Contre histoire de la philosophie / le laboratoire de la philosophie vivante chez Michel Onfray( Télécharger le fichier original )par Rania Kassir Universite Libanaise - DEA 2008 |
Chapitre II : Le nihilisme européen :A. Le moment charnière : Onfray remarque tout d'abord que ces derniers temps, certaines voix se sont élevées pour déclarer « la mort de Dieu » en Europe. On avance que Dieu tire à sa fin : il est mourant ou mort. Onfray trouve que ce forfait a été d'autant plus tonnant qu'il était erroné. A ses yeux, on eut tôt fait de jouer du tambour car cette hypothèse n'a pas pu être étayée par des preuves tangibles.497(*) Ceci étant posé, il décrète, que notre époque (bien sûr en Europe) est nihiliste et non athée. Le nihilisme européen, disait Onfray « suppose la fin d'un univers et la difficulté à l'avènement d'un autre »498(*). Qu'est ce qu'à dire ? Pour ne prendre ici que quelques exemples (car on y va parler en détail dans les secteurs de la société), Michel Onfray nous fait remarquer que des hommes croyants, agnostiques, vaguement athées, se moquent des règles de conduites papales, rient de la virginité de Marie, de la présence du Christ dans l'hostie, de l'existence d'un Enfer ou d'un Paradis, ne vont pas à la messe les dimanches (la fin de cet univers), mais en revanche, ils se marient et enterrent à l'église, baptisent leur progéniture, fondent une famille hétérosexuelle et croient à l'existence de « quelque chose »499(*) après la mort500(*) (la difficulté à l'avènement d'une ère franchement athée.). On soulignera que l'épistémè chrétienne ignorée et le nihilisme coïncident parfaitement. Une période nihiliste c'est une période dans laquelle les gens ne savent rien. Ils sont égarés et agissent par réflexe et non par réflexion. Or agir par réflexe, c'est prouver que l'épistémè, par essence invisible, est tellement opérante. Cette épistémè s'impose à tous les hommes qui vivent dans cette époque et rassemble ceux qui développent même des visions du monde différentes : Le simple croyant, le déiste, le théiste, l'agnostique, l'athée. Tous développent une pensée coupée du passé et pas tout à fait en relation avec le futur. Plus précisement, toutes ces catégories d'hommes oscillent entre les deux visions du monde : judéo-chrétienne et post-chrétienne. Mais la question qui peut-être soulevée ici : pouvons-nous dire qu'un athée est un nihiliste ? Nous n'avons pas dit que notre période est ou nihiliste ou athée et qu'un moindre soupçon de nihilisme disqualifie la personne concernée ? A ces questions, Onfray nous fait remarquer que l'athéisme peut à son tour prendre part à cette consolidation de l'épistémè dominante. Cette forme d'athéisme est appelée par lui « l'athéisme chrétien » puisque ce guerrier a emprunté à son antithèse et son adversaire (le christianisme) la plupart de ses matériaux. Certes, l' « athéisme chrétien » a pensé isolement la morale et la transcendance. A ses yeux, la théologie a passé le relais à la philosophie pour que les hommes s'accordent entre eux sur leur propre morale. Cette dernière se suffit alors à elle-même, elle ne descend pas du ciel mais elle est utilitariste et pragmatique.501(*) Toutefois, remarque Michel Onfray c'est « l'écriture immanente du monde [qui] distingue l'athée chrétien du chrétien croyant. Mais pas les valeurs qui restent en commun. »502(*) Pour ce qui est d'André Comte-Sponville - l'un des athées chrétiens selon Onfray - a lui-même écrit un ouvrage dans lequel il explique ce qu'il entend par « athée fidèle » (l'équivalent de l' « athée chrétien » chez Onfray). Il dit : « Athée, puisque je ne crois en aucun Dieu, mais fidèle parce que je me reconnais d'une certaine tradition, une certaine histoire, et dans ces valeurs judéo-chrétiennes (ou gréco-judéo-chrétiennes) qui sont les nôtres. »503(*) Sans entrer dans le détail de ces discussions, Michel Onfray cite certains penseurs qu'il qualifient d' « athées chrétiens »504(*) et précise que Luc Ferry505(*) reprend dans son oeuvre l'amour du prochain catholique et qu'André Comte- Sponville défend de même cette parabole de l'autre joue et en plus la récusation des richesses. 506(*) En somme, la nouveauté de ce courant de pensée réside dans cette lecture immanente et laïque du message hérité de la Bible. Onfray ne se limitera pas à mentionner que l' « athéisme chrétien » reprend à son compte les valeurs chrétiennes, mais il jettera de même le doute sur l'inexistence de Dieu chez lui. Certes, ce dernier a nié Dieu mais cette fiction qu'est Dieu n'a pas été réduite à son essence, ce qui constitue aux yeux d'Onfray la véritable mort de Dieu. B. Vers un athéisme européen : Pour combler les manques de cet athéisme507(*), Michel Onfray met au point une autre forme d'athéisme ; l' « athéisme athée ». Il voulait montrer à travers ce pléonasme qu' « athée » ne peut être une épithète pour tout athéisme. Seul l'athéisme athée, militant et solide peut mettre fin au nihilisme de notre époque. Seul cet athéisme peut accélérer le mouvement en permettant le véritable passage de l'ère religieuse à l'ère philosophique. Cet athéisme dit aussi post moderne comporte deux phénomènes conjoints : une généalogie de Dieu associée à une déchristianisation radicale des secteurs de la société.508(*) Onfray remonte en premier lieu à l'essence de Dieu. Il y repère la crainte, l'angoisse, la peur de la mort et du néant. « Ces machines à fabriquer la divinité » pour reprendre l'expression d'Onfray, ont été crées par certains psychotiques et névrotiques qui leur répugnent d'avoir mourir un jour. Pour écarter alors les effets maléfiques de la mort, ces névrotiques se voient repousser la mort elle-même. Au lieu de conclure, au dire d'Onfray, ce problème de manière satisfaisante, on finit tout bonnement par le supprimer.509(*) Ce Dieu fabriqué par les névrotiques, les détenteurs du pouvoir, va imposer sa présence chez le commun des hommes chaque fois qu'ils assistent à la mort d'un être cher.510(*) Dieu, l'autre vie, l'espoir dans la mort sont embauchés pour calmer la douleur de la perte. On souligne donc les deux étapes de la généalogie de Dieu : la fabrication de cette fiction par les détenteurs du pouvoir et son utilisation inconsciente par les croyants. A ce titre, Onfray écrit : « Pas de haine pour l'agenouillé, mais une certitude à ne jamais pactiser avec ceux qui les invitent à cette position humiliante et les y entretiennent. Qui pourrait mépriser les victimes ? Et comment ne pas combattre leurs bourreaux ? »511(*) Si cette généalogie est restée une affaire personnelle, aucune pensée athée ne sera fondée mais comme la pulsion de mort des détenteurs de pouvoir (génératrice des arrière-mondes) va infecter l'univers tout entier, l'athéisme en tant que pensée philosophique doit et veut dire son mot.512(*) L'athéogie, cette contre-allée de la théologie, va se munir ici d'un domaine précis : « la psychologie et la psychanalyse »513(*). Elle montre que les poseurs de Dieu sont le plus souvent des malades qui font des mauvais psychanalytiques pour soigner en se soignant. Le faux soin étant l'admission de son immortalité. Onfray écrit à propos de ces faux psychanalystes : « comme bien souvent le psychanalyste soigne autrui pour mieux éviter d'avoir à s'interroger trop longtemps sur ses propres fragilité. »514(*) Après avoir montré la généalogie de Dieu515(*), il nous faut passer à la deuxième étape dans cet « athéisme athée » : c'est la déchristianisation de tous les domaines de la société. Ceci dit, l'athéisme pour ce philosophe engagé (voir première partie : maître engagé), n'est pas une fin en soi mais il exige une lutte sur le terrain. Cette déchristianisation ne se limite pas comme la généalogie de Dieu à quelques lignes repérées dans quelques ouvrages mais elle exige un long travail d'analyse c'est-à-dire un examen détaillé de l'ensemble des secteurs sociaux : Onfray a proposé une éthique dans La sculpture de soi (1993), une érotique dans Théorie du corps amoureux (2000), une politique dans la Politique du rebelle (1997), une esthétique dans L'archéologie du présent (2004)516(*), une épistémologie dans Féeries anatomiques (2003), une pédagogie dans Antimanuel de philosophie (2001), La communauté philosophique (2004) et Suite à la Communauté philosophique (2006), une contre-histoire de la philosophie dans les quatre tomes de la contre-histoire. (t.1 et t.2, 2006. t.3 et t.4, 2007). Et il nous confie qu'afin d'accomplir ce chantier de déchristianisation, il travaillera encore la question de la psychologie, de la psychanalyse et du droit.517(*) Toutefois, deux ensembles deux questions se posent à nous. Premièrement, pourquoi le mot « athéisme » se cantonne-t-il chez Onfray à l'antichristianisme ? N'a-t-il pas écrit dans Les ultras des Lumières que Dieu est une chose, la religion une autre, sa formulation chrétienne une troisième518(*)? Pour quelle raison, Onfray n'emploie-t-il pas le mot « désacralisation » à la place de « déchristianisation » ? Deuxièmement, quelle liaison existe-t-il entre la désacralisation des diverses disciplines de la société et la déclaration de la France comme un pays athée ? L'athéisme passe-t-il par la société ou par la loi ? Et quel rapport y a-t-il entre la déclaration de la France comme pays athée et la résolution de la guerre religieuse qui divise le monde ? Pour répondre au premier ensemble des questions, il nous faut reprendre un passage écrit par Michel Onfray dans le Traité d'athéologie : « la chair occidentale est chrétienne. Y compris celle des athées, des musulmans, des déistes, des agnostiques éduqués, élevés ou dressés dans la zone géographique et idéologique judéo-chrétienne. »519(*). A la lecture de ce passage, on remarque que l'athéisme en Europe requiert qu'on connaisse, épluche et dépasse l'épistémè dominante ; l'épistémè judéo-chrétienne. Dès lors, dans l'Europe chrétienne, réduire au silence Dieu équivaut à réduire au silence la religion chrétienne. Le projet de la déchristianisation en Europe, pour répondre au deuxième ensemble des questions, ne peut s'épanouir ipso facto dans la constitution de l'Etat bien que Michel Onfray ait exigé, comme on a vu plus haut, d'instituer l'athéisme comme position officielle de la République. Cette institution exige au préalable un travail éminent sur le plan social. C'est justement ce que Michel Onfray a essayé de dire dans un entretien : « Q. : Pourquoi ne pas inscrire l'athéisme dans la Constitution ? M.O :L'inscrire dans la Constitution ajouterait de l'encre au papier mais ne changerait pas grand-chose au réel. Je souhaiterais que sur des combats concrets comme les sexualités alternatives, la bioéthique libertaire, les contrats amoureux, la pédagogie radicale, le discours pénale, etc. il y ait de véritables propositions qui illustrent une laïcité réellement post-chrétienne (...) » 520(*) A la lecture d'Onfray, on s'aperçoit donc que l'athéisme en France et en Europe doit passer par la société pour accéder à l'Etat et pour y parvenir enfin aux Etats du monde. Avec cet athéisme « L'Autre ne s'y penserait pas comme un ennemi à réduire et soumettre ». Avec lui, apparaît plutôt la nécessité de réaliser le bonheur du plus grand nombre, le bonheur pensé sous le regard des êtres humains et non sur celui de Dieu ou des Dieux. Et Onfray d'ajouter à la fin « Rêvons un peu »521(*) Revenons pour l'instant à l'Europe pour passer en revue l'épistémè judéo-chrétienne. Mais avant d'y procéder, nous nous demandons selon quels critères Onfray doit-il dépasser cette épistémè. Quelles sont les méthodes employées pour s'écarter du christianisme dans notre vie quotidienne ? A cette question, Michel Onfray répond : « La guillotine ne gagne pas aux voies de fait : les guillotines de la Terreur, les massacres de prêtres réfractaires, les incendies d'Eglise, les pillages de monastères, les viols de religieuses, les vandalismes avec les objets de culte ne sont nulle part défendables et pour quelque raison que ce soit. Une Inquisition à l'envers n'est pas plus légitime ou défendable que celle de l'Eglise catholique en son temps. La solution passe par d'autres voies : celle du démontage théorique et de la reconquête gramscienne par les idées. »522(*) Dans les pages qui suivent, nous proposons alors une vision du monde alternative au nihilisme européen et nous montrons que cette pensée avec ces différentes branches relève de l'autobiographie, de la confession de Michel Onfray, de ce que Michel Onfray appelle « la physique de la métaphysique ».523(*) * 497 Cf. Traité d'athéologie, op.cit., p.39 ; p.40 * 498 La puissance d'exister, op.cit., p.87 * 499 La revendication de « quelque chose » fait preuve que les Européens ne sont pas parvenus à une phase franchement athée sinon ils croient à la décomposition de la matière, et ne sont pas tout à fait croyants sinon ils croient à l'Enfer et au Paradis. Néanmoins, remarque Onfray, ce « quelque chose » les amènera de nouveau à la morale chrétienne, car à défaut de saisir ce « quelque chose » qui reste infranchissable, chacun obéit à la religion dominante de son pays. La phrase de Montaigne reprise par Onfray retrouve ici toute sa valeur : « on est chrétien comme Picard ou Breton. » Cf Traité d'athéologie, p.79 * 500 Cf. La puissance d'exister p.89 ; p.90 ; p.91 et. Traité d'athéologie p.77 ; p.78 ; p.79. * 501 Cf. Traité d'athéologie, op.cit, p.91 ; p.92 * 502 Ibid., p.87 * 503 André COMTE-SPONVILLE, A-t-on encore besoin d'une religion ? , Les Editions de l'Atelier, 2003, p.58 in Ibid., p.292. Il n'est pas douteux qu'en adoptant cette position, Sponville s'est démarqué de Nietzsche et d'Onfray qui veulent renverser la religion chrétienne. D'ailleurs, Sponville a lui-même parlé de cette différence dans l'entretien déjà cité : evene.fr/.../interview-andre-comte-sponville-esprit-atheisme-613.php * 504 Luc Ferry, André Comte-Sponville, Michel Serres, Jacques Derrida, Marcel Gauchet, Regis Debray, Giovanni Vatimo, Michel Henry. Cf. La Sagesse tragique, op.cit., p25 ; p.26 * 505 Luc Ferry ( né le premier janvier 1951) est un philosophe français. Il fut un ministre de l'Education nationale en France entre 2002 et 2004. Il est l'auteur d'une oeuvre assez riche : La pensée 68 (1985), Le nouvel ordre écologique (1992), L'Homme-Dieu ou le sens de la vie (1996), Le Religieux après la religion, avec Marcel Gauchet. ( 2004), etc. Dans ce dernier ouvrage, il a débattu avec Marcel Gauchet la question du rapport entre la philosophie et la religion. Deux paragraphes tirés de cet ouvrage viennent renforcer l'avis de Michel Onfray selon lequel on assiste avec Ferry à la prédominance du christianisme à la philosophie. Nous lisons alors : « Il y a une autre raison pour laquelle je n'ai pas envie d'abandonner le vocabulaire religieux, historique et presque mythlogique, c'est que les textes religieux sont souvent plus riches et plus intéressants par leur contenu que les textes philosophiques. » et plus loin : « Les grands textes, la Bible, les Évangiles. Franchement, l'Évangile de Jean c'est plus beau que la Déclaration des droits de l'homme. » ( Luc FERRY et Marcel GAUCHET, Le Religieux après la religion, Paris, Grasset & Fasquelle, 2004, p.75 ; p.76). * 506 Pour ce qui est de l'amour du prochain ou de la parabole de l'autre joue, nous la développons dans l'« éthique élective ». Et la récusation des richesses chez le peuple, nous la traitons dans « la politique libertaire ». * 507 Et bien sûr pour lutter contre le nihilisme européen dans sa totalité car l'athée chrétien n'est qu'une figure de ce nihilisme * 508 Cf. Traité d'athéologie, op.cit, p.91 * 509 Ibid., p. 28 ; p.41 ; p.42 ; p.102 * 510 Ibid., p.43 * 511 Ibid., p.27. * 512 Ibid., p.29 * 513 Pour voir tous les domaines de l'athéologie Cf. Traité d'athéologie, op.cit., p34 ; p.35 * 514 Ibid., p.29 * 515 La quête de l'origine de Dieu ou du monde idéal a été menée également par Nietzsche. Dans son ouvrage La philosophie de Nietzsche, Eugène Fink expliquait la généalogie de Dieu chez Nietzsche en disant que l'idée de Dieu jaillit de l'homme lui-même. Ce dernier s'est emparé alors des biens de la terre pour remplir l'au-delà. Seul le surhomme qui pose la mort de Dieu vient s'éveiller à lui-même et reconnaître que Dieu n'était jusqu'ici qu'un reflet utopique de l'ici-bas. (Eugène Fink, La philosophie de Nietzsche,op.cit., pp.85-86) Ce Dieu inventé va causer la scission de l'homme, l'élaboration d'un fossé entre soi et soi car ce Dieu va s'élever contre la vie, la force et la puissance, en un mot, contre tout ce qui constitue l'homme. Pour expliquer ce mécanisme ou ce qu'on appelle encore l'aliénation, Nietzsche publie la Généalogie de la morale dans laquelle il remonte aux origines pulsionnelles du monde idéal. Dans le premier traité («Bon et méchant», « Bon et mauvais») du livre cité, Nietzsche nous fait connaître que le «ressentiment «du faible ou de l'esclave a été fécond et créateur. Ce faible, ce déshérité de la vie, à qui toute véritable action était impossible, se livre à une autre action, à une « réaction» ou une « contre- création».Toute sa logique consiste à dire non au maître, au fort, au type affirmateur, à un « non pas soi-même». Dès lors, on assiste au renversement des valeurs nobles et au «soulèvement d'esclaves en morale»: le fort sera le méchant et le faible devient le bon. On invente alors un autre monde qui s'installe contre le mouvement ascendant de la vie. A cette première généalogie de Dieu ou du monde idéal (la haine ou le ressentiment) s'ajoute une autre. Dans L'Antéchrist § 39, Nietzsche a déclaré que « réduire le chrétien, la vie chrétienne à une simple phénoménalité de conscience, c'est nier le fait chrétien.» Cette phénoménalité de la conscience consiste à voir dans la «foi» un voile, un manteau qui cache un malentendu psychologique, un jeu des instincts. Dans cette perspective, Nietzsche vient établir dans le deuxième traité («faute», «mauvaise conscience») de sa Généalogie que la «volonté de puissance» déclinante génère la mauvaise conscience qui crée à son tour le monde des idéaux ascétiques. En fait, les instincts qui ne se dirigent pas vers l'extérieur se retournent vers l'homme lui-même (dans ce second cas l'homme n'a pas à faire avec les autres hommes mais avec lui-même, avec son moi animal.) L'homme se torture, se maltraite se culpabilise...c'est la naissance de l'âme, de la mauvaise conscience qui bâtissent tous les idéaux transcendants et négatifs.( Cf. Nietzsche, La Généalogie de la morale, Le livre de poche, 2000) Enfin, on pourra dire que l'outil dont se sert Nietzsche pour expliquer le ressentiment et la mauvaise conscience, c'est la psychologie. Ceci dit, Michel Onfray voit dans la Sagesse tragique que le Refoulement et le retour du Refoulé freudiens sont tributaires de l'analyse de Nietzsche.(Cf. La Sagesse tragique, op.cit., p. 78 ; p.79) Si Nietzsche a influencé Freud, il est lui-même influencé par Feuerbach, l'auteur de L'Essence de la religion. Ceci amène Onfray à voir dans l'aphorisme 95 d'Aurore un salut à Feuerbach. : « Autrefois on cherchait à prouver qu'il n'y avait pas de Dieu, -aujourd'hui on montre comment la croyance en un dieu a pu naître. (...) Autrefois, lorsque l'on avait réfuté les preuves de l'existence de Dieu qui étaient avancées, le doute persistait encore (...) (Nietzsche, Aurore, op.cit., §95, p.76) * 516 Cet ouvrage est épuisé. * 517 Voir l'entretien déjà cité : endehors.org/news/pour-une-laicite-post-chretienne * 518 Les ultras des Lumières, op.cit., p.62 Ce problème a été formulé par Irène Fernandez de la façon suivante : « Loin de défendre l'athéisme d'une manière philosophiquement solide, il se livre en effet à une attaque contre la religion en général, ce qui n'est pas du tout la même chose. Il se déchaîne en particulier contre le judaïsme, l'islam et surtout le christianisme (...). » (Irène FERNANDEZ, Dieu avec esprit, op.cit, p.9 ; p.10) * 519 Traité d'athéologie, op.cit., p.80 * 520 Voir l'interview avec Michel Onfray sur le site suivant : www.humanite.fr/2006-04-01_cultures_onfray-bonheur-et-violence-de-la-presse * 521 Cf. Traité d'athéologie, op.cit, p.98 * 522 La puissance d'exister, op.cit, p. 91 ; p.92 * 523 Cette expression a été utilisée par Onfray dans La puissance d'exister, p.72. Elle est l'équivalent de la « Grande raison » chez Nietzsche. Onfray , comme on a déjà expliqué, voit que tout individu doit partir de soi, de sa propre vie pour survivre mais il ajoute dans La sculpture de soi qu' « il n'est pas hors du propos qu'une belle individualité serve de modèle et inspire. » (La sculpture de soi, op.cit., p.45) |
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