Partie
Bibliographique
Premier
Chapitre
Le miel :
généralités,
composition,
et propriétés
Chapitre I. Le miel : généralités,
composition, et propriétés
1. Définition:
Dans de nombreux pays, la loi fourni une définition
légale du miel. Cette dernière a pour objet la protection du
consommateur contre les différents types de fraudes susceptibles
d'être pratiqués (LOUVEAUX, 1968).
Le Codex alimentarius définit le miel comme suit
:
<< Le miel est la substance naturelle
sucrée produite par les abeilles "Apis
mellifera" à partir du nectar des plantes ou
à partir des sécrétions provenant de parties vivantes de
plantes ou à partir d'excrétions d'insectes butineurs
laissées sur les parties vivantes de plantes, que les abeilles butinent,
transforment en les combinant avec des substances spécifiques qu'elles
sécrètent elles-mêmes, déposent,
déshydratent, emmagasinent et laissent affiner et mûrir
dans les rayons de la ruche >> (Codex, 2001).
2. l'origine du miel :
Selon PROST (1987), le miel vient des plantes par
l'intermédiaire des abeilles. Et cela à partir
du nectar recueilli dans la fleur, ou du
miellat recueilli sur les plantes, selon
qu'il vient du nectar ou du miellat, il existe
l'origine directe et indirecte.
(figure n° 1)
2.1. L'origine directe:
Le nectar est un liquide sucré et mielleux, il se
produit à la surface des parties spéciales appelés
nectaires, qui sont en forme de turgescences, situés soit sur les
feuilles, appelés nectaires Extrafloraux, soit sur les
fleurs, (sépales, pétales, carpelles) appelés nectaires
Floraux, retrouvés par exemple chez la plante de Thym.
Pour recueillir un litre de nectar, on estime qu'il faut entre
20000 et 100000 voyage des abeilles (GONNET, 1982, DONADIEU, 1984, LOUVEAUX,
1968, ZIEGLER, 1968).
La composition du nectar
Le nectar est le résultat de plusieurs transformations
biochimiques complexes dues au métabolisme de la plante, ces
transformations sont à l'origine des différents
goûts retrouvés dans les miels.
Les principaux constituants du nectar sont
l'eau et les sucres (saccharose, glucose, fructose). Selon
ZIEGLER (1968), la teneur en eau est fortement variable de 20 à 95%, et
cela
selon les espèces et selon les facteurs de
l'environnement (météorologiques, situation
géographique,...), le nectar contient aussi des acides organiques, des
acides aminés des protéines, des enzymes des vitamines et des
substances aromatiques. Ces substances sont présentes en faible
quantité ne dépasse pas 1%, la composition en sucres est
relativement fixe pour une espèce ou même pour une famille
botanique donnée.
LOUVEAUX (1982), distingue trois grands groupes de plantes
suivant la nature des sucres :
- Groupe de saccharose dominant.
- Groupe de saccharose en quantité égale en glucose
et en fructose. - Groupe de glucose et fructose dominant.
Le rapport glucose/fructose est généralement
variable selon les espèces. Chez le colza (brassicaceae), la
teneur en glucose est supérieure au fructose, ce qui provoque la
cristallisation rapide du miel, chez thym (laminaceae), la teneur en
fructose est supérieure au glucose, ce qui rend le miel liquide.
Le nectar attire les abeilles qui le récoltent et le
ramènent à la ruche. C'est par cette
dernière pendant la collecte du nectar, que s'effectue
la pollinisation des fleurs (GONNET, 1982).
2.2. L'origine indirecte:
Le miellat est un produit plus complexe que le nectar faisant
intervenir un intermédiaire, généralement, des insectes de
la famille des Homoptères tel que les pucerons, leur pièces
buccales sont disposées pour piquer et absorber les aliments liquides
telle que la sève des végétaux et rejettent
l'excèdent des matières sucrées sous
forme des gouttelettes, que les abeilles récupèrent sur les
feuilles des plantes. Nous citons quelques exemples d'arbres
qui hébergent les pucerons, tels que, les sapins, les Epicéas,
les chênes, et aussi les plantes herbacées comme les
blés... (VACHE, GONNET, 1985).
Les miellats représentent une ressource alimentaire
importante pour les abeilles lorsqu'elles ne trouvent pas une
autre source alimentaire. Certain auteur distinguent deux types de miellat :
Le miellat de puceron, et le miellat végétal qui
se produit dans les journées chaudes à sécheresse
prolongée séparée par des nuits relativement froides et
humides, selon Gonnet, 1985, en conditions particulières et en absence
de tous pucerons par exsudation des feuilles à travers des orifices
stomatiques.
Ces miellats sont récoltés par les abeilles
qu'en absence des fleurs à leur disposition, et que
même certain auteur tel que BONNIER (1927), signalent que le miel qui en
résulte du miellat est de mauvaise qualité, par suite de la
présence des gommes et dextrines.
Composition du miellat
D'après KLOFT (1968), Le miellat des
pucerons est composé généralement des sucres le
mélizitose, le glucose, et dextrine et de gommes, de protéines et
d'acides aminés, de vitamines tel que la thymine et la
biotine, de minéraux et d'acides organiques (acides
nitriques et acides maliques).
MAURIZIO cité par ZIGLER (1968), indique que les
espèces suçant une même plante peuvent emmètre
chacune un miellat particulier et de composition chimique différente.
Figure 1: Origine du miel (J.PROST, 1987)
Tableau 1: Les différents facteurs de la
production mellifère, (BELAID, 1997).
Les différents facteurs
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Observations
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Auteurs
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Moment de la journée
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De nombreuses fleurs fournissent du nectar surtout le matin
(exemple Helianthus, Origanum, Salvia) et le soir (Tilia)
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A.MAURIZIO (1979 a)
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Humidité de l'air
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- Si l'humidité de
l'air est élevée, le nectar est
généralement sécrété en grande
quantité mais contenant un peu du sucre. - En air sec, le nectar diminue
mais la concentration en sucre augmente. Ce phénomène est
dû à l'effet hygroscopique du sucre contenant
dans le nectar.
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A.MAURIZIO (1979 a)
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Température
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La sécrétion nectarifère ne commence pas au
dessous de certaine température, le seuil critique varie selon les
espèces : Tilleul et sainfoin 15°C, Trifoluim
repens 23°C.
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CRANE (1979 b)
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Nature du sol
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Le volume du nectar varie avec la texture du sol, une même
plante peut être nectarifère sur un sol calcaire et
l'être beaucoup moins sur un sol siliceux ou
inversement.
Exemple: la moutarde blanche a donné plus de nectar sur
les terrains calcairo-sableux et calcaires que sur les terrains argileux.
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GLAYENS et G.BONNIER (1927)
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Humidité du sol
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La quantité du nectar augmente avec la quantité
d'eau absorbée par les racines. Elle atteint 45
à 75 %.
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A.MAURIZIO (1979 a)
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Les fumures organiques
ou minérales
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· Les engrais phosphatés ou potassiques favorisent
la floraison donc la sécrétion nectarifère alors que
l'azote nuit la floraison.
· L'addition du calcium et
magnésium a un effet positif sur Trifolium pratens, mais
n'a pas d'effet sur Brassica napus
var. oleifera et Phacelia.
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E.RABIET (1984)
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Le climat
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La même plante peut être mellifère dans une
contrée et ne pas l'être dans une autre. Le
trèfle blanc est beaucoup plus mellifère en Angleterre
qu'en France. Il l'est
d'avantage dans le Nord que dans le Midi de la France.
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J.PROST (1972)
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Latitude et Altitude
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La puissance mellifère d'une plante
augmente avec la latitude.
Une même plante produit beaucoup plus de nectar en altitude
que dans la plaine,
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G. LAYENS, G.BONNIER (1927)
et R.SIGNORINI (1978).
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Intensité du butinage
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Si une fleur est visitée par les abeilles, elle aura
produit plus de nectar que si elle n'avait pas
été visitée.
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G.LAYENS et G.BONNIER (1927).
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3. Formation du miel:
Selon GONNET (1982), le miel est produit par les abeilles
selon le processus suivant : le nectar est prélevé par les
abeilles butineuses, qu'elles emmagasinent dans leur jabot
avec la salive, elles transforment le saccharose en sucre simple (fructose,
glucose) selon la réaction chimique suivante sous
l'action de Gluco-invertase :
h + ' +
C H O I H O ? C H O + C H O
Dans le même temps, les abeilles réduisent la
teneur en eau de la solution sucrée à un taux avoisinant 50%, de
retour à la ruche, les butineuses transfèrent leurs
récolte à des ouvrières
d'intérieur, ces dernières par
régurgitations successives complètent et terminent la
transformation commencée. Puis, vont dégorger ce liquide sur des
grandes surfaces dans des alvéoles disponibles sur les rayons de
cire.
La solution sucrée transformée, contenant
encore environ 50% d'eau, va subir une nouvelle concentration
par l'évaporation, qui s'effectue sous
le double influence d'une part, de la chaleur régnant
dans la ruche qui est de l'ordre de 36 à 37
°C, d'autre part, par la ventilation qui
est assurée par les abeilles ventileuses, en créant un puissant
courant d'air ascendant dans la ruche par un mouvement
très rapide des ailes. Au bout de quelques jours, cette solution
contiendra en moyen 18% d'eau, et 80% des sucres. Cette
solution représente le miel stocké dans les cellules. Ces
dernières, une fois remplies, sont cachetées par un mince
opercule de cire, permettant une excellente conservation (GONNET, 1982,
DONADIEU, 1984).
Selon EMMANUELLE (1996), la quantité emmagasinée
dans la ruche est largement supérieure aux besoins immédiats de
la colonie, l'abeille possède un fort instinct de stockage.
4. Composition et propriétés de miel :
4.1. Les types des miels:
Il existe nombreuses variétés de miel qui peuvent
être classées de façon diverses :
1. Le miel varie selon l'origine florale, il
existe donc deux grandes variétés de miel en fonction de
l'origine sécrétoire : miel de nectar et le miel
de miellat.
2. La détermination de l'origine
géographique du miel repose sur l'analyse pollinique.
(CHAUVIN, 1968), en général, on admet qu'un miel
provient principalement d'une certaine source de nectar
lorsque le pollen correspondant est au stade dominant. (LOUVEAUX, 1970). Selon
le même auteur, les pollens représentent une preuve des plus
sérieuses de l'origine botanique du miel.
3. DONADIEU (1984), signale que selon cette origine nous avons
les miels monofloraux et les miels multifloraux :
-Les miels monofloraux (unifloraux):
Un miel dit monofloral est issu d'un nectar, ou d'un miellat,
collecté par les abeilles sur un végétal unique et
particulièrement attractif pour ces insectes. Cette définition
stricte n'est vraiment avérée qu'en certains cas particuliers,
notamment sur les grandes cultures. (GONNET, 1982)
Les miels monofloraux possèdent des
caractéristiques palynologiques, physico-chimiques et organoleptiques
spécifiques. (BOGDANOV, 2003).
-Les miels multifloraux (polyfloraux):
Les miels multifloraux, ou miel toutes fleurs, souvent
classés suivant les lieux de récolte (miel de montagne, de
forêt, etc.), ou encore suivant les saisons (miel de printemps ou
d'été). (DONADIEU, 1984)
4.2. Composition chimique du miel :
La composition du miel varie en fonction de
l'origine florale. PROST, 1987, signale que plusieurs facteurs
peuvent influencer la composition chimique du miel tels que, la nature du sol,
la race d'abeille, l'état
physiologique da la colonie.
Les miels de miellats ont très souvent une couleur
foncée, ils cristallisent généralement peu, et contiennent
moins de glucose et de fructose, mais d'avantage des sucres
supérieurs (C11) que les miels de nectar.
La composition chimique varie d'un
échantillon à l'autre,
généralement, le miel contient des éléments majeurs
et des éléments mineurs.
Eau Fractose Glucose Maltose Saccharose Divers sucres Divers
1.5% 1.5% 3.5%
7.5%
31%
17%
38%
Figure 2: Composition moyenne du miel (LOUVEAUX,
1985)
4.2.1. Les éléments majeurs :
A) L'eau :
La teneur en eau est une caractéristique importante
des miels, elle conditionne la conservation du produit, son poids
spécifique, et dans une certaine mesure sa cristallisation, sa saveur ;
en un seul mot, sa qualité (LOUVAUX 1968).
Selon GONNET (1982), Lorsque les abeilles operculent les
contenants du miel au niveau des alvéoles, la teneur en eau de celui-ci
est de l'ordre de 17 % à 18 %.
LOUVAUX (1980), ajoute que la teneur en eau des miels varie
assez largement en fonction de leur origine florale, de la saison, de
l'intensité de miellée, de la force de colonies
d'abeilles, et de la technique de récolte.
B) Les Glucides :
Les glucides représentent 95 à 99 % de la
matière sèches du miel. C'est-à-dire que
l'eau et les sucres ensemble forment la quasi-totalité
du miel (LOUVEAUX, 1985).
On trouve des monosaccharides (glucose et fructose) qui
représentent 85% à 95% des sucres du miel mais
c'est le fructose (lévulose) qui est presque toujours
dominant, avec une teneur de 38% du poids du miel, tandis que la teneur en
glucose est de 31%. On y trouve également du saccharose (1.5%) et du
maltose (7.5%) ainsi que d'autres sucres présents à l'état
de traces : isomaltose, nigérose, turanose, maltulose, isomaltulose,
leucrose, kojibiose, néotréhalose, gentiobiose, laminaribiose,
mélézitose, erlose, 1-kertose, dextrantriose, raffinose,
isopanose, isomaltotétraose, 6-a-glucosylsaccharose,
arabogalactomannane, maltotriose, isomaltopentaose, panose, isomaltotriose,
3-a-isomaltosylglucose, centose (EMMANUELLE et al.1996).
4.2.2. Les éléments mineurs A) Les
acides:
Tous les miels on une réaction acide. Ils contiennent des
acides organiques, dont certains volatiles, et des lactones (LOUVEAUX,
1968).
Le plus important est l'acide gluconique dont l'origine serait
une bactérie, appelée gluconobacter, qui lors de la
maturation du miel, transforme le glucose en acide gluconique. On y trouve
également une vingtaine d'acides organiques comme l'acide
acétique, l'acide citrique, l'acide lactique, l'acide malique, l'acide
oxalique, l'acide butyrique, l'acide pyroglutamique et l'acide succinique. On y
trouve des traces d'acide formique (un des constituants du venin), d'acide
chlorhydrique et d'acide phosphorique. D'autres composés, les
lactones dont la présence est constante, ont
également une fonction acide. Le pH, qui peut varier de 3.2 à
4.5, est égal, en moyenne, à 3.9 (HUCHET et al.1996).
B) Les protéines :
Les miels convenablement récoltés sont pauvres ou
très pauvres en protéines (White et al. 1962, cité par
LOUVEAUX, 1968).
Les protides sont présents en faible quantité
(1.7 gramme par kilogramme de miel soit une teneur de 0.26%) et la teneur en
azote est négligeable (de l'ordre de 0.041%). Il s'agit essentiellement
de peptones, d'albumines, de globulines et de nucléo-protéines
qui proviennent soit de la plante, soit de l'abeille. On y trouve
également des acides aminés libres dont la proline, qui provient
des sécrétions salivaires de l'abeille (EMMANUELLE et al,
1996).
Selon GONNET (1982), Les recherches les plus récentes ont
permis de mettre en évidence dans différents miels la
présence de 19 acides aminés libres.
C) Les matières minérale :
La teneur en sels minéraux selon White et al. (1962), est
de l'ordre de 0.169 % en moyenne. Elle est donc faible ou
très faible et sujette à des variations très
importantes.
LOUVEAUX (1968), signale que, d'une
façon générale, les miels clairs sont nettement moins
riches en cendres que les miels foncés. Les études de White et
al. (1962), montent qu'il existe une relation entre la couleur
des miels et leur teneur en cendres.
GONNET, (1982), ajoute qu'on y trouve
également à l'état de traces une
trentaine d'éléments différents parmi
lesquels le fer, le cuivre, le cobalt, le chlore, le soufre, le phosphore, le
magnésium, le calcium, le sodium et le zinc...
D) Les enzymes :
Le miel contient plusieurs enzymes dont la présence est
liée à l'origine double du miel : animal ou
végétal, le nectar, contient dès sa récolte des
enzymes qui agissent sur les sucres ; les secrétions de
l'abeille viennent y ajouter les enzymes
secrétés par les glandes pharyngiennes (LOUVEAUX, 1968).
De nombreuses enzymes se retrouvent dans le miel :
l'invertase, l'a-amylase, la f3- amylase,
l'a-glucosidase et la glucose-oxydase capable de transformer
le glucose en acide gluconique. Le miel contient aussi une catalase et une
phosphatase. Ces diastases sont détruites par un chauffage
exagéré du miel, il y a donc lieu d'éviter ce chauffage de
miel si on veut bénéficier de leur action. Ainsi, leur dosage
permet de détecter les fraudes liées au chauffage du miel (HUCHET
et al.1996).
E) Les vitamines
Le miel est relativement pauvre en vitamines, si on le
compare à d'autres aliments. Les vitamines du miel ont
presque toujours leur origine dans les grains de pollen (LOUVEAUX, 1985).
DONADIEU (1984), ajoute qu'il y a un grand nombre de
vitamines, dont les quantités loin de pouvoir couvrir les besoins
journalières de l'homme. On trouve essentiellement :
les vitamines B1, B2, B3, B5, B6, et C, et accessoirement (en quantité
négligeable): les vitamines (A, B8, B9, D, K).
F) Les substances aromatiques
Les substances aromatiques ne sont pas importantes quant
à leur poids. On dénombre plus de cinquante substances
aromatiques qui peuvent permettre l'identification de l'origine des miels, car
elles proviennent presque exclusivement de la plante (HUCHET et al.1996).
DONADIEU (1984), ajoute que ces substances donnent
l'arôme et le goût spécifique
d'un miel déterminé, mais qui ont par ailleurs
des vertus thérapeutiques.
G) Matières pigmentaires :
Le miel contient des produits pigmentaires qui donnent la
couleur au miel et qui n'ont pas encore fait
l'objet d'études approfondies
(DONADIEU, 1984). LOUVEAUX (1985), ajoute qu'elles sont
probables qu'elles appartiennent aux groupes des
caroténoïdes et des flavonoïdes.
La coloration est une caractéristique physique
très importante des miels car elle est en relation avec
l'origine florale et la composition, elle va de
l'incolore au noir en passant par le blanc, le jaune, le brun
ambré et le brun vert, en général les miels
d'agrumes sont plus clairs que ceux des forêts.
(LOUVEAUX, 1985 ; WEISS, 1985 et PROST, 1987 in DJERD, 2008).
H) Les lipides :
Le miel est pauvre en lipides : ceux qu'on y trouve sont
probablement des microparticules de cire qui échappent à la
filtration (HUCHET et al.1996). LOUVEAUX (1985), identifie cependant, des
glycérides et des acides gras tels que l'acide
palmitique, les acides oléïques et linoléïques.
4.3. Les propriétés physiques du miel
4.3.1. La Densité
La densité d'un miel homogène
est le rapport, exprimé en nombre décimal, de la masse volumique
de ce miel à la masse volumique de l'eau pure à
4 °C. (La masse volumique
s'exprime en kg/dm3). La densité du miel
varie approximativement de 1,39 à 1,44 à 20
°C (GONNET, 1982). Le miel est donc un produit
relativement dense. Les variations de la
densité proviennent surtout des variations de la teneur en
eau. Plus un miel est riche en eau et moins il est dense.
On peut pratiquement se servir de la densité comme moyen
de connaitre la teneur en eau d'un miel (LOUVEAUX, 1985).
4.3.2. La Viscosité
La majorité des miels ont une viscosité normale,
c'est-à-dire qu'ils suivent les lois de Newton sur
l'écoulement des fluides (LOUVEAUX, 1985). Selon HUCHET
et al. (1996), La viscosité du miel dépend de trois facteurs qui
sont, sa teneur en eau, sa composition chimique et de sa température.
La viscosité est très élevée
à basse température. Elle décroit rapidement lorsque la
température augmente (GONNET, 1982). Pour 30 à
35°C, la viscosité est minimale, c'est d'ailleurs
la température de la ruche. C'est pourquoi les apiculteurs sont
contraints, au cours des opérations de centrifugation, d'extraction et
de mise en pots, d'opérer à température suffisamment
élevée (HUCHET et al.1996). HOOPER (1980), ajoute que cette
viscosité est également accrue par la quantité de la
matière colloïdale contenue dans le miel : les miels foncés
ont une viscosité plus élevée que les miels clairs.
4.3.3. La Chaleur spécifique
La chaleur spécifique d'un corps est la
quantité de chaleur nécessaire pour élever de
1oC la température d'une unité de
poids de ce corps.
Un miel a 17 % d'eau, la chaleur
spécifique est de 0.54 à
20°C. Cela veut dire qu'il faut
approximativement deux fois moins d'énergie (de joules)
pour réchauffer du miel que pour réchauffer la même masse
d'eau (LOUVEAUX, 1985 et PROST, 1987). LOUVEAUX (1968), ajoute
que la Chaleur spécifique varie très peu d'un
miel à l'autre.
4.3.4. La Conductibilité thermique
La conductivité thermique est une mesure du transfert de
chaleur. Elle est aussi désignée en tant qu'indice thermique. La
conductivité du miel est relativement faible. Pour un miel
-4
liquide, elle s'élève à 12 ·
10cal/cm/s/°C, pour un miel cristallisé, elle est
de 12.9 · 10-5 cal/cm/s/°C (BOGDANOV et
al. 2004).
Selon GONNET, (1985), le miel est mauvais conducteur de la
chaleur, donc bon isolant thermique.
4.3.5. La Conductibilité
électrique
La conductibilité électrique est la
propriété d'un corps de permettre le passage du
courant électrique. C'est donc
l'inverse de la résistivité (GONNET, 1982).
DONADIEU (1984), signale que le miel à une
conductivité électrique dans de fortes proportions suivant sa
teneur en eau et sa teneur en matières minérales.
4.3.6. L'indice de réfraction
L'indice de réfraction est une
propriété optique qui caractérise toute substance
transparente. Il est en fonction de la teneur en eau et de la
température. L'indice de réfraction de miel est
d'autant plus élevé que sa teneur en eau est
plus basse (GONNET, 1982).
L'indice de réfraction varie de
façon presque linéaire avec la teneur en eau, de telle sorte
qu'il est possible de connaitre très rapidement cette
teneur en mesurant l'indice de réfraction (LOUVEAUX,
1985).
4.3.7. La coloration
La coloration est une caractéristique physique importante
des miels car elle est en rapport avec leur origine florale et avec leur
composition (GONNET, 1982).
La coloration des miels est due à la présence
des substances encore mal identifiées, mais parmi lesquelles semble bien
figurer le carotène. La couleur d'un miel étant
un caractère très important sur le plan commercial (LOUVEAUX,
1985).
4.3.8. Le pH
Le pH d'un miel est en fonction de la
quantité d'acide ionisable qu'il
renferme (ions H+) ainsi que de sa composition minérale (ions OH-). Plus
le taux de la matière minérale est fort, et plus le pH de miel se
rapproche de la neutralité (GONNET, 1982). Selon DONADIEU (1984), le
miel est acide et son pH oscille en moyenne entre 3.5 et 6.
4.3.9. La turbidité :
A moins d'avoir été
filtrés d'une façon parfaite, les miels sont
toujours plus ou moins troubles, même lorsqu'ils ont
été très bien refondus. Cette turbidité est due aux
particules en suspension : grains de pollen, poussière, levures,
particules de cire et de propolis, colloïdes, protéines, etc....
(LOUVEAUX, 1985).
4.3.10. La fluorescence
Sous l'action des rayons
d'ultra-violet, beaucoup de miels présentent une
fluorescence dont les couleurs sont très variables selon la composition
de miel examiné (DONADIEU, 1984). Selon LOUVEAUX (1985),
L'origine de cette fluorescence est mal connue.
4.3.11. Le pouvoir rotatoire
Le Pouvoir rotatoire des miels concerne leur action sur la
lumière polarisée. (PROST, 1987). La majorité des miels
font tourner à gauche la lumière polarisée, mais il existe
des
miels dextrogyres, qui par conséquent font tourner le
plan de polarisation à droite. Le pouvoir rotatoire du miel est une
donné peu significative, car les divers sucres qu'il
contient ont tous un pouvoir rotatoire différent (LOUVEAUX, 1985).
4.3.12. La solubilité
Selon DONADIEU (1984), le miel est soluble dans
l'eau et l'alcool dilué, mais
insoluble dans l'alcool fort, l'éther,
le chloroforme et le benzène.
4.3.13. La Cristallisation :
La cristallisation des miels est un phénomène
très important car c'est de lui que dépend en partie la
qualité du miel (HUCHET et al.1996).
Le miel consiste en une solution sucrée
sursaturée. La cristallisation du miel est ainsi un processus naturel.
La vitesse de cristallisation dépend surtout de la teneur en glucose du
miel. Les miels dont la teneur en glucose est inferieure à 28 g/100 g ou
dont le rapport glucose/eau est inferieure à 1,7 restent plus longtemps
liquides. Les miels à cristallisation rapide se cristallisent le plus
souvent très finement, alors que les miels à cristallisation
lente ont tendance à avoir une cristallisation grossière. Une
cristallisation fine peut être obtenue par des procédés
spéciaux d'ensemencement (BOGDANOV et al 2004).
4.4. Les propriétés biologiques du miel
: 4.4.1. Valeur alimentaire et diététique :
Le miel est un aliment glucidique à haute valeur
énergétique (320 calories par 100 g ou 13400 joules / kg) il est
composé essentiellement d'un couple
d'hexoses :
-le glucose, qui est assimilé directement ;
-le fructose, qui assimilé après une
légère transformation.
Le miel présente sur le sucre ordinaire
l'avantage de contenir des sels minéraux ainsi que des
substances aromatique qui rendent sa consommation plus agréable. Le miel
est un aliment très favorable à la croissance des jeunes enfants
(GONNET, 1982).
4.4.2. Valeur thérapeutique
Le miel contient des substances
anti-bactériennes d'où le nom
d'inhibine. L'action
antibactérienne du miel est certainement à
l'origine de quelques unes des propriétés
médicinales qui lui sont attribuées.
Dans le domaine médicale elle a été
signalé l'action bénéfique du miel dans
certaine cas de maladies de l'estomac, de
l'intestin, des reins ou des voies respiratoires (GONNET,
1982).
Le miel à un pouvoir antiseptique utilisé dans
le traitement des plaies depuis l'antiquité (ATTIPOUK
et al. 1998). PROST (1987), ajoute signale que
l'élément essentiel de cette activité
antibiotique du miel, est une enzyme, la gluco-oxydase, qui provoque
un dégagement d'eau oxygénée.
Tableau 2: Propriétés et
indications thérapeutiques plus spécifiques attribuées aux
principaux miels unifloraux (DONADIEU, 1984).
Origine botanique
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Propriétés plus
spécifiques
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Indicateurs plus particulières
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Acacia
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- Régulateur intestinal
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- Paresse intestinal, notamment chez le jeune enfant
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Bruyère
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- Antiseptique des voies urinaires et diurétiques ;
-Antianémique ;
- Dynamogénique des voies respiratoires et des voies
urinaires.
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- Affections de l'arbre urinaire dans son
ensemble et dans le régime diététique de
l'insuffisance rénale et chronique ;
- Certains anémies ;
- Etats de fatigue en général ;
- convalescences ;
Sénescences.
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Eucalyptus
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- Antiseptique des voies respiratoires et des voies
urinaires.
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- Affection touchant à la sphère
respiratoire et à l'arbre urinaire dans
leur ensemble.
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Oranger
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- Antispasmodique ; - Sédatif nerveux.
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- Etats spasmodiques d'origines diverses ; -
Nervosisme en général et troubles qui en découlent :
insomnies, palpitations.
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Sapin
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- Antianémique ;
- Antiseptique et anti- inflammatoire des voies respiratoires
;
- Diurétique.
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- Certains anémies ;
- Affection touchant à la sphère
respiratoire dans tout son ensemble ;
- Affections de l'arbre urinaire dans son
ensemble et dans le régime diététique de
l'insuffisance rénale et chronique.
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Lavande
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- Antiseptique et anti- inflammatoire des voies respiratoires
;
- Antispasmodique ; - Sédatif nerveux.
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- Affection touchant à la sphère respiratoire dans
tout son ensemble ;
- Rhumatismes chroniques (arthrose).
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Thym
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- Antiseptique général.
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- Maladies infectieuses en général touchant aussi
bien les sphères respiratoires, digestives et urinaires.
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Tilleul
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- Antispasmodique ; - Sédatif nerveux.
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- Etats spasmodiques d'origines diverses ; -
Nervosisme en général et troubles qui en découlent :
insomnies, palpitations.
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Trèfle
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- Dynamogénique.
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- Etats de fatigue ;
- Convalescences ;
- Efforts physiques (chez les sportifs en particulier.
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4.5. Propriétés organoleptiques :
4.5.1. La couleur :
Elle varie de blanc ou de nuance très claire à
brun sombre selon l'origine du produit. Les miels
français de robinier ou << acacia
>> - Robinia pseudoacacia -,
luzerne, romarin, rhododendron, lavande... sont clairs à
l'état liquide et blancs lorsqu'ils
sont cristallisés ; ceux de fenouil, de bourdaine, de bruyère, de
callune, d'eucalyptus, d'arbousier et de
miellats sont, au contraire, foncés avec des reflets variés
(verdâtres dans le miel de sapin) ; celui de sarrasin est presque noir.
Certains miels sont lumineux (miel de tournesol), d'autres, au
contraire, le sont peu (miel de colza). L'intensité de
la couleur est mesurée par l'échelle de
Pfund (Pfund color grader) ou par le comparateur
visuel de Lovibond. La limpidité, la fluidité,
l'homogénéité, la cristallisation et la
propreté sont également prises en considération (MOKEDDEM,
1997).
4.5.2. L'odeurs :
Dans les différents miels, les odeurs varient
considérablement mais s'évaporent très
rapidement. Elles sont végétales, florales ou fruitées,
puissantes ou non, fines, lourdes, vulgaires. Une odeur de fumée ou de
fermentation est un défaut (MOKEDDEM, 1997).
4.5.3. Les goûts :
Il s'agit des arômes, de la saveur
(acide, sucrée, salée, amère) et de la flaveur par voie
rétronasale. Ils sont végétaux, floraux, empyreumatiques,
fins, puissants ou persistants, exogènes.
L'arrière-goût peut être amer ou acide et
laisse en fin de bouche de tanin, de rance, de fumée... (MOKEDDEM,
1997).
Deuxième
Chapitre
Technologie du
miel
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