Chapitre 2- Analyse des Résultats
Dans la présente étude, l'analyse des
résultats demeure une opération obligatoire en vue de confirmer
ou d'infirmer nos hypothèses émises au départ.
2.1. Aspects physio- pédologiques du
sol.
Cette partie porte sur deux aspects caractéristiques des
sols dans les zones en étude : D'abord, la salinisation et
l'acidité des sols, enfin l'évaluation des sédiments.
u L'évolution de la salinisation et de
l'acidification
Sur l'essentiel des parcelles affectées ou
présumées affecter par la salinité, des observations ont
été effectuées et 3 prélèvements de sols et
d'eaux opérés suivant la pente du fleuve en vue d'une analyse au
laboratoire (bilan ionique).
Les unités physio-pédologiques présentent
l'évolution de façon variée de la salinité et de
l'acidité. L'étude menée sur plusieurs années sur
les zones réellement affectées, fait montre d'une augmentation
progressive de tannes vives au dépens de tannes herbacées et
arbustifs « Sadio S. 1991 ». Ici (pour faire
allusion au bassin arachidier) des champs de cultures sont voués
à l'abandon ou à une baisse de leur rendement. Le régime
hydrologique a été complètement inversé avec un
écoulement des tannes vers les plateaux. Les chenaux de marées et
les affluents se transforment en saumures après l'hivernage ; «
Sokhna M., 1994-1995 ».
Dans certaines zones (Villages de la CR de Ndiaffate surtout), la
superficie des tannes a presque doublé en une décennie de l'avis
de la majorité des personnes enquêtées ; ce qui explique la
disparition du couvert végétal dans la partie Nord des CR
étudiées. Une étude menée dans la cadre du PRODDEL
(rapport GTZ 2004), considère les effets de la salinisation comme
facteur potentiel de dégradation et de déséquilibre
écologique.
Par ailleurs, la faiblesse des dénivellements contribue
à la dégradation très poussée des eaux du fleuve
Saloum et de ses affluents dont on compte un nombre assez important dans les
deux CR étudiées (Cf. cartes de localisation).
L'analyse du tableau n°1, fait montre du
niveau des pentes ainsi que de la longueur de quelques vallées et
affluents du fleuve Saloum.
Le constat général fait état de la faiblesse
des dénivellements, excepté le bassin de Senghor qui
présente une échelle relativement importante 6/1000.
De visu, le phénomène de salinité des terres
touche avec acuité les villages de la CR de Ndiaffate, réduisant
constamment les rendements agricoles qu'ils escomptaient pour une
autosuffisance alimentaire et par ricochet la masse paysanne qui embrasse le
chemin de l'exode a accru. A cet effet, dans le cadre du
Progert, les autorités de cette collectivité
locale comptent entreprendre des actions de lutte contre la dégradation
des terres marquée par une forte avancée de la langue
salée.
Tableau 1 : Quelques valeurs de pentes
affluées au bas Saloum
« Saloum »
Marigots
Bassin
Thikate-Diéri
Latmingué
Marigots
Senghor
Sokone
Nema
Tawa
Bil
Valeurs
Longueur km
40
26
20
36
26
16
15
7/10.000
5.5/1000
1.3/1000
1.6/1000
6/1000
3/1000
5/1000
Pente
Source: G. Diluce 1975, in Diop E.S 1978, in M.
Sokhna 1994
Globalement, les valeurs de pente observées (cf. tableau
1) sont faibles et réciproquement celles des apports d'eaux douces en
provenance des affluents amont du fleuve.
En conséquence, on assiste à l'aggravation du
phénomène de salinisation des cours d'eaux. La Cr de
Latmingué, ou sur 26 km est traversée par les eaux du Saloum et
se confronte à une disparition de certaines espèces telle que
l'Avicennia et l'apparition de tannes vifs. Depuis plus d'une décennie,
les populations (source : enquête mémoire)
constatent l'affaissement des eaux douces des nappes, et par endroit en raison
de l'infiltration biseau-salée, les eaux de puits sont devenues
progressivement saumâtres. S'agissant de la morpho dynamique des sols des
zones étudiées, il faut dire que le paysage anthropisé
révèle la conséquence de la présence ou de
l'intervention de l'homme qui a modifié les unités
pédologiques en place. La présence de l'homme dans
le bassin arachidier remonte à l'ère ogolienne ;
Michel P. Asequa mars 1970 in Thiam A.1985, on doit
intégrer le facteur anthropique pour expliquer la dynamique des sols.
Dans ces localités, la convergence autour des ressources naturelles a
accentué la dégradation de celles-ci et engendré souvent
des risques de conflits sociaux.
La texture du sol (de prédominance sableuse), a
favorisé l'érosion du vent sur la terre. L'action
conjuguée du vent, de la sécheresse, des fortes
évaporations hydriques et de l'homme a déstabilisé le
processus naturel et normal de régénération des
plantes.
On assiste aussi à la disparition progressive de la
diversité biologique dans cet écosystème. Selon certaines
personnes, depuis une décennie, les phacochères ont migré
vers les zones plus humides en profondeur des îles Saloum. Il faut noter
aussi, la menace que pèse sur les végétations de mangroves
est forte.
u Evaluation des sédiments
Concernant l'évaluation des sédiments, les
résultats obtenus à partir de la méthodologie d'analyse au
laboratoire, montrent qu'il est possible de mesurer la gravité du
phénomène dans la zone par la détermination du taux
d'acidité contenu dans le sédiment. En effet, cette
évaluation a permis d'obtenir des résultats variés en
fonction de la distance qui sépare le lieu de prélèvement
et les tannes. Ces variations traduisent un sol très acide ou le
Potentiel d'Hydrogène (PH) est < 4,5 et avec une conductivité
électrique importante (20 -50) au niveau des zones de tannes. S`agissant
des zones d'exploitation agricole, nous avons identifié une
conductivité électrique très faible et varie très
souvent en fonction de l'éloignement avec les tannes. Dans cette zone
est notée une faible acidité tendant vers le sol basique (PH=
7).
L'analyse des résultats recueillis fait montre qu'il
existe un rapport étroit entre la baisse des rendements agricoles et la
salinisation des terres. Au regard des valeurs de conductivité et
d'acidité (Ce = 50 et PH< 4,5), il est évident que le milieu
soit envahi par l'avancée de la mer salée.
Toutefois à quelques distances des établissements
humains, la manifestation du phénomène se limite au niveau des
eaux de puits et cela ne concernent pas tous les villages des
collectivités locales. Globalement, dans la CR de Latmingué, la
conductivité électrique qui résulte des analyses montre un
sol non salin, mais cela n'occulte en rien la présence notoire des
tannes et la manifestation de dégradation de terres.
Il faut noter que c'est dans la CR de Latmingué que
l'ampleur du phénomène de salinité des terres est moins
drastique par rapport à celle de Ndiaffate. Seulement, on constate
partout la dégradation des ressources naturelles et l'exploitation
excessive des sols viennent se joindre à ce facteur clés (la
baisse des rendements agricoles). Ce qui explique les manifestations de la
désertification avec l'apparition de nouvelles espèces
végétales tendant vers une pseudo steppe où domine le
genre Acacia associé à d'autres épineux comme Sourour
(acacia Seyal), le Jujube (zizyphus mauritiana).
2.2. Analyse pluviométrique
La dynamique saline a connu des proportions imputées aux
facteurs climatiques. La sécheresse qui a sévi dans les
années 1970 et 80 dans le bassin arachidier (Kaolack et Fatick en
particulier) a généré des impacts négatifs sur la
productivité des terres agricoles et favorisé la salinisation.
Par endroit au fil des années, une évolution
pluviométrique relativement positive est notoire ; toutefois, les fortes
évaporations en saison sèche (25- 40°c) ont
intensifié l'accumulation des sels contenus dans la nappe
phréatique (mémoire M. Sokhna, 1994- 95). Par ailleurs, il faut
reconnaître que les pluies enregistrées durant cette année
vont amoindrir les niveaux d'acidité espérés. Peut
être qu'il faut attendre la fin de la saison pluvieuse avec les forts
moments d'ensoleillement pour avoir des résultats plus pertinents et
adaptés aux réalités du milieu.
Tableau 2 : Relevées
pluviométriques enregistrées, 2008
Mois
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Septembre
|
Isohyète
776.67 mm
|
|
|
|
|
59,17
|
269,9 mm
|
254,8 mm
|
102,8 mm
|
Source : Conseil Rural de Latmingué,
2008
Le tableau n°2 montre une quantité
pluviométrique (isohyète) de 776,67 mm de 4mois de pluies. Une
quantité qui est assez suffisante pour assurer une bonne production
céréalière de plus si celle-ci est
accompagnée d'intrants. Selon, les enquêtes menées,
certaines populations affirment l'idée selon laquelle une
possibilité de régénération naturelle est
évidente si les quantités de pluies enregistrées demeurent
ainsi pour les années à venir. Concernant la salinité des
terres, les fortes évaporations favorables à ce
phénomène peuvent être dissipées avec les abondances
pluviométriques ; d'où leur importance non seulement pour la
désertification mais aussi pour la désalinisation.
Par ailleurs, au delà du simple constat des données
pluviométriques, il convient de retenir l'importance du facteur pluie
dans la reconstitution du couvert végétal en vue d'assurer
l'équilibre écologique favorable au développement des
activités socioéconomiques des localités directement
concernées mais aussi à une échelle plus large.
2.3. Aspect socio-économique du
phénomène
De façon générale, la salure des sols a
entraîné la disparition du couvert végétal dans
certaines parties des estuaires et du littoral nord du Saloum. Par une simple
observation des cartes de localisation, nous allons nous rendre compte de la
zone des tannes. Beaucoup d'espaces où jadis existaient les mangroves
dans la période ogolienne, Michel P. page 56, Asequa- mars 1970,
in Thiam A. 1985, sont aujourd'hui des chenaux de marées
transformés en saumures pendant la période sèche.
Les espaces agricoles réduites et les tannes, se
substituent en zone de cueillette de sels pendant la saison sèche. Aussi
bien dans la zone de Latmingué que dans celle de Ndiaffate, cette
activité est devenue une source pour les femmes et les jeunes de
revenus.
Par ailleurs, il est tout à fait certain que la zone
sahélienne, même sans aggravation du facteur salin sur le couvert
arboré, évoluerait aujourd'hui vers une situation de
désertification au regard de la pression démographique sur les
ressources naturelles. Avec la coupe du bois, les feux de brousse et la
surexploitation des terres agricoles, l'équilibre a rompu laissant en
place de grands espaces en phase de constitution de dunes de sables. Force est
de constater que les populations locales pour pallier à cette situation
désolante tentent de mettre au point des mesures traditionnelles de
lutte, en s'organisant en OCB.
Toutefois, pour mieux saisir de la synergie d'intégration
des populations dans la lutte, il convient d'analyser leur niveau de
connaissance de l'existence du phénomène de salinisation qui
demeure un facteur clé de désertification.
Graphique 1 : la proportion de la population selon
les CR connaissant la présence de la salinisation des terres
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Ndiaffate
88
12
Latmingué
70
30
non
oui
oui non
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
Au regard des résultats du Graphique n°1, la
proportion de la population qui connaisse où du moins sent la
présence de la salinisation est très importante. Dans la
collectivité locale de Latmingué 70% des enquêtées
affirment avoir connu ou senti directement la manifestation du
phénomène de salinité des terres. Selon certaines d'entre
elles, le
phénomène s'identifie par l'existence de nouvelles
espèces halophytes et de touffes d'herbes constatés de visu au
niveau des tannes et dans la réserve forestière. Mais, c'est
surtout la transformation des eaux de puits en saumâtres qui illustre
bien leur opinion. Tandis que dans la CR de Ndiaffate, 88% des populations
connaissent ou sentent directement la présence saline sur les terres
agricoles contre une minorité de personnes qui représentent 12%
des effectifs.
La conclusion à tirer est la différence assez
notoire de la conscience du phénomène. La CR de Ndiaffate subisse
largement les effets de la salinité. Cela est dû à la
présence d'un vaste réseau hydrographique (affluents du Saloum et
bolongs) envahi par la remontée saline depuis plusieurs
décennies. Dans la CR de Latmingué, nous sommes dans la phase de
la manifestation du phénomène, tandis que dans celle de
Ndiaffate, celui-ci est plus visible et ses effets sont assez perceptibles.
La texture du sol selon A. Thiam chercheur au CNRF/ISRA importe
peu, mais seulement le degré de salinisation est désastreux dans
les sols sableux qu'argileux. La conscience du
phénomène de salinisation, de désertification et de sa
progression rapide est corroborée, selon les enquêtes
menées, au niveau des responsables, des populations aussi. D'ailleurs
avec le Progert, le reboisement de la mangrove (Cr de
Ndiaffate) et l'implantation de bois de village, sont entrain de s'incruster
dans la mentalité des populations bénéficiaires. En les
reconstituants, elles s'adonnent à des activités
génératrices de revenus lesquelles sont susceptibles
d'améliorer la qualité de leur vie et celle de l'environnement
naturel.
Mais, il faut dire que cette conscience est fragile et risque de
s'alanguir si une volonté politique déterminée ne la
soutient pas soigneusement et si les responsables du projet de reboisement
n'entreprennent pas sans tarder des applications à grande
échelle, rationnellement programmées.
Graphique 2 : proportion de l'ampleur du
phénomène par zone communautaire
40
20
60
50
30
10
0
52
0
20
41
27
27
1 0
7
25
CR Ndiaffate CR Latmingue
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
L'analyse de la dynamique saline des terres montre que 52% des
populations considèrent que la progression des eaux salées est
rapide sur les terres agricoles de la CR de Ndiaffate. Tandis que dans la CR de
Latmingué plus de la moitié des paysans enquêtés
supposent que l'ampleur du phénomène de salinité est
lente, ou relativement lente. Un nombre relatif de 7% ignore
complètement le phénomène, la raison qui
explique leur incapacité à se prononcer. Le
croisement de ces données avec celles engrangées dans la CR de
Ndiaffate, fait montre d'une différence de niveau d'évolution.
Cela s'explique par la présence de nombreuses formations de tannes qui
sont plus visibles et perceptibles à travers les affluents et
défluents du fleuve Saloum. Les accumulations de sels favorisées
par la sécheresse et les fortes évaporations des eaux surtout en
saison sèche, sont nuisibles à la productivité agricole.
La végétation (mangroves en particulier) censée
atténuer ses effets, est soumise à une forte pression anthropique
aboutissant ainsi à sa réduction.
D'ailleurs dans cette CR, plusieurs paysans ont dû abonner
leurs activités agricoles pour se muer dans d'autres métiers
comme l'artisanat et le petit commerce, s'ils ne militent pas en faveur de
l'exode. Il est évident qu'au regard des résultats portant sur
les effets sensibles de la salinité de constater une baisse plus
importante des rendements agricoles dans la CR de Ndiaffate. Une
réduction des rendements aurait sans doute un impact sur les
activités socio-économiques des populations, mais c'est surtout
la question de l'autosuffisance alimentaire qui est récurrente et
problématique.
Les possibilités d'accroître la production
n'existent pas actuellement ou du moins ne sont pas suffisamment
exploitées. La situation ainsi décrite montre comme facteur
limitant les eaux salées. Le taux de nuisance est lié en grande
partie à leur niveau de progression sur les terres agricoles.
Graphique 3 : les effets de la salinisation des
terres
40
35
30
25
20
15
10
5
0
les effets de la salinisation selon les
populations enquêtées
36
Fréquence Pour cent
20
9
35
36
20
9
35
baisse des rendements agricoles
diminution de la fertilité des terres
deboisement d'espaces forestiers
baisse de productivité des vallées
maraichéres
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
A l'analyse du Graphique n°3, 36% pensent comme effet
négatif direct de la salinité, la baisse des rendements
agricoles, et 35% attribuent la baisse de productivité des
vallées à ce facteur. Les 29% restant, sont d'opinions
partagées entre le déboisement d'espaces forestiers et la
diminution de la fertilité des terres de la Cr de Ndiaffate,
causés par la remontée des eaux salées. Ces
résultats glanés permettent de dire que les effets du
phénomène de dégradation causée par la
salinité sur l'environnement, sont divers et nuisibles à leur
régénération. La baisse des rendements agricoles produit
des conséquences énormes sur les conditions d'existence des
populations. Celles-ci ne disposant que l'unique revenu agricole du moins pour
subvenir à leurs besoins vitaux, subissent progressivement les effets de
la salinité.
Ces deux CR, de position géographique contiguë,
subissent les effets de la salinité, mais à des degrés
variés. Toutefois de façon générale, on constate
aujourd'hui que leurs ressources naturelles sont dégradées ou
menacées de dégradation. Ce processus de dégradation est
très avancé dans certaines zones agro pastorales où l'on
pratique l'agriculture et l'élevage extensifs. C'est le cas dans la zone
agro écologique du Bassin Arachidier, la zone de transition agro
pastorale qui couvrent les régions de Kaolack et Fatick, et dans
lesquelles plus de 70% de la population dépendent de l'agriculture et de
l'élevage, (source : GTZ 2002.)
Cette dégradation est souvent liée à une
surexploitation de ces ressources par l'homme (coupe abusive, extension de
terres cultivables, carbonisation...), à l'absence de gestion
concertée, aux effets climatiques (forte évaporation,
salinisation des terres) etc. Pour renverser cette tendance négative,
l'Etat sénégalais a entrepris ces dernières années,
une politique de gestion durable des ressources naturelles basée sur
l'approche participative. Dans le PNAE (Plan National d'Action pour
l'Environnement) et de façon spécifique le PNLCD (Plan National
de Lutte contre la désertification), les autorités
étatiques visent à réduire le taux de la pauvreté
et de tout facteur conduisant à la désertification des terres par
la mise en oeuvre de projets générateurs de revenus pour les
populations. A cet effet, les conflits qui dégénèrent
souvent de la rareté des ressources pourront se dissiper facilement.
> Conflits sociaux
La réduction des espaces cultivables (le cas de la Cr
de Ndiaffate) amène les paysans à déboiser de nouveaux
espaces jusqu'alors réservés naturellement pour le pâturage
et les besoins anthropiques.
Les activités de pèche ont fortement
régressé à cause de la disparition des poissons à
la suite de la salure des cours d'eaux dont les conductivités
électriques sont deux fois plus supérieures à celle de
l'eau de mer 4.6 ds/m (in Sokhna, 1995).
Comme autre conséquence probable, il faut évoquer
le problème de l'alimentation en eau potable. En effet, La plupart des
ressources en eau dans le bassin du Sine-Saloum sont affectées par la
salinité à cause du tarissement des nappes d'eaux douces et la
remontée du biseau salée.
Au regard des effets négatifs liés au processus de
salinisation sur les activités socioéconomiques, si des mesures
idoines ne seront pas prises il est évident que la destruction des
ressources et la baisse substantielle des rendements agricoles
connaîtront une progression rapide et désastreuse. Le manque
d'espace fertile amène les paysans à déboiser les zones de
pâturage ; ce qui ne sont pas sans conséquence. Parmi celles-ci,
nous notons de probables conflits. L'analyse de ce Graphique N°4,
révèle, la généralisation des conflits entre
agriculteurs et éleveurs.
Graphique 4 : les conflits
susceptibles
conflits susceptibles
ne sait pas 15%
non
oui
26%
59%
oui
non
ne sait pas
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
Selon 59% des personnes enquêtées, les conflits
manifestes entre agriculteurs et éleveurs dans la localité de
Latmingué, sont dus à la rareté des ressources disponibles
et se tiennent pour origine la limitation des zones de parcours
d'élevage et les exploitations de plus en plus qui s'empiètent et
se confondent les unes dans les autres. Ce taux portant su les sources de
conflits entre agriculteurs et éleveurs est assez significatif et du
coup fait de l'urgence à laquelle il faut agir pour pallier à ce
problème de dégradation des terres et la réduction du
couvert végétal.
> Exode rural
En ce qui concerne, l'exode rural dans les zones
étudiées, le phénomène gagne de
l'ampleur depuis un certain temps selon les enquêtes
menées.
Il est une conséquence négative de la baisse des
rendements agricoles dont l'analyse du soubassement nous fait remonter au
niveau des effets de la salinisation.
Tableau 5 : proportion de l'exode
rurale selon les motifs par CR
60 50 40 30 20 10 0
|
54
|
54
|
|
36
|
|
|
|
|
36
|
|
exode origin agricol
autres origines
|
|
|
|
|
|
|
Latmingue Ndiaffate
|
|
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
Partout dans le milieu rural au Sénégal, l'exode
des paysans ; filles comme garçons gagne de l'ampleur. L'illustration la
plus parfaite est le peuplement rapide de la capitale. Seulement, le
déplacement de ces hommes sont d'origines variées tant soit
peu.
Le graphique n°5 exhibe que, selon 36% des
enquêtés, les exodes de populations dans la CR de Latmingué
sont de sources agricoles contre 54% pour celle de Ndiaffate. S'agissant
d'autres sources liés à l'exode, la proportion est plus
importante selon 54% dans la CR de Latmingué, tandis qu'elle reste
faible à Ndiaffate pour 36%.
La baisse des rendements agricoles motivent certaines
personnes à quitter leur lieu de natif à la recherche de revenus
de subsistance, tandis que d'autres y partent pour satisfaire leur besoin en
services (éducation, santé, etc.).
Dans tous les cas, il faut comprendre que l'exode est un
phénomène qui ne laisse indifférent aucune
localité. Cela découle des conditions défavorables
observées dans le milieu rural au Sénégal. Les
candidats pour le départ sont animés par des sentiments
d'une vie meilleure et favorable à l'existence humaine ;
ce qu'ils espèrent trouver en villes ou en occident.
Les conséquences sont énormes : perte de
populations actives susceptibles de prendre en charge les exploitations
agricoles en vue de relever le défi de la pauvreté.
2.4. Analyse des Stratégies de lutte contre la
salinisation
Plusieurs stratégies ont été mises en oeuvre
et expérimentées par des centres de recherches, des OGN, etc.
dans le cadre de la politique nationale de lutte contre la
désertification des ressources naturelles et la remontée
saline.
2.5. Techniques introduites par l'ISRA
Depuis 1980, avec l'événement des vagues de
sécheresse, L'ISRA mène des recherches dans les régions de
Fatick et Kaolack en vue de dégager les aptitudes agricoles, sylvicoles
et pastorales dans les zones de tannes.
Les conclusions tirées de ces diagnostics sur le site de
Ngane (Kaolack) consistent à mettre en oeuvre des techniques à
savoir:
Plantations d'espèces adaptables à la
salinité et à la sécheresse.
- Melaleuca sp, Eucalyptus sp, Acacia holo, prosopis sp.
- D'autres méthodes pour barrer l'accumulation des sels
stratifiées comme suite : La confection de digues et diguettes, la
gestion des parcours de bétail, la régénération des
sols par des espèces fertilisantes.
A cela, il faut y ajouter les techniques mécaniques de
préparation du sol, les confections de drains et de billons à
l'intérieur des cuvettes dans un sens d'évacuer les eaux
chargées de sels.
Au regard de l'avancée des eaux salées sur les
terres agricoles, de la destruction des mangroves, ces techniques ont
manqué d'atteindre leur objectif de façon globale. Mais cela
n'occulte en rien leur efficacité pour le cas de Djilor avec la mise en
place d'une digue anti-sel et de Djiofior avec la plantation de mangrove qui a
fini par
s'incruster dans la conscience de ces populations, une
préoccupation environnementale.
2.5. Analyse de la stratégie locale
Les collectivités locales ainsi que les populations
victimes de ce fléau conjuguent leur effort dans la mise en oeuvre de
techniques concluantes susceptibles de stopper la progression du
phénomène.
Disposant de prérogatives juridiques et
réglementaires à conduire et à mettre en oeuvre des
actions concrètes de développement communautaires, les conseils
ruraux respectifs initiaient de concert avec les populations, des techniques
visant la promotion et la récupération des terres agricoles et la
régénération du couvert végétal.
Des solutions proposées qui suivent (cf. graphique 5) sont
analysées en fonction des opinions prononcées et de la pertinence
technique réellement escomptée.
u Techniques de récupération et de
conservation des sols
Des méthodes traditionnelles sont initiés dans la
CR de Ndiaffate en vue promouvoir la récupération des terres
salées.
Il s'agit de mettre sur pieds des techniques
d'aménagement hydroagricole. Celles-ci consistent à confectionner
des billons à l'intérieur des cuvettes avec une voie
d'entrée d'eau et de ruissellement en amont afin de piéger les
eaux de ruissellement et d'évacuer les eaux chargées de sel.
La seconde technique de récupération des sols
constitue l'épandage de déchets organiques. Une opération
qui vise à bonifier la terre de déchets dans un sens
d'améliorer la fertilité du sol. Après épandage des
matières, un labour des terres est recommandé en début de
saison des pluies. L'analyse de la technique de récupération des
terres mises en oeuvre dans cette CR, révèle des manquements
liés au coût élevé du projet, mais également
la faible capacité technique des acteurs locaux à
développer celle-ci, d'où la nécessité de faire
appel à des techniciens et des bailleurs pour financer le projet.
Graphique 5 : les perspectives de solutions selon
les populations
45
40 35 30
25 20 15
50
10
5 0
Mises en defens
44
Reboisement
les solutions mises en place
32
Amenagement des terres
10
8 6
Construction de digues ou diguettes
ne sait pas
Pour cent
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
Selon 44% des populations, il faut renforcer le processus de
mises en défens entamé par les collectivités locales
respectives, tandis que 32 % optent pour le processus de reboisement massif des
plantes abandonné depuis 2003 (cf. problématique), comme mesure
palliative à ce phénomène.
Les aménagements des vallées et des bas fonds (8%)
et la construction de digues ou diguettes (10%) sont des opinions soutenues par
une marge non négligeable de la population afin de stopper les
avancées des eaux salées.
Les techniques les plus utilisées au sein des CR,
consistent à la mise en place de cabions et le reboisement des
espèces résistantes à la sècheresse et à la
salinité (Acacia, jujubier, le soump, l'eucalyptus etc.)
Depuis l'entrée en vigueur de la loi 96-07 portant
transfert des compétences aux CR, aussi bien les ONG locales que les
autorités locales, la politique de mises en défens est
considérée comme la mesure idoine à ce problème.
Certes l'exécution des charges de mises en défens
engloutit des coûts parfois prohibitifs, mais il est fort affirmé
de leur efficacité à la régénération des
espèces végétales. Des voix s'élèvent et
affirment (même si ce n'est pas scientifiquement fondées) que dans
quelques décennies (20-30ans) si rien n'est fait pour pallier à
ce phénomène qui gangrène les paysans, le problème
allait gagner du terrain et il faut s'attendre à des conséquences
désastreuses compromettant toute possibilité de production
agricole dans la CR de Ndiaffate surtout et dans de moindre mesure les villages
de la CR de Latmingué en proximité avec les tannes.
Conscientes de leur situation de pauvreté et de la
dynamique de la dégradation des terres, les populations se mobilisent
pour coordonner leurs actions de lutte en collaboration avec les bailleurs et
les services d'appui-techniques de l'Etat en place. La lutte contre la
dégradation des terres ne peut être efficace en donnant des
résultats escomptés que si la participation des populations est
effective et élargie dans tous les aspects possibles :
matérielle, changements de comportements dans l'exploitation des terres,
acceptation et maitrise des nouvelles techniques, etc.
> Analyse de la participation
L'arrêt de la destruction de l'environnement et la
reconstitution du couvert végétal ne sauraient être
assurés par les seules mises en défens jugées prioritaires
ou nombreuses soient-elles. Un tel objectif, ne pourra être atteint que
par l'implication des populations dans tout le processus ; de la conception
jusqu'au suivi et à l'évaluation des actions de conservation et
de régénération de l'environnement.
Dans le cadre des actions de reboisement, l'implication des
populations est souvent avérée et structurée en OCB, mais
seulement le problème se situe autour du processus de la conception du
projet où les populations ignorent complètement les
différentes phases. C'est souvent ce qui pose toute la difficulté
d'appropriation des projets par celles-ci, car leur niveau d'implication reste
limité à la partie mécanique.
Dans toutes les CR étudiées, les populations
manifestent leur souhait à une implication plus large dans les prises de
décisions de tout projet les concernant.
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