COMMUNAUTE ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE DE
L'AFRIQUE CENTRALE
ee,,,,e
INSTITUT SOUS-RÉGIONAL DE STATISTIQUE ET
D'ÉCONOMIE APPLIQUÉE
9sse,oi
ORGANISATION INTERNATIONALE
B.P : 294 -Yaoundé (République du
Cameroun) Tél. : +237 22 22 01 34 Fax : +237 22 22 95 21 E-mail :
isseacemac@yahoo.fr
Année Académique 2007/2008
UNE APPROCHE DE MESURE DU
BIEN-ÊTRE
DES ENFANTS ET DE LA PAUVRETÉ DES
MÉNAGES AU CONGO
Memoire de fin de formation en vue de l'obtention du
Diplame d'Ingenieur d'Application de la Statistique
Redige et soutenu par : NGANGA KOUBEMBA Anaclet
Géraud
Technicien Supérieur en Statistique et Planification
Devant le jury compose de :
Dr KAMGA TCHWAKET Ignace,
Président NGBANZA Jeannot, ISE,
Examinateur MOUNKALA Évrard Ulrich H., Directeur de
Mémoire
Juin 2008
DÉDICACE
À la mémoire de mon père Alphonse NGANGA
;
à ma mère Alice OUMBA, à ma fille
Rébecca Vertu C. GANGAT-GFASTU et à ma fiancée Faïda
Chrislène KAYI-MABOUNGA.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail n'aurait pas
été possible sans l'intervention de tous ceux qui de près
ou de loin ont voulu rehausser sa qualité. Je leur exprime ici ma
profonde gratitude. Il s'agit particulièrement de :
· M. Léoncio F. ESONO NZE OYANA, Directeur
Général de l'ISSEA et tout le personnel de l'ISSEA, pour leur
évidente contribution à ma formation ;
· M. Samuel AMBAPOUR, Directeur Général du
CNSEE, pour le thème ici abordé qu'il a bien voulu me proposer et
pour la documentation qu'il m'a offerte ;
· M. Évrard Ulrich H. MOUNKALA,
Economiste-Statisticien, Agent d'encadrement supérieur à la BEAC,
directeur de ce mémoire, pour ses précieux conseils et directives
sans lesquels ce travail n'aurait pas été réalisé
jusqu'au bout ;
· M. Symplice NGAH NGAH, professeur permanent à
l'ISSEA, Codirecteur de ce mémoire, pour l'orientation du sujet soumis
à ma réflexion et l'inestimable encadrement qu'il m'a offert
à cet égard ;
· MM. Dieudonné KINKIELELE, Directeur des
études des 1er et 2ème cycles et Robert
NGONTHE, Directeur des études du 3éme cycle de l'ISSEA
; pour le suivi accordé aux étudiants de l'ISSEA, suivi dont j'ai
également joui de façon toute particulière ;
· MM. Michel Noé Gui-Diby, Dieudonné
KINKIELELE et tous les cadres de la BEAC et de l'Ambassade du Congo au Cameroun
; pour l'appui financier qu'ils ne cessent d'offrir à la Mutuelle des
Étudiants Congolais au Cameroun (MECC) ;
· Tous mes frères et soeurs consanguins
(notamment ma grande soeur Gertrude Fernande NGANGA), mes nièces et ma
belle famille (famille KAYI) ; qui sans relâche, m'ont apporté
leurs indéfectibles appuis moral et matériel ;
· Mes amis et camarades : Emmanuel LAO, Gaston DIKWE,
Harris Benito KOUBEMBA, Laurent OBIANG MBELE et Rouane FATA ; pour la touche
corrective apportée à ce travail ;
· Mes promotionnaires, pour les moments d'échange
de connaissances à l'ISSEA ;
· La MECC qui m'a tant fait confiance à sa
tête et m'a encouragé moralement à achever ce travail.
Que ceux qui ont contribué sous une forme ou une autre
à la réalisation de ce travail, et qui n'ont pas
été énumérés ici, y trouvent
également l'expression de ma reconnaissance.
ACRONYMES ET SIGNES CONVENTIONNELS
ACH/CAH Classification Ascendante
Hiérarchique
ACM Analyse des Correspondances Multiples
AFC Analyse Factorielle des Correspondances
BAMSI Bureau d'Application des Méthodes
Statistiques et Informatiques
BEAC Banque des États de l'Afrique
Centrale
BM Banque Mondiale
C3ED Centre d'Écologie et
d'Éthique pour l'Environnement et le Développement
CED Centre d'Économie du
Développement
CEMAC Communauté Économique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
,
CERAPE Centre d'Études et de Recherche
sur les Analyses et Politiques Economiques
CNLS Conseil National de Lutte Contre le Sida
,
CNSEE Centre National de Statistique et des
Études Economiques
COPAF Consistance Ordinale sur le Premier Axe
Factoriel
COS2 Cosinus carré
CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté
CTR Contribution
DSCN Direction de la Statistique et de la
Comptabilité Nationale
DSRP Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté
DUDH Déclaration Universelle des Droits
Humains
ECOM I Enquête Congolaise auprès
des Ménages, 1ère édition
ECOSIT 2 Enquête sur la Consommation et le
Secteur Informel, 2ème édition
EDSC-I Enquête Démographique et de
Santé du Congo, 1ère édition
F CFA Franc de la Coopération
Financière en Afrique Centrale
FGT Foster, Greer et Thorbecke
IAS Ingénieur d'Application de la
Statistique
IBW Institution de Bretton Woods
ICP Indicateur Composite de Pauvreté
IDH Indice de Développement Humain
INS Institut National de Statistique
INSEED Institut National de Statistique, des
Études Économiques et Démographiques
IPH Indicateur de Pauvreté Humaine
IPPTE Initiative Pays Pauvres Très
Endettés
IRM Indicateur de Richesse du Ménage
ISSEA Institut Sous-régional de
Statistique et d'Économie Appliquée
MECC Mutuelle des Étudiants Congolais au
Cameroun
MICS 2 Enquête à Indicateurs
Multiples, 2ème édition
OMD Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONU Organisation des Nations Unies
OOO ORANA-ORSTOM-OMS
ORC Macro Opinion Research Corporation
ORSTOM Office de Recherche Scientifique pour les
Territoires d'Outre-Mer
PEP Politiques Économiques et
Pauvreté (Poverty and Econmic Policy)
PEV/C Programme Élargi de Vaccination au
Congo
PIB Produit Intérieur Brut
PNDS Programme National de Développement
Sanitaire
PNP Politique Nationale de Population
PNUD Programme des Nations Unies pour le
Développement
PVD Pays en Voie de Développement
RGPH Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
SNDE Société Nationale de
Distribution d'Eau
SPAD Système Pour l'Analyse des
Données
SPSS Statistical Package for the Social
Sciences
T.C.É.P.A. Toutes choses égales
par ailleurs
UNFPA Fonds des Nations Unies pour la
Population
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
V.Test Valeur Test
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE i
REMERCIEMENTS ii
ACRONYMES ET SIGNES CONVENTIONNELS iii
TABLE DES MATIÈRES iv
LISTE DES TABLEAUX vi
TABLE DES ILLUSTRATIONS vii
AVANT-PROPOS viii
RÉSUMÉ ix
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
1ère partie CADRE CONCEPTUEL ET FONDEMENTS
THÉORIQUES 9
Chapitre 1 LES ASPECTS CONCEPTUELS DE LA PAUVRETÉ 10
1.1 LES GRANDS COURANTS DE PENSÉE SUR LA PAUVRETÉ
10
1.1.1 L'école welfarist 11
1.1.2 L'école des besoins de base 12
1.1.3 L'école des capacités 13
1.2 LE BIEN-ÊTRE DES ENFANTS DANS L'APPREHENSION DE LA
PAUVRETÉ 14
1.2.1 Mesure indirecte du bien-être des enfants 14
1.2.2 Mesure directe du bien-être des enfants 15
1.2.3 Analyse critique de la littérature et choix de
l'option d'étude 16
1.3 DÉFINITION ET MESURE DE LA PAUVRETÉ 19
1.3.1 Les dimensions de la pauvreté 19
1.3.1.1 La notion de bien-être 19
1.3.1.2 Pauvreté monétaire 20
1.3.1.3 Pauvreté non monétaire 20
1.3.2 Concepts de ligne et de profil de pauvreté 22
1.3.2.1 La notion de seuil de pauvreté 22
1.3.2.2 Pauvreté absolue et pauvreté relative 24
1.3.2.3 Le concept de profils de pauvreté 25
1.3.3 Quelques autres identités de la pauvreté
26
1.3.3.1 Pauvreté objective et pauvreté subjective
26
1.3.3.2 Pauvreté structurelle et pauvreté
transitoire 27
1.3.3.3 Pauvreté, inégalité et
vulnérabilité 27
Chapitre 2 INDICES DE PAUVRETÉ ET REVUE DES TRAVAUX
EMPIRIQUES 30
2.1 L'AGRÉGATION DE LA PAUVRETÉ 30
2.1.1 Les Indices G-H-I 32
2.1.1.1 Indice G : inégalité 32
2.1.1.2 Indice H : incidence de la pauvreté 32
2.1.1.3 Indice I : intensité de la pauvreté 33
2.1.2 Les agrégations axiomatiques SShT (Sen, Shorrocks et
Thon) 34
2.1.2.1 Sen et la mesure axiomatique de la pauvreté 35
2.1.2.2 Indice Sh de Shorrocks 35
2.1.2.3 Indice T de Thon 35
2.1.3 Les indices K et CHU (Kakwani et Clark-Hemming-Ulph) 36
2.1.3.1 Indice de Kakwani 36
2.1.3.2 Indice de Clark-Hemming-Ulph 36
2.1.4 Les indices classiques de FGT (Foster, Greer et Thorbecke)
37
2.1.5 Les indices de développement humain : IDH, IDSH, IPH
et ISPH 38
2.2 ÉTUDES EMPIRIQUES DANS LA LITTÉRATURE 42
2.2.1 Les travaux sur la pauvreté dans les régions
autre que le Congo 42
2.2.2 Les travaux récents sur la pauvreté au Congo
45
2ème partie CADRE EMPIRIQUE DE L'ÉTUDE 47
Chapitre 3 APPROCHES MÉTHODOLOGIQUES ET RÉSULTATS
DESCRIPTIFS SOMMAIRES 48
3.1 PRÉSENTATION DE L'EDSC-I ET DES PROCÉDÉS
STATISTIQUES 48
3.1.1 Présentation de la source des données :
l'EDSC-I 2005 48
3.1.1.1 Justification, contexte institutionnel et objectifs de
l'EDSC-I 48
3.1.1.2 Questionnaires et plan d'échantillonnage 49
3.1.1.3 Cadres physique, politique et socio-économique
50
3.1.2 Méthodologie et procédés statistiques
utilisés 50
3.1.2.1 De l'élaboration de l'indicateur composite de
pauvreté 51
3.1.2.2 De la mesure de la pauvreté
infanto-juvénile 53
3.1.2.3 De l'élaboration d'un profil de pauvreté
infanto-juvénile 55
3.1.2.4 De la relation pauvreté enfants/pauvreté
ménages 55
3.2 RÉSULTATS SOMMAIRES DE L'ÉTUDE 55
3.2.1 Pauvreté et conditions de vie des ménages
56
3.2.1.1 Simulation de l'indice de richesse des ménages
56
3.2.1.2 Habitat et zone de résidence des ménages
61
3.2.2 Bien-être infanto-juvénile 67
3.2.2.1 Vaccination 67
3.2.2.2 Allaitement, iodation du sel et vitamine A 68
3.2.2.3 Alimentation 69
Chapitre 4 PROFIL ET DÉTERMINANTS DE LA PAUVRETÉ
INFANTO-JUVENILE 71
4.1 PROFIL DE PAUVRETÉ DE LA PETITE ENFANCE 71
4.1.1 Indicateur composite de pauvreté (ICP) 71
4.1.2 Indice composite de pauvreté : construction et
décomposition 77
4.1.2.1 Le seuil absolu de pauvreté 78
4.1.2.2 Incidence, profondeur et sévérité de
pauvreté 79
4.2 LE RISQUE DE PAUVRETÉ DANS LA PETITE ENFANCE 82
4.2.1 Modélisation du risque de pauvreté
infanto-juvénile 82
4.2.1.1 Présentation théorique du modèle
probit 82
4.2.1.2 Modélisation et spécification des variables
83
4.2.2 Les options économétriques, résultats
et interprétation 85
4.2.2.1 Options économétriques 85
4.2.2.2 Résultats et interprétation 86
4.3 LIMITES DE L'ÉTUDE ET PERSPECTIVES 92
4.3.1 Limites de l'étude 92
4.3.2 Perspectives 94
CONCLUSION GÉNÉRALE 95
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES 98
ANNEXES I
Annexe A : Objectifs du Millénaire pour le
Développement et leurs cibles I
Annexe B : Limites des IPH - Principes, structure et limites des
DSRP III
Annexe C : Objectifs spécifiques et plan
d'échantillonnage de l'EDSC-I 2005 IV
Annexe D : Aperçu sur l'analyse factorielle : AFC, ACM et
ACH VI
Annexe E : Résultats additionnels de l'ICP et
partitionnement en 2 classes VIII
Annexe F : Détails sur la modélisation probit X
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2 : Expressions formelles des indicateurs de
développement humain présentés 41
Tableau 3.1 : Répartition des enfants congolais de moins
de 5 ans par sexe, en 2005 50
Tableau 3.2 : Indicateurs d'analyse et de mesure de la
pauvreté des enfants de moins de 5 ans 53
Tableau 3.3 : Distribution (en %) des ménages selon la
principale source d'eau potable et la zone de résidence 61
Tableau 3.4 : Distribution (en %) des ménages par type de
sanitaires, selon la zone de résidence 62
Tableau 3.5 : Fréquences relatives en %, par autres
caractéristiques de l'habitat et la zone de résidence des
ménages 64
Tableau 3.6 Pourcentage de la population des ménages selon
de l'indice de richesse des ménages (IRM) et le domaine de
résidence 65
Tableau 3.7 : Proportion en %, des ménages ayant certains
biens durables, par zone de résidence 65
Tableau 4.1 : Tri-à-plat des 47 modalités pour 17
variables actives 72
Tableau 4.2 : Scores, contributions, cosinus carrés et
valeurs-test des modalités significatives sur l'axe 1 76
Tableau 4.3 : Discrimination enfants riches-enfants pauvres
(après consolidation des classes) 78
Tableau 4.4 : Indices de pauvreté (en %) selon le sexe et
selon l'âge en années révolues de l'enfant 79
Tableau 4.5 : Indices de pauvreté (en %) selon
l'Indicateur de Richesse du Ménage (IRM) et selon le niveau
d'instruction de la mère 80
Tableau 4.6 : Indices de pauvreté (en %) par certaines
caractéristiques environnementales 81
Tableau 4.7 : Coefficients de régression et effets
marginaux des estimations Probit 86
Tableau 4.8 : Perspectives du bien-être en bas-âge :
points d'ancrage et suggestions 94
Tableau 4.E.2 : Description de la coupure de l'arbre en 2 classes
et caractéristiques par les modalités IX
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Figure 1 : Schéma synthétique. Dimensions,
écoles de pensée et type de mesure de la pauvreté 21
Figure 2 : Quelques indices de développement humain :
sens, origine, dimensions impliquées et motif d'agrégation 40
Figure 3.1 : Dendrogramme [ou arbre] de classification des
ménages selon les biens durables possédés et certaines
caractéristiques de logements 57
Figure 3.2 : Hypercube de contingence de la catégorisation
des ménages semblables selon la zone de résidence et certaines
caractéristiques de la qualité d'habitation. 59
Figure 3.3 : Ménages qui mettent plus de quinze minutes
pour s'approvisionner en eau, en fonction de la zone de résidence
62
Figure 3.4 : Indice de peuplement du logement des ménages
selon la zone de résidence 63
Figure 3.5 : Ménages par nombre de pièces
utilisées pour dormir, en fonction de la zone de résidence
63
Figure 3.6 : Fréquences (en %) des ménages selon la
nature de combustible de cuisine utilisé et par zone de
résidence 66
Figure 3.7 : Distribution en % des enfants de moins de 5 ans
ayant été vaccinés 67
Figure 3.8 : Distribution en % des enfants de moins de 5 ans
ayant reçu tous les vaccins du PEV/C selon le niveau d'instruction de
la mère. 68
Figure 3.9 : Répartition des enfants de moins de 5 ans
ayant été allaité au sein, en fonction du sexe
de l'enfant, du niveau d'instruction de la mère et du type
d'assistance à la naissance de l'enfant 68
Figure 3.10 : Distribution en %, des enfants de moins de 5 ans
par région, selon la nature du sel utilisé dans le
ménage 69
Figure 3.11 : Évolution selon l'âge de l'enfant de
l'indice anthropométrique taille pour âge 70
Figure 4.1 : Hypercube de contingence. Indicateur composite de
pauvreté multivariée de la petite enfance 73
Figure 4.2 : Procédure d'élaboration et d'archivage
de partition de l'ICP sous SPAD 77
Figure 4.E.1 : Représentation simultanée des
individus et des variables sur le plan (1,2) VIII
AVANT-PROPOS
Ce travail de recherche s'inscrit dans la perspective
académique de fin de formation des Ingénieurs d'Application de la
Statistique (IAS) à l'Institut Sous-régional de Statistique et
d'Économie Appliquée (ISSEA). Il répond au contexte
académique de l'ISSEA qui inclut dans le programme d'études,
notamment dans la division des IAS, la rédaction d'un mémoire
devant faire l'objet d'une soutenance publique devant un jury
dédié. Ce mémoire réservé aux
élèves ingénieurs de 4ème année
est une initiation à la recherche et offre une opportunité
d'application de quelques connaissances acquises le long de la formation. Il
doit, selon les exigences de l'Institut, porter sur un travail de recherche sur
un sujet scientifique à caractère statistique ou
économique. Le thème soumis à notre réflexion
s'intitule : « Une approche de mesure du bien-être des enfants
et de la pauvreté des ménages au Congo ».
Ce thème a retenu notre attention, compte tenu du fait
que la communauté internationale est plus que jamais engagée dans
la lutte contre la pauvreté. La réduction de ce
phénomène s'inscrit désormais parmi les objectifs
prioritaires des États, dans les axes d'un processus de
développement durable et solidaire. Notre ambition consiste à
partir des recherches sur les études faites dans le cadre des autres
économies et celle de l'économie congolaise notamment, pour
illustrer la perception, les manifestations socio-économiques, la mesure
du niveau de pauvreté et les stratégies de lutte contre ce
phénomène. À cet effet, nous analyserons les
données de la première Enquête Démographique et de
Santé du Congo (EDSC-I 2005) tenue en 2005, pour construire une facette
du bien-être des enfants et des ménages congolais. L'accent sera
mis sur les enfants : l'on déterminera une ligne de bien-être non
monétaire, au-dessous de laquelle ils seront considérés
«pauvres» puis l'on mesurera l'ampleur de leur pauvreté.
L'idée est d'essayer de capter les facteurs non monétaires,
susceptibles de modifier le bien-être des « touts petits »
Congolais.
Comme toute oeuvre intellectuelle, ce travail pourrait
être entaché des imperfections, surtout que l'on a
rapproché des sources diverses. L'on voudrait dire que ce travail est
certainement imparfait ; " la perfection étant atteinte, non pas
lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien
à retirer " disait A. de SAINT EXUPERY. De ce fait, il est
sollicité la bienveillance des personnes qui, par
nécessité ou par curiosité, seraient amenées
à lire ce mémoire.
RÉSUMÉ
L'étude explore l'analyse de la pauvreté non
monétaire infanto-juvénile au Congo. La finalité est de
capter les facteurs qui sont susceptibles d'altérer le niveau de vie des
enfants avant leur 5ème anniversaire. À cette fin, il
est utilisé principalement d'une part une Analyse des Correspondances
Multiples (ACM) pour construire un indicateur composite de pauvreté
(ICP) et, d'autre part, une modélisation « Probit » pour
élaborer un profil de vulnérabilité
infanto-juvénile. L'analyse est basée sur 4326 enfants issus de
l'EDSC-I tenue en 2005.
En premier lieu, l'ICP montre que les enfants congolais de
moins de 5 ans sont enclins à trois types de pauvreté : (i) une
pauvreté héritée des parents, (ii) une pauvreté
occasionnée par les paramètres communautaires et (iii) une
pauvreté induite par l'âge et le sexe de l'enfant. Notons aussi
qu'un seuil absolu de pauvreté infanto-juvénile est
calculé, lequel vaut 0,347. Ce dernier sépare les enfants «
non pauvres » d'un côté et les enfants « pauvres »
de l'autre. De même un indice composite de pauvreté est
calculé, notamment l'incidence qui est estimée à 42,2
%.
En deuxième lieu, l'estimation
économétrique du profil de vulnérabilité
infantojuvénile révèle que, T.C.É.P.A : (i) il y a
plus de « chance » de vulnérabilité des garçons
que des filles; (ii) l'âge influence à la baisse la
probabilité pour un enfant d'être pauvre et la sensibilité
de cette probabilité est réduite de 7 % en passant de 0 an
à 1 ou 2 ans révolus. Côté niveau de vie du
ménage, les estimations rapportent que, T.C.É.P.A : (i) en termes
de commodités, les « chances » d'être pauvre dans la
petite enfance diminuent avec le niveau de vie du ménage ; (ii) les
caractéristiques de modernisation sont en mesure de rehausser le niveau
de bien-être infanto-juvénile [notamment la consommation de l'eau
potable est susceptible de rehausser le niveau de bien-être
infanto-juvénile d'environ 10 %] ; (iii) le risque de pauvreté
infanto-juvénile fléchit avec le niveau d'instruction de la
mère. Enfin, l'environnement rapporte que : T.C.É.P.A, (i)
l'administration aux enfants de la vitamine A et la jouissance à tout
l'éventail des vaccins contre les maladies cibles du PEV/C rehaussent
chacune le niveau du bien-être des enfants d'environ 10 %, ceci
respectivement, par rapport aux enfants à qui il n'est pas
administré de vitamine A et n'ayant pas été couvert par la
vaccination ; (ii) l'accouchement assisté par un personnel de
santé est censé accroître le bienêtre infantile ;
(iii) appartenir le pôle « Brazzaville-Pointe Noire » rehausse
le niveau du bienêtre des enfants, par rapport à leurs homologues
qui appartiennent au pôle « Nord Congo-Sud Congo ». En somme,
réduire la pauvreté infanto-juvénile au Congo passerait
prioritairement par de bonnes opportunités socio-économiques
offertes aux femmes.
Une approche de mesure de la pauvreté des
ménages et du bien-être des enfants au Congo
INTRODUCTION GÉNÉRALE
CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE
La lutte contre la pauvreté est un thème
d'intérêt croissant pour bon nombre de gouvernements du monde. De
même, il est communément accepté que la pauvreté
reste actuellement, l'un des grands fléaux auxquels les
sociétés de notre ère font face. Combattre la
pauvreté se situe aujourd'hui au coeur des politiques de
développement des pays d'Afrique subsaharienne et le Congo n'est pas en
marge de cette préoccupation. Ce combat est justifié dans la
mesure où les conséquences de la pauvreté vont
au-delà de ses plus grandes manifestations que sont essentiellement la
souffrance humaine et la malnutrition. Parmi ses autres manifestations l'on
peut citer : les conflits militaires, le terrorisme, la prostitution, la
corruption, l'alcoolisme, la délinquance, la faible
longévité, l'exclusion sociale (chômage de longue
durée, non participation aux grandes décisions), le manque
d'instruction (analphabétisme et/ou illettrisme), les difficultés
d'accès à des conditions de vie décentes, la
morbidité et même la mortalité. Notons toutefois que ces
conséquences diffèrent selon les régions. Alors que
l'exclusion sociale prévaut dans les Pays avancés, la
malnutrition, l'inaccessibilité aux soins de base et la mortalité
prévalent dans les Pays en Voie de Développement (PVD).
Dès lors, il urge pour les gouvernements de diagnostiquer la
pauvreté afin de choisir une stratégie optimale de lutte contre
ce fléau. C'est d'ailleurs à ce titre qu'il n'est pas
étonnant de constater que « réduire l'extrême
pauvreté et la faim » apparaît en «tête» des
Objectifs du Millénaire pour le Développement1.
Dans la quête de l'atteinte des OMD cependant, il est
complexe de mesurer avec précision la pauvreté d'une
région et d'en déduire une politique qui la réduirait le
mieux. Ce choix se révèle loin d'être décidé
parce que la pauvreté revêt un caractère multiforme. C'est
d'ailleurs ce pourquoi la définition de la pauvreté a
difficilement fait un consensus à l'échelle internationale. En
effet, tout dépend de l'objectif visé par l'analyste2.
Néanmoins, il convient de reconnaître que les définitions
de la pauvreté se construisent toutes en fonction d'un
`'comparateur universel» classiquement reconnu sous le vocable
`'bien-être», qui traduit le niveau d'utilité ou de
satisfaction que retire un sujet (ce terme désignera dans toute la suite
un individu, un ménage, un foyer ou une famille). Ce niveau
d'utilité est lui-même fonction des biens et services que consomme
le sujet. De ce fait, la lutte contre la pauvreté s'identifie à
la recherche du bien-être au niveau macroéconomique à
travers les politiques de développement.
1 Cf. annexe A : Tableau A.1, l'exhaustivité et
les détails des OMD avec leurs cibles respectives.
2 Le but pourrait être politique, social,
administratif, scientifique, développement, etc.
Une approche de mesure de la pauvreté des
ménages et du bien-être des enfants au Congo 1
Elle passe par des stratégies visant à
répondre à deux questions cruciales à savoir : «qui
est pauvre?» et «combien de pauvres y a-t-il ?» ; lesquelles
renvoient respectivement à l'identification de la pauvreté et
à son agrégation.
Selon le PNUD : « la pauvreté est un
état de dénuement ou de privation tant de besoins fondamentaux de
l'existence nécessaires pour vivre une vie décente, saine, longue
et constructive, que des opportunités et perspectives liées
à la participation des sujets à la vie active, socio politique et
culturelle de la société »3. Sur l'optique
relative aux dimensions de la pauvreté, l'on parle souvent de la
pauvreté monétaire et de la pauvreté non
monétaire. L'approche monétaire (unidimensionnelle) de
mesure de la pauvreté est la plus utilisée dans la
littérature (peut être faute de mieux!). Elle suppose
agréger la pauvreté par un seul type de données à
savoir le revenu ou la dépense de consommation d'un sujet, qui serait
censé indiquer à lui seul le niveau de bien-être du sujet
[Angeles et Luis (1999), Miceli (1997)]. Elle assimile le pauvre à une
personne dont le niveau de revenu ou de consommation est inférieur
à un niveau prédéfini appelé `'seuil de
pauvreté'. Pour le sujet ménage, l'on prend comme dimension de
mesure le revenu ou la consommation tandis que pour le sujet enfant, l'on
utilise séparément les statistiques sur la malnutrition,
l'éducation, etc. L'approche non monétaire (multidimensionnelle)
quant à elle suppose agréger la pauvreté en construisant
via une technique factorielle, un indicateur composite de bien-être avec
un ensemble de données (commodités) qui seraient censées
indiquer toutes à la fois le niveau de bien-être du sujet
considéré (Foko B. et al, 2005). Pour ce courant, le pauvre est
une personne privée d'un minimum de conforts de base ou besoins de base,
préalables à l'atteinte d'une certaine qualité de vie
à savoir : nourriture, eau, logement, services sanitaires,
éducation de base, etc. Toujours pour ce courant, l'on parle aussi de
l'approche de la pauvreté par les capacités, qui voit la
pauvreté sous l'angle des habiletés humaines dont disposent les
sujets pour transformer leurs ressources en satisfaction4.
Une question se pose à ce stade, notamment celle de
savoir ce qu'il en est du bien-être des enfants dans ces
différentes approches. La réponse à cette interrogation
précise est que deux courants opposés sont rencontrés dans
la littérature : un dit indirect et l'autre direct. L'approche
indirecte de mesure de la pauvreté des enfants (la plus courante dans la
littérature) se consacre aux ménages/familles. Elle suppose une
étroite relation entre la pauvreté des ménages et celle
des enfants [Bradbury (1999), Corak (2005), Micklewright
3 PNUD, 1999, la lutte contre la pauvreté en
Afrique subsaharienne, Édition ECONOMICA.
4 L'IDH et l'IPH, indices de grande renommée
internationale constituent les produits de cette approche.
(2003)]. Cette considération est ipso facto
dite indirecte car considérant le bien-être d'un enfant comme
exclusivement induit par le ménage dans lequel il est issu. À
l'inverse, l'approche directe de mesure de la pauvreté des enfants
(rarement utilisée dans les pays du tiers monde), se focalise sur la
situation spécifique des enfants avec diverses statistiques
reflétant directement le profil de pauvreté des enfants et des
ménages, et non des ménages uniquement [Asselin (2002)]. Parler
de la pauvreté des enfants en tant que telle pourrait paraître un
peu «incongru» ou «insensé» pour les profanes ; le
concept semblant plus adapté aux ménages/familles/foyers ou
simplement aux personnes adultes de qui échoient la décision de
travailler ou de dépenser. Cependant, il n'en est plus le cas parmi les
économistes actuels. Déjà, en 2004, l'ONU suggère
d'intégrer les dimensions essentielles des droits de l'homme qui
élargissent les choix des individus et leur permettent de donner la
pleine mesure de leurs capacités. Elle recommande le renforcement de la
définition de la pauvreté chez les enfants en dépassant
les conceptualisations classiques que prône l'approche monétaire.
De même, l'UNICEF (2005) propose la définition suivante de la
pauvreté des enfants : « les enfants vivant dans la
pauvreté sont privés des ressources dont ils ont besoin sur les
plans matériel, spirituel et affectif pour survivre, se
développer et s'épanouir, ce qui les empêche de jouir de
leurs droits, de donner la pleine mesure de leurs capacités ou de
participer à la vie de la société en tant que membre
à part entière et à parts égales. » De
cette dernière définition, il ressort que les variables
communautaires (telles accomplir un travail dur, vivre dans un milieu de
moindre stimulant affectif), peuvent altérer significativement le
bien-être d'une enfance même si elle est passée dans une
famille matériellement aisée. Il ne s'agit plus là d'une
pauvreté matérielle des ménages induite sur les enfants
mais d'une pauvreté sous-estimée de court terme, qui pourtant a
nécessairement des répercussions sur le développement
à long terme des enfants. Les variables les plus utilisées dans
ce courant sont l'accès à l'éducation, la santé, le
cadre de vie, l'alimentation, l'eau potable, les sanitaires, etc.
De ces différentes approches, il ressort que mesurer la
pauvreté d'une façon générale et la pauvreté
infanto-juvénile en particulier reste un épineux problème,
surtout dans les PVD où les statistiques relatives à la mesure de
tels fléaux ne sont toujours pas exhaustives et fiables, quand bien
même éradiquer la pauvreté continue à faire la une
de la presse. En effet, dans presque toutes les études menées au
Congo tout comme dans la quasi-totalité des pays subsahariens, l'objet
de mesure de la pauvreté est le plus souvent le ménage
plutôt que le ménage et l'enfant simultanément, et encore
moins d'une approche à plusieurs dimensions.
Cependant, adopter le point de vue de l'enfant implique la prise
en considération de nombreux éléments les concernant ;
l'enfant étant :
ü une personne ayant des droits et des besoins
spécifiques ;
ü en situation de dépendance vis-à-vis de sa
famille et de son milieu social5 ;
ü une personne en devenir, source de développement
de toute nation.
Certes, l'on trouve dans ces PVD un grand nombre d'analyses
impliquant les enfants, mais celles-ci ne traitent de leur bien-être que
séparément sur des domaines comme l'état nutritionnel,
l'éducation, la santé etc. Il y existe certes quelques
considérations multidimensionnelles d'agrégation de la
pauvreté telles l'IDH et l'IPH, mais ces derniers indicateurs sont
limités. En effet, ces indicateurs élaborés par le PNUD,
quoi qu'importants, ne peuvent aucunement préciser le nombre d'enfants
en situation de pauvreté. Ces indicateurs ont un caractère «
macro » et s'élaborent avec un arbitraire dans les
pondérations des ses souscomposantes (voir la section 2.1.4 du chapitre
2, relatif à la définition formelle de ces indices). Par
ailleurs, notons que la majorité des études sur la
pauvreté dans les PVD mesurent le bienêtre des enfants
indirectement avec l'hypothèse suivante : « un enfant est
pauvre si le ménage dans lequel il est issu en est un » ;
laquelle montre pour ces pays, une quasi inexistence des études sur la
pauvreté des enfants selon une approche directe et multivariée.
La limite de cette hypothèse est que le revenu utilisé à
cet égard a l'inconvénient majeur d'être souvent
considéré comme une donnée intrinsèque pour chaque
individu. Dès lors, l'on pense que son obtention serait
confrontée soit à un refus catégorique soit à une
déclaration erronée de la part des détenteurs de cette
information. Raison pour laquelle le revenu, qui pourtant est un indice capital
du niveau du pouvoir d'achat d'un individu, n'est jamais apparu de façon
exhaustive et fiable comme diverses autres informations statistiques et c'est
d'autant plus pénible que dans le contexte des PVD comme le Congo,
il est plus ardu de reconnaître une personne à faible revenu
qu'une personne privée de certains biens et services précis.
En guise d'exemple, l'étude de 2003 sur la pauvreté au Congo par
les chercheurs du Centre d'Études et de Recherche sur les Analyses et
Politiques Économiques (CERAPE) révèle que l'ampleur de la
pauvreté reste importante au Congo et que les politiques publiques n'ont
presque pas d'incidence sur les pauvres. Cette même étude montre
qu'à un seuil de pauvreté de 1406 F CFA, les valeurs de
l'incidence de la pauvreté estimée à partir des
dépenses totales par tête relève une pauvreté dans
trois grandes métropoles du pays : 62 % à Ouesso, 53 % à
Nkayi et 38 % à Brazzaville». Il est clair que ces incidences
régionales ne renseignent pas sur l'enfance.
5 CREC (2005) cité par Matchinidé S.,
Titi V., Matongo S-A et Zabolo E., 2006, « Pauvreté
multidimensionnelle des enfants et des ménages. Analyse appliquée
en RCA».Projet présenté au PEP, IDRC, P.3.
En outre, bien que les indicateurs macroéconomiques
congolais ne soient plus au rouge ces dernières années (par
exemple taux de croissance du PIB égal à 64.9 % de 2004 à
2005), cela n'a pas la même visibilité dans toute la population.
Il existe plusieurs classes sociales en allant des plus pauvres aux plus
riches. Et alarmante semble être la situation des enfants : un
tour de la ville de Brazzaville par exemple permet de constater que nombre
d'entre eux sont enclins à toutes sortes de maux (consommation de tabac,
d'alcool, domiciliation instable, délinquance juvénile,
analphabétisme, commerce ambulant, quémandeurs, malades
abandonnés dans les grandes artères, etc.). Pourtant, ces signes,
révélateurs d'un potentiel recul de bien-être, restent
cependant sans étude statistique focalisée sur l'enfant
lui-même.
Globalement, l'approche monétaire a beaucoup de limites
qui la rendent moins robuste. L'on peut en citer quatre. En premier lieu, la
dépense totale ne tient pas compte de la capacité qu'a un
individu de combler ses besoins minimaux : c'est-à-dire, s'il
décide de dépenser le revenu ou de l'épargner, cela n'est
qu'un problème de préférences. D'où l'on pense
qu'il serait plus intéressant de se demander si le sujet est en mesure
de mener une vie appropriée ou non. En deuxième lieu, maintenant
s'il choisit de dépenser ou pas, cela n'est-il pas un problème
qui relève des choix de chaque individu ? En troisième lieu,
une meilleure compréhension de la pauvreté en termes
monétaires ne peut être obtenue que dans le cas où
plusieurs éditions d'enquêtes successives auprès des
ménages sont disponibles, tout particulièrement si elles
comportent un panel des mêmes ménages visités
périodiquement, ce qui n'est pas évident pour les PVD. En
quatrième lieu, en indexant le revenu, cela rend impossible la mesure de
la pauvreté des enfants. Alors, puisque identifier les pauvres est un
label primordial des stratégies qui consistent à combattre la
pauvreté, celle-ci devrait englober plusieurs axes qu'il serait
insuffisant de dévoiler par la seule considération
monétaire des analyses existantes. La mesure indirecte de la
pauvreté des enfants est mieux adaptée aux pays riches
plutôt qu'aux PVD, où elle n'est forcément pas
vérifiée au cas où les considérations familiales
soulageraient ou aggraveraient les conséquences sur les enfants de la
pauvreté subie par leurs parents. Les enfants ayant des besoins
spécifiques, il conviendrait d'analyser la pauvreté les
concernant, en faisant recours aux conventions qui leur confèrent des
droits spécifiques. Par exemple la convention de 2005 (UNICEF et PNUD)
offre une base conceptuelle permettant une mesure directe de la pauvreté
des enfants. Elle enseigne que : « la pauvreté des enfants doit
être mesurée directement et en rapport avec leurs
droits». La présente étude s'appuie sur les
données de l'enquête EDSC-I 2005, réalisée par le
CNSEE dans l'optique de la poursuite des OMD et notamment pour la finalisation
du DSRP. Elle s'inscrit, compte tenu des données
essentiellement qualitatives disponibles, dans le cadre d'une
mesure et d'une analyse du niveau de la pauvreté des enfants de moins de
cinq ans, selon une approche non monétaire et directe ; l'enfant
étant pris lui-même comme unité d'analyse. Notons que
toute analyse de la pauvreté doit pouvoir spécifier ses choix,
lesquels choix ne sont pas toujours acceptés comme «les meilleurs
» car dépendant du jugement de la personne qui réalise
l'étude et des possibilités que lui offrent les données
disponibles. Le choix d'un indicateur de bien-être dépend de
l'aspect sur lequel l'on veut mettre l'accent. En ce sens, le cadre
empirique du présent mémoire considérera la
pauvreté comme une carence ou une inaccessibilité à un
minimum de biens et services de base indispensables à l'atteinte d'une
certaine qualité de vie. Ce cadre explorera cinq dimensions à
savoir : (i) l'alimentation, (ii) l'eau potable, (iii) les équipements
sanitaires, (iv) la santé et (v) le cadre de vie.
Le contexte susmentionné conduit aux questions
principales suivantes : Combien d'enfants pauvres y a-t-il au Congo ? Doit-on
admettre, en l'absence des données monétaires fiables, que la
pauvreté des enfants congolais est exclusivement héritée
des ménages d'où ils sont issus ? Quel est le risque pour un
enfant congolais d'être pauvre, étant donné ses
caractéristiques biologiques, les caractéristiques de ses parents
et celles de son environnement ? Sur la base de ces préoccupations, la
nature des réponses provenant des analyses de la présente
étude va certainement contribuer à améliorer la
réflexion examinée.
OBJECTIFS DE L'ETUDE
Le principal objectif de cette étude est
d'une part de mesurer et d'analyser les déterminants du bien-être
infanto-juvénile au Congo et, d'autre part, d'analyser les facteurs de
vulnérabilité infanto-juvénile, selon une approche directe
centrée sur l'enfant. De façon spécifique,
il s'agit de :
· O1 mettre en place une mesure directe du
bien-être des enfants de moins de 5 ans ;
· O2 élaborer un indicateur
composite de la pauvreté de long terme6 aussi bien pour les
ménages que pour les enfants de moins de 5 ans ;
· O3 : concevoir un profil de
pauvreté des enfants de moins de 5 ans, moins étroit (moins
dépendant) de celui des ménages auxquels ils appartiennent ;
· O4 : offrir une lecture de la
pauvreté infanto-juvénile par la mesure et la mise en
évidence des facteurs de risque de cette pauvreté. Il s'agit
d'expliciter le risque pour un
6 D'après Sahn et Stiefel
(2001), l'indice de pauvreté construit à base des conditions de
vie et du patrimoine (approche multidimensionnelle) est un indice de long terme
contrairement à l'indice monétaire qui est sensible aux chocs de
conjoncture et nécessitant une réévaluation.
enfant de moins de 5 ans d'être pauvre compte tenu de ses
caractéristiques biologiques, des caractéristiques de son
ménage et de celles de son environnement ;
· O5 : suggérer, à l'aide
des déficits identifiés, des stratégies ciblées
cadrant la réduction de la pauvreté en général, et
l'affermissement du bien-être infanto-juvénile en particulier.
HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
L'hypothèse principale de la recherche est celle la
plus répandue dans la théorie, à savoir : «un enfant
est pauvre par déduction immanente de la pauvreté du
ménage auquel il appartient». Trois sous-hypothèses peuvent
être formulées, à savoir
· H01 : la vulnérabilité des
enfants de moins de 5 ans est fonction du niveau de vie (en termes de besoins
de base) des ménages desquels ils appartiennent ;
· H02 : les caractéristiques
biologiques (âge, sexe) d'un enfant congolais n'influencent aucunement la
probabilité pour cet enfant d'être pauvre;
· H03 : la structure environnementale
modifie le risque de pauvreté d'un congolais pris dans la petite
enfance.
INTÉRÊT DE L'ÉTUDE
Les objectifs susmentionnés donnent un aperçu
de l'intérêt du sujet abordé. Sous l'angle
académique et professionnel, l'intérêt de l'étude
est d'une part de développer notre engouement et nos aptitudes pour la
recherche et, d'autre part, de mettre en relief nos connaissances scolaires. De
même, l'étude devrait nous permettre de formuler quelques actions
ciblées devant aider le décideur dans ses missions relatives
à la réduction de la pauvreté. Par rapport aux
portées socio-économiques des résultats, nous pourront
dire que :
--> ils sont une modeste contribution pour ériger
un profil de la pauvreté des enfants. Ce profil qui pourra faire partie
du CNSEE, lui permettra, en tant que Banque de données statistiques, de
renforcer ses appareils statistiques en matière de pauvreté en
« bas-âge » ;
--> ils sont un intrant des politiques d'affermissement du
bien-être des populations, notamment des enfants de moins de 5 ans
(stratégies sanitaires, développement durable, etc.) ;
--> ils proposent une mesure à la fois directe et
multidimensionnelle, telle que conseillée par Gordon-Pantazis-Townsend
(2001). Ces derniers ont constitué 27 indicateurs en 7
thématiques basées sur les articles extraits de la DUDH
(2004)7. Et de ces 27 indicateurs, 10
7 Déclaration Universelle des Droits Humains,
révélée dans la convention relative aux droits des enfants
[UNICEF et PNUD (2005)] ; ce sont : droit à la vie, droit à
l'absence de discrimination, droit à des conditions de vie
adéquates, droit à la sécurité sociale, droits
économique et culturelle, droit à un accès
équitable aux services publics, droit à l'éducation, droit
de participer à la vie culturelle. Ce sont ces droits qui sont mis en
valeur dans la `'mesure directe de la pauvreté infantile».
quantifient directement le droit de l'enfant8. Selon
eux : «le bien-être des enfants doit évaluer leur
accès à un certain nombre de droits
socio-économiques» ;
PLAN DE REDACTION DU MEMOIRE
Pour répondre aux différents objectifs
assignés à ce travail, la démarche analytique
adoptée consiste à procéder à un examen de quelques
résultats antérieurs qui expliquent la pauvreté en
général et notamment sur l'angle non monétaire. L'on
commencera par axer la réflexion sur les pistes auxquelles on a fait
référence pour cadrer la pauvreté dans une
société, même s'il n'est pas exclu que d'autres pistes
pourraient être parcourues. Ensuite, on se servira des données de
l'EDSC-I 2005 pour l'étude empirique et la proposition de quelques
issues susceptibles d'atténuer ce fléau. L'étude est
inspirée de la méthodologie déjà utilisée
par différents travaux au sein du réseau PEP ces dernières
années. Elle est une tentative de calcul des indices composites de long
terme aussi bien pour les ménages que pour les enfants de moins de 5
ans. L'étude n'agrège pas la pauvreté des
ménages, mais celle des enfants. Le travail est organisé en
deux parties. La partie 1 développe deux chapitres : le premier
(chapitre 1) a trait aux théories relatives à la pauvreté,
à travers différentes approches de définitions alors que
le deuxième (chapitre 2) présente le problème
d'agrégation de la pauvreté et son application sur quelques
travaux empiriques dans la littérature. La partie 2 comprend
également deux chapitres : le premier (chapitre 3) traite de la
méthodologie générale du cadre empirique et la
présentation des principaux résultats descriptifs. Enfin, le
dernier (chapitre 4) est consacré à l'élaboration d'un
profil de pauvreté et à une analyse économétrique
des déterminants de la pauvreté infanto-juvénile au
Congo.
8 Tel le droit à l'éducation.
1ère partie
CADRE CONCEPTUEL ET FONDEMENTS
THÉORIQUES
«... la pauvreté est un
phénomène pluridimensionnel très complexe dont les
différentes facettes et leur variabilité dans le temps et dans
l'espace ont conduit à une série de définitions
généralement liées à chaque
dimension.»
MBONG MBONG, in : Impact de la pauvreté
urbaine sur la dynamique des villes : enjeux pour les municipalités
africaines, p.6, Dakar, 2001.
Il est abordé dans cette partie, différents
aspects théoriques fondamentaux de la pauvreté. Le cadre
conceptuel, les approches de définitions, les indices de mesure de la
pauvreté, ses manifestations, les stratégies de lutte ainsi que
quelques travaux empiriques, feront l'ossature des deux chapitres qui la
constituent. Il s'agit principalement des leçons construites sur la base
des études qui ont été menées par certains auteurs
dans certaines économies en rapport avec la pauvreté. Le chapitre
1 a trait aux théories de la pauvreté alors que le second insiste
sur les indices de mesure de la pauvreté et présente certains
résultats empiriques, notamment ceux du Congo.
Chapitre 1
LES ASPECTS CONCEPTUELS DE LA
PAUVRETÉ
Il est à noter a priori que la pauvreté reste
à l'évidence un thème récurrent en économie
du développement, voire en économie tout court. Selon les
estimations de la Banque mondiale, plus de la moitié de la population
des PVD vit en deçà de 2 dollars par jour9, ce qui
correspond à environ un total de 2.8 milliards de pauvres. Dans la
population de ces pays, un quart des habitants, soit environ un total de plus
d'un milliard d'habitants vit avec moins de 1 dollar par jour10,
considéré comme seuil de pauvreté absolue. En Afrique
subsaharienne, zone où la proportion des pauvres dépasse celle de
toutes les grandes zones géographiques du monde, ce taux avoisine 50
%11. Ces quelques considérations sont à même de
susciter donc une attention croissante de la question de pauvreté parmi
les analystes du développement. Il y a tellement d'approches qu'il
serait difficile de les dénombrer. Cela a un impact immédiat sur
le choix de la dimension par laquelle la pauvreté doit être
saisie, et donc une diversité d'analyses. Qu'à cela ne tienne,
nous tentons de présenter les opinions les plus usitées et de
fixer notre position. En effet, il nous est important d'étaler, avant
d'entrer dans le vif de notre travail, certains concepts qui entourent la
notion de pauvreté. Le chapitre a trois sections. La première
présente les grands courants de pensées sur la pauvreté.
La seconde est consacrée à la littérature sur la
pauvreté des enfants. Enfin, la dernière étaye une
série de définitions d'analyse et de mesure de la
pauvreté.
1.1 LES GRANDS COURANTS DE PENSEE SUR LA
PAUVRETE
Conceptualiser le bien-être est une question qui se
heurte, nous l'avons mentionné plus haut, à une difficulté
dans le choix de l'option de mesure. Le problème a toujours fait l'objet
d'un débat théorique au regard des diverses approches empiriques.
Toutefois, le principe commun de toutes ces approches est la distinction entre
les indicateurs monétaires et non monétaires. Notons que, de
façon générale, les indicateurs monétaires et non
monétaires ne s'opposent pas nécessairement au sens pur du terme.
Par exemple, le revenu peut être considéré en
lui-même comme l'objectif de bien-être, tout comme il peut
être une bonne approximation des variables non monétaires telles
l'éducation, la santé et le cadre de vie.
9 Mesurée en PPA (parité de pouvoir d'achat).
10 Ibid.
11 Jean-Pierre Cling, 2003, in : « la
croissance ne suffit pas pour réduire la pauvreté : le rôle
des inégalités », p.5.
Lachaud (2000) parle de deux options majeures qui semblent
constituer le cadre actuel de mesure de la pauvreté : l'option des
utilitaristes et l'option des capacités. «L'approche de
l'utilité stipule qu'il existe des fondements théoriques
suffisants pour considérer que les dépenses des ménages
sont une bonne approximation du bien-être pour l'analyse de la
pauvreté. Dans ces conditions, les dépenses ou les revenus des
ménages constituant des instruments de réalisation du
bien-être, il est possible d'assimiler l'insuffisance des ressources
à la pauvreté, cette dernière reflétant à la
fois la faiblesse quantitative et la précarité des rendements des
actifs physiques, humains, sociaux et naturels. L'approche des capacités
quant à elle examine la pauvreté comme une privation de droits,
une situation à l'origine d'un manque de capacités fonctionnelles
élémentaires pour atteindre certains minima acceptables, le
bien-être étant fonction à la fois de la
disponibilité des biens matériels et de l'élargissement
des possibilités des choix».
Même s'il est vrai qu'il est ardu, sur un plan purement
conceptuel, d'éclairer sur les avantages et les inconvénients de
telle ou telle autre approche empirique pour jauger la pauvreté (les
données disponibles demeurent la plupart du temps insuffisantes), la
discussion théorique se révèle importante car elle a
toujours des retombées significatives. En effet, pour prendre position
dans une démarche scientifique, il faut d'abord mieux connaître
l'existant. Nous avons recensé comme dans Asselin et Dauphin (2000),
trois grands courants économiques qui sont les plus usités dans
le cadre conceptuel usuel des dimensions d'appréhension de la
pauvreté : le courant des welfarist, le courant des besoins de base et
le courant des capacités. Les lignes qui suivent présentent ces
trois courants après quoi suivra une analyse critique sur leur
façon de s'intéresser à la situation des enfants.
1.1.1 L'ecole welfarist
L'école welfarist est la plus usitée des trois
écoles de pensée des dimensions d'analyse de la pauvreté.
Elle est une approche monétaire12 ou unidimensionnelle de
mesure de la pauvreté. Amplement utilisée dans la
littérature (peut être faute de mieux), elle suppose
agréger la pauvreté par un seul type de données qui serait
censé indiquer à lui seul le niveau de bien-être du sujet,
à savoir le revenu ou la dépense de consommation [A. Soliz et L.
Alejandro (1999), Lachaud (2000)]. Le cadre de cette école assimile le
pauvre à un sujet dont le niveau de revenu ou de consommation est
inférieur à un niveau prédéfini appelé
`'seuil de
12 L'aspect monétaire de la pauvreté et la notion
d'actifs dominent à la Banque mondiale, tandis que l'orientation majeure
du Programme des Nations Unies pour le développement fait
référence à la pauvreté humaine [PNUD (2000)].
pauvreté'. Presque tous les pays d'Afrique
subsaharienne utilisent cette approche dans l'élaboration de leurs
profils nationaux de pauvreté. Elle est aussi très
pratiquée dans les pays développés. Les partisans de cette
école sont aussi appelés des « utilitaristes ».
Simplement parce que, selon eux, en considérant les ressources que sont
le revenu ou la consommation, le sujet opte parmi toutes les combinaisons de
biens et services abordables, ceux qui lui procurent une plus grande
satisfaction ou utilité13. Dans le même sens, Lachaud
précise que dans cette approche, le bien-être est fondé sur
une fonction d'utilité, définie par rapport à des
consommations de biens et de services, et susceptibles de reproduire les
préférences des individus pour des ensembles alternatifs de
consommations.
Mais cette approche n'échappe pas à certains
inconvénients majeurs :
· d'abord, la consommation mesure assez
grossièrement le bien-être. Consommer moins qu'une autre personne
est un problème de préférence et non un problème
lié au pouvoir d'achat du consommateur : tel consommateur peut beaucoup
dépenser pour être à l'équilibre et tel autre peut
décider de ne dépenser qu'à la limite et se sentir
même plus à l'équilibre que le premier ;
· ensuite, cette approche nécessite des
données monétaires fiables et actuelles, si bien qu'elle est
subjective et inadaptée, surtout dans le contexte des PVD.
1.1. 2 L'école des besoins de base
Comme le mot l'indique, c'est une approche basée
essentiellement sur des considérations non monétaires
appelées besoins de base. Il faut entendre par besoins de base, les
commodités qui remplissent les besoins physiologiques et de
sécurité d'un individu. Lorsque les différentes
commodités sont utilisées simultanément, cette approche
est qualifiée de multidimensionnelle. De façon pratique,
l'approche non monétaire multidimensionnelle suppose agréger la
pauvreté en construisant via une technique de l'analyse factorielle
[Asselin (2002), Bry (1995)], un indicateur composite de bien-être avec
un ensemble de données14 qui seraient censées indiquer
toutes à la fois le niveau de bien-être du sujet
considéré. Ainsi, pour ce courant, le pauvre est une personne
privée d'un minimum de confort de base jugé
élémentaire ou préalable à l'atteinte d'une
certaine qualité de vie ; il s'agit de l'accès : à la
nourriture, à l'eau potable, au logement, aux soins de santé,
à l'éducation de base, aux aménagements sanitaires, au
service de transport public, etc.
13 La théorie microéconomique appelle cette
attitude de `'comportement rationnel ou comportement « maximisateur »
du consommateur.
14 Commodités ou besoins de base.
L'inconvénient de cette façon de traiter la
pauvreté réside dans le fait que les commodités sont
à l'évidence une satisfaction variable en fonction des tranches
d'âges et du sexe des individus. Par exemple, l'éducation scolaire
peut être utile pour une personne de 15 ans alors qu'elle ne l'est pas
pour un enfant de 2 ans.
1.1.3 L'école des capacités
L'école des capacités insiste sur les moyens
humains, c'est-à-dire les habiletés humaines dont disposent les
sujets pour convertir leurs ressources en satisfaction (Serge Matchinidé
et alii, 2006). C'est encore ici une option non monétaire de la
pauvreté. Sen, chef de file de cette considération, assimile le
bien-être aux droits susceptibles de fournir des informations sur des
dimensions fondamentales pour les individus, laissées en marge par le
concept d'utilité. Vue comme telle, l'approche par les capacités
concerne les droits positifs des sujets en essayant via le concept de
«fonctionnements», de transposer ces droits dans un espace plus
aisément mesurable. Selon Sen (1992), les consommateurs désirent
les biens pour leur valeur instrumentale, et non pour leur utilité
directe. Et dans la mesure où les biens peuvent être
représentés comme des blocs de
«caractéristiques» ou d'«attributs», il est
concevable d'exprimer les comportements individuels en termes
d'exécution d'une fonction de production spécifique, permettant
de transformer les caractéristiques incorporées dans les biens en
satisfaction des besoins.
En conséquence, cette conceptualisation implique que
l'utilité n'est pas une variable objective, mais le sous-produit d'un
processus15. Notons que cette approche de la pauvreté en
termes de «facultés», contestant l'idée que la ligne de
pauvreté puisse être représentée par un point de la
fonction de dépenses des consommateurs, a d'importantes
conséquences au niveau empirique. En effet, contrairement aux mesures de
la pauvreté en termes de besoins de base, de ressources ou de revenus
réels, l'insuffisance des facultés élémentaires
nécessaires pour atteindre certains minima acceptables d'un ensemble de
besoins de base, peut être, en principe, directement
appréhendée. A cet égard, chaque sujet est
caractérisé par un ensemble d'attributs : être nourri,
vêtu, logé, éduqué, soigné, etc. ; et la
pauvreté est spécifiée dans une perspective
multidimensionnelle, indépendamment de toute référence
à des hypothèses spécifiques plus ou moins
vérifiées, liées au comportement de consommation. Ainsi,
cette option analytique suggère une supériorité de la
méthode directe, comparativement à celle indirecte du revenu ou
des dépenses. Le plus grand mérite de cette école qui
vient en
15 L'option analytique du Rapport Mondial sur le
Développement Humain 2000 du PNUD s'inscrit dans cette perspective.
complément de l'école des besoins de base, est
d'avoir reçu une résonance propice du PNUD qui publie
désormais (et depuis 1990) une série d'indicateurs composites de
grande renommée internationale servant de comparaison des profils de
pauvreté des différents pays ; parmi lesquels nous pouvons citer
l'IDH et l'IPH16. Le chapitre 2 présente davantage de
détails d'élaboration de ces indices ainsi que leurs valeurs dans
certains pays du monde.
1. 2 LE BIEN-ETRE DES ENFANTS DANS L'APPREHENSION DE LA
PAUVRETE
Parler de la pauvreté des enfants pourrait
paraître quelque peu « excentrique » ou « insensé
» pour les profanes ; le thème semblant plus adapté aux
ménages/familles/foyers ou simplement aux personnes adultes à qui
échoient la décision de travailler ou de dépenser. C'est
une attitude normale d'autant plus qu'il apparaît évident qu'un
enfant issu d'un ménage pauvre l'est aussi systématiquement.
Cependant, le problème peut être vu autrement. Nous avons dit que
la pauvreté peut s'appréhender en termes d'insatisfaction des
besoins de base que ressent un individu. Et alors, que dirons-nous d'un enfant
issu d'une famille «riche» mais à qui il est interdit d'aller
à l'école pour se consacrer aux travaux ménagers par
exemple ? Ou encore, sommes-nous prêts à répondre
«oui» à la question de savoir si tous les enfants appartenant
aux familles non pauvres jouissent de tous leurs droits
socio-économiques? N'avons-nous pas encore rencontré une famille
«pauvre» et de laquelle est originaire un enfant décemment
logé, bien éduqué, bien soigné et bien nourri ?
L'examen de ces quelques questions semble dès lors susciter un sens
à la notion de pauvreté des enfants, mesurable à partir
des dimensions qui leur sont consacrées. À cette fin, l'on peut
s'interroger pour savoir ce qu'il en est de la littérature sur la mesure
de la pauvreté des enfants ? En réponse à cette
dernière question, il est souligné que deux options de mesure de
la pauvreté sont rencontrées dans la littérature : une
dite indirecte et une autre dite directe.
1. 2.1 Mesure indirecte du bien-être des enfants
Les analyses fréquentes en rapport avec la
pauvreté des enfants sont essentiellement unidimensionnelles. Dans
presque tous les pays du monde, des analyses qui ont été faites
se basent sur les consommations des ménages : ce sont des mesures
monétaires indirectes et unidimensionnelles. En effet, l'approche
indirecte de mesure de la pauvreté des enfants est la plus couramment
rencontrée dans la littérature, et est celle qui suscite
intuitivement la
16 Alors que l'IDH (datant de 1990) a
été élaboré par la Banque mondiale, l'IPH (1997)
quant à lui, a été conçu par le PNUD en raison des
faiblesses que présentait l'IDH.
première idée développée dans
cette partie, à savoir : renvoyer la pauvreté des enfants
à leurs parents. Elle se consacre sur les ménages ou familles et
suppose une étroite relation entre pauvreté des ménages et
celles des enfants. Ainsi, cette considération est dite indirecte car
considérant le bien-être d'un enfant comme exclusivement
tributaire du ménage dans lequel il est issu.
Il sied de faire remarquer que les aspects monétaires
prônés par les utilitaristes sont rangés dans cette
catégorie d'approches avec la logique que les questions relatives aux
dépenses de consommation incombent aux parents, mettant ainsi de
côté les considérations socio-économiques relatives
aux enfants.
1. 2. 2 Mesure directe du bien-titre des enfants
L'on se doit préalablement de faire remarquer que, de
façon générale, les études sur le bien-être
des enfants, selon un cadre focalisé sur l'enfant et intégrant
diverses variables, ne sont pas nombreuses, surtout dans les pays subsahariens.
Signifions aussi que presque tous les pays du monde ont déjà fait
usage des études sur la pauvreté des enfants avec l'utilisation
séparée de quelques variables spécifiques aux enfants
telles la malnutrition, l'éducation, les crimes contre les enfants, la
dictature contre les enfants, la violence, le travail des enfants, la
vaccination, etc. (ce sont des mesures directes mais unidimensionnelles). C'est
le cas des études sur la pauvreté des enfants menées par
Lachaud (2000), Ahovey et Vodounou (2001) et Kobiané (2003) pour le
compte du Sénégal, du Bénin et du Burkina Faso,
respectivement.
L'approche directe de mesure de la pauvreté des enfants
est rarement utilisée dans les pays du tiers monde. Pourtant,
jusque-là, aucun aspect critique n'est prononcé à sa
conceptualisation. C'est une approche qui se focalise sur la situation
spécifique des enfants avec diverses statistiques reflétant
directement le profil de pauvreté des enfants et des ménages et
non des ménages uniquement. Les variables les plus utilisées dans
cette option sont l'accès à l'éducation, la santé,
le cadre de vie, l'alimentation, l'eau potable et les sanitaires.
Toutefois, il conviendrait d'indiquer que certains analystes
utilisent conjointement les deux approches précédentes (mesure
directe et indirecte) dans les études cadrant l'affermissement du
bien-être en bas âge. Au rang de ces études, l'on peut citer
l'étude sur la pauvreté monétaire et non monétaire
des enfants en Afrique du Sud, menée par Cassiem (2000).
1. 2.3 Analyse critique de la littérature et choix de
l'option d'étude
Les différentes options d'agrégation de la
pauvreté citées précédemment, alimentent la
discussion parmi les analystes de la pauvreté. Quelle option retenir ?
L'opportunité d'une approche non monétaire (école des
besoins de base, écoles des capacités) conduit-elle à
l'abandon des mesures de la pauvreté monétaire (école
welfarist) ? L'on pense que non, car cela sous-tendrait une conception trop
étroite du bien-être en faveur d'indicateurs non
monétaires. Le revenu étant lié aux dimensions non
monétaires, ces différentes approches sont
complémentaires. Cependant, il conviendrait de préciser qu'il
vaut la peine d'adapter chaque option aux contextes régionaux, aux
données disponibles et aux objectifs visés. La présente
étude s'inscrit dans le courant de l'école des besoins de base :
une approche non monétaire multidimensionnelle, avec un accent
particulier sur les droits des enfants. Ces droits sont liés soit
à la privation absolue de biens et services (nutrition, allaitement, sel
iodé, etc.) soit à la privation relative de biens et services
(santé, absence de discrimination, conditions de vie décentes,
accès équitable aux services publics). L'on sait que ce sont ces
droits qui sont valorisés dans la mesure directe de la pauvreté
infantile. Précisément, le choix de notre cadre d'analyse de la
pauvreté infantile est motivé par six raisons inter
reliées :
ü Premièrement, les données qualitatives
disponibles ne sauraient se prêter à une étude
monétaire de la pauvreté. Rappelons-le, toute analyse de la
pauvreté doit pouvoir spécifier ses choix et ces choix
dépendent du jugement de l'analyste et des possibilités que lui
offrent les données disponibles. Le choix d'un indicateur de
pauvreté dépend de l'aspect sur lequel l'on veut mettre l'accent.
Puisque les objectifs de la présente étude sont focalisés
sur les enfants, l'approche monétaire s'avère donc
inopportune.
ü Deuxièmement, l'utilité
prônée par les welfarist n'est jamais observable directement. La
contre-partie utilisée dans cette approche est la consommation. De ce
fait, le cadre monétaire ne s'intéresse pas spécifiquement
aux enfants. Non seulement il reconnaît que les préférences
varient d'un sujet à un autre, les comportements rationnels ne
s'appliqueraient nullement aux enfants. Ces derniers en effet, n'ont pas la
décision dans la consommation, laquelle incombe aux parents. Et
même si certains analystes essayent de contourner la difficulté en
prenant en compte à cet égard, des inégalités entre
les âges des membres du ménage (par l'entremise des
échelles d'équivalence), cela biaise la mesure directe du
bienêtre des enfants. Sur ce, les besoins de base reprocheraient à
la monnaie son caractère subjectif fondé sur l'utilité.
ü Troisièmement, s'agissant
particulièrement des ménages, l'approche monétaire, bien
qu'ayant des mérites cités en introduction
générale, a le désavantage de donner une analyse
moins robuste par rapport à l'approche par les besoins
de base. En effet, consommer ou épargner le revenu est plus un
problème de préférence et non de bien-être.
Dès lors, estimer le nombre de ménages pauvres par les seules
données financières se prêterait à une
quantification grossière de la pauvreté ; le problème se
situant à l'équilibre de chaque sujet. Par exemple :
l'année A, un ménage M dépense 100 000 FCFA pour la
consommation d'un bien B. La même année (A), un autre
ménage M' dépense 5 000 F CFA pour la consommation du même
bien (B). Doit-on conclure que M a un niveau de bien-être
«meilleur» que celui de M' ? L'on pourrait répondre par
l'affirmative, car tel peut être le cas. Mais plus pertinente serait la
comparaison des niveaux de satisfaction procuré à M et à
M'. Alors, l'on voit clairement que les stratégies consistant à
réduire la pauvreté, devraient englober plusieurs axes et qu'il
serait insuffisant de la révéler par la seule
considération monétaire. Par contre, c'est ce caractère
multivarié qui est intégré dans le courant des besoins de
base, même s'il lui est reproché, l'arbitraire choix des
composantes : l'on pense qu'il suffirait d'adapter ce choix au but visé,
au contexte du pays ainsi qu'à la nature des données disponibles.
Une fois de plus, l'approche non monétaire paraît moins subjective
que l'approche monétaire.
ü Quatrièmement, les indices de pauvreté
construits selon une optique des besoins de base ont un caractère
durable. En effet, le profil de pauvreté infantile qu'offre ce cadre est
censé être élaboré par l'entremise des indicateurs
composites, ce qui offre à ce cadre l'avantage de robustesse sur
l'approche monétaire. Cela est approuvé par nombre des analystes.
Parmi eux, l'on pourrait citer Sahn et Stiefel (2001), qui enseignent que :
«l'indice de pauvreté construit à base des conditions de vie
et du patrimoine est un indice de long terme contrairement à l'indice
monétaire qui est sensible aux chocs de conjoncture.
ü Cinquièmement, c'est le contexte
économique du pays. En effet, le Congo tout comme la plupart des pays de
l'Afrique subsaharienne est un PVD. Compte tenu de ce qui
précède, l'analyse multivariée du bien-être
semblerait dessiner une agrégation plus objective de la pauvreté.
Il s'avère que l'approche monétaire nécessite des
données monétaires exhaustives, fiables et actuelles, voir
même de panel, ce qui ne l'est pas toujours dans les PVD. Du coup,
l'approche par les besoins de base semblerait plus pertinente pour ces pays, et
c'est d'autant plus pertinente que dans le contexte congolais, il est plus
difficile de reconnaître un individu à faible revenu qu'un
individu privé de certaines commodités précises.
Enfin, l'on pourrait citer l'inopportunité de
l'école des capacités. Bien que cette école mesure
«directement» le bien-être des enfants et ait eu un écho
favorable du PNUD, elle ne saurait être à même de
répondre aux objectifs de la présente étude. En effet, la
série d'indicateurs composites du PNUD (IDH, IPH, etc.) est bien
séduisante, en ce sens qu'elle permet des comparaisons internationales
de profil de pauvreté, mais reste, de par ses limites, inadaptée
à la présente étude. D'abord, ces indicateurs n'ont qu'un
caractère `'macro» et en plus, pour ne parler que de l'IPH, il
s'élabore avec un arbitraire dans les pondérations de ses
sous-composantes. Pire encore, cet indicateur est absorbé par sa
composante «taux d'analphabétisme des adultes», créant
un grand biais dans l'analyse (voir Minvielle, 2003).
De la sorte, la présente analyse critique a
essayé de motiver le choix de l'angle sous lequel est circonscrit le
cadre de la présente étude. Il ressort qu'en optant pour une
analyse de la pauvreté infantile dans une approche multivariée
non monétaire, l'on admet implicitement que la pauvreté
présente des visages multiformes et que l'efficience des
stratégies de lutte contre la pauvreté dépend de
l'efficience dans le ciblage des pauvres. L'on a aussi retenu que ni
l'indicateur de revenu de la Banque Mondiale, ni les indicateurs composites du
PNUD n'ont été spécifiquement conçus pour mesurer
la pauvreté infantile. Tous les deux n'indiquent aucunement le
nombre d'enfants pauvres. De même que tous les deux ne centralisent pas
l'attention sur les droits dont ces enfants sont privés. Cela est seul
du ressort de l'école des besoins de base, dans laquelle la
présente étude est censée se ranger. L'école des
besoins de base est pour ainsi dire la mieux adaptée dans les PVD.
Quasiment inexistante en Afrique centrale, la pauvreté infantile a pris
le train de l'analyse et est très encouragée au sein du
réseau PEP. Par ailleurs, Townsend (2001), l'ONU (2004) et l'UNICEF
(2005) auraient posé des labels concernant l'élargissement de la
conceptualisation de la pauvreté, de manière à
intégrer les spécificités infantiles. Ces labels sont le
fait que : (i) les enfants ont des besoins spécifiques ; (ii) il
conviendrait d'analyser la pauvreté des enfants selon une approche
directe ; (iii) le bien-être des enfants devrait donc intégrer
l'accès à quelques droits socioéconomiques. L'examen de
ces labels montre que les variables communautaires (faible indice de richesse
du ménage, difficulté d'accès à une source d'eau
potable, absence d'infrastructures sanitaires, etc.) peuvent altérer
significativement le bien-être d'une enfance même si elle est
passée dans une famille matériellement aisée. Il montre de
même qu'en privant les enfants de certains besoins vitaux, l'on pourrait
paralyser leurs potentialités, plonger leur vie dans la détresse
maintenant, et voire entraver leur développement de demain
1.3 DEFINITION ET MESURE DE LA PAUVRETE
Il est présenté ici les dimensions de mesure de la
pauvreté, la notion de ligne et de profil de pauvreté.
1.3.1 Les dimensions de la pauvreté
Il est question ici de présenter les angles essentiels
sur lesquels se fonde le diagnostic de la pauvreté. L'on parlera de la
notion du bien-être, de la pauvreté monétaire et de la
pauvreté non monétaire.
1.3.1.1 La notion de bien-être
Le bien-être est un comparateur universel, à
partir duquel s'élaborent toutes les différentes
définitions de la pauvreté. Vocable très reconnu, il
traduit le niveau de satisfaction qu'un sujet perçoit, soit par usage de
son revenu soit par l'accessibilité aux biens et services fondamentaux.
La littérature classique montre qu'il y a des bases théoriques
suffisantes pour assimiler les dépenses comme une `'bonne»
approximation du bien-être pour l'analyse de la pauvreté. Deux
préceptes sont attachés à cette théorie :
n la maximisation de l'utilité des
individus/ménages17 ;
n les principaux éléments de la fonction de
bien-être sont les biens consommés18.
Cependant, il faut noter que la conception du bien-être
varie en fonction de l'importance accordée à la perception de la
personne quant à son bien-être : le bien-être est de
ce fait une notion subjective. De même, le bien-être varie
selon les dimensions ou les choix considérés. Notons que par
rapport à l'importance ci-dessus explicitée, importance
accordée à la perception personnelle dans l'interprétation
du bien-être, deux grandes écoles de pensée ont
émergé. Ce sont les `'utilitaristes» ou `'welfaristes»
et les `'non utilitaristes» dont les détails ont été
fournis au point 1.1.2 plus haut.
Il est apparu au vu de ce qui précède que le
champ thématique de mesure de la pauvreté change au fil du temps.
Ceci parce que les besoins économiques évoluent dans le temps,
faisant ainsi naître chez l'homme d'autres sources d'insatisfaction. A
cela s'ajoute le contexte de chaque pays ou de chaque groupe social. Sur ce,
les rubriques qui doivent être retenues devraient être
contextualisées. Cela fait tellement progresser la réflexion et
l'analyse de la pauvreté dans le temps à telle enseigne que le
PNUD est parvenu à faire la proposition selon laquelle
l'appréhension de la pauvreté doit se faire en fonction des
grandes thématiques
17 Lachaud, 1998, « Concepts, mesure et analyse
de la pauvreté en Afrique ».
18 Ibid.
qui ont été retenues au fil de l'évolution
de la réflexion et de la pratique: le revenu, la santé et
l'alphabétisation.
1.3.1.2 Pauvreté monétaire
La notion de pauvreté monétaire est le propre
des utilitaristes ou welfaristes. Or l'on sait que ces derniers assimilent le
bien-être au niveau de satisfaction atteint par un individu dans la
consommation des biens, c'est-à-dire aux dépenses de consommation
voire du revenu. Alors, la pauvreté monétaire traduit de ce fait
une carence de ressources engendrant une consommation insuffisante, et vue
comme telle, la pauvreté monétaire équivaut à la
situation d'une personne qui a un niveau de revenu ou de consommation
inférieur à un niveau prédéfini. C'est ce niveau de
revenu ou de consommation prédéfini qui est connu sous
l'appellation de seuil de pauvreté.
1.3.1.3 Pauvreté non monétaire
La pauvreté non monétaire se conçoit sur
des dimensions opposées aux variables telles salaire, revenu ou
dépenses de consommation. Elle concerne les axes suivants :
n l'exclusion sociale (chômage, solitude, restriction des
liens sociaux) ;
n l'insuffisance culturelle (analphabétisme, illettrisme,
etc.) ;
n la vulnérabilité politique (absence de pouvoir
de décision/participation aux décisions, etc.) ;
n l'atteinte à l'éthique (terrorisme, violence,
incarcération, corruption, etc.).
Cependant, nous ne saurons mésestimer un axe capital de
la pauvreté non monétaire. Il s'agit de l'axe constitué
d'importantes dimensions telles les conditions de vie. C'est
précisément, une pauvreté se matérialisant par une
absence ou insuffisance de satisfaction des besoins de base : soins
élémentaires de santé, éducation de base, ...,
auxquels sont assez souvent annexées les prestations (capacités)
fondamentales (facilité d'accès à une source d'eau
potable, à un centre de santé, à un marché public,
à une voie publique, etc.) que la communauté se doit de fournir
aux sujets pour ne pas que ceux-ci vivent dans des conditions de vie
précaires.
La prise en compte simultanée des dimensions et des
écoles de pensée de la pauvreté, nous a permis,
après examen de la littérature, de construire le schéma
présenté à la figure 1 ci-après.
Figure 1 : Schéma synthétique. Dimensions,
écoles de pensée et type de mesure de la
pauvreté
Non monétaire
Monétaire
Dimension
Ecole de pensée [Cadre
conceptuel]
Welfarist
Besoins de base
Capacités
Autres écoles
Est pauvre :
Un sujet dont le niveau de revenu/
consommation est inférieur à un seuil de
pauvreté prédéfini.
Commodités :
. Accès eau potable
. Accès à l'éducation
de base
. Accès aux soins
de santé
. Accès au transport public
. Aménagements
sanitaires . Logement . Nourriture
. Patrimoine ménage . Etc.
Est pauvre :
Un sujet privé d'un minimum de commodités
préalables à l'atteinte d'une certaine qualité de vie.
Habiletés ou facultés :
. Culture
. Insertion sociale . Liberté/droit
. Longévité
. Nutrition . Fécondité
. Autonomie
. Santé
. Se vêtir . Trappe à pauvreté .
Invulnérabilité
. Etc.
Est pauvre :
Un sujet ayant une insuffisance des
facultés élémentaires
nécessaires pour atteindre un minimum acceptable de
besoins de base.
Psychologie : . Capitulation . Complexe
d'infériorité . Délire
. Exclusion sociale
. Incrédulité
. Humiliation . Lâcheté/stress . Mépris
autrui . Mépris de soi . Scepticisme . la Honte
. Dignité
. Etc.
Est pauvre :
Un sujet nanti d'un maximum d'états
psychologiques négatifs lui privant ainsi les
perspectives positives d'une vie décente.
Eléments
de dimensions [Variables]
Ressources :
. Consommation ou
. Revenu réel [ou Salaire]
Considération de la pauvreté pour
un sujet
Type d'analyse ou agrégation de la
pauvreté
Unidimensionnelle
Mesure indirecte : Pauvreté
des enfants, héritée des parents.
Unidimensionnelle
|
|
Multidimensionnelle
|
|
|
Mesure indirecte : Pauvreté
des enfants, héritée des parents.
Mesure directe :
Pauvreté des enfants, intrinsèque
et héritée des
parents.
Nature de mesure du bien-être
des enfants
Source : l'auteur à partir de la
revue de littérature
NB : les cases et lignes en vert
représentent respectivement les dimensions et leurs modes d'association
en vue d'une analyse selon le cadre conceptuel empirique de la présente
étude (une approche directe par les besoins de base, multivariée
et focalisée sur les enfants).
1.3. 2 Concepts de ligne et de profil de pauvrete
Mesurer et analyser la pauvreté nécessite le
choix d'une ligne de pauvreté séparant les « pauvres »
et les « non pauvres ». Cette ligne peut être absolue ou
relative. L'on parle ainsi de pauvreté absolue et de pauvreté
relative. La finalité ici est d'élaborer un profil de
pauvreté.
1.3.2.1 La notion de seuil de pauvreté
Il est communément appelé seuil de
pauvreté (ou ligne de pauvreté), une ligne de bien-être
prédéfini, que l'on considère comme la frontière
qui sépare les pauvres des non pauvres. Tout sujet ayant un niveau
de bien-être (revenu, consommation, niveau d'accessibilité
à certaines commodités de base comme l'éducation, la
santé, le travail, ...) inférieur à la ligne de
pauvreté fera donc partie des pauvres. Nous parlerons dans cette section
de deux seuils de pauvreté rencontrés dans la littérature
et conçus sous l'impulsion de la Banque mondiale : seuil absolu d'une
part et seuil relatif d'autre part.
1. Le seuil absolu de pauvreté
Le seuil absolu de pauvreté est classiquement
présenté en deux grandes catégories : la catégorie
des seuils de pauvreté à des fins de comparaisons internationales
et la catégorie des seuils nationaux de pauvreté. Parmi les
seuils de pauvreté destinés aux comparaisons internationales le
plus usité est celui calculé par la Banque Mondiale, à
l'aide de la consommation ; il est égal à 1 dollar (en
parité de pouvoir d'achat, ou PPA de 1985) par jour et par personne. En
principe, chaque année, la Banque Mondiale élabore un seuil de
pauvreté absolue en convertissant le seuil de pauvreté d'au moins
30 PVD en PPA aux prix de 1985, puis, retient comme nouveau seuil de
pauvreté absolue la médiane des dix (10) seuils de
pauvreté en queue. En définitive, le nouveau seuil de
pauvreté absolue choisi a un pouvoir d'achat similaire à celui de
1 dollar par jour en PPA aux prix de 1985.
Les seuils de pauvreté nationaux sont
confectionnés par chaque pays. Sachant que le problème de
développement en Afrique et dans la presque totalité des pays du
tiers monde reste la famine, les PVD qui ont essayé d'élaborer
des seuils de pauvreté l'ont construit autour d'une approche
alimentaire. Nous allons présenter trois modes d'évaluation de ce
seuil de pauvreté absolue vu sous l'optique alimentaire.
a) Méthode du coût des besoins
essentiels
Ici sont déterminées une composante alimentaire
et une composante non alimentaire. La composante alimentaire est fonction d'un
panier de biens de consommation. C'est ce panier qui est valorisé pour
accéder à la quantité de calories fixées par le
seuil calorique
retenu19. La composante non alimentaire est
estimée par exemple en se donnant a priori une fonction de demande de
denrées alimentaires ( si ) sous la forme d'une
fonction linéaire du rapport entre les dépenses totales
xi (alimentaires et non alimentaires) et la composante
alimentaire ( za ) du seuil de pauvreté. Notons i un
ménage donné et åi le terme d'erreur
:
x
- la fonction de demande de denrées alimentaires est :
si =a + fi ln( i) +
åi Avec á et
za
(3 des coefficients à estimer. L'ordonnée
à l'origine (a) est la valeur estimée sans biais de la proportion
de la consommation alimentaire moyenne des ménages qui se situent tout
juste au niveau du seuil de pauvreté, c'est- à- dire ceux pour
lesquels x i= za ;
- La composante non alimentaire ( za ) du
seuil de pauvreté est déduite comme suit :
za = za -
áza za = (1 -
á)za ;
- Le seuil de pauvreté absolue au niveau national est
alors : z = z a + za Notons
qu'un inconvénient majeur de cette méthode
réside dans le fait qu'en pratique le choix des composantes alimentaire
et non alimentaire de l'ensemble considéré est arbitraire.
b) Méthode de l'équilibre
calorique
La technique de l'équilibre calorifique ou apport
énergétique alimentaire est fondée sur une dépense
de consommation qui permettrait uniquement à une personne de se procurer
une quantité de nourriture suffisante pour satisfaire un besoin
calorique prédéterminé. L'on estime ainsi la
quantité d'énergie alimentaire absorbée à partir de
la consommation des ménages convertie en équivalents adultes.
c) Méthode de la ration alimentaire
Cette technique consiste à évaluer le budget
alimentaire permettant d'acheter des éléments nutritifs en
quantité tout juste suffisante. Dans la pratique, il est souvent
supposé d'obtenir le seuil de pauvreté de telle manière
que la consommation totale corresponde au triple du niveau du coût des
nutriments essentiels. Cela est tributaire d'un biais et constitue
l'inconvénient majeur de cette méthode : le seuil de
pauvreté est surestimé car les sousgroupes pour lesquels les
niveaux de consommation réelle ou de revenus enregistrés sont
plus élevés consacrent en général une part moins
importante de leur budget à la consommation.
19 Il peut valoir (en Kilot calories), selon les pays
2000, 2200, 2400, etc. La valorisation tient compte du coût d'une ration
alimentaire de base, aussi bien pour les principaux groupes d'âges que
pour les deux sexes.
2. Le seuil relatif de pauvreté
En référence à la définition de la
notion de pauvreté relative définie plus haut, le seuil de
pauvreté relative est évalué par rapport à une
source prédéfinie. Très couramment, il est utilisé
le principe qui suit : il est fixé à une proportion égale
à la moyenne arithmétique ou à la
médiane20 de la répartition de la consommation voire
du revenu, par exemple le quintile des dépenses moyennes. Une fois cette
proportion fixée, les sujets au-dessous du premier quintile sont
considérés comme relativement pauvres alors que ceux qui sont
situés au-dessus de ce même quintile sont non pauvres. Le seuil de
pauvreté relative induit une propriété intéressante
d'invariance de la mesure de la pauvreté. En effet, la mesure de la
pauvreté ainsi réalisée ne subit aucun impact par un
doublement de la distribution de tous les revenus et du seuil de
pauvreté, puisque le seuil de pauvreté croît avec le revenu
dans la même proportion. Notons que la propriété reste
valable avec la répartition de la consommation. Par contre, il sied de
préciser que cette propriété est non valide dans le cas de
la pauvreté absolue pour laquelle l'accroissement du revenu ou de la
consommation impacte différemment le seuil de pauvreté.
Nonobstant cette nuance, il est souvent reconnu que c'est d'un
grand intérêt que d'utiliser conjointement les deux seuils de
pauvreté (absolue et relative) pour s'offrir un moyen direct de
déterminer des seuils de pauvreté multiples via des comparaisons
de pauvreté. De même, il est opportun, pour deux dates distinctes
données, de comparer différemment les fluctuations des
pauvretés absolue et relative. Ainsi, l'on s'aperçoit que ces
deux seuils appellent les notions de pauvreté absolue et de
pauvreté relative.
1.3.2.2 Pauvreté absolue et pauvreté
relative
La pauvreté absolue apparaît lorsqu'un individu,
un foyer ou un ménage, ne dispose pas des attributs
considérés comme ceux du bien-être. Les seuils de
pauvreté élaborés à partir des données
relatives à la consommation des individus et des ménages
où l'on construit une ligne de pauvreté normative au-dessous de
laquelle les individus et les ménages sont considérés
comme pauvres, relèvent d'une approche absolue. Bien entendu, il
convient de distinguer deux cas. Dans l'approche par les besoins de base, la
pauvreté absolue renvoie à un seuil de pauvreté
(exprimé en valeur absolue) et correspond à la
potentialité de combler des besoins minimaux. Ensuite, de la même
manière, en ce qui concerne l'approche absolue par le revenu, un sujet
est qualifié d'absolument pauvre si son revenu est au-dessous d'un seuil
de
20 Par rapport à cette caractéristique
de tendance centrale, de nombreux pays utilisent aussi un seuil de
pauvreté qui correspond à environ 50% de la dépense
médiane nationale.
pauvreté normatif défini à partir des
revenus de la population. Cette approche trouve ainsi sa
légitimité dans un consensus autour d'une norme sociale reconnue
comme illustrative d'un minimum vital. Il s'agit par exemple des seuils
suivants : seuil calorique de 2400 Kcal par jour et par personne, seuil de 1$
par personne et par jour (Banque Mondiale, 1984).
La pauvreté relative s'intéresse aux
différences relatives entre sujets (individus ou ménages) d'une
même communauté. Elle est variable et change de nature à
l'intérieur même de la communauté ou du groupe social
soumis à l'étude. Elle peut donc se retrouver dans n'importe
quelle couche sociale d'un groupe, aussi bien chez les «pauvres» que
chez les «non pauvres». L'on désigne par conséquent
sous le vocable de pauvreté relative des personnes qui sont moins bien
loties que les autres membres de la communauté. En termes de revenu, une
personne est relativement pauvre si elle appartient à un groupe
considéré comme à faible revenu. En revanche, en termes de
besoins de base, la personne sera considérée comme relativement
pauvre si elle fait partie d'un groupe moins accessible à un minimum de
biens et services jugés de base à l'atteinte d'une certaine
qualité de vie.
C'est à l'aide de ces seuils de pauvreté que les
analystes essayent de discriminer les groupes de population en
«pauvres», «non pauvres», .... L'analyse qui en
résulte est souvent qualifiée de profil de pauvreté ;
concept qui est défini à la section suivante.
1.3.2.3 Le concept de profils de pauvreté
Au début des années 80, beaucoup de travaux
africains avec les partenaires internationaux en matière de
développement (notamment les IBW et le PNUD) avaient pris en compte la
définition des stratégies de lutte contre la pauvreté dans
les PVD. Cela, parce que mesurer et analyser le bien-être des populations
de ces PVD se situerait au niveau des cibles cognitives [c'est-à-dire,
des critères relatifs à la connaissance ou à
l'identification de la pauvreté]. Ces mesures et analyses se situent
aussi au niveau des intérêts analytiques [le bon entendement des
déterminants de la pauvreté] et des objectifs stratégiques
[l'élaboration des axes d'intervention ajustés, des prototypes de
surveillance et d'évaluation de la dynamique de la pauvreté]. De
tels travaux devraient offrir le maximum d'informations utiles aux besoins des
DSRP dont les contenus sont appelés profils de pauvreté.
La Banque Mondiale (1993) a donné une définition
au concept de profil de pauvreté ; laquelle a été soutenue
puis améliorée par le PNUD (1999). Selon la Banque Mondiale :
« le profil de pauvreté est un dispositif analytique qui
résume l'information sur les sources de
revenu, les modes de consommation, les activités
économiques et les conditions de vie des pauvres ». Pour le PNUD :
«c'est un outil analytique qui résume la somme des informations
recueillies sur le phénomène et la structure de pauvreté
d'un pays en tentant à la fois de définir la pauvreté du
pays, d'identifier et localiser les pauvres, et de souligner les principales
manifestations de la pauvreté».
L'intérêt d'un profil de pauvreté
réside assurément dans sa définition même. Il
indique les manifestations essentielles de la pauvreté et donne une
facette enrichie sur la façon dont la pauvreté varie d'une
localité à une autre, d'un groupe particulier de population
à l'autre. Dans notre étude empirique, il nous permettra aussi
[compte tenu du fait que l'étude soit focalisée
particulièrement sur les enfants] de formuler des stratégies en
faveur des enfants [via bien sûr leurs parents à qui incombent
leurs décisions!]. L'élaboration d'un profil de pauvreté
en cinq étapes : (i) établir un consensus sur l'approche
conceptuelle ; (ii) choisir un seuil qui sépare les pauvres et les non-
pauvres ; (iii) choisir les indicateurs spécifiques qui capturent le
mieux les dimensions de la pauvreté ; (iv) analyser ces indicateurs ; et
(v) formuler des stratégies adaptées. De larges informations
concernant notre démarche en matière d'élaboration des
profils de pauvreté des ménages et des enfants sont
données dans la partie 2 de ce travail.
1.3.3 Quelques autres identites de la pauvrete 1.3.3.1
Pauvreté objective et pauvreté subjective
La notion de pauvreté objective renvoie à la
capacité de satisfaire les besoins vitaux. Mais, l'on peut
différencier trois principales dimensions de cette approche. La
première dimension sous-tend la pauvreté en termes d'exclusion.
C'est une dimension qui se caractérise au niveau individuel par un
niveau de vie matérielle insatisfaisant ou par une insuffisance de
capital social pour établir des liens sociaux stables ou suffisamment
intenses grâce auxquels l'on pourrait travailler dans des conditions
acceptables et réaliser ses droits en tant que citoyen. La seconde parle
de pauvreté d'existence ou de conditions de vie. Enfin, l'on parle de
vulnérabilité, c'est-à-dire de la situation des personnes
qui n'ont pas la capacité de réaliser les ajustements
nécessaires pour préserver leur bien-être lorsqu'elles sont
exposées à des évènements externes
défavorables.
La notion de la pauvreté subjective quant à
elle, admet que les seuils de pauvreté dérivent des jugements
essentiellement subjectifs de ce que constitue un niveau de vie minimum
acceptable par la population d'une société donnée. La
subjectivité de la pauvreté
réside sur la façon dont les sujets
perçoivent eux-mêmes leur bien-être. Les questions du type
«Selon vous, quel est le niveau du revenu mensuel au-dessous duquel vous
ne pourriez pas joindre les deux bouts ?», sont assez souvent
posées pour appréhender ce type de pauvreté. Cette
pauvreté revêt un intérêt manifeste pour comprendre
la satisfaction des populations par rapport à leur niveau de vie. Mais
à cause justement des réponses subjectives collectées lors
des enquêtes en la matière, la méthode est difficilement
exploitable pour donner un sens normatif à des comparaisons subjectives
dans le temps ou dans des contextes différents.
1.3.3.2 Pauvreté structurelle et pauvreté
transitoire
Le concept de pauvreté structurelle ou
organisationnelle fait référence à une situation dans
laquelle l'amélioration du statut des pauvres ne peut s'envisager
qu'à la suite d'un important saut qualitatif aléatoire, à
court ou à moyen terme. Elle découle directement du mode
d'organisation/structuration de la société qui fait en sorte que
sa forte hiérarchisation induise la pérennisation des strates les
plus dénuées dans la pauvreté. Un exemple serait
le cas des bergers d'une localité qui sont en bas de la pyramide
sociale, investissant énormément dans le cadre de leur fonction
alors qu'ils n'en tirent qu'un moindre profit économique. L'on pourrait
dire que c'est le mode d'organisation de la société qui est ainsi
fait.
A contrario, la notion de pauvreté
conjoncturelle ou transitoire se prête à une situation de
pauvreté induite par un choc ou une conjoncture quelconque. Un exemple
serait le cas de la fin des conflits militaires congolais en 1998 : la fin de
la guerre civile a provoqué un exode rural massif des populations vers
Pointe-Noire qui était censé offrir un cadre de vie
sécurisé. La conséquence inhérente de cette
migration a été un surpeuplement et donc une insuffisance
nutritionnelle dans nombre de ménages
«Ponténégrins» jugés pauvres. Puisque la
situation des résidents de Pointe-Noire peut se modifier sous d'autres
conjonctures, l'on reconnaîtrait ces ménages comme étant en
situation de pauvreté transitoire.
1.3.3.3 Pauvreté, inégalité et
vulnérabilité
Dans la littérature économique relative à
la pauvreté, plusieurs autres concepts autour de la pauvreté sont
utilisés par les analystes. Au rang de ces concepts, les plus
prépondérants utilisés sont l'inégalité, la
vulnérabilité, la pauvreté durable, la pauvreté
revisitée et la sensibilité. L'on s'intéresse
exclusivement à l'inégalité et à la
vulnérabilité.
a) L'inégalité
Une des explications traditionnelles du bien-être
réside dans l'approche de la pauvreté relative (avoir moins que
les autres membres d'une société donnée au regard d'un
aspect spécifique du bien-être). Cependant, il est simple de
remarquer que le niveau général des inégalités
à l'intérieur d'une localité donnée, et plus
généralement de la répartition de la consommation ou
même des besoins de base, est également un angle d'observation
capital du niveau de bien-être de cette localité. L'on pourrait,
à tort, assimiler cela à la pauvreté relative. Il s'agit
plutôt de l'inégalité. La justification n'étant pas
tout à fait avérée, il conviendrait de préciser que
la pauvreté se focalise sur la situation des sujets qui se situent
au-dessous de la distribution des éléments du bien-être,
tandis que les mesures de l'inégalité ne se focalisent pas
nécessairement sur une moyenne connue d'une distribution. Coudouel et al
(2002) expliquent que : «les indicateurs d'inégalité peuvent
être plus difficiles à développer que les indicateurs de
pauvreté, parce qu'ils résument essentiellement un des aspects
d'une variable double. Ces mesures peuvent être calculées
même pour les terres et pour d'autres variables continues ou
cardinales.»21. De ce fait, bien que faisant partie de la quasi
totalité des études cadrant la théorie de la
pauvreté, l'inégalité se perçoit comme une notion
plus large que la notion de pauvreté elle-même.
b) La vulnérabilité
Le phénomène de vulnérabilité,
parfois cité sous le vocable insécurité, est aussi assez
fréquent dans la définition de la pauvreté. Il est de plus
en plus évoqué pour prendre des dispositions particulières
quant à la façon d'appréhender certains aspects
économiques. Par exemple, les enfants et les personnes du
troisième âge sont souvent traités à part
(vulnérables) vu leur âge. Les enfants sont fragiles de par leur
extrême immaturité, inexpérience et sensibilité aux
divers fléaux socio-économiques (maladies infantiles telles
rougeole, varicelle, kwashiorkor), tandis que les «vieillards» le
sont par devers leur extrême maturité, expérience et
sensibilité aux anomalies de vieillesse du genre presbytie22
et rhumatisme. Selon le PNUD, la vulnérabilité correspond
à deux réalités : « vis-à-vis de
l'extérieur, elle représente le manque de moyens de
défense face aux chocs, aux tensions et au risque », alors que
« vis-à-vis de l'intérieur, elle correspond à la
fragilité, c'est-à-dire le manque de possibilités
permettant à l'individu de faire face à une situation de
précarité »23.
21 Coudouel et al, 2002, « Mesure et analyse de
la pauvreté », Chapitre 1, pp.25-33.
22 Anomalie oculaire de vieillesse se manifestant par
une mauvaise distinction des objets rapprochés, par suite d'une
diminution de l'élasticité du cristallin et de son pouvoir
d'accommodation.
23 PNUD, 1997, Rapport Mondial sur le
Développement Humain.
En définitive la vulnérabilité peut
être définie comme la probabilité ou le risque existant
actuellement pour un sujet de se trouver en situation de pauvreté, s'il
ne l'est pas ; ou d'y demeurer et même s'y enfoncer davantage s'il l'est
déjà. Dans cette optique, il est plausible d'assimiler la
vulnérabilité, non seulement à la chance ou au risque
existant actuellement de se trouver en situation de pauvreté mais aussi
au risque de s'y enfoncer plus avant à l'avenir. En conséquence,
l'insécurité pourrait s'interpréter comme un certain
degré de vulnérabilité à un recul du
bien-être. L'événement qui déclenche le recul du
bien-être peut se présenter au niveau microéconomique du
ménage (maladie, décès, etc.), au niveau
mésoéconomique ou d'une communauté (accident
écologique ou émeutes), ou au niveau national, voire
international (catastrophes nationales ou chocs macroéconomiques) ;
En définissant les aspects relatifs à la
conceptualisation du bien-être, l'on s'est contenté de
présenter les aspects jugés les plus pertinents. Bien que ces
aspects soient plus orientés vers la situation des ménages, ils
pourraient s'appliquer au cas des enfants. Par exemple, les concepts de seuil
de seuil de pauvreté, de pauvreté structurale, de profil de
pauvreté et de vulnérabilité seront fréquemment
utilisés aux chapitres 3 et 4. Toutefois, il reste un problème,
celui de savoir comment mesurer l'ampleur de la pauvreté sur l'ensemble
des sujets considérés dans une étude, une fois la
pauvreté identifiée. Là-dessus les économistes ne
se sont pas mis en marge de la réflexion. Ils se sont basés sur
le calcul des indices, lesquels sont utilisés à cette fin par le
politique et les organismes internationaux. La présentation des indices
les plus usités ainsi que de quelques résultats empiriques dans
certaines économies, constituent l'objet du chapitre suivant.
Chapitre 2
INDICES DE PAUVRETÉ ET REVUE DES
TRAVAUX
EMPIRIQUES
Ce chapitre comporte deux sections. La première section
brosse en revue la théorie de la mesure de la pauvreté à
travers les indices les plus rencontrés dans la littérature
[nombre d'entre ces indices se déduisent les uns des autres par de
simples transformations mathématiques et nous n'insisterons pas sur ces
transformations]. Dans la deuxième section, quelques travaux empiriques
dans les autres coins du monde [Afrique du Sud-Afrique au Sud du
Sahara-Allemagne, Bénin, France, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique,
Côte d'Ivoire, États-unis, Sénégal et Tchad] sont
examinés. Au bout de cette deuxième section, un accent
particulier est mis sur la revue de la littérature sur la
pauvreté dans l'économie congolaise, laquelle est
particulièrement choisie pour l'étude empirique au chapitre 3.
.1 L'AGREGATION DE LA PAUVRETE
Le problème de l'élimination de la
pauvreté reste comme souligné dans le chapitre
précédent, sans solution commune. Cela est la conséquence
de la multitude de mesures du bien-être qui ne font pas
l'unanimité parmi les économistes. Les instruments de mesure de
la pauvreté devraient traduire correctement les valeurs et les
préférences. Autrement, les efforts fournis dans le domaine de la
mesure et de l'analyse de ce fléau seraient un gaspillage, portant ainsi
préjudice aux sujets qui en sont affectés.
Fort heureusement, les économistes ne se sont pas
délaissés face à cette difficulté, mais se sont
davantage penchés, sur la mesure de la pauvreté. La tâche
est certes fastidieuse mais l'expérience en vaut la peine. Et c'est
d'autant plus complexe dans la mesure où les économistes
approchent le problème en essayant généralement
d'agréger la pauvreté en attribuant une mesure cardinale à
un phénomène qui par sa nature à « visages »
multiformes, ne peut évidemment point se réduire à un
nombre. L'agrégation de la pauvreté succède à
son identification tout en précédant l'analyse et la formulation
des politiques inhérentes à sa réduction. L'objectif
visé renvoie aux questions du genre « quelle est l'ampleur de la
pauvreté dans le pays ? » et « comment cette pauvreté
est-elle vécue dans tel ou tel autre groupe de populations ? ».
D'où l'usage des indices ou ratios de pauvreté, pour
solutionner la difficulté qui réside dans
l'attribution d'un ordre en termes d'importance donnée à la
situation des personnes les plus démunies.
Par indice de pauvreté, il faut entendre une fonction
dont les variables sont des indicateurs de bien-être de l'ensemble des
pauvres et de la ligne (le seuil) de pauvreté. Par convention, un indice
de pauvreté devrait prendre ses valeurs dans l'intervalle [0 ; 1], et
plus il est petit, meilleure est la situation au vu du bien-être. La
valeur 0 de l'indice traduit une inexistence de la pauvreté24
alors que la valeur 1 est l'état d'extrême
précarité, en termes de bien-être.
La notion d'indice ayant ainsi été
définie, il conviendrait de noter qu'il existe une multitude de familles
d'indices relatifs à la pauvreté et donc à la
vulnérabilité et à l'inégalité. Il ne sera
présenté dans cette section, essentiellement, que les indices
appartenant à la famille (F) définie ci-dessous. A cette fin,
nous adoptons les notations suivantes qui seront utilisées dans la
description des indices :
~ z : valeur du seuil de pauvreté [ou ligne de
pauvreté]
~ n : nombre total de sujets [pauvres et non pauvres]
~ q : nombre de sujets pauvres [et évidement, n - q :
nombre de sujets non pauvres]
q> xi : mesure du bien-être du i ième sujet
pauvre. L'on fera l'hypothèse que les pauvres sont ordonnés par
ordre décroissant de leur bien-être [ x1 =
x2 = ... = xq -1 = xq ]
~ gi = z - xi : déficit ou écart de bien-être
au seuil de pauvreté du sujet i
tt> A(x, z) et mi(x, z): une fonction (de x et z) et une
pondération sur gi, respectivement.
Il convient aussi de faire remarquer que le concept «
sujet » garde le même sens que celui donné en introduction
générale, c'est-à-dire une personne (un individu), un
ménage, une famille, un foyer, un pays, etc. Par ailleurs, sous l'angle
monétaire particulièrement, x sera assimilé à la
distribution soit des revenus soit des consommations des sujets à
traiter. Les lignes qui suivent décrivent l'origine et la chronologie de
l'élaboration des indices d'agrégation de la pauvreté chez
les analystes économistes les plus connus25.
La famille (F) des indices que nous allons présenter a la
stature des fonctions du type :
q ( x)
F = IF n ( x , z)
? [0,1] / F n ( x , z ) = z ) g
i m i( x , z ), avec q
=n
i = 1
24 À notre avis, une inexistence de
pauvreté ne saurait rester sans équivoque ; il est toujours
possible (même pour les individus appartenant aux régions les plus
riches) de compter certains sujets au-dessous d'un seuil défini de
pauvreté.
25 Les sources utilisées sont essentiellement
STATECO n° 90-91, Août-Décembre 1998/ Soliz et Alejandro
(1999)/Miceli (1997).
.1.1 Les Indices G-H-I
Les indices G, H et I ont été crées avant
que l'agrégation de la pauvreté ne soit axiomatisée par
les économistes. Ils ont de ce fait de nombreuses limites à
partir desquelles d'autres indices ont été formulés
à mesure que la science économique évoluait.
2.1.1.1 Indice G : inégalité
L'indice de Gini, noté G, est le seul des trois (G, H et
I), qui soit une mesure de
l'inégalité. Il se déduit de la famille (F)
en posant A ( x , z ) = 1 2 n ,
gi = 1 et
2
m i ( x , z)
|
1
|
|
x x
-
i j
|
, avec x , xi et
xj désignant respectivement le niveau moyen de la
|
|
|
x
|
j
|
mesure du bien-être dans l'ensemble de la population, la
part de bien-être de l'individu i et la
1
part de bien-être de l'individu j. Ainsi : 2
G =
2 xn
|
i j
|
x i - xj
|
Notons cependant que
|
l'indice G a plusieurs autres formulations mathématiques,
surtout en statistique descriptive.
v
En prenant par exemple A ( x , z ) = 1
x , gi = 1 et mi x z v x r
-
( , ) cov[ ,(1 ) ]
1
= - - , l'on obtient,
- 1
d'après (F) l'expression de l'indice de Gini élargi
: arg { cov[ ,(1 ) ]}/
v
G él i = - v x r
- x . Dans
cette deuxième expression, r désigne le rang
occupé par un sujet donné dans la distribution des xi alors que
í est un coefficient qui consolide cette même
distribution. L'on standardise ce dernier indice élargi en faisant
í =2, ce qui formalise alors G sous sa forme classique :
2 cov( x , r)
G = Gs tan dard = x
Cet indice mesure la concentration de la pauvreté ou en
d'autres termes sa dispersion relative. Par exemple, une région
où G est plus élevé est celle pour laquelle
l'inégalité est plus accentuée (c'est-à-dire plus
concentrée). Malheureusement, il est souvent détecté un
point nodal de cette mesure. En effet, G n'est pas additif pour tous les
groupes, à telle enseigne que le coefficient de Gini d'une
société n'est pas la somme des coefficients Gini de ses
sous-groupes.
2.1.1.2 Indice H : incidence de la pauvreté
En faisant par exemple A ( x ,z ) =
1 n et en choisissant gi et mi(x, z) tels que
g i mi ( x , z
) = 1 dans la famille (F), l'on obtient un indice simple
Fn ( x , z ) = q /n =
H, le plus simple au point de l'interpréter comme
étant la proportion de pauvres dans la population
totale. Il est souvent abrégé H d'après son
nom anglais «headcount index» désignant en
français l'expression «incidence ou ratio de
pauvreté»:
H = q / n
L'indice H est parfois interprété comme
indicateur de l'étendue ou incidence de la pauvreté (par exemple,
le pourcentage des enfants de 14 ans ayant bénéficié de
moins de cinq ans d'éducation). L'inconvénient majeur de H est
qu'il considère que tous les sujets sont dans la même situation
dès lors qu'ils ont une valeur de bien-être inférieure au
seuil de pauvreté, attribuant ainsi la même importance aussi bien
à une personne à un niveau de bien-être juste
inférieur au seuil qu'à une personne de niveau de bien-être
quasiment nul. Une dernière faiblesse de H réside dans le fait
qu'il ne dépend pas de x, mais seulement de q, c'est-à-dire du
nombre de pauvres. Ainsi même si le niveau de bien-être d'un sujet
croit, H reste invariant, contrairement à ce que à quoi l'on
s'attendrait d'un bon indice de pauvreté26 qui doit
dépendre de la valeur du seuil de pauvreté.
2.1.1.3 Indice I : intensité de la
pauvreté
En faisant par exemple A ( x , z ) =
1 q et mi ( x , z ) = 1/
z dans la famille (F), l'on
obtient un autre indice simple F n ( x ,
z)
q
= . Il est souvent abrégé I dérivé
I
= (1/ q )[ Eg i(1/ z)]
i
=
1
de l'initial de son appellation anglais «income gap
ratio» ou «poverty gap ratio» (c'est le niveau du
bien-être nécessaire pour sortir la population ciblée de la
pauvreté):
1 q
I = E ( g i / z)
q i=1
L'indice I mesure la profondeur ou le déficit moyen de
la valeur du bien-être exprimée en pourcentage du seuil de
pauvreté, ce qui est intéressant car, contrairement à H,
l'indice I s'élève avec la diminution de la valeur
attribuée à la mesure du bien-être. Cependant, il a
l'inconvénient d'être insensible au nombre de personnes qui vivent
en situation de pauvreté. En effet, il est possible d'obtenir d'un
même I deux fois plus de pauvres dans le pays ciblé, situation
indésirable dans les politiques d'éradication du fléau.
Les faiblesses enregistrées des indices H et I ont
été à même de booster les analystes de la
pauvreté vers des formulations plus rigoureuses que nous
présentons plus bas.
26 Si un gouvernement se basait exclusivement sur cet
indice pour la lutte contre la pauvreté, les efforts ne seraient pas
concentrés sur les personnes les plus démunies.
n 1. 2 Les agregations axiomatiques SShT (Sen, Shorrocks
et Thon)
Il sera présenté dans cette partie des indices
assez améliorés, dérivant toujours de la famille (F). Avec
pour chef de fil Sen, les constructeurs des trois indices qui vont être
mis en exergue mettent l'accent sur l'établissement d'un certain nombre
d'axiomes que devrait satisfaire un « bon » indice ; cela, dans le
but de corriger quelques faiblesses de mesures traditionnelles
susmentionnées. Certains axiomes (exception faite pour les indices G, H
et I) sont donnés à titre indicatif dans l'encadré 1
ci-après.
|
|
|
|
Encadré 1 : Quelques
axiomes des indices de mesure de la pauvreté
n axm1. Axiome Monotonie : T.C.É.P.A.
[Toutes choses égales par ailleurs], une réduction du revenu d'un
sujet qui se trouve au-dessous de la ligne de pauvreté doit
accroître la mesure de pauvreté (Sen).
n axm2. Axiome Transfert : T.C.É.P.A.,
un transfert de revenu entre une personne qui se trouve en dessous de la ligne
de pauvreté et une personne qui est plus riche doit accroître la
mesure de pauvreté (Sen).
n axm3. Axiome focus : La mesure de
pauvreté reste inchangée si le revenu d'un sujet qui se trouve
au-dessus de ligne de pauvreté augmente (Sen).
n axm4. Axiome faible transfert : Un transfert
régressif où le bénéficiaire continue à
être pauvre doit augmenter la valeur de l'indice de pauvreté
(Thon).
n axm5. Axiome fort transfert : Un transfert
régressif doit augmenter la valeur de l'indice de pauvreté dans
tous les cas (Thon).
n axm6. Axiome sensibilité aux
transferts : T.C.É.P.A., un transfert régressif d'un
montant x du i-ème vers le j-ème pauvre provoquera une plus
grande augmentation de la mesure de pauvreté qu'un transfert
régressif du même
|
n
|
|
montant du k-ème vers le l-ème pauvre si.
xj --- xi = xl
--- xk > 0 et xk >
xi (Sen et Kakwani).
n axm7. Axiome cohésion aux
sous-groupes : soit une population composée de m groupes
d'individus. La pauvreté agrégée de l'ensemble de la
population augmente lorsque la pauvreté d'au moins un groupe augmente,
celle des autres groupes restant constante. (Foster, Greer et Thorbecke)
n axm8. Axiome dissociation : Soit une
population composée de m groupes, chaque groupe contenant
nj individus ( j = 1, 2,..., m et
n1 + n 2 + ... + n m =
n ) . Si on note P la mesure de pauvreté agrégée
calculée sur l'ensemble
m
de la population et pj celle qui est
calculée sur le jème groupe alors : p =
En j p j/n (Foster, Greer et
j 1
Thorbecke).
n axm9. Axiome symétrie
: Une permutation des allocations initiales entre deux sujets laisse constante
la mesure de la pauvreté.
|
n
|
|
Source : STATECO n°90-91,
Aout-Décembre 1998 ; Soliz et Alejandro, 1999.
Les axiomes ci-dessus cités expliquent les fondements
éthiques et moraux qu'il conviendrait d'avoir à l'égard
des démunies, de sorte qu'un indice de pauvreté se construise en
reflétant assez bien ces axiomes.
2.1.2.1 Sen et la mesure axiomatique de la
pauvreté
L'histoire de l'économie confère à Sen
(1976) l'office de pionnier dans l'agrégation
de la pauvreté, en raison de l'approche qu'il aborde
pour la quantifier. Les travaux de Sen ont eu un écho favorable aux IBW
qui depuis une décennie élaborent des indicateurs de
pauvreté humaine (IDH, IPH,...), publiés pour nombre de pays
riches et PVD. Son approche a été largement utilisée par
de nombreux autres économistes pour créer d'autres mesures. En
agençant quelques axiomes additionnels, Sen a pu déterminer la
configuration authentique de son indice.
2 q
L'indice de Sen s'écrit : S = E g
i( q + 1 - i)
( q + 1)nz i=1
|
. Cet indice peut en outre être
|
|
exprimé en fonction des trois indices G, H et I
présentés précédemment. Sen montre que pour des
valeurs grandes de q, S peut se mettre sous la forme: S = H [
I + (1 - I ) G] L'examen de
cette expression illustre que l'indice de Sen tient compte
à la fois de l'incidence de la pauvreté (H), de la profondeur de
la pauvreté (I) ainsi que des inégalités qui existent
parmi les pauvres (G). D'où l'authenticité et la
spécificité de cet indice ; puisqu'il permet finalement
d'identifier les origines d'une modification du bien-être affilié
via les composantes de la mesure de Sen.
Cependant, l'indice S n'échappe pas à certaines
faiblesses telle l'incohérence par sous-groupe. Des critiques et
avantages de S ainsi que d'autres indices27, peuvent être
consultés dans Zheng (1997).
2.1.2.2 Indice Sh de Shorrocks
Il est donné par la formule : Sh = 2
q
1 E g i[1 + 2( n -
i)]
n z i=
1
Cet indice a l'avantage de vérifier certaines
propriétés intéressantes à savoir la monotonie, le
transfert et la continuité. Mais, contrairement à S qui est
décomposable en G, H et I, l'indice Sh ne l'est pas.
2.1.2.3 Indice T de Thon
Thon (1979) remarque que l'indice de Sen ne satisfait pas
l'axiome de transitivité
dans tous les cas. Ce défaut vient du fait que les
poids attribués aux écarts gi sont des fonctions de q :
lorsqu'un sujet rencontre le seuil de pauvreté (z), le poids de tous les
autres sujets baisse, faisant dès lors décroître S. Thon
essaye alors de modifier le système de
27 Qui ne sont pas présentés dans le
présent travail.
pondération, de manière à le rendre
indépendant du nombre de pauvres q. Il propose un indice très
proche de celui de Sen, à la seule différence que la
pondération q+1-i devient n+1-
2 q
i. L'indice de Thon est formulé ainsi qu'il suit :
T = g i ( n + 1 - i)
( q + 1)nz i=1
Précisons que pour n et q suffisamment grands, l'indice
de Thon est décomposable, en indice de Sen, indices H et I
présentés plus haut. L'indice se décompose donc comme suit
:
T = H [ S + 2(1 - H )
I]
.1.3 Les indices K et CHU (Kakwani et
Clark-Hemming-Ulph)
2.1.3.1 Indice de Kakwani
Les travaux de Kakwani (1980) constituent un prolongement des
travaux de Sen,
comme il en est de même d'ailleurs pour tous les autres
auteurs cités après lui. Kakwani développe l'indice de
Sen, en y incorporant un nouvel axiome dit axiome de sensibilité aux
transferts. Il pense solutionner la difficulté en changeant les
pondérations. Malheureusement son indice fut 17 ans après
critiqué par Zheng en détectant que l'indice K de Kakwani ne
satisfaisait pas totalement l'axiome de sensibilité qu'il était
sensé corriger . C'est pour cette raison qu'il n'a pas été
largement utilisé par la suite.
L'indice K est défini par la relation :
K = g
nz q i=
q
k i q 1
( q + 1 - i) k
, relation dans
i
=
1
laquelle k est un paramètre supérieur ou
égal à 1 (k=1 établissant l'égalité K= S) et
la sensibilité étant vérifiée au-delà de
k=1.
Notons que la faiblesse constatée sur K n'exclut pas
le fait que l'axiome suggéré fut accepté et utilisé
par nombre des chercheurs parmi lesquels on peut citer Clark, Hemming et Ulph,
entre 1981 et 1996.
2.1.3.2 Indice de Clark-Hemming-Ulph
C'est en 1981 que les auteurs Clark, Hemming et Ulph affinent
les travaux de Kakwani, en proposant un indice qui satisfait exhaustivement
l'axiome de sensibilité aux transferts en même temps que les
axiomes préétablis par Sen. Soulignons que l'indice de ces
derniers se démarque considérablement de celui de Sen. Il est
souvent qualifié d'indice «éthique » parce que
construit à partir d'une fonction de bien-être social des sujets.
C'est un véritable prélude aux indices classiques que nous allons
présenter plus bas, lesquels bouclent la série d'indices
appartenant à la famille (F).
q
nz [ qEgiâ]
q1 i = 1
L'expression suggérée par ces trois auteurs est
:
CHU =
1
â
Dans cette expression â [ â = 1 ]
est un paramètre qui, de par ses valeurs croissantes,
élève le poids (ou l'importance) accordé aux sujets les
plus démunis, d'où sa sensibilité.
Les indices de pauvreté déjà
présentés, utilisés dans nombre d'études ont
suscité un intérêt majeur : l'agrégation du
bien-être de groupes de populations hétérogènes. En
d'autres termes, la question qui a persisté est celle de savoir
quelles sont les contributions des niveaux de pauvreté des divers
groupes de population à la pauvreté de tout un pays ?
Autrement dit, comment comparer la pauvreté d'un pays au regard des
spécificités du genre : groupes ethniques
hétérogènes, groupes d'âges, genre, profession
exercée, département d'origine, niveau d'instruction,
degré d'accessibilité aux services de santé, etc. C'est ce
problème d'intérêt gouvernemental, notamment dans la
définition des stratégies sectorielles de lutte contre la
pauvreté, que résolvent les indicateurs FGT ; indicateurs
largement utilisés aujourd'hui, dans l'élaboration des profils de
pauvreté à travers les DSRP.
2.1.4 Les indices classiques de FGT (Foster, Greer et
Thorbecke)
Foster, Greer et Thorbecke (1984) ont proposé un
indice qui est une agrégation corrigée de l'indice CHU tenant
compte de toutes les remarques étalées plus haut. De Foster, les
amendements ont été progressivement apportés par Greer
jusqu'à la version définitive de Thorbecke. L'indice
proposé par ces auteurs est aussi du type dérivé de (F) et
s'écrit formellement :
FGT á =
|
1 ( )
q z x
- i á
= pá
n i=1 z
|
, avec á = 0 (FGT)
|
|
Dans cette formule,á est un paramètre
appelé degré d'aversion pour la pauvreté ; il est une
mesure de l'importance donnée aux individus les plus pauvres. Notons que
l'indice FGT satisfait l'axiome de transfert dès que á =
1et l'axiome de sensibilité aux transferts dès que á
= 2 . En plus, il est aisé de voir que les indices H et I
présentés au début de cette partie et qui sont les indices
de pauvreté les plus connus sont des cas particuliers de l'indice FGT.
En plus il est fort intéressant de constater que FGT est
décomposable et cela pour tout á.
Vu tous ces avantages qui sont assignés à cet
indice, l'on basera le cadre travail empirique de la présente
étude dans cette famille.
Nos paramètres d'intérêt sont
á ? { 0, 1, 2} 28.
1 q
= E (1 - z / x i) =
I
n i=1
|
qui est le income gap ratio (intensité
|
|
tt> Pour á = 0 : FGT0
= p 0 = q / n = H qui est le Headcount
ratio (incidence de la pauvreté) ;
tt> Pour á = 1 : 1
FGT = P1
ou profondeur de la pauvreté) ;
1 q
tt> Enfin, pour á = 2 :
FGT2 = P2 = E(1 - z / xi
)2 exprime la sévérité de la pauvreté
n i=1
ou indice d'inégalité parmi les sujets pauvres.
Nous noterons « 3 I » pour parler de ces trois
indices (incidence, intensité, inégalité).
2.1.5 Les indices de developpement humain : IDH, IDSH, IPH
et ISPH
Il sera présenté dans cette sous-section des
indicateurs dits composites, résultant des travaux de Sen, selon
l'approche dite non monétaire et multidimensionnelle mentionnées
au chapitre 1. Ces indicateurs, élaborés par les IBW, sont
nés du contenu du développement, concept qui n'a jamais fait,
à la même hauteur que la pauvreté, l'unanimité dans
l'économie de développement. Indiquons que la gestion des
ressources rares (économie) date des temps immémoriaux, alors que
l'acte de naissance de l'économie de développement a
été signé en 1943, par Paul Rosenstein-Rodan, dans un
célèbre article de l'Economic journal portant sur les
problèmes de l'industrialisation de l'Europe de l'Est et du
Sud-Est29. Le concept est aussi complexe que la pauvreté.
Pour saisir le concept de l'économie de développement, les
économistes passent par le truchement de quatre paradigmes tels la
dépendance extérieure, le faible degré
d'intégration de l'appareil productif, le rôle capital du secteur
public et la diversité croissante des situations sociales. D'autres
notions aidant à comprendre ce concept sont : l'économie
politique et la politique économique. Ce sont, dans leurs acceptations
les plus larges, la science des hommes affrontant les problèmes de la
rareté et de l'organisation rationnelle de la société et
l'art de l'État dans le domaine économique30. Sans
nuire à la généralité, retenons que le
développement est à nuancer de la croissance. La croissance
28 « ...il est souvent conseillé de
calculer ces trois indicateurs en raison de la complémentarité
des informations qu'ils apportent » enseigne l'analyste, MBONG MBONG
(2001), dans «Impact de la pauvreté urbaine sur la dynamique des
villes : enjeux pour les municipalités africaines et l'engagement des
municipalités africaines dans l'élaboration de politiques,
programmes ou projets visant la réduction de la pauvreté»,
p.13
29 Cf. KAMGA T-I, 2007/2008, « Économie
de développement », Support de cours pour IAS 4, septembre 2007,
ISSEA, p.8
30 Nos notes de cours de politique
Économique.
désigne généralement un accroissement de
la production alors que le développement est un
phénomène, une expression quantitative et réelle attendue
d'une croissance soutenue. Il s'agit des progrès
enregistrés dans les communications et les transferts, lesquels
réduisent le coût relatif de ces services et permettent de
localiser la production dans tout endroit assurant le coût de
réalisation le moins élevé. On parle aussi d'un
développement local qui est une stratégie de
diversification et d'enrichissement des activités sur un territoire
donné à partir de la mobilisation de ses ressources et de ses
énergies. Cette politique passe par des projets, des stratégies
de formation et de financement31. Cela étant, le
sous-développement sous-entend la non réalisation des objectifs
fondamentaux. Plusieurs courants de pensées s'affrontent, que ce soit
pour pourfendre le terme «développement», accusé
d'être fer de lance d'une forme de colonialisme économique, ou au
contraire pour défendre telle ou telle définition. À
l'heure actuelle, les deux principaux courants opposés sur les
théories du sous-développement sont:
q> le courant libéral tolérant, qui
considère le sous-développement comme un simple
retard du développement ;
q> le courant radical protestataire, qui considère
le sous-développement comme produit de la révolution
industrielle, c'est-à-dire comme un produit du développement des
pays capitalisés et avancés.
Pourquoi doit-on chercher à évaluer le
développement si sa définition n'est pas établie ? Cela
n'est-il pas incongru ? La réponse est simple. Autant la pauvreté
se résume au bien-être, autant le développement s'assimile
à la création annuelle de la richesse monétaire,
calculée souvent en termes de PIB réel par habitant. C'est en
référence à cette dernière considération que
sont nés les indicateurs ci-après représentés sur
la figure 2. Notons que ces indicateurs ont été proposés
par un groupe d'experts du PNUD (à la fin des années 80), en
commençant par l'IDH, puis d'autres indicateurs améliorés,
et ce dans la visée d'une comparaison internationale du niveau de
développement à une date donnée.
31 Cf. DEFFO Thomas, «111 mots clés de la
politique économique », notes de cours pour IAS 4, ISSEA, P.536.
Figure 2 : Quelques indices de développement
humain : sens, origine, dimensions impliquées et motif
d'agrégation
Signification
Raisons d'agrégation
Dimensions impliquées
Origine
Indice
BM et PNUD, 1990
. Santé . Longévité .
Longévité
. Connaissances . Instruction . Instruction
. Égalité sociale . Conditions . Conditions
(Multiples)
. Niveau de vie entre les 2 sexes de vie de vie
. Exclusion
sociale
. Santé
. Connaissances
Indice de Développement Humain
Agrégation première du
niveau de développement
IDH
Indicateur sexospécifique du développement Humain
PNUD, 2001 PNUD, 1997
OMD n° 3 et limites de l'IDH
ISDH
Indicateur de Pauvreté Humaine pour les PVD
Limites de l'IDH
IPH-1
PNUD, 1997
Limites de l'IDH
Indicateur de Pauvreté Humaine pour les
pays
avancés
IPH-2
Jean Paul Minvielle* et Xavier Bry**, 2003
Critique de l'IPH à partir du cas du
Sénégal
Indice synthétique de
Pauvreté Humaine
ISPH
* : Économiste du C3ED (Centre d'Écologie et
d'Éthique pour l'Environnement et le Développement). ** :
Statisticien
Source : l'auteur, sur la base de la
revue de la littérature
n L'IDH indique dans quelle mesure les habitants d'une
région indexée mènent une vie longue (saine), ont
accès à l'éducation (instruction) et jouissent d'un niveau
de vie décent ;
n L'ISDH par contre porte le même jugement mais
intègre les inégalités sociologiques entre les femmes et
les hommes ;
n L'IPH intègre les mêmes dimensions que l'IDH
mais les considère en termes d'élargissement de la
capacité de choix des individus (développement humain au sens du
PNUD, 2005) ; capacité déterminée notamment par
l'accès à un certain niveau de vie, une bonne éducation et
une bonne santé. Ce dernier indicateur est calculé
différemment : IPH1 pour les PVD et l'IPH2 pour les pays de l'OCDE (sauf
la Hongrie, le Mexique, la Pologne, la République de Corée, la
République Tchèque et la Turquie).
Dans le tableau 2 suivant, sont inscrites les formules de calcul
de ces indices.
Tableau 2 : Expressions formelles des indicateurs de
développement humain présentés
Indice de développement
|
Dimension
|
Indicateur de mesure
|
Formule
|
IDH
|
Santé/longévité
|
Espérance de vie à la naissance (p1)
|
IDH = p 1 + p 2
+ p3
|
Connaissance
|
% d'alphabétisation des adultes et TBS (p2)
|
3
|
Niveau de
vie/Conditions de vie
|
PIB réel*/habitant (p3)
|
ISDH
|
Santé/longévité
|
Espérance de vie à la naissance (p1)
|
+ +
p p p
1 2 3
ISDH =
|
Connaissance
|
% d'alphabétisation des adultes et TBS
(p2)
|
|
|
% du revenu du travail Des femmes et du travail des
Hommes dans le PIB
(p3)
|
(p2)
|
IPH 1
|
Santé/longévité
|
% de personnes risquant
de décéder avant l'âge de
40 ans (P1)
|
1
3 3
P + P P 3 3
+
1 2 3
I P H 1 =
|
3
(
avec p3 = ( p3.1 +
p3.2 + p3.3) / 3
P31 : % d'individus privés d'accès à l'eau
potable ;
P32 : % des personnes n'ayant pas accès aux services de
santé ;
P33 : %des enfants de moins de 5 ans souffrant d'insuffisance
pondérale modérée ou aiguë
|
Connaissance/Instruction
|
% des adultes analphabètes (P2)
|
Niveau de
vie/Conditions de vie
|
% de personnes
privées de
conditions de vie
décentes (P3)
|
IPH 2
|
Santé/longévité
|
% d'individus risquant de décéder avant
l'âge de 60 ans (P1)
|
1
3 3 3
IPH 2 p 1 + p
2 p 3 + p4
--
|
Connaissance
|
% des adultes illettrés (P2)
|
Niveau de
vie/Conditions de vie
|
% d'individus vivant en deçà du
seuil de pauvreté (P3)
|
4 )3
|
Exclusion sociale
|
% des individus actifs en situation
de chômage de longue durée (p4)
|
ISPH
|
Multiples
|
Pm ; m allant de 1 à M
|
M 1
1 p
ISPH = [ ( m ) a
r ; a ? IR
M = R
m 1 m
|
Pm, Rm et a désignent respectivement
le niveau de référence du degré de la pauvreté, les
composants ou sousindicateurs de la pauvret et le degré d'aversion de la
pauvreté.
Source : l'auteur, sur la base de la
revue de la littérature32
La présentation de ces quelques indices étant
achevée, il appartient aux prochaines sections de présenter leurs
applications dans certaines économies.
32 La littérature reproche quelques limites
aux indicateurs de développement humain. Nous en avons relevé
certaines qui sont ventilées en encadré B.1 de l'annexe B. Pour
une exhaustivité à l'égard des critiques à ces
indices, voir : PNUD, « notes techniques », Rapport sur le
développement humain, 2004, p.8 ;
www.wikipedia.org ; PNUD, Rapport
sur le développement humain, 1997, 2000, 2001,2004
2. 2 ETUDES EMPIRIQUES DANS LA LITTERATURE
Dans la présente section il sera passé en revue
quelques travaux empiriques de mesure de la pauvreté. Cela permettra de
comparer les divers choix opérés par les chercheurs dans le cadre
de diagnostic de la pauvreté, ceci malgré le fait que la
littérature sur la pauvreté des enfants, selon une approche
directe et multivariée est quasi-inexistante en Afrique.
2.2.1 Les travaux sur la pauvreté dans les
régions autre que le Congo
1) En Afrique du Sud, une étude menée par
Cassiem et al, en 2000, détermine l'incidence de la pauvreté des
enfants, non seulement à partir des caractéristiques des
ménages mais aussi avec des variables tirées des droits des
enfants (violences et crimes). L'auteur trouve que ces variables contribuent
significativement à plus de 5 % à l'incidence de la
pauvreté nationale. L'étude la plus proche de la présente
recherche axée sur les enfants a été menée par
Gordon et al. (2003). Sur la base des dimensions comme une nutrition
adéquate, l'eau potable, les installations d'assainissement, la
santé, le logement, l'instruction et l'information, toutes issues des
EDS, elle révèle que (i) en Allemagne, la pauvreté
infantile est de 10 % en 1990 ; incidence au- dessus de la moyenne de celle des
autres pays industrialisés, de l'ordre de 7 % ; (ii) en Afrique au Sud
du Sahara l'incidence de la pauvreté infantile est de 62 % contre une
sévérité de 82 % des enfants privés d'au moins un
besoin de base.
2) En 2000, une étude menée par Lachaud au
Burkina Faso, dénonce une incidence de l'insuffisance pondérale
et de l'absence d'immunisation, plus forte dans les ménages qui occupent
des logements précaires. En 2003, le même auteur montre que dans
ce pays, un retard de croissance est négativement corrélé
au niveau de vie des ménages.
3) Au Cameroun, une recherche menée par la Direction
de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (DSCN) en
décembre 2002 donne quelques tendances sur l'état de la
pauvreté. Pour la province de l'Extrême Nord (province qui
représente 17,7% de la population totale du Cameroun) et au regard du
seuil de pauvreté évalué à 232 547 FCFA par an et
par équivalent adulte, il ressort une incidence de la pauvreté
des ménages égale à 56,3% ; laquelle s'écarte de 16
points par rapport au niveau national qui est de 40,2%. Elle
révèle aussi que (i) le gap moyen séparant les pauvres du
seuil de pauvreté correspond à une somme de 78 000 FCFA par an et
par personne ; (ii) selon le sexe, l'incidence de la pauvreté est
légèrement plus haute chez les ménages conduits par les
femmes ; (iii) l'incidence de la pauvreté croît avec l'âge
du chef de ménage et elle varie en sens inverse du niveau
d'instruction. Un résultat aussi particulier de cette
étude est l'aspect subjectif des déterminants de la
pauvreté : les déterminants du bien-être des populations
sont, par ordre d'importance : l'absence de l'emploi, la baisse ou
l'insuffisance des revenus, l'absence de la terre, le faible niveau
d'instruction et la corruption ou mauvaise gestion des ressources publiques. De
même, l'analyse du cadre de vie montre que (i) à peine 1% des
ménages utilisent des toilettes modernes avec chasse-eau alors qu'on en
trouve dans 3 à 4 logements dans les grandes villes ; (ii) l'habitat est
majoritairement de type traditionnel caractérisé par
l'utilisation de matériaux provisoires aussi bien pour les murs, le toit
que le sol ; les murs sont généralement en terre et en paille,
les toits en paille ou en chaume, et les sols en terre non revêtue.
Coté enfant (i) un élève de la province de l'Extrême
Nord doit parcourir à pied un trajet trois fois plus long (1 à 10
Km) que son camarade de Yaoundé ou de Douala pour se rendre à
l'école. De plus la couverture vaccinale des enfants vis-à-vis
des maladies cibles du Programme Élargi de Vaccination (PEV)
révèle que seulement un tiers des enfants âgés de 12
à 23 mois ont joui de tout l'éventail des vaccins
préconisés, soit un taux d'immunisation complète
inférieur à la moyenne nationale qui est de 55,3%.
4) En République Centrafricaine, l'ECAM 1995/1996
indique que 49 % des Centrafricains vivent en-dessous du seuil de
pauvreté monétaire national, 57 % en zone rurale et 36 % en zone
urbaine. Cette même année, 73 % des ménages ruraux vivaient
au-dessous du seuil de pauvreté calculé pour la zone
rurale33. En 2003, la RCA est classée au
18ème rang des 192 pays du monde ayant la performance la plus
modeste en termes de bien-être des enfants [UNICEF (2005)], avec 39 % des
enfants de moins de 5 ans souffrant d'un retard de croissance et 56 % des
enfants âgés de 5-14 ans engagés au travail. Le niveau
d'instruction du chef de ménage a un effet important sur la
pauvreté et les enfants dont les parents sont
décédés sont moins scolarisés [UNICEF (2004)]. En
2005, une étude de la pauvreté non monétaire
multidimensionnelle révèle que la pauvreté d'existence
(vulnérabilité humaine) affecte plus de 50 % des Centrafricains.
Celle-ci a un caractère rural et les ménages les plus pauvres
sont ceux dont le chef est une femme et notamment en rupture d'union. Il y a
toutefois lieu de relever que les conflits armés à
répétition dans ce pays ont certainement contribué
à la détérioration du bien-être des populations, en
général, et les plus vulnérables en particulier.
5) En Côte d'Ivoire, un rapport basé sur les
données de l'Enquête sur le "Niveau de Vie des Ménages de
2002 (ENVM 2002)", réalisée par l'Institut National de la
Statistique (INS)
33 PNUD (2004), cité par Matchinidé et
al, 2006.
se focalise surtout sur la pauvreté en termes des
conditions d'existence. A chaque ménage propriétaire du logement
occupé ou logé à titre gracieux, a été
affecté un montant de loyer déterminé à partir de
la méthode de régression multiple avec comme explicatives le type
de logement, le statut d'occupation, le principal matériau du mur, le
principal matériau du toit, le mode d'approvisionnement en eau, la
principale source d'éclairage, la principale source de combustible, le
type de toilette, le type de meuble possédé, etc. Entre autres
résultats il est cité la ville d'Abidjan qui enregistre le plus
faible ratio de pauvreté (14,9%) et contribue pour 7,3% à la
pauvreté nationale. La structure par âge de la population pauvre
donne 48,4% de jeunes de 0 à 14 ans, 46,2% de personnes de 15 à
59 ans et 5,4% de personnes âgées de 60 ans et plus, soit un taux
de dépendance de 53,8% chez les pauvres (INS, Profil de pauvreté
en Côte d'Ivoire, 2002).
6) Une étude, réalisée aux
États-unis, par Zheng et alii (1995), est particulière, puisque
les auteurs analysent les changements dans la pauvreté
agrégée aux Etats-Unis entre 1975 et 1990 à l'aide de
plusieurs indices de pauvreté. Basée sur les enquêtes
réalisées annuellement par le gouvernement américain
concernant la consommation des ménages, six lignes de pauvreté
ont été considérées : 50 %, 75 %, 100 %, 125 %, 150
% et 175 %. Pour l'année 1975 la ligne de pauvreté officielle
était de 2618 USD/an, laquelle est ajustée annuellement à
cause de l'inflation tandis qu'elle était de 6120 USD/an en 1990. Pour
chaque année et pour chaque ligne de pauvreté les indices H, I et
FGT (à a = 2 et a =3) et deux indices CHU (à 9
= 0.25 et 9 = 0.55) furent calculés. Et somme toute, le pourcentage de
pauvres était plus élevé en 1975 pour certaines lignes de
pauvreté et en 1990 pour d'autres. Pour des résultats
complémentaires voir Zheng, Cushing et Chow (1995).
7) En France, Rizk34 (2003) dans « les
enfants pauvres : quartier et qualité du cadre de vie »,
montre que qu'en plus du niveau de vie du ménage, l'éducation de
la mère et l'existence des infrastructures de soins de santé sont
des facteurs qui contribuent à la prévention des problèmes
de malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans.
8) Au Sénégal, l'analyse monétaire est
contestée. Par contre, une analyse multidimensionnelle a permis de
construire un ICP (indicateur composite de pauvreté) à partir des
besoins de base. L'analyse de cet ICP révèle que les formes de
pauvreté les plus répandues au Sénégal sont
liées à la vulnérabilité de l'existence humaine, au
manque d'infrastructures, et au manque d'éléments de confort et
d'équipement. L'indice de la pauvreté
34 Cité par Matchinidé et al (2006)
in « pauvreté multidimensionnelle des enfants et des
ménages. Analyse appliquée à la RCA ».
multidimensionnelle vaut 60% contre 48,5% pour la
pauvreté monétaire (voir détails dans «
Pauvreté multidimensionnelle au Sénégal : une approche non
monétaire par les besoins de base », Rapport de recherche, Ki, J.
(2005).
9) Au Tchad, le profil de pauvreté le plus
récent est élaboré en 2006 par l'Institut National de la
Statistique, des Études Économiques et Démographiques
(INSEED). Les résultats basés sur la seconde Enquête sur la
consommation et le secteur informel au Tchad (ECOSIT 2) renseignent que le
minimum vital journalier d'un tchadien est à 396 F CFA (ligne de
pauvreté). Un peu plus de 75 % des ménages tchadiens habitent des
logements dont les murs sont en matériaux traditionnels non durables. Il
a aussi été calculé le nombre de personnes par
pièce : 55 % des ménages tchadiens sont au moins à quatre
dans une pièce pour dormir. Un autre produit de cette étude est
l'indice FGT qui fournit, notamment l'incidence, la profondeur et la
sévérité de la pauvreté : au niveau national, ces
trois indices sont respectivement 55,0 %, 22,6 % et 10,8 % (cf. INSEED,
«Tchad, profil de pauvreté», ECOSIT 2, 2006, p.32).
2.2.2 Les travaux récents sur la pauvreté au
Congo
En 2003, une étude menée par les chercheurs du
Centre d'Études et de Recherche sur les Analyses et Politiques
Économiques (CERAPE), basée sur l'Enquête de consommation
de 528 ménages dans les localités urbaines de Nkayi, Ouesso et
Brazzaville révèle quelques résultats selon une approche
monétaire de la pauvreté. Notons d'abord que dans le
résumé analytique de cette étude du CERAPE, l'approche est
inopportunément appelée «par les besoins de base», car
par la suite, ce sont des résultats monétaires qui sont
chiffrés. Il a été calculé un seuil de
pauvreté égale à la ligne de pauvreté alimentaire,
Z = 1406 FCFA. Et pour ce seuil, l'incidence de la pauvreté est plus
élevée à Ouesso (61,65%), suivie de Nkayi (53,27%). La
queue est occupée par Brazzaville où l'indice numérique de
pauvreté est le plus faible, ressortant à 38,32%. Ainsi,
soulignent les analystes, «la pauvreté connaît une grande
ampleur au Congo. Les politiques publiques n'ont presque pas d'incidence sur
les pauvres. L'importance des inégalités de revenu liées
à la politique salariale peut freiner le fait que les pauvres puissent
bénéficier des fruits de la croissance,...». En termes
d'inégalités, l'étude basée sur l'analyse des
courbes de Lorentz et le calcul du coefficient de Gini révèle
à la fois que les inégalités sont plus accentuées
à Nkayi, Ouesso et Brazzaville, qui à nouveau apparaît
comme pour l'incidence de la pauvreté, la localité de moindre
distribution inégalitaire des dépenses de consommation.
Une autre facette de la pauvreté est
révélée, indirectement, au terme des travaux de l'EDSC-I
2005. Les résultats rapportent que dans l'ensemble, un ménage
congolais sur trois dispose de l'électricité. Près de la
moitié des ménages utilisent l'eau de la SNDE
(Société Nationale de Distribution d'Eau) contre 20 % de ceux qui
s'approvisionnent à des sources de diverses natures. En outre, environ
69 % des ménages ne disposent que des fosses/latrines rudimentaires
comme lieu d'aisance et pour la plupart, ce sont des lieux partagés avec
d'autres ménages. S'agissant de la situation des enfants, l'EDSC-I 2005
renseigne que 88 % des enfants orphelins souffrent d'un désavantage
scolaire et sanitaire par rapport aux autres enfants.
La dernière étude sur la pauvreté au
Congo est le fruit des travaux de Ambapour (2007), au sein du BAMSI (Bureau
d'Application des Méthodes Statistiques et Informatiques). Bien que ne
portant pas sur le cas des enfants, l'analyse brosse une facette de la
pauvreté des ménages congolais, selon une approche
multidimensionnelle par les besoins de base tels l'éducation, la
santé, l'eau potable, la nutrition, l'habitat, etc. Un ICP est
calculé, lequel dévoile trois types de pauvreté
multidimensionnelle : pauvreté en infrastructures,
vulnérabilité de l'existence humaine et pauvreté en
confort. Un autre produit de cette étude est l'incidence de la
pauvreté multidimensionnelle égale à 70,67 % ; laquelle a
été calculée via un seuil absolu de pauvreté
déterminé à 0,67, par une ACH. Par ailleurs, l'auteur
termine par une importante et expresse indication sur le seuil de
pauvreté fixé à 0.67 et pouvant permettre
l'élaboration d'un profil de pauvreté multidimensionnelle. La
présente recherche est aussi proche de cette perspective, mais s'attarde
comme déjà mentionné, sur la petite enfance congolaise.
Ainsi, c'est par la présentation de ces indices de
pauvreté ainsi que leurs applications dans les pays
sélectionnés, que s'achèvent les fondements
théoriques et empiriques jugés utiles dans la présente
étude. Compte tenu des différents choix des auteurs dans les
études explorées, nous sommes confortés dans notre
position de mesure et d'analyse de la pauvreté infanto-juvénile,
dans une optique multidimensionnelle par les besoins de base et certains de
leurs droits socio-économiques. Appliquée au Congo, ce travail
proprement dit fait l'objet de la partie 2.
2ème partie
CADRE EMPIRIQUE DE L'ÉTUDE
Cette partie est consacrée au cadre empirique de notre
recherche. Elle est composée de deux chapitres. Le premier (chapitre 3)
présente la méthodologie générale du cadre
empirique de la recherche et les résultats descriptifs. Le second
(chapitre 4) est consacré à l'élaboration du profil de
pauvreté non monétaire et à une analyse
économétrique des déterminants de la pauvreté
infanto-juvénile. Il permet de voir à quel niveau
d'évidence entériner les résultats présumés
à la section 2 du chapitre auquel il succède.
Chapitre 3
APPROCHES MÉTHODOLOGIQUES ET
RÉSULTATS
DESCRIPTIFS SOMMAIRES
L'intérêt de ce chapitre réside dans une
orientation de la démarche méthodologique adoptée dans la
présente étude. Le chapitre a deux sections. Une succincte
présentation de la source de données et une description de la
méthodologie ainsi que des techniques statistiques utilisées font
l'ossature de la section 1. La section 2 est le lieu devant permettre de se
familiariser avec la base des données, en présentant les
résultats analytiques descriptifs.
3.1 PRESENTATION DE L'EDSC-I ET DES PROCEDES
STATISTIQUES
En rapport avec la méthodologie qui sera
détaillée au point 3.1.2 et l'atteinte des objectifs de
l'étude définis plus haut (introduction générale),
les données utilisées sont celles de l'EDSC-I 2005. La nature de
ces données mérite d'être présentée
après quoi suivra la méthodologie adoptée.
3.1.1 Presentation de la source des donnees : l'EDSC-I
2005
Il sera présenté tour à tour la
justification du choix de la source des données, le contexte
institutionnel et les objectifs, la structure de la base des données et
le plan d'échantillonnage puis enfin les cadres physique et
socio-économique du pays.
3.1.1.1 Justification, contexte institutionnel et objectifs
de l'EDSC-I
Pourquoi l'EDSC-I 2005 comme source des données ? Le
CNSEE disposant de diverses données qui nous permettraient d'atteindre
nos objectifs [par exemple vol.I RGPH 1996-Provisoires, ECOM I 2005,
Enquête sur les Revenus d'Activités (ERA 2002), l'EDSC-I 2005], la
présente étude se base essentiellement sur l'EDSC-I 2005 compte
tenu de ce que (i) elle a l'avantage d'avoir été conçue
dans le cadre de la finalisation du DSRP et du suivi des OMD, notamment les OMD
numéro 2, 4, 6 et 7 privilégiant le bien-être infantile ;
(ii) elle est une base de données disponible, suffisamment
récente et représentative au niveau national. À titre
indicatif, les principes du dispositif DSRP, sa structure et ses limites, sont
donnés en encadrés B.1 et B.2 de l'annexe B.
Pour ce qui est du cadre institutionnel, relevons que
l'enquête EDSC-I a été exécutée par le CNSEE.
Faisant partie du Programme International des Enquêtes
Démographiques et de Santé (Demographic and Health Survey-DHS) de
ORC Macro, Calverton, Maryland (USA), cette investigation a été
réalisée avec l'appui technique de ORC Macro International
grâce à l'assistance financière du Gouvernement Congolais,
du Conseil National de lutte Contre le Sida (CNLS) par le truchement de
l'Agence International de Développement (IDABM) et de l'UNICEF. Sa
coordination a exigé des linguistes de la chaîne nationale de
télévision et du personnel de la santé pour traduire le
questionnaire et guidé les interviews en Lingala et Kituba, les deux
langues nationales au Congo. Les résultats de l'EDSC-I,
complétés par ceux du RGPH de 2006 en cours de traitement,
devraient alimenter les réflexions relatives à
l'élaboration de la politique nationale de la population.
L'enquête a été exécutée conformément
aux dispositions de l'arrêté ministériel n°5629 du 21
juin 2004 portant institution et organisation de cette investigation (cf.
Rapport EDSC-I 2005 PP1-5). En effet, le Gouvernement congolais ayant un
intérêt pour l'élaboration des PNP, il était
judicieux d'établir un pont entre le CNSEE et les différentes
structures traitant de la question de pauvreté.
La population cible de l'EDSC-I est un échantillon
national des hommes de 15-59 ans et des femmes de 15-49 ans. Le but visé
par cette enquête est de poser des labels socioéconomiques,
notamment la construction des indicateurs démographiques et de
santé indispensables à la mise en place des politiques et des
programmes et plus particulièrement à la finalisation du
DSRP35 et au suivi des OMD et de l'IPPTE36. Des objectifs
spécifiques de l'enquête (objectifs en rapport au présent
travail) sont donnés en annexe C.1.
3.1.1.2 Questionnaires et plan d'échantillonnage
S'agissant de la structure de la base de données,
l'EDSC-I dispose de trois questionnaires (ou fichiers) : fichier ménage,
fichier hommes 15-59 ans et fichier femmes 15- 49 ans. Le questionnaire
ménage comprend les sections suivantes : identification du
ménage, caractéristiques socioculturelles et
démographiques du ménage, travail de l'enfant,
caractéristiques des logements des ménages, mesure du
poids/taille, et niveau d'hémoglobine. Le questionnaire femmes 15-49 ans
est formé des sections : caractéristiques
35 Par définition, il répond à un certain
nombre de règle. Il doit : concevoir un cadre stratégique
multisectoriel de réduction de la pauvreté, avoir
été préparé par le pays lui-même, associer la
société civile, mettre l'accent sur la réduction de la
pauvreté, être soutenu par la communauté internationale et
servir de référence pour la conduite des politiques d'aide au
développement.
36 Est apparue au sommet du G8 à Lyon et a
été officialisée par les IBW en septembre 1996. Son
objectif central est la réduction de la charge de la dette pour les pays
très pauvres.
sociodémographiques des enquêtés,
reproduction, planification familiale, santé des enfants37,
mariage et activité sexuelle, préférence en matière
de fécondité, caractéristiques du conjoint et travail de
la femme, VIH/SIDA et autres IST, et mortalité maternelle. Enfin, le
questionnaire hommes 15-59 ans a comme section : caractéristiques
sociodémographiques des enquêtés, reproduction, mariage et
activité sexuelle, VIH/Sida et autres IST, et mortalité
maternelle.
S'agissant maintenant, du plan de sondage, précisons
que l'échantillon de l'EDSC-I est représentatif au niveau
national, et est stratifié à 2 degrés. La
méthodologie adoptée lors de cette investigation pour le choix
des unités constitutives de l'échantillon est brièvement
rappelée à l'encadré C.2 de l'annexe C. Quelques
caractéristiques nationales de cette investigation sont les suivantes
:
· Nombre de ménages : [sélectionnés :
6020 ; identifiés 5 926 ; enquêtés : 5 879]
· Régions ou domaines : Brazzaville, Pointe Noire,
Nord Congo et Sud Congo
· Population totale considérée (selon RGPH
1996) : 2 584 186 habitants
Tableau 3.1 : Répartition des enfants congolais de
moins de 5 ans par sexe, en 2005
|
filles garçons Ensemble
|
Tranche infantile (moins d'1 an)
Tranche juvénile (1 à moins 5 ans) Ensemble
(moins de 5 ans)
|
561 564 1125
1929 1850 3779
2490 2414 4904
|
Source : EDSC-I 2005
3.1.1.3 Cadres physique, politique et
socio-économique
Des éléments sur les cadres économique,
physique, politique et social sont inscrits en encadrés C.3 et C.4 de
l'annexe C. Ces éléments pourraient servir à comprendre et
nuancer les stratégies sélectionnées cadrant la lutte
contre la pauvreté infanto-juvénile.
3.1. 2 Methodologie et procedes statistiques utilises
La démarche adoptée pour la mesure puis
l'analyse de la pauvreté des enfants est inspirée de celle qui
est maintenant utilisée dans la gamme des travaux au sein du
réseau PEP, en l'occurrence celle du rapport final, 2005-05,
Réseau PEP. (site :
www.pep-net.org),
37 Grossesse, soins prénatals et allaitement,
vaccination, santé et malnutrition.
avec Ki J. et alii (2005), in : « Pauvreté
multidimensionnelle au Sénégal : Approche non monétaire
fondée sur les besoins de base ». Nous allons successivement :
a) d'une part construire l'indicateur de niveau de vie des
ménages et, d'autre part, décrire le bien-être
infanto-juvénile38 ;
b) construire puis analyser un indicateur composite de
pauvreté (ICP) supposé comme mesure du bien-être des
enfants ;
c) déterminer un seuil absolu de pauvreté
au-dessous duquel les enfants seront dits pauvres ;
d) élaborer un profil de pauvreté
infanto-juvénile, en calculant un indice composite de pauvreté et
décomposer ce dernier selon les variables ciblées ;
e) d'une part, expliquer les facteurs significatifs du profil de
vulnérabilité des enfants en matière de leur
bien-être et, d'autre part, proposer des actions ciblées à
cet égard.
3.1.2.1 De l'élaboration de l'indicateur composite
de pauvreté
A l'étape b), compte tenu à la fois de nos
données qualitatives et du fait que nous avons choisi l'approche non
monétaire multidimensionnelle par les besoins de base et les droits des
enfants, l'indicateur composite de pauvreté (ICP) sera
élaboré à partir d'une technique factorielle, notamment de
l'ACM affinée par l'ACH [méthode inspirée de Asselin
(2002) et Bry (1995)]. En effet, la coordonnée d'un individu sur le
premier axe factoriel, correspond aussi à sa valeur pour l'ICP. Avec K
indicateurs catégoriels et N enfants, le poids (le score) d'une
catégorie correspond à la moyenne des scores normalisés
des unités de
population appartenant à cette catégorie. Notons de
plus JK , k
wj et k
k Ij , respectivement
le
k
nombre de catégories de l'indicateur k, le score sur le
premier axe factoriel de la catégorie JK et la
variable binaire 0/1. La forme fonctionnelle de l'ICP est :
1 K J
ICP = EEw j k k I j k =c
K k = 1 jk=1
|
(1)
|
Signalons que toutes les variables candidates à l'ACM
n'entreront pas forcément dans l'élaboration de l'ICP ; celles
qui ne vérifieront pas la propriété COPAF
(Consistance Ordinale sur le Premier Axe Factoriel) seront
éliminées. Il s'agit d'une propriété capitale qui
suppose que le bien-être s'abîme lorsque l'on passe d'une situation
de richesse à une situation de pauvreté le long du premier axe
factoriel. S'agissant de nos variables qui seront
38 Lors de cette étape, si nécessité
s'impose, la liaison entre deux variables sera confirmée ou
infirmée par un test du khideux décrit à travers une
méthode factorielle, l'AFC (voir encadré D.1, annexe D). Par
ailleurs, les étapes allant de b) à e), ici expliquées,
trouveront leur application dans le chapitre suivant.
dichotomisées, le critère COPAF équivaudra
aisément, au simple fait que les postes décrivant le
bien-être se rapprochent des sujets riches le long du premier
facteur.
Note1 : Signifions que la
présente étude se restreint au cas des enfants de moins de 5 ans.
Le groupe d'âge 0-5ans est choisi en raison de l'importance qui lui est
accordé dans l'EDSC-I. Tel est le cas de la plupart des études
traitant du bien-être des enfants, notamment sur la santé
nutritionnelle (émaciation, insuffisance pondérale, retard de
croissance,...) et la mortalité. C'est en fait une tranche d'âge
sensible, car elle concerne les premiers moments de la vie. Elle est
appelée « petite enfance ». Et dans certaines études,
elle se trouve scindée en deux : moins de 1 ans « infantile »
et 1-4 ans « juvénile ». D'où son autre appellation
(surtout par les démographes) classe infanto-juvénile.
Par ailleurs, compte tenu des indicateurs opérationnels
définis pendant le sommet mondial sur les enfants (New York 1990) et en
se situant dans le courant de l'école des besoins de base de Townsend
(1987), il est retenu les dimensions indiquées dans le tableau 3.2. Ces
dimensions se rapportent directement aux commodités nécessaires
et indispensables à la bonne évolution de la petite enfance.
Elles sont aussi choisies à travers des variables dichotomiques, par
exemple un enfant souffrant de malnutrition pérenne ou de
retard de croissance présente un indicateur taille-âge
au-dessous de 99 % de la moyenne de référence. Cet indicateur
traduira un état de déficience alimentaire fonction d'une
fréquence de malnutrition aiguë (état
précaire de santé de long terme39). Le critère
que nous utiliserons est fondé sur les normes `'OOO» (ORANA, ORSTOM
et OMS)40. Selon ces normes, et en comparaison avec les
caractéristiques d'une population de référence dont le
zscore/fréquence suit une distribution normale (centrée
réduite), un enfant est malnutri si son z-score/fréquence est
inférieur à la limite de moins 2 écarts-type de la
médiane de référence, chroniquement (ou
sévèrement) malnutri si son z-score est inférieur à
moins 3.
C'est ainsi que pour l'élaboration de l'ICP
infanto-juvénile, nous avons retenu 5 dimensions. Finalement, c'est sur
la base de ces dimensions que l'ICP sera construit. Les techniques ACM
affinée par une ACH, utilisées à cet effet sont
brièvement rappelées dans les encadrés D.2 et D.3 de
l'annexe D. Il sied de relever que pour des raisons de taille
élevée d'échantillon des enfants de moins de 5 ans (4
904), et donc d'encombrement graphique, la représentation
simultanée des lignes et des colonnes liée à l'ACM, bien
qu'importante, n'est point interprétée dans le présent
travail. Elle est donnée en annexe, juste pour observer la forme du
nuage. L'on fera correspondre tous les points-lignes à des enfants
anonymes qui ne
39 L'indice poids-taille, recommandé par la
FAO (Food and Agriculture Organization) n'est pas concerné par notre
étude. Certes, cet indice donne la mesure du poids corporel d'un enfant
par rapport à la taille mais il ne reflète que l'état
nutritionnel actuel en indiquant une insuffisance alimentaire
sévère récente engendrée par une maladie (Delpeuch,
1991). Les enfants présentant une telle malnutrition ont le
symptôme d'amaigrissement et sont dits cachectiques ou
émaciés.
40 Les nomes « OOO », de Delpeuch (1991),
servent de comparaison internationale en fixant une proportion d'enfants
malnutris en dessous d'une limite puis confronter cette proportion à
celle de la population de référence qui est de 2,3 %
(respectivement 0,1 %) pour un z-score strictement inférieur à
moins 2 (respectivement strictement inférieur à moins 3).
seront intéressants que par leurs
caractéristiques. Les enfants n'interviendront ensuite dans l'analyse
que par l'entremise des variables supplémentaires [option
recommandée par Lebart L. et al (1994), P.140]
Tableau 3.2 : Indicateurs d'analyse et de mesure de la
pauvreté des enfants de moins de 5 ans
|
Dimension
|
Indicateurs
|
Localisation dans l'EDSC-I 2005
|
Alimentation
|
Taille- âge* Poids- âge*
|
Questionnaire ménage ; section mesures
anthropométriques (Questions Q38, Q41)
|
Eau potable
|
Principale source d'eau potable
Temps mis pour aller chercher de l'eau potable
|
Questionnaire ménage ; questions eau et sanitaires (Q21,
Q22)
|
Sanitaires
|
Existence et types de toilettes utilisées Mode de gestion
des toilettes
|
Questionnaire ménage ; questions eau et sanitaires (Q23,
Q24)
|
Santé
|
L'enfant a-t-il reçu les vaccins suivants : BCG, 3
doses de vaccin antipolio, 3 doses de vaccin DTcoq, Vaccin contre la rougeole
?
L'enfant a-t-il pris de la vitamine A ?
L'enfant a-t-il été allaité au sein ?
Le ménage utilise-t-il du sel iodé ?
|
Questionnaire femme ; section
vaccination, santé et nutrition (Q463A, Q463B, Q460,
Q463D, Q463E, Q463G) Question sur la vitamine A (Q457) Question allaitement
maternel (Q440) Questionnaire ménage, module test d'iodation du sel
(Q35)
|
Cadre de vie
|
Indice de peuplement du logement Nature du mur
Nature du sol
Nature du toit
Indice de richesse du ménage (IRM) **
|
Questionnaire ménage, section
informations ménage (Q26A, Q27B, Q27, Q27A,
QHWLTHI)
|
Source : Sélection de DIKWE Gaston
(Élève Ingénieur Statisticien, finissant à l'ISSEA)
à partir des
|
questionnaires EDSC-I, et de l'auteur à partir de la revue
de la littérature.
*: Indicateur anthropométrique rendant compte de
l'état nutritionnel des enfants, et révélateur de la
qualité de l'environnement voir même du niveau de
développement socio-économique d'une population.
** : Comme dans le cas de l'étude de la
mortalité infantile dans les pays de l'UEMOA, à base des
enquêtes MICS-2, cet indice est disponible dans la base de données
de l'EDSC-I 2005 (QHWLTHI). Mais sera simulé puis adapté à
notre approche non monétaire, par les besoins de base, par une
ACH.
|
3.1.2.2 De la mesure de la pauvreté
infanto-juvénile kt::. Détermination d'un seuil de
pauvreté absolue
Selon les fondements théoriques posés dans la
partie 1, une fois construit l'indicateur composite de pauvreté [ICP
à la phase b)], il y a lieu de procéder à la
détermination d'un seuil absolu de pauvreté non monétaire
[phase c)]. La littérature présente trois procédés
plus ou moins équivalents de fixation d'un tel seuil : seuil z1viaACM,
seuil z2via ACH et seuil z3via EnfantRéférence :
· le seuil absolu déterminé comme score
maximal des dimensions de l'ACM, en considérant que l'ICP moyen est
supérieur à ce seuil (seuil z1viaACM) ;
· le second seuil élaboré de telle
manière que les sujets aux conditions de vie jugées les plus
sobres présentent un bien-être inférieur à ce seuil.
Pour ce second cas, l'on fait souvent usage de la technique ACH41.
La classification ACH spécifie deux classes (pauvres et non pauvres) et
le seuil est une valeur comprise entre classes ainsi constituées. Ki et
al. (2005) propose la formule suivante pour calculer ce seuil :
z 2 viaACH = Max (ICPi /
classePauvre )* scorei / classePauvre + Min
(ICPi /classeRiche ) * scorei
/classeRiche (2)
· le troisième seuil est déterminé
étant donné un enfant de référence «Non
pauvre» à qui est attribué un vecteur d'informations tel :
être issu d'un ménage de niveau de vie modeste, être
vacciné, être bien nourri. Il est d'abord calculé un score
z'3, moyenne des scores des modalités constituant ce vecteur
d'informations. Ensuite, il est calculé un second score z»3,
moyenne des poids des modalités non retenues précédemment,
de telle sorte que ICP'3 soit plus petit que z'3. En définitive, l'on a
:
z 3 viaEnfantRéférence = z
'3 + z"3
kt> Calcul de l'indice composite de
pauvreté
Une fois l'indicateur composite de pauvreté (ICP)
établi et qu'un seuil de pauvreté est déterminé, la
théorie enseigne qu'il faut dorénavant agréger
l'indicateur composite de pauvreté en indice composite de
pauvreté [phase d)]. Là-dessus, le recours aux indices de
pauvreté s'avère utile. Rappelons que la présente
étude mesurera ou agrègera la pauvreté par l'indice FGT
que nous avons présenté et justifié au chapitre 2 (partie
1).
Note 2 : Une attention
particulière sera accordée à la valeur des indices FGT. En
effet, par définition (cf. chapitre 2, partie 1), la valeur d'un indice
doit être comprise entre 0 et 1. Or, les ICPi calculés (poids ou
scores) sont des coordonnées sur le premier axe et peuvent prendre de ce
fait des valeurs négatives. Dans de tels cas, les ICP sont rendus
positifs par la translation (T)42 suivante qui ne modifie aucunement
l'analyse de la pauvreté (Sahn et Stifel, 2003):
ICP ? ICP+
i i
|
max
1.,.1
j ICP
, 0
i
|
ICPj
|
( T)
|
41 Nous utiliserons l'approche des coupures des
dendrogrammes (pour les détails de la méthode, cf. Lebart et
Morineux (1997). Les détails ne seront pas fournis ici car seules les
coordonnées factorielles seront récupérées puis
archivées pour déduire les indices FGT.
42 Cette transformation signifie que la valeur
positive de l'ICP est obtenue par ajout à chaque valeur initiale de
l'ICP, de la valeur absolue de la plus grande valeur négative d'entre
les ICP pour chaque individu i. Les courbes FGT traitant des dominances
stochastiques ne font pas l'objet de notre étude.
3.1.2.3 De l'élaboration d'un profil de
pauvreté infanto-juvénile
Ici, il sera simplement question de répartir l'indice
composite de pauvreté selon les variables spatiales (urbain/rural),
communautaires (IRM, alimentation, etc.) et individuelles relatives aux enfants
(sexe, âge). L'intérêt d'une telle répartition est
d'apprécier par exemple si les changements de milieux de
résidence ou de régions avec des niveaux différents de
pauvreté influent sur l'indice de pauvreté de l'ensemble [c'est
la phase d)].
3.1.2.4 De la relation pauvreté
enfants/pauvreté ménages
S'agissant de la phase f), un indice ICP construit sans prise
en compte des dimensions communes avec l'ICP des enfants serait utile, mais
cette étape intermédiaire ne sera pas présentée
dans ce travail ; la démarche restant identique à celle qui
permettra le calcul de l'ICP des enfants. Il est question ici d'analyser le
lien existant entre les 2 postes possibles de pauvreté pour les enfants
: pauvreté intrinsèque de l'enfant et pauvreté
héritée du ménage dont est issu l'enfant. L'on veut tester
(rejeter ou accepter) l'hypothèse classique Ho
selon
laquelle la pauvreté des enfants est
héritée de celle des ménages dont ils sont issus.
Disposant des indices de richesse des enfants et des ménages,
l'idée est de les éprouver. La concordance peut être
analysée en utilisant un test statistique permettant de suggérer
l'existence ou non d'une liaison non linéaire entre 2 indicateurs.
Notons qu'un test du chi-deux (noté ÷2 dans
toute la suite du travail) dans une modélisation bien
choisie pourrait solutionner le problème. Dans le présent
travail, une modélisation probit servira de détection des
facteurs déterminants de la pauvreté infantile [phase e)].
Après cette présentation de la méthodologie,
vient le lieu de présenter les résultats.
3. 2 RESULTATS SOMMAIRES DE L'ETUDE
Cette section donne les statistiques descriptives de
l'état de bien-être des enfants. Elle cerne les liens entre les
différentes caractéristiques des ménages et les droits
socioéconomiques de l'enfant. Certaines variables, bien que n'ayant pas
été candidates dans la construction de l'ICP, le sont ici dans un
intérêt d'analyses socio-démographique, économique
et spatiale de la pauvreté ; par exemple l'assistance à
l'accouchement, le niveau d'instruction de la mère, la nutrition, la
localisation du ménage, etc. Ces résultats produits à
partir d'une analyse descriptive devraient être confirmés par une
analyse explicative permettant d'entériner les principaux
déterminants de la pauvreté.
3. 2.1 Pauvreté et conditions de vie des
ménages
Il a été précisé au début
de ce travail que le but principal de l'étude est de mesurer et
d'analyser la pauvreté infanto-juvénile au Congo. Cependant, il
est simple de constater qu'un profil de la pauvreté des ménages
s'avère indispensable à cet effet ; les enfants étant
naturellement issus des ménages. Des raisons secondaires justifient
cette nécessité. D'abord, au sens de l'approche indirecte de
mesure de la pauvreté des enfants qui fait une présomption d'une
induction du bien-être des enfants par celui des ménages. Ensuite,
la disponibilité préalable dans la source des données, de
l'indice de richesse des ménages dont nous voudrions simuler la
compréhension, selon notre optique par les besoins de base.
3.2.1.1 Construction de l'indice de richesse des
ménages
L'indice de richesse des ménages (IRM) par l'approche
des seuils relatifs nommés «quintiles de bien-être
économique» a été élaboré par les
experts de ORC Macro via une (ACP), sur la base des informations relatives aux
biens durables possédés par les ménages et certaines
caractéristiques du logement. Cependant les cinq quintiles ne sont pas
décrits dans le rapport final (Cf. Rapport d'analyse EDSC-I 2005, p.22),
bien que l'IRM ait été inséré dans le fichier
EDSC-I 2005 disponible. Cet indicateur ne nous étant pas familier, nous
en faisons une simulation, question d'approcher, un tant soit peu, une facette
des variables caractéristiques de chacune des 5 classes ou quintiles.
Les notations suivantes sont adoptées dans le présent travail
:
Le plus pauvre F Plus pauvre : classe 1
Second F Pauvre : classe 2
Moyen F Moyen Pauvre : classe 3
Quatrième F Riche : classe 4
Le plus riche F Plus riche : classe 5
L'agrégation du type Ward (minimisation à chaque
étape de la perte d'inertie inter-classes) a permis de classifier les
5879 ménages à partir d'un ensemble de 11 dimensions :
- Biens durables culturels et de cuisine (1) ;
- Biens durables de locomotion (2) ;
- Indice de peuplement de logement (3) ;
- Électricité (4) ;
- Natures : du sol (5), du toit (6), des murs (7) et des
combustibles de cuisine (8) ;
- Équipements sanitaires (9) ;
- Source d'eau potable (10) et durée d'aller-retour pour
prendre de l'eau potable (11).
Les résultats sont inscrits sur l'arbre de la figure 3.1
ci-dessous.
Figure 3.1 : Dendrogramme [ou arbre] de classification
des ménages selon les biens durables possédés et certaines
caractéristiques de logements
Classification hierarchique directe
Source : I'auteur I EDSC-I
2005
ATM
ATCC
ATSE
ATT
ATMS
VNGFX
VOCA
TRSAB
SCE
TRBA
SANWC
CHASC
TOLT
CHASM
CARO
GAZ
ORDI
CELEC
TELFIX
TV
CIAG
CHRB
TELPORT
CIM
TOLM
PAY
RIVFL
PUITS
BRIQ
FRGPU
BPLS
FSLATM
NELEC
IPL2
BPLM
IPL3
IPL1
FSLATC
RDIO
MQMN
RBPCL
FSLAMC
RFGR
RBLOG
RBEXT
PTRL
FSLAMM
ELEC
Coupe verticale imposée ici
Cet arbre, à travers la coupure que nous lui avons
imposé, renseigne sur le nombre de classes souhaitées,
à savoir cinq (5). Notons qu'une coupure idéale du
dendrogramme,
réaliserait une partition en trois classes au lieu de
cinq, ce qui serait un résultat plus pertinent mais manquerait
d'adhésion à l'approche des «quintiles» dont nous
faisons une simulation. Les cinq catégories de ménages sont:
· classe 1 : regroupe les
ménages qui se rassemblent autour des variables que sont
l'approvisionnement en eau potable tantôt par les sources (SCE)
tantôt par les rivières/fleuves. Leurs logements présentent
des murs faits en terre battue (TRBA) ou d'autres matériaux (ATM), de
toiture en paille/chaume (PAY) et le sol en terre ou sable (TRSAB). De par les
caractéristiques du Congo, voire des PVD en général, l'on
présumerait ces types de spécificités comme tributaires
des ménages ruraux. Et l'on sait que de tels ménages sont plus
enclins à la pauvreté en infrastructures et à la
vulnérabilité de l'existence humaine ;
· classe 2 : regroupe les
ménages qui se rassemblent autour des variables que sont l'utilisation
de fosses ou latrines traditionnelles dans le ménage (FSLATM) comme
sanitaires, des murs en briques faites de terre cuite/non cuite (BRIQ) et le
sol couvert de bois/planches (BPLS) ou d'autres matériaux (ATMS). Ces
ménages sont sans toilette/ Nature (SANWC), utilisent d'autres
combustibles de cuisine (ATTC) et consomment de l'eau potable issue des puits
(PUITS), des forages publics (FRGPU) ou d'autres sources d'eau potable (ATSE).
En outre, ils ne sont pas électrifiés (NELEC). Il s'agit des
ménages «semiruraux», vulnérables mais ayant des
conditions de vie relativement meilleures que celles des ménages de la
classe 1;
· classe 3 : ménages aux
caractéristiques suivantes : murs en bois ou planches (BPLM), 1 à
6 pièces à coucher (IPL1, IPL2 et IPL3), fosses/latrines
traditionnelles en commun (FSLATC) comme sanitaires. Ces
spécificités sont communes aux ménages ruraux et aux
ménages urbains ;
· classe 4 : chasse d'eau en commun
(CHASC) ou fosses/latrines modernes dans le ménage (FLAMM) comme
sanitaires, possession de radio (RDIO), toiture en tôles (TOLT), moins de
15 minutes pour chercher de l'eau (MQMN). De telles spécificités
caractérisent les ménages «semi-urbains»,
présumés avoir un bien-être meilleur que celui des deux
premières classes43 ;
· classe 5 : renferme les
ménages qui utilisent le butane (GAZ), le pétrole (PTRL) et le
charbon de bois (CHRB) comme combustibles de cuisine. Ils sont
électrifiés (ELEC) au point qu'ils utilisent des combustibles
électriques pour la cuisine, la réfrigération pour les
aliments (RFGR), la télévision (TV), le téléphone
fixe (TELFIX) et l'ordinateur (ORDI). La
43 Jusque-là nous nous réservons de
localiser et d'apprécier le bien-être des ménages de la
classe 3.
possession d'un téléphone portable (TELPORT),
d'une voiture/Camion (VOCA), les logements aux murs cimentés/agglos
(CIAG), au sol en vinyle/gerflex (VNGFX), cimentés (CIM) ou
carrelés (CARO) sont aussi leurs caractéristiques d'habitation.
Pour les lieux d'aisance, ces ménages utilisent les fosses/latrines
modernes en commun (FSLAMC), aux fosses/latrines modernes dans le ménage
(FSLAMM) ou chasse-eau dans le ménage (CHASM). Enfin, pour
s'approvisionner en eau potable, c'est l'eau de la Société
Nationale de Distribution d'Eau (SNDE) qui est consommée à
travers un robinet extérieur (RBEXT), le robinet privé du
logement (RBLOG) ou le robinet de la parcelle (RBPCL). L'on voit qu'il s'agit
dans cette classe des ménages caractérisés par des
indicateurs qui leur confèrent le statut de ménage urbain et donc
de niveau de vie relativement meilleur par rapport aux classes 1, 2 et 4. En
effet, ils ont un cadre de vie assaini, possèdent des actifs modernes et
bénéficient d'un accès aux moyens de communication et de
transport.
Ces résultats pourraient être assimilés
à un prélude d'une facette de profil de pauvreté des
ménages congolais : bien-être inégalitaire discriminant les
plus pauvres des plus riches. Mais ils restent toutefois mitigés
même après cette séparation catégorielle. En effet,
à l'intérieur même de chacune des «classes
socio-économiques» de ménages, existent des
disparités, lesquelles sont révélées par la figure
3.2 qui complète l'arbre précédent.
Note : Les valeurs
affichées sur l'axe horizontale sont les scores normalisés. Pris
sur le facteur 1, ces scores ou poids constituent un indicateur composite de
pauvreté des ménages, au point de l'assimiler à l'indice
de richesse des ménages (Asselin, 2002). Le passage de ces scores
à un indice de pauvreté multidimensionnel a fait l'objet d'une
description plus haut. Pour le cas des ménages, notons que ce passage ne
relève pas de nos objectifs. A l'inverse, il s'avérera
indispensable pour le cas des enfants dont nous essayerons de mesurer
l'incidence, la profondeur et la sévérité de la
pauvreté.
Classe 5
Classe 4
Classe 2
Classe 3
Source : I'auteur EDSC-I 2005
Classe 1
Figure 3.2 : Hypercube de contingence de la
catégorisation des ménages semblables selon la zone de
résidence et certaines caractéristiques de la qualité
d'habitation.
Comme l'on sait que la classification produit des
résultats plus robustes qu'une ACM (M. Volle, 1981), cela est
corroboré ici, d'autant plus que certaines variantes sont confuses sur
la représentation de la figure 3.2 ci-dessus : la visualisation n'est
guère élégante au point de confondre le positionnement de
certaines modalités de variables sur un facteur, d'en oublier d'autres
et d'affecter de manière grossière une modalité dans une
classe voisine. Tel est le cas des postes NELEC ET ATMS, qui apparaissent dans
la classe intermédiaire (classe 3 encerclée), alors qu'elles sont
caractéristiques de la classe 2. Il en est de même des postes
VOCA, CELEC, TELEFIX, PTRL, RBPCL et CHASM, qui ne sont pas visualisables alors
qu'ils devraient apparaître dans la classe 5 du bas. Cependant, cette
représentation a ses avantages. Ici particulièrement, non
seulement elle fait apparaître sans ambiguïté les cinq
classes matérialisées par cinq rectangles, elle les oppose deux
à deux le long du premier axe factoriel, par rapport au milieu de
résidence. Le premier axe (facteur 1) est pour ainsi dire un axe
spatial, centré autour des ménages de classe intermédiaire
(classe 3) ou classe des ménages «moyen pauvre». Il oppose les
classe 1 et 2 aux classes 4 et 5 ; c'est-à-dire les ménages
urbains «plus riches» et «riches» aux ménages ruraux
«plus pauvres» et «pauvres». Une autre particularité
de ce graphique résiderait dans la hiérarchisation de l'ordre des
modalités des variables qui sont ordonnées de manière
à positionner celles décrivant le bienêtre, proches des
ménages riches le long du facteur 1, simulant à cet effet une
détérioration du bien-être lorsque l'on se déplace
de la gauche vers la droite : c'est la consistance ordinale sur le premier axe
factoriel (COPAF).
Note 3 : L'on fera attention sur
les signes des scores le long de l'axe 1. Ici particulièrement, ils sont
inversés. Cela ne modifie aucunement l'interprétation des
oppositions entre les classes 1, 2 avec les classes 4, 5. C'est le comportement
d'un hypercube de contingence restreint à un seul axe : il se
présente sur une diagonale et inverse les signes des
coordonnées.
Cela étant, il apparaît un second prélude de
profil de pauvreté des ménages congolais, à savoir une
pauvreté qui revêt un caractère régionale.
Malheureusement, les deux précédentes analyses
échappent à la mesure quantitative de l'état de
bien-être des ménages. En effet, elles illustrent des
considérations générales, en termes d'indicateurs qui
regroupent les ménages homologues à la vue de certains attributs
fondamentaux de l'habitat. Aussi, elles permettent de comprendre les dimensions
impliquées dans chaque modalité de l'indice de richesse des
ménages (IRM) dont elles ont donnée une facette. Cependant, elles
ne décrivent pas plus ou moins exactement ce qui se passe à
l'intérieur de chaque classe identifiée. Afin de connaître
le nombre de ménages en déficit de telles ou telles autres
caractéristiques, des détails chiffrés sur les
caractéristiques de l'habitat s'avèrent indispensables.
3.2.1.2 Habitat et zone de résidence des
ménages
Nous analysons ici les dimensions : eau potable, sanitaires,
cadre de vie et patrimoine. a) Eau potable
Le tableau 3.3 donne la répartition des ménages par
principale source d'approvisionnement en eau potable, selon le milieu de
résidence.
Tableau 3.3 : Distribution (en %) des ménages
selon zone de résidence
|
la principale source d'eau potable et la
|
|
Zone de résidence
|
Principale source d'eau potable
|
Urbaine Rurale
|
Ensemble
|
Robinet privé dans le logement
|
4,1
|
0,7
|
2,4
|
Robinet dans la parcelle
|
45,0
|
9,0
|
27,0
|
Robinet extérieur
|
37,0
|
6,0
|
21,5
|
Puits
|
4,0
|
17,0
|
10,5
|
Forage public*
|
4,0
|
4,0
|
4,0
|
Source**
|
3,2
|
32,0
|
17,6
|
Rivière et/ou Fleuve
|
0,1
|
18,0
|
9,1
|
Autre source
|
2,6
|
13,3
|
7,9
|
Total
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Effectif total de ménages
|
3096
|
2783
|
5879
|
* : y compris les robinets publics
** : il ne s'agit pas de l'eau minérale mais
plutôt l'eau des sources naturelles protégées ou
non.
Source : I'auteur I EDSC-I 200
A la lumière de ce tableau, plus de la moitié
(51 %) des ménages congolais consomment de l'eau à partir d'un
robinet. Il s'agit, dans la majorité des cas, de l'eau d'un robinet
situé dans la parcelle (27 %) ou à l'extérieur (21,5 %).
À l'inverse, environ deux ménages seulement sur 100 (2,4 %)
utilisent de l'eau provenant d'un robinet privé installé dans le
logement. Le tableau montre aussi que le forage public, bien qu'utilisé
dans très peu de cas (4 %), est la seule source d'approvisionnement en
eau potable qui ne tient pas compte du milieu de résidence. Alors que
l'eau du robinet est beaucoup plus consommée par les ménages
urbains, c'est la situation inverse pour les ménages ruraux (86,1 %
contre 15,7 %). Il est aussi relevé une différenciation telle que
les ruraux consomment plus de l'eau en provenance des sources naturelles
protégées ou non (32 ménages sur 100) que les urbains qui
consomment plus de l'eau à partir d'un robinet fixé dans la
parcelle (45 ménages sur 100).
Quant à la durée effectuée pour
s'approvisionner en eau, la figure 3.3 ci-après distribue les
ménages en fonction de leur zone de résidence.
Figure 3.3 : Ménages qui mettent plus de quinze
minutes pour s'approvisionner en eau, en fonction de la zone de
résidence
Source : EDSC-I 2005
Fréquence en %
100
50
0
Urbaine
28,9
Rurale
70,7
Congo
48,98
Ainsi, c'est environ un ménage congolais sur deux (49
%) qui fait plus de quinze minutes pour prendre de l'eau. Toutefois, cette
proportion masque un effet spatial. En effet, elle est de 29 % en milieu
urbain, alors qu'elle est dominante et égalise 71 % en milieu rural.
b) Sanitaires
Le tableau 3.4 donne la répartition des ménages
par nature de type de lieu d'aisance,
Tableau 3.4 : Distribution (en %) des
ménages
résidence
par type de
sanitaires, selon
la zone de
selon le milieu de résidence.
|
|
|
|
Zone de résidence
|
Type de sanitaires
|
Urbaine
|
Rurale
|
Ensemble
|
Chasse d'eau privée du ménage
|
6,0
|
2,0
|
4,0
|
Chasse d'eau collective
|
4,0
|
0,1
|
2,1
|
Fosse* moderne privée du ménage
|
5,0
|
2,5
|
3,7
|
Fosse* moderne collective
|
18,0
|
1,8
|
9,9
|
Fosse* traditionnelle privé du ménage
|
15,0
|
30,0
|
22,5
|
Fosse* traditionnelle collective
|
48,0
|
30,0
|
39,0
|
Sans
|
4,0
|
33,6
|
18,8
|
Total
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Effectif total de ménages
|
3096
|
2783
|
5879
|
* : et/ou latrines
Source : I'auteur / EDSC-I 2005
L'examen de ce tableau révèle que la chasse-eau
n'est pas classique dans les ménages congolais. En effet, six
ménages seulement sur cent (6,1 %) utilisent la chasse-eau et cette
proportion est d'environ cinq fois plus grande dans les ménages urbains
que dans les ménages ruraux (10 % et 2,1 %).
Par ailleurs, on note que l'utilisation de la fosse
traditionnelle est une caractéristique qui domine dans les
ménages urbains (près de la moitié des ménages
urbains : 48 %) contrairement à l'absence de WC qui prévaut dans
les ménages ruraux (plus du tiers : 33,6 %).
c) Cadre de vie
L'indice de peuplement du logement (IPL), la nature des murs, du
sol et du toit des logements habités par les ménages ainsi que
l'IRM sont analysés ici.
c1.)Peuplement de logement
Figure 3.4 : Indice de peuplement du logement des
ménages selon la zone de résidence
Urbaine
Rurale
Congo
2,2 2,4 2,6 2,8 3 3,2
Source: I'auteur / EDSC-I 2005
Ce graphique montre que, que ce soit en milieu urbain ou
rural, il n'y a pas de différence significative concernant le nombre
moyen de personnes qui dorment par pièce (IPL), lequel avoisine 3.
Cependant, la figure 3.5 qui lui succède, apporte la précision
selon laquelle la proportion des ménages habitant un logement
possédant au plus 2 pièces à coucher, domine aussi bien en
ville qu'en campagne, et vaut 3/5. En somme, le peuplement du logement est
indépendant de la zone géographique, exception faite aux 9 rares
cas sur 100 des ruraux qui ont leur logement de 5 à 6 pièces.
Figure 3.5 : Ménages par nombre de pièces
utilisées pour dormir, en fonction de la zone de
résidence
Prove:dim en °A
40
80
60
20
0
Urbaine Rurale Congo
0 à 2 pièces 3 à 4 pièces 5
à 6 pièces
Source : I'auteur / EDSC-I 2005
c2.)Nature des murs, du toit et du sol, et utilisation de
l'électricité
Le tableau 3.5 suivant récapitule les proportions en
pourcentage, des ménages par d'autres caractéristiques de
l'habitat (matériaux du sol, des murs, du toit et l'utilisation de
l'électricité) en fonction de la zone de résidence.
Tableau 3.5 : Fréquences relatives en
zone de résidence des ménages
|
%, par d'autres caractéristiques
|
de l'habitat et la
|
|
Zone de résidence
|
|
Autres caractéristiques de l'habitat
|
Urbaine
|
Rurale
|
Congo
|
1. Nature du sol
|
|
|
|
Terre, Sable
|
10,0
|
75,0
|
42,5
|
Bois, Planches
|
0,1
|
0,2
|
0,1
|
Vinyle, Gerflex
|
7,0
|
0,3
|
3,7
|
Carreaux
|
6,0
|
0,2
|
3,1
|
Ciment
|
72,0
|
18,0
|
45,0
|
Autres nature
|
4,9
|
6,3
|
5,6
|
Ensemble
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
2. Nature des murs
|
|
|
|
Terre battue
|
1,0
|
32,0
|
16,5
|
Bois, Planches
|
15,0
|
15,0
|
15,0
|
Brique tout genre
|
2,0
|
33,0
|
17,5
|
Tôle
|
8,1
|
4,0
|
6,0
|
Ciment, Agglos
|
71,9
|
8,0
|
40,1
|
Autre nature
|
2,0
|
8,0
|
4,9
|
Ensemble
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
3. Nature du toit
|
|
|
|
Pailles
|
0,1
|
44,1
|
22,3
|
Tôle
|
99,1
|
52,9
|
76,3
|
Autre nature
|
0,8
|
3,0
|
1,4
|
Ensemble
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
4. Électrification
|
|
|
|
|
Électrifié
|
55,1
|
16,1
|
36,0
|
Non électrifié
|
44,9
|
82,9
|
64,0
|
Ensemble
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Source : l'auteur / EDSC-I 2005
Ce tableau révèle que la majorité (64 %)
de logements des ménages congolais ne sont pas
électrifiés. Ces logements sont à toiture
tôlée, aux murs cimentés (ou en agglos) et aux sols en
ciment. Les ménages à la toiture tôlée, aux murs
cimentés/en agglos et au sol cimenté prédominent en zone
urbaine (respectivement 99 %, 72 % et 72 %). À l'inverse, les
ménages à la toiture tôlée, aux murs en briques de
tout genre et en terre battue, et au sol couvert de terre/sable
prédominent en zone rurale (respectivement 53 %, 33 % et 32 %, et 75 %).
Des 36 % des ménages utilisant l'électricité, il y a 55
chances sur 100 que ce soit un ménage urbain alors que la
probabilité qu'il soit un ménage rural n'est que de 16 chances
sur 100.
c.3) Indice de richesse des ménages (IRM)
Le tableau 3.6 ci-après donne, par domaine, et en
fonction du niveau de vie moyen, les fréquences des ménages. A la
lumière de cette distribution, il ressort que l'incidence de la
pauvreté fluctue entre 19 et 21 %.
Tableau 3.6 Pourcentage de la population des
ménages selon (IRM) et le domaine de résidence
|
l'indice de
|
richesse des ménages
|
IRM
|
Brazzaville
|
Domaine de résidence Pointe Noire Sud
Congo
|
Nord Congo
|
Congo
|
Plus pauvre
|
0,2
|
0,0
|
28,7
|
49,2
|
20,9
|
Pauvre
|
2,7
|
2,0
|
40,1
|
25,6
|
21,0
|
Moyen pauvre
|
18,0
|
25,5
|
22,4
|
15,9
|
19,0
|
Riche
|
31,3
|
34,1
|
6,2
|
7,7
|
19,1
|
Plus riche
|
47,8
|
38,4
|
2,6
|
1,5
|
21,0
|
Total
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Total Ménage
|
9720*
|
4668*
|
10158*
|
5790*
|
30336*
|
* : population de droit des ménages
Source : l'auteur / l'EDSC-I 2005
Le seuil relatif de 19 % sépare les riches et les
pauvres. Ainsi, le ratio numérique de pauvreté (incidence) est
d'environ 42 % dans les deux premières classes alors qu'il est de 40 %
dans les deux dernières classes. Les pauvres et plus pauvres sont plus
fréquents au Sud et au Nord du Congo (respectivement 69 % et 75 %).
À l'inverse, les plus riches et riches sont plus fréquents
à Brazzaville et Pointe-Noire (respectivement 79 % et 72 %). Alors que
dans l'ensemble le pays semble ne pas présenter un grand écart
entre les proportions des cinq classes, les régions qui le constituent
présentent toutes une grande inégalité en matière
de bien-être. Et c'est d'autant plus remarquable à Brazzaville.
Notons qu'autant il est plus probable de trouver un sujet plus riche à
Brazzaville (48 %), autant il est plus probable de trouver un sujet plus pauvre
au Nord Congo (49 %), ce qui est justifié, Brazzaville et Pointe-Noire
sont les deux principales agglomérations du pays.
d) Patrimoine
Le patrimoine est ici entendu comme ensemble des biens, avoirs ou
actifs dont les ménages sont détenteurs (conforts culturel, de
transport, de communication, de cuisine).
Tableau 3.7 : Proportion en %, des ménages ayant
certains biens durables, par zone de résidence
|
|
Zone de résidence
|
Biens de consommation durable
|
Urbaine
|
Rurale
|
Congo
|
Radio
|
65,5
|
46,0
|
56,9
|
Télévision
|
41,7
|
5,0
|
24,4
|
Téléphone fixe
|
2,0
|
0,2
|
1,5
|
Téléphone portable
|
54,0
|
11,0
|
32,9
|
Ordinateur
|
3,0
|
0,2
|
2,0
|
Réfrigérateur
|
18,0
|
2,0
|
10,4
|
Voiture, Camion
|
5,0
|
0,4
|
1,4
|
Ensemble des biens
|
13,0*
|
1,9*
|
-
|
* : moyenne géométriques des proportions de la
zone
Source : EDSC-I 2005
Dans les deux zones considérées, la radio est le
bien durable le plus possédé parmi les ménages congolais.
En effet, près de 3 ménages sur 5 dispose de la radio et parmi
eux, il y a 46 (respectivement 66) chances sur 100 que ce soit un ménage
rural (respectivement urbain). Alors que le téléphone fixe est le
bien le moins rencontré dans les ménages (moins de 2 %), la
probabilité est d'environ 33 % pour ces ménages de
posséder un téléphone portable. Il faut remarquer
cependant, qu'il est 5 fois plus probable qu'un téléphone
portable soit un actif d'un ménage urbain que celui d'un ménage
rural (54 % et 11 %). En moyenne, les urbains ont une fréquence 7 fois
plus grande que les ruraux de posséder l'ensemble de ces
biens44. Il n'est pas surprenant que la voiture et l'ordinateur
soient presque l'apanage des ménages urbains seuls. Cela à cause,
certainement de la non électrification et de l'enclavement qui
prévaut en zone rurale.
De même, la figure 3.6 ci-dessous répartit les
ménages selon la zone de résidence et la possession des
combustibles de cuisine.
Figure 3.6 : Fréquences (en %) des ménages
selon la nature de combustible de cuisine utilisé et par zone de
résidence
Source : l'auteur I EDSC-I
2005
Electrique
GAZ butane Pétrole
Charbon
Autre s combustible
Urbaine
0,0 50,0 100,0 150,0
|
Urbaine
|
Rurale
|
Congo
|
Autre s combu stible s
|
25,0
|
86,9
|
55,9
|
Charbon
|
50,0
|
10,0
|
30,0
|
Pétrole
|
7,0
|
1,8
|
4,4
|
GAZ butane
|
14,0
|
1,0
|
7,5
|
Electrique
|
4,0
|
0,4
|
2,2
|
Fréquences en 0/0
Il se trouve illustré sur cette figure
(renforcée par sa table de données), que toutes zones de
résidence confondue, les combustibles électriques sont les moins
fréquemment utilisés (2,2 %). Et pour ce type de combustible, il
y a 10 fois plus de chance de le trouver
44 Rapport entre 13 % et 1,87 %.
chez les urbains que chez les ruraux (4 % contrebalancé
par 0,4 %). Un ménage urbain sur deux utilise le charbon de bois par
opposition à une fréquence d'utilisation des autres combustibles
égale à 87 % par les ménages ruraux.
Au terme de cette analyse descriptive des caractéristiques
des ménages, l'analyse et la mesure de la pauvreté
infanto-juvénile s'avèrent opportunes.
3. 2. 2 Bien-etre infanto-juvenile
Les variables à analyser sont : vaccination, allaitement,
assistance à l'accouchement, iodation du sel, vitamine A et
alimentation.
3.2.2.1 Vaccination
Cinq vaccins sont pris en compte : anti-tuberculeux (BCG),
anti-rougeoleux, anti-
Diphtérique/Tétanique/Coqueluche (DTCoq),
anti-poliomyélitique (POLIO) et anti-fébrile jaune (FVJaune). Les
maladies associées sont des cibles du programme élargi de
vaccination du Congo (PEV/C). Les chiffres 1, 2 et 3, attachés à
DTCoq et POLIO désignent respectivement la 1ère, 2 ème et
3 ème dose.
Figure 3.7 : Distribution en % des enfants de moins de 5
ans ayant été vaccinés
ENSEMBLE
FVRJaune
ROUGEOLE
POLIO3
POLIO2
POLIO1
POLIO/0
DTCoq3
DTCoq2
BCG
0,0% 20,0% 40,0% 60,0% 80,0%
Proportion des enfants vaccinés
Source : l'auteur / EDSC-I
2005
DTCoq1
Dans l'ensemble, la couverture vaccinale totale45
n'est que d'environ 18 %. Selon le type de maladie, le vaccin contre la polio
est le plus administré, notamment à la première dose, avec
une fréquence avoisinant 62 %. Trois enfants sur cinq sont
vaccinés contre la
45 Proportion d'enfants ayant reçu la
globalité des vaccins anti- maladies du PEV/C.
tuberculose, contre environ 44 % vaccinés contre la
rougeole. La proportion des enfants vaccinés contre la fièvre
jaune vient en queue, avec 22 % seulement. A la naissance, 1 enfant seulement
sur 2 reçoit la vaccination anti-poliomyélitique. Il faut noter
la baisse de la couverture vaccinale anti DTCoq et anti POLIO, lorsque l'on
passe d'une dose à la suivante : sa chute moyenne est de 10,45 % et
13,67 %, en passant de la dose 1 à la dose 3, respectivement pour la
vaccination DTcoq et POLIO. L'influence d'une variable parentale (le niveau
d'instruction) sur ces proportions est analysée à travers le
graphique 3.8 ci-après.
Figure 3.8 : Distribution en % des enfants de moins de 5
ans ayant reçu tous les vaccins du PEV/C selon le niveau d'instruction
de la mère.
Analphabète 12,30%
Supérieur
39,86%
Prim aire
19,64%
Secondaire 28,20%
Source : l'auteur / EDSC-I
2005
La probabilité qu'un enfant reçoive la
totalité des vaccins contre les maladies cibles du PEV/C
s'élève avec le niveau d'instruction de la mère.
3.2.2.2 Allaitement, iodation du sel et vitamine A
Figure 3.9 : Répartition des enfants de moins
de 5 ans ayant été allaité au sein, en fonction du sexe de
l'enfant, du niveau d'instruction de la mère et du type d'assistance
à la naissance de l'enfant
98,00
100,0
%
0%
Seule
Traditionelle
Personnel santé
Supérieur
Secondaire
Primaire
Analphabète
Féminin
Masculin
Source : l'auteur / EDSC-I 2005
84,00 86,00 94,00 96,00
Pro
% ortio
88,00 90,00 92,00
%
L'allaitement maternel est très classique au Congo. Un
peu plus de 9 enfants sur 10 sont allaités au sein. Cependant, cette
figure semble tenir lieu de présomption qu'au Congo, la fréquence
d'allaitement est plus grande chez les mères de niveau d'instruction
plus bas et
accouchant avec une assistance de moindre qualité.
Toutefois, c'est la qualité d'assistance à l'accouchement qui
influence plus sur la fréquence d'allaitement ; cette dernière
chutant de 98 % à 93 % lorsque la qualité d'assistance varie d'un
accouchement non assisté à un accouchement assisté par un
personnel de santé.
Figure 3.10 : Distribution en %, des enfants de moins de
5 ans par région, selon la nature du sel utilisé dans le
ménage
Source : EDSC-I 2005
Proportion
100,00%
80,00%
40,00%
60,00%
20,00%
0,00%
Urbaine
Rurale
0PPM
<15PPM
>15PPM
O PPM : sel sans iode, incolore ;
<15 PPM : sel insuffisamment iodé,
de couleur faible ;
>15 PPM : sel suffisamment
iodé, de couleur foncée
Le constat sur le caractère régional de la
consommation du sel iodé qui se dégage de cette figure n'est pas
étonnant. Quelle que soit la région, très peu de
ménages consomment du sel non iodé. En revanche, la proportion
des ménages qui consomment du sel iodé est moins
élevée en zone rurale qu'en zone urbaine (81 % contre 4 % pour le
sel bien iodé par exemple). Par ailleurs, en tenant compte des liens
présumés dans les analyses précédentes, nous
pourrons en déduire que ce sont les ménages les moins pauvres et
dans lesquels le niveau d'instruction de la mère46 est
relativement élevé qui consomment plus du sel suffisamment
iodé. Enfin, pour les mêmes raisons, nous pensons que les
résultats précédents peuvent s'étendre à la
proportion des enfants de moins de 5 ans ayant reçu de la vitamine A.
3.2.2.3 Alimentation
Nous voulons ici, saisir l'état de santé de long
terme des enfants de moins de 5 ans à travers l'indice «taille pour
âge» défini plus haut. Nous voulons aussi capter l'influence
d'une variable individuelle sur l'état nutritionnel
infanto-juvénile : l'âge. Les résultats sont
consignés sur la figure 3.11 ci-dessous qui présente
l'état nutritionnel des enfants concernés. Les chiffres en marge
du cadre graphique sont les tendances nationales de l'indicateur
anthropométrique «taille pour âge». Ils indiquent qu'au
Congo près d'un quart des enfants endure une malnutrition pérenne
(26 %).
46 Surtout. On fait la présomption qu'on
trouverait les mêmes résultats avec le niveau d'instruction du
père.
Figure 3.11 : Évolution selon l'âge de
l'enfant de l'indice anthropométrique taille pour âge
Source : I'auteur I EDSC-I 2005
frequence en %
35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
0 1 2 3 4 Infanto-
11%
3%
32%
16%
27%
11%
30%
29%
14%
11%
juvénile
26%
10%
z-score<-3 z-score<-2
La figure montre que l'état de déficience
alimentaire est enduré sévèrement par 10 % des enfants de
moins de 5 ans et modérément par 16 % (26 %-10 %) du même
groupe d'âges. Les critères « OOO » permettent de
conclure que la petite enfance congolaise est en état de mauvaise
santé alimentaire. En outre, il en ressort le constat selon lequel
les ratios de déficit alimentaire pérenne croissent
exponentiellement de la naissance à 1 an révolu, après
quoi ils affichent une allure décroissante sinusoïdale. De
façon précise, l'indice «taille pour âge »
traduisant le retard de croissance infanto-juvénile, varie en deux
phases : une phase exponentielle entre 0 et 1 an révolu et une phase
oscillante entre 1-4 ans révolus. Pendant la phase exponentielle, le
ratio des enfants malnutris croît de 11 % jusqu'à atteindre sa
valeur maximale 32 % à 1 an révolu. Dans le même temps, le
ratio des enfants sévèrement malnutris, s'élève de
3 % jusqu'à sa dominance 16 % à 1 an révolu. À
l'inverse, pendant la phase oscillante, le ratio des enfants malnutris ralentit
son incidence de façon ondulatoire tout en conservant une tendance
supérieure au minimum 29 % atteint à 2 ans. Dans la même
phase, le ratio des enfants sévèrement malnutris ralentit de
façon ondulatoire, sans être en dessous de son minimum 11 %
à 2 ans. L'on pourrait dire, à la vue de ces deux derniers
résultats, que les enfants déficients alimentaires jusqu'à
2 ans révolus, sont condamnés à rester dans cet
état pour le long terme. Ils sont, en imitant Marx, dans une situation
de «trappe à malnutrition».
Ainsi, ces résultats descriptifs semblent dessiner
trois facteurs inhérents au bien-être infanto-juvénile :
les caractéristiques des enfants, le niveau de vie du ménage et
l'environnement. Le chapitre 4 validera ou non ces diverses liaisons encore
vraisemblables.
Chapitre 4
PROFIL ET DÉTERMINANTS DE LA
PAUVRETÉ
INFANTO-JUVENILE
Le chapitre est organisé en trois sections, lesquelles
présentent des résultats supplémentaires de la recherche.
La section 1 généralise les analyses descriptives faites au
chapitre précédent et dresse un profil de pauvreté de la
petite enfance congolaise. La section 2 exhibe une option
économétrique pour appréhender les déterminants de
la pauvreté des enfants. Il s'agit de l'estimation d'un modèle
«probit » devant servir de prédiction du risque pour un enfant
d'être pauvre étant donné certains facteurs associés
ciblés. La section 3 enfin propose quelques suggestions des
stratégies ciblées en vue de l'affermissement du bien-être
des enfants, compte tenu des résultats escomptés et des carences
décelées.
4.1 PROFIL DE PAUVRETE DE LA PETITE ENFANCE
Rappelons que, l'intérêt d'un profil de
pauvreté réside assurément dans l'indication des
manifestations essentielles de la pauvreté, en donnant une facette sur
la façon dont elle varie d'une localité à une autre ou
d'un groupe particulier de population à un autre. Dans la
présente étude focalisée sur les enfants, il nous permet
de formuler des stratégies en faveur du bien-être des enfants.
L'élaboration d'un profil de pauvreté passe par cinq
étapes : (i) le consensus sur l'approche conceptuelle, (ii) le choix
d'un seuil qui sépare les pauvres et les non- pauvres, (iii) le choix
des indicateurs spécifiques qui capturent le mieux les dimensions de la
pauvreté, (iv) l'analyse de ces indicateurs et (v) la formulation des
stratégies adaptées.
4.1.1 Indicateur composite de pauvrete (ICP)
L'ICP infanto-juvénile est construit sous un angle non
monétaire axé sur les besoins de base et les droits
socio-économiques des enfants, par opposition à l'approche
monétaire. Une première ACM sur 18 variables/57 modalités
et 4904 enfants s'est soldée par un échec dû au non respect
par certaines modalités, de la propriété COPAF. La
solution a nécessité l'isolement d'une variable, 10
modalités et 578 enfants. Notons que les modalités ont
été apurées (triées) avec le critère de
poids relatif inférieur à 2 %. Finalement, l'ACM
ayant permis la construction de l'ICP a porté sur 4326
individus actifs et 47 modalités de 17 variables actives. La liste des
17 variables vérifiant la COPAF est traduite par le tableau 4.1.
Tableau 4.1 : Tri-à-plat des 47 modalités
pour 17 variables actives
15. Temps pour Approvisionnement en eau potable
10. Sanitaires WC1 - WC Moderne
W - WC Traditionnelle
WC3 - Sans WC
16. Indice taillepourâge (alimentation)
17. Iodation du sel EL1 - Sel OPPM
SEL2 - Sel <15PPM
SEL3 - Sel >15PPM
11. Nature du sol SOL1 - Sol Moderne
SOL2 - Sol Traditionnelle
SOL3 - Autre Sol
12. Nature du toit TOI1 - Toit Moderne
TOI2 - Toit Traditionnelle
TOI3 - Autre Toit
13. Nature des murs
14. Principale source d'eau potable
Variables Modalités actives
Source: Travaux de
l'auteur/EDSC-I 2005
MUR1 - Murs Moderne
MUR2 - Murs Traditionnelle
MUR3 - Autres Murs
EAU1 - Citerne/Bouteilles
EAU2 - Robinet
EAU3 - Puits/For Salubres
EAU4 - Puits/For Insalubres
EAU5 - Autres Eaux
TEM1 - Surplace
TEM2 - >30mn
TEM3 - <=30mn
TAG1 - sévèremt malnutris
TAG2 - malnutris
Variables Modalités actives
1. Indicateur de Richesse du Ménage IRM1 - Plus pauvre
IRM2 - Pauvre
IRM3 - Moyen pauvre
IRM4 - Riche
IRM5 - Plus riche
2. Allaitement au sein ALL1 - Allaité
(maternelle) ALL2 - Non Allaité
3. Vitamine A VIT1 - Vitaminé A
VIT2 - Non Vitaminé A
4. Vaccination BCG BCG1 - Vacciné BCG
BCG2 - NonVacciné VBCG
5. Vaccination POLIO POL1 - Vacciné POLIO
(Poliomyélite) POL2 - NonVacciné POLIO
6. Vaccination DTCOQ DTC1 - Vacciné DTCoq
(Diphtérie/Tétanos/Coqueluche) DT -
NonVacciné DTCoq
7. Vaccination ROUGeole ROU1 - Vacciné Rougeole
ROU2 - NonVacciné Rougeole
8. Gestion des sanitaires (type de lieu d'aisance)
9. Indice de peuplement du logement (Nombre de personnes par
pièces)
|
GWC1 - WC Collectif
GW - WC Privé
IPL1 - ipl 0-1
IPL2 - IPL 2-3
IPL3 - IPL >3
|
L'on sait que l'inertie totale expliquée par la matrice
soumise à l'analyse est égale au nombre moyen des 47
modalités divisé par les 17 variables actives, diminué
d'une unité ; soit 1,7647. Sur le plan (1,2), la diagonalisation de la
matrice analysée donne les valeurs propres respectives
ë1 = 0,3106 et ë2 = 0,1466 .
Le facteur 1 décrit 17,60 % de l'inertie
totale de la matrice de départ tandis que le facteur 2
en décrit 8,31 %. Cela signifie que le plan d'analyse (1,2) restitue
environ 26 % de l'information contenue dans le nuage initial. Est-ce un taux de
projection d'informations significatif ? Oui :
ü la faible part de la variance expliquée sur les
premiers axes est une caractéristique de l'ACM qui donne
généralement des mesures pessimistes de l'information extraite.
En effet, l'inertie totale (somme des valeurs propres) dépend uniquement
du nombre de variables et de modalités, et non des liaisons entre les
variables : elle n'a donc pas de signification statistique47 ;
ü chaque axe absorberait une inertie de 1/46, soit
environ 2 points, au cas où les modalités étaient
indépendantes. Ainsi, le plan (1,2) choisi a un pouvoir descriptif des
liaisons entre modalités, 13 fois plus grand.
47 Notons que, contrairement à cette inertie
totale qui n'a pas de sens statistique, la somme des carrés des valeurs
propres est un indicateur de liaison entre variables. Elle est d'autant plus
élevée que les liaisons entre variables sont plus fortes
[Lébart et al (1994), Benzécri (1973), Volle (1980)].
L'analyse de l'indicateur composite de pauvreté des
enfants, va être facilitée par l'examen préalable des
formes des graphiques résultant de l'analyse factorielle.
Figure 4.1 : Hypercube de contingence. Indicateur
composite de pauvreté multivariée de la petite
enfance
Source : I'auteur sur les donnée s de
I'EDSC-I 2005
Quadrant 2
Quadrant 3
Quadrant 1
Quadrant 4
L'examen de la figure ci-dessus (appuyé par une
visualisation de la représentation simultanée : figure 4.E.1,
annexe E), montre que le nuage des enfants décrit en même temps
que l'IRM et leur ICP, une trajectoire parabolique : c'est l' «effet
Guttman». Il apparaît ici de façon mécanique, comme
c'est habituellement le cas dans la plupart des variables
échelonnées avec un ordre naturel (ici l'ICP et l'IRM). Cet
effet, s'avère important dans l'étude des
phénomènes périphériques, afin d'interpréter
véritablement les axes. L'effet Guttman oppose, suivant la parabole
d'une part les modalités extrêmes sur l'axe 1 et, d'autre part,
les modalités extrêmes aux modalités moyennes sur l'axe 2,
les points de rupture de la parabole méritant une attention
particulière (Bry,1995, p.94). Cela étant, l'on pourrait
assimiler l'axe 1 à un axe d'«extrême
pauvreté/extrême richesse» et l'axe 2 à celui de
«pauvreté intermédiaire». Le facteur 2 étant une
fonction de second degré du facteur 1, la pauvreté
infanto-juvénile impose une interprétation sur le plan (1,2).
Ainsi, l'axe 1 oppose les deux extrémités de la parabole ; les
enfants « extrêmement pauvres » à gauche (quadrant 3)
aux enfants «extrêmement riches» à droite (quadrant 4).
Cette opposition (encore hypothétique à cette étape) est
telle que :
® les enfants «extrêmement pauvres» sont
issus des ménages les plus pauvres. Faute de cela, il n'est pas
étonnant que ces enfants habitent des logements traditionnels (toit en
paille/chaume, sol en terre/sable/bois/planches, murs en d'autres
matériels) et sont sans lieu d'aisance. De même, ils consomment de
l'eau issue des puits/forages insalubres et sont exposés au risque de
presque toutes les maladies cibles du PEV/C (Tuberculose, Polio,
Diphtérie, Tétanos et Coqueluche). Ces résultats
confirment les liens entre les variables croisées lors des analyses
faites au chapitre 3. C'est pourquoi, l'on pourrait ajouter que de tels enfants
sortent des ménages où la mère a un niveau d'instruction
faible. Cela corrobore une des analyses faites par Ambapour (2007) traitant le
cas spécifique des ménages congolais. Il appelle cette
pauvreté liée au manque/faible d'accès aux infrastructures
de base ; «vulnérabilité de l'existence humaine». Il
ajoute que «c'est la pauvreté la plus perceptible et frappe surtout
les ménages analphabètes»48. Somme toute, il est
clair que le quadrant 3 illustre non seulement une pauvreté
infanto-juvénile héritée des ménages (position de
l'IRM), mais aussi une pauvreté en termes de manque d'accès aux
besoins de base49 et en termes de violation de leurs droits
socio-économiques50. Il s'agit-là des enfants des
zones rurales, privées d'infrastructures de base.
(c) les enfants «extrêmement riches» sont
issus des ménages les plus riches. Fort de cette liaison, il n'est pas
non plus étonnant qu'ils disposent d'un cadre de vie agréable
caractérisé par des logements modernes (murs en
ciments/agglo/parpaings, etc.). Ils utilisent des sanitaires décents
(chasse eau/fosses et latrines modernes), consomment de l'eau du robinet pour
laquelle la durée moyenne d'approvisionnement n'excède pas une
demi heure. Toutefois, ces enfants ne sont pas allaités au lait maternel
et l'on sait que cela est tributaire des ménages où la
mère a un niveau d'instruction élevé. Ce qui
pourrait conférer au quadrant 4 le pouvoir descriptif d'une
pauvreté non monétaire infanto-juvénile, en termes de
privation de lait maternelle (pauvreté nutritionnelle).
L'axe 2 oppose les enfants appartenant aux deux
premières catégories susmentionnées aux enfants en
situation de pauvreté intermédiaire (le sommet et l'axe de
symétrie de la parabole). Il ne reste donc plus qu'à
décrire les quadrants 1 et 2. Ces quadrants concernent les enfants issus
de parents pauvres, moyens pauvres et riches. Toutefois, il y a lieu de
préciser que deux sous-classes opposées sembleraient naître
dans cette catégorie : la sous-classe du
48 Ambapour S., 2006, «Pauvreté multidimensionnelle
au Congo : une approche non monétaire », DT 13/2006, p.22.
49 Aménagement sanitaires, eau potable,
logement et soins de santé.
50 Droit à des conditions de vie adéquates, droits
économiques, droit à un accès équitable aux
services publics de santé.
quadrant 2 dont le niveau de bien-être semble relativement
plus bas que celui de la sousclasse abritant le quadrant 1.
® La sous-classe du 2ème quadrant
concerne les enfants issus des ménages « pauvres ». Leur
habitat est caractérisé par des murs traditionnels, des autres
toits et des personnes dormant à plus de trois par pièce. Ces
enfants sortent de ménages qui n'utilisent pas de sel iodé, sont
privés de micronutriments à vitamine A ; sont donc malnutris bien
qu'ils utilisent de l'eau provenant des puits/forages salubres, des
citernes/bouteilles et des autres sources. Ils sont vaccinés contre les
maladies cibles du PEV/C, exceptée la rougeole. Notons aussi que leurs
WC sont de type traditionnel ou moderne collectif. En somme, cette sousclasse
attribue à l'axe 2 le caractère descriptif d'une pauvreté
en termes de cadre de vie non assaini et d'alimentation de basse
qualité. C'est la tendance des enfants en zone « semirurale
».
(c) La sous-classe du 1er quadrant concerne les
enfants issus de parents « moyens pauvres » et « riches ».
Ils utilisent des sources d'eau autres que celles que l'on a déjà
citées précédemment. L'habitat est relativement
confortable avec toit et sol modernes. Ils sont vaccinés contre les
maladies cibles du PEV/C excepté la rougeole et sont allaités
dans les 1éres périodes de leur existence. C'est seulement en
termes de désavantage pour la non vaccination contre la rougeole que
leur pauvreté s'exprime. Nous assimilons ce type de pauvreté
comme tributaire des enfants dont le milieu de résidence est
relativement celui des grandes villes.
Il y a lieu de relever que cette description de classes reste
encore moins rigoureuse, notamment en ce qui concerne le facteur 1. En effet,
tous les individus décrits (au sens des modalités de leurs
variables caractéristiques), ne contribuent pas de la même
façon à la formation de cet axe. De même, tous ne sont pas
bien représentés sur ce même axe. Les modalités qui
ont le plus contribué à sa formation sont celles pour lesquelles
la contribution (CTR) est au-dessus de la tendance centrale théorique
autour de laquelle elle oscillerait si ces modalités contribuaient
équitablement ; c'est-à-dire 2,12 % (100/47). Aussi, seules sont
très bien représentées sur l'axe 1, les modalités
dont le cosinus carré (CO2) avoisine 0,02 (1/47). Enfin, un autre
élément d'aide à la pertinence des modalités est la
valeur test (V.TEST). Elle édite les modalités les plus
marquantes de chaque classe. Une modalité est significative si V.TEST
est en valeur absolue supérieure à 2. Cela étant, les
modalités de variables jugées rigoureusement
interprétées (dites aussi «modalités bien
photographiées»), sont récapitulées dans le
tableau 4.2. Rappelons par ailleurs que la forme fonctionnelle des scores Ci
(ICPi) est donnée au chapitre 3 [voir formule (1)]. Toutefois, les
résultats ici donnés sont
générés automatiquement avec les
procédures HOMALS Command de SPSS et COREM/CORMU de SPAD.
Tableau 4.2 : Scores, contributions, cosinus
carrés et valeurs-test des modalités significatives sur l'axe
1
Variables/Modalités Score Ci CTR en % CO2 V.TEST
2. Vitamine A
Non vitaminé A -0.26 0.20 0.01 -5.3
10. Sanitaires WC moderne Sans WC
13. Nature des murs Murs modernes
Murs traditionnels
15. Temps pour approv. Eau > 30 minutes
<=30 minutes
1. Indicateur de Richesse du Ménage Plus pauvre
Pauvre
Riche
Plus riche
12. Nature du toit Toit moderne
Toit traditionnel
14. Principale source d'eau Robinet
Puits/Forages insalubres
11. Nature du sol Sol moderne
Sol traditionnel
- 1.12
- 0.81
- 1.45
- 0.68
- 0.99
- 0.27
- 1.33
- 0.67 0.82 1.21
1.18
0.77
0.33
0.62
0.73
0.30
11.20
11.20 2.40 3.90 6.60
4.60
8.70
2.60
5.70
7.60
1.10
1.20
6.80
9.10
6.20
9.60
0.51 0.10 0.17 0.28
0.29
0.19
0.63
0.63
0.48
0.48
0.42
0.42
0.55
0.52
0.08
0.08
- 46.7
- 21.0 27.2 34.6
- 28.5
- 52.2
- 45.8
- 41.8
- 47.2
- 18.5
35.4
51.5
45.8
43.4
48.7
19.0
Source : l'auteur sur les données de
l'EDSC-I 200
Ainsi, l'on voit que 8 variables (17 modalités)
seulement ont significativement contribué à la formation de l'axe
1 et sont bien ou relativement bien représentées sur cet axe. Ces
17 modalités contribuent ensemble pour 99 % à la formation l'ICP.
Certaines modalités ayant contribué de façon
prépondérante sont : les ménages plus pauvres (11 %) et
plus riches (7 %), la non alimentation des enfants en micronutriment
vitaminé A (0.2 %), les infrastructures sanitaires adéquats (7
%), les logements à sol, toit et murs traditionnels (respectivement 9
%,11 % et 6 %), l'eau insalubre (10 %) et le temps excessif pour
s'approvisionner en eau (1 %). Dans cet esprit, les indications de l'ICP
révélées par l'hypercube de contingence (figure 4.1)
deviennent plus souples et l'opposition «enfants pauvres» contre
«enfants riches » devient plus claire.
n D'une part, les enfants «pauvres» sont
caractérisés par : (i) un cadre de vie précaire (parents
«pauvres» ou «plus pauvres», logement indécent de
type traditionnel), (ii) une carence de vitamine A, (iii) une absence de WC, et
(iv) une consommation de l'eau provenant des puits et forages non
protégés situés à des distances demandant plus de
30 minutes d'approvisionnement ;
n D'autre part, les enfants «riches» sont
caractérisés par : (i) un cadre de vie décent (parents
«riches» ou «plus riches», logement décent de type
moderne), (ii) évoluent dans un environnement assaini, et (iii) des
facilités d'accès à l'eau potable provenant des robinets
qui ne leur coûtent que moins de 30 minutes d'approvisionnement.
Néanmoins, ils sont
vulnérables et leur pauvreté est attribuable au
manque d'allaitement maternel et à la faiblesse de la vaccination
anti-rougeoleux.
D'une manière globale, l'examen combiné des
résultats antérieurs et surtout de l'ICP, illustre trois types de
pauvreté non monétaire infanto-juvénile au Congo. Une
pauvreté héritée des parents (IRM, IPL, niveau
d'instruction de la mère, qualité de logement, eau potable, type
de WC), une pauvreté occasionnée par les paramètres
communautaires ou environnementaux (couverture vaccinale, alimentation,
allaitement, assistance à l'accouchement)51 et une
pauvreté induite par les caractéristiques de l'enfant. Le
problème qui reste, c'est le comptage et la répartition de ces
enfants pauvres, ce qui ne saurait être fait à l'aide des indices
de mesure de la pauvreté.
4.1. 2 Indice composite de pauvreté : construction
et decomposition
L'ICP élaboré précédemment, sert
à la détermination d'un seuil absolu de pauvreté. Ce
dernier permet de dresser un profil de pauvreté à l'aide des
indices FGT. La détermination du seuil de pauvreté étant
le point focal dans l'élaboration d'un profil de pauvreté, il est
important de préciser les procédures y afférentes. La
fenêtre suivante (figure 4.2) matérialise la filière
exécutée par le logiciel SPAD, pour le traitement du nuage soumis
à l'analyse.
Figure 4.2 : procédure d'élaboration et
d'archivage de partition de l'ICP sous SPAD
Source : I'auteur
51 Certaines des variables peu significatives pour
l'ACM sont récupérées, pour tenir compte des 74 % (100 % -
26 %) d'inertie du nuage non restituée sur les plans factoriels ; % qui
aurait suscité des fluctuations locales.
1) La fonction CORMU/COREM (correspondances multiples/
correspondances multiples avec choix des modalités) permet
d'élaborer l'ICP des enfants ; les scores normalisés sur le
facteur 1 ;
2) La commande SEMIS (classification sur les facteurs) permet
de faire une classification mixte. La procédure classifie les 4326
enfants caractérisés par leurs scores factoriels calculés
à l'étape précédente52 ;
3) La commande PARTI-DECLA (coupure de l'arbre et description
des classes de typologies) réalise la coupure de l'arbre en optimisant
les partitions obtenues53 ;
4) Enfin, la commande ESCAL.ARCHIV (archivages des
coordonnées factorielles et partitions) traduit les deux classes ainsi
imposées en deux variables nominales qui sont désormais
archivées et disponibles dans la matrice initiale soumise à
l'analyse.
4.1.2.1 Le seuil absolu de pauvreté
Les caractéristiques de chacune des classes sont
décrites dans le tableau 4.E.2 de
l'annexe E. Dans le même temps, la synthèse des 4
étapes ci-dessus est donnée par le tableau 4.3.
Tableau 4.3 : Discrimination enfants riches-enfants
pauvres (après consolidation des classes)
Ident. CO2 V.test Min.score Max.score Poids Global %
Classe 1/2 «Pauvres» 0.98 -57.7 -1.33 0.89 1827
42.23
Classe 2/2 «Riches» 0.97 57.7 -0.05 1.21 2499 57.77
Classe 1 et 2 - - - -1.33 1.21 4326 100.00
Source : I'auteur sur les donnée s
de I'EDSC-I 2005
Entre autres, ce tableau donne dans :
a) la colonne Poids, le nombre d'enfants «
pauvres » : q = 1827 pour une population totale de n = 4326 enfants ;
b) la colonne Global, l'incidence de la
pauvreté non monétaire infanto-juvénile : 42,2 %.
De même, les données des colonnes
Min.score, Max.score et
Global, appliquées dans la formule (2) du chapitre 3
fournissent le seuil de pauvreté non monétaire utile pour
calculer les indices FGT. Soit z1viaACH = 0,347. Nous l'appellerons z tout
court.
En guise de rappel,
|
FGT á =
|
1 (q z -
xiá
)=pá
ni=1z
|
, avec á = 0,1, 2 ; xi = ICPi. (FGT)
|
52 Une première classification est obtenue
par croisement de plusieurs partitions de base construites autour des centres
mobiles, puis les classes stables ainsi formées sont
agrégées par une méthode de classification
hiérarchique. Le critère d'agrégation est le
critère de Ward. L'arbre d'agrégation ainsi créé
est sauvegardé (voir les détails avec Lebart, 1995, «
Statistique exploratoire multidimensionnelle » Chapitre 2, Section 3, pp.
177-184.
53 Le but est de trouver les modalités qui
discriminent le mieux les classes. Les partitions des classes de poids trop
faibles sont éliminées pour être
réagrégées ensuite, jusqu'à 10 itérations
4.1.2.2 Incidence, profondeur et
sévérité de pauvreté
L'utilisation conjointe de la translation (T) du chapitre
précédent et de la formule
(FGT) ainsi que de quelques variables caractéristiques des
ménages, de l'environnement et des enfants, donne un profil de
pauvreté infanto-juvénile.
a) Indices de pauvreté et caractéristiques
biologiques des enfants
Tableau 4.4 : Indices de pauvreté (en %) selon le
sexe et selon l'âge de l'enfant
|
Incidence (po)
|
Intensité ou Profondeur (p1)
|
Inégalité ou
Sévérité (p2)
|
Sexe
|
Masculin Féminin
|
41,1 43,1
|
13,9
|
4,5
|
14,2
|
4,6
|
Age
|
0 an
|
41,0
|
14,0
|
4,4
|
1 an
|
59,3
|
20,2
|
7,0
|
2 ans
|
34,4
|
11,1
|
4,1
|
3 ans
|
36,0
|
11,0
|
4,1
|
4 ans
|
39,2
|
12,7
|
4,5
|
Ensemble
|
42,2
|
14,0
|
4,6
|
Source : Travaux de l'auteur
sur l'EDSC-I 2005
|
Le niveau du seuil de pauvreté est z = 0,347
(confère supra).
Nous constatons que l'incidence de la pauvreté qui est
de 42,2 % au Congo ne discrimine pas le sexe de l'enfant. Toutefois, elle
marque un léger écart de 2 points entre les garçons et les
filles (41 % contre 43 %). Par ailleurs, le déficit moyen de la valeur
du bienêtre au seuil de pauvreté est de 7 enfants sur 50 (14 %).
Enfin, l'inégalité parmi les enfants pauvres frappe environ 1
enfant sur 20 (4,6 %). Par rapport à l'âge, les enfants de 1 an
révolu sont plus enclins à la pauvreté, que ce soit
l'incidence, la profondeur et la sévérité (respectivement
59 %, 20 % et 7 %). Au-delà de 1 an, ces valeurs sont presque
constantes. Cela pourrait être lié à l'indice «taille
pour âge » expliquant le retard de croissance. En effet, il a
été signifié plus haut que les ratios des enfants
malnutris et sévèrement malnutris évoluaient rapidement
entre 0 et 1 an révolu et qu'au-delà de cet âge,
l'indicateur de retard de croissance semblerait se stabiliser. La constance des
« 3 I » à partir de 2 ans montre que les enfants ayant un
déficit de bien-être à cet âge, restent dans cet
état jusqu'à 4 ans révolus.
b) Indices de pauvreté et caractéristiques des
ménages54
Comme dans l'approche indirecte de la mesure de la
pauvreté infantile, il ressort qu'au Congo, la structure ordinale de la
pauvreté infanto-juvénile suit celle de la pauvreté des
ménages desquels les enfants sont issus. Le tableau 4.5 met en relief de
telles observations.
54 L'examen des liens entre le niveau de vie des
ménages et les indices FGT relatifs à la pauvreté des
enfants, est au coeur de la présente recherche. En effet,
l'affermissement du bien-être infanto-juvénile implique la
connaissance préalable du niveau de pauvreté du ménage.
L'on précise dans cet esprit que mesurer directement la pauvreté
des enfants signifie prendre des en considération des variables
spécifiques aux enfants et prendre ces derniers comme unités
d'analyse. Toutefois, cela ne signifie pas l'élimination du
ménage ; étant entendu que c'est sur les parents que
l'État agirait même si la finalité est de rehausser le
bien-être infantile.
Tableau 4.5 : Indices de pauvreté (en %) selon
l'Indicateur de Richesse du Ménage (IRM) et selon le niveau
d'instruction de la mère
|
Incidence (po)
|
Profondeur ( p1)
|
Sévérité (p2)
|
Indicateur de Richesse du Ménage
|
Plus pauvre
|
67,9
|
16,0
|
4,9
|
pauvre
|
59,3
|
11,2
|
4,0
|
Moyen pauvre
|
23,0
|
7,6
|
2,5
|
Riche
|
8,0
|
2,5
|
0,6
|
Plus riche
|
5,2
|
1,1
|
0,2
|
Niveau d'instruction de la mère
|
Analphabète
|
58,1
|
19,0
|
4,8
|
Primaire
|
59,5*
|
19,7*
|
4,8*
|
Secondaire
|
30,6
|
10,2
|
3,4
|
Supérieur
|
16,7
|
4,8
|
1,0
|
|
Ensemble 42,2 14,0 4,6
|
Source : Travaux de l'auteur sur
l'EDSC-I 2005
|
Ces observations sont obtenues à travers les « 3 I
» de la pauvreté : l'incidence, l'intensité et
l'inégalité. Ces indices chutent brutalement de 70 % à 5
%, de 16 % à 1 % et de 5 % à environ 0 % lorsque l'on passe
respectivement des enfants des ménages plus pauvres à ceux des
ménages plus riches. Cependant, nous relevons l'existence d'une part
considérable des enfants de moins de 5 ans qui, bien qu'issus de
ménages riches ou plus riches, sont frappés d'un manque d'au
moins un besoin de base (ou de privation d'au moins un droit
socio-économique) ; soit un peu plus de 6 %. Nous relevons aussi que les
disparités sont énormes. Par exemple, le ratio de pauvreté
infanto-juvénile (p0) dans les ménages pauvres est 7,5 fois plus
grand que celui des ménages riches. Le constat est presque le même
avec le niveau d'instruction : les enfants dont la mère est plus
instruite ont plus d'opportunité en termes de qualité de
bien-être. Ce résultat n'est pas étonnant. Deux raisons
sont plausibles à cette fin. Premièrement, il a été
démontré (voir notre revue des travaux empiriques : cas du
Cameroun par exemple) que l'incidence de la pauvreté varie souvent en
sens inverse du niveau d'instruction de la mère (DSCN, 2002). Plus la
mère est instruite mieux elle connaît les règles
d'hygiène, de santé et mieux elle connaît les droits et
besoins vitaux des enfants. Deuxièmement, le niveau d'instruction est un
bon indicateur du « bon » niveau de vie du ménage. Il
conviendrait de remarquer la particularité des valeurs cotées *.
Ces valeurs montrent une situation étonnante selon laquelle la
pauvreté est relativement plus accentuée chez les enfants dont la
mère est de niveau d'instruction primaire par rapport à ceux dont
la mère est sans instruction. La présente étude se
réserve d'interpréter ce résultat qui nous semble tout
à fait singulier : une étude particulière basée
uniquement sur la pauvreté des enfants et le niveau d'instruction de la
mère révélerait, certainement des explications concernant
cette occurrence.
c) Indices de pauvreté et certaines
caractéristiques communautaires
Tableau 4.6 : Indices de pauvreté (en %) par
certaines caractéristiques environnementales
|
Incidence (po)
|
Profondur ( p1)
|
Sévérité (p2)
|
Domaine de résidence
|
Brazzaville
|
23,8
|
7,0
|
1,6
|
Pointe Noire
|
25,3
|
8,8
|
2,1
|
Nord Congo*
|
60,3
|
19,8
|
5,0
|
Sud Congo**
|
52,5
|
15,1
|
4,2
|
Qualité logement
|
Moderne
|
24,2
|
8,0
|
2,6
|
Traditionnelle
|
63,3
|
21,1
|
5,3
|
Lieu d'aisance
|
Moderne
|
21,7
|
7,3
|
1,8
|
Traditionnelle
|
59,0
|
18,6
|
4,9
|
Sans WC
|
72,2
|
21,0
|
6,0
|
Eau potable
|
Salubres
|
23,0
|
8,7
|
1,9
|
Insalubres
|
72,8
|
23,2
|
6,0
|
Vaccination complète /maladies cibles PEV
|
Vacciné
|
41,8
|
11,1
|
3,4
|
Non vacciné
|
47,0
|
14,9
|
4,8
|
Micronutriments
|
Vitamine A
|
39,0
|
14,0
|
3,9
|
Sans vitamine A
|
42,2
|
15,6
|
4,0
|
Assistance accouchement
|
Personnel santé
|
20,1
|
9,0
|
2,2
|
Traditionnelle
|
52,4
|
15,7
|
5,0
|
Seule
|
90,4
|
30,0
|
8,8
|
|
Ensemble
|
42,2
|
14,0
|
4,6
|
* : comprend 5 départements : Plateaux, Cuvette,
Cuvette-Ouest, Sangha, Likouala ** : comprend 5 départements : Kouilou,
Niari, Lekoumou, Bouenza, Pool
Source : Travaux de l'auteur /
l'EDSC-I 2005
|
- La pauvreté infanto-juvénile revêt un
caractère régional. Pour un seuil de pauvreté
estimé à 34,7 %, l'indice numérique de
pauvreté est plus élevé au Nord Congo (60 %), suivi du Sud
Congo (52 %) par rapport à Pointe Noire et Brazzaville où il vaut
respectivement 25 % et 24 %. La raison plausible est que les deux
1eres zones couvrent plus de localités rurales alors que les
deux dernières sont les plus grandes villes du pays. En
général, les « 3 I » de la pauvreté sont souvent
plus élevées dans les régions rurales que dans les grandes
métropoles urbaines. Cela s'explique par le fait que les conditions
d'hygiène et donc l'accès aux services de base concernent plus
les zones urbaines ; les régions rurales souffrant d'un manque
d'infrastructures adéquates. Soulignons aussi que, Brazzaville
dégage les plus faibles incidence, profondeur et
sévérité de la pauvreté.
Une autre raison serait la corrélation positive entre
détérioration du bien-être infantile et conditions
communautaires précaires (valeurs prédominantes de p0, p1 et p2
pour les enfants non vaccinés, en carence de vitamine A, dont la
naissance n'a pas été assistée et qui sont privés
des conditions de logement décentes).
- La décomposition du ratio po par domaine
permet de constituer deux blocs
administratifs. D'un côté, Brazzaville et Pointe
Noire avec un indice numérique de
pauvreté infanto-juvénile modéré ; un peu plus
de la moitié de la moyenne du Congo (42 %), et de
l'autre, Nord Congo et Sud Congo avec un ratio de pauvreté
infanto-juvénile accentué ; un peu plus du double de la
même tendance centrale.
- Au Congo, l'accouchement sans assistance, l'eau potable et le
WC sont les facteurs
communautaires qui impactent le plus sur les niveaux des indices
de pauvreté des enfants.
Cependant ce profil de pauvreté
infanto-juvénile, bien que confirmatif de la quasitotalité des
résultats antérieurs, reste assez descriptif. Il ne permet pas
d'évaluer le risque pour un enfant de moins de 5 ans d'être
pauvre, étant donné les caractéristiques individuelles de
cet enfant, les caractéristiques de son ménage et les
caractéristiques environnementales. Or, la prise en compte de tels
facteurs serait capitale dans le ciblage des stratégies qui doivent
être envisagées pour réduire la pauvreté ;
d'où le recours à une analyse explicative à partir d'une
approche économétrique.
4. 2 LE RISQUE DE PAUVRETE DANS LA PETITE ENFANCE
Note 1 : Les liens «
tissés » entre les variables cibles, ne sont jusque-là que
«admissibles». En fonction des variables définies, cette
section vise à valider si besoin est, les principaux facteurs
jugés significatifs (individuels, communautaires, ménages). De
tels facteurs découlent d'une analyse économétrique qui
vise, essentiellement, à déterminer d'une manière
empirique les lois économiques, en complétant la théorie
par la vérification des liaisons entre les variables et la stature de
ces liens grâce aux observations chiffrées. Elle est un outil de
mesure en économie. Son cadre d'expression est la modélisation ;
un modèle étant une représentation schématique
formelle d'une réalité.
4. 2.1 Modelisation du risque de pauvrete
infantoluvenile
Il est question ici de présenter théoriquement le
modèle postulé, de modéliser,
spécifier les variables, indiquer les options
spéciales d'analyse puis interpréter les résultats.
4.2.1.1 Présentation théorique du
modèle probit55
Soit un échantillon de n individus indicés i, i =
1,..., n. Pour chaque individu, l'on
observe si un certain événement s'est
réalisé et l'on note yi la variable
codée associée à
événement. Posons ? i ? { 1, 2, ...,
n} : y= I 1
0
|
si l'événement s'est réalisé pour
l'individu i si non
|
L'on appelle modèle dichotomique univarié
(logit, probit, plus-value, etc.), un modèle statistique dans lequel la
variable expliquée ne peut prendre que deux modalités
discrètes. Il explique la survenue ou non d'un événement,
en définissant la probabilité de survenue de
l'événement comme l'espérance de la variable codée
yi .
E ( y i ) = prob ( y
i = 1)*1 +prob(yi = 0)*0 =
prob(yi = 1)=pi
55 Sauf indication additive éventuelle,
cette partie se réfère essentiellement à nos notes de
cours d'économétrie et au polycopié de Cours initié
par Christophe Hurlin, 2003, « Économétrie des Variables
Qualitatives ». Des détails sur le modèle Probit sont
donnés en encadré F1 et F2 (Annexe F).
4.2.1.2 Modélisation et spécification des
variables
Modélisation
L`analyse économétrique des déterminants
de la pauvreté infanto-juvénile requiert un fondement
théorique. Ce fondement fait référence à
l'hypothèse selon laquelle la pauvreté d'un enfant est
exclusivement héritée de celle du ménage dont il est issu
; cette dernière devant être confirmée ou infirmée
par la modélisation. La démarche suivie se réfère
à une variante qui est actuellement utilisée au sein du
réseau PEP, notamment l'optique de Lachaud (2000) et de Deaton (1997).
Dans ce contexte, ayant présumé la causalité des facteurs
individuels, communautaires et du ménage, sur le bien-être des
enfants, l'on suppose que les déterminants du bien-être
infanto-juvénile dérivent de la maximisation d'une fonction de
demande réduite de santé à trois vecteurs (enfant,
ménage et structure communautaire). Cette option tient compte de nos
hypothèses sous-jacentes, des données disponibles et
calculées puis des objectifs poursuivis. Par conséquent,
l'unité d'analyse est l'enfant lui-même. La
modélisation de son risque de pauvreté peut se faire à
partir des équations réduites et l'analyse de la demande de
santé infantile peut se faire en maximisant une fonction de demande de
santé. Compte tenu de ces éléments d'analyse, la
modélisation des chances de pauvreté des enfants est
exprimée par la relation (I) :
Rpi = R ( Xi ,
Xm , Xc , u i) (
I)
--> Xi est un vecteur des
caractéristiques de l'enfant [age, sexe] ;
Xm est un vecteur des
caractéristiques du ménage [Indice de Richesse du
Ménage,
niveau d'instruction de la mère, qualité du
logement, iodation du sel, sanitaires (lieu d'aisance et son mode de gestion)
et eau potable (source et durée d'approvisionnement)] ;
Xc est un vecteur des
caractéristiques de l'environnement [domaines, vaccination,
nutrition, vitamine A, allaitement et assistance à
l'accouchement de la mère] ; --> ui est l'erreur
aléatoire du modèle.
L'équation (I) exprime le risque pour un enfant
congolais de moins de 5 ans d'être pauvre compte tenu des
caractéristiques décrites ci-dessus. En d'autres termes,
contrairement à une approche indirecte qui prendrait en compte la
mère (ou le ménage) comme unité d'analyse, l'approche
directe considérée ici, prend comme unité d'analyse
l'enfant. Ainsi, la présente approche économétrique veut
examiner dans quelle mesure les caractéristiques
susénumérées influencent le bien-être des enfants.
Sur ce, cette modélisation appelle une spécification sommaire des
variables.
Spécification des variables
D'abord, la variable dépendante du modèle est
l'indicateur composite de bien-être des enfants (ICP) ou les scores,
archivés comme indiqué plus haut à l'issue de la
classification mixte de la section 4.1. Cette variable dépendante
ordinale a été dichotomisée en deux classes
catégorielles d'enfants : classe 1/2 = « pauvres » et classe
2/2 = « riches » ou « non pauvres ». Nous
reprécisons que l'échantillon concerne 4326 enfants
âgés de 4 ans révolus au moment de l'enquête
(année 2005). Ensuite, s'agissant des variables explicatives du
modèle, elles sont considérées comme exogènes. Le
bien-être des enfants considérés est supposé
être déterminé par trois groupes de facteurs :
(i) Au niveau du ménage : l'éducation de la
mère est censée agir sur la santé de l'enfant. Par
exemple, l'accès à l'information en matière de
santé pour une mère qui sait lire et écrire. Pour mieux
capter l'information, nous avons distingué le niveau d'instruction de la
mère en analphabète, primaire, secondaire, supérieur ;
l'IRM en plus pauvres, pauvres, moyen pauvres, riches, plus riches ; le type de
logement en traditionnel, moderne ; le type de WC en traditionnel, moderne,
sans WC ; le mode de gestion des sanitaires en collectif, privé ; la
principale source d'eau potable en salubre, insalubre ; le temps
d'approvisionnement en eau (moins 30 minutes, plus de 30 minutes). Ces
modalités sont censées avoir une incidence sur le bien-être
infantile comme nous l'avons constaté dans les analyses
précédentes ;
(ii) Au niveau individuel : l'âge et le sexe sont des
indicateurs biologiques de santé physique. Par exemple, il a
été supposé plus haut que l'indice taille-âge qui
indique le retard de croissance chez les enfants, est fortement
corrélé avec l'âge. Ces deux variables sont potentiellement
agissantes sur le bien-être infantile. Leurs modalités sont :
masculin, féminin pour le sexe et 0 an, 1-2 ans, 3-4 ans révolus
pour l'âge ;
(iii) Au niveau communautaire, les facteurs candidats
à un impact sur le niveau de vie des enfants sont le domaine
(modalités : Sud Congo, Nord Congo, Pointe Noire, Brazzaville), la
vaccination complète contre les maladies visées par le PEV/C :
BCG, Polio, DTcoq, Rougeole (modalités : « oui », « non
»). Le pouvoir explicatif de ces variables a été pressenti
lors de l'analyse descriptive (chapitre 3) puis dans le profil de
pauvreté (section 4.1 du présent chapitre). Toujours au niveau
communautaire, l'analyse descriptive révélait l'influence, sur le
développement infantile, de la vitamine A (modalités : «
vitaminé A », « Non vitaminé A »), du type
d'assistance à l'accouchement de la mère (modalités :
personnel de santé, traditionnel, non assisté), de l'indice
taille-âge : ITAG (modalités : sévèrement malnutris,
malnutris) et de l'allaitement au sein (modalités : « oui »,
« non »). Ce sont des potentielles variables explicatives.
Note 2 : Une étude qui
étendrait l'âge des enfants au-delà de 5 ans, se
révélerait intéressante si elle intègre l'aspect
éducation scolaire aussi bien dans l'élaboration de l'ICP des
enfants que dans le modèle. Cette option est à l'évidence
excentrique pour la présente étude.
4. 2. 2 Les options econometriques, resultats et
interpretation
Il est présenté ici, les options
économétriques et les résultats de la
modélisation.
4.2.2.1 Options économétriques
L'approche économétrique des déterminants
de la pauvreté infanto-juvénile avec le
modèle probit se réfère à
l'équation (I). Fondée sur l'enfant comme unité d'analyse,
l'on sait qu'il est plus aisé de maximiser l'équation (II)
ci-après, laquelle équivaut au même modèle, mais
cette fois sous la forme latente.
p i = âi
Xi + âm X m + â
c Xc + u i
*( II)
Où, X i , X m
,X c garde la même signification que dans
l'équation (I), de même que ui se
réfère toujours au terme aléatoire, et :
p i
|
1 si p i >c 0 si p
i=c
|
Avec : c = nombre réel, limite de tolérance
rapportée à la variable latente *
yi , elle-même se
rapportant au risque de pauvreté
infanto-juvénile.
Notons que56 :
--> les coefficients estimés seront jugés
significatifs à travers la statistique du test du ratio de vraisemblance
: le Likelihood Ratio Test (LRT);
--> les observations d'un même contexte étant
souvent fortement corrélées (par exemple, il est simple de voir
que l'IRM est une combinaison linéaire de type de logement, eau potable,
etc.), l'on tiendra compte de cette interaction sans laquelle la recherche des
déterminants de la pauvreté infantile par le modèle probit
conduirait à une sous-estimation de l'inertie des coefficients du
modèle et donc à une perte d'information. Ce
phénomène (nommé multicolinéarité) sera
testé via les statistiques de Klein/VIF/Glauber (automatiquement). De
même, l'évaluation de la qualité du modèle sera
faite en estimant soit le nombre de fausses prédictions (nfp) soit le
nombre d'unités bien classées (% ubc) ;
- Une fois la multicolinéarité levée, il
sera procédé à une application systématique de
la correction d'hétéroscédasticité de
Huber (1967)/White (1980), car l'on suppose que l'effet taille de
l'échantillon pourrait altérer la robustesse du modèle.
56 Toutes ces indications sur les tests sont
explicitées en encadré F.3 de l'annexe F.
4.2.2.2 Résultats et interprétation
Le tableau 4.7 ci-après donne les résultats des
estimations probit du risque de pauvreté
infanto-juvénile, notamment les coefficients de
régression et les effets marginaux.
Tableau 4.7 : Coefficients de régression et effets
marginaux des estimations Probit
Dependent Variable : Partition from score_ICP
Method : Binary Probit of Newton-Raphson
|
|
|
|
Variable
|
Coeff
|
Std.Error
|
t-Stat
|
Prob.
|
Effet marg.
|
Const.
|
-3.5931
|
1.2402
|
-2.8971
|
0.0038
|
-0.0738*
|
Sexe enfant/féminin
masculin
âge enfant/3-4 ans révolus
|
-0.0578
|
0.0238
|
-2.4285
|
0.0012
|
-0.0212*
|
0 ans révolus
|
-0.4079
|
0.0608
|
-6.7038
|
0.0011
|
-0.1390*
|
1-2 ans révolus
|
-0.4042
|
0.0541
|
-7.4730
|
0.0019
|
-0.1297*
|
IRM/plus riches plus pauvres
|
-2.1482
|
0.1057
|
-20.3210
|
0.0000
|
-0.2028*
|
pauvres
|
-0.1677
|
0.0384
|
-4.3722
|
0.0411
|
-0.0553*
|
moyen-pauvres
|
-0.1100
|
0.0482
|
-2.2830
|
0.0417
|
-0.0254*
|
riches
|
-0.0281
|
0.3513
|
-0.0800
|
0.1139
|
-0.0098
|
Qualité logement/traditionnelle
moderne
|
3.4667
|
0.2402
|
14.4334
|
0.0000
|
0.0666*
|
IPL/4-6 personnes par pièce
|
|
|
|
|
|
0-1 personne par pièce
|
-0.2388
|
0.3326
|
-0.7179
|
0.1660
|
-0.0019
|
2-3 personnes par pièce
|
0.6540
|
1.8031
|
0.3627
|
0.2707
|
0.0014
|
Lieu d'aisance/sans wc wc
moderne
|
2.3035
|
0.5922
|
3.8898
|
0.0000
|
0.0226*
|
wc traditionnel
|
-1.0930
|
0.3691
|
-2.9613
|
0.0000
|
-0.0989*
|
Gestion wc/privé collectif
|
-0.1407
|
0.1055
|
-1.3335
|
0.1824
|
-0.0402
|
Sel iodé/> 15 ppm sel
0 ppm
|
0.2406
|
0.2572
|
0.9355
|
0.1340
|
0.0465
|
sel < 15 ppm
|
0.2100
|
0.2819
|
0.7449
|
0.1337
|
0.0501
|
Source eau/insalubre salubre
|
1.2135
|
0.1051
|
11.5505
|
0.0000
|
0.0963*
|
Temps approvisionnement Eau/> 30 mn
|
|
|
|
|
|
<= 30 mn
|
-0.1461
|
0.0999
|
-1.4612
|
0.1440
|
-0.0305
|
Niveau d'instruction
mère/supérieur analphabète
|
0.0013
|
0.0004
|
3.2500
|
0.0429
|
0.0001*
|
primaire
|
0.0246
|
0.0118
|
2.0804
|
0.0493
|
0.0145*
|
secondaire
|
0.0689
|
0.0381
|
1.8100
|
0.0721
|
0.0246**
|
ITAG/malnutris
sévèrement malnutris
|
-0.0097
|
0.2357
|
-0.0413
|
0.9671
|
-0.0024
|
Allaitement au sein/ « non »
oui
|
-0.0351
|
0.5397
|
-0.0650
|
0.9481
|
-0.0070
|
Micronutriment/« non vitaminé A
»
|
|
|
|
|
|
« vitaminé A »
|
0.5303
|
0.0839
|
6.3206
|
0.0039
|
0.0956*
|
Vaccination complète/« non »
|
|
|
|
|
|
« oui »
|
0.5096
|
0.0318
|
16.0250
|
0.0000
|
0.0985*
|
Assistance accouchement/non
assisté personnel santé
|
0.0027
|
0.0005
|
5.4002
|
0.0048
|
0.0011*
|
traditionnelle
|
-0.2357
|
0.0888
|
-2.6530
|
0.0044
|
-0.0056*
|
Domaine de résidence/Brazzaville
|
|
|
|
|
|
Pointe Noire
|
0.1301
|
0.0685
|
1.8992
|
0.0854
|
0.0396**
|
Nord Congo
|
0.0299
|
0.0151
|
1.9808
|
0.0222
|
0.0135*
|
Sud Congo
|
0.1219
|
0.0580
|
2.1017
|
0.0295
|
0.0294*
|
Mean dependent var
|
|
0.4223 = (1)
|
|
|
Log likelihood
|
-444.117
|
= vraisemblance logarithmique modèle
|
non contraint
|
Restr.log likelihood
|
-2919.982
|
= vraisemblance logarithmique modèle
|
restreinte
|
LRT [Prob.(LRT)]
|
4951.727
|
[0.000]= (2)
|
|
|
Khi-deux (Prob.)
|
4971,845
|
(0.000)= (3)
|
|
|
% ubc
|
|
84.79 % = (4)
|
|
|
Obs with Dep=0 2499 = effectif classe enfants «non
pauvres»
Obs with Dep=1 1827 = effectif classe enfants
«pauvres»
Total obs 4326 = taille de l'échantillon
/... = base ou modalité de
référence
t-stat = t statistique i.e, coefficient (coeff) par l'erreur
type (std.error)
Prob. = plus-value ; Effet marg. = effet marginal * =
significatif au niveau d'évidence 5 % au plus ** = significatif au
niveau d'évidence compris entre 5 % et 10 %
Source : Travaux de l'auteur sur l'EDSC-I
2005
Avant de procéder à l'interprétation de
ces résultas, nous faisons au préalable des remarques suivantes
:(r1) il ne faut pas perdre de vue que le risque de pauvreté
estimé par le modèle sera interprété en termes de
vulnérabilité, c'est-à-dire la probabilité existant
actuellement (ex anté) pour un enfant de se trouver à l'avenir
(ex post) en situation de pauvreté s'il ne l'est pas, ou d'y demeurer et
même s'y enfoncer davantage s'il l'est déjà ; (r2) il ne
faut pas également perdre de vue que la pauvreté
s'interprète plus aisément en termes de
«bien-être», surtout chez les enfants, ce qui suppose que les
expressions «rehausser le niveau de bien-être» et «baisser
le risque de pauvreté», sont équivalents .Il en est de
même pour les expressions « déterminant», «facteur
explicatif'' ; (r3) le modèle maximise une fonction de demande de
santé ; (r4) l'interprétation des paramètres du
modèle est faite par rapport aux modalités de
référence des différentes variables.
L'interprétation des résultats consignés
dans le tableau 4.7 ci-dessus est déclinée en deux parties
à savoir, les statistiques sur l'évaluation de la robustesse des
résultats (partie surlignée en gris), d'une part les coefficients
et les effets marginaux (respectivement sur les 2ème et
6ème colonne), d'autre part.
S'agissant des statistiques relatives à
l'évaluation de la qualité du modèle ; il ressort
que :
--> (1) désigne le risque pour un enfant
congolais d'être pauvre avant d'atteindre son 5ème
anniversaire. Ce risque lié à la distribution des
caractéristiques de la population à coefficients constants, est
en moyenne égal à 42,23 %, toutes choses étant
égales par ailleurs (T.C.É.P.A.). Cette moyenne n'est autre que
l'incidence de la pauvreté non monétaire infanto-juvénile,
estimée dans la section 4.1.2, et nous savons qu'un tel ratio est
indépendant du seuil absolu de pauvreté que nous avons
fixé à 34,7 % ;
--> (2) correspond à la statistique du test du
ratio de vraisemblance (LRT) montrant la significativité à 5 %
des paramètres du modèle. De par la présentation du
modèle, nous savons que cette statistique dérive du produit par
moins 2, de la différence entre les deux logarithmes de vraisemblance
qui la précèdent ;
--> (3) est la statistique du khi-deux, garantissant la
significativité du rejet de l'hypothèse d'indépendance
entre la variable dépendante et les régresseurs significatifs
;
--> (4) est la statistique d'évaluation de la
qualité de notre modèle, une fois les phénomènes de
multicolinéarité et
d'hétéroscédasticité pris en compte de façon
automatique et systématique. Cette proportion estimée
à 84, 8 % (soit près de 3 668 enfants de moins de 5 ans sur
4326), représente le nombre d'unités bien classées ou, en
d'autres termes, l'équivalent
du coefficient de détermination du modèle,
c'est-à-dire le pourcentage de la variabilité expliquée
par le modèle.
En ce qui concerne les coefficients du modèle et les
effets marginaux, deux types d'informations sont à relever :
Premièrement, l'approche économétrique
des déterminants de la pauvreté infantile met en évidence
un résultat mitigé. Celui-ci en effet s'inscrit à
l'opposé des résultats des analyses descriptives faites
précédemment. En effet, le modèle probit binaire montre
qu'il y a quatre (4) variables caractéristiques des ménages, pour
lesquels au seuil de confiance d'au plus 10 %, nous ne saurons admettre
l'existence de leur influence sur le niveau de bien-être des enfants. Il
s'agit : (i) de l'utilisation du sel iodé, (ii) du mode de gestion des
sanitaires, (iii) de l'indice de peuplement du logement et (iv) de la
modalité « riches » de l'indicateur de niveau de vie des
ménages. Pour les mêmes raisons, il y a deux dimensions
communautaires qui ne sont pas liées à la
vulnérabilité infantile congolaise à savoir l'allaitement
au sein et l'alimentation.
Deuxièmement, lorsque nous nous intéressons aux
coefficients significativement non nuls, c'est-à-dire ceux qui «
impactent » sur le risque de pauvreté infanto-juvénile, des
commentaires, en termes de bien-être peuvent être
formulés :
--> au niveau individuel, le modèle
révèle que le risque de pauvreté dans la petite enfance
est fonction du sexe et de l'âge.
Pour le sexe, cela se matérialise par un coefficient de
régression négatif ; ce qui signifie qu'il y a plus de «
chance » de vulnérabilité des garçons que des filles
eu égard à la modalité de référence.
Toutefois, la sensibilité inhérente à la
probabilité pour un garçon d'être « pauvre » est
faible et vaut -0,0212, toutes choses étant égales par ailleurs
(T.C.É.P.A.). Ce résultat corrobore une observation mise en
relief dans le tableau 4.4 relatif aux « 3 I »57 du profil
de pauvreté, résultat qui stipulait que la pauvreté
infanto-juvénile est très faiblement liée au sexe de
l'enfant. Qu'à cela ne tienne, et même si « une approche
genre » nécessiterait une prise en charge par les décideurs
de la petite enfance sans distinction de sexe, l'étude suggère
une réduction de la pauvreté devant accorder une attention
particulière aux garçons qui sont plus vulnérables que les
filles.
Par rapport à l'âge, il est à souligner
qu'il est un facteur explicatif du risque de pauvreté. Les coefficients
négatifs et significativement non nuls y relatifs prouvent que
l'âge influence à la baisse la probabilité pour un enfant
d'être pauvre. En effet, la sensibilité de la
57 Incidence (ou ratio), Intensité (ou
profondeur) et Inégalité (ou sévérité).
probabilité pour un enfant d'être pauvre est
réduite de 0,1390 à 0,1297 ; soit une baisse d'environ 7 % en
passant de 0 an à 1 ou 2 ans révolus. Ainsi, T.C.É.P.A.,
le risque pour un enfant d'être en situation de pauvreté à
l'avenir est plus élevé dans sa vie « infantile » que
dans sa vie « juvénile ». Une telle disparité de la
sensibilité de la survenue de la pauvreté se voudrait similaire
à celle révélée par la figure 3.11 et
consignée dans le tableau 4.4. Cependant, il est d'une grande
importance de ne pas entériner les résultats de la figure 3.11
via cette analyse économétrique. Cette figure en effet,
illustrait des ratios de déficit alimentaire chronique croissant entre
0-1 an. Malheureusement, les résultas économétriques
relatifs à l'indicateur anthropométrique (ITAG) sont très
loin d'être statistiquement significatifs. À l'opposé, les
observations du tableau 4.4 sont valides, parce qu'elles dénotent des
«3 I» du profil de pauvreté de s'amortir avec l'âge de
l'enfant. En effet, ce tableau rapporte que les enfants de 1 an révolu
sont plus enclins à la pauvreté pour tous ses « 3 I ».
Il semble qu'il n'est pas accordé une place de choix à
l'âge de l'enfant dans l'allocation des ressources et infrastructures
adéquates surtout durant les 24 premiers mois de la vie.
--> au niveau du ménage, le risque de
pauvreté en bas âge s'explique par cinq (5) variables : (i) l'IRM,
(ii) la qualité de l'habitat, (iii) le type de lieu d'aisance, (iv)
l'eau potable et (v) le niveau d'instruction de la mère.
En premier lieu, le niveau de bien-être du
ménage en termes de commodités se révèle comme
facteur déterminant du bien-être
infanto-juvénile. Les effets marginaux des ménages
les plus démunis sont négatifs et significatifs, et les enfants
issus des ménages plus pauvres sont les plus vulnérables. Ces
effets dévoilent, T.C.É.P.A., que les « chances »
d'être pauvre dans la petite enfance diminuent avec le niveau de vie du
ménage. La sensibilité (valeur absolue d'un effet marginal) de
ces « chances » est relativement plus élevée pour les
enfants des ménages plus pauvres (0,2028) que leurs homologues des
ménages plus riches. Ce résultat montre qu'une régulation
de l'État est nécessaire, notamment dans une répartition
intelligente des revenus, afin de permettre à toutes les couches de
population de jouir des fruits de la croissance.
En second lieu, nous constatons, T.C.É.P.A., que
habiter un logement moderne est en mesure de rehausser le niveau de
bien-être des « tout petits ».
En troisième lieu, nous soulignons que, par rapport aux
ménages sans WC, il y a, T.C.É.P.A, un impact positif
des ménages ayant des sanitaires modernes (0.0226) sur le niveau de
bien-être des enfants de moins de 5 ans, impact qui est
contrebalancé un peu plus de quatre (4) fois par un effet négatif
des ménages ayant des sanitaires traditionnels (-0,0989).
Nous pensons que l'ajout aux PNDS congolais d'un volet « sensibilisation
» sur
l'impact des aménagements sanitaires et le soutien aux
actions de modernisation de sanitaires pourrait freiner le risque de
vulnérabilité infantile ;
En quatrième lieu, la consommation de l'eau
potable provenant des sources salubres se révèle comme principal
facteur explicatif du bien-être infanto-juvénile,
T.C.É.P.A.. Elle est susceptible de rehausser le niveau de
bien-être infanto-juvénile (et donc de baisser le risque de
pauvreté infanto-juvénile) d'environ 10 % (0.0963),
résultat qui est statistiquement significatif jusqu'à un niveau
d'évidence au-dessous de 1 %. Ces deux derniers résultats
corroborent l'élaboration de l'ICP faite à l'issue de l'ACM (voir
conclusion relative au tableau 4.2) ;
En cinquième lieu, le modèle montre
que le niveau d'instruction de la mère est un déterminant de la
vulnérabilité infanto-juvénile. Et bien que
le coefficient rattaché à la modalité « secondaire
» ne soit significatif qu'à un niveau d'évidence de plus de
5 % (7,21 %), tous les coefficients sont positifs et significatifs. Ainsi,
T.C.É.P.A., le risque de pauvreté
infanto-juvénile fléchit avec le niveau d'instruction de la
mère : « le comportement des femmes ayant un niveau
d'instruction avéré modifie positivement le niveau de
bien-être des enfants de moins de 5 ans ». Cette modification est
d'une sensibilité graduelle ; elle passe d'une valeur minimale de 0,01 %
à une valeur maximale de 2,46 %, lorsque le niveau d'instruction de la
mère varie d'analphabète au secondaire. Quelques commentaires
méritent d'être faits sur cette variable qui a souvent
attiré l'attention de nombre d'analystes du bien-être. L'on
pourrait admettre que l'aptitude à préserver le bienêtre
des enfants est, dans une certaine mesure, liée aux opportunités
économiques des femmes (résultat constaté dans le cas du
Congo, du Cameroun et certainement dans d'autres PVD). Si tel est le cas, alors
les canaux envisageables d'affermissement du bien-être de l'enfant
seraient par exemple (i) les appels d'offres spécifiques aux
mères ; (ii) l'amélioration du capital productif pour celles qui
ont déjà été insérées ; (iii)
l'encouragement à l'effort dans la compréhension des conseils
lors des visites post accouchement ; (iv) l'octroi aux femmes, de certaines
facilités dans l'accès aux services sociaux (informations
sanitaires, éducation, etc.).
--> enfin, au niveau environnemental, il ressort
quatre (4) variables significatives : (i) la vitamine A, (ii) la vaccination,
(iii) le type d'assistance à l'accouchement et (iv) la
géographie
En premier lieu, nous relevons le rôle
prédominant sur la santé des enfants, de la vitamine A et de la
vaccination complète contre les maladies cibles du PEV/C. Ces deux
pôles sont des principaux déterminants communautaires, du risque
de pauvreté infantile. En
effet, le modèle montre que,
T.C.É.P.A., l'administration aux enfants de la vitamine A et
la jouissance de tout l'éventail des vaccins préconisés
par le PEV/C, rehaussent chacune le niveau du bien-être des enfants
d'environ 10 %, ceci respectivement, par rapport aux enfants
à qui il n'est pas administré de vitamine A et n'ayant pas
été couvert par la vaccination. Par conséquent, il serait
judicieux pour l'État de faciliter l'accès aux formations
sanitaires et de diffuser largement les programmes de vaccination, surtout en
milieu rural. En effet, nous savons que pour des raisons aussi bien de
disponibilité et de transport, les formations et informations de
santé sont plus accessibles en zone urbaine qu'en zone rurale.
L'instruction des mères peut une fois de plus être citée
comme palliatif.
En deuxième lieu, il s'ajoute aux deux
précédents facteurs, l'incidence significative du type
d'assistance à la naissance de l'enfant. Les estimations
probits révèlent que, T.C.É.P.A.,
l'accouchement assisté par un personnel de santé est censé
accroître (bien que faiblement) le bien-être
infantile, mais, cet effet marginal positif est quelque peu
équivoque, parce qu'il est contrebalancé (5 fois plus) par une
sensibilité des femmes qui accouchent traditionnellement (0,0011 contre
-0,0056). Ce résultat conforte celui mentionné à la
section 3.2.2 : les mères de niveau d'instruction plus bas, et donc des
ménages plus pauvres, accouchent avec une assistance de moindre
qualité, d'où une mauvaise préservation de la santé
infantile pour ces mères. Un accent sur l'instruction des mères
demeure à fortiori un canal de remède en la matière, et
peut-être il y a lieu de suggérer une meilleure efficience des
formations sanitaires en termes d'accouchements et de soins prénataux
couplés à une réduction des coûts relatifs à
l'accouchement couplés à une baisse du coût du
médicament.
En troisième lieu, un autre élément
communautaire attire notre attention : la localisation géographique. En
effet, par rapport à la capitale politique (Brazzaville), les effets
marginaux relatifs à Pointe-Noire, au Nord Congo et au Sud Congo sont
tous positifs et significatifs. Ainsi, la localisation spatiale de
l'enfant (ou du ménage) est un déterminant de sa
vulnérabilité. T.C.É.P.A., les
sensibilités au bien-être infantile sont toutes positives et plus
grandes dans la capitale économique (3,96 %). Elles sont de 2,94 % et
1,35 %, respectivement au Sud Congo et au Nord Congo. Un tel résultat
s'expliquerait par la nature du modèle qui assure un contrôle de
toutes les raisons évoquées précédemment par l'IRM
en termes de besoins de base, ce qui conforte le profil de pauvreté
élaboré plus haut, lequel révèle notamment une
pauvreté infanto-juvénile ayant au même titre que la
pauvreté des ménages, un caractère régional. En
effet, les « 3 I » de la pauvreté se sont
révélés plus grands dans les domaines Nord Congo et Sud
Congo (qui regorgent plus des zones rurales) par rapport à Pointe-Noire
et Brazzaville, dans lesquelles ces « 3 I » apparaissent
relativement
plus faibles. Un désenclavement de
l'arrière-pays et une dotation en infrastructures de base, surtout
sanitaires constituerait une solution dans les régions encore mal
loties.
Ainsi, l'analyse économétrique, bien qu'ayant
rejeté le caractère explicatif du bienêtre infantile pour
six (06) variables supposées potentiellement explicatives lors des
analyses descriptives, en a qu'en même validé onze (11). Parmi ces
onze variables pertinentes, le modèle a validé l'hypothèse
classique de l'approche indirecte d'analyse de la pauvreté infantile :
« les enfants issus des ménages pauvres le sont
systématiquement ». Cependant, relevons une nuance
établie à deux niveaux dans la présente approche directe.
D'une part, la richesse des ménages est entendue ici en termes de
commodités (besoins de bases) et non en termes monétaires.
D'autre part, elle ne cadre pas avec le côté que nous pouvons
appeler « fort » de l'hypothèse traditionnelle
préconisée par l'approche indirecte [« ...une
pauvreté infantile exclusivement héritée
des ménages... »]. En effet, le modèle exhibé montre
trois catégories de facteurs qui sont en mesure d'influencer le niveau
du bien-être en bas-âge : (i) toutes les deux (02)
caractéristiques postulées sur l'enfant lui-même ; (ii)
cinq (05) caractéristiques des ménages sur les neuf
postulées ; et (iii) quatre (04) caractéristiques communautaires
sur les six envisagées. En conséquence, l'analyse faite ne
contredit nullement l'approche monétaire mais la complète :
le point commun à ces analyses directe et indirecte réside en une
pauvreté infantile héritée des parents, l'effet
additionnel étant par conséquent les deux autres
catégories de facteurs déterminants de la pauvreté
infantile, à savoir les variables biologiques de l'enfant
(pauvreté intrinsèque) et les variables communautaires
(pauvreté structurale ou communautaire).
4.3 LIMITES DE L'ETUDE ET PERSPECTIVES
Cette section présente les faiblesses et les
recommandations découlant de cette étude.
4.3.1 Limites de l'étude
Les résultats obtenus dans la présente
étude méritent d'être nuancés dans la mesure
où
ils exhibent quelques faiblesses liées à la fois
aux techniques utilisées d'une part et à la nature
des données traitées d'autre part. Au nombre de
celles-ci l'on peut retenir les suivantes :
Le manque de robustesse de l'ICP infanto-juvénile
élaboré est imputable à la nature du logiciel SPAD qui
attribue une pondération uniforme à toutes les composantes, alors
qu'il n'est pas faux d'admettre que le niveau d'instruction de la mère
(par exemple), a plus d'importance que l'administration à l'enfant des
nutriments contenant de la vitamine A.
n Le profil de pauvreté élaboré ici n'a
pas été en termes d'analyse de la sensibilité. En effet,
bien que ce profil ait permis un classement des enfants des trois
catégories de variables sélectionnées (enfant,
ménage, environnement) en fonction des niveaux de pauvreté (les
« 3 I »), il n'a cependant pas procédé à une
vérification de la robustesse de ce classement au choix de la ligne
absolue de pauvreté z fixée à 34,7 %. Cette faiblesse
nécessite des tests de dominance stochastique qui permettent
d'étudier la sensibilité envisagée. À cette fin,
une possibilité consisterait à faire varier le z fixé
à des valeurs croissantes ou décroissantes de 5 %, et d'observer
la conséquence sur les « 3 I », c'est-àdire : appliquer
une méthode de balayage avec un pas de 5 % à chaque
simulation.
n Une des principales insuffisances de l'approche d'analyse
de la pauvreté utilisée ici est liée au fait qu'elle n'est
pas dynamique. En effet, la pauvreté n'étant pas un
phénomène statique, son étude en coupes
instantanées ou encore en coupes transversales ne saurait rendre compte
des facettes de ce problème. Une approche longitudinale utilisant les
modèles de durée serait plutôt appropriée pour
l'analyse de la pauvreté et l'élaboration de son profil. Par
ailleurs, la disponibilité des données sur les panels suivis
régulièrement aurait permis d'envisager une alternative par
laquelle la modélisation probit/logit s'utiliserait pour analyser les
déterminants d'une pauvreté infantile conjoncturelle ou
transitoire. Notons qu'en plus de ce dernier volet de pauvreté,
les données de panels pourraient servir à évaluer les
performances de stratégies de réduction de la pauvreté en
bas-âge.
n Enfin, l'analyse directe choisie occulte le volet
monétaire de la pauvreté des ménages. En effet, tout au
long de l'analyse des résultats, nous nous sommes aperçus qu'un
meilleur ciblage des stratégies de consolidation du bien-être des
enfants passe, dans une certaine mesure, par un brassage des indicateurs
monétaires et non monétaires. Cela permettrait de mieux allouer
les ressources et donc de mieux orienter les stratégies de prise en
charge de la petite enfance. Par exemple, l'étude a
révélé que le niveau d'éducation de la mère
est un des principaux déterminants de la santé
infanto-juvénile. À ce titre donc, la pauvreté
monétaire peut aussi être associée étroitement
à la même variable, de sorte que les politiques visant à
améliorer l'éducation des femmes soient susceptibles d'avoir des
effets de synergie simultanément sur la santé et sur la
pauvreté des ménages.
4.3. 2 Perspectives
À la lumière de quelques principaux
résultats de notre analyse empirique, nous essayons de formuler les
suggestions suivantes, en plus des orientations stratégiques
consignées dans le DSRP du Congo.
Tableau 4.8 : Perspectives du bien-être en
bas-âge : points d'encrage et suggestions
|
Points d'encrage
|
Activités ou Suggestions
|
Vulnérabilité infanto-juvénile
intrinsèque
|
Une attention particulière aux garçons, lesquels
sont plus vulnérables que les filles.
|
Une place de choix à l'âge de l'enfant dans
l'allocation des ressources et infrastructures adéquates, surtout durant
leurs 24 premiers mois de leur vie
|
Lutte contre la pauvreté infanto- juvénile
héritée du ménage
|
Répartition intelligente des revenus à toutes les
couches de population de manière à offrir une meilleure
préservation du bien-être en bas-âge
|
Initiation et Encouragement des projets de construction des
habitations modernes : palliatif à l'exacerbation de la pauvreté
des « touts petits ».
|
Ajout d'un volet « sensibilisation poussée » sur
l'impact des
aménagements sanitaires sur le PNDS congolais et
Soutien des initiatives de modernisation sanitaires : frein à la
vulnérabilité infantile
|
Installation de davantage de robinets publics : atout majeur pour
la réduction de la pauvreté infantile
|
Offres de plus d'opportunités économiques aux
femmes (appels d'offres spécifiques, amélioration du capital
productif, encouragement à l'appréhension des conseils lors des
visites pré/postnataux, octroi de certaines facilités dans
l'accès aux services sociaux)
|
Lutte contre la pauvreté infantojuvénile
environnementale
|
Octroi aux femmes des facilités d'accès aux
formations sanitaires, Large couverture vaccinale, Infrastructures
(désenclavement, transport, communication, hôpitaux)- surtout en
milieu rural.
|
Instruction/ Éducation de base aux femmes :
priorité
|
Efficience des formations sanitaires en termes d'accouchements
et de soins prénataux, Réduction des coûts relatifs
à l'accouchement et au médicament.
|
Désenclavement de l'arrière-pays et Dotation en
infrastructures
sanitaires, surtout dans les régions encore mal loties
|
Source : l'auteur
|
|
|
|
À cette fin, une synergie serait par exemple d'engager
de concert avec les institutions tant nationales qu'internationales
impliquées dans l'évaluation de la pauvreté,
l'élaboration des termes de références suivant une optique
directe de mesure du bien-être infantile tels que : (i) Pauvreté
des enfants et dépenses publiques de modernisation ; (ii)
Pauvreté des enfants et accès de la femme à
l'éducation ; (iii) Pauvreté des enfants et opportunités
socioéconomiques pour la femme ; (iv) Pauvreté des enfants et
genre au Congo ; (v) vulnérabilité des enfants et
environnement.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Au terme de cette étude, outre l'atteinte des objectifs
de nature académique et professionnelle, l'étude empirique a
tenté de prendre en main certaines dimensions descriptives et
explicatives de la pauvreté des ménages et des enfants au Congo.
À cette fin, basée sur l'EDSC-I 2005, la présente
étude avait pour finalité d'une part de mesurer et d'analyser les
déterminants du bien-être infanto-juvénile et, d'autre
part, d'analyser les facteurs de vulnérabilité
infanto-juvénile. L'analyse permet de présenter cinq principales
catégories de résultats.
En premier lieu, l'objectif de l'étude était
de simuler le niveau de vie de ménages. Une analyse des
correspondances multiples (ACM) affinée par une agrégation de
type Ward a permis de classifier 5879 ménages à partir d'un
ensemble de onze variables relatives au cadre de vie et aux actifs
possédés. Cinq classes regroupées en trois
catégories ont été distinguées en termes de
pauvreté par les besoins de base. Cette pauvreté est vécue
sous trois angles : une carence en infrastructures, une
insécurité à l'existence humaine et un déficit en
confort. La première catégorie de ménages,
assimilée globalement aux ruraux, oppose d'une part le Nord Congo qui
vit une situation de pauvreté accentuée et, d'autre part, le Sud
Congo qui la vit modérément. La deuxième catégorie
de ménages est assimilée à la zone « semiurbaine,
semi-rurale ». Elle vit une situation intermédiaire de
pauvreté. Enfin, la troisième catégorie de ménages,
assimilée globalement aux urbains, oppose d'une part les grandes
métropoles (Brazzaville et Pointe Noire) qui vivent une situation de
vulnérabilité modérée et, d'autre part, les villes
secondaires (Nkayi, Dolisie, Ouesso) qui vivent une pauvreté
sévère.
En deuxième lieu, l'objectif de l'étude
était de décrire sommairement le bien-être infantile.
Ce dernier a été analysé à base d'un
échantillon national de 4904 enfants de moins de 5 ans.
Premièrement, dans l'ensemble, la couverture vaccinale totale n'est que
d'environ 18 % et la probabilité qu'un enfant reçoive la
totalité des vaccins contre les maladies cibles du PEV/C
s'élève avec le niveau d'instruction de la mère.
Deuxièmement : (i) un peu plus de 9 enfants sur 10 sont allaités
au sein ; (ii) la qualité d'assistance à l'accouchement est le
majeur déterminant de la fréquence d'allaitement ; (iii) la
fréquence d'allaitement varie très légèrement avec
le sexe de l'enfant. Troisièmement : (i) quelle que soit la
région, très peu de ménages consomment du sel non
iodé ; (ii) le niveau d'instruction élevé de la
mère influe positivement sur la fréquence d'administration aux
enfants de la vitamine A. Quatrièmement, un peu plus d'un enfant sur
quatre endure une malnutrition pérenne au Congo (26 %).
En troisième lieu, l'objectif de la recherche
était d'élaborer et d'analyser un indicateur composite de
pauvreté (ICP) infanto-juvénile. À cette fin, une ACM
a été utilisée,
portant sur un échantillon de 4326 enfants. Deux
classes sont distinguées : la classe « enfants pauvres »,
caractérisée par un cadre de vie précaire et une privation
d'au moins un besoin de base et, la classe « enfants non pauvres »,
caractérisée par un cadre de vie relativement décent et
une jouissance d'au moins un besoin de base. L'ICP a montré que les
enfants congolais de moins de 5 ans sont enclins à trois types de
pauvreté : (i) une pauvreté héritée des parents,
(ii) une pauvreté structurale et (iii) une pauvreté induite par
l'âge et le sexe de l'enfant lui-même.
En quatrième lieu, l'étude a estimé
trois types d'indices composites de pauvreté : l'incidence,
l'intensité et l'inégalité (« 3 I »).
D'abord, une classification a permis de déterminer d'une part un seuil
absolu de pauvreté infanto-juvénile, lequel a été
fixé à 0,347 et, d'autre part, une incidence de pauvreté
de 42, 2 %. Ensuite, les « 3 I » ont été estimé
selon la formulation de FGT. Sous l'angle intrinsèque, l'étude a
révèlé que d'une part, l'incidence de la pauvreté
ne discrimine pas le sexe de l'enfant et, d'autre part, les enfants de 1 an
révolu sont plus enclins à la pauvreté. S'agissant des
caractéristiques du ménage, la recherche a montré que les
« 3 I » de la pauvreté chutent brutalement lorsque l'on passe
des enfants des ménages plus pauvres à leurs homologues des
ménages plus riches. En particulier, il a été
trouvé qu'un peu plus de 6 % d'enfants de moins de 5 ans qui, bien
qu'issus de ménages riches ou plus riches, sont frappés d'un
manque d'au moins un besoin de base. Sous le même angle, les enfants dont
la mère est plus instruite ont plus d'opportunité en termes de
qualité de bien-être. Enfin, sous l'angle communautaire
l'étude a montré que : (i) la pauvreté
infantojuvénile revêt un caractère régional
[l'indice numérique de pauvreté est plus élevé au
Nord Congo (60 %), suivi du Sud Congo (52 %) par rapport à Pointe Noire
et Brazzaville où il vaut respectivement 25 % et 24 %] ; (ii) il y a
discrimination entre deux blocs administratifs, d'un côté «
Brazzaville et Pointe Noire » avec un indice numérique de
pauvreté infanto-juvénile modéré et avoisinant plus
de la moitié de la moyenne du Congo (42,2 %), et de l'autre, « Nord
Congo et Sud Congo » avec un ratio de pauvreté
infanto-juvénile accentué (un peu plus du double de la même
tendance centrale) ; (iii) au Congo, l'accouchement sans assistance est le
principal facteur de l'extrême précarité de l'existence en
« bas-âges ».
En cinquième lieu, l'étude a essayé
d'élaborer un profil de vulnérabilité
infantojuvénile à l'aide d'une estimation
économétrique basée sur un échantillon de 4326
enfants. La modélisation probit a été utilisée
à cet effet. Elle a suggéré quelques résultats qui
tendent à confirmer certaines relations établies dans le
cadre des analyses descriptives. Côté individuel de l'enfant, le
modèle révèle qu'il y a plus de « chance » de
vulnérabilité des garçons que des filles et que
l'âge influence à la baisse la probabilité pour un enfant
d'être pauvre, T.C.É.P.A. Côté niveau de vie du
ménage, les estimations rapportent que : (i) T.C.É.P.A., les
« chances » d'être pauvres dans la petite
enfance diminuent avec le niveau de vie du ménage ; (ii)
T.C.É.P.A., habiter un logement moderne est en mesure de rehausser le
niveau de bienêtre infanto-juvénile ; (iii) T.C.É.P.A, un
impact positif des ménages ayant des sanitaires modernes s'exerce sur le
niveau de bien-être des enfants de moins de 5 ans, impact qui est
contrebalancé par un effet négatif des ménages ayant des
sanitaires traditionnels. De même : (i) T.C.É.P.A, la consommation
de l'eau potable provenant des sources salubres se révèle comme
principal facteur explicatif du bien-être infanto-juvénile
(résultat qui est statistiquement significatif jusqu'à un niveau
d'évidence au-dessous de 1 %) ; (ii) T.C.É.P.A., le risque de
pauvreté infanto-juvénile fléchit avec le niveau
d'instruction de la mère et la sensibilité inhérente
à cet effet positif passe d'une valeur minimale de 0,01 % à une
valeur maximale de 2,46 %, lorsque le niveau d'instruction de la mère
varie d'analphabète au secondaire. Côté environnement, il
ressort que : (i) T.C.É.P.A., la vitamine A et la jouissance de tout
l'éventail des vaccins préconisés par le PEV/C, rehaussent
chacune le niveau du bienêtre des enfants d'environ 10 % ; (ii)
T.C.É.P.A., l'accouchement assisté par un personnel de
santé est censé accroître (bien que faiblement) le
bien-être infantile ; (iii) T.C.É.P.A., appartenir à un au
pôle « Nord Congo et Sud Congo » rehausse le niveau du
bien-être des enfants, par rapport à leurs homologues qui
appartiennent au pôle « Brazzaville et Pointe Noire ».
Globalement, l'étude montre que, malgré les
efforts consentis par le Gouvernement dans l'élan de la croissance,
réduire la pauvreté infanto-juvénile pourrait
nécessité une synergie. Ce serait, par exemple, d'engager de
concert avec les institutions tant nationales qu'internationales
impliquées dans l'évaluation de la pauvreté,
l'élaboration des termes de références suivant une optique
directe de mesure du bien-être infantile. Ces termes pourraient
être : (i) Pauvreté des enfants et dépenses publiques de
modernisation ; (ii) Pauvreté des enfants et accès de la femme
à l'éducation ; (iii) Pauvreté des enfants et
opportunités socioéconomiques pour la femme ; (iv)
Pauvreté des enfants et genre au Congo ; (v) Pauvreté des enfants
et environnement.
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Ahovey
E-C. et Vodounou C., 2003, «
Pauvreté multidimensionnelle et santé de l'enfant : quelques
évidences de l'EDS du Bénin de 2001 », INSAE.
[2] Ambapour S., 2006, « Pauvreté
multidimensionnelle au Congo : une approche non monétaire »,
Document de Travail n° 13/2006 pp : 20-27, BAMSI.
[3] Asselin L-M et Dauphin A., 2000, « Mesurer la
pauvreté : un cadre conceptuel », CECI.
[4] Asselin L-M, 2002, « Pauvreté
multidimensionnelle : théorie », programme MIMAPCRDI.
[5] Benzécri J-P, 1973, « L'analyse des
données, Tome 2 : l'analyse des correspondances », Dunod, Paris.
[6] BM, 2000, « Rapport sur le Développement au
monde 2000/2001 : combattre la pauvreté ».
[7] BM, 2002, « Application d'outils de mesure de la
pauvreté aux indicateurs non monétaires », Notes techniques
annexes.
[8] Bradbury B. et JÄntii M., 1999, « Child Poverty
across Industrialised Nations », Innocenti Occasional Papers, Economica
and social policy series n° 71.
[9] Bry X., 1994, « Analyse factorielle simple »,
Economica, p.94, 140.
[10] Bry X., 1995, « Analyse factorielle simple »,
Economica.
[11] Cassiem S. et alii, 2000, « Child Poverty and the
budget in South Africa », Institue for democracy in South Africa.
[12] CERAPE, 2005, « La pauvreté en
République du Congo et l'impact des politiques publiques »,
Novembre 2005, Congo politic report.
[13] Cling J-P, 2003, « La croissance ne suffit pas pour
réduire la pauvreté : le rôle des inégalités
», DT DIAL n° 2003/04/Unité de Recherche CIPRE, mai 2003,
pp:3-9.
[14] CNSEE et ORC Macro, 2006, « EDSC-I 2005 : Rapport
d'analyse », CalvertonMaryland-USA : CNSEE Congo et ORC Macro.
[15] CNSEE, 2006, « Annuaire statistique 2004 », CNSEE
Congo.
[16] CNSEE Congo, 1998, « RGPH de 1996, vol I :
Résultats provisoires, Brazzaville », Ministère de la
programmation, de la privatisation et de la promotion de l'entreprise
Privée Nationale (MPPPEPN).
[17] Corak M., 2005, « Principles and practicalities in
measuring child poverty for the rich countries », Innocenti working
papers, 2005-01.
[18] Coudouel A., Jesko S-H et Quentin T-W, 2002, « Mesure
et analyse de la pauvreté », Chapitre 1, pp.25-33, Banque
Mondiale.
[19] Couronné P., 1999, « Petit guide à
l'usage du rédacteur d'un mémoire ou d'un rapport de stage
», université Charles de Gaulle, Lille III, 3ème
édition.
[20] Deffo T., « 111 mots clés de la politique
économique », Cours IAS 4, ISSEA, p. 536.
[21] Deschamps P., 2007, « Cours
d'économétrie », Université de Fribourg.
[22] DSCN, 2002, « Conditions de vie des ménages et
profil de pauvreté à l'Extrême Nord Cameroun en 2001,
Rapport principal, Yaoundé, Décembre 2002.
[23] Foko B. et al, 2005, « Pauvreté et
inégalité des conditions de vie au Cameroun : une approche
micro-multidimensionnelle », proposition de recherche, réseau PEP,
pr-pmma n° 023. (En ligne :
www.pep-net.org).
[24] Foster J., Greer J. et Thorbecke E., 1984, « A class
of decomposable poverty measures », Econometrica, Vol.52, n°.3, pp:
762-765.
[25] Gordon D., Pantazis C., Townsend P., Namazie C. et Nandy
S., 2001, « Droits des enfants et pauvreté des enfants dans le
développement des pays : rapport à l'UNICEF », Centre
International de Recherche sur la Pauvreté, Université de
Bristol.
[26] Hurlin C., 2003, « Économétrie des
variables qualitatives », Polycopié de cours, Université
d'Orléans.
[27] INS Côte d'Ivoire, « profil de pauvreté
en côte d'Ivoire en 2002 », juillet 2003, MINPLAN.
[28] INSEED, 2006, «ECOSIT 2, Tchad, profil de
pauvreté», p.32.
[29] Kakwani N-C., 1980, « On a class of poverty measures
», Econometrica, Vol.48, n° 2, pp: 435-442.
[30] Kamga T-I, 2007/2008, « Économie de
développement », support de cours pour IAS 4, septembre 2007,
ISSEA, p.8.
[31] Ki J-B et Faye S., 2005, « Pauvreté
multidimensionnelle au Sénégal : approche non monétaire
fondée sur les besoins de base », cahier de recherche pmma 2005-05,
réseau PEP. (En ligne :
www.pep-net.org).
[32] Kobiané J-F, 2003, « Pauvreté,
structures familiales et stratégies éducatives à
Ouagadougou », INSD.
[33] Lachaud J-P, 1998, « Concept, mesure et analyse de
la pauvreté en Afrique », Atelier régional sur l'utilisation
des données sociales en politique de lutte contre la pauvreté,
Cameroun : Novembre 1998, CMSEES.
[34] Lachaud J-P, 2000, «Dépenses des
ménages, développement humain et pauvreté au Burkina Faso
: substitution ou complémentarité?», CED, Univ.Montesquieu
Bordeaux IV.
[35] Lachaud J-P, 2003, « La dynamique de
l'inégalité de la malnutrition des enfants en Afrique : Une
analyse comparative fondée sur une décomposition de
régression», CED, Université Montesquieu Bordeaux IV.
[36] Lebart L., Morineau A. et Piron M., 1994, «
Statistique Exploratoire Multidimensionnelle »,2nd édition
DUNOD.
[37] Lebart L., Morineau A. et Piron M., 1995 « Statistique
Exploratoire Multidimensionnelle »,2nd édition DUNOD, Paris,
chapitre 2, section 3, pp : 177-184,439.
[38] Matchinidé S., Titi V., Apété S. et
ZABOLO E., 2006, « Pauvreté multidimensionnelle des enfants et des
ménages. Analyse appliquée en République Centrafricaine
», proposition de recherche PEP, mai 2006. (En ligne :
www.pep-net.org).
[39] Mbong Mbong, 2001, « Impact de la pauvreté
urbaine sur la dynamique des villes: enjeux pour les municipalités
africaines », Dakar, Sénégal, 15-26 octobre 2001.
[40] Miceli D., 1997, « Mesure de la pauvreté :
Théorie et application à la Suisse », Thèse n°
460, Faculté des sciences économiques et sociales,
Université de Genève.
[41] Micklewright J., 2003, « Pauvreté des enfants
dans les pays anglo-saxons », colloque sur les enfants pauvres en
France.
[42] Minvielle J-P et Bry X., 2003, « Critique de l'IPH du
PNUD et proposition d'un Indice Synthétique de Pauvreté Humaine :
ISPH », cahier du C3ED n° 03-02.
[43] PNUD et UNICEF, 2005, « Convention relative aux droits
des enfants », Déclaration Universelle des Droits Humains (DUDH)
2004.
[44] PNUD, « Rapport Mondial sur le Développement
Humain 2004 », p.8. (En ligne :
www.wikipedia.org).
[45] PNUD, 1993, 1997, 2000, 2001, « Rapport sur le
développement humain ».
[46] PNUD, 1999, « La lutte contre la pauvreté en
Afrique subsaharienne », édition ECONOMICA.
[47] PNUD, 2005, « Rapport mondial sur le
développement humain. La coopération internationale à la
croisée des chemins : l'aide, le commerce et la sécurité
dans un monde marqué par les inégalités », Economica,
Paris.
[48] Ponty N., 1998, « Mesurer la pauvreté dans un
PVD », STATECO n° 90-91, AoûtDécembre, pp : 50-70.
[49] RizK C., 2003, « Les enfants pauvres : quartier et
qualité du cadre de vie », colloque sur les enfants pauvres en
France ».
[50] Sahn D. et Stiefel D, 2001, « Exploring alternative
measures of welfare in the absence of expenditure data », Cornell
University.
[51] Sen, 1992, « Inequality Reexamimined », Oxford
University Press.
[52] Soliz A. et Alejandro L., 1999, « Indices de
pauvreté : théorie et application empirique »,
Mémoire de licence, Faculté des sciences Éco.et sociale,
Université de Genève, juin 1999.
[53] Thon, D., 1979, « On measuring poverty », Review
of Income and Wealth, Vol.25, n° 4, pp: 429-440.
[54] Tsiengeny T-J, 2006, « Analyse critique des profils
de pauvreté et orientation des politiques pour le suivi des DSRP :
Pertinence, limite et perspectives d'amélioration souhaitées
», Rapport de stage, ENSEA-Abidjan.
[55] UNICEF, 2005, « La situation des enfants dans le
monde : l'enfant en péril ».
[56] Volle M., 1980, Analyse des données, Economica,
Paris.
[57] Yélé-Maweki, 2007, « Dominance
stochastique et pauvreté multidimensionnelle dans les pays de l'UEMOA
»,
[58] Zheng B., Cushing
B-J. et Chow V-K, 1995, « Statistical
tests of changes in U.S poverty, 1975 to 1990 », Southern Economic
Journal, Vol.62, pp: 334-347.
[59] Zheng, 1997, «Aggregate poverty measures»,
Journal of Economic Surveys, Vol11, n°2.
ANNEXES
Annexe A : Objectifs du Millénaire pour le
Développement et leurs cibles
N°
|
Objectifs
|
N°
|
Cibles
|
1
|
Réduire l'extrême pauvreté et la faim.
|
1
|
Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la
proportion des personnes vivant en dessous su seuil de pauvreté.
|
2
|
Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la
proportion des personnes qui souffrent de la faim.
|
2
|
Assurer l'éducation primaire pour tous.
|
3
|
D'ici à 2015, donner à tous les enfants,
garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d'achever un cycle
complet d'études primaires.
|
3
|
Promouvoir l'égalité des sexes et
l'autonomisation des femmes.
|
4
|
Éliminer les disparités entre les sexes dans les
enseignements primaire et secondaire d'ici à 2005 si possible, et
à tous les niveaux de l'enseignement en 2015 au plus tard.
|
4
|
Réduire la mortalité infantile (enfants de moins de
5 ans).
|
5
|
Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de
mortalité des enfants de moins de 5 ans.
|
5
|
Améliorer la santé maternelle.
|
6
|
Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de
mortalité maternelle.
|
6
|
Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies.
|
7
|
D'ici à 2015, avoir stoppé la propagation du
VIH/SIDA et commencé a inverser la tendance actuelle.
|
8
|
D'ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et
d'autres grandes maladies, et avoir commencé à inverser les
tendances actuelles.
|
7
|
Assurer un environnement durable.
|
9
|
Intégrer les principes du développement durable
dans les politiques nationales et inverser la tendance actuelle à la
déperdition des ressources environnementales
|
10
|
Réduire de moitié, d'ici à 2015, le
pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable
à un approvisionnement en eau de boisson salubre et à des
services d'assainissement de base.
|
11
|
Réussir, d'ici 2020, à améliorer
sensiblement la vie d'au moins 100 millions d'habitants de taudis.
|
8
|
Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement.
|
12
|
Poursuivre la mise en place d'un système commercial et
financier multilatéral ouvert, fondé sur des règles,
prévisible et non discriminatoire. Cela suppose un engagement en faveur
d'une bonne gouvernance, du développement et de la lutte contre la
pauvreté, au niveau tant national qu'international.
|
13
|
S'attaquer aux besoins particuliers des pays les moins
avancés. La réalisation de cet objectif suppose l'admission en
franchise et hors contingent des produits exportés par les moins
avancés ; l'application du programme renforcé d'allègement
de la dette des PPTE et l'annulation des dettes bilatérales envers les
créanciers officiels ; et l'octroi d'une APD plus
généreuse aux pays qui démontrent leur volonté de
lutter contre la pauvreté.
|
14
|
Répondre aux besoins particuliers des petits
États insulaires en développement (en appliquant le Programme
d'action pour le développement des petits États insulaires en
développement et les conclusions de la vingtdeuxième session
extraordinaire de l'Assemblée générale).
|
15
|
Traiter globalement le problème de la dette des pays en
développement, par des mesures d'ordre national et international propres
à rendre leur endettement viable à long terme.
|
16
|
En coopération avec les pays en développement,
formuler et appliquer des stratégies qui permettent aux jeunes de
trouver un travail décent et utile.
|
17
|
En coopération avec l'industrie pharmaceutique, rendre les
médicaments essentiels disponibles et abordables dans les pays en
développement.
|
18
|
En coopération avec le secteur privé, mettre les
avantages des nouvelles technologies, en particulier des technologies de
l'information et de la communication, a la portée de tous.
|
Source :
http://www.un.org.millennium/declaration.
Note : Déclaration du
millénaire/OMD
Dans le prolongement des conférences mondiales
organisées par les Nations Unies au cours des années 1990, la
Déclaration du Millénaire de 2000 a manifesté une
volonté forte
d'oeuvrer pour le droit au développement, la paix et
la sécurité, l'égalité des sexes,
l'élimination de la pauvreté sous ses nombreux aspects et le
développement durable de la personne humaine. C'est cette
déclaration, adoptée par 147 chefs d'État et 189
États, qui a défini les huit OMD, comportant 18 cibles assorties
d'un calendrier précis
Annexe B : Limites des IPH - Principes, structure et
limites des DSRP
Encadré B.1 : Quelques limites des
IPH
n La mesure de l'illettrisme pose des problèmes. Dans
les textes du PNUD, ce dernier est défini comme la proportion des
adultes de 16 à 65 ans ayant des difficultés à comprendre
un texte suivi. Rappelons que l'analphabétisme utilisé dans l'IPH
suppose une incapacité totale de réaliser un exercice de lecture
ou d'écriture d'un texte simple. L'illettrisme, dans cette acceptation
internationale, se définit quant à lui par rapport à la
capacité à comprendre un texte - au-delà donc du seul
déchiffrage des mots. De ce fait, les chiffres d'illettrisme sont
toujours plus élevés que les chiffres d'analphabétisme
;
n Les enquêtes auprès des ménages se basent
sur la déclaration de l'enquêté pour connaître son
niveau d'illettrisme ce qui créé un biais au niveau de la mesure
de cet estimateur ;
n Contrairement à l'IDH, l'IPH nécessite une
pondération spécifique de ses composantes car celles-ci sont
partiellement substituables et pas simplement additives. En effet, les
pondérations d'une manière générale sont choisies
de manière arbitraire, ce qui ne donne évidemment pas des
résultats très satisfaisants ;
n En plus de l'arbitraire dans les pondérations des
sous composantes de l'IPH, l'IPH a un caractère exclusivement macro
(Minvielle et Bry, 2003). Il ne prend donc pas en compte les
spécificités de certaines sous populations cible des politiques
économiques (disparité urbain/rural, tranches d'âges, etc.)
;
n Ces deux derniers auteurs, alors traitant le cas du
Sénégal ont pu monter que l'IPH a le majeur inconvénient
d'être phagocyté par l'un de ses composants à savoir : le
taux d'analphabétisme des adultes de 16 à 65 ans ;
n La faiblesse majeure de l'IPH réside dans le fait
d'une existence d'une dimension forte de la pauvreté de type
`'sanitaire» (p1 et p3). Cette dimension importante est masquée par
les caractéristiques de la composante analphabétisme (p2) qui
s'approprie, de facto, l'indicateur : elle phagocyte ou absorbe l'IPH
[Bourguignon et Chakravarty (2002), cités par Yélé Maweki
Batana (mai 2007), in : « Dominance stochastique et
pauvreté multidimensionnelle dans les pays de l'UEMOA »
|
Encadré B.2 : Principes fondamentaux,
structures et limites des DSRP
Principes fondamentaux du dispositif des
DSRP
Les stratégies de réduction de la pauvreté
doivent être :
ü pilotées par les pays qui devront contribuer
à favoriser leur internalisation grâce à une large
participation de la société civile;
ü axées sur les résultats et les mesures
susceptibles d'avoir un effet bénéfique sur les pauvres;
ü globales, dans la mesure où elles reconnaissent la
nature multidimensionnelle de la pauvreté;
ü orientées sur le partenariat en favorisant la
participation concertée des partenaires au développement
ü et inscrites dans une perspective à long terme du
recul de la pauvreté.
Structure globale des DSRP
ü Description de l'état des lieux:
ü Description du processus participatif
ü Objectifs et axes stratégiques pour réduire
la pauvreté
ü Évaluation des coûts et allocation des
ressources
ü Dispositif de suivi/Évaluation
Limites des DSRP
Les critiques faites aux IBW et donc sur les DSRP proviennent
des IBW elles-mêmes qui cherchent à évaluer leurs actions
pour asseoir leur crédibilité. Le débat porte d'abord sur
la pertinence des approches retenues en faveur de l'aide au
développement ensuite sur la légitimité même des
institutions bilatérales ou multilatérales en post-PAS. Selon une
étude de la Banque Mondiale :
ü l'aide a un impact positif seulement dans le contexte de
bonne politique de réformes futures efficaces. Il convient donc d'aller
vers un déblocage des ressources d'aide en fonction des résultats
et des politiques ;
ü Globalement, les politiques d'aide n'ont qu'un impact
limité sur la réduction de la pauvreté et
l'amélioration des indicateurs sociaux comme la santé et
l'éducation ;
ü La teneur des DSRP est relativement uniforme. Les
stratégies sont uniformes avec une faible prise en compte des
réalités propres aux pays ;
ü Dans la majorité des cas, il s'agit d'une reprise
des politiques antérieures avec des ajustements à la marge pour
inclure des liens avec la pauvreté ;
ü En termes de processus, la démarche
participative ne permet pas la gestion des conflits d'intérêt des
acteurs nationaux dans le partage inégalitaire des ressources. Les
questions liées à la redistribution sont peu
évoquées. L'accent est mis sur la pauvreté dans une
dimension anglo-saxonne plutôt que sur les inégalités
(position française).
Source : Banque Mondiale
(2002), repris par TSIENGENY T. J., Élève ISE/ENSEA-Abidjan,
2006
|
Annexe C : Objectifs spécifiques et plan
d'échantillonnage de l'EDSC-I 2005
C.1 Les objectifs spécifiques de l'EDSC-I 2005,
relatives avec la recherche
Ce sont : (i) collecter des données permettant de
calculer divers indicateurs
démographiques; (ii) recueillir des données
détaillées sur la santé maternelle et infantile ; (iii)
évaluer le niveau de consommation de sel iodé ; (iv)
déterminer l'état nutritionnel des mères et des enfants de
moins de 5 ans ; (v) servir de comparaison internationale et renforcer les
capacités du CNSEE
Encadré C.2 : Plan
d'échantillonnage de l'EDSC-I
Les 12 départements du pays ont été
regroupés en 4 domaines : (i) Brazzaville (ii) Pointe Noire, (iii) Sud
Congo (Kouilou, Niari, Lekoumou, Bouenza, Pool) stratifié en urbain et
rural et (iv) Nord Congo (Plateaux, Cuvette, Cuvette-Ouest, Sangha, Likouala)
stratifié en urbain et rural. Au 1er degré, 225 grappes ont
été tirées, proportionnellement à leur taille,
à partir de la liste des ZD établies lors du RGPH 1996. Les
ménages des grappes sélectionnées ont été
exhaustivement dénombrés. Quant au 2ème degré les
ménages ont été tirés de façon
équiprobable, à partir de la liste des ménages
établie lors du dénombrement. Un total de 24 ménages a
été tiré dans chaque grappe urbaine contre 34 dans chaque
grappe rurale pour un total de 6012 ménages sélectionnés
pour l'enquête ménage. Par ailleurs, tous les individus des
ménages tirés ont été identifiés à
l'aide du questionnaire ménage. Toutes les femmes âgées de
15-49 ans (résidentes habituelles ou visiteuses) qui se trouvaient dans
ces ménages ont été interrogés individuellement. En
outre, ces femmes, de même que tous les enfants âgés de
moins de 5 ans, ont été mesurés, pesés et ont
fourni un échantillon de sang pour estimer la prévalence de
l'anémie. De plus, dans un ménage sur deux, tous les hommes de
15-59 ans (résidents habituels ou visiteurs) ont également
été interrogés individuellement. Rappelons enfin que
toutes les 225 grappes sélectionnées dans l'échantillon
ont pu être enquêtées. Par contre, sur les 6012
ménages sélectionnés, 5926 ménages ont
été identifiés et trouvés au moment de
l'enquête dont 5879 enquêtés avec succès (taux de
réponse égal à 99 %). Et à l'intérieur des
5879 ménages enquêtés avec succès, 7440 femmes de
15-49 ans ont été identifiées éligibles. Et parmi
elles, 7051 ont été interrogées (taux de réponse
égal à 95 %). L'enquête homme par contre a
été réalisée dans un ménage sur deux et 3515
hommes de 15-59 ans ont été identifiés. Parmi eux, 3146
ont été enquêté avec succès (taux de
réponse à 90 %).
Source : EDSC-I 2005, repris par NGANGA,
« Rapport de stage IAS 3 », ISSEA, 2007
|
Encadré C.3 : Cadre
économique
Au sortir des conflits armés de la période
1997-1999, le Gouvernement s'est investi dans la mise en place des bases de la
relance effective de l'économie nationale en s'inscrivant dans la double
dynamique du sommet de Copenhague 1996 visant la réduction de
moitié de la pauvreté d'ici à l'an 2015,
conformément aux OMD et de l'IPPTE. En 2005, le Gouvernement a
crée les conditions nécessaires à l'accession du pays au
point de décision conformément aux exigences du programme
appuyé par la Facilité pour la Réduction de la
pauvreté et la Croissance (FRPC) signé en décembre 2004
avec les IBW. L'objectif fondamental demeure l'atteinte du point
d'achèvement en 2007 grâce au DSRP en cours d'élaboration,
qui circonscrit parfaitement les politiques de consolidation du cadre
macroéconomique et de relance des secteurs clés de
l'économie nationale. En fin d'année 2005, la situation
macroéconomique du Congo s'est caractérisée entre autres,
par la consolidation de la croissance économique (6,8 % en 2005 contre
4,2 % en 2004) grâce à la forte montée de la production
pétrolière. Le PIB à prix courants a enregistré une
hausse de 64,9 % en 2005 contre 20,9 % l'année précédente,
passant de 2307.8 milliards de F CFA en 2004 à 3 157.8milliards de F CFA
en 2005. La situation monétaire s'est consolidée : accroissement
de 34,4 % de la masse monétaire, qui a été à 443,4
milliards en 2005 contre 330,0 milliards en décembre 2004, de même
il eut désinflation : 2.1 % en 2005 contre 3.5 % en 2004, etc.
Note : Les estimations du RGPH
1996 fournissent un effectif de la population du Congo à cette
période à 2 590 811 habitants. Les résultats des deux
derniers RGPH (1984, 1996), menés à termes révèlent
que la population congolaise est relativement jeune (45 % de la population est
âgé de moins de 15 ans contre 51 % pour les 15-59 ans et 4 % de 60
ans et plus) et à prédominance féminine (51 %). Ces 45 %
de ces jeunes dépassent de 7 points la tendance mondiale fixée
à 38% par l'UNICEF et, vue comme telle, il va sans dire que la jeunesse
congolaise est une frange de la population qui mériterait une attention
particulière.
Source : EDSC-I 2005, pp : 2-3
|
Encadré C.4 : Cadre physique, politique
et social du pays
Cadre physique
Situé en Afrique centrale, le Congo s'étend au
sud-ouest sur 11 degrés de longitude est et de 5 degrés de
latitude sud, et au nord-est sur 18 degrés de longitude est et 4
degrés de latitude nord. Le pays couvre une superficie de 342 000
Km2, possède une façade maritime de 170 Km sur
l'Océan Atlantique et bénéficie d'un réseau
hydrographique important et particulièrement arrosé par le fleuve
Congo. Ce fleuve à débit de 40 000 m3, est le second
fleuve le plus puissant au monde après l'amazone, conférant au
pays un avantage hydrographique ; aspect climatique qui justifie
l'activité agricole comme prioritaire dans la politique de
développement. Il est limité au Nord par le Cameroun et le
Centrafrique, au Sud par le Congo Kinshasa et l'Angola, au Sud-Ouest par
l'Océan Atlantique, à l'Est par le fleuve Congo et à
l'Ouest par le Gabon.
Cadre politique
Le Congo est une ancienne colonie française. Il est
indépendant depuis 1960 et a connu l'instauration de la
démocratie pluraliste en 1992, régime multipartiste qui s'est
accompagné de troubles, en 1993 puis en 1997-1999, qui ont
occasionné des préjudices au sein de la population et la
destruction d'une partie du tissu économique du pays. Il est membre des
institution sous-régionales, régionales et internationales
suivantes : CEEAC, CEMAC, UA, ONU, AFRISTAT, OHADA. L'actuel constitution du
pays, promulguée le 20 janvier 2002, fait du Congo un état de
droit trois pouvoirs : pouvoir exécutif dirigé par un
président de la République, chef de l'État, chef du
Gouvernement, élu pour 7 ans au suffrage universel, pouvoir
législatif composé de deux chambres dont l'Assemblée
Nationale et le Sénat et le pouvoir judiciaire exercé par la
Cours suprême, la Cour des Comptes et des Disciplines Budgétaires,
les cours d'appel et les autres juridictions nationales. Les prochaines
élections présidentielles s`annoncent pour début 2009.
Contexte social
Au Congo, les préoccupations sur la pauvreté
remontent du milieu des années 80 à la suite de l'échec
des PAS. Plusieurs partenaires au développement ont fait progresser le
champ conceptuel de la pauvreté au Congo (l'UNICEF, le PNUD, la Banque
mondiale, le FMI, la BAD, le G7,...). La problématique de la
paupérisation a évolué des PAS (1980-1990) à
l'IPPTE (1989-1999) en passant par diverses autres politiques soldées
par des échecs marqués par l'aggravation de la pauvreté.
À partir de 1999 a été envisagé, sous l'impulsion
des IBW, une nouvelle vision des stratégies de lutte contre la
pauvreté (et donc du développement) consistant à
l'élaboration des programmes privilégiant l'amélioration
des conditions de vie économiques et sociales. Ce sont en substance, les
objectifs de réduction de la pauvreté déclinés dans
les DSRP ou CSLP en cours de finalisation. S'agissant de la santé
spécifiquement, le Congo abrite le siège de l'OMS et se trouve
à ce titre prédisposé à souscrire aux
déclarations et actes internationaux majeurs relatifs à la
santé en Afrique. La loi n°014-92 du 29 avril 1992 portant
institutionnalisation du Programme National de Développement Sanitaire
(PNDS) démontre parfaitement l'intérêt des autorités
congolaises pour ce secteur vital. En mai 2000 a été
adoptée la Politique Nationale de Santé (PNS) dont l'objectif
global est d'améliorer l'état de santé des populations
afin de promouvoir leur participation au développement
socio-économique du pays.
Source : CNSEE, Annuaire statistique 2004 ; EDSC-I
2005, pp : 1-5
|
Annexe D : Aperçu sur l'analyse factorielle :
AFC, ACM et ACH
D.1 L'AFC
Encadré D1 : l'
AFC
L'analyse des correspondances binaires (ACORBI) ou analyse
factorielle des correspondances (AFC) permet d'étudier la
dépendance de 2 variables qualitatives. Elle est basée sur une
décomposition du Chi-Deux de contingence. Elle s'applique par excellence
aux tableaux de contingence (dits aussi tableaux de dépendance ou
tableaux croisés) formés d'individus décrits par 2
caractères qualitatifs. Une AFC sur un tableau de contingence se
justifie si : (i) on est intéressé par l'analyse des relations
entre les catégories de l'une et l'autre variable (ii) on dispose au
moins 3 modalités par variable et suffisamment bien remplies (par
regroupement au besoin)
· L'AFC est simultanément une analyse des
profils-lignes et des profils-colonnes. La métrique utilisée pour
mesurer la proximité entre deux individus est la distance du Chi-Deux.
L'objectif de l'AFC est de résumer et de décrire les liens entre
les profils-lignes et les profils-colonnes puis mettre en relief les
proximités entre les profils- lignes, entre profils-colonnes et la
nature de la liaison entre les lignes et les colonnes ;
· La qualité globale de la représentation
du nuage initial par le sous-espace de dimension q
[1 = q = r = inf( n - 1, p
- 1)] est mesurée par le pourcentage d'inertie pris en compte par les q
premiers axes factoriels
définissant ce sous-espacers non corrélés.
Cela signifie que la valeur de l'inertie totale (somme des valeurs propres) est
un indicateur de la dispersion du nuage et mesure la liaison entre 2
variables A et B, et avant toute interprétation, il faut s'assurer que
le
÷observé 2
dans la table de contingence est suffisamment grand et
supérieur au point critique X
( n - 1),( p- 1)(1 - á) pour
que la liaison
entre les deux variables qualitatives A et B soit jugée
significative. C'est seulement dans une telle circonstance qu'exhiber
l'AFC interviendra utilement, pour décrire cette dépendance
entre lignes et colonnes du tableau de contingence ; On rappelle
que
|
2
|
|
( o ij t
-
|
2
|
k i kj
, avec : oaf = : effectif observé ;
t.. =
k : effectif théorique d'indépendance ; i
=
|
÷
observé
|
i , j L tai
|
|
1,...,n ; j = 1,...,p et k : l'effectif total de la table de
contingence.
Source : Cléophas
Ondo, Cours analyse des données, IAS 3, ISSEA-2007 ; LEBART L. et al
(1994)
D.2 L'ACM
Les travaux de l'ACM sont dus à Guttman (1941) et
à Benzécri (1973). L'ACM généralise
l'AFC et permet de représenter sur le même
graphique les modalités de réponses de plus de 2 variables. Elle
permet de décrire de vastes tableaux binaires. Elle s'applique à
un tableau disjonctif complet (qui présente en ligne les individus et en
colonne les modalités des variables qualitatives retenues, les cases
d'intersection comportant la valeur 1 si l'individu répond au
critère en colonne et 0 dans le cas contraire) ou à un tableau de
Burt. Le choix la dimension q du sous-espace de projection est
révélé soit par le critère du coude de Cattell
(décrochement ou décroissance des 1 ères valeurs propres)
soit le critère de Kaiser, et très souvent par la règle de
la valeur propre
supérieure à la moyenne des valeurs propres (
ëá ? 1 ). Notons qu'en ACM, une variable
continue
p
n'est active que si elle est rendue nominale
(découpée en classes ou recodée selon 2 colonnes
numériques)
Encadré D2 : Indices
d'aide à l'interprétation en ACM
La contribution relative d'un axe à un individu
: elle représente la qualité de la représentation
d'un individu par le sous-espace qui ajuste le nuage initial. Elle se mesure
par l'indice CO2 ; le cosinus carré de l'angle formé par
l'individu i et l'axe factoriel. Si CO2 est proche de 1, l'individu est bien
représenté sur cet axe, si au contraire CO2 est proche de 0,
l'individu i est très mal représenté sur cet axe. On peut
généraliser cette notion en passant d'un axe à un
sous-espace généré par les q premiers axes factoriels.
? La contribution relative du sous-espace
généré par les q premiers axes factoriels : elle
est désignée par QLT. Si un point est bien
représenté sur un sous-espace à q dimensions
(c'est-à-dire, QLT 1), on en déduira qu'il est inutile
de chercher à améliorer la représentation de ce point par
la prise en compte d'autres axes factoriels ;
? La contribution relative d'un individu à un axe
: on dispose pour la mesurer d'un indice désigné CTR. La
somme des CTR vaut 1 et une modalité est d'autant plus importante dans
la construction du á ième axe factoriel que son CTR est
élevée ; Remarques
? La faible part de la variance (inertie) expliquée sur
les premiers axes est une caractéristique de l'ACM qui donne
généralement des mesures pessimistes de l'information extraite
;
? L'ACM présente une propriété
particulière redevable à la nature même du tableau
disjonctif complet. En effet, elle met en évidence des types d'individus
ayant des profils semblables quant aux attributs choisis ;
? On exprime : (i) la proximité entre individus en
terme de ressemblances : deux individus se ressemblent s'ils ont choisi
globalement les mêmes modalités ; (ii) la proximité entre
modalités de variables différentes en terme d'association : ces
modalités sont proches si elles concernent globalement les mêmes
individus (individus semblables) ; (iii) la proximité entre 2
modalités d'une même variable en terme de ressemblance : par
construction, les modalités d'une même variable s'excluent et si
elles sont proches, cette proximité s'interprète en terme de
ressemblance entre les groupes d'individus qui les ont choisies
(vis-à-vis d'autres variables actives de l'analyse) ;
? L'inertie totale est donnée par Ito tale =
J-1 et exprime le nombre moyen des J modalités par
les p variablesp
actives, diminué d'une unité. Dépendant
uniquement du nombre de variables et de modalités et non des liaisons
entre les variables, elle n'a donc pas de signification statistique. Mais
contrairement à cette somme des valeurs propres (inertie totale) qui n'a
pas de sens statistique, la somme des carrés des valeurs propres est un
indicateur de liaison entre variables : elle est d'autant plus
élevée que les liaisons sont plus fortes ;
Source : LEBART L. et al (1994).
|
D.3 La classification
Pourquoi une classification ? (i) Il est toujours difficile
d'interpréter les axes factoriels au-
delà du plan factoriel ; (ii) la compression excessive
de l'espace de projection peut entraîner des distorsions fâcheuses
et des superpositions de points occupant des positions distinctes dans l'espace
;(iii) les visualisations peuvent manquer de robustesse et (iv) les
visualisations peuvent concerner des milliers de points et donner lieu à
des graphiques illisibles. D'où la nécessité d'une
classification ; méthode robuste en ce sens que, les parties basses des
dendrogrammes produits sont indépendantes des éventuels points
marginaux isolés.
Encadré D.3 :
l'ACH
La technique de classification fournit une autre forme de
synthèse des données qu'une analyse factorielle. Elle constitue
des classes homogènes d'individus, les classes étant distinctes
les unes des autres le plus probable relativement aux variables
considérées. Les individus qui se ressemblent au niveau des
variables actives sont rassemblés dans une même classe et la
synthèse de toute l'information contenue dans le tableau de
données se ramène alors à la caractérisation de ce
petit nombre de classes homogènes. Il s'agit d'une classification sur
facteurs issus de l'AFC ou de l'ACM. Elle revient à créer une
variable qualitative qui correspond à l'appartenance à une classe
; SPAD propose la classification hiérarchique (CAH/RECIP) qui fournit
une hiérarchie de partitions, et la méthode d'agrégation
autour de centres mobiles qui conduit directement à une seule
partition.
n La méthode de classification sur les facteurs de
SPAD effectue une classification des individus à partir d'un ensemble de
p variables (ou p facteurs) issus d'une analyse factorielle préalable.
Elle est effectuée selon le critère de Ward.. L'arbre
d'agrégation appelé dendrogramme ainsi créé peut
ensuite être coupé en un nombre donné
d'éléments «terminaux»où les individus sont
regroupés selon une hiérarchie H de façon ascendante : on
regroupe les individus les plus proches et on recommence pour les n-1 points
suivants... On produit donc une suite de partitions emboîtées ;
n L'Indice de niveau donne la valeur de l'indice
d'agrégation de chaque noeud et mesure, au sens de Ward, la
dissimilarité entre les classes. Et le choix du niveau de coupure du
dendrogramme, et donc, du nombre de classes de la partition n'étant pas
toujours facilité par simple inspection visuelle, sera fait par examen
de l'histogramme des indices croissants de niveau, en réalisant la
coupure après agrégation correspondant à des valeurs peu
élevées qui regroupent les éléments les plus
proches à des valeurs élevées de l'indice, qui dissocient,
les groupes bien distincts dans la population (coupure au niveau pour lequel
cet histogramme marque un palier important). La CAH présente l'avantage
de laisser libre le choix du nombre de classes qui est imposé avec la
méthode des centres mobiles. De plus, elle est déterministe.
Source : LEBART L. et al (1994) ; Notes de cours IAS
3, ISSEA-2006/2007, Analyse des données.
|
Annexe E : Résultats additionnels de l'ICP et
partitionnement en 2 classes
Source : Travaux de I'auteur sur I'EDSC-I
2005
E.1 : Figure 4.E.1 : Représentation simultanée des
individus et des variables sur le plan (1,2)
Tableau 4.E.2 : Description de la coupure de l'arbre en 2 classes
et caractéristiques par les modalités
CLASSE 1 / 2 («Pauvres»)
V.TEST PROBA POURC MODALITES IDEN POURC POIDS
MOD/CLA CARACTERISTIQUES DE LA VARIABLE MOD/ENS
CLASSE 2 / 2 («Non-pauvres» ou «Riches»)
V.TEST PROBA POURC MODALITES IDEN POURC POIDS
MOD/CLA CARACTERISTIQUES DE LA VARIABLE MOD/ENS
LA CLASSE : CLASSE 1 / 2 CONTIENT ... aa1a 42.2 1827
0.57 0.284 99.3% de Allaité Allaitement au sein ALL1 99.2
4290
- 2.62 0.004 99.3% de VPOL VaccinationPOLIO POL1 99.6 4309
- 3.96 0.000 98.6% de VBCG VaccinationBCG BCG1 99.3 4294
- 5.57 0.000 97.0% de VDTCoq VaccinationDTCOQ DTC1 98.3 4254
- 3.53 0.000 96.9% de NVRoug VaccinationROUGeole ROU2 97.9
4234
56.84 0.000 95.1% de SolTrad Nature du sol SOL2 48.3 2091
0.80 0.213 95.1% de sévèremt malnutris Indice
taillepourâge TAG1 94.7 4098
- 3.98 0.000 89.3% de VitaminéA Vitamine VIT1 91.4
3952
33.96 0.000 76.2% de MursTrad Nature des murs MUR2 46.7 2022
3.91 0.000 73.0% de WCTrad Sanitaires W 69.8 3020
45.88 0.000 72.0% de Puits/ForInsalubres Principale source
d'eau EAU4 34.6 1497
- 5.20 0.000 69.7% de Sel>15PPM Iodation du sel SEL3 73.8
3192
- 4.03 0.000 64.0% de WCCollectif Gestion des sanitaires GWC1
67.4 2917
10.72 0.000 61.6% de >30mn Temps pour approv en eau TEM2
52.1 2252
- 40.21 0.000 55.9% de ToitMod Nature du toit TOI1 81.3 3519
- 0.40 0.346 54.4% de IPL2-3 Indice de peuplement du logement
IPL2 54.8 2370
45.19 0.000 52.5% de Pluspauvre Indice de Richesse du
Ménage IRM1 22.2 960
40.15 0.000 44.0% de ToitTrad Nature du toit TOI2 18.6 805
0.22 0.413 43.7% de IPL>3 Indice de peuplement du logement
IPL3 43.5 1880
30.43 0.000 39.0% de Pauvre Indice de Richesse du Ménage
IRM2 18.6 804
- 10.78 0.000 37.2% de <=30mn Temps pour approv en eau TEM3
46.7 2021
4.03 0.000 36.0% de WCPrivé Gestion des sanitaires GW
32.6 1409
22.99 0.000 26.4% de SansWC Sanitaires WC3 12.9 560
- 36.22 0.000 20.4% de MursMod Nature des murs MUR1 51.7 2237
4.94 0.000 16.1% de SelOPPM Iodation du sel SEL1 13.1 566
1.78 0.037 14.2% de Sel<15PPM Iodation du sel SEL2 13.1
568
5.77 0.000 12.5% de Puits/ForSalubres Principale source d'eau
EAU3 9.4 408
3.98 0.000 10.7% de NVitaminéA Vitamine VIT2 8.6 374
- 47.38 0.000 10.6% de Robinet Principale source d'eau EAU2 50.6
2187
- 20.75 0.000 8.1% de Moyenpauvre Indice de Richesse du
Ménage IRM3 22.9 990
- 0.80 0.213 4.9% de malnutris Indice taillepourâge TAG2
5.3 228
- 56.16 0.000 4.8% de SolMod Nature du sol SOL1 50.9 2204
- 2.31 0.010 3.6% de AutresEaux Principale source d'eau EAU5 4.5
194
0.00 0.500 3.4% de AutresMurs Nature des murs MUR3 1.5 67
3.53 0.000 3.1% de VRoug VaccinationROUGeole ROU1 2.1 92
0.00 0.500 3.0% de NVDTCoq VaccinationDTCOQ DT 1.7 72
0.00 0.500 1.9% de ipl0-1 Indice de peuplement du logement IPL1
1.8 76
0.00 0.500 1.4% de NVBCG VaccinationBCG BCG2 0.7 32
0.00 0.500 1.4% de Citerne/Bouteilles Principale source d'eau
EAU1 0.9 40
0.00 0.500 1.3% de Surplace Temps pour approv en eau TEM1 1.2
53
0.00 0.500 0.7% de NVPOL VaccinationPOLIO POL2 0.4 17
0.00 0.500 0.7% de NonAllaité Allaitement au sein ALL2
0.8 36
- 28.48 0.000 0.6% de WCMod Sanitaires WC1 17.2 746
- 32.46 0.000 0.3% de Riche Indice de Richesse du Ménage
IRM4 20.4 883
0.00 0.500 0.2% de AutreSol Nature du sol SOL3 0.7 31
0.00 0.500 0.1% de AutreToit Nature du toit TOI3 0.0 2
- 29.02 0.000 0.0% de Plus riche Indice de Richesse du
Ménage IRM5 15.9 689
LA CLASSE : CLASSE 2 / 2 CONTIENT ... aa2a 57.8 2499
40.21 0.000 99.9% de ToitMod Nature du toit TOI1 81.3 3519
2.62 0.004 99.8% de VPOL VaccinationPOLIO POL1 99.6 4309
3.96 0.000 99.7% de VBCG VaccinationBCG BCG1 99.3 4294
5.57 0.000 99.3% de VDTCoq VaccinationDTCOQ DTC1 98.3 4254
- 0.57 0.284 99.1% de Allaité Allaitement au sein ALL1
99.2 4290
3.53 0.000 98.6% de NVRoug VaccinationROUGeole ROU2 97.9 4234
- 0.80 0.213 94.5% de sévèremt malnutris Indice
taillepourâge TAG1 94.7 4098
3.98 0.000 92.8% de VitaminéA Vitamine VIT1 91.4 3952
56.16 0.000 84.7% de SolMod Nature du sol SOL1 50.9 2204
47.38 0.000 79.8% de Robinet Principale source d'eau EAU2 50.6
2187
5.20 0.000 76.8% de Sel>15PPM Iodation du sel SEL3 73.8
3192
36.22 0.000 74.6% de MursMod Nature des murs MUR1 51.7 2237
4.03 0.000 69.9% de WCCollectif Gestion des sanitaires GWC1 67.4
2917
- 3.91 0.000 67.5% de WCTrad Sanitaires W 69.8 3020
0.40 0.346 55.1% de IPL2-3 Indice de peuplement du logement IPL2
54.8 2370
10.78 0.000 53.7% de <=30mn Temps pour approv en eau TEM3
46.7 2021
- 10.72 0.000 45.1% de >30mn Temps pour approv en eau TEM2
52.1 2252
- 0.22 0.413 43.3% de IPL>3 Indice de peuplement du logement
IPL3 43.5 1880
32.46 0.000 35.1% de Riche Indice de Richesse du Ménage
IRM4 20.4 883
20.75 0.000 33.7% de Moyenpauvre Indice de Richesse du
Ménage IRM3 22.9 990
- 4.03 0.000 30.1% de WCPrivé Gestion des sanitaires GW
32.6 1409
28.48 0.000 29.4% de WCMod Sanitaires WC1 17.2 746
29.02 0.000 27.6% de Plus riche Indice de Richesse du
Ménage IRM5 15.9 689
- 33.96 0.000 25.2% de MursTrad Nature des murs MUR2 46.7
2022
- 56.84 0.000 14.2% de SolTrad Nature du sol SOL2 48.3 2091
- 1.78 0.037 12.3% de Sel<15PPM Iodation du sel SEL2 13.1
568
- 4.94 0.000 10.9% de SelOPPM Iodation du sel SEL1 13.1 566
- 45.88 0.000 7.3% de Puits/ForInsalubres Principale source
d'eau EAU4 34.6 1497
- 5.77 0.000 7.2% de Puits/ForSalubres Principale source d'eau
EAU3 9.4 408
- 3.98 0.000 7.2% de NVitaminéA Vitamine VIT2 8.6 374
0.80 0.213 5.5% de malnutris Indice taillepourâge TAG2 5.3
228
2.31 0.010 5.1% de AutresEaux Principale source d'eau EAU5 4.5
194
- 30.43 0.000 3.6% de Pauvre Indice de Richesse du Ménage
IRM2 18.6 804
- 22.99 0.000 3.1% de SansWC Sanitaires WC3 12.9 560
0.00 0.500 1.6% de ipl0-1 Indice de peuplement du logement IPL1
1.8 76
- 3.53 0.000 1.4% de VRoug VaccinationROUGeole ROU1 2.1 92
0.00 0.500 1.2% de Surplace Temps pour approv en eau TEM1 1.2
53
0.00 0.500 1.1% de AutreSol Nature du sol SOL3 0.7 31
0.00 0.500 0.9% de NonAllaité Allaitement au sein ALL2
0.8 36
0.00 0.500 0.7% de NVDTCoq VaccinationDTCOQ DT 1.7 72
0.00 0.500 0.6% de Citerne/Bouteilles Principale source d'eau
EAU1 0.9 40
0.00 0.500 0.3% de NVBCG VaccinationBCG BCG2 0.7 32
0.00 0.500 0.2% de AutresMurs Nature des murs MUR3 1.5 67
0.00 0.500 0.2% de NVPOL VaccinationPOLIO POL2 0.4 17
- 40.15 0.000 0.1% de ToitTrad Nature du toit TOI2 18.6 805
0.00 0.500 0.0% de AutreToit Nature du toit TOI3 0.0 2
- 45.19 0.000 0.0% de Pluspauvre Indice de Richesse du
Ménage IRM1 22.2 960
Annexe F : Détails sur la modélisation
probit
Encadré F 1 : Définitions sur le
modèle probit L'objectif d'un modèle dichotomique consiste
à expliquer la survenue de l'événement
considéré, en fonction d'un certain nombre de
caractéristiques observées : l'on cherche
à spécifier pi . Il admet pour variable
expliquée, non pas un codage quantitatif associé à la
réalisation d'un événement, mais la probabilité
d'apparition de cet événement, conditionnellement aux variables
exogènes.
Définition 1 : Modèle
Probit
Soit un modèle dichotomique : p i=
pr ( yi = 1/ xi ) = F (
x i â ) ? i = 1,..., n
'
Dans cette formule, F(.) désigne une fonction de
répartition. Le modèle Probit est le modèle dichotomique
qui admet pour fonction de répartition la fonction de distribution d'une
loi normale centrée réduite N (0, 1) :
Définition 2 : Effet
marginal dans un modèle probit
Si l'on note f (.) la fonction de densité des
résidus du modèle dichotomique, l'effet marginal associé
à la j ème
Définition 3 :
Élasticité dans un modèle probit
Il est parfois plus aisé de calculer une
élasticité plutôt qu'un effet marginal. En effet,
l'élasticité a l'avantage d'être indépendante des
unités de mesure. L'on définit l'élasticité comme
la variation (en %) de la probabilité de
survenue de yi = 1/ xi,
suite à une variation de 1 % de la j ème explicative
xij :
Autrement, pour les individus pour lesquels l'on est sûr de
la survenue d'un événement ( pi = F(
x 'iâ) = 1 ou '
xi â
positif et très élevée),
l'élasticité sera faible : seule une variation très
importante des variables explicatives pourra modifier sensiblement la
probabilité. Inversement, les individus pour lesquels l'on est sûr
de la non survenue d'un événement ( pi =
F( x 'iâ) = 0 ou
'
xiâ négatif et très
élevée en valeur absolue), l'élasticité sera
faible.
Le modèle probit définit la probabilité
associée à l'événement yi = 1 ,
comme la valeur de la fonction de répartition de la loi de la loi
normale centrée réduite considérée au point
xi' â ; c'est-à-dire :
variable explicative xij est : p i
= f
Puisque par définition f (.)>0, le signe de cette
dérivée dépend de celui de âj .
Il en découle que la hausse
d'une variable associée à un coefficient positif
induit une hausse de la probabilité de réalisation de
l'événement yi = 1 . À l'inverse, la
hausse d'une variable associé à un coefficient négatif
induit une baisse de la probabilité de réalisation de
l'événement yi = 1 .
La fonction de densité f (.) du modèle Probit est
symétrique, uni modale et atteint son maximum en zéro. Dès
lors,
l'impact d'une variable explicative est d'autant plus important
pour les individus ayant le scalaire
x
i ij ' ij
p x f x
å = = ( )
â â
p x
i ij
/ i j
? x p F x
( ' )
â
ij i i
?
? w ?
xi ' â t 2
1
( )
'
p = Ö x exp( ) ,
- dt i 1,..., n
i i â = ? = 2 ð -8
2
?
?
xij
R
: F(w)
' 2
1 ( )
x â
( ).
x ' i
â â = e x p [ - ]. â
i j 2 ð 2
2ð
1
-
w
8
exp(-
t
2
2
)dt =Ö(w)
j
xiâproche de zéro. '
Source : Travaux de l'auteur sur
l'EDSC-I 2005
variable associée influence à la hausse ou à
la baisse la probabilité pi
considérée. Le signe des coefficients et les effets
marginaux restent les seules informations directement
exploitables.
Remarque 3 : Un « probit »
plutôt qu'un « logit »
Un modèle aussi proche du probit est le logit. Il
n'existe que peu de différences entre ces deux modèles
dichotomiques. Cela, à cause de la proximité des familles de lois
: logistique pour un logit et normale pour un probit. Elles donnent des
résultats similaires. Dès lors, la question du choix entre les
deux ne présente que peu d'importance. Cependant, bien qu'il soit
souvent cité
l'avantage du modèle logit dans la facilitation de
l'interprétation des paramètres â associés aux
variables, l'argument avancé
dans le choix d'un modèle probit réside dans
le fait que la loi logistique tend à attribuer aux
événements «extrêmes» une probabilité plus
forte que la distribution normale ; ce qui surestimerait dans le cas
d'espèce, le risque de pauvreté infanto-juvénile.
Remarque 4 : Estimation des coefficients d'un
modèle probit par maximisation de la vraisemblance (EMV)
L'on considère un échantillon de n individus
indicés i = 1, ..,n. Pour chaque individu, on observe si un certain
événement
s'est réalisé et l'on note yi
la variable codée associée à l'événement.
Posons pour tout i =1,..., n :
permet d'estimer la totalité des paramètres
â .
Remarque 2 : Variance de l'erreur dans un
modèle probit
Dans un modèle probit, la variance de l'erreur du
modèle n'est pas identifiable. Elle est normalisée à
l'unité. De ce fait, la
valeur numérique des paramètres estimés
n'a pas d'intérêt en soi dans la mesure où ils ne
correspondent aux paramètres â de l'équation de
la variable latente qu'à une constante multiplicative près. De
plus, la limite c n'est pas identifiable car elle se
confond au terme constant du vecteur des explicatives xi
. Ainsi, la seule information réellement utilisable est le signe des
â , indiquant si la
Encadré F2 : Des remarques sur le
modèle probit
Remarque 1 : Modèle Probit sous la forme
latente
Tout modèle dichotomique (Probit ici) peut
s'écrire sous la forme d'une équation de mesure du type :
vecteurs des paramètres est donné par la
résolution de l'équation :
nG ) =
[ y - Ö ( x;â )]ö
( x;,6" )
Ex = 0
' ' i
( à )[1 ( à )]
Ö x â - Ö x â i i
inobservable), définie en fonction des
caractéristiques observables xi et d'une
perturbation (erreur) ui indépendante et
identiquement distribué (i.i.d.), Ui -3
N(0, ón2
) ; '
y * = x i â + u
i . En général, une adoption de normalisation c =
0 et ó = 1
observables et où fi = (fi1,...fik
YE Rk est un vecteur de paramètres inconnus. La
vraisemblance associée à l'observation yi
est :
garantit l'unicité de cette fonction et implique que les
EMV sont convergents vers les vraies valeurs des paramètres. Le gradient
ou
L ( y , â) = ? F (
x j13 ) yi [1 - F (
xiâ )]1-yi . Finalement, la vraisemblance logarithmique
est :
y i
log L ( y , â) = E lo g F
( x ;â ) + E log [1 - F (
x;â )] . Notons que log L ( y ,
â ) est strictement concave, ce qui
i : yi = 1 i :y
i=o
=
'
1 p i = F ( xiâ)
0 1 - p i = 1 - F (
xiâ)
L y i â p i
( , ) y i (1
= -
i
=
n
1
y i
i =1
pi )1 -yi ; la vraisemblance
associée à l'échantillon de taille n s'écrit :
=
1 s i y * > c
0
a ille u r s
Où
xi = ( x 1i
,..., xki ) , ? i = 1,...,n ,
désigne un vecteur de caractéristiques '
où c est une limite réelle et y* une variable
latente (tolérance
avec ö fonction dérivée deÖ au
point â
à
à
*
à
yi
à
n
n
1
1
i
i
=
=
Évaluation de la qualité du
modèle
Notons pi = F(xiâ)
la probabilité de la survenue de l'événement
yi = 1 . Il est possible d'estimer cette
probabilité par pà i = F
( xi'âà)
= yài . De plus, l'on peut réaliser
une prédiction de yi en utilisant :
3. Prise en compte de
l'hétéroscédasticité
L'hétéroscédasticité
apparaît quand on traite des unités pour lesquels il peut exister
un effet taille. Elle correspond à une situation où la variance
des erreurs n'est pas constante pour toutes les observations. Sa
détection se fait à l'aide des principaux tests, tels : tests de
White, de Huber, de Golfeld-Quant et de Gleister [voir Y. Tillé (2004)
pour les détails relatifs à ces tests]. Parfois, la prise en
compte de l'hétéroscédasticité demande juste la
pondération par la racine carrée du nombre d'individus.
Encadré F3 : Tests de
spécification et inférence
1. Test sur les coefficients du
modèle
Il y a trois principaux tests couramment usités : le
test de Wald, le test du score ou du multiplicateur de Lagrange (LM : Lagrange
Multiplicator) et le test du rapport des maxima de vraisemblance (LRT :
Likelihood Ratio Test). Ces trois tests sont asymptotiquement
équivalents. Mais le LRT reste localement le plus robuste. Il est le
test indiqué lorsque la nécessité de l'estimation du
modèle avec ou sans contraintes s'impose. Son calcul ne nécessite
que la connaissance des valeurs de la vraisemblance maximisée. De plus
il ne demande aucun calcul analytique de dérivées ni de variance
(P. Deschamps, 2007). Dans un modèle probit, l'on peut appliquer
sans difficulté particulière la logique du test du rapport des
maxima de vraisemblance. L'on estime le modèle non contraint et le
modèle contraint :
*
soient âj et ,0 j
les deux estimations respectives ainsi obtenues. La statistique LRT correspond
alors tout simplement
à l'écart des vraisemblances logarithmiques. La
statistique LRTj du test du rapport des maxima de vraisemblance associée
au test unidirectionnel H0 : â
j= â0 contre H1 :
â j? â0 admet la loi
suivante sous H0 :
L'on rejette H0 si LRTj
x0 95(1), le membre de droite désignant le quantile
à 95 % de la loi du khi-deux à 1 degré de liberté.
Notons que si le test porte sur plus d'un paramètre, l'on utilise la
statistique suivante : LRT = - 2log ë = - 2[log( ,
â à ) - log( , â à * )] ???
÷ 2 ( )
L
y y r , lorsque n ? 8 ;
r étant le nombre de restrictions imposées sur les
paramètres.
2. Tests de spécification du
modèle
Il s'agit ici des tests qui permettent d'évaluer la
qualité de l'ajustement par le modèle. En effet, il se peut que
l'on ait estimé le modèle avec des explicatives fortement
corrélées (l'on parle de multicolinéarité ou
dépendance linéaire approximative entre les colonnes des
explicatives). La multicolinéarité se définit comme le
fait que la matrice
des exogènes ne soit pas de plein rang. Dans ce cas,
les
aux faibles fluctuations d'échantillonnage. Ce
phénomène est détecté par plusieurs tests. Au rang
de ces tests l'on peut citer : le test de Klein, de Farrar-Glauber, de Theil,
du VIF [pour les détails théoriques sur ces tests, voir Y.
Tillé (2004)].
Dès lors, deux indices sont souvent utilisés pour
évaluer la qualité globale du modèle : (i) le coefficient
de détermination calculé entre les yi et les
yài ; (ii) la proportion d'unités
bien classés, définies par :
% ubc = [ n- E( y i - A)
2]/
LRT = - 2 log ë = - 2 Llog( y
ijj ) - log( y , /3; ) 1
÷2 (1) , lorsque n ?8
n ou alors, le nombre de fausses prédictions
nfp = E (yi -- A)2
0 si .A= F
(xiâ) < 1 / 2
1 si y i = F (xiâ) =1
/ 2
â j ont soit des fortes variances
estimées soit une instabilité
|