koumassi ou à Yopougon, au Plateau ou à Marcory ça vous fait vraiment chaud au coeur de voir ces femmes exprimer fièrement leur burkindlem20. Plus qu'un phénomène de mode, le fameux lwili peende21 est devenu un signe identitaire. »22

20 Mot en langue nationale more qui signifie en substance «nationalisme burkinabé»

21 Foulard de couleur rouge au motif d'oiseaux en blanc porté par les femmes burkinabé

22 Cf. L'Observateur Paalga n°7249 du mercredi 29 octo bre 2008, page 15

Certains modes vestimentaires sans être typiquement burkinabé montrent néanmoins l'appartenance au continent africain. Il s'agit par exemple du pagne ou du Bazin et de leurs dérivés (chemises, boubous, foulards ...).

Ce sont des habillements qui sont utilisés couramment ou à des occasions spéciales comme les rencontres et fêtes communautaires, les cocktails, les dîners, etc. suivant la profession et le milieu. Les membres des missions diplomatiques et consulaires burkinabé sont connus dans ce sens.

A en croire le témoignage de certains Burkinabé de l'étranger, nombreux sont ceux d'entre eux qui arborent fièrement des vêtements aux couleurs, aux armoiries et même au nom du Burkina Faso.

Il faut cependant rappeler que ces modes distinctifs ne sont utilisés que par les immigrés qui ne craignent ni d'être expulsés ni de se faire spolier voire lyncher ou d'être victimes de discrimination liée à leur origine. Cette quiétude n'étant pas la chose la mieux partagée, il reste que peu d'immigrés burkinabé s'exhibent de la sorte.

Un dicton populaire dit que la copie n'est pas et ne peut être égale à l'original. Pour ce faire, ce n'est pas en imitant le comportement vestimentaire de quelqu'un sur son sol que l'on pourra l'impressionner. Ca sera simplement chercher à lui ressembler et non à se distinguer. C'est donc exprimer son identité et son affection à son pays et à son peuple que de s'habiller Burkinabé.

Outre l'habillement, d'autres facteurs identifient les Burkinabé de l'étranger à leur pays d'origine. Il s'agit entre autres des recettes culinaires.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle