Un concept ne porte pas généralement la
même signification dans toutes les sciences. C'est à ce titre que
chaque discipline ou science clarifie le sens qu'elle accorde à tel ou
tel autre concept.
groupes armés, enfants sortis des forces et groupes
armés, paix, conflit, et guerre, organisation. Cette précision
est faite en vue de rendre plus compréhensible notre
thématique.
I.1.1. Intégration
Pour asseoir le sens de ce concept, dans notre étude,
nous nous inspirons du sens que lui confère C.D. ECHAUNDEMAISON, pour
qui c'est un état ou un processus d'insertion d'individus ou des groupes
dans un ensemble (collectivité, société) acquerrant ainsi
un minimum de cohésion.23
L'auteur note que ce processus est à double face parce
que les individus ou les groupes concernés adoptent à des
degrés divers les règles, les us et coutumes de la
collectivité. Parallèlement la collectivité les
intègre comme membres à part entière. Il s'agit là,
en effet, d'un processus d'acculturation ou de réintégration
sociale.
Cependant, l'acceptation n'est pas forcément fonction
du degré d'assimilation des intéressés : il peut y avoir
rejet de l'autre imaginairement perçu comme asocial, dangereux,
bizarre,...indépendamment de ses caractéristiques. L'auteur va
plus loin en montrant que la sociologie ménage une place importante au
phénomène d'intégration dans plusieurs théories.
Chez Durkheim, l'intégration est la garantie du fonctionnement
même de la société, son insuffisance entraîne
l'anomie, l'égoïsme e les suicides.24
Dans cette étude nous voudrions comprendre comment les
actions mal orientées des organisations en faveur des enfants sortis des
forces et des groupes armés pourraient pousser ces derniers des actions
anomiques.
Chez Talcott PARSONS, l'intégration sociale est l'un
des quatre impératifs fonctionnels de tout système
d'action25 .Or ces impératifs fonctionnels ne peuvent
être étudiés séparément. Ils sont en
interaction qu'on ne peut analyser l'un sans l'autre. Les quatre
systèmes entretiennent entre eux des rapports d'interdépendance
et de complémentarité, de sorte que l'analyse de chacun des
systèmes doit toujours prendre en considération l'existence des
trois autres, qui constituent son « environnement ».26
23 C.D.ECHAUNDEMAISON, Dictionnaire
d'économie et des sciences sociales, Paris, Ed.Nathan,
1986, PP .71-72.
24 E.DURKHEIM, cité par Echaundemaison,
Op.cit, P.72
25 T.PARSONS, cité par ECHONDEMAISON,
Idem, p.72
26 Guy ROCHER, Introduction à la
sociologie, t2 l'Organisation sociale, Paris, HMH, 1968, P
.206
Pour Raymond Boudon, le terme d'intégration n'a pas de
sens bien fixe et défini en sociologie. Dans le langage courant, il peut
désigner un état de forte interdépendance ou de
cohésion entre les éléments ou bien le processus qui
conduit à cet état. De plus, on l'applique soit au système
social soit au rapport individu système social.27 Cette
dernière application, poursuit l'auteur , est trop laxiste, mais elle
semble être adaptée à notre objet car, il s'agit d'une
intégration des individus, c'est-à-dire les enfants sortis des
forces et des groupes armés grâce aux actions dont ils
bénéficient de la part des organisations(BVES, LAV, CELPA,
RECOPE).
Paraphrasant Emile DURKHEIM , Raymond BOUDON dit que le
système social est intégré, dans la mesure où ses
membres possèdent une « conscience collective », partagent les
mêmes croyances et pratiques, qu'ils sont en interaction les uns avec les
autres et se sentent voués à des buts communs avec les autres
membres de leurs communautés.
Plusieurs auteurs ont opéré chacun une distinction
des formes d'intégration.
Luckwood distingue « l'intégration sociale »
de « l'intégration systémique » en montrant que le la
première concerne les relations consensuelles ou conflictuelles entre
les acteurs sociaux et la seconde concerne les composantes d'un système
social. Il donne l'exemple de l'antagonisme de classes pour la première
et la contradiction entre les rapports de production pour la seconde forme
d'intégration.
D'autres auteurs distinguent les formes suivantes
d'intégrations : l'intégration personnelle, l'intégration
psychologique, l'intégration économique et l'intégration
politique.
> L'intégration personnelle se dit
de l'individu qui rassemble en son moi unitaire toutes les multiples influences
qui s'exercent du dehors.28Elle est l'aptitude de l'enfant sorti des
forces combattantes à s'adapter aux conditions de vie du
système.
> L'intégration psychologique se
dit de l'état d'une personnalité dont les diverses composantes
sont en harmonie, sans tension, complexe, fixation et rejet.29 La
personnalité de l'enfant joue un rôle déterminant dans son
intégration à part les actions des organisations de la
réinsertion sociale.
> L'intégration politique
désigne les processus qui visent à faire accepter à des
groupes ou à des Etats, des institutions, un pouvoir, une façon
d'agir, de sentir
et de voir la maniere de faire, d'agir de voir et de sentir et
de voir d'un groupe plus vaste ou d'une société plus
vaste.30
Cette forme d'intégration est traduite à
travers le programme national de désarmement, démobilisation, et
de réintégration des ex combattants traduit à travers le
cadre opérationnel pour enfant sortis des forces et groupes et groupes
armés mis en place par le gouvernement de la République
démocratique du Congo pour orienter les actions de désarmement,
démobilisation, de réinsertion des enfants ex combattants en RD
congo.
> L'intégration économique
fait appel à un processus de coopération et de mise en commun
tendant à développer autant que possible l'économie par
une meilleure utilisation des ressources, par une organisation rationnelle de
la population et des échanges en vue de relever sensiblement le niveau
de vie, but de toute activité économique.31il est
question de comprendre si les activités génératrices de
revenu ainsi que l'apprentissage des métiers dont
bénéficient les enfants ex soldats de la part des organisations
permettent à ces derniers de s'intégrer dans les structures
socio-économiques à Bukavu et ses périphéries et
par de là au Sud Kivu.
A ce concept d'intégration, est rattaché celui
d'insertion qui vient du latin « inserere », signifiant introduire,
trouver sa place dans un ensemble. Du point de vue social, l'insertion signifie
que les individus concernés ont accès à l'emploi, au
logement, à la protection sociale. Ce concept s'oppose à celui de
marginalisation et à la ségrégation qui suppose
l'exclusion.32 Le concept de réinsertion est inclus dans
celui de réintégration qui comprend les notions d'assimilation
ainsi que d'accommodation des individus dans un groupe donné. Dans le
cas d'espèce, il s'agit de la réintégration des enfants
sortis des forces et des groupes armés.
Pour Yvan CONOIR et Gérard
VERNA, la réintégration comprend une phase de
réinsertion et la réintégration à court terme.
La réinsertion est à court terme et inclut la
période initiale du retour des forces combattantes au foyer ou de
l'arrivée de l'enfant dans un centre d'accueil transitoire. Durant cette
période, les objets ménagers sont fournis, des aliments sont
fournis à l'enfant lui permettant de s'installer .La
réintégration est un processus plus long ; son objectif est
d'introduire l'ancien combattant dans sa famille dans la vie civile et,
éventuellement, lui permettre d'atteindre l'autonomie financière
en
30 J.GREMOND et GELEDAN, Dictionnaire
économique et social, Paris, Hatier, 1990, P .216
31 M .NORRO, cité par A.COHEN, la
déviance, Gembloux, Duculot, 1971, PP.151- 160
32 Lexique de sociologie,
Dalloz, Paris ,2OO5, p .129
participant à des activités productives. Ce
processus compte deux éléments:l'élément social et
l'élément économique.33
Les principes de paris définissent la
réinsertion des enfants soldats comme étant un processus
permettant aux enfants d'opérer leur transition vers la vie civile es
assumant un rôle positif et une identité civile acceptés
par leur famille et leur communauté dans le cadre d'une
réconciliation locale et nationale. La réinsertion est durable
lorsque les conditions politiques, juridiques, économiques et sociales
dont dépendent la survie, la subsistance et la dignité des
enfants sont réunies. Ce processus vise à garantir aux enfants la
possibilité jouir de leurs droits, parmi lesquels l'éducation
formelle et non formelle, l'unité de la famille, les moyens d'une
existence digne et le droit d'être à l'abri du
danger.34
Pour ce qui est de notre travail, la réinsertion
désigne ce processus qui consiste à aider les ex combattants et
dans le cas précis, les enfants à s'adapter à la vie
civile et à adhérer aux activités civiles après une
période passée dans une force combattante.