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Contre histoire de la philosophie / le laboratoire de la philosophie vivante chez Michel Onfray

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par Rania Kassir
Universite Libanaise - DEA 2008
  

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Chapitre II : Une autre Antiquité : les sagesses antiques

Le débat philosophique antique oppose clairement deux courants de pensée : Les idéalistes, ayant Platon comme chef de file, envisagent la philosophie comme une réflexion sur un monde et un homme (soi, autrui) idéaux. Cette conception conduit à penser le platonisme comme un antimatérialisme, un antihédonisme et un antisensualisme. Et les sagesses antiques qui, de leur côté, s'orientent de plus en plus vers une philosophie existentielle qui est une réflexion sur un monde matériel et un homme réconcilié avec son corps (plaisirs et sens du corps).

Pour saisir la distance que Michel Onfray institue entre ces deux courants de pensée, nous voudrions d'abord dégager le sens de la philosophie chez Platon pour retracer, à partir, les axes essentiels de la philosophie chez les sagesses antiques ; l'atome, le plaisir et les sens.

A. Le platonisme :

Le Phédon présente, selon Onfray, l'essentiel de la conception de la philosophie chez Platon 221(*). Selon Platon, le philosophe authentique est celui qui, de son vivant, s'adonne avec entrain à la mort. Et la vraie philosophie est celle qui s'assigne comme tâche de chérir la mort.222(*) Mais qu'est ce que alors la mort ?

Platon, dans le Phédon, donne la réponse suivante : La mort est la séparation de l'âme et du corps.223(*) Cette réponse est de taille puisqu'elle traduit la volonté du philosophe de se dégager de cette entrave physique, de ce tombeau de l'âme qu'est le corps.

En matière morale, le philosophe dénonce inlassablement les plaisirs du corps comme ceux du manger, du boire, de l'amour, des soins du corps...Le philosophe ne peut alors se conduire en cette vie comme la plupart des hommes, appelés « vulgaires »224(*) par Platon.

Son chemin est la tempérance ou la sagesse225(*); le chemin de l'âme. Et leur chemin est celui des passions, des désirs et des plaisirs du corps.226(*) Le philosophe s'affiche profondément antihédoniste.

De même, en matière de science, tout comme en morale, le philosophe chez Platon doit se séparer des sens du corps qui sont illusoires, trompeurs et incertains. Son attention se focalise sur le ciel pur des idées : le Vrai en soi, le Juste en soi, le Beau en soi etc., en somme, toutes les essences des choses saisies par la faculté de pensée ; l'âme. Le philosophe platonicien est donc antisensualiste.227(*) A cet égard, on a du mal à croire que ce philosophe ait rompu avec le corps ; plaisirs et sens sans être lui-même dans un état proche de la mort.228(*) Socrate229(*) dit, dans cet ouvrage, la soif qu'il avait de vouloir mourir en buvant la ciguë, car la mort va réaliser tout ce qui a tâché d'obtenir tout au long de sa vie, à savoir la délivrance d'un mauvais compagnon : le corps. Socrate déclarait qu'« il serait ridicule qu'un homme qui, de son vivant, s'entraîne à vivre dans un état aussi voisin que possible de la mort se révolte quand la mort se présente à lui. »230(*)

Le Socrate platonisé, à l'encontre des non-plilosophes et des « vulgaires » n'a pas peur de la mort car celle-ci est une libération et délivrance pour lui. Cette conception de la philosophie débouche finalement sur l'immortalité de l'âme (antimatérialisme).

Mieux encore, celle-ci est la condition de possibilité de l'ensemble pour la bonne raison que l'immortalité de l'âme est à même de générer l'espoir et le bonheur pour le philosophe qui dédaigne le corps et d'engendrer la crainte des dieux et de la mort pour ceux qui usent de leurs corps.231(*) Il nous faut souligner à ce sujet que pour Platon, après la mort, l'âme se sépare du corps et se migre vers le royaume d'Hadès. A son avis, son existence dans l'Hadès prouve son immortalité. En revanche, le sort de toutes les âmes n'est pas le même. Les âmes impures qui sont souillées par le corps vont se réincarner de nouveau dans des corps animaux ou humains selon leur degré de liaison avec le corps.232(*) Tandis que les âmes pures, les âmes des philosophes vont passer le reste de leur vie avec ce qui est semblable à eux ; les dieux.

En somme, au coeur du projet de Platon se trouve donc une figure du philosophe abhorrant le corps ; plaisirs et sens et désirant la mort.

Tous ceux qui pensent autrement n'ont pas, selon l'idéaliste, l'étoffe du philosophe.

Michel Onfray vient opposer à cette thèse un refus formel. A ce titre, il va mobiliser les penseurs de cette période de l'histoire qui se situent à contre-courant du platonisme.

* 221 Cf. Platon, Apologie de Socrate-criton-Phédon, Paris, G-F Flammarion, 1965, trad., notices et notes. Emile Chambry, I-LXVII, pp.103-180 (partie Phédon seulement)

* 222 Ibid., IX, p.112 ; XI, p.115 ; XII, p.116 ; p.117

* 223 Ibid., IX, p.112

* 224 Platon utilise cette expression dans IX

* 225 La tempérance chez Platon, c'est l'abstinence de tout plaisir alors que chez les sagesses antiques c'est la recherché du plaisir modéré.

* 226 Ibid., pp.117-119

* 227 Ibid., pp.113-115 ; XXVII, p.133

* 228 Ibid., p.113

* 229 Le Socrate platonisé

* 230 Ibid., XII, p.116

* 231 Ibid., XIII, p.118-; p.119

* 232 Ibid., XXIX ; XXX ; XXXI, pp.104-137

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