3. Application actuelle en situation (constatations et
propositions)
3.3 Acoustique des lieux
L'univers sonore se définit dans le cadre
général d'une trilogie permanente.46
Cette trilogie associe en un ensemble inésaparable : un
émetteur, un milieu de transfert, un récepteur.
Le rTMle de l'émetteur est d'organiser un message
codé dans des termes qui lui appartiennent en propre (fréquence,
intensité, séquence) avant de l'émettre dnas le milieu de
transfert.
Le rTMle du milieu de transfert est d'accueillir ce message et de
la transporter sans en conna»tre a priori le destinataire.
Le rTMle du récepteur est de capter le message (souvent
mélangé à beaucoup d'autres), de l'extraire des messages
indésirables par un filtrage et de se l'approprier.
Comme le milieu de transfert est ouvert à toute
sollicitation, il porte une quantité de codes dont il n'a pas à
assurer la mise en cohérence ni à se soucier de leur sens. De
plus il fonctionne à «guichets ouverts» oü les
récepteurs viennent chercher les messages qui les concernent.
Tous les codes d'acoustique sont liés au degré
d'organisation de l'émetteur et du récepteur. L'émetteur
peut être passif ou actif, suivant sa capacité à organiser
son code au premier degré de décision. De même le
récepteur a la possibilité de recevoir le message qui lui est
destiné en l'acceptant sans nuance ou portant sur lui un jugement de
valeur qui le raméne vers l'émetteur.
L'émetteur émet donc un code dans un notation
fréquentielle donnée. Si le milieu de transfert est capable de le
porter, ce code peut se présenter devant plusieurs récepteurs.
Certains ne sont pas intéressés par cet envoi et ne
réagissent pas. D'autres vont s'approprier tout ou partie du code selon
leur pouvoir discriminant : tous les milieux parcoururs par une onde font du
«tri sélectif» acoustique.
Dans l'exemple d'un espace clos, il y a appropriation du code
sur ses fréquences spatiales propres, aux conditions imposées par
la nature de son isolement (autre milieu de transfert : autre filtre), il y a
alors maintient éventuel de ce code aux conditions de
stationnarité imposées par la jonction des modes spatiaux et
pariétaux du volume clos.
46 Marcel Val Acoustique architecturale, Dunod, 2002
52
La mise en harmonie de ces deux types de
géométries, celle de l'onde et celle du milieu de propagation,
s'appelle résonance. Une disharmonie entra»ne une opposition entre
ces géométries et a tendance à annuler leur
énergie : c'est l'anti-résonance.
Un seul élément codé peut atteindre
plusieurs cibles à la fois. Le lien de parenté entre un
émetteur, un milieu de transfert et un récepteur tient dans leurs
communes particularités : les fréquences. Tous les
éléments de structure qui nous entourent dans notre vie
quotidienne ont une vie acoustique latente. Cette vie acoustique se manifeste
des qu'il existe une possibilité de rencontre entre deux
fréquences de la même famille, l'une appartenant à la
source provocante, l'autre appartenant à l'élément
provoqué.
Fréquence et résonance
La perception de la fréquence et la notion qu'on peut
en avoir sont résumées en général sous l'appelation
de son ou de bruit. Celui-ci est chargé de porter globalement à
l'attention de chacun l'existence d'une manifestation sonore ou vibratoire dont
l'origine et le sens peuvent avoir un intérêt. Un jugement de
valeur suit cette phase et l'on estime le son ou le bruit de nature musicale,
désagréable, harmonieuse, faible, forte, stridente, etc.
La propagation naturelle du son dans l'espace est
modifiées par la présence d'obstacles construits qui imposent des
conditions à la forme de l'onde et ses limites. Celle-ci, qui traduit
dans l'espace la géométrie de la fréquence, va devoir se
conformer à d'autres géométries.
Les sons complexes (la musique par exemple), passent
nécessairement par des réseaux stationnaires quand ils sont
enclos dans un espace. Si un son comple émis dans une salle trouve une
correspondance modale spatiale, il le signale par des
«résonances».
Le son doit parfois quitter un milieu pour entrer dans un
autre : l'impédance de chacun des milieux concernés (ou leur
résistance) régle cet échange au cours duquel un
élément de la plus haute importance appara»t : la phase. La
phase régle la rencontre d'une onde avec n'importe qu'elle autre. Ainsi,
la mise en vis-à-vis de deux milieux d'impédance trés
éloignée l'une de l'autre (le béton et l'air, par exemple)
va être à l'origine de réseaux stationnaires bien
marqués. A la coupure de la source excitatrice, la durée de
décharge de l'énergie présente dans ces réseaux est
plus ou moins longue : on voit alors appara»tre le temps sous une autre
forme, continue et non périodique : c'est le temps de
réverbération.
Théoriquement une surface totalement
réfléchissante «renvoie» un niveau sonore
supérieur au niveau sonore incident, pour une fréquence pure.
(Si Pi la pression incidente est égale à
Pr la pression réfléchie, la pression totale Pt
sera égale à Pi + Pr. D'oü Pt =
2Pi donc Pt + 20 x (log2) = Pt + 6dB)
D'aprés cette équation, la membrane renverra
tout niveau sonore incident majoré «seulement» de 2 à 3
décibels pour des sons complexes (voix, musiqueÉ). Mais elle peut
restituer un niveau sonore réfléchi majoré de 5 à 6
décibels chaque fois qu'un son de fréquence pure lui parvient
(sons musicaux isolés et accords sur modes).
Cette capacité à renvoyer dans l'espace
d'oü ils viennent les niveaux sonores incidents «regarnis» d'une
énergie sonore pouvant atteindre 3 à 6 décibels devient
indispensable pour créer les conditions d'une acoustique
«claire» (taux de compréhension de tout message, en tout
point, égal ou supérieur à 95%).
Un espace clos, dans lequel le temps de
réverbération Trm atteint des valeurs trés basses
(inférieur ou égal à 0,5»), risque de devenir
«sourd» par excés d'absorption quand il est traité avec
un systéme absorbant couvrant tout le spectre fréquentiel.
D'oü l'intérêt des panneaux
absorbants/diffusants qui d'abord prêtent main forte à
l'absorption des fréquences basses (toujours difficiles à
ma»triser) et libérent ensuite le «spectre utile» des
fréquences moyennes et aigu`s. Des lors ils deviennent capables, par
leur membrane, d'agir avec la qualité de directivité
propre à la diffusion sans la confusion à la
réverbération.
Conception et correction d'acoustique
Il est rare qu'un projet d'acoustique soit
entiérement concu sur la base des calculs et des modélisations
qui s'imposent pour le bâtir et qui permettent d'en garder la
ma»trise permanente jusqu'à son point d'aboutissement.
Il est courant d'aborder un projet de lieu de musique
en état d'élaboration avancé (voire même en phase de
construction) et de devoir imposer en cours de route les contraintes
inhérentes à la finalité même de l'ouvrage.
Contraintes qui, ensuite, sont plus ou moins bien intégrées ou
même comprises.
Il est habituel de faire face à des situations
de fait c'est-à-dire figées dans une fonction et un usage
précis auxquelles on désire ajouter d'autres fonctions et
d'autres usages qui appartiennent à l'expression de la musique ou
à des activités qui demandent des qualités
spécifiques à l'acoustique (isolement, absorption, protection aux
vibrations, etc.)
Dans ce cas il est indispensable de prendre possession des
lieux par des séries de mesures et de sondages du bâti existant
pour établir un diagnostic des choses en l'état aussi
précis que possible. Ce à fin d'indiquer les limites de
l'intervention et donc des résultats espérés compte tenu
des hérédités diverses appartenant à l'ouvrage
à aménager. Il existe des états antérieurs qui
restent immuables quoiqu'on fasse.
S'il est toujours possible d'apporter dans un espace clos des
modifications sensibles à l'aide de produits ou de systémes
absorbants, il est utile de se demander si l'on doit changer le comportement
acoustique d'un espace ou suggérer aux utilisateurs de cet espace de
modifier l'exploitation qu'ils comptent en faire. Dans notre cas, il est
délicat de poser ce genre d'interrogation puisque nous somme clairement
dans un lieu qui ne se prête à priori pas à la musique
puisque c'est un restaurant, un hTMtel, un concept-store... toutefois, il y a
quand même des possibilités d'optimisation de ces espaces pour y
diffuser de la musique. On en vient donc à une précaution
esthétique : l'espace choisi convient-il au programme proposé
?
Une autre précaution préalable, d'harmonie,
s'impose aussi : un espace clos majestueux demande de lui-même
l'équilibre de l'oeil et de l'oreille. La réverbération
naturelle des lieux doit pouvoir apporter à l'ou ·e la
même sensation d'espace quà la vue.
Aménagement d'un lieu d'écoute
On a tendance à compliquer une situation, trés
simple en soi, qui consiste à assurer la propagation d'un signal sonore
issu d'un point d'un espace clos pour qu'il atteigne tout autre point de ce
même espace sans perdre de sa substance (intégrité
énergétique) et de son sens (intégrité
spectrale).
L'air occlu dans cet espace est le vecteur porteur du signal.
Les limites qui le circonscrivent lui retirent sa neutralité habituelle
par l'ajout de résonances diverses ou par la manifestation d'une sorte
d'inhibition créée par la mise en situation fréquente de
matériaux absorbants de bonne qualité certes mais de
quantité surabondante.
Le premier soucis de l'acousticien est de réduire la
réverbération naturelle de l'espace clos en retirant tout ou
partie du contact que l'air entretient en permanence avec ses limites.
Si l'on devait décrire le lieu de musique
«idéal» on commencerait par tracer, sur la coupe longitudinale
du projet, une parabole pour profiler correctement le plafond. Cette vaste
paroi libre représente la piecce ma»tresse dans l'ensemble
des dispositifs prévus pour une bonne écoute. A une condition :
que cette parabole parte du lieu d'émission et atteigne le point
d'écoute le plus éloigné sans interruption et que lui
soient associées des parois verticales de qualités diffusantes au
moins égales.
On part en général d'un volume de forme
rectangle dont les rapports dimensionnels sont environ les suivants : longueur
Lx, largeur Ly = 0,8 à 1 Lx et hauteur
maximum Lz = moitié de la largeur Ly.
Le premier problème consiste à
régler la réverbération naturelle du lieu.
Le deuxième problème consiste à
régler la diffusion. Elle doit être comprise non comme un
rapport réverbérant particulier mais comme un système de
réémission local sur une bande de fréquences
privilégiées (400 à 8 000 Hz).
Pour mettre en place ces solutions, le travail se partage
entre l'acousticien et l'architecte. L'acousticien va imposer un dispositif
d'absorbeurs (ou de résonateurs, parfois) dont le volume doit faire
partie intégrante de l'ouvrage.
Il y a quelquefois des situations de conflit entre le projet
d'architecture et les propositions apportées pour résoudre des
problémes d'acoustique inhérents à la conception ou
à la réalisation de ce projet. La mise en situation des
principaux systémes absorbants demande un travail de synergie
préalable associant l'architecte et l'acousticien.
Le secteur qui pose véritablement problème est
celui de la correction acoustique. Car il fait appel en général
à des solutions rapportées, visibles et peut-être
envahissantes, qui se tiennent à distance de l'ouvrage et offrent
souvent un degré d'intégration nul.
Voici quelques exemples :
Applications : le projet d'architecture et la correction
acoustique
Il est vivement recommandé de faire au préalable
à tout projet d'architecture une liste aussi détaillée que
possible des moyens nécessaires à la réduction des temps
de réverbération d'un espace clos. Il est particulièrement
navrant de se trouver devant la situation suivante : à la
réception d'un ouvrage on
demande la mise en oeuvre de corrections acoustiques
«oubliées». Que de belles architectures camouflées par
quelques faux plafond, efficace certes, mais rarement intégrable.
Il faut bien se dire que choisir une paroi c'est choisir une
voix qui ne manquera pas de se manifester à la première
sollicitation fréquentielle. Il est des voix très sonores et
très indiscrètes !
Les quelques exemples qui vont suivre ont donné lieu
à des réalisations. Ils n'ont que la prétention d'ouvrir
une porte sur les possibilités infinies de création. C'est
à l'architecture d'inventer et de réinventer les formes dont se
pare l'acoustique et non l'inverse.
Rencontre avec Thomas TOULEMONDE (Impedance) Lundi
14.03.2007 // 20h
Montparnasse
Thomas TOULEMONDE est ingénieur chef de projet dans la
société Impédance, qui est spécialisée dans
l'acoustique. L'objet de cette rencontre était d'en apprendre un peu
plus sur la relation entre un acousticien et un architecte. Comment
travaillent-ils ensemble ? Comment l'acousticien trouve t-il sa place sur un
chantier ? Quel est son droit de regard sur le projet global ?
Avant cela, on peut déjà se poser la question de
savoir comment et pourquoi l'on fait appel à un acousticien. Un cabinet
spécialisé répond à la demande du maître
d'oeuvre qui doit intégrer de maniére plus ou moins
conséquente le travail du traitement acoustique d'un lieu, en ce qui
concerne le bâtiment. Nous n'évoquerons pas les autres domaines
d'application liés à l'acoustique comme les machines,
l'environnement ou l'industrie. Nous ne parlerons également pas des
bâtiments du type logement car ici, on applique des recettes
quasi-systématiquement, par conséquent ce genre de travaux n'est
pas trés intéressant sur le plan du défi technique
à réaliser.
En revanche lorsque Thomas TOULEMONDE me parle du travail que
l'agence Impédance à réaliser au Flagship Louis Vuitton,
il en parle avec passion ! Thomas est intervenu sur deux types de projets au
sein du magasin, le traitement acoustique de l'Atrium, espace unique
dédié aux malles qui ont fait la réputation de Vuitton et
l'ascenceur Ç Your Loss of Senses È, oeuvre signée Olafur
Eliasson éliminant tout stimulus sonore et lumineux.
Le défi de l'Atrium consistait à élaborer
une acoustique se prêtant à la diffusion d'une composition de
percussions aléatoires (élaborée par Guiom Huret), tout en
paliant aux problémes liés à l'architecture
particuliére. L'Atrium est en fait un puit de lumiére de 25
metres de haut débouchant sur une petite piece en demi-cercle. Le
«puit» est constitué de centaines de tiges d'aluminium
trés esthétique mais pouvant causer certains
phénoménes de réflexion peu appréciables.
Impédance a de plus élaboré des mini-caisses de
résonnances recouvertes par des toiles peintes, doublées de laine
de verre pour amortir ces résonances. Une entreprise périlleuse
et complexe pour un résultat stupéfiant qui à
l'écoute provoque des réactions inattendues chez le
visiteur/auditeur qui n'arrive pas à distinguer l'origine de ces
stimulis semblant «tomber» du ciel véritablement. Le second
travail avec l'ascenceur Ç Your Loss of Senses È d'Olafur
Eliasson, était d'isoler complétement l'environnement
sonore extérieur tout en respectant les multiples
règlementations de sécurité des ascenceurs.
Là encore, le résultat est impressionnant, on
pénètre dans cette pièce exigu` et on ressent
instantanément un grand confort de quiétude de part l'aspect
contonneu des matières nous entourant, y compris sous les pieds.
Plongés dans le noir, la montée peut devenir rapidement
engoissante mais l'esprit n'étant pas distrait, perturbé ou
inquiété par des sons externes, on passe un moment
étrangement agréable.
Tout cela pour montrer à quel point le métier
d'acousticien est passionnant et nécessite des connaissances
complètes et variées dans le domaine du bâtiment mais
également dans celui du son et des sciences. Le facteur humain est
également primordial dans la mesure ou l'on obtient ce que l'on
désire faire, uniquement en imposant son point de vue, parfois de
manière assez brutale, notamment lorsque le maître d'oeuvre ne
veut pas entendre les recommandations élaborées. Problème
rare mais existant auquel s'est retrouvé confronté plusieurs fois
Thomas TOULEMONDE. Dans ce cas, il est obligé de faire signer une
attestation le dégageant de toute responsabilité quant au
résultat final de l'acoustique. Evidemment, une fois le lieu
inauguré, les problèmes liés à l'acoustique
ressurgisse vite et on doit alors travailler en s'adaptant fortement aux
contraintes du chantier entamé.
Pour revenir à des magasins toujours haut de gamme,
mais moins conventionnels, l'acoustique est bien moins élaborée
dans la mesure ou aucun problème majeur n'est engendré par des
avancées aussi poussées en matière de design. Dans la
majorité des cas, l'acoustique est plutôt standard voire mauvaise
puisque traitée selon le minimum acceptable. Encore une fois, les
concept store, restaurants et autres hôtels, ne sont pas implicitement
des lieux se prêtant à la diffusion de musique. Le fait est qu'on
en trouve pourtant dans tous ces endroits précis ! Je pense donc qu'il
est primordial de penser l'acoustique d'un lieu haut de gamme quel qu'il soit,
à partir du moment oü de la musique va s'y propagée. Encore
faut-il bien sur que la sonorisation soit digne de ce nom et qu'encore plus
loin, le contenu soit intéressant. A défaut, la
problématique globale de l'éthique musicale et technique du
milieu haut de gamme ne sera respectée.
Dans l'absolu, en tant que sound designer, il faudrait avoir
un regard entier sur la conception même du lieu. Un créateur
d'atmosphère sonore ne peut se permettre d'arriver en dernier lieu,
parce que l'on avait oublié de penser à la musique. Comme bien
trop souvent, cette dimension est négligée et donc
bâclée alors qu'elle est essentielle à la perception
globale de l'image de marque d'une signature.
fait que les orateurs, comédiens ou e
Depuis, l'acoustique est devenue une pratique beaucoup plus
complexe, faconnée par des mathématiciens, physiciens,
informaticien et ingénieurs du son. En ce qui me concerne, j'aimerai
exposer ici une problèmatique appliquée à la musique et sa
diffusion d'un point de vue tout à fait pragmatique et moins
scientifique, de l'ordre du ressenti et moins de la théorie
rébarbative. L'idée étant de se mettre à la
place d'un client se rendant dans un restaurant, magasin ou hTMtel haut de
gamme ceci afin de relier cette réflexion avec le sujet de mon
mémoire à savoir Ç le sound design musical de lieux
publics haut de gamme È.
47 Decibel Consultants INC.
en toute place de l'amphithéâtre sans bien
évidemment avoir recours à un quelconque moyen de diffusion
électrifié. Pour résoudre ce problème, les
ingénieurs imaginèrent des vases disposés sous les gradins
posés à l'horizontal rempli d'un volume d'eau plus ou moins
important créant de véritables enceintes acoustiques, au sens
propre du terme.
Ç Différents paramètres tels que
le niveau de bruit ambiant (NC), l'index d'intelligibilité de la parole
(STI et RASTI), la définition (D 50), la réverbération
(RT) permettent de quantifier ces exigences. L'atteinte de ces objectifs peut
être assurée par un choix judicieux de matériaux de
construction et de matériaux acoustiques sélectionnés en
fonction du type de salle et de l'utilisation qui en est faite
»47
Quand on vient à parler d'acoustique, il est bon de se
rappeler que cette science est vieille de IV siècle avant J.C. Le
théâtre d'Epidaure étant l'une des premières
réalisation en la matière. En construisant les premières
Ç salles de spectacles È antiques, les architectes de
l'époque prenaient déjà en compte la notion d'acoustique.
Leur problème à l'époque résidait dans le
Lorsque l'on concoit un bâtiment, la qualité
acoustique est l'un des critères les plus importants pour des
logements, mais en ce qui concerne des établissement moins portés
sur la question, comme un concept store par exemple, cette phase de
développement est effectuée avec moins d'attention. Pourtant les
espaces de vente sont des endroits stratégiques pour les marques et leur
clients, c'est l'endroit même ou ils commercent, il me semble donc
important que le consommateur se sente bien et cela passe par la conception
d'une acoustique particulière.
Notions basiques
ncore musiciens devaient être entendu
Voilà comment, moi j'aborde la question de l'acoustique
des lieux :
Etat des lieux
Partant d'un constat rapide en visitant les magasins de mode
du quartier de Saint-Germain-Des-Prés à Paris, je m'apercois que
l'acoustique de ces lieux ne se prête pas à la diffusion de
musique amplifiée. La diffusion aurait pu rattraper ce défaut, ou
tout du moins le prendre en compte, mais malgré le certain
positionnement haut de gamme prétendu de ces points de vente, la musique
passe clairement au second plan avec un mode de diffusion médiocre. Quel
dommage !! Je suis pourtant pertinemment convaincu que la qualité de
diffusion de la musique (et je ne parle même pas de son contenu), est une
composante essentielle dans la maniére dont le client percoit la
marque. Partant du principe que la communication d'une entité
commerciale passe par l'image, le texte et le son, pourquoi une marque de luxe
investirait des milliers d'euros dans une prise de vue photographique et si peu
dans le son ? Si l'on comparait l'investissement d'une marque dans l'image par
rapport au son, c'est un peu comme si elle faisait ses shootings de
présentation de produits avec un vulguaire appareil photo jetable
manipulé par une secrétaire qui passait par là !
Propositions
Ainsi je pense qu'il y a un réel travail de
sensibilisation à faire auprés des marques dites Ç haut de
gamme È quant à cet aspect de leur communication. Il suffirait
simplement d'intégrer une cellule spécialisée en
acoustique musicale et architecturale qui travaillerait avec des concepteurs
d'atmosphéres et d'ambiances qui auront été
réfléchies, pensées, étudiées pour la marque
en fonction de son crédo, de sa philosophie et de ses clients. De telle
sorte que lorsque le client pénétre dans un des points de ventes,
il sente une réelle différence en terme d'environnement sonore
qui rompt nettement avec l'ambiance habituelle. Seulement alors, on pourra
parler de véritable confort auditif propice à
l'établissement d'une certaine sérénité, de bien
être et de détente chez le client suggérant un meilleur
potentiel d'envie d'achat.
Evidemment cette étude serait plus ou moins approfondie
en fonction du prestige de la marque, de son budget et de l'importance qu'elle
veut bien y accorder ! On peut imaginer aller d'un simple consulting jusqu'au
développement d'un concept trés abouti pour un magasin unique.
Exemple : le flagship de Louis Vuitton sur les Champs Elysées. Un espace
hors norme a été créé au sein même du magasin
dénommé Ç Atrium È. Il s'agit d'un puit de
lumiére de 25 metres de haut composé de 1900 tiges d'inox poli se
reflétant dans un mur miroir évoquant un onirisme certain. Dans
cet endroit il est clair que l'on ne va pas bêtement disposer deux
enceintes et diffuser une musique Ç lounge È insipide qui ne
différencierait alors en rien cet espace d'un autre. C'est pourquoi
Guillaume Huret a développé via sa société
Strategic Sound une véritable bande sonore unique, à
base de bruitages acousmatiques aléatoires travaillant sur les silences
et les temps de pause. Le visiteur est alors subjugué par une telle
installation qui évoque pratiquement une Ïuvre de musée
d'art contemporain. Evidemment il s'agit là d'une intégration
quasiultime, mais la démarche est trés intéressante.
Une réflexion profonde est à envisager
également sur l'intégration des supports de diffusion dans les
points de ventes haut de gamme. La problématique est pourtant simple en
apparence : quelles enceintes ? combien d'enceintes ? A quel endroit ? L'un des
premiers barrages à ce travail d'intégration est le lieu en
lui-même. En effet, on doit souvent faire façe à des
endroits trés singuliers parfois protégés patrimoine
historique ou alors trés fragile car d'une architecture trés
travaillée. Dans ce cas, il est trés délicat d'intervenir,
c'est d'ailleurs pour cela que dans ces endroits la diffusion sonore est
souvent mauvaise.
Sans aller jusque là, je vais prendre l'exemple du
Purple Bar, le bar de l'hôtel Hilton Arc de Triomphe ou je me produis
réguliérement en tant que DJ. La première chose est que la
diffusion fixe existante est insuffisante pour une prestation live, il s'agit
d'enceintes encastrées de type 100 volts. Alors pour les soirs ou il y a
un dj, la direction a décidé de louer un systéme de
diffusion L.U.C.A.S HK Audio pas dutout adapté à l'usage
d'écoute de musique dans un lieu cosy. La puissance disponible
étant 100 fois trop importante pour ce type de soirée, le
résultat est un son trés mal réparti car la diffusion ne
se fait qu'en façade alors que le bar est tout en longueur (!) de plus,
il y a un excés de basses fréquences désagréables
pour les clients qui sont simplement venus boire un verre et pas danser
jusqu'au bout de la nuit la tête martelée par un caisson de basse.
Le second probléme est que l'on ne peut pas trouver de compromis dans la
mesure ou les murs n'appartiennent pas à l'hôtel donc toute
intervention de pose d'enceintes plus élaborée est proscrite.
Voilà le genre d'inconvénient auquel on est confronté en
travaillant avec des lieux prestigieux.
Pour revenir à la conception même d'espace
acoustique, disons que dans le cas d'une marque qui communique sur des tons
chaleureux, sombres et envoutants, on pourrait penser l'acoustique de leur
espace de vente comme celle d'un studio d'enregistrement, c'est-à-dire
complétement mat et trés peu réverbérante. En
pénétrant dans le magasin et une fois la porte refermée,
on se sentirait alors dans un cocon ou il fait bon vivre, dans un environnement
à part dans lequel on oublierait ce qu'il se passe dehorsÉ dans
ce cas précis l'acoustique serait loin d'être anodine et pourrait
réellement servir le lieu en traduisant un univers propre et
caractéristique appliqué à un esprit spécifique. Il
suffirait ensuite d'intégrer un systéme d'enceintes de
qualité quasi-studio pour pousser jusqu'au bout cette expérience
sonore. Un gros travail est alors à effectuer en collaboration avec les
architectes et décorateurs pour faire cohabiter tous ces esprits
novateurs !
Relativisons
Après avoir évoqué les quelques
idées du travail réalisable sur l'acoustique des lieux de
commerce, il est important de relativiser mon point de vue par rapport à
l'activité première des hôteliers, restaurateurs ou
magasins de mode. Il est certain que mes convictions restent assez personnelles
et ne posent aucunement problème à la majorité des
clients, cependant je suis intimement persuadé que lorsque l'on est dans
l'univers du luxe et du haut de gamme, ces notions peuvent trouver leur place
car elles sont développées dans un esprit de confort pour le
client. Si il y a bien une clientèle difficile à séduire
et à surprendre c'est bien celle de ce domaine là, or le
traitement de l'acoustique du point de vente entre dans les même
composantes de séduction que le travail des lumières ou de la
décoration. La limite de cette philosophie étant qu'en France, on
se heurtre à un problème de culture fondamental qui n'accorde
qu'une place infime à l'oreille et à l'écoute.
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