Contre histoire de la philosophie / le laboratoire de la philosophie vivante chez Michel Onfray( Télécharger le fichier original )par Rania Kassir Universite Libanaise - DEA 2008 |
Chapitre I : Les deux mouvements du philosopheA. Une procédure pour sculpter sa vie: La sculpture de soi, ou ce qu'on appelle encore l'avènement des formes, la transfiguration de la vie, la philosophie, la pensée est le produit final des philosophes alternatifs. C'est pourquoi la première question soulevée est la suivante : La vie est-elle l'étape obligée pour passer à la philosophie ? Pour répondre à cette question nous serons amenés tout d'abord à nous concentrer sur le thème de : « L'antériorité de la vie à la philosophie » ou ce qu'on a appelé auparavant « questionner la vie ». L'expression peut prêter à confusion. D'aucuns pensent que la vie existe avant la philosophie, dans le temps. Le jugement « la philosophie et la vie : deux jumeaux » est alors infirmé. En revanche, il nous faut plutôt concevoir l'antériorité comme l'action qu'exerce la vie sur la philosophie. C'est l'influence donc et non la chronologie qui est requise ici. A ce titre, la vie se présente aux philosophes alternatifs sous forme de « matériau » et d' « outil » Le « matériau » condense la vie quotidienne du philosophe avec ses différentes relations (soi, autrui, monde) et leurs différentes natures (joyeuses, douloureuses, informatives, choquantes....). Michel Onfray a d'ailleurs baptisé ce terme du nom de «Corps ». Le Corps n'est pas uniquement le corps charnel mais il recouvre toute l'histoire personnelle du philosophe : sa physiologie, son caractère, ses joies, ses malheurs, ses amitiés, et surtout son époque. L'homme est là dans toute sa vérité et sa sincérité. En revanche, emporté par le flot de ces expériences, le philosophe est travaillé par le « chaos ».191(*) Rien dans sa vie ne fait preuve d'harmonie, d'ordre et de sculpture. A ce propos, le Corps sollicite une forme bien déterminante qui, à son tour, est tributaire d'un outil bien précis ; « la dépense ». La « dépense » ou la « prodigalité » est le fait de consommer une énergie restée jusqu'ici sans emploi. Elle est un exutoire au débordement de force et par delà même, un signe de vitalité et de santé.192(*) Michel Onfray avoue, à plusieurs reprises, sa fascination pour les figures de la dépense, l'éthique dispendieuse, la décharge, le gaspillage contre le bourgeois, l'économie, l'avarice, la charge et l'épargne. Toutefois, il remarque que la dépense se résout le plus souvent dans la destruction, le ravage, les inféodations, le sang, les larmes... Elle se marie alors à Thanatos (la mort). Dans ce cas, la dépense est synonyme de « violence » plutôt que de « force ». Elle est un retour à l'informe, au désordre plutôt qu'une soif de beauté et de structure.193(*) Seule la philosophie est à même de contenir cette part maudite qu'est la dépense. Alors que la vie peut influer la philosophie, on voit réciproquement que la philosophie peut sculpter la vie. Nous touchons ici la deuxième question : « De la transfiguration de la vie par la philosophie » ou ce qu'on a appelé avant « transfigurer la vie ». Jusqu'ici, on assiste à un Corps qui désire une forme et à une force qui vise un exutoire. Ceci dit, la philosophie se charge d'appliquer l'outil au matériau, la force au Corps. Deux choses se trouvent ainsi restaurées : Le chaos s'est alors cristallisé ou mise en forme et la force est de même absorbée (dans des formes) sans être inhibée194(*). Ceci veut dire qu'une volonté dispendieuse est impensable en dehors de la construction, la positivité ou la vie. Dans cette logique, Michel Onfray annonce : « J'ai quant à moi, plus souci d'Eros que de Thanatos et m'inquiète d'un gaspillage qui n'a pas l'hédonisme pour fin. »195(*) Afin de ne pas périr, le philosophe regroupe ses forces pour braver son destin, son histoire personnelle. Il semble qu'il faille congédier particulièrement l'aspect brut de son histoire pour y substituer ordre et vie. En ce sens, seule la maladie (au sens large du terme) génère la santé. Le philosophe alternatif veut donc soumettre le réel à sa volonté. Il aime infléchir la courbe des moments pénibles de sa vie. Il part en combat contre tout ce qui le diminue et l'affaiblit car il aime et chérit l'affirmation. Le philosophe alternatif est maître donc de la dialectique car il veut passer d'une vie travaillée par la mort à une vie qui respire la santé196(*). Il y a alors chez les philosophes canonisés par Onfray,197(*) un double mouvement qui va de la vie vers la philosophie et de la philosophie vers la vie.198(*) Dans ce qui suit, nous amasserons des exemples repérés par Onfray pour mettre en exergue ce double mouvement résumé par lui dans l'expression suivante : « l'existentiel fournit la théorie qui permet un retour à l'existentiel. »199(*) Nous avons choisi trois philosophes appartenant chacun à une époque différente et partant d'une expérience qui leur est propre : Epicure (Antiquité), Montaigne (Renaissance) et Meslier (siècle des Lumières). B. Des exemples de la sculpture de soi : Bien avant Nietzsche qui diffuse l'idée selon laquelle le corps est une Grande raison200(*), Epicure en plein 4ème siècle av.J.-C.pose que le corps pense et que la philosophie est d'abord une physiologie. Que sait-on du corps d'Epicure ? Sa constitution chétive, malade et maigre. Sa flemme congénitale lorsqu'il éprouve la douleur ou la souffrance. A ce que dit ses amis, il était incapable, par exemple, de quitter sa litière, après des périodes de troubles, pendant des années. Il était de même atteint d'une hydropisie qui le contraignait à fuir tout excès. A ce propos, Michel Onfray se demande : « Faut-il s'étonner qu'un pareil homme construise un système plaçant au dessus de tout l'art de ne pas souffrir ? D'échapper aux afflictions ? De connaître le plaisir de l'absence de troubles ? »201(*) .Michel Onfray remarque donc que la philosophie d'Epicure ne se pense jamais, comme Platon, en termes de Bien et de Mal mais plutôt de bon et de mauvais. Le bon c'est la lutte contre la douleur, l'absence de troubles, la santé du corps, la constitution d'une harmonie. Le mauvais, au contraire, c'est le déplaisir, la mauvaise santé et la souffrance. L'épicurisme défend alors un « utilitarisme hédoniste » qui se préoccupe exclusivement du plaisir de ne pas souffrir. Ce plaisir comporte deux choses : Tout d'abord, ne pas souffrir du manque de plaisir ou plutôt de son absence. Epicure, le philosophe au corps chétif, refuse le culte de la douleur tel qu'il est appréhendé par Platon et les stoïciens. Il veut survivre et il lui répugne de faire litière du plaisir. Deuxièmement, ne pas souffrir de l'excès de plaisir : contre la falsification de l'oeuvre d'Epicure par les idéalistes, (voir plus loin Le pourceau d'Epicure) Epicure est incapable du fait de sa constitution physique, de chercher l'abandon grossier aux désirs. Il est donc conscient que l'excès de plaisir contraste gravement avec le plaisir car il génère le déplaisir. Le plaisir de ne pas souffrir s'épanouit dans cette arithmétique des plaisirs - chercher le plaisir mais éviter le déplaisir. Pas n'importe comment mais aussi pas n'importe quel désir. A cette arithmétique des plaisirs s'ajoute une diététique des désirs. Epicure distingue donc les désirs naturels et nécessaires qui peuvent être satisfaits sans problème et qui aident à la survie de l'homme : la soif, la faim, la protection contre le froid et le chaud. Les désirs naturels mais non nécessaires comme la sexualité. Sur ces derniers désirs, Onfray voit qu'Epicure oscille entre deux positions : l'une dit que le désir sexuel n'est pas nécessaire. Par conséquent, il peut ne pas être satisfait. L'autre dit qu'il est au contraire nécessaire. Dans ce sens, Onfray écrit « ils (les désirs sexuels) ne semblent pas nécessaires - du moins aux yeux d'Epicure qui n'a pas lu Freud et ignore qu'une frustration peut induire plus de dégâts et de souffrance que de plaisirs (...) parfois Epicure lui-même, dans tel ou tel propos, laisse penser qu'il n'est pas loin de considérer la sexualité comme relevant des désirs qu'on peut satisfaire, pourvu que des désagréments ne s'ensuivent pas. Naturels et presque nécessaires, dira-t-on. »202(*). Enfin, les derniers désirs sont les désirs non-naturels et non nécessaires qui leur absence de satisfaction n'engendre aucune souffrance et leur satisfaction entravent la sérénité et l'autonomie radicale : les vins luxueux, les tables opulentes, les vêtements coûteux, la passion amoureuse. Bref, la quête du plaisir de ne pas souffrir (philosophie) chez Epicure plonge ses racines dans un corps cloué par la souffrance (vie). Dans le même ordre d'idée, la philosophie de Montaigne voit le jour lorsqu'il a manqué de mourir lors d'un accident de cheval. Cet événement constitue ce que Michel Onfray appelle « hapax existentiel »203(*) Nous sommes donc en 1568, Montaigne décide de se distraire en sortant en promenade avec son petit cheval. Malheureusement, l'un de ses employés fort, résistant et chevauchant un cheval se jette sur lui et le fait tomber en syncope. Pendant ce temps, on dirait qu'il est mort. On l'emmène chez lui tout en régurgitant de quantités effroyables de sang. Peu à peu, il reprend conscience. Cette prise de conscience est suivie de douleurs intenses et aigues. Pourtant, tout le monde connaît la fin, Montaigne survit et échappe à la mort.204(*) Quel sens cette histoire recèle-t-elle ? Suite à cet événement majeur, Montaigne découvre l'essence de l'homme qui est d'être « un être pour la mort » et d'être conscient de cette vérité. En ce sens, il reprend la phrase de Cicéron selon laquelle « philosopher c'est apprendre à mourir ». Mais celle-ci est prise, avec lui, dans une acceptation hédoniste et non ascétique. Pour lui, être pour la mort crée la forte nécessite d'être pour la vie. Il pose la question suivante : « comment vivre puisqu'il faut mourir ? » ou comment vivre pleinement sa vie en attendant sa dernière heure. Dès lors, « philosopher c'est apprendre à mourir » se lit « Philosopher c'est appendre à vivre ». Réciproquement, il trouve qu' « être pour la vie » c'est « être pour la mort ». En ce sens, seule une bonne vie bien remplie, bien vécue et pas ratée nous permet d'envisager en toute tranquillité la mort, d'affirmer que la mort est une nécessité naturelle et qu'il n'y a rien à craindre. Tandis que le fait de mourir de son vivant ou mal vivre - comme y invitent les philosophes idéalistes - nous pousse à penser la mort comme un mal. Onfray remarque que chez Montaigne bien vivre et mal mourir s'excluent tout autant que mal vivre et bien mourir.205(*) Ces deux constations ont été couronnées par la philosophie hédoniste de Montaigne ou l'élaboration d'un « christianisme vivant ». A ce titre, on peut dire que la conversion hédoniste de Montaigne (philosophie) n'aurait pu s'accomplir sans l'accident de cheval (vie). La philosophie part de la vie et la vie déteint inéluctablement sur la philosophie. Si cet évènement fut le premier à influencer la pensée de Montaigne, il est indéniable de même que sa vie toute entière a eu d'impact sur sa philosophie. Onfray trouve alors que la philosophie peut partir d'un évènement majeur (hapax existentiel) ou de la vie toute entière. A cet effet, Montaigne nous relate que son corps (physiquement), son caractère et son tempérament (psychiquement) lui pèsent beaucoup. Physiquement, il souffre de sa petite taille, son petit sexe, son impuissance très tôt, sa maladie de pierre, ses digestions difficiles, son incapacité à tailler sa plume et à écrire206(*). Et psychiquement, il peine d'avoir la mémoire courte, d'être mélancolique (voyant le pire partout et pensant fréquemment au suicide), de développer des symptômes névrotiques (l'incapacité à tuer un père qui est exactement l'inverse de son fils)207(*). Doutant d'être aimable, Montaigne met au point une philosophie hédoniste apte à construire une figure digne de soi. Par l'écriture, par la pensée, Montaigne arrive à dépasser ce déterminisme « ce monstre par l'être », à échapper à la haine de soi auquelle invite les idéalistes : Il cherche une juste estime de soi, un soi qui n'est pas fâché avec lui-même mais profitant de la vie et de ses plaisirs. Bref, 1568 (l'accident de cheval) est un moment originaire dans la philosophie de Montaigne : c'est la date de naissance de la conversion hédoniste. Et 1572 jusqu'à 1592 - l'âge de sa mort - est une mise en oeuvre de cette conversion hédoniste moyennant une écriture de soi qui a trait à sa vie toute entière. La vie (hapax existentiel et vie entière) influe la philosophie qui à son tour est une condition de survie.208(*) Ce souci d'une construction de soi, nous le retrouvons encore chez Meslier. Michel Onfray a nommé, non sans raison, le Testament de Meslier « les Essais d'un athée 209(*)». Le Testament ou l'oeuvre prend racine dans la culpabilité accumulée de son auteur. Durant toute sa vie, Meslier, le curé athée, a prêché des balivernes auxquelles il ne croit pas.210(*) En effet, deux raisons empêchent l'athée d'y renoncer de son vivant : ne pas nuire à ses parents et ses proches et deuxièmement il voulait « vivre tranquillement » car il savait que l'Eglise catholique a le bûcher facile. Son comportement forcé lui pèse sur la conscience et le Testament prend naissance au coeur de cette atmosphère. L'oeuvre opère donc en Meslier une véritable catharsis. Elle l'aidera à se libérer du poids des obligations de la cure. Michel Onfay trouvait en cette oeuvre une sorte d'un « grand sermon athée » adressé, après sa mort, à ses paroissiens et les gens qui les a trompés. C'est ainsi, chaque soir après les charges de la cure, Meslier avait rendez-vous avec son papier qui n'épargnait personne : Dieu, les rois, les tyrans, les curés, Jésus-Christ, les prophètes, l'Eglise, la théologie chrétienne, la morale catholique, les christicoles, les déicoles211(*). Cette haine avouée de ces détenteurs de pouvoir, est particulièrement visible dans certaines expressions. Meslier y agissait tel un ethnologue qui analyse une tribu à laquelle il n'appartient pas. Il dit par exemple « les Chrétiens disent que », « les catholiques pensent que », « les disciples du Christ affirment que ». Il lui répugne de devoir se mêler à leur monde.212(*) Cette logique purificatoire de l'oeuvre est repérable également dans la forme et le style de Meslier, pas seulement dans ses idées. Le Testament de Meslier appartient au style rococo.213(*) Craignant que la mort mette à mal son projet de purification, Meslier se hâte, se presse, il ne réclame aucun délai.214(*) Le résultat ? Une exubérance de répétitions ; Meslier répète deux fois, dix fois les mêmes propos. Un entassement de démonstrations et de preuves. Une improvisation comme à l'oral : « le texte discourt, Meslier ne s'exprime pas comme dans un livre, mais le livre parle tel le curé Meslier. 215(*)» On peut dire donc que dans ce monument c'est la pagaille et la danse dionysienne qui règne. Toutefois, ajoute Onfray, ce désordre touche uniquement le style, l'exposition des idées. Aucunement le fond ou les idées eux-mêmes. Sinon la philosophie aurait perdu son éminent rôle qui est de produire des formes216(*). Bref, c'est en questionnant sa vie (la relation entre soi et soi, et la relation entre soi, ses paroissiens et les gens.) que Meslier aurait été amené à concevoir une théorie qui le purifie et l'aidera à mieux vivre.217(*) Ce double mouvement repéré par Onfray chez ces trois alternatifs est également visible chez tous les philosophes placés en revers de la carte postale de l'historiographie dominante. Tous ces philosophes en questionnant le réel (les trois dimensions du réel : soi, autrui, monde) aspirent à une affirmation de ce dernier. Il veulent élaborer des pensées (philosophie) qui les aident à jouir (soi), à faire jouir (autrui) et à améliorer le monde . Le résultat : un grand oui à la santé de soi, d'autrui et du monde qui les entoure. Autrement dit, un grand oui à la vie. Dès lors, le but qu'est l'amélioration de la vie passe par deux phénomènes conjoints : la destruction et la construction. Tous les philosophes alternatifs reprennent à leur compte la maxime écrite sur le fronton du temple de Diogène Que nul n'entre ici s'il n'est subversif. Pour autant, les philosophes canonisés par Onfray ne sont pas nihilistes. On détruit, on éclate pour créer. Dans cette logique, Onfray écrit : « inventer et détruire sont le revers et l'avers de la même médaille. »218(*) La construction est la mise en scène de certaines techniques ou nouvelles formes d'existence. Sans se départir du souci de l'amélioration de la vie, voire partant de ce souci, les philosophes alternatifs proposent des techniques qui ébranlent tout ce qu'on a déjà hérité du platonisme et du christianisme : ces deux courants de pensée qui imposent leur suprématie dans tous les domaines. Certes, la pensée de ces philosophes vivants s'est développée selon une dynamique propre. Il nous faut suivre alors sa démarche dans son ordre chronologique. Nous présentons pour l'instant l'esquisse des résultats aboutis : Dans l'Antiquité, nous assistons avec Onfray à l'émergence des Sagesses antiques qui s'opposèrent au platonisme : une vision matérialiste du monde et libératrice de l'homme contre une vision idéaliste du monde et méprisante du corps. Au Moyen-Âge et à la Renaissance, nous voyons un christianisme hédoniste se démarquant d'un christianisme officiel : des amateurs de corps contre des disciples de Saint Paul. Au 17ème siècle, nous relevons un libertinage baroque et un spinozisme qui réclament contre les penseurs du Grand siècle une pensée laïque anti-catholique et anti-monarchiste. Au 18ème siècle, nous assistons à des Lumières radicales ou des ultras des Lumières qui s'emploient à rompre avec les Lumières pâles : des antimonarchistes déclarés, voire des athées contre des compagnons de routes des rois et de Dieu. Dans ce théâtre d'idées, la philosophie bascule vers le pur plaisir d'exister. Néanmoins, une telle conception de la philosophie ne peut satisfaire les historiographes qui luttent avec acharnement pour que la philosophie idéaliste puisse dominer la scène philosophique.219(*) Ce qui a poussé Onfray à dire que l'historiographie appartient à l'art de la guerre ou la polémologie220(*). A cette fin, nous allons pointer successivement les mesures adoptées par les tenants de la philosophie mortifière pour asseoir leur pouvoir. En somme, après avoir parlé dans ce chapitre des deux mouvements du philosophe, nous allons nous concentrer dans les chapitres suivants sur le deuxième mouvement : la sculpture de soi et ses techniques. Pour ce faire, nous divisons cette partie en quatre chapitres traitant chacun d'une époque de l'histoire. Dans ces quatre divisions, nous procédons uniformément : Nous montrons tout d'abord pourquoi les philosophes dominants vénèrent la pulsion de mort. Nous examinons deuxièmement, en quoi les philosophes exhumés sont novateurs. Nous parlons finalement des raisons pour lesquelles les tenants de la philosophie vivante s'estompent de la scène philosophique. Ce travail a exigé d'Onfray quatre volumes : Les Sagesses antiques et Le christianisme hédoniste publiés en 2006. Les libertins baroques et Les ultras des Lumières publiés en 2007. Commençons tout d'abord par l'Antiquité. * 191 Cf. La sculpture de soi, op.cit, p.76. * 192 Ibid., p.107 ; p.112 * 193 Ibid., p.34 ; p.117 * 194 Avec les philosophes idéalistes, la force est inhibée. Au lieu de domestiquer, comme les alternatifs, la part maudite qu'est la dépense, ils préfèrent l'abattre une fois pour toute. Ibid., pp.120-132. * 195 Ibid., p.117 * 196 Les idées d'Onfray évoquent la fameuse formule de Zarathoustra:» Vois, m'a-t-elle dit, je suis ce qui doit toujours se surmonter soi-même.» ( Ainsi parlait Zarathoustra, p.117 in Eugène Fink, La philosophie de Nietzsche, Les Editions de Minuit, 1965, p.100). Eugène Fink, l'auteur de La philosophie de Nietzsche, explique cette phrase de la façon suivante: La transcendance de soi ne signifie aucunement l'ascétisme mais le fait de créer sans relâches de nouvelles formes d'existence et de nouvelles victoires. Le triomphe sur soi- = = même ressemble donc à un énorme tour qui ne cesse d'augmenter et à un nouvel étage s'ajoutant constamment aux anciens.( Cf, La philosophie de Nietzsche, op.cit, pp.93-96) Cette idée du créateur qui se dépasse, de l'homme qui se surmonte a été de même répétée dans Ainsi parlait Zarathoustra » oui il faut qu'il y ait dans votre vie beaucoup de mortes amères, ô créateurs. Ainsi vous serez les défenseurs et les justificateurs de tout ce qui est périssable.»( Ainsi parlait Zarathoustra, p.94 in Ibid., p.95) * 197 Ces philosophes sont appelés par Onfray hédonistes. L'hédonisme étant un système philosophique qui place le Corps au centre de la vision du monde. Il part du Corps pour le sculpter. Il y a un hédonisme politique, éthique, épistémologique etc. l'hédonisme érotique communément connu étant une partie intégrante de ce grand hédonisme. * 198 Cf. La sculpture de soi, op.cit., p.31 ; p. 32, ; p. 33 * 199 La puissance d'exister, op.cit., p.66 * 200 Dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche s'est adressée aux «contempteurs du corps» en montrant que leur esprit ou leur petite raison, leurs pensées et leurs sentiments ne sont que les rejetons du corps nommé « la Grande raison ». ( Cf. Ainsi parlait Zarathoustra, op.cit, pp.45-47) Dans le même registre, il vient montrer dans la préface de son ouvrage le gai savoir que la santé et la philosophie sont étroitement liées. Ce qui fait que chacun a indiscutablement « la philosophie de sa personne». Toutefois, ajoute Nietzsche, cette philosophie qui jaillit du corps a été cachée par le voile de l'idéal, de l'idée pure et de ce qui est lointain. ( Cf. Nietzsche, Le gai savoir, op.cit., pp.7-15) * 201 Les Sagesses antiques, op.cit., p.183 * 202 Ibid., p.207 * 203 Cette expression est inventée par Onfray pour signifier un évènement produit une seule fois dans la vie et qui influe sur le cheminement de la pensée du philosophe. (Cf. L'Art de jouir, op.cit, pp.23-77) * 204 Le christianisme hédoniste - Contre-histoire de la philosophie II - , Paris, Grasset & Fasquelle, p.248 ; p.249 * 205 Ibid., p.260 ; p.261 ; p.262. * 206 Il demande à un tiers de l'écrire. * 207 Ibid., pp.199-204 ; p.247 * 208 Ibid., p.200 ; p.260 * 209 Les ultras des Lumières, op.cit., p.50 * 210 Meslier écrit dans le Testament : « Mes chers amis, puisqu'il ne m'aurait pas été permis et qu'il aurait été d'une trop dangereuse et trop fâcheuse conséquence de dire ouvertement pendant ma vie, ce que je pensais de la conduite et du gouvernement des hommes, de leurs religions et de leurs moeurs, j'ai résolu de vous le dire après ma mort. » Extraits du Testament de Jean Meslier, version électronique : meslier.monsite.wanadoo.fr/index.jhtml (version de Meslier ou la version intouchée), (suite 1) * 211 Partisans du Christ et partisans de Dieu selon Meslier * 212 Ibid., p.47 ; p.48 ; p.50 * 213 Le rococo, comme l'expliquait Onfray, se caractérise par les lignes brisées et ondulantes, la profusion, l'asymétrie et la dissymétrie.(Cf. Les ultras des Lumières, op.cit, p.54) Or le style rococo ne s'applique pas seulement dans la littérature mais il recouvre également la peinture, l'architecture, la musique, l'orfèvrerie, la ferronerie, le mobilier, l'ébénisterie. La principale caractéristique qui unissait tous ces beaux-arts est l'éclatement de toutes formes de structures. De ce fait, le terme rococo qui est apparu en France en 1930 est le résultat d'une combinaison entre deux termes : rocaille en francais qui désigne une ornementation imitant les rochers et les pierres naturelles et les formes incurvées de certains = = coquillages, et baroco (baroque) en italien qui signifie la rupture avec l'ordre, la logique et l'esthétique habituels. (Cf., encyclopédie Wikipédia) * 214 Le christianisme hédoniste, op.cit., p.54 * 215 Ibid., p.59 * 216 Ibid., p.54 ; p.55 * 217 Meslier se purifie en révoltant les pauvres contre les détenteurs du pouvoir. Le jouir débouche donc sur le faire jouir. * 218 Cynismes, op.cit., p.72 * 219 Nietzsche, le « maître de Michel Onfray » a constaté également que chez presque tous les peuples, le nom du philosophe reste associé au type sacerdotal et à l'héritage du prêtre. Cf. l'Antéchrist §12 * 220 Cf. Les Sagesses antiques, op.cit., p.13 |
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