Année académique: 2008-2009
UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU
B.P. 570 BUKAVU
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
REINSERTION SOCIALE DES ENFANTS SORTIS DES FORCES ET
GROUPES ARMES ET CONSTRUCTION DE LA PAIX A BUKAVU :Analyses des
approches organisationnelles
M6moire pr6sent6 et d6fendu en vue l'obtention du Diplome
de licence en Sociologie
Par : SHERI A NFUNDIKO Justin
Directeur: Professeur KAZADI KIMBU Encadreur : chef de
travaux KAG AND A Philippe
2 SIGLES ET ABREVIATIONS
1. A.G.R : Activité
Génératrice des Revenus
2. BVES : Bureau pour le Volontariat au Service
de l'Enfance
3. CDE : Convention des Droits de l'Enfant
4. CELPA : Communauté des Eglises Libres
de Pentecôte en Afrique
5. CEPAC : Communauté des Eglises de
Pentecôte en Afrique Centrale
6. CICR : Comité Internationale de la
Croix Rouge
7. CONADER : Commission Nationale de
Désarment et Réintégration
8. CTO : Centre de Transit et d'Orientation
9. DUDH : Déclaration Universelle des
droits de l'homme
10. EAFGA: Enfants Associés aux Forces
et Groupes Armés
11. ESFGA : Enfants Sortis des Forces et
Groupes Armés
12. FSSPA : Faculté des Sciences
Sociales, Politiques et Administratives
13. IRC : International Rescue Commitee
14. LAV : Laisser l'Afrique Vivre
15. OIT : Organisation Internationale du
Travail
16. ONG : Organisation Non Gouvernementale
17. Op.Cit : Opere Citato
18. OSA : Objectifs Stratégies et
Actions
19. PAM : Programme alimentaire mondiale
20. PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
21. RDC : République Démocratique
du Congo
22. RECOPE : Réseau Communautaire de
Protection de l'Enfance
23. SWOT: Strength (Force), Weakness
(Faiblesses), Opportunity (Opportunité) and Thread (Menace).
24. UEPN DDR : Unité d'Exécution
du Programme National de Démobilisation, Désarmement et
Réintégration
25. UNICEF :
26. UOB : Université Officielle de
Bukavu
27. VIH /SIDA : Virus Immuno Humain/ Syndrome
d'Immuno Déficience Acquise
DEDICACE
A mes parents Daniel NFUNDIKO NTERANYA et Isabelle
KINJA M'KASENGE pour tant de sacrifices consentis pour tout au long de ma
formation,
A mes frères et soeurs pour vos encouragements
incessants qui m'ont fait toujours le goût de poursuivre la
carrière scientifique ;
A toutes ces organisations qui du jour au lendemain
consacrent leurs efforts pour que les forces et groupes armés cessent
d'être le lieu de vie des enfants ;
Justin SHERIA NFUNDIKO
4 REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, nous tenons à remercier
sincèrement toutes les personnes tant physiques que morales qui ont
concouru à sa réalisation, par cette occasion, nous tenons
à leur exprimer nos sentiments de gratitude.
Nous remercions les autorités académiques
de l'Université Officielle de Bukavu, notre alma mater, pour avoir
organisé pour nous des enseignements de qualité avec des
enseignants chevronnés et attitrés de la faculté des
sciences sociales, politiques et administratives.
Nos remerciements s'adressent au Professeur Ordinaire
Timothé KAZADI KIMBU pour avoir bien voulu dirigé ce
mémoire, ses remarques et suggestions nous ont été
capitales dans la réalisation de cette oeuvre.
Nous pensons au Chef de Travaux Philippe KAGANDA
MULUMEODERHWA qui,malgré ses lourdes tâches, s'est impliqué
profondément dans la réorientation de notre thématique de
recherche,l'encadrement du présent mémoire, aussi d'avoir
dissipé nos inquiétudes liées aux exigences scientifiques
chaque fois quand nous en avions.
Nos sincères remerciements s'adressent
également à nos compagnons de lutte. Grâce à vous
nous avons appris grand-chose, nous pensons à Michel AHANA, Jean Claude
BIKANGU, Georges MUGISHO, David AMANI, Rosine FURAHA, Claudine KIBIBI, Lyly
NSIMIRE, Ange LUBANZADIO, Dynat FATAKI, ZAWADI MISSI, Bernadette NTAKWINJA,
Nely RWIWIBUKA, Filidor BIKENGU, Justin MUGABO, Vianney BASAMBILA.
Que tous ceux qui ont contribué de près ou
de loin à la réalisation du présent travail, trouvent ici
l'expression de notre profonde gratitude
Justin SHERIA NFUNDIKO
0. INTRODUCTION GENERALE 0.1.0bjet, choix et
intérêt du sujet
0.1.1. Objet et objectifs du travail
La présente étude porte sur la réinsertion
des enfants associés aux forces et groupes armes à Bukavu et ses
environs.
Selon J.MAQUET, une société est un réseau
de groupes majeurs en interconnexion et envisage comme une unité qui
protège une culture commune. Quel que soit le domaine où l'on se
situe, une société suppose un groupe de personnes conscientes de
leur communauté, unie par de multiples relations,exerçant des
activités des diverses natures,visant plusieurs objectifs dont le
principal est son maintien. 1
A travers ce travail, nous nous proposons d'analyser les
approches dont se servent ces organisations pour réinsérer dans
la vie civile les enfants sortis des forces et groupes armés dans la
Province du sud Kivu en général et la ville de Bukavu et ses
alentours en particulier.
Notre étude poursuit les objectifs suivants :
> Sur le plan scientifique, nous voudrions
analyser les modèles de réinsertion des enfants associés
aux forces et groupes armés adoptés par les organisations locales
; déceler les limites, les défis à relever ainsi que leur
contribution a la construction de la paix durable.
> Sur le plan pratique, nous voulons proposer
aux acteurs des voies d'améliorer leurs interventions ce domaine.
1 J.MAQUET, Pouvoir et société en
Afrique, Paris, Hachette, 1970. P.10
0.1.2. Choix et intérêt du sujet
Pour François DEPELTEAU, le choix d'un sujet est un
acte purement subjectif. Il va de soi que ce choix se fasse en fonction de
l'expérience passée et de la personnalité du chercheur. Ce
choix dépend énormément de l'enseignement, de
l'environnement social dans lequel évolue le chercheur2.
L'intérêt pratique : choix
porté présent sujet n'est donc pas un fait du hasard. Il est
plutôt le fruit d'un long questionnement et observations sur la vie des
enfants sortis des forces et groupes armés. Ces derniers ont connu et
commis des atrocités dans leur communauté, malgré eux, et
qui ont par conséquent besoin d'une aide psychologique, sociale, et
économique plus efficace pour maîtriser les traumatismes
d'être réinsérés dans la vie civile.
L'intérêt personnel ; c'est
depuis l'année 1999 que notre famille accueille transitoirement des
enfants sortis des forces et groupes armés, avant de regagner leurs
familles respectives. Au cours des nos échanges, ces enfants
n'évoquent que des situations difficiles de nature à créer
des traumatismes qui mettent à mal leur adaptation à la vie
civile.
L'intérêt scientifique est
d'apporter un éclairage théorique quant à ce
phénomène afin de mieux le comprendre et d'y apporter tant soit
peu de solutions.
0.2. ETAT DE LA QUESTION
Pour Raymond QUIVY et Luc Van CAMPENHOUDT, lorsqu'un chercheur
entame son oeuvre, il est peu probable que son sujet d'étude n'ait
jamais été traité par d'autres chercheurs en partie ou
directement.
Ainsi, toute oeuvre scientifique s'inscrit
inéluctablement dans un continum et peut être situé par
rapport à des courants de penser qui le président et qui
l'influencent par ailleurs. D où, il est normal et important que le
chercheur en prenne connaissance pour lui permettre de préciser ce qui
rapproche d'une part et ce qui distingue d'autre part son propre travail de
ceux des autres.3
2 F.DEPELTEAU,La démarche d une
recherché en sciences Humaines, Québec,P.U.L,2000,P.100.
3 R.QUIVYet L.V.COMPENHOUDT, Manuel de recherche en
sciences sociales, Paris, Bordas, 1988, PP30-38
Le domaine scientifique n'étant pas l'apanage d'une seule
personne, plusieurs autres personnes ont mené des recherches proches de
notre étude.
Nous citons a titre illustratif ;
L'ouvrage de Philippe CHAPLEAU
4éclairant sur une situation scandaleuse qui, loin d'être un
épiphénomène sociétal, constitue, depuis la
deuxième guerre mondiale, un vrai problème militaire.
Il établit un cadre historique, socio économique
et tactique qui précise les facteurs qui se combinent pour favoriser
l'implication directe des enfants dans les conflits et violences
armés.
Il cite entre autre la démographie galopante,
l'évolution technologique des
armements, la suppression des barrières traditionnelles
entre combattants et civils et enfin, la paupérisation de la
population.
Il tente d'apporter une solution à l'interrogation du
comment combattre les enfants soldats en deux temps.
Le premier temps consiste en une prévention, en
établissant un cadre juridique qui interdit le recrutement des mineurs
et en faisant respecter les conventions internationales dans des zones des
conflits.
Le deuxième temps c'est la démobilisation et la
réinsertion, en imposant la paix et en accompagnant le retour à
la vie civile des combattants, spécialement les jeunes.
Il estime que la société militaire se trouve
dans une posture beaucoup plus délicate, et face aux enfants soldats,
les armes traditionnelles sont désarmées en ce sens leurs codes
de conduites et leurs tactiques apparaissent inopérants face aux menaces
posées par ces enfants qu'ils considèrent comme des
véritables guerriers asymétriques compte tenu du succès
militaire qu'ils connaissent sur le champ de bataille, succès dû
en grande partie à l'audace.
Cependant, quel que soit le mérite de ces enfants
associés aux forces et groupes armés au front militaire, ils ont
droit à une démobilisation et a une réinsertion socio
économique pour pouvoir participer en tant qu'acteur à la vie
civile,étant entendu que la place d'un enfant c'est sa famille, dans sa
communauté et non dans une force armée ou une milice. Cette
réinsertion doit être le soubassement d'une paix durable dans la
communauté.
Pierre ERNY5 étudie la vie de
l'enfant noir en milieu coutumier ainsi que l'éducation qu'il y
reçoit.
Il cherche la pédagogie adaptée à l'Afrique
noire et réalise une étude proprement ethnologique de
l'éducation coutumière.
Il éclaire sur les ressorts les plus intimes de la
société traditionnelle, fait comprendre tout ce qui se passe
dans la vie de l'enfant en marge de l'école, la part de
l'éducation
4 P.CHAPLEAU, Enfants Soldats, victimes ou
criminels, Paris, Rocher, 2007.
5 P.ERNY, L'enfant et son milieu en Afrique
noire, paris, Fayot, 1972
que l'enfant reçoit de son milieu d'origine et dont il
serait logique de tenir compte dans la manière de concevoir.
L'auteur passe en revue successivement l'éducation
donnée durant la première enfance, celle qui situe l'enfant
verticalement dans sa lignée (les liens de parente avec des ascendants)
et horizontalement (dans le groupe des camarades d'ages) dans la
société des semblables, les relations qui s'esquissent avec la
société globale (la façon dont l'enfant participe a la vie
collective).
Il décrit donc comment l'enfant intègre la
société traditionnelle, assimile les connaissances et savoir
faire qui lui sont indispensables pour pouvoir participer aux tâches,
préoccupations et satisfactions qu'elles lui proposent. La façon
dont l'enfant entre dans l'univers de la parole, lui fait porter des valeurs
morales et enfin le fait passe par l'expérience spirituelle majeure de
l'initiation qui est un rite culminant en des fêtes.
Notre analyse situera la réinsertion des enfants
associes aux forces et groupes armes dans un environnement multiculturel
(urbain et rural) et mettra l'accent sur la façon dont est
organisé le retour aux activités civiles des ces enfants
excombattants en tenant compte des aspects socio culturels de la
communauté comme l'affirme Philipe CHAPLEAU, il est
vital d'intégrer dans le processus de réinsertion des enfants
associés aux forces et groupes armés des populations civiles
promptes à victimiser les anciens enfants soldats et faire appel aux
guérisseurs traditionnels et à leurs rituels de purification pour
libérer les enfants de tous leurs démons6
Pour leur part I an Douglas et
Alii7, dans leur ouvrage portant sur la
démobilisation, désarmement et réintégration,
démontrent que les mesures de désarmement doivent être
appuyées par d'autres programmes qui permettraient d'accroître la
sécurité et, du même coup, de réduire la circulation
d'armes parmi la population civile. Une approche globale est donc
nécessaire si l'on veut atteindre une sécurité, une paix
et un développement durables.
Ils estiment que les campagnes d'informations sont
essentielles à la sensibilisation des communautés
touchées. Cependant, ils veulent qu'on tienne compte de la situation
régionale ; c'est-à-dire, prendre la considération selon
la quelle les pays font partie d'une région qui a influencé le
conflit et qui a été influencé a son tour.
En ce qui concerne le désarmement et la
démobilisation, ils montrent que les mesures prises pour assurer la
réussite du programme Désarmement, Démobilisation et
Réinsertion doivent être axées sur la vie civile,
plutôt que sur la vie militaire, car le but ultime de la
réinsertion consiste à préparer les anciens combattants
à la vie civile.
6 P.CHAPLEAU, op.cit.P.216
7 I an DOUGLAS et Alii
D'autre part, les nombreuses tâches, assumées par
les organisations
humanitaires et l'aide au développement montrent
l'importance, selon les auteurs, de la coopération entre civile et
militaire.
Parlant de la réintégration, ils mettent
l'accent sur l'importance de la coordination des mesures de désarmement,
de démobilisation et de la réintégration pour que cette
dernière, en tant que tâche civile, réussisse. Si le
processus de démobilisation ne réussit pas à instaurer la
confiance et à susciter l'engagement vers le programme DDR, les
combattants libérés risquent de se mobiliser à nouveau ou
d'avoir recours à la violence et à la coercition pour
survivre.
L'étape de la réintégration est
conçue pour fournir aux ex-combattants des compétences utiles et
des perspectives de retour à la vie civile. La
réintégration ne fonctionne cependant que si elle a lieu dans une
société fonctionnelle où la sécurité humaine
des ex-combattants et de la population en général est
assurée de maniere suffisante.
Pour notre part, nous pensons que la réinsertion des ex
combattants doit tenir compte de leurs tranches d'âges, en
spécifiant la maniere de prendre en charge les enfants et les adultes en
se sens qu'à chaque tranche d'âge,correspond des problèmes
particuliers qui nécessitent des solutions appropriées.
L'article de Sophie NOLET8, montre
que les enfants et jeunes adolescents combattent volontairement où de
manière forcée, dans les troupes gouvernementales ou des groupes
armés d'une trentaine des pays en toute légalité. Selon
l'auteur, ces enfants, sont utilisés comme des démineurs,
espions, bombes vivantes, messagers, cuisiniers, porteurs, esclaves,
sexuels...
Elle énumère une série des causes qui
font à ce que les enfants soient de plus en plus visibles dans les
groupes armés. Elle cite notamment la pauvreté des familles, la
docilité des enfants qui fait à ce qu'ils soient faciles à
enrôler, aussi, leur témérité : car les enfants sont
plus impitoyables et s'infiltrent facilement dans les camps adverses.
Enfin, elle énumère les pays dans lesquels les
enfants sont utilisés comme soldats dans le monde, pays de l'Afrique et
de l'Asie pour la plupart.
Cependant l'article ne fait aucunement allusion aux
mécanismes pouvant faciliter le retour à la vie civile de ces
enfants.
Pour notre part, nous n'allons pas nous intéresser aux
causes du recrutement des enfants dans l'armée ni même à la
démobilisation bien que nous allons les citer par exigence
méthodologique ; plutôt, notre effort sera concentré aux
mécanismes favorisant le retour et à l'adaptation à la vie
civile des enfants sortis des forces et des groupes armés.
8 S.NOLET, Les enfants soldats, armes
légères et conflits en Afrique in Revue du
GRIP, Bruxelles, N3, 2003, PP19-26
Dans le rapport publié par Save the Children UK et les
groupes d'organisations non gouvernementales CARE, IFESH et IRC, Beth
VERHEY9présente les résultats d'une
étude menée en République Démocratique du Congo au
près des autorités gouvernementales militaires et civiles, des
agences des nations unies intervenant au Congo, des associations locales, les
organisations de la société civile ainsi que les focus groupes
des femmes. Ce rapport se penche principalement sur la situation et les
attitudes des filles sorties des forces et des groupes armés, les
obstacles de la participation des filles au processus de réinsertion des
enfants sortis des forces et groupes armés et au processus officiel de
DDR. Enfin elle formule des recommandations en terme d'actions à mener
afin de persuader les filles à participer au processus. Ces
recommandations sont ainsi adressées à la communauté qui
se charge de l'accueil des ces filles ainsi qu'aux autorités
gouvernementales.
Nous allons analyser l'effort des organisations dans la
participation des filles au processus de réinsertion des enfants sortis
des forces et des groupes armés comme contribution à la
construction de la paix dans le dernier chapitre.
MILFRID TONHEIM10, elle
décrit la littérature disponible et la recherche relative
à la réinsertion des enfants soldats en général
avec un accent particulier aux filles soldates dans le processus de
réinsertion en République démocratique du congo. Elle
s'intéresse aussi d'une maniere sommaire à la manière dont
la société civile congolaise se mobilise pour contribuer au
processus de réinsertion sociale des enfants sortis des forces et des
groupes armés.
Cet auteur donne les résumés d'une centaine
d'études théoriques et empiriques existantes sur la
réinsertion des enfants ex-soldats .Il s'agit des articles, ouvrages ,
des mémoires de maîtrise ainsi que des thèses de doctorat
se rapportant au phénomène de réinsertion sociale des
enfants sortis des forces et groupes armés. Toutes ces études
portent sur les pays en situation post conflit comme la Sierre Léone,
l'Uganda, Mozambique, la Cote d'Ivoire, Angola, le Sri Lanka, les Philippines
et la Colombie.
Elle met en relief quelques tendances et développements
dans la littérature. Des thèmes importants dans le domaine des
études sensitives au genre sur la réinsertion sont
discutés, ainsi que d'autres thèmes qui demandent une recherche
et une compréhension plus poussées. Elle souligne enfin que la
recherche sur les enfants associés aux forces et aux groupes
armés demeure insuffisante compte tenu du fait que les aspects non
couverts par ces études sont nombreux. D'où la
nécessité pour les chercheurs, de multiplier les efforts pour
produire une documentation suffisante sur les enfants ex combattants et
particulièrement les filles.
9 Beth VERHEY, Atteindre les filles :Etude sur
les filles associés au forces et groupes armés en
République Démocratique du Congo, Londres, Save
the Children et CARE, IFESH et IRC , Novembre 2004.
10 MILFRID TONHEIM, Reintegration of
child soldiers :a literatuture review with particular focus on girl soldier's
reintegration in the DRC, in rapport du SIK, N°1, 2009
KALONGA LUSE-LUA-NZAMBI et LUTALA
BILILO MBULU11, ont mené une étude sur les
considérations psychosociales sur les enfants sortis des forces et des
groupes armés à Bukavu. Cette étude a couvert un
échantillon de deux cents enfants sortis des forces et groupes
armés choisis selon des critères bien définis. un
questionnaire composé en grande partie d'items à réponses
fermées qui reprenaient les paramètres essentiels de la
personnalité des enfants sortis des forces et des groupes armés
leur a été soumis.
A la fin de l'étude, ils ont dégagé les
conclusions selon les quelles, bien que ces enfants constituent une
catégorie spéciale des vulnérables. Il s'avère que
ces enfants ex-soldats ne sont pas pour autant différents des autres
enfants du point de vue psychologique dans la mesure où leurs
réactions ne semblent pas trop s'éloigner du cadre comportemental
général de la société.
Néanmoins, sur le plan affectif, il se
révèle que ces enfants ex soldats sont plus tournés vers
l'extérieur du fait d'avoir été détachés
prématurément de leurs familles.
Par ailleurs, les résultats de ces auteurs ont
montré que ces enfants sont équilibrés sur le plan sexuel
malgré leur exposition aux éventuelles déviations.
Aussi, la peur due aux différents
événements sombres vécus, continue-t-elle à marquer
le parcours de leur vie quotidienne.
Sur le plan de la sociabilité, ils ont montré
que la fréquence élevée d'incarcération ou de l'
emprisonnement des garçons, ferait penser à la délinquance
; ce qui ne dénote ni de l'alcoolisme,ni du tabagisme, encore moins de
la toxicomanie de la part de ces enfants.
Le mémoire de BALEMBA
MUNGANGA12 qui procède par le
structurofonctionnalisme, veut savoir quelles sont les activités des
démobilisés dans la commune d'Ibanda et comment ces
activités leur permettent de réintégrer au sein des
populations civiles de Bukavu.
Il a trouvé que l'intégration d'un
démobilisé est avant tout fonction de lui-même ; c'est
à dire, de sa bonne volonté avant d'être l'affaire de la
communauté.
Les activités réalisées par les
ex-combattants, ainsi que leurs rapports avec les populations civiles peuvent
au fil du temps faciliter leur acceptation et assimilation a ces populations
civiles.
Cependant, les représentations collectives ou
individuelles qui accompagnent les comportements collectifs et individuels,dont
dépendent d'une part grandissante le degré d'intensité des
conséquences positives ou négatives provenant des formes que
revêtent les dominations plutôt que les
coopérations,l'apparition ou la disparition d'interdépendances
suite au double mouvement d'intégration ou de
désintégration voire même d'intégration
partielle,constituent des contradictions permanentes dont le
11 KALONGA LUSE-LUA-NZAMBI et LUTALA BILILO MBULU,
« quelques considérations psychosociales sur les enfants sortis des
forces et des groupes armés : cas de la ville de Bukavu »in
recherches africaines, N°21-22 janvier -Juillet
2008 PP 106-116
12 BALEMBA MUNGANGA, les activités des
démobilisés comme facteur de leur intégration sociale en
commune d'Ibanda, Mémoire, FFSPA, U.O.B, Inédit,
2007-2008
siège semble être la société moderne
ou en modernisation alors que le processus d'intégration prend
essentiellement la forme d'une massification.
Il a enfin, trouvé que les démobilisés
sont plus intégrés dans le système fonctionnel que dans
les autres systèmes alors que les valeurs, les normes, les contacts et
les relations interpersonnelles dans les groupes avec les autres populations
faciliteraient une intégration complète plutôt qu'une
intégration partielle.
La communauté a une grande part de
responsabilité et d'influence dans la réussite du processus de
réinsertion. En effet, les ex-combattants démobilisés des
forces et groupes armés exercent leurs activités dans la
communauté où ils ont commis des atrocités. Ils se voient
financés pour exercer leurs activités de
réintégration économique. Il y a donc la nécessite
de renforcer les capacités socio économiques des populations
locales pour écarter les formes de rejet et méfiance qui
pourraient élire domicile dans cette communauté qui voit ses
bourreaux d'hier assistés financièrement et matériellement
sans pour autant penser à elle.
Dans son mémoire SHUKURU
BATACHOKA13, partant du fonctionnalisme mertonien veut
savoir comment et pourquoi organiser la démobilisation des ex -
combattants au sud Kivu et quelles sont les conséquences et effets
pervers de cette démobilisation sur les ex combattants et sur la
société. Il souligne que la démobilisation des combattants
intervient comme un mode de transformation positive du conflit ou la
pacification. La démobilisation a été organisée au
sud Kivu comme mesure structurelle de contrôle de l'armement et des
troupes,en vue de pacifier la province, de consolider la paix par la
récupération des armes en circulation,la diminution des effectifs
militaires et freiner la multiplication des groupes armés et le trafic
illégal d'armes. D'où la nécessité de
réinsérer les anciens combattants dans la vie sociale et
économique en tenant compte des réalités et exigences
environnementales pour reconstruire la province et contribuer à la
stabilité régionale.
Il dégage les résultats selon lesquels la
démobilisation a été massive et
non progressive, ne tenant pas compte de la taille des mesures
des structures d'encadrement des ex-combattants ; le désarmement reste
problématique car la récupération des armes ainsi que des
munitions et la question de brassage entre troupes ex composantes reste
préoccupante.
Il souligne que la réinsertion reste incertaine suite
au soutien financier insuffisant dont bénéficient les
démobilisés suite à la crise socio économique
demeure criante.
13 SHUKURU BATACHOKA,La problématique
socio-politique de la démobilisation des combattants au sud Kivu, cas
des démobilisés de la CONADER ,Mémoire
,FSSPA,2005-2006,Inédit
Selon lui, si l'on ne tient pas compte du devenir des
ex-combattants, on aboutira à la milicisation et à la
spectacularisation de la violence qui pourra entraîner la crise et les
conflits en escalades conduisant encore une fois de plus à
l'effondrement de l'Etat.
En plus de cet appui financier, les enfants retournés
dans la communauté ont également besoin d'une assistance psycho
sociale pour maîtriser les traumatismes vécus.
Notre travail va se distinguer des oeuvres qui
précèdent par le fait qu'il analysera les approches dont se
servent les organisations locales pour réinsérer les enfants
sortis des forces et groupes armés dans la société civile
ainsi que la contribution de ces approches a la construction de la paix durable
à Bukavu et dans ses environs.
0.3. Problématique
Une problématique est une approche ou une perspective
théorique que l'on décide d'adopter pour traiter le
problème posé par la question de départ.14
Trois cent mille (300000) enfants au monde, au moins,
porteraient les armes ou surviraient de supplétifs au sein des forces
armées nationales, des milices rebelles, des groupes armés
paramilitaires et des gangs mafieux.15
Ces cohortes de guerriers juvéniles constituent une
menace trop souvent ignorée dès lors qu'il faut juger les actes
d'enfants arrachés à leurs familles et plongés dans
l'horreur de la guerre.
En effet, le recrutement et l'utilisation des enfants par des
groupes armés est un phénomène répandu, connu
depuis le conflit de 1996-1997, résultant du renversement du
régime de Mobutu pour le cas de la RDC.
La question des enfants utilisés par les groupés
armés en R.D.C. a attiré un niveau élevé et constat
d'attention internationale, aux niveaux diplomatiques et de plaidoyer depuis le
début du conflit et cela au milieu de l'année 1998.
Tous les groupes armés en R.D.C. ont été
nommés dans les rapports annuels du secrétaire
général des Nations Unies de 2002 et 2003 sur les enfants et les
conflits
14 R. QUIVY et L.V. COMPENHOUDT, Op.
cit, p. 83
15 P. CHAPLEAU, Op. Cit. p.
7
armés devant le conseil de
sécurité.16 La République démocratique
du Congo compte à elle seule 10% des effectifs d'enfants soldats au
monde, près de 33494 enfants avaient été recrutés
dans les forces et groupes armés et certains d'entre eux y presteraient
encore jusqu'à ce jour ; pour ce qui est de la seule province du sud
Kivu, près de 3000 à 5000 enfants seraient impliqués dans
ce processus selon les organisations intervenant dans la réinsertion des
enfants sortis des forces et des groupes armés.
L'unité d'exécution du programme national de
désarmement, démobilisation et réinsertion des
ex-combattants annonce que près de 10000 (milles)enfants seulement
avaient été démobilisés et
réinsérés depuis 2004, et que les autres seraient encore
actifs dans les forces et groupes armés dans le pays en
général et dans les provinces orientales du pays en
particulier17.
Au niveau national, le cadre de travail légal
concernant les enfants associés avec les groupes armés est
spécialement solide en R.D.C.
En plus d'être un élément
supplémentaire faisant partie de la législation des enfants,
notamment dans le protocole facultatif à la convention des Nations Unies
relatives aux droits de l'enfant, une loi nationale avait été
votée en Juin 2000 qui interdit clairement la participation des enfants
de moins de dix-huit ans dans un groupe armé.18
Au nombre des mesures pratiques pour obtenir la
démobilisation des enfants, un certain nombre d'efforts est entrepris.
Il a été constaté qu'en R.D.C., il était possible
de réaliser la démobilisation et la réinsertion des
enfants pendant un conflit en cours.
L'accord de paix de Pretoria de 2002 qui a établi un
gouvernement de transition en R.D.C., a élargi et ouvert le contexte de
manière significative pour la démobilisation, le
désarmement et la réintégration.
En Août 2003, l'UNICEF a pour la première fois
orienté les efforts concernant les enfants en direction d'un cadre
national de travail pouvant accueillir les enfants sortis des forces et groupes
armés.
16 Beth VERHEY, Atteindre les filles, Etude sur
les filles associés aux forces et groupes armés en
R.D.C., Save the Children, Novembre, 2004.
17 Propos du prof NTUMBA LWABA, coordinateur de l'U.E.
PNDDR, tenu en juin 2008 lors du lancement de la campagne de
démobilisation des enfants dans les groupes armés.
18 Décret-loi n° 066 de Juin 2000
En Avril 2004, le gouvernement congolais a adopté le
Programme National pour le Désarmement, la Démobilisation et la
Réinsertion. (PN-DDR).
Dans ce cadre, la CONADER (Commission Nationale de
Désarmement et Réinsertion) a été
créée comme institution nationale chargée de la
coordination et planification du PN-DDR. Elle a été
adoptée d'un directorat spécial pour la DDR des enfants.
Des dizaines de milliers d'enfants ayant été
recrutés comme pouvant servir des soldats dans les différentes
guerres qui ont secoué le pays, beaucoup d'entre eux ont
été démobilisés à travers la CONADER
à partir de 2005, d'autres enfants s'étant
autodémobilisés ont obtenu de la 10ème
Région militaire des attestations individuelles de
démobilisation.
Au Sud Kivu, en général, et à Bukavu et
ses environs en particulier où près de 3000 à 5000 enfants
auraient été enrôlés dans les forces combattantes,
un grand nombre d'acteurs différents sont impliqués dans le
processus de retour à la vie civile des enfants associés aux
forces et groupes armés.
Ces organisations locales ont soit un réseau large,
impliquant les structures profondes de la communauté (comme les Eglises
: la 5ème Communauté des Eglises Libres de
Pentecôte en Afrique, CELPA en sigle, la 8ème
Communauté des Eglises de Pentecôte en Afrique Centrale, CEPAC,
l'Eglise Catholique par son service de CARITAS), soit des organisations locales
qui constituent un relais des organisations internationales non
gouvernementales mais qui reçoivent l'aide de fonctionnement de
celles-ci.
Ces organisations locales procèdent par
différentes approches pour aider les enfants associés aux forces
et groupes armés à se réinsérer dans les
activités et services civils.
La tâche de ces organisations reste énorme et les
enjeux gigantesques puisque les conséquences psycho-sociales d'une
participation d'enfants, tant active que passive aux hostilités sont
catastrophiques : agressivité accrue, absence d'éducation et
d'apprentissage des mécanismes sociaux, relations sociales
endommagés, problèmes d'identité, handicapes physiques,
maladies sexuelles, détresse spirituelle,
stigmatisation et rejet par la famille ou par la
collectivité, perspective d'avenir ...19 ; la tâche
reste toujours pour ces organisations aussi compte tenu du défi de paix
et du développement durables qui doit être relever.
Les enfants associés aux forces et groupes armés
se trouvent dans une situation de plus en plus délicate. Ayant subi
beaucoup d'atrocités, leur récupération sociale et
communautaire est un processus qui demande du temps.
La situation des filles est de plus en plus complexe en ce
sens que d'abord elles sont cachées par leurs commandants, sont
considérés comme des « soldats - invisibles » : en
plus, elles sont considérées comme leurs maîtresses pour
assouvir leurs instincts sexuels quel que soit l'âge. C'est du
concubinage forcé pour la plupart.
Certaines d'entre elles, qui se donnent l'audace de retourner
dans leurs communautés respectives, sont butées au
problème de rejet social par les membres de la communauté qui,
les considèrent comme épouses des militaires sans morale ni
valeur. Elles s'adonnent alors à la prostitution.
Les enfants sortis des forces et groupes armés
n'étant pas bien encadrés, constituent un risque
considérable pour la société et sont sources
d'insécurité se manifestantpar les formes des violences
physiques, l'agressions, les assassinats et vols à mains armées
en ville ; tandis qu'au village, on assiste aux prises d'otage avec
nécessité des rançons, le viol, le braconnage,
l'adhésion aux groupes criminels ...
Au regard de ce qui précède, les questions
suivantes méritent d'être posées :
1. Comment les organisations locales procèdent-elles pour
assurer la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes
armés ?
2. Quelle est la contribution de ces organisations locales
à la construction de la paix à Bukavu ?
19 P. CHAPLEAU, Op. Cit. p ; 213
0.4 Hypothèses de travail
1. Les organisations locales procèdent par des
approches communautaires et centralisées qui offrent aux enfants sortis
des forces et groupes armés une assistance psychosociale, une formation
en métiers, une assistance médicale, une intégration
scolaire, un appui aux activités génératrices de revenu
(AGR), un appui matériel à leurs familles d'accueil
transitoire.
2. L'aide à la réconciliation des enfants jadis
bourreaux de leur communauté et les membres de celle-ci, la
participation des filles au processus de réinsertion sociale,la mise en
place des projets locaux impliquant la participation conjointe des enfants
ex-soldats et les membres de la communauté réduisant le risque de
méfiance de cette dernière, son appropriation du processus de
réinsertion par la mise en place des comités à son sein
ayant en charge le suivi de réinsertion, constituent la contribution de
ces organisations locales à la construction de la paix à Bukavu
et ses environs.
0.5. Méthodologie
La méthodologie est définie comme étant
une science des méthodes. En tant que telle, elle est une discipline qui
réfléchit sur le processus rationnel de base et ses instruments
rationnels d'une pensée méthodologique.
Elle élabore les concepts de base et les instruments
rationnels qu'une méthode doit employer pour arriver à son but.
Le bon usage de ces instruments doit conduire à organiser, à
expliquer les données dans un tout cohérent20.
Ainsi, pour expliquer notre objet d'étude de
manière cohérente, nous allons utiliser la méthode
structuro fonctionnelle, dont le schéma nous permettra de trouver
20 A. BIROU, Op. cit., pp.
210-211
les fonctions que remplissent les approches dont se servent
les organisations locales s'occupant de la réinsertion des enfants
soldats dans la ville de Bukavu et ses environs. Cela du fait que les actions
de ces organisations locales qui s'investissent dans la réinsertion des
enfants ex combattants ne peuvent pas être écartées du
système général de l'action qui a été
étudié par Talcott PARSANS21 .
Tel que nous l'indique le protocole descriptif de la
méthode structuro fonctionnelle, le système social est une
catégorie analytique posée à priori,et doit être
conceptualisé dans son ensemble avant qu'on ne puisse passer à
l'étude des problèmes particuliers.
En d'autres termes, le système social doit être
conçu comme un ensemble de personnes en interactions motivées par
une tendance à l'optimisation des gratifications et dont la relation aux
situations dans lesquelles elles se trouvent est définie et
médiatisée par un système des symboles communs et
structurés culturellement22.
Sous cet angle , nous considérons la ville de Bukavu et
ses environs comme un système, un ensemble de personnes, où les
organisations locales ayant en charge la réinsertion des enfants
associés aux forces et groupes armés, procèdent par
différentes approches, pour permettre aux enfants ex-soldats, ayant
commis et connus des atrocités et ayant subi une certaine dose des
traumatismes d'interagir avec les membres de la communauté en
conformité aux normes et valeurs communes reconnues aux membres de cette
communauté, en assurant une coordination dans l'organisation et le
fonctionnement avec les autres membres de cette communauté . En
participant à l'atteinte des objectifs et buts qui sont traduits par les
quatre impératifs fonctionnels à savoir la stabilité
normative, l'intégration , l'adaptation et la poursuite des
objectifs.
En appliquant le schéma de quatre impératifs
fonctionnels indispensables (AGIL) au maintien de tout système, nous
trouvons que les organisations locales par le biais de leurs approches,
assurent aux enfants sortis des forces et groupes armés, des formations
en métiers qui leur permettent de se réinsérer
économiquement dans les
21 T. PARSANS cité par Guy ROCHER,
Introduction à la sociologie générale :
organisation sociale, Paris, HMH, 1960, p. 203
22 F. ESSISO AISA AMANI « Des méthodes
qualitatives d'usage en sciences sociales problème de choix et limite
d'application » in Revue d'IRSA, n°6, 1999, p.
109
structures de la société. Grâce à
ces métiers, ils gagnent des ressources dans le même environnement
que les autres membres de la société (adaptation).
Dans ce même processus, ces organisations inculquent aux
enfants des connaissances qui sont les moyens pour réaliser leurs fins.
Ces connaissances (connaissances scolaires, apprentissage des métiers,
activités génératrices de revenu) sont les mêmes
dont disposent les membres de la communauté (Goal attainment).
En outre à travers les actions de réinsertion
sociale et économique dont ils bénéficient de la part des
organisations, ces entrent en coordination et en contact direct ave les membres
de la communauté, contact et coordination qui renforcent leur
réintégration dans la société
(intégration).
Enfin, les soins psycho-sociaux des traumatismes que les
enfants reçoivent des organisations leur permettent de reconnaître
leur culpabilité et le réconcilient avec les membres de la
communauté pour le maintien de la cohérence du système des
valeurs et la résolution des tensions qui existeraient dans la
communauté (latent patter maintenance).
Pour une meilleure compréhension des interventions des
organisations de la réinsertion des enfants sortis des forces et groupes
armés, l'approche praxéo configurationnelle a
été mobilisée pour cette fin.
Cette méthode a été complétée
par des techniques telles que :
- La technique documentaire : nous allons
recueillir et lire les documents écrits se rapportant à notre
objet d'étude.
- L'échantillonnage à boule de
neige qui nous a aidé à découvrir, grâce
aux informations qui nous seront fournis par nos enquêtés,
là où pourraient se trouver d'autres sources d'informations.
Notre échantillon sera constitué des enfants
soldats vivant dans le centre de transit ou dans leurs familles respectives,
les responsables des organisations locales et des membres de la
communauté.
se trouveraient les enfants soldats (famille, communauté,
école, centre de transit).
- La technique statistique nous a aidé
à interpréter les données statistiques que nous aurons
recueillies.
- La technique d'entretien libre : nous a permis
de nous entretenir avec nos enquêtés ; et cela moyennant une
grille d'entretien préétablie.
- Le technique de focus group nous a permis
de nous entretenir avec les enfants sortis des forces combattantes prestant des
métiers dans divers ateliers dans la ville de Bukavu et sa
périphérie.
0.6. Délimitation du sujet
· Au plan temporaire, cette étude couvrira la
période de 2003 à 2009. L'année 2003 correspond à
la période pendant laquelle, un nombre important d'enfants
s'étaient auto démobilisés et surtout à la mise en
place de la CONADER, structure nationale qui avait eu dans ses attributions la
démobilisation et la réinsertion des ex-combattants (adultes et
enfants) ; tandis que l'année 2009, constitue celle de la
systématisation de nos investigations.
· Au plan spatial, nos enquêtes vont couvrir la ville
de Bukavu et ses environs précisément le groupement de
Nyangezi.
· Au plan typologique ; nous analyserons les approches
adoptées par les organisations locales, la 5ème CELPA
(Communauté des Eglises de Pentecôte en Afrique), le bureau pour
le volontariat au service de l'enfance BVES en sigle, laisser l'Afrique vivre
(LAV) et le Réseau communautaire de protection de l'enfance de
Nyangezi(RECOPE).
0.7. Difficultés
rencontrées
Au cours des nos recherches nous avons été
buté à plusieurs problèmes liés à la
collecte des données aussi bien au près des organisations ayant
constitué la cible de notre investigation que des enfants sortis des
forces et des groupes armés.
En effet, certains responsables des organisations ne nous ont
pas rendu la tâche facile car ils nous ont fixés des programmes
d'interview auxquels ils n'ont pas répondu. Ce qui nous obligeait
à passer des journées entières à leur lieu de
service sans être récu. Certains avancaient des motifs selon les
quels nos recherches ne constituaient pas leur priorité malgré la
présentation des nos documents officiels de recherche. Face à
cette difficulté, nous passions aussi parfois par des voies informelles
pour nous permettre d'accéder aux informations des certaines
organisations.
Aussi, certaines organisations nous avaient donné une
cartographie erronée d'enfants ex combattants
réinsérés dans leur communauté. Ils avaient
gonflé leurs listes de noms des enfants qui n'avaient jamais
été enrôlés. Au constat de la situation après
entretien avec les cas, nous les éliminions facilement de la liste de
nos enquêtés.
Enfin, l'autre difficulté était liée au
fait que certains enfants réinsérés par ces organisations
n'ont pas été retrouvés facilement, dans la mesure
où ils n'ont pas évolué dans les métiers dans
lesquels ils ont été formés, ils ont migré
ailleurs, comme solution à ce problème, nous avons
intensifié les visites de terrains et des efforts ont été
fournis pour retrouver certains enfants à leurs domiciles.
0.8 Subdivision du travail
Hormis l'introduction et la conclusion, le présent
travail est articulé sur tois chapitres à savoir:
- Le premier chapitre porte sur le cadre sur le cadre
théorique et conceptuel avec deux trois sections, la première se
rapportant au cadre conceptuel ,la deuxième au cadre théorique et
enfin la troisième porte sur la présentation du milieu
d'étude. Notre milieu d'étude est constitué de quatre
organisations. Ce chapitre est constitué par quatre sections ;la
première section porte sur le Bureau pour le
volontariat au service de l'enfance BVES en sigle, la
deuxième section porte sur la 5e communauté des
églises libres de pentecôte en Afrique CELPA en sigle, la
troisième section porte sur l'organisation laisser l'Afrique vivre LAV
en sigle et enfin la dernière se penche sur le réseau
communautaire de protection de l'enfance RECOPE en sigle.
- Le deuxième chapitre étudie les interventions
des organisations en faveur des enfants sortis des forces et des groupes
armés.
- Le dernier chapitre porte sur la contribution des
organisations locales de la réinsertion sociale des enfants ex-soldats
à la construction de la paix.
CHAPITRE PREMIER : CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
Ce chapitre va comprendre trois sections à son sein.
La première section va porter sur la définition
ainsi que la clarification des concepts clés et opérationnels qui
seront utilisés dans le présent travail.
La deuxième section quant à elle portera sur la
précision théorique dans la quelle va s'inscrire la
présente étude.
La dernière section porte sur la présentation du
milieu d'étude.
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