Chapitre 3- Analyse des concepts
Elle permet d'élucider les concepts clés non
seulement pour le lecteur averti mais aussi pour les correcteurs de ce travail
de recherche.
3.1. Description des Tannes
Les tannes sont la partie sous influence successive des
inondations et des retraits des eaux de la mer. Une concentration abondante de
cristaux de sels en surface est manifeste. Ce qui donne naissance à des
efflorescences blanches qui peuvent varier de l'évaporation.
La géomorphologie des Tannes du
Saloum
Les tannes du Sine Saloum constituent l'espace le plus complexe
du domaine fluviomarin sénégalais. Cela tient à la
diversité des unités géomorphologiques
héritées des différentes épisodes
morphogénétiques qui ont façonné le paysage au
quaternaire, à la variation du climat du nord au sud et à la
forte densité du réseau hydrographique. Ces tannes
diffèrent à ceux de la Gambie et de la Casamance par leur forme,
la nature
du substratum sédimentologique (plus sableux et par les
unités végétales plus étendues). « Au moment
de la première phase d'entaille qui est anté-geolienne, le climat
était devenu subaride. De grosses pluies espacées dans le temps,
engendraient après des écoulements brusques » Michel
P. page 56, Asequa mars 1970 in Thiam A.1985.
Puis le climat est devenu aride. C'est la phase Ogolienne, elle
correspond à la constitution des ergs orientés nord-est,
sud-ouest du sud de la Mauritanie jusqu'au Saloum, Michel P. page 28 Asequa
-juin 1970. Mais ce n'est que dans la seconde phase d'entaille qui est
post-ogolienne correspondant au pluvial (Michel P. page 28 Asequa- juin 1970)
que s'est constitué le réseau hydrographique du Sine et du
Saloum. Ce réseau a entaillé les plateaux cuirassés de
l'amont.
La période Nouakchottienne voit la mer
pénétrer dans la région du Sine Saloum jusqu'en amont de
Kaolack avec de plus de 3m de côte.
Le relèvement progressif du niveau de la mer s'est traduit
par une importante sédimentation marine. Durant la transgression marine,
il n'y a pas eu de colmatage. Il n'a commencé qu'au fur et à
mesure du retrait de la mer. Pendant la même période, il s'est
produit une sédimentation lagunaire avec des dépôts de
sable et de vase.
La dynamique actuelle est telle une forme dénudée
avec des efflorescences salines ; c'est la tanne nue.
3.2. La Salinisation
C'est un processus d'enrichissement d'un sol en sels solubles
qui aboutit à la formation d'un sol salin. La salinisation
entraîne un accroissement de la pression osmotique qui rend l'eau plus
difficilement mobilisable par les plantes. Ce phénomène dresse
une toxicité de certains ions pour les végétaux
(Cl-, Na+, etc.).
Au Sénégal, la salinisation est surtout
d'origine marine, ancienne ou actuelle, et se caractérise par des
inflations de la mer dans une nappe phréatique littorale qui est douce
au départ « bilan de la recherche agronomique et agroalimentaire au
Sénégal : 1964- 2004 ; ISRA, ITA, CIRAD ». Cet ouvrage va
plus loin, dit-il la salinisation marine ancienne est liée à la
dernière transgression marine, qui a laissé des surfaces d'eaux
piégées, qui sont devenues de véritables lagunes. Des
sédiments marins (sources de remontées salées) ont
également été déposés lors de cette
transgression. La présence de vases marines imprégnées de
salant marin le long de certaines côtes et estuaires (fleuve du Sine
Saloum, Casamance) donne naissance aux salés spéciaux
appelés sols sulfatés acides. Une salinisation secondaire
d'origine anthropique consiste à utiliser l'eau d'irrigation
chargée de sels sur des sols à mauvais drainage. Ce type est
assez fréquent au niveau des périmètres irrigués.
Dans ce cas, l'intensité du pouvoir évaporant est telle qu'il se
produit par moment des remontées capillaires entraînant les sels
vers les couches superficielles du sol.
Ce processus chimique et physique génère des
conséquences négatives sur les rendements agricoles de la
localité donnée. La salinisation, en effet, gène la
croissance des plantes et appauvrisse les sols en éléments
nutritifs. Les exploitants agricoles verront bientôt réduire leurs
revenus agricoles. Nous pouvons assister dans ce cas à des mouvements
d'exode de la population jeune en particulier, à la pauvreté
rurale à crescendo brève à une dégradation des
conditions de vie des populations concernées. Par ailleurs, les deux
communautés rurales qui font l'objet de cette présente recherche,
sont affectées par la remontée saline due à la
présence du bras de mer dont les fortes évaporations et la
sécheresse influencent ses effets.
3.3. La dégradation des terres
La dégradation des terres est généralement
définie comme une baisse temporaire ou permanente de la
productivité des terres. Elle peut résulter du changement
climatique ou de phénomènes naturels, mais il est plus
vraisemblable qu'elle dérive des activités humaines. La
dégradation peut être évaluée au moins en partie
à l'aide des nouvelles technologies, comme l'imagerie par satellite et
la capacité de calcul plus poussée des ordinateurs. Mais ceci ne
suffit pas, selon Louise Fresco, Sous-directrice
générale de la FAO pour l'agriculture. "Il est très
tentant de rester assis derrière un ordinateur, mais il est important de
constater exactement ce qui se passe sur le terrain", a déclaré
Mme Fresco en s'adressant aux Nations Unies et aux institutions de recherche
agricole. Aussi "Lorsque nous parlons de 'désertification', la menace ne
concerne pas bien entendu les terres qui sont déjà
désertiques", explique l'expert de la FAO, Freddy Nachtergaele. "Nous
entendons dégradation des terres productives mais fragiles qui
reçoivent 100 à
1 000 mm de précipitations annuelles et qu'une utilisation
non viable peut endommager ou anéantir." Certaines de ces terres peuvent
être cultivées. D'autres, comme les parcours ou la steppe, se
trouvent tout en bas de l'échelle des précipitations et servent
de pâturages aux moutons ou aux chameaux et d'abri à une part
importante de biodiversité végétale.
Le surpâturage ou la collecte excessive de bois de feu
peuvent entraîner la désertification, avant de laisser la place au
véritable désert. Dans les régions arides et semi-arides,
jusqu'à 25 pour cent des terres irriguées sont touchées
à différents degrés par le problème de la
salinisation. Ceci pourrait menacer 10 pour cent de la récolte
céréalière mondiale, quand plus de 800 millions de
personnes sont déjà victimes de la faim.
La lecture des analyses conceptuelles précédentes
montrent une relation étroite entre désertification et
dégradation des terres, ce qui amène Yves
Emsellem a parlé de processus évolutif d'une zone
donné, d'un terroir donné, transformant l'écologie ou la
vie était possible (...) Où les conditions d'existence humaines
sont de plus en plus précaires. Lorsque nous faisons
référence au cadre d'étude, les activités humaines
en l'occurrence les exploitations agricoles, peuvent être à
l'origine ou du moins précipiter la dégradation des terres dans
cette localité. Cependant dans une large mesure le
phénomène de la sursalure des terres est la cause principale. Il
faut y ajouter les facteurs
d'ensoleillement, de température, d'hygrométrie
.... Qui définissent le climat. Ce dernier est déterminé
par les précipitations qui au cours des dernières années
semblent indiquer une tendance sensible à la baisse.
Toutefois d'autres facteurs physiques peuvent intervenir mais
proprement dans ces zones étudiées, il faut dire que c'est dans
de moindre mesure.
3.4. La désertification au Sahel
A l'entame nous utilisons les propos de Michel Bonfils
dans « Halte à la désertification au
Sahel, 1987 » qui définit la désertification
comme la dégradation évolutive d'une zone donnée,
transformant une écologie où la vie était possible (....)
où les conditions d'existence de l'homme, de plus en plus
précaires, entraîneront dans une deuxième phase, une
régression de la population.
En effet, la désertification a une progression rapide au
Sahel certes, mais la conscience du phénomène de
désertification chez les populations est récente.
Elle se manifeste par plusieurs aspects avec ses corollaires sur
la production agricole lesquelles se font sentir les populations rurales au
premier plan.
Selon Michel Bonfils la désertification
n'est pas à assimiler avec l'avancée du désert. «
Elle est une détérioration par le dedans » ; implicitement
ce phénomène de dégradation émane des rapports de
l'homme qui existent avec l'environnement naturel en question.
Par ailleurs, il convient de reconnaître que le sahel
signifie étymologiquement
« rivage », et dérive du terme
arabe « sahil » par extension le mot appliqué
au Sahara va designer les bordures du Sahara et progressivement, il finit par
designer une zone géographique. Les études menées dans
cette zone par Michel Bonfils nous montrent une progression de
type géométrique de ce phénomène. A ce stade, on
enregistre l'exode de forces vives, entre autres impacts, d'où une
compromission des efforts de développement.
Toujours selon lui, la désertification se manifeste par
les indices suivants : v' Disparition du couvert végétal par
actions anthropiques.
v' Vulnérabilité du sol dénudé aux
vents violents, à la salinisation, etc.
Ce dernier facteur nous intéresse le plus car constitue la
pièce maîtresse de notre étude. Les eaux surchargées
de sels sous l'avancée de la mer par les vagues déversées
aux schorres, remontent par capillarité pour attaquer les
micro-organismes de la plante.
Celle-ci sous la pression d'éléments
surchargés de sels finira par disparaître et laisser la place
à de dunes de sables. Les conséquences que cela produit, sont
énormes. C'est bien ce qu'ont compris les chercheurs, les
décideurs politiques pour tenter de mettre au point des palliatifs
à ce phénomène.
Mais comment lutter contre la désertification ?
Évidemment lutter c'est prendre en compte tous les problèmes
dégradants et appauvrissant ; toutefois les propositions de cette
étude spécifique seront plus orientées à analyser
la dégradation sous l'angle de la salinisation des terres du Sine Saloum
en particulier dans les localités communautaires de Latmingué et
de Ndiaffate ou ce phénomène s'est manifesté de
façon nuisible à l'agriculture et au développement de la
végétation.
3.5. Le bassin arachidier
Le bassin arachidier est la zone rurale du Sénégal
la plus densément cultivée et la plus peuplée, avec une
population de 3 700 000 habitants représentant 45% de la population
totale du pays. Il s'étend sur plus de 220 km du Nord au Sud et plus de
200 km d'Est en Ouest, ce qui représente une superficie totale de plus
de 40 000 km2 où 21% de la superficie totale du pays. La région
du Sine-Saloum aussi bien que la collectivité territoriale de
Latmingué et celle de Ndiaffate sont parties intégrantes du
bassin arachidier. Aujourd'hui, le bassin arachidier est dans une phase de
dégradation avancée : On assiste à l'accroissement des
terres incultes, à la formation naturelle des dunes de sables puis
à la baisse du niveau hydrostatique et l'assèchement des puits
traditionnels. Enfin, il faut dire que la zone sahélienne est en proie
aux fréquentes tempêtes de sable dues à l'absence de
végétation susceptible de stopper les vents.
Ces différents éléments qui
caractérisent le Sahel expliquent en conséquence les difficiles
conditions de vie auxquelles les populations sont confrontées. La baisse
permanente des rendements agricoles, l'inefficacité des systèmes
de production en cours et le faible appui de l'Etat, entre autres, gênent
considérable le développement des exploitations agricoles. A cela
s'ajoute, pour certaines zones agricoles, la menace de la salure des terres ;
c'est le cas des zones en étude en l'occurrence le Sine-Saloum.
L'intérêt de la définition de ces concepts,
en réalité, traduit la richesse que constitue l'articulation des
données afin de permettre aux lecteurs de mieux comprendre le sujet de
la recherche. Aussi est-il que la pertinence et la qualité du travail
fournis y dépendent fortement.
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