II.2. Le modèle de Gordon-Shapiro
Les travaux de Gordon-Shapiro se distinguent entre une
première formule qualifiée et simplifiée et une seconde
dite développée. Comme sa définition le laisse entendre,
la première formule recouvre des hypothèses très
réductrices de l'équation d'Irving-Fischer :
Hypothèse n°1 : la croissance des dividendes est
réputée constante à un taux g avec un Pay-Out ( : taux de distribution des
dividendes) stable,
Hypothèse n°2 : la période
considérée n tend vers l'infini.
Le Pay-Out lié à l'exercice en cours correspond à :
La prise en compte de l'hypothèse de croissance du
dividende au taux permet
d'exprimer :
Soit :
On peut ensuite mettre en facteur dans l'équation
fondamentale d'Irving-Fischer :
Soit :
Au voisinage de l'infinie ;
D'où :
Avec : : Le dividende versé au titre de l'année en cours et
encaissé à l'année ,
: Le
taux de rentabilité risqué,
: Le
taux de croissance du dividende à l'infini.
Si ce modèle est séduisant, par le fait qu'il
est possible de déterminer la valeur d'une action à partir de son
dividende attendu et d'un taux de croissance constant des dividendes futurs, il
souffre d'hypothèses peu réalistes car trop simplificatrices.
Ainsi, l'hypothèse d'un taux de croissance constant des dividendes à
perpétuité est peu vraisemblable. De plus, cette valorisation
s'entend le lendemain du paiement de, et à la condition que t soit notablement supérieur
à. L'extrême
sensibilité de cette valorisation à la différence du dénominateur limite donc
considérablement la crédibilité de cette formule
simplifiée. Pour répondre à ces limites, la formule
développée de Gordon-Shapiro a tenté d'aménager les
hypothèses, ou plutôt de les décaler dans le temps :
Hypothèse n°1 : les prévisions sur les
dividendes portent sur,
avec,
Hypothèse n°2 : à partir de l'année
n, on considère l'existence d'une croissance à l'infini du
dividende à un taux
constant avec un stable.
Cette formule souffre des mêmes contraintes
arithmétiques que la précédente sur . De plus, elle s'avère plus
lourde à calculer. Toutefois, et c'est ce qui explique son utilisation
dans la pratique des marchés. De façon plus globale, l'approche
de Gordon-Shapiro présente un certain nombre d'avantages. En effet, elle
s'appuie sur des flux réels (les dividendes versés aux
actionnaires) et répond sur ce point à la préoccupation de
l'investisseur en quête d'une mesure concrète de retour sur son
placement. Cette approche intègre également dans son
actualisation une des composantes de la valorisation des marchés actions
avec le choix d'un taux t de rentabilité spécifique des actions
risquées. Par contre, cette approche reste éloignée de
toute référence au prix de marché. De plus, la formule,
sous sa forme développée, est fortement dépendante,
à l'issue de la période de prévision des analystes, de la
contribution prépondérante de dans la détermination de. En définitive, si le
modèle de Gordon-Shapiro offre l'avantage de la simplicité, il
reste difficile à mettre en oeuvre dans la mesure où les
dividendes futurs et le taux d'actualisation sont concrètement des
éléments délicats à déterminer.
|