II. L'approche actuarielle
L'approche actuarielle, basée sur l'actualisation des
flux futurs, estime la valeur de l'entreprise à partir de sa
capacité à générer des flux de trésorerie
disponibles qui seront actualisés à un taux (le taux
d'actualisation) qui tient compte du risque de l'actif économique. En
effet, cette approche est basée sur le fait que ce ne sont pas les flux
passés qu'achète l'investisseur, mais les flux futurs. Les
différentes méthodes basées sur l'actualisation que nous
allons, à présent, développer vont tenter d'expliquer la
formation des prix à partir des flux futurs des richesses
dégagées par la société. La valeur actuelle de la
société est alors déterminée comme la somme de ses
flux futurs actualisés. Ces flux futurs, qui vont servir de base aux
calculs d'actualisation, peuvent correspondre aux revenus retirés par
les actionnaires, c'est à dire aux dividendes majoré de la valeur
de revente future du titre, aux résultats dégagés par la
société, ou bien encore à son cash flow. Tout
dépend de ce que l'investisseur considère comme étant la
véritable richesse dégagée par l'entreprise.
II.1. La formule fondamentale d'Irving-Fisher
La justification économique de l'investissement la plus
communément partagée repose sur l'appréciation de la
rentabilité. Concrètement, cette mesure se détermine par
la comparaison entre la somme du profit futur et celle de la dépense
initiale. Chacun des termes de cette comparaison peut se développer sur
plusieurs années, tant pour les dépenses engagées que pour
les revenus futurs. Dans ces conditions, il est nécessaire de prendre en
compte « la valeur du temps » en actualisant les dépenses et
les revenus correspondant à chaque exercice. Cette
réalité, parfaitement applicable à l'investissement
boursier, est décrite par Irving-Fischer qui présente « la
valeur de tout capital comme la somme actuelle de son rendement futur ».
Cette réflexion est matérialisée, dans le cadre d'un
investissement en bourse, par la formule suivante :
Avec : : La valorisation actuelle,
: Le
dividende perçu pour,
: Le
prix de revente de l'action à l'année,
: Le
taux d'actualisation.
Sous une certaine simplicité apparente, cette formule,
qui est à la base de toutes les méthodes d'évaluation
actuarielles, n'en est pas moins difficile à utiliser en pratique,
étant donné qu'il est nécessaire de déterminer au
préalable le taux d'actualisation à appliquer, les dividendes
futurs (fonction des résultats futurs et de la politique de distribution
des dividendes retenue par les dirigeants) et le prix auquel les investisseurs
pourront revendre l'action dans n années. En définitive, on se
rend compte que la contribution concrète de cette approche reste
limitée. En effet, ce modèle fondamental, s'il présente
l'avantage de la simplicité, repose, malgré tout, sur un certain
nombre d'hypothèses fortes qui doivent préalablement être
justifiées. Par contre, d'importants efforts de simplification ont
permis ensuite de développer d'autres modèles (le modèle
de Gordon-Shapiro, le modèle de Bates, ...), plus accessibles et plus
satisfaisants. Ce sont ces modèles (que nous allons à
présent développer) qui vont être utilisées par les
spécialistes de l'évaluation financière pour valoriser les
sociétés cotées en bourse.
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