SYNTHESE
Depuis 2007, de nouveaux acteurs de l'information sont apparus
en ligne. Des journalistes tels qu'Edwy Plenel ou Daniel Schneidermann ont
migré des médias traditionnels vers le « web 2.0 . pour
fonder des sites indépendants d'information. Au dela de leur recherche
de modèles économiques viables, se pose la question du rapport
que ces équipes rédactionnelles entretiennent avec les
internautes et de leur manière d'appréhender les nouveaux moyens
d'interaction et de co-production de l'information qu'offre Internet.
Les rapports entre journalistes professionnels et «
pro-amateurs . sont en permanente redéfinition sur Internet et
constituent l'un des enjeux de ces nouveaux sites pure
players. La conception du métier de journaliste est en
débat et ses pratiques évoluent au contact du « participatif
». Ce « buzz word » est une notion clé de la
démarche de ces sites notamment en tant que positionnement
différentiel par rapport aux médias traditionnels.
La question du « participatif . s'articule autour d'un
ensemble de « noeuds . (au sens ou ces problématiques sont
étroitement entremelées) tels que celui du professionnalisme, de
la valeur (qualité et prix) et de l'organisation des contributions des
internautes. Le modèle mixte que propose les sites indépendants
d'information, en tant qu'ils relèvent a la fois d'une structure
professionnelle avec des espaces participatifs, cristallise ce débat.
Issue de la tradition de collaboration de la web culture, la
notion de participation s'inscrit par ailleurs dans une logique d'auto
structuration, d'indépendance et de légitimation
différente de celle d'un média. Valeurs que les journalistes non
« digital natives . semblent avoir du mal a intégrer dans leur
propre schème de organisationnel tout en tentant de l'y
intégrer.
Le « participatif » est un concept qui n'est pas
né avec le « web 2.0 », mais qui résulte d'une
tradition activiste (Félix Guattari, Hakim Bey...). Cependant, Internet
de part sa taille et sa nouveauté technologique lui a
conféré une ampleur trompeusement révolutionnaire. Pariant
sur l'intervention des internautes comme
facteurs de développement de nouveaux services web plus
adaptés, les zélateurs 2.0 lui attribuent l'accession du Net a
une nouvelle phase de son évolution. En terme d'information, c'est la
rhétorique du . tous journalistes ., apparu notamment avec les blogs,
qui prime. Cela influe (par adhésion, ou par résistance, en tout
cas par contamination contextuelle) sur la réflexion quant au role des
internautes dans la chaine de production de l'information et de fait sur le
métier de journaliste. 0r, le fait que la participation tire ses
origines dans les mouvements activistes montre qu'il s'agit de ne pas
négliger l'interrogation plus profonde qu'elle pose quant a la structure
même de l'information et les attentes profondes des internautes au sujet
de la nature de sa production. Au dela du phénomène de mode et de
l'argument marketing, c'est bien une alternative via le . participatif . qui
est recherchée et qui questionne l'organisation traditionnelle des
médias ayant migré sur le web.
Concrètement, les discours des représentants des
sites étudiés révèlent une certaine ambivalence
dans leurs rapports aux internautes, notamment en matière d'attentes et
de postures vis-à-vis de leurs contributions. Ces dernières sont
a la fois percues comme quelque chose de souhaité, voire de
révolutionnaire, car permettant la constitution d'un média plus .
horizontal . et en même temps parfois percues comme une menace ou comme
quelque chose de décevant. Les représentations qu'ont les web
journalistes du . participatif . sont donc dans une certaine mesure paradoxales
et tend a montrer qu'ils ne sont pas encore . au clair . avec ce concept et
donc leur propre démarche.
Ce qui se joue sur les espaces d'interaction entre les
journalistes et les internautes est a cheval entre deux conceptions de
production de l'information, dont ces sites indépendants essaient peu ou
prou de faire la synthèse pour tirer parti d'un nouveau modèle
mélangeant le meilleur des deux. A la fois basés sur la logique
de production spontanée de la communauté (davantage au sens d'un
forum que d'un réseau social) et professionnelle de la rédaction,
ces sites ont toujours une jambe beaucoup plus développée que
l'autre a savoir celle des journalistes.
Même si le but recherché n'est pas la .
parité ., ces sites sont créés, dirigés
et animés par des professionnels de l'information qui souhaitent
offrir un cadre favorable a l'expression des internautes. 0r les
critères qui ont prévalus a la
constitution de cet espace commun ont été
prédéfinis par la seule partie initiatrice du projet, alors
même qu'à l'instar de la pétition de soutien a Arrêt
sur images ayant circulé sur Internet, les abonnés ont
joué un role important dans la constitution de ces sites. Ces
critères relèvent en partie les préconcus
théoriques et les attentes que les journalistes entretiennent au sujet
du participatif.
Si ces espaces évoluent de manière empirique au
contact des internautes, il s'avère cependant que les journalistes ne
sont pas enclins a leur accorder le statut de collaborateurs et ne les
intègrent pas pleinement au processus de production du l'information,
voire du site. TantMt voulant ne pas céder aux sirènes du tout
participatif, tantot décus qu'il n'y en ait pas davantage, les web
journalistes n'ont pas encore pris le parti ni de rendre autonome ce pan de
leur activité ni de l'intégrer complètement a cette
dernière.
0r si cela n'est pas fait, il est a craindre que ces espaces
d'échange perdent de leur sens et que l'on attribue cela a un
échec du . participatif ., davantage qu'à ce modèle mixte.
Il s'agit analyser les attentes des internautes en la matière, les
attentes projetées des journalistes et de fait les raisons de son
évolution actuelle.
APPROCHE DES REPRESENTATIONS DU
« PARTICIPATIF » DES REPRESENTANTS DES
SITES
INDEPENDANTS D'INFORMATION :
@RRETSURIMAGES ET MEDIAPART
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